La Tour Des Mondes – Chapitre 51

Une Amie ?

Face à ma propre faiblesse, je ne sais pas quoi dire. Je savais que je n’étais pas exceptionnellement rapide ou fort et que pour me battre j’allais devoir apprendre beaucoup de choses… mais j’imagine que ça fait bizarre de tomber d’aussi haut. Je ne suis même pas capable de supporter un après-midi entier d’entraînement et j’ai réussi à mettre Nerys en colère alors que jusque là j’avais considéré le fait qu’elle ne disait rien comme un progrès.
Bien entendu, elle a quand même essayé de me tuer à plusieurs reprises avec ses carreaux, mais je pense que si ça avait été vraiment dangereux comme là, elle serait intervenue. Et puis les seules blessures que j’ai sont des blessures aux jambes et au nez sans parler de l’état de mon amour propre et des écorchures dont je suis recouvert.

Effectivement, c’était stupide de croire que je pourrais tenir une semaine à ce régime en continu. Je décide de retirer le carreau de ma jambe et ça me prend une dizaine de minutes de réunir suffisamment de forces pour ça.
C’est d’ailleurs loin d’être simple. Les carreaux ont suffisamment de force pour me transpercer la jambe et pas juste s’y planter. Je passerai les détails, mais c’est très douloureux sur mon échelle de la douleur je dirais un 7/10, le 1 représentant les écorchures que j’ai et le 10 quand je me suis fait couper la jambe. Donc c’est « pas mal » comme niveau de douleur. Micha d’ailleurs ne souhaite pas regarder ça et Juliette semble ne pas s’y intéresser plus que ça. Je laisse le carreau par terre une fois que j’ai terminé et passe aux soins.
Je dois trouver quelque chose pour me rattraper. Sur terre, c’est ce que j’aurais fait pour garder un job. La tour ne fonctionne pas forcement sur les mêmes règles que le monde du travail terrestre, mais si je fais quelque chose qui va dans son sens peut-être qu’elle s’énervera moins contre moi. Pour commencer, il faut que je sorte de là. Je me dirige vers la sortie de la zone que je commence à bien connaître après avoir couru dedans pendant deux heures.

Je ne pense pas qu’elle sera intéressée par un cadeau et je ne compte pas demander à la femme à l’accueil puisque je ne sais pas qui elle est de l’aide, mais si les yeux rouges qu’elle et Nerys ont est une marque d’assassin alors je ferais peut-être mieux de ne pas la déranger.

J’étais d’accord pour une semaine entière alors essayons de s’y tenir, c’est mon meilleur plan. Il faut que je revienne ici en pleine forme et avec au moins une pièce pour accéder aux étages et pour ça je vais devoir demander de l’aide. Bien sûr, la seule personne que je connaisse qui puisse me donner un coup de main n’est autre que Maliel…

Je finis par sortir de la zone en espérant, non en souhaitant que Cyrus se trouve à l’extérieur. Je passe devant le bureau de la femme à l’accueil en faisant un léger signe de tête pour la saluer et en essayant de rester discret même si je marche avec difficulté et que je suis recouvert de saleté. Sur les plaies profondes de ce genre-là, la guérison n’est pas immédiate et prend plus de temps avec les baumes et c’est pour ça que je boite.

La femme en me voyant passer se contente de soupirer en écrivant et ne dit rien. Je passe la porte et retourne à l’intérieur du hall central de la tour. Direction un magasin pour commencer. J’ai quelque chose à acheter et je n’ai jamais jeté de coup d’œil à ce qui pouvait se trouver ici comme matériel. Je descends l’escalier et me dirige vers la zone commerciale.
Première chose, j’achète tout un stock de potion de vitalité et j’en bois une immédiatement. L’effet est très rapide. C’est comme si mon corps commençait petit à petit à produire de l’énergie et de la chaleur. Je ne tremble plus, je ne suis plus fatigué et je n’ai plus de courbature. Je suis toujours blessé, sale et transpirant, mais ça va beaucoup mieux.

Ensuite, je pars à la recherche d’un magasin de vêtement. Je ne peux pas me promener continuellement en chemise comme ça et je dois camoufler Juliette un peu mieux et puis tant qu’à faire rajouter des protections au moins pour l’entraînement. Je dois dire qu’au niveau des capes et autres vêtements c’est la caverne d’Ali Baba dans la tour des voleurs. Je décide de partir sur une sorte d’écharpe dont une large bande tombe dans le dos jusqu’au bas des fesses. Elle recouvre ma besace et mes armes partiellement.

L’espèce d’écharpe est conçue pour pouvoir se transformer en cape si déployée entièrement avec un système au niveau du cou pour la bloquer dans cette position ou l’autre. L’étoffe rouge foncé est épaisse et a l’air d’être résistante, mais n’est pas si lourde que ça. Certains modèles étaient de couleurs différentes avec un renforcement en maille de fer dans la doublure du tissu. D’autres avaient des dizaines de poches cousues à l’intérieur, mais au final le modèle de base me semble le plus pratique pour le moment.

Pour ce qui est de la couleur je trouve que ce type de rouge m’irait mieux qu’une couleur plus sombre qui ferait cliché et puis je ne suis pas un assassin. Je suis un dresseur. En tant que tel je n’ai pas à m’habiller d’une façon qui ne me convient pas.

Pour ce qui est des protections, je pense que je vais rester sur le cuir. Une coudière pour le bras droit, des genouillères et une plaque dorsale pour protéger le dos en cas de chute. J’imagine que je vais me contenter de ça.
Est-ce que je devrais acheter des sortes d’armures pour Juliette et Micha d’ailleurs ? Maintenant que j’y pense, ces deux-là n’ont rien à part des écailles du côté de Juliette pour se défendre. Je me rappelle alors l’idée que j’avais eu de donner à Micha une version miniature d’un casque, épée et bouclier et étouffe un rire. À travers le lien, ma souris comprend qu’elle est concernée et semble mécontente comme si je me moquais d’elle, mais je lui fais oublier ça en lui caressant la tête. Je décide alors de faire une pause et pars en direction d’une roulotte qui vend de la nourriture et décide de manger un morceau avec mes deux compagnons.

J’ai ce qu’il me faut niveau arme et potion et après avoir acheté de l’eau et de la nourriture, je me dirige vers l’extérieur de la tour.

Cyrus m’attend devant l’entrée, les bras croisés. Au début et vu l’état de mes vêtements il s’inquiéta un peu, mais en me voyant faire un vague geste lui indiquant que tout va bien de loin, il se contenta de soupirer et de venir me voir.

— Étrange que tu m’appelles comme ça dans la journée. En quoi puis je t’aider ? Puisque nous sommes devant la tour des assassins, il y a un rapport, j’imagine ?
— J’aimerais retrouver quelqu’un et j’aimerais savoir si c’était possible ?
— Plus tu auras d’informations à me donner et plus je pourrais être précis.
— Une fille de mon âge nommée Maliel c’est une voleuse qui est arrivée il y a peu.
— C’est la voleuse qui t’a battue dans la ruelle c’est ça ?
— Oui…
— Tu aurais dû commencer par ça. Puisque je l’ai vu, ce n’est pas un problème de la retrouver. Pour quelle raison tu souhaites la revoir ? J’ai besoin d’une raison valable pour que son guide soit d’accord et qu’elle accepte ensuite à son tour de te voir. Vu que les guides ne peuvent pas mentir et qu’ils ont tous à cœur la sécurité et les intérêts des grimpeurs, c’est plus sécurisant en cas de litige entre grimpeurs.
— J’aimerais qu’elle m’apprenne à voler en échange de la rémunération qu’elle veut.
— Hmm, je vais voir ça, attends un peu que j’envoie le message.

Je pars alors m’asseoir sur une rambarde longeant la jetée et regarde les vagues s’écrasant contre la pierre. Je n’aime pas devoir faire appel à Maliel, mais je n’ai pas le choix. Je sais qu’elle va se servir de moi pour ses propres intérêts, mais je ne vais pas apprendre tout seul à voler à la tire, ça me prendrait trop de temps et j’ai besoin d’une pièce le plus tôt possible. Il est encore tôt, mais si Maliel ne vient pas ça va être problématique. Juliette qui semble ne pas apprécier les embruns marins, remonte mon bras et s’installe au niveau de mon cou en me disant que je n’ai pas intérêt à passer ma journée ici pour qu’elle puisse retourner sur mon bras. Je lui assure qu’elle n’attendra pas longtemps.

Soudainement, je me fais pousser en direction de l’eau. Par réflexe, j’utilise le boost d’agilité et réussis à me rattraper au bord alors que les vagues continuent de s’abattre sur les rochers en contrebas.

« Tu voulais me voir ? »

Au-dessus de moi, je peux voir le visage de Maliel qui me regarde en souriant et légèrement moqueuse.

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