Tate no Yuusha no Nariagari – Chapitre 75.5.2

Chapitre Spécial : Une Filoliale pleine d’appréhension
Traducteur : Team Yarashii

— Ouah… ce monstre est PUISSANT !
— …

Fitoria était en train de se défendre contre les monstres qui surgissaient de la vague.

— Doit-on battre en retraite ?
— Penses-tu vraiment que c’est faisable ?

Fitoria prépara un coup et frappa une créature qui venait de se matérialiser.

— Guuuah !

Elle avait mal dosé sa force et le choc fut trop violent. Mais le monstre était vraiment coriace. Il ne s’écroula pas, mais disparut simplement dans la vague.
Si cela avait été une créature lambda, elle aurait été tuée sur le coup. Cependant, elle semblait avoir survécu… du moins le pensait-elle.
La bête paraissait constituée d’énergie pure. Fitoria songea à utiliser son arme, mais elle n’était pas assez forte pour encaisser ses attaques.

La vague se tut et les failles commencèrent à se refermer.
Il s’agissait de l’une de celles se produisant près du sablier du dragon qu’il incombait à Fitoria de surveiller.
C’était son devoir, celui de faire face aux vagues apparaissant dans des régions où les humains ne pouvaient pas accéder.
Cette tâche lui fut confiée par les anciens héros.

— Fiou…
— Fitoria ! Nous avons terminé de repousser les monstres !

L’une de ses subordonnées, une Filoliale bien sûr, accourut et la salua, puis annonça que toutes les créatures avaient été vaincues.

— Bon travail.

Fitoria regarda l’endroit où la vague était apparue.
Pourquoi les quatre Saints Héros n’étaient-ils pas venus l’affronter ?
Fitoria devait vraiment se pencher sur la question… Sinon, comment pourrait-elle protéger le monde ?
Elle avait entendu dire de la part de sa subordonnée que les Héros avaient été invoqués. Cependant, ils n’avaient pas l’air de faire grand-chose.

Pour le moment, Fitoria pouvait se permettre de repousser les monstres situés dans son périmètre, mais, si les Héros ne se mettaient pas rapidement à lutter contre les vagues se produisant dans les zones sous contrôle humain, elle ne parviendrait pas à tout gérer seule.
S’ils avaient été invoqués, à quoi jouaient-ils ?

Allez savoir ce qu’ils sont en train de faire…

— Mauvaise nouvelle !
— Hmm ?

Quand Fitoria avait parcouru le monde en secret, elle avait fait la rencontre d’une étrange jeune fille. La Filoliale à qui elle avait confié cette fille venait justement de revenir.

— L’as-tu amenée en lieu sûr ?

Il s’agissait d’une jeune humaine qui avait tellement voulu se lier d’amitié avec Fitoria qu’elle avait atterri en plein dans un nid de dragon. Fitoria s’était battue pour la protéger.
Ces temps-ci, c’était une chose bien rare. En théorie, les humains aspiraient simplement à contrôler toute créature vivante autour d’eux.

Ils se servaient des Filoliaux comme de vulgaires outils, refusant de reconnaître qu’il existait des forces les dépassant complètement.
Fitoria avait traversé des époques où elle avait dû les approcher. À chaque fois, l’expérience s’était révélée grandement pénible.

Au moment de rendre son dernier souffle, le Héros avait dit qu’ils étaient supposés oeuvrer de concert pour protéger le monde. Néanmoins, les humains avaient oublié cela, et ils essayaient d’éliminer Fitoria et les autres…
Sans les Héros, il n’y avait aucun intérêt à protéger les humains.

— Ah, j’ou… j’oubliais !

*Soupir*

Pourquoi tous les amis de Fitoria possédaient-ils une aussi piètre mémoire ?
Fitoria enfouit la tête dans ses mains.

— Que vais-je bien pouvoir faire de vous ?
— Nous… nous…
— Nous quoi ? Hein, quoi ? Si vous êtes incapables de faire correctement votre travail, je devrai me débarrasser de vous.

Être chassé du clan de Fitoria était l’équivalent d’une condamnation à mort pour un Filolial.
Fitoria était responsable de tous les Filoliaux sauvages.
Être rejeté par son clan signifiait ne plus être considéré comme un Filolial.
Seule une mort douloureuse attendait les malheureux. Cela montrait toute l’importance de la protection de Fitoria.

— Non ! Tout mais pas ça ! Pardonnez-nous, je vous en prie !
— … Et ? Quelle est cette mauvaise nouvelle ?
— Ah oui, c’est vrai… Nous avons vu quelqu’un comme vous là-bas !

Fitoria sentit frémir la plume sur sa tête.
Si une Filoliale grandissait en prenant la forme d’une Reine Filoliale, comme Fitoria, cela impliquait qu’un Héros l’élevait.
Ce qui lui apportait la preuve qu’était née celle devant prendre sa succession.
Et que les Héros étaient vraiment de retour.

— À quoi ressemble-t-elle ? De quelle couleur est-elle ?

La première chose dont devait s’assurer Fitoria était l’apparence de cette Filoliale.

— Euh… elle est blanche ! Et il y avait de l’eau qui lui sortait par la bouche.
— Mais non ! Elle était plutôt rouge ! Avec plusieurs mains !
— Elle était rose ! Et dotée de plusieurs têtes !
— Êtes-vous sûrs qu’il s’agissait bien d’une Filoliale ?

Fitoria essaya d’imaginer la future Reine des Filoliaux. Elle était rouge, blanche et rose, et possédait plusieurs têtes ainsi que plusieurs bras.
Qu’il serait effrayant d’être attaqué par une telle chose.

— Hmm…

Fitoria se tint la tête et s’assit lentement.
Ce qu’ils décrivaient ne ressemblait pas du tout à une Filoliale !
Cependant, peut-être était-ce possible parce qu’un Héros l’élevait. Il en était allé de même pour Fitoria, et elle n’avait pas la même apparence que les autres Filoliaux.
Était-ce cela que le Héros voulait ? À moins qu’il ne s’agisse d’un croisement interespèces.

Fitoria ne désirait pas rencontrer une Reine Filoliale avec plusieurs têtes et plusieurs bras.
Elle ne désirait pas non plus qu’une telle chose devienne reine. Elle refusait qu’elle prenne sa suite.
De plus, Fitoria n’était pas aussi effrayante.
Si elle était censée être comme elle, elle devait lui ressembler physiquement. Il serait plus qu’étrange qu’elle soit une créature très différente.

— Ma Reeeeeiiiine, que fait-on ? demanda l’un de ses subordonnés.

Il valait mieux qu’elle ait l’air sûre d’elle.

— Hmm…

Fitoria commençait justement à s’interroger sur les activités des Héros, c’était peut-être l’occasion idéale pour glaner des renseignements.

— Je vais aller à la rencontre de cette candidate à ma succession. Préparez-vous !
— Compris !

Ce fut ainsi que Fitoria prit une apparence de Filoliale classique et se rendit en Melromarc, où ses sujets prétendaient avoir vu la future Reine.

— Que devrions-nous faire ?
— Les gens auront des soupçons s’ils nous aperçoivent tous ensemble. Séparons-nous et recherchons ce Héros.
— D’ACCOOOORD !

Après avoir donné ses instructions, Fitoria se mit à enquêter.
Sa meilleure idée était d’interroger un Filolial domestiqué.

Ces bêtes-là passaient la plupart de leur temps en compagnie des humains, ils devaient donc savoir ce que faisaient ces derniers.
Ils étaient différents des Filoliaux sauvages.
Fitoria se rendit dans une ferme de Filoliaux, passa sa tête au-dessus de la clôture, et questionna le Filolial le plus proche.

Celui-ci était d’un noir très foncé et avait l’œil mauvais.
Qu’était-il écrit sur son collier ? L’inscription humaine disait : FOUDRE NOIRE.

— Bonjour.
— Hein ? C’est quoi, ce bordel ? Tu te prends pour qui en osant adresser la parole à Foudre Noire ?

Le Filolial noir fulminait tout en inspectant Fitoria des pattes à la tête.

— Mais t’es pas vilaine, dis donc. Qu’est-ce que tu veux ? Si tu souhaites rester avec moi, je peux faire en sorte que mon maître te prenne comme ma concubine.

Ce Filolial ne semblait pas franchement comprendre comment fonctionnaient les relations au sein de leur espèce.
Du fond de l’enclos accourut une bête plus âgée, et aussi plus agitée.
Fitoria allait s’assurer de les remettre à leur place.
Elle leva une patte et ne transforma qu’elle, la faisant devenir très rapidement immense, puis l’abattit sur l’autre Filolial.

— Aïe !
— Vous ne devriez pas parler à une gente dame de cette manière. Continuez ainsi, et votre vie connaîtra une fin prématurée.

Oups. Le choc avait été assez sonore. Elle ferait mieux de se servir d’une magie de soin.

— Aaaaaaah !

Foudre Noire s’enfuit en courant, la queue entre les jambes.

— Vous êtes la Reine ! Réprimez votre colère, je vous en conjure…

Le vieux Filolial inclina la tête.

— Fort bien. De toute façon, je ne suis pas énervée. Toutefois, je me dois de signaler que ce Filolial aurait désespérément besoin d’une bonne éducation.
— Je suis certain qu’il y réfléchit déjà en ce moment même.
— Bien…

Fitoria reçut de la nourriture de la part de l’autre bête. Ce n’était pas très bon.
Mais il s’agissait d’un aliment qu’elle n’avait pas goûté depuis très longtemps, et cela la rendit nostalgique.
Au fil des années, elle avait oublié que les humains étaient capables de cuisiner des choses délicieuses.
Le maître de l’ancien Héros s’étant occupé de Fitoria avait l’habitude de lui faire à manger. C’était toujours un régal.

— J’ai entendu dire qu’un Héros était passé par ici avec une future reine potentielle. Avez-vous des informations à leur sujet ?
— À ce propos…

Le vieux Filolial expliqua à Fitoria tout ce qu’il avait appris sur les Héros depuis leur invocation.
Le Héros Porte-Bouclier avait commis des crimes et était en fuite ? Il était accompagné d’une fille aux cheveux bleus ?
Mais tout cela n’était qu’une sorte de conspiration ?
Hmm…

— Et quel est le rapport avec la future reine potentielle ?
— Actuellement, le seul Héros qui élève une Filoliale est le Héros Porte-Bouclier. Je l’ai vu en personne. Il m’a semblé être un bon gars.
— Vraiment ? Cette Filoliale était-elle rose ? Possédait-elle plusieurs têtes et plusieurs bras ?
— Non, rien que de très normal de ce point de vue.

Les abrutis sous ses ordres s’étaient fourvoyés !

— Savez-vous où ils se sont rendus ?
— Pas vraiment.
— D’accord. Eh bien, merci.
— Repassez nous voir quand vous voulez !

Elle quitta le vieux Filolial et retourna auprès de ses sujets.
Eux aussi avaient rassemblé des informations. Cette étrange clique semblait fuir vers le sud-ouest.
Par conséquent, Fitoria choisit d’aller dans cette direction.

Mais où ÉTAIT le sud-ouest ?
Elle était en train d’y réfléchir, quand…

— GYAOOOOOOOO !

Ses plumes se dressèrent. Son instinct lui dit qu’il s’agissait du rugissement d’un dragon.
Elle pivota pour voir un monstre vicieux avec un fragment du Roi Dragon percuter l’enceinte d’une ville humaine.
Devant lui se trouvait… Une Reine Filoliale rose. Et un homme équipé d’un bouclier la chevauchait.

Elle les avait trouvés. Sans interrompre le fil de ses pensées, Fitoria se lança à leur poursuite.
Plissant les yeux pour mieux les distinguer, elle fut submergée par la nostalgie.
Oui, c’était le jour où elle était née. Le héros avait posé son regard sur elle et souri.
Elle ressentait presque de nouveau cette douce chaleur enveloppante.

Aucun doute là-dessus. L’homme avec le Bouclier était un Héros.
Cependant, Fitoria pouvait capter autre chose. Une profonde tristesse et une colère tenace l’habitaient. Il avait déjà dû utiliser la Branche Maudite.
La malédiction émanant de l’arme d’un Héros était très puissante. Fitoria en avait été témoin plusieurs fois.
Mais le sacrifice à faire était grand. Il finissait toujours par se blesser gravement.

Il n’y avait plus de doute dans son esprit. La grande peine et la forte douleur qu’il portait avaient débloqué la Branche Maudite.
Elle désirait apaiser ses souffrances. Elle désirait l’aider.
L’espace d’un instant, l’émotion la saisit. Elle cligna rapidement des yeux et chassa ces pensées. Elle était aussi froide que la glace.
Le monde n’avait que faire du sentimentalisme en ce moment.

Elle regarda de loin le Héros Porte-Bouclier, son groupe et sa Filoliale rose se retourner pour affronter le monstre.
Cette jeune fille rose était sûrement la candidate à sa succession.
Elle n’avait bien évidemment qu’une tête. Sa taille et sa couleur différaient, mais elle ressemblait clairement à Fitoria.

Néanmoins, en l’observant se battre, elle n’eut pas l’impression qu’elle était très forte.
Cela la rendit nerveuse.

— Sanctuaire.

Fitoria lança un sort empêchant quiconque de quitter le champ de bataille.
Elle avait tellement de questions.
Pourquoi n’avait-il pas aidé à lutter contre les vagues apparaissant à travers le monde ? Que faisaient les autres Héros ?
Le monde avait besoin d’eux. Il n’était pas l’heure de passer son temps à fuir dans un pays isolé.

Dans le pire des cas… Non, elle ne souhaitait pas en arriver là… mais elle en était capable. Elle était prête à se salir les mains pour le salut de ce monde.
Car Fitoria avait promis… Il y a très longtemps, Fitoria avait fait une promesse à son Héros…

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