Traductions

Tate no Yuusha no Nariagari – Chapitre 12

Chapitre Douze : Ce qui est à toi est à moi

Traducteur : Team Yarashii

Le soleil était déjà haut dans le ciel lorsque je me réveillai. Raphtalia m’attendait.

– Est-ce qu’on retourne en ville ?

*Tousse*

– Oui.

Elle toussait de nouveau. Je lui tendis en silence un autre remède qu’elle avala aussi sans dire un mot.
Nous nous rendîmes ensuite chez un apothicaire pour tenter d’écouler nos marchandises.

– Voilà qui n’est pas si mal du tout… Héros, avez-vous déjà des connaissances en médecine ?

Tandis qu’il inspectait ce que je lui apportais, il s’adressait à moi comme si nous étions déjà associés.

– Pas du tout. J’ai fait mes premiers essais hier. Est-il préférable de vendre ces remèdes ou plutôt directement les herbes ?
– C’est une question épineuse. S’ils sont efficaces, les remèdes sont plus simples à utiliser, et donc probablement plus faciles à vendre.

Le propriétaire regarda Raphtalia. Il semblait calme et détendu et son ton était direct. C’était comme s’il savait que nous douterions de ses conseils dans le cas contraire.

– Les prophéties ont tendance à tirer le prix des médicaments vers le haut, dernièrement. Je vous recommanderai donc de vous en servir.
– Hmm.

Tout dépendait des risques inhérents à la fabrication, puisque chaque tentative était soumise à un certain pourcentage d’échec. J’ignorais également le coût des outils à acquérir. De toute manière, j’allais en avoir besoin, à un moment ou un autre.

– Auriez-vous par hasard des outils qui ne vous seraient plus utiles ?

L’apothicaire arbora une expression étrange, à mi-chemin du sourire. En fin de compte, il prit mes herbes en paiement pour son matériel, acheta mes remèdes, et me donna ses plus vieux outils.
Je reçus un vrai duo de mortier et pilon, ainsi que plusieurs balances, flasques, et tout l’attirail utile à l’art de la fabrication médicinale. J’avais l’impression que, neuf, tout ceci m’aurait coûté bien plus cher.

– Ils sont usés et encombrants, je ne sais pas ce que vous pourrez en tirer avant qu’ils ne se cassent.
– Ça m’a l’air parfait pour un débutant dans mon genre.

En réalité, j’avais largement de quoi faire pour mes mélanges.
Nous n’avions plus qu’à vendre nos peaux de ballons.
Nous étions en chemin vers la boutique de rachat de butin quand un garçon attira mon attention. Il jouait justement avec un ballon, le faisant rebondir comme une balle.
Raphtalia eut le même réflexe, de la jalousie pointant dans ses yeux.

– Hé, c’est…
– Hmm ?

Je désignai la balle que l’enfant tenait et posai la question au commerçant.

– Oui, c’est bien fait à partir de butin. De peaux de ballons, pour être précis.
– J’ai compris. Est-ce que vous pourriez nous en faire un aussi ? Vous pouvez retirer le coût du prix de ce qu’on vient vendre.

Le propriétaire fit ses calculs et me tendit la somme convenue ainsi qu’un ballon.

– Tiens.

Je lançai la balle à Raphtalia. Elle l’attrapa, et son regard passa de la balle à moi, puis de nouveau à la balle.
Elle semblait surprise.

– Eh bien quoi ? Tu n’en veux pas ?
– Ce… ce n’est pas… Si…

Elle secoua la tête et sourit.
C’était la première fois que je la voyais ainsi.
… Et alors ? Cela n’avait pas d’importance. C’était juste une enfant.

– Une fois que nous aurons fait notre boulot pour aujourd’hui, tu pourras jouer avec.
– Ouais !

Elle semblait s’en réjouir. Tant mieux.
Meilleure était son humeur, plus grosse était la somme d’argent que je pouvais récolter grâce à elle.
Nous retournâmes à la forêt puis commençâmes à ramasser des herbes et affronter des monstres. Nous balayâmes la plus large zone possible en considérant mes capacités défensives.
Il y avait apparemment une ville de l’autre côté des bois, mais le simple fait de penser au chemin évoqué par cette femme me mit en rogne, je refusai donc d’y aller.
Nous nous débrouillions plutôt bien et accumulions un bon paquet d’objets. Nous avions l’impression d’être un peu plus à l’aise, je voulus donc essayer d’approcher les montagnes.
Hein ? Un monstre inconnu apparut.
On aurait dit une sorte d’œuf. Si je devais le rattacher à une famille de monstres, je dirais que cela se rapprochait en fait du ballon.

– Voilà une nouvelle créature. J’y vais en premier voir ce qu’il vaut. Si je donne mon feu vert, tu cours et tu frappes.
– D’accord !

Bonne réponse.
J’accélérai en direction du monstre. En me voyant approcher, il montra ses crocs.

Clamp !

Même pas mal. Je l’affrontai un instant, afin de bien fixer son attention loin de Raphtalia.

– Hiya !

Elle attaqua la créature avec bien plus d’enthousiasme qu’auparavant.
Ce truc s’appelait en fait un Dégœuf.
Il se fendit dans un grand bruit et un liquide jaune s’écoula au sol.

– Beurk ! C’est dégueu !

La coquille pouvait-elle se vendre ? La laisser là me paraissait être du gâchis. Toutefois, une odeur de pourriture planait dans l’air, indiquant qu’il n’y avait rien de comestible.
Mon bouclier absorba la coquille.
Peu après, plusieurs autres Dégœufs firent leur apparition, mais Raphtalia s’en chargea.

Bouclier Dégœuf : conditions remplies
Bouclier Dégœuf : talent bloqué
Bonus d’équipement – cuisine 1

J’avais visiblement découvert un nouveau talent.
Celui-là concernait la cuisine.
Quelques minutes plus tard, d’autres ennemis se montrèrent. Cette fois, il y avait du changement : la couleur de leur coquille. Nous organisâmes une chasse aux œufs pendant quelque temps.

Bouclier Dégœuf Bleu : conditions remplies
Bouclier Dégœuf Ciel : conditions remplies

Bouclier Dégœuf Bleu : talent bloqué
Bonus d’équipement – vision augmentée de 1

Bouclier Dégœuf Ciel : talent bloqué
Bonus d’équipement – recettes simples

Comment me débrouillais-je pour ne révéler que des talents d’artisanat ?

Je me demandais si cela avait un rapport avec le type de l’ennemi. Indépendamment de cela, nous passâmes le reste de la journée à collecter toutes sortes de nouvelles herbes. Je tâchai d’en récupérer le plus grand nombre possible.
Le soleil était à présent sur le point de disparaître. Il était sûrement trop tard pour nous orienter vers les montagnes. De plus, je ne savais pas si l’équipement de Raphtalia suffisait.
Alors, où en étions-nous ?

J’avais atteint le niveau 8.
Raphtalia, quant à elle, était niveau 7.

Elle me rattrapait tellement vite.
Mais rien d’anormal à cela, après tout, c’était bien elle qui s’occupait de vaincre tous ces monstres.
Il semblait que la majeure partie des points d’expérience allait à celui qui assénait le dernier coup, ce qui expliquait la rapidité de sa progression.

– J’ai faim…

Son estomac gargouillait. Elle me regarda, inquiète.

– Très bien. Retournons en ville et allons dîner.

Nous nous arrêtâmes là pour aujourd’hui et reprîmes le chemin de la capitale.
En y entrant, je fis un détour vers le marchand de butin. La coquille de Dégœuf ne valait pas grand-chose pour mes mélanges, je voulais donc m’en débarrasser.
En additionnant mon profit de la veille, nous comptabilisions 9 pièces d’argent.
J’avais du mal à imaginer à quoi pouvaient bien servir ces coquilles, mais elles se vendirent un bon prix, je décidai donc de ne pas insister. Il en alla de même pour nos herbes et nos remèdes. Qu’allions-nous avoir au menu ce soir ?
… Voilà ce à quoi je pensais, mais Raphtalia semblait déjà avoir une idée bien arrêtée, les yeux rivés sur un vendeur ambulant, salivant d’avance. Je ne comptais pas la gâter, mais le prix paraissait équitable. Cela me convenait.

– Tu veux manger ça ?
– Hmm ? Je peux ?
– Eh bien, si tu en veux, où est le problème ?

Elle hocha la tête rapidement.
Raphtalia se montrait bien plus réactive depuis peu.

*Tousse*

Mais elle toussait toujours…
Je lui tendis sans un mot son remède et passai commande au commerçant. Il vendait des sortes de grosses pommes de terre écrasées, roulées en boule et mises sur une tige.

– Allez, tiens. Bien joué pour aujourd’hui.

Je lui passai la brochette, et une fois qu’elle eut fini d’avaler son remède, elle la prit en souriant.

– Merci !
– Oh… Hmm…

Elle semblait sincèrement heureuse.
Elle mangea les pommes de terre durant notre périple en ville à la recherche d’un endroit où passer la nuit.

– Tu veux dormir dans la capitale ce soir ?
– Oui.

Je souhaitais trouver un lieu où Raphtalia ne subirait plus ses terreurs nocturnes, et j’étais moi-même fatigué d’affronter des ballons. Nous pénétrâmes dans l’auberge. Le tenancier fit une sacrée tête en me voyant, du genre plutôt en colère. Mais une fois arrivés au comptoir, il se reprit et nous considéra avec le sourire typique d’un homme d’affaires.

– Mon amie ici présente risque de crier un peu la nuit, mais pouvons-nous rester ici ?

Je ne comptais pas le menacer directement, mais j’écartai légèrement ma cape pour qu’il eut un aperçu de ma réserve cachée de ballons.

– C’est… c’est…
– Tout ira bien, on est d’accord ? Nous tâcherons de rester tranquilles.
– Très… très bien.

J’avais finalement compris qu’une bonne dose de pugnacité était importante quand on menait des négociations. Le pays entier estimait légitime de se moquer de moi, mais, au moindre problème, ils n’hésiteraient à se réfugier auprès du roi.
Et même dans ce cas, ils n’avaient pas vraiment moyen de me contraindre.
Bon sang. Dans quel monde avais-je atterri…
Je payai pour notre chambre, et nous nous y installâmes pour y déposer nos affaires. Raphtalia tenait sa balle, les yeux brillants.

– Reviens avant qu’il ne fasse nuit. Et ne t’éloigne pas trop de l’auberge, compris ?
– D’accord !

Ah là là, c’était vraiment une enfant…
Les demi-humains étaient visiblement soumis à un certain degré de persécution, mais je pouvais bien deviner que si elle avait été une aventurière, elle aurait été laissée de côté par les autres.
Je la regardai jouer avec la balle depuis la fenêtre, puis orientai mon attention sur l’étude des mélanges.
Une vingtaine de minutes s’écoula. J’entendis alors des exclamations d’enfants.

– Qu’est-ce qu’une demi-humaine fait sur notre terrain de jeu ?!

Mais que se passait-il ? J’observai à travers la fenêtre. Plus bas dans la rue se trouvait un groupe d’enfants, avec de bonnes têtes de sales gosses, qui se rapprochait de Raphtalia, l’air de chercher la bagarre. Qu’importe le monde, il y avait toujours des gens en quête de conflit.

– Oh, regardez, elle tient un truc sympa ! Donne-le-moi !
– Je… hmm…

Raphtalia comprenait tout à fait que les demi-humains étaient de la classe inférieure. Elle n’avait pas l’air de vouloir répliquer.
Je quittai la chambre et dévalai les escaliers.

– Donne-la-moi ! T’es sourde, ou quoi ?!
– Mais je… Hmm…

Elle paraissait faible et effrayée, je savais pertinemment que ces gosses allaient finir par lui prendre la balle de force. Ils commencèrent à l’encercler.

– Minute, bande de mioches.
– C’est quoi, ce bordel ? Qui c’est, ce vieux type ?

Pa… pardon ? Vieux type ? Il ne fallait pas que je m’attarde sur cela, je n’avais que vingt ans. Allez savoir à quel âge on était adulte dans ce monde ? J’étais sûrement considéré comme « bien plus âgé » pour eux.

– Qu’est-ce que vous tentez de lui prendre, là ?
– De quoi je me mêle ? C’est pas tes oignons.
– Oh que SI. C’est à moi qu’elle l’emprunte. Si tu lui prends, alors tu me voles.
– Mais qu’est-ce que tu racontes ?

Qu’ils soient des enfants n’avait aucune importance. Je n’allais pas me montrer clément. S’ils prenaient plaisir à violer les règles, ils devaient être punis.

– Très bien, d’accord. Laissez-moi vous filer une autre balle que j’ai.

Raphtalia parut sous le choc. Elle se tourna vers les garçons et sembla prête à hurler.

– Partez !

Mais ils n’en firent rien. Ils se contentèrent de me dévisager.
Laissant apparaître un sourire narquois, j’attrapai un ballon sous ma cape.

– Aaaaïïïïeeeee !

Le ballon eut tout loisir de mordre l’enfant jusqu’à ce que je le remette immédiatement à sa place.

– Et maintenant… vous êtes sûrs de vouloir jouer avec ma balle ?
– Aïe !
– Mais qu’est-ce qu’il dit ? Il est dingue !
– Crève ! Argh !
– Qu’est-ce que j’en ai à foutre, sale mioche !

Ils s’enfuirent en quatrième vitesse, et j’en profitai pour les agonir d’injures dans leurs dos.

– Hmm… je…

Raphtalia tira le bord de ma cape.

– Fais attention, tu sais bien qu’il y a des ballons là-dessous.

Surprise, elle s’écarta. Elle tremblait de peur mais, lentement, elle releva la tête et sourit.

– Merci.

De quoi parlait-elle ?

– … Y a pas de quoi.

Je lui caressai la tête, et son visage vira cramoisi alors qu’elle se retournait précipitamment.

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