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Tate no Yuusha no Nariagari – Chapitre 43

Le Bouclier du Courroux
Traducteur : Team Yarashii

Telle une réponse au hurlement de la bête, je poussai moi-même un cri et accueillis son assaut avec mon bouclier.
Je ne ressentis rien.

— Gaah ?

Les sombres ténèbres qui s’étaient moquées de moi, qui avaient ri de ma personne, tordaient désormais leur bouche en signe manifeste de confusion et de stupéfaction.
Hilarant.

— Crève !

Je l’attrapai par le bras et l’envoyai valdinguer de toutes mes forces.
L’ombre gigantesque laissa échapper une exclamation de surprise tandis qu’elle continuait son vol plané.

— Gaoooooh !

Cependant, au lieu d’y réfléchir à deux fois avant de me charger, elle se releva et fonça dans ma direction.
Je me demandais… Étais-je toujours incapable d’attaquer ? Même avec ce bouclier ?
Effectivement.
La bête pivota et tenta de m’assommer en imprimant un mouvement rotatif à sa queue.

— Ça ne marchera pas !

La queue rebondit dans un bruit métallique synonyme d’échec. Ses attaques ne fonctionnaient pas contre moi.

— Inutile !

Je n’avais aucun moyen de vaincre ce monstre.
Du moins, je le pensais jusqu’à cet instant précis. Tout à coup, un tourbillon de feu noirâtre monta en spirales vers le ciel depuis mon corps. Il embrasa la queue et les bras de l’ombre.

— Gaoooh ?

Surprises, les ténèbres tombèrent au sol.

— Hé… est-ce que, par hasard, mon bouclier peut contre-attaquer face à une attaque aussi puissante ?

L’ombre recula, soudainement intimidée.

— Ha ! Maintenant, tu me supplies de t’épargner ? Tu peux crever pour que je te pardonne !

Je criai le nom de ma nouvelle compétence.

— Vierge de Fer !

Toutefois, il n’y eut aucune activation. À la place, l’arbre de compétences apparut sous mes yeux.

Prison du Bouclier => Bouclier de Bascule (attaque) => Vierge de Fer

C’était quoi, ça ? Son utilisation était soumise à conditions ?
Que c’était chiant. Dans ce cas, autant laisser l’ombre me charger et essayer d’activer la contre-attaque.

— Attends un peu… je vais te buter une bonne fois pour toutes !

Tandis que je m’approchais, les ténèbres se comportaient comme si elles craignaient ma colère, mes intentions meurtrières. Elle agita frénétiquement ses bras.
Ces derniers rencontrèrent mon bouclier et prirent feu instantanément.
La viande brûla et les os fondirent.
Les flammes n’étaient toutefois pas assez puissantes. Je désirais anéantir intégralement cette bête.

— !

J’avais compris ! Le Bouclier du Courroux se renforçait au fur et à mesure que ma rage prenait de l’ampleur. Plus je perdrais l’esprit, plus son attaque augmenterait.
Bien, c’était facile pour moi.
Je n’avais qu’à penser à ce qu’ILS m’inspiraient.

Myne Sufia… Je croyais bien que son vrai nom était Malty.
Le simple fait de me rappeler son nom m’emplit de rage.
Ensuite, le Sac à merde… puis Motoyasu, Ren, Itsuki…
Je me remémorai tout ce qu’ils m’avaient infligé, un souvenir à la fois…
Je les hais… Je voulais qu’ils meurent…
Le bouclier couleur sang réagit à ma haine et vira au noir.

— Cette fois-ci, je vais vraiment les buter… Tous autant qu’ils sont…

J’attrapai à nouveau le bras de l’ombre et convertis toute cette émotion négative en charbons embrasés.
Ils s’échappèrent de mon bouclier et recouvrirent entièrement les ténèbres, les engloutissant tout entières.
Ensuite, je sentis quelque chose dans ma main, quelque chose de chaud. Ma haine noirâtre commençait à se dissiper.

*Tambourinement*

C’était… doux…

— Même si le monde entier se retourne contre vous, je vous resterai fidèle. Je le redis encore une fois : M. Naofumi n’a rien fait.

Quoi ?
En entendant cette voix, le monde distordu et assombri qui m’entourait se mit à vaciller.
Quelque part au fond de moi, je savais que m’abandonner à la colère ne me conduirait qu’à la perte de quelque chose de plus important encore.
Je souhaitais l’ignorer… et pourtant…

— Je vous en prie, croyez en moi. J’ai confiance en M. Naofumi. Il n’a commis aucun crime. Il m’a soignée et m’a sauvé la vie. Il m’a appris à me battre, à survivre. Il est le grand Héros Porte-Bouclier. Je suis votre lame. Qu’importe les embûches, je marcherai à vos côtés.

La voix s’adressait à moi en murmurant.
Je ne pouvais pas me permettre d’être absorbé par la haine. J’avais toujours des choses que je désirais protéger.

Ta colère faiblit…
Je ne pouvais pas l’oublier. Néanmoins… néanmoins, je voulais me consacrer à ceux qui avaient foi en moi.

Te refuserais-tu à moi ?
Je n’aimais pas recevoir des ordres. Je choisirais ma propre voie !

Je continuerai de t’épier. Et d’attendre que ta résolution vacille à nouveau.
La sombre voix s’évanouit et de la lumière réapparut dans mon monde.

*Tousse* *Tousse*

Je repris mes esprits. Raphtalia était près de moi, toussant violemment et me tenant la main.

— Est-ce que ça va ?
— Oui… oui, je vais… bien. *Tousse*

Elle avait été gravement brûlée. Cependant, nul ennemi dans les environs n’était doté de telles attaques.
Qui aurait pu… Non !
L’effet spécial du Bouclier du Courroux, la Malédiction du Porteur, avait aussi dû s’appliquer à elle !

— Raphtalia ! Pourquoi est-ce que tu tenais ma main comme ça ?
— Je pensais que vous… que vous disparaîtriez si je… si je ne le faisais… *Tousse*

Elle sourit puis s’effondra.
C’était ma faute… Ma faute si Raphtalia avait été blessée !

— Je suis la source de tout pouvoir. Entends mes paroles et interprète-les correctement ! Guéris-la ! Premier soin !

Je me répétai.

— Je suis la source de tout pouvoir. Entends mes paroles et interprète-les correctement ! Guéris-la ! Premier soin !

Encore.

— Je suis la source de tout pouvoir. Entends mes paroles et interprète-les correctement ! Guéris-la ! Premier soin !

Et encore.

— Je suis la source de tout pouvoir. Entends mes paroles et interprète-les correctement ! Guéris-la ! Premier soin !

Je continuai jusqu’à être à court d’énergie magique.
Raphtalia… Elle était l’unique personne qui m’avait cru. Elle comptait pour moi !
Les brûlures étaient graves. Mon faible niveau en magie n’était pas suffisant pour la soigner. J’accourus vers l’attelage pour récupérer l’onguent curatif.

— Gaoooo !

Je me tournai pour voir le dragon hurler et agiter son bras calciné vers moi, se préparant à libérer encore son souffle empoisonné.

— Hors de mon chemin !

Je balançai mon bras pour intercepter son attaque. Ce faisant, le bouclier se mit à briller d’une lumière noire et faillit activer la compétence de Brûlure de la Malédiction du Porteur.

— Arrête !

Le bouclier resta muet.
Si les flammes s’étaient de nouveau manifestées, elles auraient assurément tué Raphtalia. Cela aurait été dramatique. Toutefois, vu son état, j’ignorais si elle pouvait encaisser une deuxième fois le gaz toxique.
Comme si mon bouclier savait à quoi je pensais, il déclencha la Brûlure de la Malédiction du Porteur, mais uniquement à destination du nuage de poison qui se déversait vers moi. Toutefois, ce n’était pas suffisant pour terrasser le monstre.
Que faire ?

Le bouclier se nourrissait à chaque instant de ma haine et de ma colère, les embrasant. Je ne parvenais à ne pas être complètement submergé qu’au prix de terribles efforts. Combien de temps allait-il s’écouler avant que je ne sois consumé ?
Mais, là maintenant, je devais atteindre notre calèche et trouver ce remède pour Raphtalia.
Mon désir de la protéger suffisait à peine à contenir ma colère.

— Gah ?

Nous échangeâmes coup pour coup puis, en plein milieu de notre combat, le dragon poussa un cri affreux chargé de douleur et de confusion.

— Qu’est-ce que…

Que se passait-il ? Cela signifiait-il que la Brûlure de la Malédiction du Porteur l’avait enfin consumé ?

— Gaoooh !

Finalement, le Dragon Zombie s’arrêta de bouger et reprit sa forme squelettique.
Je n’avais toutefois pas le luxe de contempler cette scène et de repenser à notre affrontement.
Les nuées de Mouches Empoisonnées étaient introuvables. La bête déchaînée avait dû les effrayer.
Je portai Raphtalia, courus vers l’attelage, trouvai l’onguent et l’appliquai rapidement sur ses plaies. Ensuite, je lui donnai l’antidote.

— Oh… M. Naofumi…

Sa respiration se fit plus régulière et elle ouvrit les yeux avant de me sourire.

— Ça va mieux ?
— Oui… grâce à votre remède…

Et pourtant, ses blessures semblaient toujours aussi sérieuses. Leur taille s’était réduite et elles s’étaient refermées, mais il demeurait des cicatrices très foncées, peut-être en raison de la magie noire que le bouclier avait utilisée. Quoi qu’il en soit, les brûlures avaient une vilaine apparence.

— Ne vous… inquiétez pas pour moi… Occupez-vous plutôt du dragon.
— Cette créature ne bouge plus.
— Oh… alors… dépêchez-vous et débarrassez-vous de son squelette.
— D’accord.

Ses yeux étaient insistants, désespérés. Ils me transmettaient un message clair : je devais agir.

— Ça te va si je te laisse là pour le moment ?
— Je peux me défendre si besoin.
— Bien… bien.

Je descendis de la calèche et marchai en direction du cadavre de la bête.
Je devais le dépecer et faire absorber les morceaux par mon bouclier.
Et Filo… Il fallait au moins que je récupère son corps pour lui offrir une sépulture digne.

Je m’approchai et pus apercevoir les organes internes tressaillir et se tortiller.
Que se passait-il ? J’avais peut-être moyen de l’affronter.
Avec le Bouclier du Courroux.
Ce dangereux bouclier qui menaçait de me consumer était également doté d’une valeur défensive extraordinaire et d’une contre-attaque puissante.

Mon cœur ne pouvait pas le supporter, alors je changeai pour reprendre le Bouclier de Vipère de Chimère. J’étais cependant prêt à y revenir… si j’y étais contraint.
L’agitation dans le cadavre se déplaça, s’arrêta, puis reprit avec une telle force que je crus que l’estomac allait exploser… et ce fut alors… que je vis…

— Huff !

… un oiseau que je connaissais bien. Elle était recouverte des fluides pourris du dragon décédé.

— Huff ! J’ai enfin réussi à sortir de là !

Filo paraissait de bonne humeur et en bonne santé, alors qu’elle venait de s’extraire du ventre de la bête qui l’avait avalée toute crue.

— Filo ? Tu vas bien ? Tu es blessée ?
— Ça baigne !
— Alors… alors, c’était quoi, tout ce sang qu’on a vu quand le dragon t’a croquée ?
— Du sang ? Oh oui, quand il m’a avalé, ça a appuyé fort contre mon ventre, alors j’ai tout recraché.

Qu’est-ce qu’elle avait mangé, déjà ? Oh mais oui, toutes ces tomates ! Cela expliquait sûrement la confusion sur le moment.
Je m’en souvenais… Elle s’en était gavée pendant des heures.

— Ne me file plus les jetons comme ça ! Je pensais que tu étais morte !
— Avec une attaque pareille ? Même pas mal !

Cet oiseau était un monstre. Oui, il fallait croire que c’en était réellement un.
Bon sang… elle m’avait vraiment flanqué la trouille.

— Mon Maître, tu étais inquiet pour moi ?
— Oublie ça.
— Mon Maître ! Tu rougis !
— Tu veux que je fasse ton éloge funèbre ?
— Non ! Mais je suis contente ! Ne commence surtout pas à vouloir acheter une remplaçante !

Effectivement… Après tout, elle était indemne.
Filo se tenait là tout sourire, et cela me dérangeait. Elle avait intérêt à bien ancrer cette scène dans sa tête.

— Bref, il s’est passé quoi ?
— Bah, le dragon m’a gobée, puis je me suis retrouvée dans son ventre, alors j’ai tourné en rond et fini par trouver un cristal violet tout bizarre et luisant.

Est-ce que ce dragon décédé avait été réanimé par cela ?
Filo s’était frayée un chemin hors de son corps. Dans sa poitrine… Serait-ce son cœur ?
Mais pourquoi ?
Parce que c’était un dragon ? Même mort, est-ce que l’énergie magique latente de la bête s’était rassemblée pour se cristalliser ?

— Alors, il avait quoi de spécial, ce cristal ?
— Ugh ! Beurk !

Je supposais que c’était cela, sa réponse… Elle l’avait mangé. Son estomac semblait aussi luire.
Bon sang… j’aurais bien voulu la frapper.

— Il en reste un bout. Mon Maître, tu veux goûter ?

Elle tendit sa petite aile et un éclat de cristal violet se révéla.
C’était quoi, ce bordel ?
Je le fendis en deux et laissai le bouclier l’absorber.
Je le savais… Mon arbre n’était pas assez avancé pour débloquer quoi que ce soit.

— Raphtalia est blessée, donc c’est à nous deux de faire le ménage par ici.
— D’accord !

Je vous jure…
Cet oiseau allait me rendre chèvre.
Heureusement que je ne m’étais pas laissé submerger par la colère.
J’avais équipé le Bouclier du Courroux pour la venger, mais j’avais failli me retrouver complètement consumé par la haine.

Si Raphtalia ne m’avait pas arrêté, j’aurais entièrement carbonisé le dragon… et Filo avec.
Toute cette rage… Ce bouclier était maudit.
Il me dominait pour parvenir à ses propres fins.
Si je l’avais laissé faire, je serais parti tuer chacun des autres héros après avoir mis à mort le dragon.

— Trop bon !
— Filo ! Cette viande est avariée, n’y touche pas !
— La viande qui commence tout juste à pourrir est la meilleure, mon Maître !
— Mon œil, elle est totalement pourrie !

Nous continuâmes cette tâche peu enthousiasmante en nous chamaillant à moitié. En peu de temps, la bête avait disparu.
J’avais absorbé tout ce que je pouvais, mais mon arbre n’était pas assez développé pour me donner accès à de nouvelles choses dès maintenant.
Quand bien même, les os et la peau semblaient être des composants utiles, alors j’en pris des morceaux et les hissai dans notre attelage.

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