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Chapitre 370 : Quelque chose se prépare
La journée commence à être longue. Depuis ce matin, cela fait une dizaine d’heures que la bataille a commencé. La nuit vient de tomber et j’ai décidé de faire une pause en m’asseyant près d’un feu de camp pour me faire à manger quelque chose de chaud. J’ai quelques ingrédients et épices qui sont suffisants pour ça et je suis probablement l’un des rares grimpeurs à avoir de l’eau propre dans son inventaire. Maintenant que les rats ont compromis la plupart des réserves d’eau, il ne reste qu’à fondre de la neige propre pour en obtenir. Alors que je m’assieds sur une pierre à côté du feu où mijote le ragoût, plusieurs soldats m’ont rejoint.
– Tiens.
– Merci.
J’attrape l’assiette que me tend un soldat sans la moindre once de méchanceté maintenant que le plat semble prêt. Ils sont une dizaine autour de moi à regarder les flammes au centre de l’attroupement. La journée a été longue pour eux aussi. Beaucoup sont couverts de cendres ou de boue alors que certains tendent les mains en direction du feu pour se réchauffer. Je vois ma présence avec les soldats comme une sorte de trêve silencieuse. Même les animaux sont au repos jusqu’à ce que j’aie fini ce repas.
Est-ce que ça me gêne de manger avec des gens que je vais tuer ou renvoyer au pied de la tour ? Un peu, mais massacrer des soldats toute la journée est épuisant mentalement. Cette situation à manger avec mes ennemis est une farce que je trouve très amusante de mon côté et qui me permet de me détendre. Emy est dans une autre partie du camp à donner des ordres qui rendent la bataille plus difficile pour moi. Pourtant cela ne m’a pas empêché de me débarrasser d’une bonne partie du camp. J’ai arrêté de compter, mais si je me fie à mon estimation, il reste moins de la moitié des soldats. Je me mets à bâiller en avalant un peu de mon assiette de ragoût. Le même grimpeur qui m’a tendu l’assiette décide de s’installer à côté de moi en prenant la parole.
– Ne t’endors pas le cuistot. Tu ne sais pas si tu vas réussir à te réveiller ou si tu seras mort…
– Rien de grave. Je ne compte pas dormir en tout cas.
– Je pense qu’on en a tous marre d’amener des gens à l’infirmerie, d’éteindre des feux, de hisser des barricades ou de monter la garde. Je préférerais être dehors… ou dans ce fichu tunnel.
– Moi aussi. Vraiment. Enfin, c’est juste un mauvais moment à passer.
J’avale une bouchée de plus du ragoût avant de poser mon assiette par terre en soupirant. J’organise mes liens et mes pensées alors que le grimpeur qui m’a donné l’assiette me dit de continuer à manger pour rester en forme. Je soupire en me frottant le visage alors que je décide de lâcher mes animaux sur le groupe. Même s’ils ne sont pas au courant, il y a de la potion paralysante dans ce ragoût.
J’ai pourtant prévenu en disant que ce n’était pas bon et que c’était empoisonné. Ils ont pris ça comme une blague sur mes talents de cuisinier, mais j’étais sérieux. Bien sûr, j’aurais pu insister un peu plus, mais je n’ai pas mis de la potion paralysante juste parce que j’apprécie le goût. S’ils font confiance à un inconnu qui fait à manger, ce n’est pas de ma faute.
J’avale une gorgée d’antidote alors que les soldats bien plus affamés que moi se figent en tombant par terre. Les rats qui grimpent sur eux placent des clés dans leur main alors que je décide de les assommer en frappant l’arrière du crâne avec suffisamment de force.
Dix de plus, ou « comment se reposer et manger tout en continuant sa mission ». Les corps commencent à disparaître alors que je m’assieds à nouveau sur ma pierre après avoir jeté le contenu des assiettes dans la petite cocotte et en nettoyant les quelques signes d’agitation. L’odeur du plat sera suffisante pour attirer un autre groupe. Un ou deux groupes de plus et je changerai de stratégie.
Je caresse la tête de Micha en bâillant une fois de plus. À travers les yeux de souris dans les parages, je peux voir un nouveau client attiré par l’odeur de mon plat qui s’approche.
Il s’installe à côté de moi en tendant les mains pour se réchauffer en direction du feu.
« Tu m’excuseras, mais je n’ai pas envie de manger. En plus de cela, j’imagine que le plat est empoisonné. »
Je le regarde en m’apprêtant à attraper un stylet. Je vérifie juste à travers les liens que personne n’approche, mais tout semble normal. Personne d’autre ne semble savoir que l’unique adversaire dans leur camp est ici.
– Ne t’en fais pas. Je suis un Caméléon. Anisse m’a demandé de te surveiller, mais elle n’a pas précisé que ma mission était principalement de survivre à ton attaque. Je suis venu te demander, maintenant que tu es au courant de ma présence de faire en sorte que je ne termine pas dans un piège. Ce serait contre-productif pour toi comme pour moi.
– Tu me surveilles ?
– Ouais. Bon travail, d’ailleurs. J’ai fait mon dernier rapport à la patronne il y a une trentaine de minutes. Elle a encore des doutes à cause du Démon rouge qui hurlait ton nom. Tu veux peut-être t’expliquer ?
– Je la connais un peu. Si je l’avais dit aux autres, ils ne m’auraient pas fait confiance et laissé entrer dans la bulle, donc j’ai préféré me taire.
– Je vois. Je préfère quand même te dire que cacher cette information risque de te coûter ta relation avec eux.
– Si je termine ma quête, cela n’a pas d’importance. Et puis… je fais un bon travail comme tu l’as remarqué. Ça devrait suffire.
Le Caméléon semble comprendre que je n’ai plus envie de parler et que sa présence m’irrite. En même temps… qu’ils aient un espion dans le camp pour me surveiller et que personne ne m’en ait parlé me dérange. Pendant trois semaines, ils ont évité le sujet en me donnant l’impression de me faire confiance et maintenant je me rends compte que ce n’était bien qu’une impression.
Je décide de me lever de la pierre et de repartir. Je suis un peu irrité par la découverte et un peu d’action me fera du bien. Finissons-en pendant la nuit. Je commence à en avoir marre de ce camp.
… Maintenant que j’y pense, c’est ridicule. Je suis un Assassin, je ne devrais pas avoir à affronter une armée tout seul. Une dizaine de personnes, j’accepte. Deux milles ? C’est « un peu » abusif. À ce rythme, la tour va me demander de raser des villes dans mes prochaines quêtes. Une petite partie de pierre, papier, ciseaux serait intéressante pour changer.
En tout cas, je n’ai plus beaucoup de noms sur ma liste. En tête du classement, il y a bien sûr celui d’Emy, mais il y en a un autre que je n’aime pas. La personne en question est une des mieux protégées actuellement. Un Forgeron Pirate du nom d’Ifrit… Ce type est une anomalie bien sûr, et je suis sûr qu’il a une classe cachée qui n’annonce rien de bon. Au château, ils étaient incapables de le confirmer, mais en l’espionnant j’ai juste eu… un mauvais pressentiment. C’est dur de l’expliquer, mais sa façon de travailler le métal avait quelque chose d’étrange. Pas parce qu’il a des compétences, mais parce derrière son insouciance, il cache clairement des choses et se fait passer pour quelqu’un de moins talentueux qu’il ne l’est vraiment. Il sonne faux. Je ne devrais pas être inquiet pour si peu, mais je me méfie. Il y a trop peu d’informations sur lui pour que je rejette un pressentiment de ce genre.
Pendant trois semaines, il n’a pas fait grand-chose si ce n’est s’occuper de l’entretien des armes et armures du camp. Il travaille aussi sur des canons, mais seulement quand il n’a rien à faire. Rien, si ce n’est le manque d’information sur lui, n’indique un problème quelconque, mais je pense pouvoir dire que mon instinct a raison sur ce coup-là. Ce type me met trop mal à l’aise pour que je le prenne à la légère.
Même s’il reste dans son coin depuis le début de mon attaque, il est assez clair qu’il est à la tête du deuxième plus gros bastion de soldats dans le camp. Pour peu, il a l’air d’être général en second d’Emy et il est donc bien protégé par deux cents grimpeurs qui montent la garde autour de son atelier. Malgré l’attaque, Ifrit a donc réussi à maintenir l’ordre autour de lui. Il est le seul dans le coin à avoir réussi une telle chose avec tout ce que j’ai fait dans ce camp.
Il ne me reste plus que quelques noms sur ma liste, dont le sien. Oublions le Prêtre en charge de l’infirmerie, je ne l’attaquerai pas directement alors qu’il n’est pas une menace.
Je ne compte pas prendre de risque pour affronter Ifrit qui sera ma prochaine cible.
Alors que je suis à plusieurs centaines de mètres de son bastion. Je décide d’appeler des renforts en rangeant ma cape et en retirant la tenue de soldat. Une attaque en force nous fera du bien après quelques heures à jouer sur la discrétion. Je n’ai pas arrêté depuis ce matin, si ce n’est le temps que j’ai passé à faire le cuistot. Il est temps de passer à une offensive un peu plus directe.
Autour de moi, les rats et les corbeaux s’approchent par dizaines et je me lie à autant d’entre eux que je peux en laissant mon identité disparaître dans les liens.
Je plante les griffes du gantelet de félin dans la terre et la neige en me mettant en position pour charger en avant. Autour de moi, les rats font pareil en ouvrant la gueule pour montrer leurs crocs.
Le pouvoir de la meute est suffisant pour tuer ceux qui se dressent devant moi. Les rats et les corbeaux seront une vague qui va déferler sur ce bastion pour tout détruire. Ifrit reste ma cible, mais rien entre lui et moi ne m’arrêtera.
Dans mon esprit, je revois Fae au milieu de l’arène, juchée sur la marée d’animaux, sur la meute. Cette meute, je la comprends encore trop mal pour réellement en déployer toute sa puissance, mais alors que je suis entouré par des centaines d’animaux de plumes et de poils, j’ai la sensation que rien ne m’arrêtera. Mon esprit se laisse porter par les sentiments qui se mélangent. Un désir de chair et de meurtre commence à m’emplir comme un poison sombre que j’accepte comme un présent.
« La meute est inarrêtable. »
Comme une formule magique, je psalmodie cette devise en me laissant envahir par les sensations des liens, des dizaines de corbeaux s’élèvent dans les airs en une nuée noire invisible dans la nuit. Je me projette en avant en courant de toutes mes forces alors que les rats me suivent comme une vague mortelle. J’essaye d’invoquer le pouvoir des champions, l’Unité comme j’aime à l’appeler, mais j’aurai encore besoin d’entraînement avant d’y arriver. Me perdre dans les milliers de sensations suffira.
Ifrit est ma proie ce soir et ce n’est pas deux cents hommes qui pourront arrêter une meute chargeant dans les ténèbres.
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Correction : Hastin
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Merci pour le chapitre.
Merci pour ce chapitre