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Chapitre 371 : Exaltation nocturne
Dans une nuit baignée par la lumière d’un croissant de lune, à l’intérieur d’une sphère magique, Typhon court comme une ombre. Dans le mélange de fumée et de brume berçant les ténèbres percées par quelques torches, cette ombre fend l’air en répandant le sang.
Deux gardes reçoivent un couteau couvert de poison dans la gorge alors que Typhon continue sa course. Assez vite, les rats recouvrent les deux grimpeurs incapables de hurler, qui se débattent et tombent. Ils disparaissent, piétinés par le par-terre de ténèbres que forme la meute de rats. Dans le ciel, les corbeaux se jettent sur les soldats devant Typhon, le protégeant des regards avant qu’il ne plante d’un mouvement ses griffes dans la chair, continuant sa course effrénée vers sa cible. Malgré la charge, ils sont encore trop peu à réaliser l’ampleur de l’attaque.
Dans toutes les tentes, des rats et des souris brisent les lampes et éteignent les torches pour que les ténèbres continuent de dévorer les hommes en semant le chaos. Dans l’obscurité, la menace des grimpeurs devient une invitation au meurtre pour des centaines de rats qui s’unissent afin d’anéantir chaque cible. Quand les têtes se tournent vers les cieux, observant avec curiosité le vol des corbeaux impossibles à dénombrer, les rats profitent de la distraction pour grimper sur ces géants et se débarrasser ainsi d’obstacles trop distraits pour en être. Ils ne font que suivre Typhon et son exemple en s’unissant à lui et à ses pensées. Pour chaque animal, la meute devient une drogue où chacun est uni aux autres pour obtenir la puissance d’un tout. Dans le chaos des liens enchevêtrés les uns sur les autres en formant des nœuds, il n’y a qu’un seul endroit où ils se rejoignent tous. Typhon. Il devient le centre de tout en les reliant et en donnant un sens à ce chaos. Il forme une armée de vermines et de rongeurs vus comme des nuisances. Pourtant, cette puissance qu’ils ont ensemble mérite tout autant l’admiration que la peur.
Mourir importe peu tant qu’ils peuvent tous faire partie de cette idée plus grande qu’eux et de cette force dans l’union qu’un inconnu leur offre. Ils se servent de lui bien plus qu’il ne se sert d’eux et lui obéir n’est qu’un prix facile à payer. Chacun des animaux comprend finalement ce qu’est un Dresseur. Sans l’appeler sous ce nom ou avec un mot, il est un concept. Un être faible et stupide qui offre sa confiance et sa sympathie à tous. Ils sentent ses doutes et ses remords à les faire se battre pour lui, ils sentent de l’affection unique pour chacun d’eux. Ils peuvent tous le sentir alors qu’ils ressentent dans leur esprit cette affection qu’une mère a pour sa progéniture. Cet idiot ne s’en rend même pas compte et le cache, mais le lien rend impossible le mensonge. Il peut se mentir à lui-même, mais pas au lien. C’est un abruti pour le croire, très certainement. Cependant, c’est un tribut suffisant pour qu’aucun animal ne résiste au lien ou ne souhaite s’en défaire.
Cette foule où aucun d’eux n’a de nom n’espère qu’une chose au final, que cet idiot de Dresseur qui offre tant de choses fasse vivre la meute. Avec eux ou avec d’autres, cela n’a pas d’importance. À travers lui, même des proies et des prédateurs brisent les chaînes imposées par la nature pour s’unir. Grâce à lui et au lien, ils peuvent être plus que ce que leur nature leur impose. Ce Dresseur promet un idéal où le plus faible devient fort grâce aux autres et c’est un message qui doit leur survivre à n’importe quel prix.
Ainsi, le faible roi des idiots mène la charge en prenant tous les risques pour que la meute reste forte.
Alors que les ténèbres avancent sur le bastion des grimpeurs, Typhon est pris d’un sentiment étrange. Tout d’abord, ce n’est rien de plus qu’une sorte de chatouillement mental qu’il rejette dans sa charge plus animale que guerrière. Alors qu’il plante ses griffes dans la chair et qu’il brise des os, il ressent le pouvoir de la meute qui devient un maelstrom de sensations où se noie son esprit. Ce sentiment étrange qui l’emplit est de l’euphorie. Dans ce massacre où il transperce les ennemis sur sa route pour qu’il rejoigne un autre monde, il commence à apprécier la violence dont il fait preuve. La barbarie de ses actions cesse d’avoir du sens à la tête de la meute. C’est bien plus qu’une armée qu’il a derrière lui et qui le pousse vers l’avant. C’est un rideau mouvant de ténèbres qui dévore tout ce qu’il touche.
À chaque pas où son pied frappe le sol, il se libère des contraintes que la logique humaine lui ordonne de suivre en tout temps. Il ne craint pas la mort et la défaite, car c’est une issue improbable. Chaque nouveau pas en avant est une couche de raison qui disparaît pour ne laisser place qu’au plaisir de diriger une meute inarrêtable. Il est chaque animal et chaque animal est lui.
Une Union, voilà ce qu’il se passe. Finalement, il suffisait de se laisser porter par les sensations.
Comme un résidu de son pouvoir de champion et sans que ses yeux et ceux des animaux ne se mettent à briller véritablement de la couleur de l’or, une faible lueur dorée apparaît dans les pupilles des animaux. Un frisson parcourt chaque être faisant partie de cette multitude de liens et la meute évolue.
Ils étaient liés à Typhon à travers un lien, mais en se libérant graduellement de sa raison, l’idiot offre encore un cadeau insensé dans sa charge. L’être le plus intelligent partage sa cognition avec tous. Plus encore que cela, ils se parlent.
Ils ne sont plus des rats et des oiseaux limités par leur nature à des pensées instinctives et conceptuelles. Ils ont tous maintenant l’intelligence du « roi des fous ». Ils communiquent entre eux et les attaques deviennent bien plus meurtrières. Au lieu de se jeter par centaine sur un ennemi jusqu’à ce qu’il tombe, ils jouent des faiblesses des hommes pour les anéantir en étant maintenant dix fois moins nombreux. Ils continuent tous de charger en avant, augmentant encore la cadence en visant tous les points faibles. Les corbeaux crèvent des yeux en lacérant la peau. Lorsqu’ils hurlent, les rats continuent l’attaque en entrant dans la bouche pour s’enfoncer dans la gorge et bloquer la respiration. Ils visent les nerfs, mordent les veines, sèment la peur en restant intouchables et profitent de l’expérience d’un serpent et d’une souris habituée à affronter des ennemis bien plus grands qu’eux.
Les attaques ne cessent qu’une fois l’ennemi vaincu et qu’il est temps de passer au suivant, mais des dizaines d’attaques ont lieu en même temps et les ténèbres continuent d’avancer en faisant disparaître toutes les lumières sur son chemin.
L’alerte résonne bien sûr venant des plus proches qui voient leurs compagnons disparaître sous la marée de poils et de plumes qui recouvre le sol et l’air. Dans cette masse informe presque liquide, il ne reste que ces centaines d’yeux dont la lueur rappelle quelques instants celle d’une pluie d’étoiles filantes. Les quelques instants qui suivent, les lueurs couleur or deviennent une menace tangible et impossible à arrêter.
Les quelques sorts lancés dans la direction de la vague sont au mieux esquivés et au pire endurés. Un autre cadeau de Typhon n’est autre que son expérience de la douleur. Il en a suffisamment pour qu’un oiseau blessé ne considère une blessure grave que comme une égratignure. Une patte cassée n’est qu’une distraction. Une brûlure, une nuisance.
Cet homme est fou d’avoir supporté tant sans même prendre le temps de récupérer et de panser la souffrance qui dégouline de son esprit. Même pour des animaux, il est facile de réaliser qu’il a perdu la raison.
Pourtant, ce qui déclenche sa folie… C’est que Typhon finit par y prendre du plaisir. Il sent finalement l’adrénaline dans ses veines se mélanger avec le plaisir de capturer une proie après l’autre. Alors qu’il découpe sans ménagement en souriant comme un dément… Alors qu’il pense que sa raison est aux commandes de ses actions, c’est un fou qui mène la meute…
Un fou abominablement charismatique pour chaque animal.
Dans une bataille insensée entre des grimpeurs et des êtres à la force risible, en se couvrant de blessures dont la douleur est suffisante pour paralyser un animal qui cherche à assurer sa survie, quoi de mieux qu’un fou pour mener une armée de nuisibles à la victoire ?
S’ils le pouvaient, les animaux se mettraient à sourire en regardant Typhon devant eux découper et tuer les vivants. Ce roi frénétique massacre ceux de sa race, mais aucun animal n’y voit un problème. La moralité est une affaire d’homme. L’intelligence offerte à chacun n’a pas comme contrecoup l’apparition de remords. Tout cela, ils y échappent grâce à la loi de la nature. Une loi implacable et immuable aussi terrible que magnifique gravée dans chaque animal.
Ce soir, les ténèbres grandissent en détruisant le bastion d’un grimpeur nommé Ifrit qui travaille encore le métal dans sa forge alors que les siens meurent. Les flammes grandissent sous ses yeux quand finalement il entend les hurlements par-dessus les coups de marteau qui frappent un plastron.
Ifrit se ressaisit en comprenant la situation. Finalement, l’ombre qui hante le camp le prend comme cible et il est temps de se préparer à la bataille.
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Correction : Hastin
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Merci pour le chapitre.
PS: Terrifiant ! Et fascinant...
Merci pour ce chapitre