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Chapitre 386 : une Anomalie dans les couloirs

Galaxia court comme le vent dans les rues de Djupa. Elle esquive sortilèges et projectiles à chaque nouveau pas sans que cela ne change sa vitesse. Elle aurait bien aimé rester dans les souterrains, mais une nouvelle à changer son rôle. Elle n’est pas certaine d’avoir pris la bonne décision, mais elle a sans doute assez de temps pour délivrer un message.

Le chaos résonne dans les rues de Djupa. Galaxia esquive une charge d’une dizaine de cavaliers. Elle passe à côté de camarades et de compagnons en les ignorant. Il n’y a qu’une seule personne qui l’intéresse. Mellow. Elle garde la porte de Djupa avec Shar, là où les combats sont les plus difficiles. Les remparts ont été pris grâce à des échelles et les troupes adverses s’en servent pour se répandre dans la ville. La porte renforcée par Héphaïstos s’est aussi brisée il y a longtemps, mais grâce à Mellow et Shar, peu de soldats peuvent entrer par là.

Il suffit de deux grimpeurs pour en bloquer des centaines. Galaxia fonce comme le vent à travers le chaos en sautant de toit en toit et en évitant les tirs de trébuchets qui pleuvent sur la ville, réduisant à des ruines des lieux qu’elle a si bien appris à connaître pendant les longs mois passés ici.

Elle tombe finalement devant la grande porte où rugit une araignée géante et où Mellow, enveloppée de ses bandes de tissus magiques lui donnant l’apparence d’une momie, se battent contre les soldats.

Les centaines de bandes éparpillées dans les airs autour d’elle saisissent ceux qui échappent à Shar pour les jeter sur les murs ou en arrière quand elle ne décide pas tout simplement de leur briser la nuque. Le corps de Mellow tremble et semble souffrir alors que les malédictions qui atteignent la Sorcière l’empêchent de se servir de son corps correctement.

Grâce aux bandes magiques, elle n’a pas besoin de s’inquiéter des contrecoups douloureux des malédictions. C’est sa façon à elle de résoudre le problème de toutes les Sorcières. Ignorer les malédictions en ignorant son propre corps.

« Mellow ! C’est urgent ! Le château est attaqué par Nomad ! Il a tué Bravain ! »

La Sorcière se tourne en direction de Galaxia en s’aidant d’une bande de tissu pour supporter l’effort alors qu’elle continue d’attaquer les soldats qui échappent à Shar. Si du tissu ne couvrait pas son visage, elle montrerait qu’elle est stupéfaite par ce qu’elle vient d’entendre.

– C’est Nomad. Il a réussi… mais… il n’a pas tué Thiffein. Ils se sont alliés et cherchent à tuer Nikolas ! Ils sont dans le château !
— Quoi ?!

Mellow regarde sa camarade sans comprendre ce qu’elle lui dit. Tout cela lui semble tellement impensable qu’elle n’arrive pas à rendre cohérent ce que vient de dire Galaxia.

— Tu dois y aller ! Je n’ai aucune chance en combat contre lui et je devais te faire passer le message !
— Je… très bien ! S’il tue Nikolas, tout est perdu. Je m’occupe de lui !

En entendant cela, le sang se gèle dans les veines de Mellow. Pendant tout ce temps, c’était un traître ? Non, c’est encore trop tôt pour en être certain. Même si les autres sont gorgés de fierté et le considèrent comme un stupide moins que rien, elle n’est pas de cet avis. Il est bien assez intelligent pour ne pas agir sans raison ou sur un coup de tête, mais pourquoi a-t-il tué Bravain ?! Pourquoi est-il avec Thiffein ?
Elle doit l’arrêter.

« Shar, je dois y aller, dis-moi que tu peux tenir sans moi pendant une heure ? »

Alors qu’elle hurle cela, l’araignée géante rugit en réponse avec un bruit assourdissant capable de faire reculer les adversaires entre ses pattes géantes. Elle en piétine plusieurs avant de briser les os d’un soldat entre ses mandibules. C’est la meilleure réponse qu’elle pouvait espérer.

En ramenant les bandes de tissus, elle s’en sert et commence à escalader les maisons et les toits en se dirigeant vers le château. Les centaines de bandes sont plus que suffisantes pour ignorer les obstacles. Sous cette forme, elle n’aura aucun mal à se déplacer plus vite que Galaxia qui décide de la suivre du mieux qu’elle peut.

*

Je me place à côté de Thif qui avance dans les couloirs sans faire attention à moi. Tuer Bravain n’est pas le plus malin vu la situation, mais je ne regrette pas ma décision. C’est à Thif de le regretter plus tard, pas à moi.

— J’imagine que tu n’as pas menti quand tu as dit battre Emy. Ce… Bravain. On ne peut pas dire que pour le chef des grimpeurs soutenant mon neveu, il ait l’air de t’avoir posé des difficultés. Vous avez passé plus de temps à discuter qu’à vous battre.
— Ce n’est pas important.
— Tu as changé Dresseur. Tu es devenu plus froid et tu –
— Nikolas est dans la salle du trône. Tu comptes continuer à me juger ou tu comptes reprendre le pouvoir ?
— Petit impertinent. C’était un compliment ! Tu penses que j’apprécie gâcher ma salive d’une telle façon ?

J’ignore Thif en lui faisant un vague geste de la main pour lui montrer que je ne suis plus d’humeur. Cela semble l’étonner et l’irriter en même temps. J’admets que j’aurai probablement réagi à sa provocation par le passé, mais cela servirait juste à l’amuser et à m’énerver encore plus.
Je me concentre à la place sur les quelques rats qui sont répandus dans le château afin de savoir la position des gardes. En prétextant sa sécurité, je décide d’avancer de quelques pas en éclaireur. Il n’a pas de difficulté à me croire, ou alors il a décidé de ne rien dire et de bouder. Thif aime avoir raison et si je lui offre trop facilement sa victoire cela l’irrite.
La meilleure façon de gagner est donc de ne pas jouer quand il s’agit de lui.

Par chance, les soldats sont peu nombreux dans le château. Même avec l’alarme, ils sont incapables de m’arrêter. Les meilleurs soldats protègent Nikolas, les autres sont simplement une sécurité inutile. Nous avançons lentement dans les couloirs sans nous faire remarquer. Si un groupe est impossible à éviter, je me contente de les assommer rapidement avant qu’une alarme soit donnée.

La marche n’est ponctuée que des plaintes de Thif que j’ignore sans remords. Je veux en finir. Quand Nikolas sera mort, toute la guilde Agamemnon sera obligée de m’écouter et de prendre Thif comme roi, mais cela ne veut pas dire que ce sera facile de les convaincre. Ils peuvent tout aussi bien décider de tuer Thif et essayer de prendre le pouvoir, mais ça risque de compliquer la diplomatie avec les pays voisins et avec la noblesse de Penovia.

— Mellow sera la clé pour que tu prennes le pouvoir. Sans Bravain ou Emy, il ne reste plus qu’elle pour réussir à contrôler les grimpeurs restants.
— C’est elle que je dois convaincre, c’est ça ?
— Elle trouvera un équilibre entre les penoviens et les grimpeurs. Sans elle, tu perdras tout.

Je soupire alors que Thif semble être en réflexion. Cette situation a bien trop duré et je peux entendre des bruits de pas. Nous ne sommes plus très loin de la salle de trône. Il ne reste en fait plus qu’un couloir à parcourir, mais celui-ci est bien défendu. Enfin, mieux que le reste. Cela ne change plus grand-chose pour moi maintenant. C’est plus une nuisance qu’un réel obstacle capable de m’arrêter.

En ordonnant à Thif de rester caché, je m’y engage en faisant complètement face à cinq grimpeurs dont deux sont armés de fusils mitrailleurs.

Ils prennent à peine le temps de confirmer qui je suis avant de commencer à tirer.

{Ils ont aucune chance ! Super Nomad en avant !}

Je souris en écoutant Micha. Elle a raison bien sûr. Mon armure est à l’épreuve des balles et, même s’il s’agit d’un couloir, éviter des balles ou en ignorer la douleur quand elles frappent l’armure est assez facile quand on a l’habitude.

« Qu’est-ce que vous foutez ?! Stoppez-le !! »
« Cet enfoiré veut pas s’arrêter ! »
« Pourquoi ?! Pourquoi ?! Pourquoiiiiii ?! »

Je ne reconnais pas les grimpeurs en face de moi. J’en ai peut-être croisé un ou deux dans le château par le passé, mais je n’ai pas de temps à perdre. J’en profite quand même pour rire un peu en prenant la parole. À leurs yeux, je suis une sorte de monstre pour ne pas avoir peur des balles et cela me semble gratifiant.

« Typhon arrive les enfants ! Qui veut y passer en premier ?! »

Je ne sais pas si c’est mes yeux vermillons ou mes paroles, mais j’en vois un qui décide de lâcher son épée avant de s’enfuir dans un couloir adjacent. Les autres cherchent à le rappeler, mais j’entends vaguement un autre dire « et puis merde » avant de fuir à son tour.
Tu parles d’une garde d’honneur pour Nikolas. Deux pétochards et des accros de la gâchette qui pensent pouvoir m’arrêter en tirant autant qu’ils peuvent sur moi.

En utilisant ma cape pour éponger la dernière rafale, je finis par arriver à portée. Je griffe le premier au visage pour qu’il se mette à hurler. Le deuxième prend simplement la lame de la pointe de ma botte dans le ventre. Elle s’enfonce suffisamment pour qu’il ne soit pas capable de se relever. Quant à la dernière personne, évitons de trop en parler pour préserver son honneur. Il a juste décidé de se figer dans un coin, mais je crois bien qu’il est tombé dans les pommes.

J’appelle Thif sèchement avant de placer une clé dans la main des grimpeurs inconscients. Ils disparaissent assez rapidement le temps qu’il arrive.

J’approche de la porte en me préparant à l’enfoncer. Avec le raffut qu’ils ont fait en utilisant des armes à feu, je pense que tout le château ne va pas tarder à venir ici.

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Correction : Hastin

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