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Chapitre 387 : Tout perdre…
La porte s’ouvre en grand d’un coup de pied. La salle du trône est la même que d’habitude si ce n’est pour Nikolas. Il est assis sur le trône et porte même une couronne. C’est sans doute un élan de folie qui a fini par le prendre en sachant que la bataille est en train d’être perdue. Il n’est pas roi et il n’a donc pas le droit de s’asseoir sur le trône et de porter la couronne.
Je m’attendais à mieux venant de la guilde Agamemnon, mais il semble que vu l’état de la ville, la bataille soit plus difficile que prévu. Peut-être que des renforts venant d’un camp à proximité ont rejoint les combats pendant la nuit et que cela a renversé le cours de la bataille. Ou alors ils auraient dû me prendre avec eux au lieu de m’enfermer dans la bulle. Au point où j’en suis, j’ai l’impression d’être un expert en Assassinat d’armée maintenant et le mode « champion des Dresseurs » aurait été suffisant pour changer le cours de la bataille. Trop tard pour cela maintenant.
En me voyant, Nikolas se met à rire. En voyant Thif, il se fige assez rapidement et je souris en le voyant faire. Il ne semble pas y avoir plus de gardes dans les parages et ils sont tous probablement en train de protéger la ville. Nikolas n’a pas d’arme et se prend sans doute pour quelqu’un d’intouchable dans sa situation. Enfin, si on retire Thif de l’équation. Ce dernier s’approche de Nikolas qui semble mal à l’aise.
— Bonjour, mon oncle.
— Toi. Sale bâtard ! Tu penses que tu vas pouvoir prendre le pouvoir comme ça ?
— Il ne reste que toi pour m’en empêcher. Toi et le traître derrière toi apparemment.
Je soupire en ayant envie de me justifier, mais cela ne serait pas utile dans une telle situation. Thif est suffisamment prêt de son neveu et décide de le gifler avec suffisamment de force pour le jeter hors du trône. La couronne roule par terre, mais Thif ne semble pas s’y intéresser. Il ne semble pas en avoir fini avec la violence et je décide simplement de fermer et barricader la salle du trône. J’ai déjà eu mes preuves grâce à Bravain et je n’ai donc aucune question à poser. Je rappelle juste à Thif que c’est moi qui tuerai Nikolas. Je n’aimerais pas que la clé me passe sous le nez parce que je n’ai pas réalisé ma mission au dernier moment. Ne pas réussir la quête à cause d’un détail technique serait horrible après avoir accompli autant d’efforts et avoir trahi deux camps.
Je décide de manger un bout de viande séchée. J’en donne des morceaux à Juliette qui sort sa tête de mon corps pour les récupérer. Micha me boude un peu, mais un bout de pomme séché dans sa poche la fait jubiler comme une enfant pendant quelques instants. Il n’y a que Persée qui ne prend pas part au repas, mais j’imagine qu’il se nourrit passivement de moi à sa façon. Je ne ressens pas spécialement de douleur, mais j’admets que c’est un peu étrange de me dire que pour lui la fusion n’est pas réellement terminée. Il recouvre une bonne partie de mes os et certains organes, mais son hibernation ne semble pas près de se finir. Il est en tout cas physiquement greffé à moi. Cela n’a rien à voir avec Juliette qui passe dans une sorte de sous-dimension.
Du côté de Nikolas, il continue de prendre une dérouillée, mais je trouve ça inutile puisqu’il va mourir. Enfin, j’imagine que cela fait du bien à Thif qui a tout perdu à cause de lui depuis sa fuite de Penovia.
Cela dit, je me rends bien compte que je n’ai qu’un rôle secondaire ici. Thif et Nikolas semblent être ceux autour de qui tourne toute cette histoire. Je ne suis au final que la personne qui est passée d’un camp à l’autre dans cette guerre. Cela me va très bien puisque je n’ai pas vocation à rester plus longtemps ici, mais cela diminue les enjeux pour moi…
Non. Je retire ce que je viens de dire, j’ai un gros risque de mourir maintenant. Un des rares rats encore restant dans Djupa vient de voir passer une certaine grimpeuse qui fonce à l’intérieur du château. Vu sa vitesse, elle sera là avant que je ne puisse réciter la définition du mot rapide. J’ai l’impression qu’elle a compris l’urgence de la situation.
« Thif, c’est maintenant ou jamais, je peux ? »
En m’entendant, Thif se retourne en haussant un sourcil. Presque aussitôt, Nikolas sort un couteau de sa veste et essaye de le planter dans le dos du vieil homme. Malheureusement, Nikolas n’a pas pris en compte que Thif sait se battre. Mieux que Nikolas, c’est certain. Il arrête l’arme en faisant volte-face rapidement et en lui bloquant le bras. Pour récompenser son neveu, il lui met un coup de tête en jurant.
Pendant ce temps, je décide de m’avancer en direction de Nikolas qui semble souffrir. Son visage n’est déjà plus très agréable à regarder, mais cela m’importe peu. On ne tue pas des enfants. C’est probablement la première règle du livre « comment ne pas devenir une personne horrible ». En ordonnant à Bravain de le faire en promettant monts et merveilles, il a signé sa fin.
Je n’aime pas les enfants. Ils sont frustrants et, bien souvent, il est trop difficile d’avoir une conversation gratifiante avec eux. J’ai juste besoin de penser à Naubod pour me le rappeler. Malgré moi, j’ai décidé d’en protéger plus de deux cents qui sont devenus Dresseurs. Balad cherche à tous les tuer et je n’aime pas Balad. Je n’aime pas non plus voir des enfants mourir. En prenant tout cela en compte, je ne pardonnerai pas à Bravain ou à lui d’en avoir tué. Quand les autres pensent « à la guerre comme à la guerre » et que j’ai renvoyé autant de grimpeurs que possible au pied de la tour, j’ai simplement fait ce qui me semblait juste. Exécuter un tueur d’enfants et le commanditaire du meurtre… non, je ne pense pas avoir besoin de me justifier.
En me sentant d’humeur poétique, je l’attrape par le col avant de me diriger vers le balcon sans rambarde qui donne sur la fin du monde. Nikolas se plaint, mais je l’ignore. Thif fait un commentaire que je n’écoute pas sur ce que je devrais faire de Nikolas qui se débat un peu.
En approchant du bord, je le redresse complètement avant de le prendre dans mes bras pour que Juliette puisse le mordre au cou à plusieurs reprises. Il est maintenant condamné à mourir, tué par le poison. Pour finir, et alors même que Mellow défonce la porte de la salle du trône, je le pousse dans le vide. Il est horrifié alors qu’il comprend ce que je viens de faire. Des dizaines de milliers de personnes sont mortes à cause de son coup d’État raté. Thif a juste fait de son mieux pour survivre et reprendre Penovia alors que le responsable de ce chaos n’est autre que Nikolas qui tombe doucement dans les ténèbres en hurlant. Sur son chemin, il reverra le visage de ses ancêtres et même de son père. Peut-être que cela lui apportera un peu de lucidité sur ses actions lors de ses derniers moments.
En parlant d’action, c’est le moment pour moi de m’occuper de Mellow qui hurle.
« NOOOON ! »
Je n’ai pas envie de le faire, mais je vais devoir me justifier. Je lève les mains au-dessus de la tête pour faire signe que je ne résisterai pas. Mellow semble hors d’elle et, vu l’agitation de ses « tentacules » de tissu, son essoufflement et l’incompréhension sur son visage, cela ne suffira pas. Thif comprend que la situation est tendue et se met de côté en me laissant faire les introductions d’après son regard. C’est gentil à lui de me laisser le plus gros du travail.
« La guerre est finie et tu viens de la gagner. Laisse-moi parler. »
Mellow n’a pas le choix et va devoir m’écouter de toute façon. Cela ne l’empêche pas de m’enrouler dans son tissu en serrant suffisamment pour me momifier. Elle ne laisse qu’une partie de mon visage découvert alors que je grimace. Je peux lire de la colère sur son visage maintenant. J’aimerais secouer la tête négativement pour lui montrer que je désapprouve sa réaction, mais c’est un peu compliqué. Elle ne me tuera pas. Elle est trop intelligente et morale pour ça… et puis elle m’aime bien. Elle me voit comme son protégé d’une certaine façon, même si elle ne l’admet pas. D’un côté, je trouve ça ridicule, mais de l’autre, elle a empêché le reste de sa guilde de me courir sur le haricot et ça prouve ce que j’avance.
« Si tu me tues, je vais croire que toi aussi tu es dans le coup et que tu tues des enfants. »
La remarque la fait réagir. Finalement. Son incompréhension est suffisante pour la faire douter et chercher à comprendre. C’est suffisant pour que ce que j’ai à dire ait plus d’emprise sur elle.
— Ton Bravain et ton Nikolas étaient des tueurs d’enfants. Ce sont eux qui sont responsables de la guerre. Je viens de faire en sorte que tu la gagnes. Thif, à côté de toi, est prêt à coopérer pour sauver Penovia.
— Tu… non ! Tu es juste un traître !
— Après tout ce que j’ai fait pendant cette foutue bataille, tu penses que je lève les mains parce que je ne pense pas pouvoir te battre, ou parce que je n’ai pas de raison de t’affronter ?
— …
— Tu es la grimpeuse avec le plus de pouvoir ici. Tu es la seule, avec l’aide de Thif, à pouvoir rallier tous les camps pour organiser une paix.
Mellow me regarde en cherchant à savoir si je mens, mais finalement, elle me recouvre la bouche en disant qu’elle ne veut plus m’entendre. Thif commence à parler, mais elle lui coupe aussitôt la parole en le bâillonnant. Ce sera plus long que prévu. Alors que je soupire intérieurement puisque je ne peux plus le faire physiquement, quelque chose apparaît à côté de moi en flottant lentement dans les airs. Je peux sentir un léger courant d’air sur mon corps qui m’indique que j’ai absorbé de la corruption et il n’y a que celle de Nikolas que j’attendais encore.
Je me reconcentre sur Mellow et je peux voir qu’elle regarde la clé en comprenant ce qu’elle signifie. Elle connaît ma prophétie et l’a entendue plusieurs fois, et m’avait demandé de la répéter pour essayer de la comprendre un peu mieux afin de m’aider. Très sincèrement, elle voulait faire de son mieux pour m’aider et c’est aussi pour ça que je sais que je peux lui faire confiance. Elle sait ce que l’apparition de cette clé implique, mais elle refuse encore de l’accepter. En serrant les dents, elle finit cependant par me découvrir la bouche et je recommence à parler.
« Si ma mission avait simplement été de tuer Nikolas et que je le savais, je n’aurais pas perdu mon temps avec le camp et Emy. J’ai finalement trouvé le responsable de cette guerre et il vient de mourir, comme tu peux le voir. »
Mellow est frustrée par la situation, mais soupire. Elle se fait graduellement à l’idée et c’est tout ce que je veux.
« Mellow, tu as une chance d’en finir avec cette guerre. Thif et toi pouvez sonner la fin des combats. Tu peux en terminer avec ça et atteindre ton objectif. Le pays que tu souhaitais obtenir où les grimpeurs peuvent vivre librement est à portée de main. »
Mellow se mord la lèvre inférieure en grimaçant. Elle n’aime pas ça, mais dans n’importe quel marché qui n’est pas parfait, il suffit de montrer que les deux côtés n’y trouvent pas totalement leur compte pour faciliter l’accord.
— Thif, tu vas écouter la dame et faire en sorte d’accepter les grimpeurs dans Penovia ?
— Me faire écarteler serait sans doute plus agréable que d’accepter des idiots qui pensent valoir mieux que les autres, mais oui. Je l’accepte. Je n’ai pas le choix à part accepter les grimpeurs maintenant, vu ce désordre. S’ils travaillent au lieu de se plaindre, je peux reconstruire ce foutu royaume. Je m’occupe aussi de calmer les voisins. Avec vos méthodes de pleurnichards et votre « démocratie », ils préparent sans doute tous une invasion.
— Thif, dis juste oui au lieu de faire la vieille bourrique, que ce soit clair.
— … OUAIS, j’accepte. Les assassins de ma famille sont morts, j’ai pas de raison d’en vouloir à d’autres grimpeurs… pour l’instant.
Je regarde Thif en lui faisant comprendre que ce n’est pas le moment. Il finit par me dire d’aller me faire… défoncer l’abysse ? C’est la première fois que je l’entends celle-là.
Enfin, il répète plusieurs fois « oui » après son insulte. Mellow me regarde et finit par relâcher Thif en semblant accepter. Elle me relâche ensuite à mon tour et se dirige vers le balcon. Mellow attrape ensuite un pistolet à fusée qu’elle pointe vers le ciel avant de tirer. Je ne vois pas la couleur, mais c’est sans doute pour demander une trêve ou une reddition.
Cette guerre est terminée.
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Correction : Hastin
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