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Correction : Hastin

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Chapitre 388 :… Et perdre encore

Mellow finit par me relâcher et me demande d’attendre. Je soupire en me disant que j’en ai fini avec Galatia, ma quête et que je vais finalement pouvoir passer à autre chose. Quelques dizaines de secondes plus tard, « Mercure », aka Galaxia, apparaît dans l’embrasure de la porte et regarde Mellow sans comprendre la situation.

— Nous avons une trêve. Cette guerre est devenue inutile. Nikolas est mort. Il ne reste que Thiffein pour prendre le pouvoir et il compte accepter les grimpeurs dans Penovia. La guilde Agamemnon sera jointe au pouvoir en place. Ce n’est pas une reddition, mais une fusion des armées, donc je n’accepterai aucun pillage. Accompagne-le et fais une annonce publique. De toute façon, la tour a probablement commencé à distribuer les clés.
— Mellow…
— Ne perds pas de temps et arrête les combats. Roi Thiffein, allez expliquer la situation à ce qu’il reste du commandement dans votre camp. C’est ce qu’il reste de l’armée qui protégera Penovia qui s’entre-tue à partir de maintenant. Je vous conseille d’agir avec célérité.

Galaxia semble un peu perplexe, mais ne dit rien en voyant le sérieux dans le regard de Mellow. Thif brise cependant le silence en se mettant à rire bruyamment.

« Enfin une femme qui ne me fait pas perdre mon temps. Allons-y la gamine. »

Thif jette un regard dans ma décision, mais semble comprendre que c’est la dernière fois que nous verrons. Il me fait un simple signe de tête que je traduis comme une marque de respect auquel je réponds par un petit signe de la mienne qui lui souhaite le meilleur pour la suite. Les retrouvailles auront été courtes, mais l’un comme l’autre, nous avons obtenu ce que nous voulions : Justice.

Je le regarde partir et je sens une part de ma tension retomber. Même en essayant de me détendre par moment, c’était impossible de réellement laisser le stress disparaître avec tout le chaos ambiant. Je regarde la clé qui flotte à côté de moi et décide de finalement l’attraper. C’est le dernier geste qui me sépare de la fin de ma quête et du début de la suivante. Ma main se referme sur la clé et presque aussitôt une porte apparaît doucement de nulle part dans la salle du trône. J’imagine qu’il est temps pour moi de la franchir, mais puisque Mellow a décidé de rester, j’imagine qu’elle souhaite me parler une dernière fois avant que je ne parte.

Je me tourne dans sa direction pour voir que j’ai fait une erreur. Il suffit que je voie son regard pour le comprendre. Une bande de tissu s’enroule autour de mon cou avec la vitesse d’un serpent sautant sur sa proie. D’autres m’attrapent les membres et me soulèvent du sol. Une bande supplémentaire se jette sur Micha qui était sur mon épaule et l’emprisonne complètement.

Merde.

C’est tout ce qui me vient et c’est tout ce que je pense alors que Mellow me regarde avec une colère froide. Vu son regard, je sais très bien ce qu’elle va me dire, mais je préfère encore jouer la carte de l’innocent. Le tissu autour de mon cou n’est pas suffisamment serré pour m’empêcher de parler et c’est tout ce qu’il me reste, car dans cette situation, je n’ai rien pour me sortir de là. Une fusion ne me sauvera pas de mes étreintes. Celle avec Persée – si elle était possible – prendrait trop de temps pour lui poser un réel problème. Jouons donc l’innocent.

— C’est pour Bravain c’est ça ? Je le répète, c’était un tueur d’enfants. Je ne compte pas m’excuser de l’avoir tué.
— Ne joue pas l’innocent, nous savons tous les deux qu’il n’y a pas que ça. Bravain était un ami en plus d’être le chef de la guilde, mais…
— Tu es la véritable chef de la guilde. Sans toi, elle se serait effondrée il y a bien longtemps. Bravain ne s’en est probablement pas rendu compte, mais sans toi dans les coulisses, personne ne serait resté. En trois semaines, j’ai largement eu le temps de le comprendre.
— MAIS… ce n’est pas pour ça. Je n’ai peut-être pas toutes les réponses, mais j’en sais suffisamment pour comprendre qui tu es.

Merde.

Je me répète, mais c’est difficile de trouver autre chose à dire. J’essaye de rassurer Micha le plus possible et je demande à Juliette de se préparer. Je n’ai pas trop le choix, mais Mellow se doute probablement de ce que je peux faire pour essayer de me sortir de là. Elle est bien trop perspicace pour rendre possible ma fuite.

« Pendant longtemps, j’ai cru que tu me regardais en me comprenant puisque j’ai aussi perdu quelqu’un qui m’est cher. Une sorte de compassion et il y en avait en toi, mais j’ai remarqué qu’il n’y avait pas que ça. C’est mon instinct plus que ma raison qui l’a suggéré. Malheureusement, tu t’es trahi. Je sais comment tu parlais avec Nikolas. Sans l’apprécier, mais en respectant son statut social. Pourtant, tu t’es mis à parler à Thiffein avec bien trop de familiarités pour que ce soit normal. La façon dont vous vous regardez est bien trop complice pour une rencontre de quelques heures. Tu connaissais déjà celui que tu appelles Thif. »

Je sens que l’étreinte autour de ma gorge se resserre. Le ton de Mellow est de plus en plus froid et son visage se déforme de colère.

« Évitons de tourner autour du pot. Dans ce village de pêche, Emy n’était pas la seule à s’être fait remarquer. Les guerriers survivants ont assez parlé du grimpeur qui à lui seul faisait pleuvoir la mort sur les autres. Celui qui a étouffé la colère de Jupiter en l’emmenant à sa mort quand le démon rouge ne pouvait rien faire contre mon époux… Nomad, dis-moi que ce n’était pas toi. »

Cela sonne comme une question, mais je ne peux pas répondre. Je ne suis pas stupide au point de croire qu’un mensonge maintenant changera grand-chose à la situation. Par contre, Mellow aurait clairement dû prendre Détective comme deuxième classe. C’est peut-être déjà le cas cependant. C’est un « bingo » pour elle et c’est une situation désastreuse pour moi. Je me fige avant de prendre la parole en toussant sous la force de l’étreinte du tissu.

« Emy et moi avons rejoint Thif avant qu’il n’accoste le village de pêche. C’était notre quête de le protéger et de l’aider. Les guerriers ont ensuite commencé l’attaque en pillant le village pour le retrouver et j’ai fait de mon mieux pour sauver le plus de monde possible. Icare… il allait tuer Emy et – ».

Avant que je ne finisse ma phrase, Mellow me jette contre un mur. Les bandes de tissus ne me lâchent pas pour autant et j’accuse le choc. Ce n’est rien d’agréable, mais je suis encore en vie. Ma vision est légèrement troublée, mais en secouant la tête j’arrive à poser mes yeux sur Mellow. Cette fois-ci, je peux voir des larmes qui coulent sur son visage alors que je peux lire un mélange de colère et de tristesse dans son expression.

Sans pouvoir ajouter quoi que ce soit, elle décide de m’agiter à nouveau dans tous les sens en me frappant plusieurs fois contre le sol violemment. Mon nez se brise au bout de la troisième fois et, au bout de la cinquième, j’ai une plaie sur le front qui commence à saigner avec abondance.

— Tu t’es moqué de moi pendant tout ce temps ! J’ai fait de mon mieux pour t’aider et TOI ! Tu n’as rien dit ! Tu n’as rien dit ! TU l’as tué !!!
— Ghg… J’ai sauvé une amie pour ça et même si ce n’est pas suffisant pour me faire pardonner… j’ai aussi réalisé ton rêve grâce à Thif.
— TU AS TUE ICARE, TU AS TUE BRAVAIN ! TU N’ES QU’UN MEURTRIER !

En disant cela, elle ponctue chaque phrase en me frappant à nouveau contre le sol de pierre. Ma tête commence sérieusement à tourner maintenant. Si au moins je pouvais me protéger le visage avec les bras, ce serait moins désagréable, mais je vais me contenter d’être heureux que Micha ne subisse rien de son côté. Je calme également Juliette qui commence à en avoir marre et souhaite attaquer.

— Kof… kof… ouais. Évite juste de penser que tu vaux mieux que moi. Avec votre guerre idiote, combien de personnes sont mortes ? Ta guilde a déclenché tout ça. Je peux encore dire que je n’ai tué personne d’innocent. C’est mieux que toi.
— Sale petite raclure !!!

Elle me frappe à nouveau contre le sol et je me contente d’encaisser les chocs en silence. Elle s’attend sans doute à des excuses, des cris de douleur ou un mélange des deux, mais je garde le silence à chaque nouveau choc. Quand elle décide de se calmer un peu, je reprends la parole.

« Allez, dis-moi, toi ! Combien de villages pillés ? Combien d’enfants sans père ? Combien de personnes sans tombe ? Tout ça pour ton rêve ? Tu penses que Bravain s’est excusé avant de mourir ?! Tu penses que Icare en avait quelque chose à faire quand des femmes et des enfants étaient en train de brûler dans ce foutu village ?! »

Je suis à peine capable d’ouvrir les yeux pour la regarder maintenant. Je me contente de parler puisque j’en ai marre de tout son cirque. Je me débats inutilement, mais j’ai besoin de passer ma frustration sur quelque chose.

— Ouais, je suis désolé que tu aies perdu ton époux. Il est mort, ma faute. Maintenant, tu comptes me fracasser la gueule encore longtemps ou je peux essayer de devenir plus fort pour sauver mes amis d’un psychopathe ? Tu sais, le même psychopathe qui cherche à tuer deux cents enfants pour détruire la classe de Dresseur ?
— Ne me fais pas croire que je dois te laisser en vie pour les sauver.

Son ton est sec, mais je m’en fiche. La moitié de mes côtes sont cassées, ne parlons pas de mes bras et jambes ou de l’état de mon visage. Je crois que j’ai une jambe cassée et un bras déboîté, l’autre est complètement en morceau par contre. Manger le sol en pierre à répétition n’a rien d’agréable. J’ai déjà de la chance que ma mâchoire ne soit pas brisée. Je ne suis qu’une marionnette en mauvais état maintenant.

« Te le faire croire ? Tu crois qu’on m’a laissé le choix ?! Depuis que je suis au pied de la tour, je ne fais que survivre et gérer la merde que les autres me jettent au visage ! Et malgré tout… malgré toutes les saloperies, j’essaye quand même de faire au mieux… J’aurais pu tuer Nickolas et fuir avant même que tu ne débarques. À la place, j’ai décidé de créer un lien entre toi et Thif en l’emmenant avec moi pour éviter une guerre civile qui n’a pas de fin dans ce foutu royaume ! Je ne t’ai rien dit pour ne pas te faire souffrir, pas pour me servir de toi ! Tu sais ce que j’y gagne ? Rien ! Oh, non, pardon, je bouffe de la pierre en boucle, car j’ai sauvé une amie en tuant un inconnu qui a donné l’ordre de piller un village de pêcheurs. Va chier avec ta morale. »

Je crache du sang par terre en toussant. Finir comme ça est ridicule, mais je ne peux rien faire contre elle. Persée ne répond pas et je ne peux pas laisser Juliette attaquer alors que Mellow est à plus de cinq mètres de moi et que c’est impossible de l’atteindre avec ses centaines de bandes. Peut-être qu’avec la compétence de champion des Dresseurs elle aura une chance… ? Il ne me reste plus qu’à essayer.

Les liens se relâchent et je tombe au sol. Je mange le sol une fois de plus en gémissant. Micha se jette pratiquement sur moi en étant elle aussi libérée. Elle me demande si ça va et je me contente de la rassurer. Même si c’est horrible à dire dans mon état, j’ai connu pire.
Je réussis à me retourner après plusieurs tentatives et je regarde Mellow du coin de l’œil. Elle me tourne le dos. Probablement pour ne pas avoir à me regarder dans les yeux.

— Je te déteste Nomad. Pars de ce monde et ne reviens jamais.
— Facile à dire pour toi. Tu m’as brisé tous les os du corps et je vais avoir du mal à partir maintenant.
— …

Avec autant d’habileté qu’elle le peut, Juliette tente de manipuler une potion de sang de Dragon qu’elle vient de pousser en dehors de mon inventaire. Micha donne un coup de main, mais c’est une mission difficile pour des animaux qui n’ont soit pas la force nécessaire, soit pas de main.

Du coin de l’œil, je peux voir que Mellow s’approche. Je demande à Juliette de se calmer alors qu’elle s’apprête à l’attaquer en sautant hors de mon corps. Micha recule naturellement en comprenant la situation et laisse la grimpeuse saisir la potion. Dans son visage, je peux lire plus de tristesse que de colère maintenant. Elle débouche la potion avant de l’approcher de ma bouche. Le liquide coule dans ma bouche alors que je peux sentir les larmes de Mellow tomber dans mon cou.

« Tu m’as pris la personne qui comptait le plus à mes yeux. Je te déteste autant que je le déteste de m’avoir laissée seule. Te tuer ne fera que condamner les personnes qui comptent sur toi pour les sauver… alors, continue à les sauver. Continue de faire au mieux. Peut-être qu’un jour quand j’entendrai tes histoires, je réussirai à te pardonner d’avoir détruit une partie de la mienne. »

En disant cela, Mellow s’éloigne alors que de la fumée commence à s’échapper de mon corps.

« Garde le nom de Typhon, il te va bien. Avec la destruction que tu sèmes autour de toi, c’est encore une chance que tu aies assez de remords pour arranger les choses et que la vie puisse continuer plus forte que jamais après ton passage. C’est ce que je dirai quand les Bardes me demanderont de raconter ton histoire. Prends soin de toi et de tes animaux. Adieu, Nomad. »

[Fin de l’arc Galatia, « Typhon »]

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