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Chapitre 396 : Une relation compliquée
Je sors de la fumée en me tenant le bras. Un coup de bouclier a manqué de le briser et c’est assez douloureux. Bien sûr, il n’y a plus personne de vivant derrière moi, mais c’est un coup que j’aurais pu éviter si ma blessure au ventre ne m’avait pas empêché de bouger comme je le souhaite. Juliette revient lentement à mes côtés en glissant sur le sol. La chasse de mon serpent préféré semble avoir été fructueuse. Plus aucun mage n’est debout. Le venin et son intrusion dans leur corps étaient suffisants pour les déstabiliser au point qu’ils soient incapables de réagir. Ils sont une trentaine au sol et j’ai envie de dire que c’est un bon échauffement pour le plat principal.
Les prétoriens me regardent silencieusement. Ils sont tous les deux armés d’un bouclier de taille raisonnable comparé aux soldats et d’une épée tout aussi raisonnable. C’est l’armure en bois blanc qui m’inquiète.
Avant de m’en prendre à eux et afin de souffler un peu pour que la douleur disparaisse de mon bras, je décide de revenir vers la pile de cadavres. Si la vue n’a rien d’agréable, les corps sont dans différents états de décomposition. Je regarde la main des morts les plus récents sur le dessus et je vois deux choses qui me déplaisent. Premièrement, ils n’ont pas d’annulaire. C’est le même doigt que celui où se trouve mon anneau. Deuxièmement, ils n’ont aucune blessure. Pas de gorge tranchée ou de blessure au cœur. Je ne vois même pas de traces de sang expliquant leur mort. Il n’y a que le doigt manquant et j’ai du mal à m’imaginer que c’est suffisant pour les tuer.
La première possibilité est qu’ils sont morts tués par quelque chose d’impossible à voir pour moi, autant dire tout et rien.
La deuxième possibilité est que… retirer l’anneau tue son porteur. Ce n’est pas impossible qu’un anneau qui force la création d’un lien puisse avoir ce genre de pouvoir et cela explique la disparition du même doigt sur les cadavres. Je vais devoir remettre à « jamais » mon idée de me couper le doigt tant que je n’en suis pas certain.
La troisième possibilité que je déduis puisque je suis Dresseur, c’est qu’ils sont morts à cause du lien. J’ai à peine réussi à le supporter moi-même. Un lien avec Yuu m’a mis dans le coma pendant trois mois. Si personne ne s’était occupé de moi pendant tout ce temps à Lishnul, je serais probablement mort au bout de quelques jours.
C’est donc possible qu’ils soient morts à cause du lien, car il n’était pas prêt mentalement au choc. Mon premier lien avec Micha m’a fait perdre conscience alors qu’elle n’était qu’une simple souris. Si mon premier lien avait été avec une elfe, je serais probablement un légume dont l’esprit aurait été réduit en morceaux.
Du moins, chaque possibilité est une raison de plus pour moi de me méfier. Je ne sais pas pourquoi elle m’a mis cet anneau, ni comment il fonctionne en dehors de créer un lien ou comment le retirer…
En parlant de lien, je peux sentir que la folle… Bon, ça suffit avec la folle ou la princesse de la corruption. Si elle n’a pas de nom, autant lui en donner un. Certes, c’est une mauvaise idée. Donner un nom implique que ce sera plus difficile ensuite de la tuer si nécessaire. J’en ai juste assez de l’appeler la folle tout le temps. Elle m’a forcé à l’épouser, mais je peux quand même montrer un peu plus de politesse qu’elle. Ayons un peu d’humanité pour la première elfe que j’ai rencontrée puisque je ne compte pas les chasseurs dans la forêt. Pas trop d’humanité, mais un peu. Essayons un compromis.
Si je l’appelle « folle » dans une autre langue, ce sera peut-être plus facile de la tuer sans pour autant la nommer réellement. Par chance, j’ai déjà rencontré suffisamment de gens de nationalité différente dans les usines à clé pour avoir un peu de vocabulaire ici et là. C’était des réfugiés à cause des guerres causées par la tour et, en buvant, ils n’hésitaient pas à partager un peu de leur vocabulaire. Après un verre ou deux et quand mon ancienne compagne avait décidé de montrer qu’elle pouvait boire autant qu’eux… Oublions cette histoire d’un autre temps. J’ai un nom pour la princesse elfe.
« Lud. »
Donc. À travers le lien, je peux sentir que Lud est complètement perdue. Elle repense sans arrêt aux images que j’ai envoyées à travers le lien pour lui faire peur. Cela devient obsessif et semble l’envoyer dans un cercle vicieux. Elle repense aux images, cela la rend malade à cause de l’excès de ce qu’elle y voit mélangé avec mes sensations, elle arrête d’y penser pour retrouver son souffle et finalement elle y retourne alors que cela aggrave son état mental. D’après sa réaction, je pense avoir été un peu excessif, mais elle m’a quand même poignardé, dressé et épousé sans mon autorisation. Ce n’est pas très poli de sa part.
J’ai en tout cas l’impression que quelque chose est en train de changer en elle à travers le lien. Elle cherche bien sûr à briser le barrage dans le lien, mais d’une façon plus structurée qu’avant. Pour un peu, j’aurai l’impression qu’elle retrouve la raison. Ou bien sa colère a des effets positifs sur sa pensée.
Dans les deux cas, c’est une bonne chose. Si elle arrive à articuler une pensée, je pourrai peut-être avoir des réponses à mes questions. Je peux bien sûr m’en passer si nécessaire, mais si je veux me débarrasser de cet anneau, je vais avoir besoin d’être sûr que cela ne me tuera pas.
Je tourne à nouveau mon attention vers les prétoriens. S’ils sont sains d’esprit, ils pourront peut-être me répondre.
« Messieurs, je pense avoir mérité quelques réponses à mes questions. Qu’est-ce qu’il se passe ici ? »
Les deux prétoriens m’ignorent et se contentent de me regarder sous leur casque. Je vais finir par croire que personne ici n’est capable de s’exprimer convenablement. Ils n’ont en tout cas pas l’air inquiets après le massacre. Certains des soldats étaient capables d’avoir peur, même s’ils étaient probablement fous. Le regard vitreux qu’ils avaient me rappelle un peu trop ceux des elfes que Micha a pu observer là dehors pour que ce soit une simple coïncidence.
J’approche un des prétoriens en accélérant et en brandissant mon sabre noir et mon stylet. Ils se mettent finalement en position de combat et me chargent à leur tour. Je fais une feinte au dernier moment pour prendre le deuxième par surprise en l’attaquant. Je frappe avec le sabre et je sens une résistance ? Ce n’est pas suffisant pour arrêter mon sabre qui retire un large morceau du bouclier, mais c’est convenable comme résultat si j’ajoute un peu de force.
Bien, j’ai au moins une réponse concernant la solidité de leur armure.
J’ai assez facilement remarqué que le sabre noir était assez léger malgré sa taille et, puisque le bois blanc de leur armure est donc du même type dans une certaine mesure, il doit être assez léger. L’arme que j’ai est probablement issue d’un processus plus complexe en tout cas. Ils ont donc une armure lourde qui leur donne la mobilité d’une armure légère. mais cela ne change pas grand-chose face au sabre noir tant que je mets un peu plus de force. Reste à savoir à quel point ils sont capables d’esquiver mes attaques…
Non, je n’ai rien dit. Ils sont mauvais. D’accord, ils ont l’air d’avoir plus de techniques que les autres et ils ont l’air un peu plus forts, mais ils sont loin d’être une menace pour moi. Ils ont juste de bonnes armures et sont un peu plus doués que les personnes derrière moi. Sans cela, j’en aurais probablement fini en moins d’une minute avec eux.
J’ai cependant l’impression de faire face à des imposteurs. Malgré le nom de prétorien que je leur ai donné et le fait qu’ils aient de l’équipement de qualité supérieur aux autres, ce sont des amateurs. Pour les soldats avant eux, ils étaient à peu près du niveau attendu. Les mages par contre n’étaient pas une menace. Les prétoriens… j’ai l’impression de leur avoir donné ce nom trop rapidement. « L’habit ne fait pas le moine » résume bien la situation. C’est sans doute à cause de leur regard un peu plus éveillé que les autres que je me suis fait avoir.
Pour ainsi dire, le mystère sur les habitants de cette ville s’épaissit encore. J’ai du mal à croire qu’une bande pareille puisse réellement protéger qui que ce soit. Avec une menace comme les chasseurs noirs, c’est impossible qu’ils puissent défendre Lud. Du moins, cela veut sans doute dire que les chasseurs noirs ne sont pas communs. Ce qui est rassurant.
Ils m’attaquent et je me contente d’esquiver en les menaçant simplement avec mes propres armes. Je recule un peu et ils me poursuivent. Je recule encore et ils continuent leur attaque. C’est assez clair qu’ils n’ont aucune chance de me toucher, mais ils essayent quand même en pensant sans doute que je vais me fatiguer ou que je vais faire une erreur, enfin s’ils sont capables de penser.
Je décide donc d’esquiver deux attaques avant de sauter derrière eux. La porte est droit devant moi et je ne compte pas laisser passer ma chance d’éviter un problème. Je ne sais pas combien de soldats ou de prétoriens se trouvent dans les autres salles du tronc, mais je vais éviter de me fatiguer inutilement. C’est plus utile pour moi d’apprendre à les fuir que d’apprendre à les battre. Ils ont quitté leur poste et maintenant la voie est libre.
Je cours et je passe la porte en la fermant derrière moi. Lud n’est probablement pas celle qui me permettra de comprendre la situation à moins d’un miracle, mais cela ne m’empêchera pas de la garder à proximité pour être sûr que l’anneau ne fasse rien d’étrange.
La porte donne sur un grand couloir taillé et creusé dans le bois. Le travail du bois est assez impressionnant en étant à la fois minimaliste et luxueux avec des ornements qui sont clairement des ajouts sur le bois, mais qui n’ont pas l’air d’être installés génériquement. L’impression que cela me laisse est que c’est le bois qui a guidé les ornements et pas les ornements qui ont été imposés au bois. Le plus étrange reste qu’il n’y a pas de lampe ou de torche pour faire de la lumière… La lumière est simplement là et j’ai l’impression que c’est le bois qui l’irradie par un processus que je ne suis pas capable de comprendre. Sans doute une forme d’enchantement magique. « Dans le doute, c’est probablement magique » est une explication qui m’évitera de perdre trop de temps à réfléchir à un sujet de ce genre…
À une dizaine de mètres de moi, je peux voir Lud immobile au sol avec deux gardes et un mage. Je désactive rapidement le vermillon pour m’approcher d’elle sans avoir l’impression de me brûler la rétine. Je l’ai activé par habitude pendant le combat, mais ici ce ne sera pas utile. En laissant Juliette s’occuper du Mage, je m’occupe des gardes rapidement.
Derrière moi, les prétoriens sont déjà en train de forcer la porte en frappant à coups d’épée. C’était un test de rationalité qui me fait beaucoup rire vu le résultat. Je n’ai pas fermé la porte à clé, mais cela ne les empêche pas d’y mettre d’énormes coups d’épée au lieu d’essayer la poignée. Il n’y a pas de serrure pour commencer et pas non plus de loquet. Je ne pense pas que des types portant de telles armures leur donnant l’air plus intelligent et plus fort que les autres ne seraient pas au courant d’un détail de ce genre. Ou alors, ils devraient avoir les capacités nécessaires pour ouvrir la porte plus rapidement. J’avais l’impression qu’ils étaient sains d’esprit, mais leur réaction me fait comprendre qu’ils sont loin de l’être réellement.
Les elfes dans la fantaisie terrestre ont toujours eu quelque chose de noble et de magique, mais ici je ne vois rien de tout ça et c’est assez décevant. Je suis plutôt dans la capitale de la folie.
Je décide d’attraper Lud et de la mettre sur mon épaule après avoir vérifié qu’elle n’a pas d’arme sur elle. Depuis tout à l’heure, elle me regarde en tremblant, mais j’ai du mal à savoir si c’est de peur ou d’excitation. Le mélange est suffisamment étrange pour me révulser et j’essaye de ne pas m’attarder dessus.
Qu’elle le veuille ou non maintenant, j’ai un lien avec elle. Hors de question de l’abandonner ici. Elle résiste un peu en hurlant à nouveau des choses incompréhensibles et je me contente de l’ignorer. Je pense quelques instants à la bâillonner et à l’attacher et, étrangement, elle arrête assez vite de se plaindre. Cela veut donc dire qu’elle est capable dans une certaine mesure de me comprendre, même si communiquer n’est pas son fort.
Essayons autre chose. Alors que nous avançons, j’essaye de lui faire comprendre que je cherche une bibliothèque. Je peux accepter que la ville soit folle, mais il faut un peu de rationalité pour écrire un livre. Avec un peu de chance, je pourrai comprendre la situation si je tombe sur le bon livre.
Pour l’instant, Lud ne réagit pas à mes pensées, mais je ne m’en fais pas. Je peux lui envoyer d’autres souvenirs à travers le lien pour qu’elle se sente à nouveau menacée par ma présence si elle en a besoin. Et puis je peux toujours bloquer le lien complètement si cela ne marche toujours pas. Évitons juste de lui faire mal. Le lien ne s’affiche pas dans mon statut, mais j’imagine qu’il est d’un niveau comparable à celui de niveau quatre, Union, d’après ce que je ressens. Donc la douleur sera transmise de la même façon et risque de me paralyser.
Je soupire en m’éloignant rapidement dans le couloir. Je m’attendais à autre chose que de tenir comme un sac à patates celle qui m’a épousé, mais j’admets que je vais de surprise en surprise depuis que je suis là.
« Ne m’en veux pas Kassandra, elle m’a mis la bague au doigt avant toi. »
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Correction : Hastin
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