Départ 2
« Je dois partir dans la tour. Des complications à cause de mon premier contrat. »
La secrétaire pose son stylo et retire ses lunettes quelques instants pour me dévisager. Son regard est vraiment perturbant. Je me frotte la tête, incapable de savoir comment réagir.
— Et ?
— J… je ne reviendrai pas ici avant un moment, je pensais que c’était important de le dire.
— S’il y a quelqu’un à qui tu devrais le dire, ce n’est pas à moi. En attendant, une fois dans le premier monde, cherchent les guildes des assassins, il y en a une dans chaque capitale. Tu pourras ainsi continuer ta formation. Tu es un assassin. Tu n’en as pas juste la classe, mais le titre.
— D’accord. Je ferai ça. Je vais aller voir Nerys.
La secrétaire reprend son stylo et se remet à écrire sans plus s’intéresser à moi. Je la laisse et me dirige vers la porte habituelle. C’est un peu étrange pour moi de revoir Nerys, la dernière fois était juste après qu’elle m’ait à moitié égorgé. Je ne comprends toujours pas ce qu’elle a voulu me dire quand elle m’a affronté : « Tu es toujours là-bas ».
J’ai bien compris que c’était de ma mission dont elle parlait et de la rue où j’ai tué Léon, mais je ne sais pas trop quoi en penser. Je n’ai pas remarqué de changement dans mon comportement. Je sais que j’ai tendance à ne pas me rendre compte à chaque fois quand Juliette me pousse vers un sentiment en particulier… et c’est sans doute parce que je ressens trois choses différentes en même temps grâce au lien. Je pense que c’est ça, à moins que ce soit autre chose… un changement que je n’ai même pas réussi à imaginer.
Je ne lui en veux pas vraiment. Je l’ai cherché, au lieu de me rendre pendant le combat, j’ai insisté et elle a fini par m’incapacité complètement.
Je passe la porte et arrive dans la zone. Il pleut et je peux voir des filets de brume par endroit.
Nerys est toujours à la même place et aussitôt que j’ai refermé la porte la pluie s’arrête.
« Je ne t’attendais pas si tôt. »
Nerys reste immobile et je me passe ma main dans mes cheveux où quelques gouttes se sont posées. Je fais quelques pas dans sa direction et décide de prendre la parole.
— Je vais devoir partir dans la tour aujourd’hui, ils m’ont trouvé plus vite que prévu.
— Je n’arrive pas à comprendre. Même après mes entraînements et ce que je t’ai fait la dernière fois tu fais quand même preuve de ce genre de politesse à mon égard.
— C’est que..
— Combien crois-tu que j’ai entraîné d’assassins depuis que je suis ici ? J’ai toujours été exigeante, mais la plupart de mes élèves seraient déjà partis après ce qui s’est produit, mais tu es toujours là. À moins que tu sois là pour que je m’excuse ? Dans ce cas, tu peux repartir.
— Non, non rien de tout ça. Et puis je ne suis pas du genre à vouloir des excuses. C’était assez clair dès le départ que si je n’étais pas content je n’aurais qu’à partir.
— Hm.
— … je ne suis pas très bon pour dire au revoir, je vais juste y aller du coup.
— Survis. N’oublie pas, tu t’es entraîné pour toi et pour personne d’autre. Si tu meurs, il ne restera rien de toi pour personne. Tu ne seras qu’un grimpeur mort de plus.
Je regarde Nerys un peu triste. Je l’avais bien compris. À l’échelle de la tour, la mort d’une personne ne signifie pas grand-chose. Peut-être, que quelques personnes se souviendront de moi jusqu’à ce que quelqu’un d’autre arrive et me remplace m’efface.
Je le sais bien puisque je suis en train de le faire. Micha a disparu dès que je suis arrivé ici et je fais mon deuil depuis. Je ne perds pas espoir de la revoir, mais qu’est ce que je pourrais bien lui dire ? À mesure que les semaines passent je suis de moins en moins la personne que ma copine a connue et de plus en plus autre chose. Dresseur de souris et de serpent, Assassin, meurtrier, ami. J’en oublie sans doute, mais comment je pourrais lui expliquer tout ça ? Le simple fait d’avoir utilisé son prénom pour appeler ma souris est difficile à expliquer.
Comment est-ce que je pourrais justifier quelque chose comme ça ? Sur terre je n’ai jamais eu besoin parce que je n’avais pas toutes ces possibilités, toutes ces choses qui pouvaient m’arriver, rencontrer un Oracle, avoir un lien télépathique avec un animal, ou encore passer une porte et finir dans un endroit probablement imaginé par mon professeur qui lui-même n’est pas humain. Si elle me voyait aujourd’hui, est-ce qu’elle me reconnaîtrait ?
Je sais qu’elle se souviendra de moi en tout cas, mais pas le moi de maintenant, mais de celui qui avait fait le choix de venir ici pour elle.
Ici, la vie n’a pas la même valeur. Il suffit d’écouter Falco pour s’en rendre compte.
Je ne dis pas que je veux laisser ma marque quelque part pour donner de l’importance à ma vie. Je n’ai pas ce genre de prétention, mais j’aimerais que tout ce que j’ai fait jusque là ne soit pas en vain, au moins pour moi.
« C’est ce que j’ai appris ici. Je ne compte pas baisser les bras à la première difficulté. Mon premier assassinat en est une preuve non ? »
Nerys se retourne pour regarder le paysage et semble me faire comprendre que je peux y aller.
Je me dirige vers la porte et au moment de la franchir j’entends sa voix à nouveau.
« Survis et reviens ici plus fort. »
*
— Merci Falco. Je n’avais vraiment pas envie d’aller dans la tour des Prêtres pour soigner ça. Encore moins attendre d’être dans la tour pour ça.
— Pas de soucis, je peux encore faire ce genre de chose. C’est dommage que Layla ne soit pas là, ça lui aurait fait de l’entraînement. Seth est toujours occupé chez les druides de son côté, mais j’ai l’impression qu’il va garder cette classe. Enfin bons, ils seront sans doute là quand tu reviendras. Tu es un cas particulier puisque tu dois partir dans la tour, mais les grimpeurs ne restent pas qu’un mois à s’entraîner avant de partir dans le premier étage monde.
— Oui, oui. Je sais tout ça. De toute façon, j’ai Emy avec moi et puis je me débrouille, non ? J’ai survécu aujourd’hui.
— Ils étaient combien ?
— Peut-être vingt ou trente. Difficile à dire.
— Quelqu’un qui aurait voulu survivre aurait compté tous les adversaires pour être sûr de s’en sortir. Tu as eu beaucoup de chance.
— Hm.
— Emy ne va pas tarder, assure-toi que tes affaires sont prêtes. C’est une course contre la montre maintenant. Tes ennemis ne te laisseront pas partir tranquillement et il y a du chemin jusqu’aux portes de la tour centrale. Ils savent qu’une fois dans la tour ils ne pourront plus t’atteindre aussi facilement. Mais fais attention, tu es le seul dresseur. Ce sera facile de te trouver si tu fais parler de toi. En attendant, vu ce qu’ils ont fait aujourd’hui, ils ont l’air d’être prêts à tout pour t’attraper.
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Merci pour le chapitre.
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