Chapitre 11 :
Achille le rat blanc était heureux, il avait de la nourriture en abondance, et des maîtres affectueux. Le début de son existence avait été rude, comme il était chétif et peu fort, ses frères et sœurs avaient la priorité sur lui au moment de l’allaitement. Ainsi le rat blanc avait souvent très faim. Un ratier trouva Achille, intrigué par sa maigreur, il le prit en pitié, et décida de l’épargner en le vendant à une animalerie. Si le problème de l’alimentation n’était plus à l’ordre du jour, il y avait quand même celui des brimades des congénères qui vivaient dans la même cage que le rat blanc. Achille se demandait ce qu’il avait fait pour mériter sa vie difficile, quand un jour des gens gentils le remarquèrent et l’achetèrent. Le rat blanc passa plusieurs semaines heureuses, mais encore une fois le destin s’acharna sur lui. En effet Achille le rat n’eut droit qu’à un bref moment de félicité, car une méchante personne tua sous ses yeux les maîtres du rat.
Les traits du meurtrier s’avérèrent gravés à jamais dans la mémoire d’Achille, et l’animal jura de venger ses propriétaires. Maintenant revenons aux réformes de Xavier Cossa le Premier ministre de Francie, on pouvait lui reprocher beaucoup de choses, mais pas de manquer d’idées. Xavier décida de pousser les gens à pratiquer moins de lecture. Il organisait à l’intérieur de l’Elysium une réforme spéciale.
Xavier : Ma réforme actuelle vise à un encadrement de la lecture, les gens ne devront pas lire plus d’une heure par jour.
Nathaniel : Lire est important, c’est très bénéfique pour le cerveau.
Xavier : Il y a des passionnés de lecture qui négligent de se lever de leur siège, parce qu’ils passent leur journée à dévorer des romans.
Nathaniel : Vous allez favoriser l’échec scolaire si vous n’assouplissez pas votre mesure sur la lecture.
Xavier : Une heure de lecture par jour c’est un temps plus que suffisant, pour avoir une moyenne scolaire convenable quand on est un fillirte moyen.
Nathaniel : Il y a des fillirtes qui ont plus de difficultés à apprendre comparé à des élèves moyens. Si vous limitez le temps de lecture de ceux qui peinent à l’école, leurs problèmes scolaires s’accroîtront.
Xavier : Il vaut mieux un corps musclé qu’une tête bien faite.
Nathaniel : Le savoir c’est le pouvoir, or la lecture est un moyen extrêmement utile d’acquisition du savoir. La Francie pourrait perdre son rang de première nation économique du monde, si on limite sévèrement le temps de lecture.
Xavier : D’un autre côté si les jeunes passent moins de temps à s’instruire, cela pourrait être avantageux pour nous, les vétérans du mouvement fillirte. Nous aurons à subir une concurrence moins féroce de la part des jeunes loups des partis.
Nathaniel : Vous présentez les choses sous un jour séduisant, mais quand même je crois qu’une modération sur la réglementation de la lecture serait utile.
Xavier : J’ai tout prévu pour faire accepter ma réforme, les gens qui m’appuieront seront classes, ils seront équipés de réacteurs qui les enverront dans l’espace.
Nathaniel : Hein ?
Xavier : Des réacteurs qui font beaucoup de bruit et de fumée équipés au niveau des jambes, c’est génial.
Nathaniel : Quel rapport avec la lecture ?
Xavier (très enthousiaste) : Les réacteurs c’est encore plus marrant la lecture, et même l’usage du verbe zinzizouiller. Donc si je distribue ce genre de récompenses je fédère automatiquement autour de moi beaucoup de partisans. Même si mes réacteurs provoquent souvent une mort par explosion, asphyxie, hémorragie, crise cardiaque, fracture du crâne, et deux mille trois cents autres manières !
Nathaniel Netnet le secrétaire d’état savait quand il devait battre en retraite, il lut le fanatisme dans le regard de son ami. Il ne voulait pas tester des réacteurs dangereux pour son existence. Il n’était pas un défenseur à proprement parlé du savoir, il se trouvait qu’il touchait une commission auprès de certains éditeurs sur chaque livre vendu. Si le temps de lecture était sévèrement réglementé, cela diminuerait les ventes d’ouvrages littéraires, donc une partie des revenus de Netnet. Or il tenait à disposer d’assez d’argent pour son grand projet de coup d’état. Il comptait se payer les services de mercenaires afin d’établir une dictature sur les fillirtes, dont il serait le chef absolu. Pour arriver à ses fins, il comptait accumuler le maximum de richesses, et il n’avait pas peur de se livrer aux pires trahisons. Il faisait semblant de se montrer aimable et poli avec autrui, mais en fait il ne travaillait que pour son profit personnel. Son rêve ultime consistait à devenir un tyran extrêmement craint, qui régnerait sans partage sur son pays la Francie.
Certes il devrait encore attendre un certain temps avant d’étaler au grand jour ses ambitions. Mais il se destinait quand même à voler à terme le pouvoir, à passer du rôle de personnalité secondaire à dominateur incontesté de la vie politique de sa nation. Il ne tolérerait aucune déviance politique chez ses semblables, il s’arrangerait pour punir par la décapitation, la remise en cause de son autorité.
Le secrétaire commençait à en avoir sérieusement marre d’assurer un rôle de potiche, il désirait incarner la loi, et non pas être un subordonné des industriels, des financiers, et d’autres puissants. Il n’était d’ailleurs pas à sa première compromission, il donnait discrètement des renseignements aux dragons, quand cela lui permettait de se débarrasser de rivaux politiques, de nuire à des personnes qui gênaient son ascension. Netnet était prêt à répandre le chaos et la désolation sur son pays, s’il bénéficierait de la possibilité de commander les cendres.
Pendant un temps il ressentit une amitié sincère pour Xavier, mais cette affection finit par se faner sous la pression de l’ambition dévorante, ne laissant que de faux semblants, une comédie écœurante du côté du secrétaire. Finalement le débat oral entre Xavier et Nathaniel fut interrompu par l’arrivée de Marpax le dragon. Ce dernier démolit une nouvelle fois en partie les murs et le plafond du siège du gouvernement à cause de sa masse imposante et surtout sa force. L’arrivée de la créature redoutable effraya beaucoup les deux firllites du gouvernement.
Marpax : Je suis là pour vous dire que je suis très mécontent, votre idée de restreindre le temps de lecture est une pure folie.
Nathaniel : Je ne savais pas que vous étiez un partisan du savoir.
Marpax : Pas spécialement, les livres ont pour moi une fonction de combustible pour cuire la nourriture, et d’améliorateur du goût des proies.
Nathaniel : J’ai un peu de mal à vous suivre, en fait je suis carrément largué. En quoi les livres, donnent meilleur goût à ce que mangent les dragons ?
Marpax : Les personnes qui lisent beaucoup ont une cervelle qui a un goût délicieux. Un fillirte qui passe beaucoup de temps à lire, possède un cerveau qui a une saveur particulière.
Xavier (très apeuré) : Ne vous en faites pas ! Je promets d’abandonner ma mesure concernant la lecture ! Vous pouvez être tranquille, les fillirtes auront le droit de lire autant de temps qu’ils veulent. Autrement avez-vous des nouvelles de Sam ?
Marpax (triste) : Je ne sais pas ce qu’il est devenu.
Xavier (franchement déçu) : C’est très dommage.
Pendant que les membres du gouvernement fillirte, se faisaient remonter les bretelles par Marpax le dragon, deux camarades travaillaient activement à de sombres projets. En effet Sam et Arnaud les deux rivaux œuvraient pour une organisation assez puissante de plusieurs milliers de personnes. Ils participaient aussi à des activités contraires à honorables. Ils se soumirent à une sombre entité qui jura la perte de la majorité des gens et des animaux dans le monde. Et Sam et Arnaud se livraient à des crimes plutôt abominables, tels que l’enlèvement d’enfants, le viol, et le meurtre. Les deux camarades n’étaient d’ailleurs pas liés par des liens fraternels, ils ne coopéraient ensemble que parce qu’un intérêt majeur les liait.
Il n’existait pas de véritable lien de loyauté entre Sam et Arnaud. D’ailleurs les deux compagnons ne cherchaient pas à se détruire l’un l’autre en grande partie, parce qu’ils ne voulaient pas subir d’ennuis mémorables. Chacun accumula des preuves contre son camarade, et chargea des hommes de confiance de rendre public les éléments incriminants dans le cas où il arriverait à soi-même un accident fâcheux.
Bref Sam et Arnaud se révélaient forcés de se montrer courtois et gentil l’un envers l’autre, davantage par peur des répercussions en cas de dispute grave, que par réelle loyauté. Cela n’empêchait pas les deux compagnons de réaliser du très bon travail, de s’illustrer par leur zèle et leur efficacité. Néanmoins ils guettaient avec ardeur un moyen sans conséquence négative de se débarrasser d’un rival jugé encombrant. Sam et Arnaud coopéraient mais ils jouaient aussi la comédie, ils éprouvaient une antipathie mutuelle, un désir de provoquer la chute de leur interlocuteur.
Toutefois ils devaient pour l’instant se forcer à travailler ensemble sous peine de subir de graves ennuis. Ils étaient sur un fil étroit, s’ils tentaient pour le moment une traîtrise contre leur rival, ils chuteraient ensemble. Alors ils s’obligeaient à se montrer polis quand ils se rencontraient. Même si une partie de leur esprit les incitait à sauter à la gorge de leur rival, à commettre un crime de sang à son égard. Encore une fois ils choisirent une grange en bois abandonnée pour parler. Tous deux suintaient la politesse forcée.
Sam : Regarde la relique que j’ai dénichée, elle permettra d’accélérer de plusieurs mois la réalisation du Grand Dessein.
Arnaud : Bravo Sam, notre maître doit être très content. D’ailleurs j’ai appris que vous aviez reçu la médaille du grand comploteur, je dois vous féliciter.
Sam : Merci, tu es un serviteur très zélé et efficace du maître toi aussi. J’ai appris que tu t’étais arrangé pour que les âmes des victimes de l’explosion d’un avion servent de nourriture à notre maître.
Arnaud : Ce n’est rien, la chance m’a beaucoup aidé dans la réalisation de mon coup d’éclat. J’ai une requête j’aimerai vous entendre chanter la dernière version de notre hymne.
Sam : Notre maître est plus que fort, plus que puissant, plus qu’intelligent. Il finira par dominer l’univers. Ceux qui refusent de s’allier avec lui sont des imbéciles. Certes notre maître a été vaincu une fois mais ses adversaires avaient agi par traitrise. En effet notre leader a été scellé, toutefois sa puissance et son intelligence ont considérablement augmenté.
Maintenant il est invincible, ceux qui sont assez bêtes pour ne pas reconnaître la toute-puissance de notre souverain, sont destinés à périr dans d’atroces souffrances. Il n’y a pas que du point de vue de l’intellect et de la puissance que le maître rayonne. C’est aussi la beauté incarnée, à côté de lui les anges et les démons les plus beaux sont des caricatures pitoyables.
La seule solution pour survivre est de s’en remettre à notre dirigeant, comme il est équitable avec ses partisans, ils donnent de fortes récompenses. Celui qui suit notre maître avec zèle et dévouement accède à plus que la richesse ou le pouvoir politique, il peut devenir carrément une divinité. En effet notre roi a les moyens d’exaucer des rêves très ambitieux.
Tremblez les opposants au maître car vos jours sont comptés, vous irez dans un enfer où vous serez torturés pour l’éternité. Mais il ne faut pas croire que notre souverain est débonnaire. Non pour lui l’incapable vaut le traître, si on ne fait pas bien son travail notre souverain nous punit sévèrement. Ceux qui ne savent pas rester à leur place, le roi leur fait regretter leur orgueil démesuré.
Quant à la faction des dragons, elle réfléchissait sur une stratégie à adopter dans une clairière. Il y avait un sujet davantage angoissant que les délires de certains fillirtes influents. Un culte vu comme dégénéré commençait à témoigner une arrogance inquiétante.
Marpax : Les partisans du destructeur augmentent chaque jour en nombre, c’est inquiétant.
Irnax : C’est vrai, mais que proposes-tu pour agir contre eux ?
Marpax : Je penche pour recourir à une solution humiliante mais aussi nécessaire.
Irnax : Que veux-tu exactement ?
Marpax : Faire une trêve avec les fillirtes, le temps que le destructeur soit battu.
Irnax : Cela ne me plaît guère, je ne porte pas dans mon cœur ces gens souvent prêts à de sacrées extrémités contre la nature pour obtenir la victoire.
Marpax : Moi aussi, mis à part Sam et quelques exceptions, je n’apprécie pas les fillirtes. Cependant une situation exceptionnelle réclame des remèdes exceptionnels.
Irnax : Je suis d’accord sur le fait que la dernière guerre contre le destructeur fut gagnée en partie grâce aux fillirtes. Cependant je doute que nos semblables soutiennent une alliance même temporaire avec eux.
Marpax : C’est absolument nécessaire, et tu peux imposer de force une loi par an au nom de l’état d’urgence.
Irnax : Soit, mais tu as intérêt à savoir ce que tu fais, Marpax.
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