Chapitre 13 :
Achille le rat blanc hésitait sur ce qu’il devait faire, le vortex de lumière invoqué par Sam et Arnaud était inquiétant. Puis l’animal se dit qu’il pourrait tenir une occasion de venger ses maîtres, alors il décida de filer ses ennemis. Le rat pénétra dans le vortex juste avant que la lumière ne disparaisse. Achille eut le droit à des sensations extrêmes pour son premier voyage dimensionnel. Il eut l’estomac retourné, et pendant quelques secondes il éprouva l’impression qu’on lui enfonçait dans le ventre un fer chauffé à blanc. De plus l’animal fut soumis à des pensées très contradictoires, il éprouva presque en même temps le désespoir le plus profond et une joie rayonnante. Achille quitta le monde de Dragorn pour atterrir sur Smog la planète dévastée. La première chose qu’il fit en débarquant sur Smog fut de s’évanouir à cause d’une odeur terrible.
De son côté le Premier ministre Xavier Cossa décida d‘organiser une réunion sur le sujet du destructeur à l’intérieur de l’Elysium.
Xavier : Messieurs des bruits courent qu’en plus du péril des dragons, nous les fillirtes, serions menacés par le destructeur. Je vous ai réuni pour débattre d’une solution pour contenir des rumeurs folles.
Nathaniel : Le nombre d’adeptes du destructeur est en constante augmentation, pourtant. Il y a plusieurs milliers d’elfes et de fillirtes qui croient dur comme fer en sa venue dans les années à venir.
Xavier : Le destructeur ou si vous préférez le dévoreur a constitué il y a quelques centaines d’années une menace grave, mais il a été banni. Et puis il n’y a quasiment aucune chance qu’il arrive à revenir dans notre monde, vu les mesures de sécurité qui ont été prises pour prévenir son arrivée.
Nathaniel : J’ai appris que les mesures de sécurité les plus poussées n’étaient pas une solution qui évitait dans cent pour cent des cas les drames. Surtout quand des personnes fanatiques et bien organisées vous menacent.
Xavier : Je veux bien me livrer à quelques concessions, si vous m’enseignez le grand secret.
Nathaniel : Je suis navré, mais l’art de mettre des bretelles en moins de cinq minutes est un arcane très précieux pour ma famille.
Xavier (boude) : Dans ce cas, je refuse de changer d’avis, même un peu.
Achille le rat blanc quand il se réveilla eut le droit à une mauvaise surprise, il vit qu’une vouivre était en train de l’observer. La terreur s’empara du pauvre rat, il pensait sa dernière heure venue, quand la vouivre qui regardait le rongeur, fut attaquée par une autre de ses congénères. Achille fila sans demander son reste.
De son côté Marpax le seigneur dragon rendit une nouvelle fois visite à Xavier Cossa pour lui proposer une alliance. Il en coûtait beaucoup à la créature de revenir tenter une négociation. Mais Marpax estimait qu’il s’agissait d’une stratégie vitale. Face au destructeur seule l’union de l’ensemble des races dominantes du monde de Dragorn garantissait un espoir de victoire.
Le dragon aurait bien voulu se passer de l’appui des fillirtes, mais il estimait que nouer une alliance temporaire avec Xavier, serait un comportement qui pourrait sauver la vie de nombre de ses semblables. Marpax était plutôt fier, mais il faisait passer le bien-être et la protection de ses congénères avant sa satisfaction personnelle. En tant que seigneur il estimait que son devoir primait sur les considérations individuelles, surtout en temps de guerre. Certes il ressentait parfois un vif mépris pour les fillirtes mais il avait besoin d’eux sur ce coup, leurs bombes atomiques pourraient faire la différence contre les troupes du destructeur.
Marpax admettait que compter sur quelqu’un comme Xavier qui dut suivre plusieurs dizaines de cours pour comprendre que c’était plus facile d’écrire en tenant un stylo avec la main plutôt que de se l’enfoncer dans le nez, cela manquait de crédibilité au premier abord. Néanmoins si les fillirtes enchaînaient par moment de sacrées débilités, ils avaient un potentiel certain dans la recherche sur les armes performantes issues de la technologie. Ils étaient capables d’exploits quand il s’agissait de fabriquer des outils de mort grâce à la science. Donc le dragon se rendit encore une fois à l’Elysium. Cette fois il prit la précaution de causer depuis l’extérieur, il demanda à ce qu’une fenêtre soit ouverte pour parler. Une solution pratique pour se faire comprendre sans casser des murs.
Marpax : Alors Xavier tu as changé d’avis ? Tu es revenu à la raison ?
Xavier : Si tu crois que je vais avaler des salades, tu te mets le doigt dans l’œil. Parfois je suis stupide, mais il faudrait vraiment que je sois désespéré pour faire confiance à un dragon. Cyberlicier un, fais chanter la poudre.
Cyberlicier : Je n’ai pas de micro, vous risquez de ne pas entendre grand-chose.
Xavier (énervé) : Quand je te demande de faire chanter la poudre, je t’ordonne de tirer imbécile ! Qu’attends-tu ? Dégaine et envoie des balles sur ce dragon !
Cyberlicier : Le problème est que je n’arrive pas à insérer les balles dans mon chargeur, donc je suis bloqué.
Xavier : Que se passe t-il encore ? Montre-moi ça. Mais ce ne sont pas des balles de pistolet que tu as, mais des pièces de monnaie.
Cyberlicier : Quand j’ai demandé où trouver cent balles, il m’a été remis ces projectiles ronds sur lesquels il est écrit euros.
Xavier : Bon enregistres bien ce que je vais te dire, les pièces ou les billets ne sont pas des projectiles de pistolet, c’est bien clair ?
Cyberlicier : J’ai tout compris, maintenant que voulez-vous que je fasse ?
Xavier : Tu as la mémoire courte, dis-moi, je souhaite que tu envoies dans l’au-delà le dragon que voici.
Cyberlicier : Cela va être compliqué d’envoyer par la poste, un être aussi imposant. De plus j’ai beau consulté ma base de données, je ne trouve pas d’endroit appelé au-delà dans ma mémoire.
Xavier : Espèce d’abruti, bon on va faire simple, tue Marpax, assassine-le, détruit le, atomise le.
Cyberlicier : Quelle méthode d’assassinat voulez-vous que j’emploie ?
Xavier : Je ne sais pas, chatouille Marpax !
Cyberlicier : A vos ordres, je vais chatouiller le dragon, cependant je dois vous prévenir vu le blindage organique de cette créature, je ne pense pas qu’elle va sentir grand-chose.
Xavier : Andouille, j’étais ironique, prends ton pistolet et balance tout ce que tu as sur Marpax.
Cyberlicier : D’accord.
Xavier (exaspéré) : Mais abruti, ton pistolet n’est pas un objet décoratif ! Utilises le, et arrêtes de jeter des balles d’armes à feu comme des cailloux !
Cyberlicier : Entendu.
Xavier : Mais c’est pas vrai ! Il a balancé son pistolet sur le dragon, sans chercher à tirer une seule fois.
Marpax : Au fait j’ai eu tout le temps de dresser un bouclier protecteur, pendant ton petit dialogue avec ton robot extrêmement bête Xavier. Tu devrais changer de projet, les cyberliciers me semblent aussi utiles qu’une glace à la fraise au pôle nord durant un hiver très froid.
Xavier : Les cyberliciers ont encore besoin de quelques ajustements, mais ils seront bientôt le fléau des dragons.
Marpax : Ton projet d’extinction des dragons va être rendu très difficile voire impossible, car je suis en train d’envoyer un virus informatique surnaturel dans l’ensemble des machines informatiques aux mains des fillirtes.
Xavier : Ha, ha cela ne fait rien, il reste toujours des documents papier. De plus mon ordinateur personnel est plein d’informations sur cyberlicier.
Marpax : J’allais oublier de m’occuper des feuilles de papier, merci de ton coup de pouce Xavier. Papius détruitus. Voilà tout le papier de ce lieu a été réduit en cendres, quant à tes ordinateurs mon virus enchanté les a détruits irrémédiablement.
Xavier : Rah c’est pas vrai ! Ne te réjouis pas trop Marpax, un jour les dragons seront de l’histoire ancienne dans ce monde.
Marpax : C’est ça, c’est ça, tu as raison et tu es un fillirte intelligent et courageux, pendant qu’on y est. Bon allez au revoir Xavier.
Les négociations entre Marpax et les fillirtes avaient échoué, mais le dragon n’avait pas épuisé toutes ses ressources. Il avait engagé des pourparlers avec l’elfe Alaniel. Tous deux discutèrent dans une clairière.
Marpax : Pour contenir le destructeur, nous les dragons sommes prêts à former une nouvelle Coalition avec les elfes, mais il nous faut des concessions. Par exemple Koko doit nous être livré pour répondre de ses actes. Il est totalement impensable que cet incapable ait pu échapper à un dur châtiment.
Alaniel : Koko est un fillirte populaire, sa mort pourrait entraîner une guerre contre les elfes.
Marpax : Ne vous en faites pas, Koko vivra, ses conditions de détention seront rudes, mais il sera correctement nourri, et sera soigné en cas de maladie.
Alaniel : Merci d’être compréhensif, mais cela ne suffit pas. Vous proposez de recourir aux sorts interdits pour vaincre définitivement le dévoreur, je trouve que vous allez loin, trop loin en fait. Les sorts de destruction massive ont failli conduire ce monde à sa fin plusieurs fois.
Marpax : Devant le terrible péril qui pèse sur nous, des mesures d’exception doivent être prises. De plus les sorts interdits sont une garantie que les générations futures n’auront pas à faire les mêmes sacrifices que nous pour vivre.
Alaniel : Même les fillirtes sont tombés d’accord pour ne jamais utiliser de sorts de destruction massive. Se montrer moins mesuré que des imbéciles, est un comportement qui est souvent source de tragédie.
Marpax : Il est vrai que si les sorts interdits sont mal utilisés, le monde sera durement touché. Mais si nous n’employons pas les enchantements de destruction massive, il y aura un prix très lourd à payer dans les rangs des elfes et des dragons pour battre le destructeur.
Alaniel : Je vous propose un compromis, attendez six mois avant d’employer des sorts interdits. Si passé ce délai, le dévoreur n’est pas vaincu, vous serez libre de faire ce que vous voulez avec les enchantements de destruction massive. Les plus pessimistes sont d’accord sur le fait que le destructeur ne viendra pas avant cinq ans dans notre monde.
Marpax : Marché conclu, mais je vous déconseille de revenir sur vos engagements, car il y aura fort à parier que de nombreux dragons considéreront alors les elfes comme des ennemis.
Alaniel : Ne vous en faites pas, nous les elfes avons des défauts, mais nous n’avons qu’une seule parole. Quand nous promettons nous faisons le maximum pour respecter nos serments.
Pendant que certains ennemis du dévoreur s’unissaient, Sam et Arnaud chassaient la vouivre pour hâter l’arrivée du destructeur dans le monde de Dragorn. Ils s’embarquaient dans une aventure au sein d’un endroit assez rude, les vents violents, la terre rarement fertile et fréquemment désolée, les nombreuses mares de liquides toxiques noirs, les arbres malingres suintant souvent un poison mortel. D’ailleurs la faune regardait avec appétit les deux fillirtes présents, y compris quand la bête était un lézard de dix centimètres, ou une petite souris, tout cela incitait à rester vigilant.
Arnaud : Sam passez-moi la bouse s’il vous plaît.
Sam : Tu es sûr que tu veux de la bouse ?
Arnaud : Oui j’en suis certain, mais que faites-vous ? Pourquoi recouvrez-vous ma main avec des excréments ?
Sam : Je ne fais qu’exécuter tes suggestions, tu demandes de la bouse, alors je te la donne.
Arnaud : Espèce d’abruti ! Quand je parlais de bouse, je mentionnais l’arme, la Bousilleuse d’Organes Superlégère et Ultra Élégante !
Sam : Tu ne devrais pas crier comme ça, tu vas attirer l’attention des vouivres. Oh zut trop tard, cours !
Sam et Arnaud les deux compères furent poursuivis par des vouivres, des créatures à corps de serpent longues de six à huit mètres, avec des ailes, et une tête extrêmement grosse. Ils détalèrent à toute vitesse, ils puisèrent ardemment dans les forces de leurs jambes pour mettre le maximum de distance. Mais ils étaient la cible d’animaux particulièrement tenaces, et très doués pour le pistage. Les vouivres étaient dotées d’un odorat qui ridiculisait celui des chiens. Et une fois qu’elles avaient en tête de poursuivre une proie, la traque pouvait durer des jours, voire même quelques semaines. Ces créatures abandonnaient rarement la chasse, car leur statut social dépendait en partie de leur capacité à se montrer tenaces et à triompher d’ennemis.
Les vouivres annonçaient par des cris audibles de très loin, qu’elles s’engageaient à manger telle proie, et si elles n’honoraient pas leur proclamation, cela signifiait une baisse de prestige. Pour elles ne pas être des tueuses redoutées générait des événements souvent néfastes comme des affrontements avec des rivaux, et une baisse de l’étendue du territoire de chasse. Autrement dit les deux compères étaient dans une situation assez périlleuse. Ils devraient gérer pendant une longue période les attaques de trois créatures bien décidées à les manger.
Pour arranger les choses ils ne disposaient pas de compétences magiques, ou d’armes assez performantes pour se débarrasser de leurs poursuivantes. De plus le parfum destiné à camoufler leur odeur manquait d’efficacité. Arnaud emporta une épée, et un pistolet, mais il ne pourra tout au plus que blesser légèrement ses adversaires. Quant à Sam il s’avérait un peu dépourvu, il échangea les outils de mort à sa disposition contre un certificat de propriété du verbe zinzizouiller. Ce papier ne valait absolument rien, mais il était extrêmement fier de posséder un document qui lui octroyait la possession du mot zinzizouiller.
Heureusement les deux compères trouvèrent une grotte trop étroite pour les bêtes qui voulaient les manger. Arnaud eut envie de gifler Sam, mais il se retint par respect du principe hiérarchique, par volonté de ne pas s’attirer les foudres d’un chef plus haut placé que lui. Les parois des murs gris semblaient naturelles, ne pas avoir été façonnées par des moyens magiques ou technologiques. Et l’endroit paraissait tranquille concernant l’intérieur de la caverne, mais Arnaud n’arrivait pas à débarrasser d’un pressentiment. Il ne parvenait pas à déterminer si sa vigilance déboucherait sur une conséquence positive ou négative. Quant à Sam il essayait de rappeler comment conjuguer zinzizouiller au conditionnel passé deuxième forme.
Arnaud : Nous sommes à l’abri mais les vouivres sont des créatures tenaces, nous risquons d’attendre plusieurs heures avant qu’elles ne lâchent l’affaire. À moins que cette grotte ne contienne quelque chose qui permette de nous échapper.
Sam : Je doute fortement que nous trouvions quoi que ce soit, qui puisse accélérer notre délivrance ici.
Arnaud : Cherchons toujours on ne sait jamais, et puis cela nous fera passer le temps dans le pire des cas.
Sam (apeuré) : Dans les profondeurs de cette grotte il y a peut-être des bêtes dangereuses, qui n’attendent qu’une chose, nous sauter dessus.
Arnaud : Je ne crois pas, d’après mon sortilège de détection des êtres vivants, nous sommes seuls à l’intérieur de cette grotte. Il n’y aucun animal ou végétal qui nous attaquera si nous nous enfonçons dans cette caverne.
Sam : Tu es un mage doué dans de nombreux domaines, mais pour la détection surnaturelle, tes aptitudes sont plutôt modérées. Je lancerais encore une ou deux fois si j’étais toi un enchantement de détection, afin d’être sûr de ne pas faire fausse route, c’est plus prudent.
Arnaud : Je n’en ai pas besoin, la détection magique n’est plus une compétence où mon talent se révèle bas. Je me suis beaucoup entraîné pour remédier à ma faiblesse. Vous pouvez me faire confiance quand je dis que nous sommes seuls tous les deux, dans cette grotte.
Sam : Très bien allons-y alors, mais si cela ne te dérange pas, passe devant s’il te plaît, ma vision nocturne est mauvaise.
Arnaud : Vous n’avez pas besoin d’une bonne vision dans l’obscurité pour voir ce qu’il y a devant vous, vous pouvez générer une lumière magique.
Sam : Ah, c’est vrai j’avais oublié que je pouvais générer ce type de sort. Je dois te sembler bête.
Arnaud : Non cela peut arriver aux plus intelligents d’être un peu étourdi.
La grotte était plus profonde qu’il ne semblait au premier abord, après une heure de marche, Sam et Arnaud n’en avaient pas fait le tour. Ils tombèrent sur une pièce aménagée contenant une vaste bibliothèque.
Sam : C’est bizarre qu’il y ait une bibliothèque de plusieurs milliers de livres dans un coin perdu comme celui-ci.
Arnaud : Pas forcément les dragons adorent les livres, et ils aiment se retirer dans des endroits reculés pour méditer ou lire.
Sam : Comment un dragon pourrait lire ou réussir à pénétrer dans cette grotte ?
Arnaud : Grâce à un sort de métamorphose, un dragon adulte peut modifier sa taille, et changer ses pattes en bras. Voyons un peu quel genre de livres nous avons là. Je vais chercher sur la droite et vous sur la gauche.
Sam : Je suis ton supérieur hiérarchique, c’est moi qui décide dans quelle direction nous allons. Je t’ordonne d’aller de gauche à droite, pendant que je chercherai des livres ailleurs.
Arnaud : D’après mon pouvoir de détection du papier, vous ne trouverez pas d’autres bouquins en quittant cette salle.
Sam (embarrassé) : Ben euh après mûres réflexions j’ai décidé de rester avec toi. Il y a déjà beaucoup de livres à examiner, je sens d’ailleurs que je vais trouver de sacrées choses.
Arnaud : Vous avez raison sur un point, il y a des trouvailles très intéressantes ici. Je vois un livre de nécromancie qui permet d’animer des armées de cadavres.
Sam : ha, ha moi j’ai déniché une référence pour les charades.
Arnaud : Là voici un livre de démonologie pour invoquer des démons majeurs, qui sont obligés d’obéir scrupuleusement aux ordres qu’on leur donne.
Sam : Je parie que je peux faire mieux, regarde j’ai mis la main sur un livre de calembours.
Arnaud : C’est une caverne de la connaissance occulte cet endroit, j’ai découvert un grimoire qui permet de ressusciter les morts qui se trouvent dans l’au-delà depuis plus d’un an.
Sam : Peuh moi j’ai trouvé un célèbre livre de blagues.
Arnaud : Super un manuscrit qui permet une modification magique du climat.
Sam : C’est bien peu, j’ai dégotté le fin du fin des histoires comiques.
Arnaud : Expliquez-moi comment vous comptez dominer le monde avec vos livres comiques ?
Sam : Ha, ha j’ai un plan secret pour devenir le maître de ma planète en racontant des histoires drôles.
Arnaud : En quoi consiste votre stratagème machiavélique ?
Sam : Je ne peux pas te le dire sinon tu pourrais avoir envie de copier ma tactique.
Arnaud : C’est bizarre mais j’ai du mal à vous croire.
Sam : Je compte m’attirer l’estime et l’amitié des puissants avec mes blagues irrésistibles. Par exemple il y a deux corbeaux alcooliques qui se rencontrent, l’un dit à l’autre ça te dit un petit ver de terre ?
Arnaud : Vous pouvez faire à la rigueur faire sourire, mais il en faudra plus pour passionner les gens influents.
Sam (exalté) : Je suis certain que le monde se prosternera à mes pieds avec mes calembours, que je serai adulé comme un dieu à cause de ma blague sur les deux corbeaux, que le destructeur me choisira comme bras droit à cause du coup du ver de terre, que je.
Arnaud eut pendant un bref instant envie de faire preuve de compassion pour son supérieur hiérarchique, en continuant à lui expliquer que ses blagues n’étaient pas suffisantes pour ses projets de domination. Cependant l’arrivisme reprit rapidement le dessus, donc il fit semblant d’écouter son chef pendant qu’il dénichait des ouvrages intéressants du point de vue magique. Ainsi Sam expliqua pendant une demi-heure que sa blague avec les corbeaux lui vaudrait des monts et des merveilles.
Arnaud : Bon, nous avons déniché assez de livres intéressants pour l’instant. Essayons de trouver un moyen de regagner notre monde en explorant davantage cette caverne.
La mission d’Arnaud et de Sam, les deux compères, ne fut pas un échec, car tous deux trouvèrent un livre qui permit d’écourter considérablement le temps nécessaire, pour que le dévoreur vienne sur Dragorn. En outre ils tombèrent sur un appareil de téléportation pour les ramener à bon port dans la grotte. La machine à déplacement instantané était de conception surnaturelle et technologique. Elle fonctionnait grâce à un ordinateur, mais elle se composait aussi d’un cercle de pierres alimenté par des sorts. Tous deux invoquèrent des flammes mystiques pour activer le téléporteur. Mais il fallut quelques explications pour pousser Sam à viser correctement. D’abord il fut tenté de se mettre le feu aux fesses au sens littéral du terme afin de faire marcher la machine. Arnaud ressentit une profonde lassitude à l’idée qu’il était aux ordres de quelqu’un avec un côté délirant prononcé, puis il s’arma de patience, et fit preuve de pédagogie.
Il expliqua que se brûler soi-même n’était pas une bonne idée. Sam retint la leçon, et demanda s’il pouvait carboniser le cul de son interlocuteur. Il ne s’agissait pas d’une volonté motivée par l’antipathie, juste du désir d’expérimenter. Arnaud refusa catégoriquement et se fit carrément menaçant, cela déplut à Sam, mais l’incita tout de même à cesser les loufoqueries. Ainsi les deux compères purent rentrer sur le monde de Dragorn sans d’autres incidents.
De son côté Marpax le dragon plaidait pour une mesure assez osée, toujours à l’intérieur d’une clairière.
Marpax : Je crois qu’il faut tenter d’invoquer notre dieu Véruza pour contrer le destructeur.
Irnax : C’est de la folie, même un mage d’exception ne peut faire apparaître sur le plan matériel une divinité sans des centaines d’années de préparation.
Marpax : Justement cette stratégie surprendra les adeptes du dévoreur, nous offrira un net avantage tactique.
Irnax : Une décision vouée à être un échec n’est pas une bonne idée mais une terrible stupidité.
Marpax (implore) : Je ne demande pas grand-chose, juste l’accès à la bibliothèque interdite.
Irnax : Je te dois beaucoup, je pourrais exaucer cette requête en temps normal, si tu ne prônais pas une mesure désespérée, n’ayant quasiment aucune chance de réussir.
Marpax : Je vais sans doute perdre la vie, mais si je parvins à réaliser ce que je projette, nous serons préservés d’ennuis monstrueux.
Irnax : J’aimerai partager ton optimisme mais heureusement je suis plus réaliste. Tu ne vas qu’obtenir la mort mon ami.
Marpax : Ce n’est pas certain à cent pour cent, même si précipiter le rituel d’invocation de dieu augmente les chances d’échec. Cela ne veut pas dire que les probabilités de rater sont absolues.
Irnax : La discussion est close ! Je t’interdis formellement de tenter d’invoquer Véruza pour contrer le destructeur ! C’est un ordre de ton roi ! Si tu me désobéis, je t’enferme !
Marpax : Bien votre majesté.
Marpax le dragon subissait un dilemme poignant, devait-il obéir aux ordres de son roi, ou bien passer outre ? Il ne voulait pas trahir la confiance de son souverain. Cependant il estimait comme une folie de chercher à ne pas compter sur l’invocation de Véruza le dieu. Il admettait que les dragons résistaient bien pour l’instant aux démons affiliés au destructeur. Néanmoins Marpax estimait que sans une assistance divine les siens seraient forcés de perdre sur le long terme.
Le dévoreur avait de nombreux serviteurs qui gagnaient progressivement en puissance. Pour l’instant ils ne représentaient pas un danger significatif pour les domaines des dragons. Mais l’heure viendra où ils feront couler beaucoup de sang, où ils constitueront une menace telle que même les plus valeureux risquaient de finir balayer.
Marpax jugeait que ne pas compter sur leur divinité revenait à se trancher la gorge, à commettre une erreur qui apportera probablement la ruine et la désolation. Entendu les sbires du destructeur n’étaient pas renommés pour leur solidarité et leur cohésion, mais au contraire leur désunion. D’accord ils consacraient par moment plus de temps à comploter les uns contre les autres, qu’à agir pour les projets du dévoreur. Cependant ils devenaient progressivement davantage redoutables.
Leur force individuelle, leur manque presque total de scrupules et leur envie fanatique de s’illustrer pour le destructeur, étaient des données à ne pas négliger. Surtout que la voie de la dévastation ne demandait pas forcément un haut niveau d’intelligence. Un tueur qui se moquait de rester en vie ou de sa liberté était tout fait capable de causer des dégâts impressionnants. Les sbires du dévoreur ne maniaient pas les armes les plus puissantes au premier apport, puisqu’ils se focalisaient beaucoup sur des couteaux avec une lame de cinq centimètres. Cependant ils comptaient souvent sur des outils de mort gorgés d’une magie délétère, des moyens d’empoisonner à distance les ennemis, et de causer des épidémies virulentes.
En effet le destructeur n’était pas un être connu pour son altruisme. Si pour renverser ses adversaires, il devait devenir le roi des cendres, cette perspective ne le dérangeait pas. Il aimait les plans complexes, mais il appréciait davantage les défaites cuisantes chez ses ennemis. Donc il était tout à fait capable de se contenter d’un monde profondément ravagé, du moment qu’il relevait de son influence. Il vivait enfermé dans un diamant depuis si longtemps, qu’il développa au fil du temps une personnalité assez tournée sur le carnage. Sa mentalité relevait plus du psychopathe méthodique, que du conquérant désireux de bénéficier d’un règne prospère.
De plus Marpax eut une vision particulièrement alarmante, il y avait une probabilité sérieuse que le dévoreur apparaisse dans le monde matériel, sorte de sa prison pour se livrer au carnage sur la plupart des habitants de la planète. Or Marpax doutait fortement que lui et les siens suffisent à arrêter une entité connue pour sa puissance extrême, il n’était même pas sûr que Véruza en soit capable.
Toutefois son dieu était d’après lui le meilleur espoir qui soit. Néanmoins le dragon choisit finalement de ne pas désobéir, il savait que sa loyauté à son souverain risquait de coûter extrêmement cher à ses semblables, mais il opta pour faire confiance à son roi. En effet son souverain même s’il était faillible, pouvait se tromper, demeurait un fin stratège, il devait avoir prévu un bon plan pour lutter contre le dévoreur. Et puis vexer profondément son monarque s’avérait un acte que Marpax ne désirait pas accomplir.
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