Chapitre 9 :
Vaishion le dragon platine méditait à l’intérieur de sa salle des trésors, un lieu gigantesque capable d’accueillir des dizaines de dragons adultes de grande taille sans souci. L’endroit avait été conçu pour des êtres immenses comparé aux humains. Il suffisait d’examiner les portes et les fenêtres titanesques. L’architecture était simple mais fonctionnelle, pas de statues ou de symboles de dévotion à la gloire du propriétaire, ou de ceux de son espèce. Par contre le lieu s’avérait rempli de richesses impressionnantes, ici il y avait une épée enchantée de plusieurs sorts majeurs, là se trouvait un coffre rempli de suffisamment de pièces d’or pour acheter un petit pays. Vaishion se trouvait à un tournant de sa vie, il réfléchissait beaucoup sur un acte qui transformerait profondément son existence en cas de concrétisation.
Le dragon était très reconnaissant au roi-sorcier pour lui avoir sauvé la vie. Cependant il ne considérait pas Ainz comme un bienfait pour le monde, mais au contraire un terrible danger. D’accord ce monarque améliora la vie de nombreuses gens du peuple. Toutefois il occupait une position de pouvoir absolu, et pratiquement personne ne pouvait jouer les modérateurs à son égard, y compris dans son entourage proche. Soit les collaborateurs directs étaient très intimidés par la puissance magique et la sagesse du souverain, soit ils l’adoraient trop pour se permettre de remettre en cause ses décisions. Vaishion vécut assez longtemps pour savoir que le pouvoir absolu corrompt de manière absolue dans la plupart des cas. Et il pensait que les nombreux succès du roi-sorcier, et l’attitude de son entourage, tout cela formerait tôt ou tard un poison pernicieux sur le mental d’Ainz. Il était très probable selon le dragon que sur le long terme que le roi-sorcier se muerait en un tyran qui jouerait sans vergogne avec les vivants. Alors il fallait prendre des mesures définitives sur le souverain. Certes le dragon avait l’impression d’agir comme un terrible ingrat, étant donné sa dette d’honneur. Néanmoins il était nécessaire de circoncire une grave menace pour le monde. Il se pourrait très bien que le monarque demeure encore pendant plusieurs siècles un politique exemplaire. Toutefois il était aussi possible que d’ici quelques années de graves exactions soient commises. Et puis même si Ainz restait maître de ses mauvais penchants, parvenait à continuer à concilier sagesse et retenue, il n’était qu’un rouage d’une immense machinerie politique.
Le roi-sorcier était loin d’être la seule source d’inquiétude de Vaishion, son entourage direct l’inquiétait aussi beaucoup. Grâce à son réseau d’espions et d’autres informateurs, il comprit que si les subordonnés directs du souverain étaient loyaux envers lui, leur manière de considérer ceux qui n’étaient pas des camarades posaient assez souvent problème. Sur les dix plus proches subordonnés d’Ainz, la majorité voyait ceux qui n’étaient pas des camarades comme des outils pathétiques. La faction majoritaire de Nazarick était prête à se gorger de massacres d’humains et de personnes d’autres races en échange d’un bénéfice. Ce constat alertait au plus haut point le dragon. D’accord s’occuper du roi-sorcier et de ses proches serait compliqué. Entendu si lui et ses subalternes directs tombaient il y aurait une vague de désorganisation à l’échelle du monde, alimentant par la même des conflits meurtriers, voire des guerres. Cependant la menace pour les gens ordinaires était réelle. Si le roi-sorcier devenait fou ou mégalomane, alors un âge de ténèbres sans précédent verrait le jour. Et même si Ainz parvenait à conserver un mental calme et sage, ses serviteurs proches constituaient quand même une grosse source d’angoisse pour Vaishion.
Le monarque-sorcier semblait avoir un grand amour débonnaire pour ceux qu’il aimait réellement. Cela était une source de motivation pour bien travailler, mais aussi une grande faiblesse quand on exerçait de grandes responsabilités. Le dragon craignait que le roi-sorcier tolère des exactions monumentales sur des villes, voire un pays entier, si ses subordonnés se montrent suffisamment persuasifs sur les bénéfices possibles concernant Nazarick. L’ombre du massacre était encore hypothétique, mais suffisamment angoissante pour que des mesures soient prises par Vaishion. Même si Ainz était un mort-vivant rare dans le sens que sa haine de la vie paraissait nulle. Lui et ses proches s’avéraient quand même une calamité potentielle. Et puis le dragon avait d’autres sources de motivations que le désir de prévenir la menace de Nazarick. Son rêve d’instaurer la démocratie à un niveau mondial pourrait devenir possible s’il jouait finement. Le roi-sorcier en centralisant le pouvoir politique autour de lui à un niveau sans précédent, accomplit une manœuvre très profitable pour ceux ayant de l’ambition et de la puissance mystique comme Vaishion. Si ce monarque tombait définitivement, celui qui le remplacerait aurait une immense opportunité pour imposer ses idéaux à l’ensemble du monde. Bien sûr aucun plan ne se déroulait parfaitement, mais le dragon avait une certaine confiance dans ses plans, il avait des ressources financières immenses accumulées au fil des siècles, ainsi que des pouvoirs suffisants pour gérer dans une confrontation directe tous les subordonnés du roi-sorcier. Et la question de la maîtrise de la politique n’était pas un problème, Vaishion avait une longue expérience dans la gestion de vastes territoires et la diplomatie. Si la théocratie de Slaine était encore un pays influent, il y aurait des soucis graves à gérer, mais cette nation avait été condamnée à subir la tutelle de Nazarick.
Ainz même s’il évitait de détruire le potentiel économique de ce qu’il conquérait, affaiblit sans le faire exprès l’équilibre politique de nombreuses nations. Donc si quelqu’un arrivait à le remplacer de manière impressionnante, il y aurait des oppositions, mais pas forcément d’obstacles infranchissables pour celui qui prendrait le contrôle. D’ailleurs Vaishion disposait de beaucoup de main d’œuvre pour finaliser ses manigances. Il était une figure centrale du Consulat, et ce pays avait de gros moyens militaires et économiques, il n’était surpassé que par Nazarick. Le dragon ne l’admettrait jamais, toutefois il y avait des motifs impurs qui motivaient ses complots. Il aimait sincèrement la démocratie, et contribuerait sans doute véritablement à l’émancipation du peuple. Néanmoins il avait aussi des rêves de domination. Il était prêt à lutter contre la noblesse et les riches marchands pour épauler les petits gens. Par contre il était aussi déterminé à hisser le Consulat au rang de pays le plus influent du monde. Son désir de suprématie s’accompagnait de nobles motifs, mais aussi d’une bonne couche d’hypocrisie. Et encore il fallait que la majorité des conséquences de ses actes restent sous contrôle une fois que Vaishion triomphe. Or s’il y avait bien une chose de particulièrement aléatoire, c’était le chaos politique. Et si le roi-sorcier et ses proches étaient éliminés, rien ne garantissait complètement que la situation ne dégénérerait pas en un maelström plein de malheurs pour le peuple.
Il restait le problème de comment vaincre le roi-sorcier. Dans un face-à-face honorable le dragon pensait qu’il n’avait aucune chance. Il estimait que ce serait même un miracle s’il résistait plus de dix secondes à son interlocuteur s’il utilisait l’ensemble de sa puissance magique. Vaishion ne savait pas si la source principale d’Ainz venait de ses propres capacités, ou bien d’objets surnaturels, mais il considérait qu’un affrontement contre ce monarque sans embuscade, ou de ruses élaborées, c’était un suicide presque garanti. Heureusement le dragon pensait que le caractère du souverain avait un point faible majeur. Puisqu’il aimait d’une grande affection ses proches, cela en faisait une cible de manipulation en cas d’implication de son entourage. Le dragon n’aimait pas la solution qu’il envisageait, mais il estimait que nécessité fait loi. Et que le péril terrible pour la démocratie du roi-sorcier méritait de grands sacrifices, y compris ceux entachant beaucoup la réputation.
Vaishion choisit de piéger Ainz lors d’une négociation diplomatique sur son propre territoire le Consulat. L’appât s’appuyait sur la soif d’objets rares de son interlocuteur. Le dragon annoncerait qu’il mit la main récemment sur un outil aux propriétés exceptionnelles, et qu’il désirait en faire cadeau au roi-sorcier. Jusque là il n’y avait pas de mensonge. Vaishion acquit une boule de cristal noire de trente centimètres de diamètre, avec une capacité particulièrement recherchée. Elle ne permettait qu’une seule chose, mais c’était suffisant pour déchaîner beaucoup de convoitise. En effet l’artefact garantissait de manière instantanée l’apprentissage d’un sort de niveau inférieur ou égal à six. La boule ne marchait qu’une fois par personne. Toutefois elle pouvait servir d’objet d’apprentissage immédiat pour des milliers de personnes dans un intervalle réduit. Si une armée choisissait judicieusement le sort à apprendre, cela lui faciliterait beaucoup la vie lors d’une bataille ou d’une guerre. Et en tant qu’outil d’étude l’artefact était capable de susciter une grande passion pour les amateurs de surnaturel. Donc le dragon avait un argument de taille pour lancer une invitation alléchante au roi-sorcier. Il prévit aussi d’autres préliminaires pour les futures discussions avec Ainz, notamment des questions commerciales, afin de passer pour un hôte poli, à ne pas sous-estimer.
Vaishion estimait que même avec l’avantage de la surprise, il serait dans une situation difficile dans un affrontement avec le roi-sorcier. Alors il pensa à un choix infâme pour augmenter ses chances de l’emporter. Il allait commettre un acte inédit et particulièrement repoussant selon les critères de ses semblables. Il orchestrerait une attaque dans le hall de la paix. C’était un endroit vu comme sacré par les dragons. Il existait une tradition selon laquelle personne ne chercha à dégainer son arme, ou porter un coup dans ce lieu. Pourtant il servit à des milliers de négociations difficiles, entre autre avec des ennemis acharnés des non-humains comme la théocratie de Slaine. Le hall aurait été fondé par le plus illustre des dragons que ce monde ait connu. En hommage à son existence ses descendants et ses admirateurs s’arrangèrent pour respecter toujours scrupuleusement la nature de l’endroit.
Vaishion se sentait horrible en songeant à profaner avec de la malfaisance un lieu qu’il considérait comme saint. Cependant il pensait que s’il n’endormait pas au maximum la méfiance d’Ainz, il serait presque garanti qu’il perdrait. D’accord il commettrait un crime grave selon les critères de la race draconique. Toutefois il était nécessaire de circonscrire la plus grande menace de mort et de destruction du monde, le roi-sorcier. Puis Vaishion songea à des paroles d’anciens compagnons, avec qui il mena des aventures épiques. Il réalisa qu’à trop se tourner vers l’avenir, il risquait de gâcher nombre de bons souvenirs. Et puis la mise en place de la démocratie à l’échelle du monde deviendrait beaucoup plus difficile s’il gaspillait trop de crédibilité. Inciter les gens ordinaires à faire confiance à des élus issus du peuple, plutôt que des nobles ou des rois serait un procédé qui allait contre des traditions vielles de plusieurs siècles bien établies et assez populaires. Donc il était nécessaire pour l’initiateur de cette réforme ambitieuse de conserver une réputation la plus positive possible. Alors le dragon platine opta finalement pour inviter dans une ambassade du Consulat Ainz et son escorte.
Il convia le roi-sorcier dans la plus grande salle du palais. Cette pièce était assez grande pour qu’une bête de plus de trois cent mètres de longueur s’y sente à l’aise. La décoration était complexe et raffinée. Les murs, les plafonds et le sol blancs étaient remplis de runes mystiques. Vaishion découvrit il y avait seulement un mois les fonctions de ses symboles écrits, ils empêchaient le recours à la plupart des sorts puissants. Ils ne gênaient pas le recours aux objets magiques, mais un manieur de pouvoirs perdait beaucoup d’avantages en terme de capacités dans un lieu de ce genre. Et c’était loin d’être la seule gâterie que le dragon mit en place. La fonction principale de la salle était un lieu d’exhibition d’articles de collection. Vaishion s’arrangea pour qu’une vingtaine d’objets rarissimes et renommés soient exposés là, dans des couvercles en verre transparent recouvrant des tables en bois précieux de plus ou moins grande taille. L’artefact le plus en vu se trouvait au centre de la pièce, il s’agissait de la boule à sort. Le dragon entendit les pas d’Ainz et de celle qui lui servait d’escorte à elle-seule, le dénommée Albedo. Très bientôt une confrontation déterminante pour l’avenir du monde allait avoir lieu. L’escorte du roi-sorcier se révéla armée d’une hache imposante, et d’une armure noire complète ouvragée.
Vaishion : Bienvenue votre majesté, bienvenue dame Albedo, avant de commencer à discuter commerce, pourquoi ne pas examiner les reliques précieuses et rares de cette pièce.
Le roi-sorcier avait envie de se jeter à corps perdu dans l’examen des artefacts des environs. Toutefois il y avait deux autres personnes pour l’observer. Et il pourrait d’ici peu de temps observer tout son soûl des objets mystiques en étant seul. Il trépignait néanmoins tellement d’impatience, que sa fonction de régulation automatique des émotions fortes s’activa. Cette caractéristique était à la fois une bénédiction, et une malédiction pour Ainz. Elle lui permit de s’habituer plus rapidement au monde dans lequel il se trouvait. En plus elle lui accorda une résistance au mal-être suscité par les complots et les massacres de personnes qu’il causa. Par contre elle lui interdisait les grandes joies et les moments de bonheur intense. Elle demeurait quand même très utile pour surmonter la gêne occasionnée par la dévotion de ses subalternes, par exemple quand Albedo témoignait un amour à tendance obsessionnelle envers le roi-sorcier. Malgré sa retenue forcée des sentiments Ainz ne résista pas à la pulsion de jeter un coup d’œil sur les parages, et de passer plusieurs secondes à contempler la vingtaine d’objets exposés.
Ainz : Votre offre est très tentante, mais les affaires d’abord et le plaisir ensuite.
Vaishion : Très bien alors voici un document sur lequel je voudrais que nous discutions bientôt.
Vaishion était contrarié, il apprit par un espion que le roi-sorcier adorait les reliques. Il ne s’attendait à ce qu’il cède avec passion à l’offre d’admirer les artefacts. A moins qu’Ainz n’ait flairé un piège, et ait voulu prendre un ascendant psychologique. C’était possible mais pourquoi dans ce cas être venu dans cette pièce avec seulement une personne pour l’accompagner. Il y avait quelque chose qui clochait. Le dragon activa alors une capacité spéciale propre à beaucoup de ses congénères, le flair à trésor. Et il ne fut pas déçu, il y avait des outils magiques surpuissants dans les parages. Soit le roi-sorcier était venu préparé avec des contre-mesures concernant le traquenard. Soit il tenait à exhiber sa puissance. Quoiqu’il en soit si la première hypothèse s’avérait exacte, il ne servait à rien de chercher une occasion de frapper. Plus Vaishion attendrait plus il perdrait en avantage. Donc autant passé tout de suite à l’offensive. Il activa l’artefact connu sous le nom de Beauté Envoûtante, une relique capable de contrôler les gens les plus résistants à la magie de manipulation. Surtout que Vaishion améliora notablement les capacités de domination de l’objet. La théocratie de Slaine l’ancien pays propriétaire de cet objet mystique le vendit au plus offrant pour couvrir une partie de son déficit public abyssal. Mais le dragon ne chercha pas à dominer l’esprit d’Ainz plutôt celui d’Albedo qu’il jugeait plus malléable.
Vaishion : Roi-sorcier je vous conseille de vous faire prisonnier, sinon il arrivera malheur à dame Albedo. Je peux lui ordonner de se blesser gravement, voire de se suicider. Et n’espérer pas l’atteindre avec des mots, elle est désormais conditionnée pour n’obéir qu’au son de ma voix.
Ainz : Ce n’est pas un problème, clang cling clong zop zop.
Vaishion : Hein ? Pourquoi dire clang cling clong zop zop ?
Ainz (imite parfaitement la voix de Vaishion) : Albedo attaque le dragon, mais ne le tue pas, contentes toi de le blesser.
Vaishion raidi par la surprise ne réagit pas dans un premier temps face à l’annonce d’Ainz. Il se prit de manière inattendue une attaque de hache qui le blessa gravement au niveau du cou. De plus son désarroi grandit quand il remarqua que le roi-sorcier ne cherchait pas à l’achever, mais qu’il l’attendait tranquillement. C’était totalement incompréhensible. Comment Ainz put imiter si bien la voix de Vaishion sans recourir à un sort ou un objet magique. Le dragon ne comprenait pas du tout ce qui se passait. Il y avait tellement de mystère qui englobait sa situation actuelle, qu’il commençait à paniquer férocement.
Ainz (calme) : Je pourrais vous achever vite fait, bien fait, mais je désire maintenir de bonnes relations avec le Consulat. Donc je vous offre un choix jurer moi de ne plus m’attaquer sournoisement, et je vous pardonnerai l’affaire de votre embuscade, sans demander de compensations au Consulat.
Vaishion se retrouva subjugué par la grandeur du roi-sorcier. Il commit un crime grave en s’attaquant à son invité. Pourtant ce dernier avait assez de mansuétude pour lui pardonner. Devant un tel geste de clémence le dragon se sentit nauséeux devant son ignominie. Il avait l’impression que son désir de démocratie cachait une ambition méchante. Et puis il aurait peut-être été possible de faire progresser les droits du peuple sans piéger Ainz, ou chercher à lui nuire. Quelqu’un d’assez gentil pour pardonner une embuscade particulièrement traîtresse, devrait pouvoir accepter une discussion argumentée. Même si cela signifiait sur le long terme une baisse de ses pouvoirs politiques.
Vaishion avait l’impression d’avoir tout gâché. Désormais il se considérait comme indigne d’occuper un poste politique. Il confia l’avenir du Consulat à d’autres et se retira en passant la majorité de ses journées à dormir, et à chanter les louanges du roi-sorcier. Il y avait une explication simple aux capacités surprenantes du roi-sorcier, il installa une petite boîte au niveau de sa cage thoracique, avec à l’intérieur un ver imitateur. L’animal était dressé pour imiter des phrases entières en fonction de certains sons d’activation. Il pouvait imiter des centaines de voix différentes, et avait un vocabulaire de milliers de phrases. C’était un truc simple, mais c’était très déstabilisant pour un assaillant d’entendre sa propre voix dans une situation de stress.
D’ailleurs Ainz prit d’autres mesures pour se prémunir contre des attaques sournoises. Il savait que ce monde avait des centaines, peut-être des milliers de visions politiques différentes, certaines autoritaires et d’autres altruistes. Toutefois le roi-sorcier avait conduit les partisans des voies de conduite différentes de ses projets à subir de sérieux revers. Tant qu’il occuperait le poste politique suprême à l’échelle planétaire, il serait un obstacle majeur à la réalisation de nombre d’idéologies ou d’idéaux. Alors il savait que même si ses partisans étaient nombreux, ses ennemis étaient aussi légions. Et vu qu’il acquit une réputation très impressionnante dans le domaine du combat frontal, il s’attendait à ce que ses adversaires, même ceux dotés de principes moraux chevaleresques, essayent de fomenter des traquenards contre lui. Il pensait qu’il avait encore beaucoup à apprendre, cependant il progressa bien dans le concept de l’évaluation des forces ennemies. Ainz n’était pas assez naïf pour s’estimer complètement intouchable. Surtout face à des coutumes appelant à un rejet intraitable des morts-vivants comme lui, et au fait qu’il priva beaucoup d’arrivistes et de tyrans locaux ou nationaux de leur liberté, ou leur vie. Cependant ce n’était pas grave s’il fallait des siècles pour concrétiser pleinement ses ambitions. Il était le genre de personne qui appréciait autant le processus global, que le résultat final. Son but ultime d’être le grand égalisateur, d’apporter une véritable égalité aux pauvres comme aux riches, aux hommes comme aux non-humains, en terme de perspectives professionnelles que politiques, valait de prendre son temps. Il était aussi tenté d’accroître la liberté de ses sujets, malheureusement la loyauté presque fanatique de ses proches compliquait affreusement le processus. Ses subordonnés de confiance avaient tellement foi en Ainz, qu’ils refusaient tout procédé de délégation de son autorité. Et comme le roi-sorcier avait pour principe moral de chercher le plus possible le bonheur de ses proches, il n’arrivait pas formuler selon lui de plan convainquant pour diminuer ses responsabilités politiques. Il était contraint d’être un monarque absolu à cause de l’affection de ses subalternes directs. Ce n’était pas forcément ubuesque. La liberté pouvait représenter un lourd fardeau, beaucoup y renoncent volontairement s’ils pensent servir un bon maître.
Les négociations avec le Consulat permirent d’accroître considérablement la renommée et la richesse d’Ainz et de ses sujets. Les diplomates du pays visité se sentaient presque obligés de satisfaire les exigences du roi-sorcier, quand une figure centrale comme Vaishion s’inclinait devant ce monarque. Ce souverain avait eu très peur face au traquenard du dragon. Cependant cet événement négatif ne fit que renforcer son désir de se rapprocher de son idéal de roi excellent.
Fin
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