Chapitre 1 :
La Comlat Corp était une multinationale tentaculaire qui vendait de tout, du crayon à papier au missile. Cependant ses deux spécialités majeures se révélaient le matériel d’espionnage et les armes militaires. L’entreprise concentrait la majorité de ses structures économiques en France, dans la ville de Paris. Le meilleur élément de la Comlat Corp avait pour nom de code Black Fang. Il effectuait diverses missions pas très propres pour son employeur. Il ne reculait devant pratiquement rien pour accomplir avec succès ses objectifs. Il se caractérisait par une efficacité remarquable, car depuis qu’il fut diplômé d’une école d’assassinat, il n’échoua jamais durant une mission. Il était plutôt froid, il s’investissait à fond dans son travail illégal, et négligeait d’avoir une vie sentimentale ou amicale. Durant ces vingt dernières années, il n’eut aucune aventure, pourtant il bénéficiait d’un physique avantageux, d’une grande culture générale, de facultés pour s’exprimer et d’excellents revenus financiers. Néanmoins il ne trouvait pas d’intérêt à avoir de relations amoureuses avec une femme ou un homme. Il disposait de contacts dans le milieu du crime, mais il s’agissait surtout de partenaires d’affaire.
Il respectait scrupuleusement ses engagements, et tenait systématiquement sa parole, cependant il ne se révélait pas toujours très aimable. Il savait se montrer poli avec certains supérieurs hiérarchiques, mais par moment il réagissait avec insolence, en particulier avec les chefs qu’il trouvait incompétents. Heureusement pour lui sa très grande efficacité, et des soutiens hauts placés le protégeaient. Néanmoins il possédait des ennemis acharnés très déterminés à vouloir sa perte. Parmi les plus engagés dans un processus de nuisance contre Black figurait le sous-directeur Thomas Rattus qui rêvait souvent de l’humilier gravement. Il donna rendez-vous à Fang dans son bureau.
Bien que l’endroit serve de sombres complots, il ne contenait pas une décoration particulièrement originale. Il y avait un joli bureau marron en bois massif, un fauteuil confortable et des armoires en métal servant à ranger des dossiers dans un langage codé. Le seul bien non lié complètement au travail était un globe terrestre reposant sur un joli socle en verre. Cette représentation de la planète Terre possédait une légère fantaisie, les noms de pays dessus n’étaient pas imprimés mais calligraphiés. Un des passe-temps de Rattus consistait à agrémenter des cartes avec une jolie écriture. Il avait un nouveau travail illégal pour Black Fang, consistant à nuire à une figure très célèbre du monde syndical.
Rattus : Black Fang, j’ai une nouvelle mission pour vous. Elle consistera à injecter un produit spécial dans le corps de Guillaume Igor le syndicaliste.
Black : Monsieur Rattus quelles sont les propriétés du produit ?
Rattus : Le produit a pour effet de modifier le comportement pendant deux à trois mois, il devrait ôter toute crédibilité au syndicaliste.
Black : Si Igor est gênant pourquoi ne pas simplement le faire tuer ?
Rattus : Un ennemi qui devient ridicule peut être utile, tandis que les martyrs sont des éléments très gênants.
Black : J’ai entendu dire qu’une nouvelle combinaison de camouflage optique avait été mise au point par le département recherche. Pourrais-je essayer durant ma mission la combinaison ?
Rattus : Il reste des détails à régler avant que la combinaison ne soit utilisable sur le terrain. Autrement j’ai une question. Pourquoi avez-vous choisi le nom de code Black Fang ?
Black : C’est la traduction anglaise du prénom Croc noir, il s’agit d’un mentor à moi, qui m’a appris beaucoup dans le domaine des arts martiaux.
Rattus : Ah bon, je croyais qu’on vous avait surnommé Black Fang à cause de votre hygiène dentaire douteuse.
Black : La capacité de votre blague à faire rire était à l’image de vos cheveux monsieur le sous-directeur, c’est à dire pratiquement inexistante, il est temps que je parte.
Rattus ravala une réplique cinglante, par contre il pensa qu’il chercherait plus activement que jamais un bon prétexte pour saquer son interlocuteur. Il espérait bientôt avoir de quoi bien embêter Black tout en respectant les usages de l’entreprise. Il répliquait souvent face aux gens sarcastiques avec lui, mais il jugeait préférable de bien préparer son coup. Donc il opta cette fois pour le silence suite à la remarque sur ses cheveux.
Fang était un fan des gadgets sophistiqués, il aimait beaucoup investir dans un équipement de haute technologie. Deux des raisons qui le poussèrent à travailler pour la multinationale Comlat Corp s’avérait sa grande avance scientifique dans le matériel militaire, ainsi que sa philosophie particulièrement féroce. En effet dans cette entreprise privée les problèmes comme les opposants politiques et les syndicalistes revendicatifs se réglaient de manière sanglante. Les chefs de la multinationale se caractérisaient par un comportement souvent impitoyable. Ils réglaient peu souvent par la négociation leurs tracas, ils préféraient agir de manière directe et percutante. Tant pis s’il y avait de nombreuses victimes au passage, un meurtre ou même le massacre de milliers de personnes ne les dérangeaient pas, du moment que l’action illégale était effectuée avec discrétion et efficacité.
Dans le milieu des affaires, certains redoutaient avec effroi de subir la répression de la Comlat Corp, car ses ennemis les plus francs finissaient généralement en tant que cadavres, fous, prisonniers pour une très longue peine, ou personnes complètement discréditées. Black appréciait les agissements particulièrement offensifs et destructeurs de l’entreprise. Il considérait comme une organisation particulièrement intéressante la multinationale qui lui permettait de satisfaire ses fantasmes morbides, notamment sa soif de sang, tout en bénéficiant d’un salaire très confortable. Même si au fil du temps il développait une mentalité de tueur professionnel, il perdait progressivement son envie de tuer pour le plaisir. Au sein de la Comlat Corp il existait quelques personnes qui refusaient d’appeler Black Fang par son nom de code, et préférait le dénommer par son véritable prénom Yuri.
C’était le cas d’Alexandra Banks, une jolie blonde d’un mètre soixante. Elle était une assistante d’opération, une personne qui fournissait des armes et de l’équipement aux tueurs. De temps à autre elle usait de compétences en cambriolage, ou en piratage informatique pour augmenter les chances de réussite de Black. Elle était un des meilleurs hackers de la planète. Elle avait un superbe palmarès pour neutraliser les systèmes de sécurité. Par contre ce n’était pas à elle d’ôter la vie des cibles, sauf cas très particulier. Actuellement elle attendait Fang dans une salle dévolue au stockage du matériel. Sur tel mur blanc se trouvait des fioles de poison, sur un autre des kits de crochetage, et il y avait aussi des armes très variées, allant du couteau de guerre à la mitrailleuse lourde.
Black : Alors Banks qu’as-tu comme matériel à me proposer pour ma mission actuelle ?
Alexandra : Yuri, voilà un pistolet béretta, muni d’un silencieux et de trois chargeurs, ainsi qu’un pistolet taser à longue portée. Il peut toucher à plus de cinquante mètres une cible tout en l’assommant. Enfin tu as le droit à une petite bonbonne de gaz soporifique. Il est recommandé de n’utiliser le béretta qu’en dernière extrémité.
Black : Vu la facilité de ma mission, il y a très peu de risques que j’attire l’attention.
Alexandra : Tu as intérêt, le sous-directeur n’a pas du tout apprécié que tu ais tué dix personnes au lieu d’une lors de la dernière mission.
Black : Ce n’était pas de ma faute si la cible avait eu le droit à une visite imprévue de la part de plusieurs de ses amis.
Alexandra : Je sais que tu as géré admirablement une situation critique, mais d’un autre côté tu aurais pu te contenter d’assommer les importuns avec ton pistolet neutralisant, au lieu d’employer un pistolet à balle létales qui a tué tous les importuns.
Black : Je n’aime pas laisser derrière moi des témoins, même s’ils savent très peu de choses, les morts ne parlent pas.
Alexandra : Dix morts au lieu d’un dans le même endroit, cela attire franchement l’attention des médias. Or tu sais que le sous-directeur est très attaché au concept de confidentialité.
Black : Je sais mais bon, je n’ai pas très envie de faire plaisir à un sale imbécile comme Rattus.
Alexandra : Tu joues un jeu dangereux Yuri, ceux qui déplaisent à Rattus n’ont pas une longue durée de vie.
Black : J’agis comme je l’entends avec Rattus. Dis-moi plutôt si je peux profiter de nouvelles mises à jour de mon matériel cybernétique.
Alexandra : Le laboratoire peut renforcer la puissance de tes bras mécaniques, afin de te donner la capacité de casser des murs de brique. Evidemment si tu t’attaques à un mur en granit ou un autre matériau très solide, tu n’obtiendras pas grand-chose.
Black : C’est intéressant, des bras casseurs de murs. Autrement tu as des informations de dernière minute avant que je ne parte à la chasse au syndicaliste ?
Alexandra : Ta cible vient d’embaucher depuis peu un garde du corps. Le protecteur du syndicaliste est réputé pour son savoir-faire. Il a déjoué des dizaines de tentatives d’assassinats.
Black : Suis-je autorisé à tuer le garde du corps ?
Alexandra : Si tu veux, mais il te faudra le faire discrètement.
Black : Je voudrais un plan du domicile d’Igor le syndicaliste.
Alexandra : Je t’envoie tout de suite un e-mail avec ce que tu demandes, plus d’autres informations.
Black : Parfait j’ai tout ce qu’il me faut, Igor va recevoir d’ici moins d’une semaine une petite piqure spéciale. Au revoir Banks.
Alexandra : Au revoir Yuri.
Bien que le palmarès de Black Fang soit particulièrement élogieux, cela n’empêchait pas l’existence de rivaux décidés à le détrôner au sein de la Comlat Corp. Mike Anders faisait partie des gens qui se dévouaient avec beaucoup de zèle pour tenter de rafler la place de meilleur assassin à Black. D’ailleurs Mike comprenait parfois difficilement comment il n’arrivait pas à décrocher la première place. Il s’entraînait sans relâche, il suivait un programme sportif très complet pour maximiser son potentiel physique. Il se montrait très cordial avec ses supérieurs, ses partenaires et ses subordonnés. Il entretenait avec amour son équipement. Il bénéficiait de solides relations dans le milieu des tueurs à gages. Il prit des risques forts pour améliorer mécaniquement son corps au moyen d’implants. Il demanda à ce que des machines très complexes lui soient greffées pour accroître son potentiel guerrier. Il étudiait d’arrache-pied la stratégie, les langues, et d’autres domaines pour disposer d’un vaste panel de connaissances utiles pour l’infiltration, et la mise à mort.
Anders s’illustra dans des contextes très difficiles, par exemple en parvenant à assassiner des chefs d’état très protégés par la police, et des sociétés de sécurité. Bref il faisait des efforts monumentaux pour parvenir à devenir la principale légende du siècle chez les assassins professionnels. Pourtant malgré des états de service très brillants, il n’arrivait pas à la cheville de la renommée de Black qui se révélait connu au niveau mondial par la plupart des meurtriers qui tuaient pour de l’argent, tandis qu’Anders devait se cantonner à une bonne réputation européenne. Il admettait que la force de volonté de Black était impressionnante, mais il considérait ce facteur comme insuffisant pour expliquer la supériorité de son rival.
D’ailleurs il rendit une petite visite dans le bureau de Fang afin d’exposer sa nouvelle arme. Le lieu regorgeait de couteaux en tout genre, mais aussi de pistolets. Il y avait bien une table, une chaise, un ordinateur, des feuilles de papier et quelques stylos, mais il se trouvait bien d’avantage d’outils de mort que de matériel de bureautique.
Black : Bonjour Anders, que me veux-tu ?
Mike (joyeux) : Je voudrais que tu admires la petite merveille que j’ai acquise, un pistolet magnum supérieur à balles anti-blindage.
Black : Ton flingue a des effets spectaculaires, mais question discrétion il y a mieux, son long canon le rend plus difficile à dissimuler qu’un béretta. De plus il est affreusement cher.
Mike : C’est vrai que mon magnum a quelques défauts, mais ses nombreuses qualités valent que l’on investisse dedans. Grâce à mon pistolet je peux transpercer la majorité des blindages à coup de balle.
Black : En situation de combat le nombre de balles que peut contenir ton arme à feu est un élément primordial, or ton magnum supérieur ne contient que six balles comme les vieux six coups du dix-neuvième siècle.
Mike : Avec une balle de magnum supérieur tu peux tuer deux voire trois personnes par balle, si jamais tes ennemis se suivent de près.
Black : Bon on ne va pas débattre pendant dix ans sur le bien-fondé d’un achat idiot. Je dois y aller.
Mike (enthousiaste) : Attends deux minutes Yuri, je voudrais une revanche pour le tir de cibles en carton. J’ai fait de gros progrès en deux mois.
Black : Peut-être, mais je n’ai pas envie de participer à un nouveau défi contre toi.
Mike : Si tu gagnes je te donnerai deux mille euros.
Black : La réponse est toujours non, et puis je n’aime pas les victoires faciles.
Mike : Tu es très sûr de toi, je reconnais que tu es compétent en tant que tireur, mais je suis capable de rivaliser avec toi.
Black : Je me suis clairement ennuyé la dernière fois que je t’ai affronté au tir, tu étais franchement dépassé par moi. Alors je n’ai pas l’intention de renouveler avant longtemps de défi de tir à la cible avec toi. J’ai assez perdu de temps à bavarder, j’ai une tâche importante à accomplir.
Les assassins de la Comlat Corp comme Black Fang n’utilisaient pas de téléphone portable pour communiquer lors d’une mission. À la place ils recouraient à des puces radios, des appareils greffés au niveau des oreilles, qui faisaient partie intégrante du corps des agents d’élite de la multinationale. Ils garantissaient un haut niveau de discrétion, vu qu’une fouille corporelle même poussée ne permettait pas de les détecter. Les puces pesaient moins d’un centième de gramme, et mesuraient une taille inférieure à un millimètre. De plus les appareils à rayons x et les détecteurs n’arrivaient pas à les déceler. Elles étaient faites dans un matériau spécial entre le métal et le plastique, elles pouvaient émettre et recevoir des messages sur des centaines de fréquences différentes. Il suffisait de chuchoter un mot ou un nombre particulier pour engager une conversation avec quelqu’un se trouvant à des milliers de kilomètres grâce aux puces.
Ces appareils étaient conçus pour résister au froid, à la chaleur, l’humidité et beaucoup d’autres conditions défavorables. Même le froid polaire ou la chaleur du Sahara ne les détérioraient pas. Ils arrivaient à envoyer des signaux même quand leur possesseur se trouvait à plus d’un kilomètre sous terre, dans une mine très profonde. Quelques personnes au sein de la multinationale murmuraient que les puces avaient aussi une fonction d’outils d’espionnage, qu’elles aidaient à déterminer la position, et les paroles des agents peu importe l’endroit. Black Fang croyait dans les rumeurs sur le rôle de mouchard de sa puce. Alors il demanda à quelqu’un de la bricoler pour que l’appareil ne soit pas une mauvaise surprise, si un jour il faudrait se retourner contre ses employeurs.
Fang attendait dans un parc municipal près du domicile de sa cible actuelle. Il y avait de l’herbe autour de lui et par ci par là un chêne ou un frêne en mauvaise santé, rempli de feuilles qui blanchissaient. Il était assis sur un banc de métal noir. Il n’y avait personne à part lui dans le parc, presque complètement désert à cause de l’heure tardive. Le crépuscule avançait, encore un peu et il laisserait place à une nuit noire sans étoiles visibles à cause du ciel plutôt couvert. Black communiquait sur une longue distance avec Alexandra qui opérait depuis un bureau de la Comlat Corp.
Black : Banks où en es-tu du piratage du système de sécurité d’Igor le syndicaliste ?
Alexandra : Il est presque terminé, donne-moi encore trente secondes.
Black : Tu sais, je t’ai connu plus rapide.
Alexandra : Je ne suis pas très en forme, je dors mal en ce moment, bien que je prenne des somnifères. Tu veux savoir la raison de mes soucis ?
Black : Non je n’ai pas envie, on n’est pas là pour converser sur tes problèmes de vie, mais pour effectuer un travail efficace.
Alexandra : Voilà votre majesté, j’ai fini, la caméra d’Igor ne fonctionne plus, et son alarme est hors-service. Il ne reste plus qu’à crocheter les portes de la maison d’Igor, et à injecter le produit spécial au syndicaliste pour que la mission soit un succès.
Black : Parfait transmission terminée.
Igor le syndicaliste disposait d’une très grande et luxueuse demeure. Il ne devait pas son habitation à son travail, ou une marque de mérite personnel. Il gagnait beaucoup d’argent grâce à son manque de scrupules. Il était à la tête du principal syndicat de travailleurs européens, et il aidait les multinationales comme la Comlat Corp à abaisser vers le bas les conditions sociales des salariés. Igor servait de témoin de complaisance, et de soutien pour la mise en place de contournement de lois et de normes. Quand il recevait une grosse somme, il était prêt à jurer des choses assez osées. Heureusement son manque de moralité s’accompagnait d’une excellente éloquence, et il bénéficiait du soutien d’experts pour déformer la vérité.
Ainsi le syndicaliste put négocier l’établissement de la semaine de quarante-deux heures de travail en France, une baisse considérable des allocations chômage en Allemagne, et un durcissement sévère du traitement des employés agricoles en Espagne. Igor reçut très souvent un coup de pouce de la part de la Comlat Corp. Il serait sans doute resté juste le représentant local des balayeurs de la ville de Rennes sans l’influence de la multinationale.
Problème il développa un gros complexe de supériorité, il s’imaginait jouer désormais un rôle indispensable. Il ne se voyait pas comme un pantin remplaçable, mais un élément primordial. Résultat il énerva plusieurs cadres supérieurs qui décidèrent d’organiser des représailles contre lui. Il échappa de peu à une proclamation de mise à mort, le sous-directeur Rattus convainquit suffisamment de monde pour limiter la vengeance contre Igor à une atteinte à sa réputation. Il argua que ce serait plus efficace pour les pions de la multinationale de savoir que non seulement ils risquent la mort, mais que leur statut personnel était facile à perdre, que leur déchéance sociale constituait un événement simple à provoquer. Rattus avait l’intention de demander à un artiste de diffuser sur internet une chanson codée qui vanterait le sort triste d’Igor auprès des sbires de la multinationale. Toutefois il fallait déjà que Fang réussisse sa mission actuelle.
Black s’introduisit relativement facilement dans la chambre de sa cible, un endroit plein de posters de stars du cinéma. Il n’eut pas de mal à crocheter plusieurs portes fermées et à entrer dans la demeure de sa proie. Il n’aurait pas été contre un peu plus d’action, mais il était quand même content d’ajouter bientôt une mission réussite à son palmarès d’après les apparences. Surtout que Fang reçut un gros coup de pouce involontaire de la part d’Igor. Ce dernier licencia il y a moins d’une heure son garde du corps suite à une grosse dispute. Donc la cible était actuellement seule à son domicile. Black ignorait ce retournement de situation, néanmoins la difficulté de sa tâche était désormais abaissée d’un cran.
Black (murmure) : Igor et son garde du corps doivent dormir comme des bienheureux, maintenant.
Igor : Surprise, haut les mains où je vous tue avec mon pistolet, non en fait vous allez mourir quoique vous fassiez.
Black : J’ai une question pourquoi ne dormez-vous pas ? Le gaz Hypnos est réputé pour être très efficace.
Igor : J’ai pris de l’anti-morphée, ce produit contre les effets du gaz Hypnos. Je vous accorde une minute pour faire une prière, si vous me dites tout ce que vous savez sur votre employeur.
Black : Très bien, mon commanditaire est, une fléchette file sur l’épaule d’Igor, et le syndicaliste est désarmé.
Igor : Argh, maudit, avec quoi m’as-tu blessé ?
Black : Un lance-fléchette miniature, fixé au poignet. Bon il est temps de dormir Igor.
Igor chercha à se débattre, il essaya de résister de toutes ses forces à l’emprise de son agresseur. Il estima qu’en usant de toutes son potentiel physique, que son adversaire d’apparence chétive ne devrait pas être capable de l’étrangler. Malheureusement le syndicaliste sous-estimait grandement Black Fang qui ne possédait certes pas une musculature très apparente, mais d’un autre côté bénéficiait de bras artificiels conférant une force surhumaine. Il pouvait soulever des haltères de huit cent kilos plusieurs dizaines de fois de suite dans la même heure. De plus Igor perdit du répondant à cause de sa blessure certes non grave, mais quand même douloureuse. En prime Black enduisait d’une substance paralysante ses fléchettes, vu qu’il visa une personne lourde de plus cent kilos et plutôt résistante, l’engourdissement chez le syndicaliste se révélait plus lent que d’habitude, mais il opérait quand même partiellement.
Pour arranger les choses, Black était un spécialiste de l’étranglement et des clés de bras. Il connaissait l’art et la manière d’immobiliser des personnes souples, agiles et fortes, sans ressentir de difficultés particulières. Ainsi Igor malgré la certitude qu’il triompherait finit par sombrer dans l’inconscience. Il jugeait sincèrement comme impossible de recevoir une visite hostile de la part du personnel de la Comlat Corp. Il estimait qu’il était destiné à être couvert d’honneurs, à finir à la tête d’un poste politique très prestigieux, du genre président de l’Union européenne. Qu’il deviendrait un exemple historique, un homme cité de nombreuses fois dans les livres d’histoire. Pourtant il reçut l’ingestion par l’intermédiaire d’une seringue d’une drogue spéciale qui lui donnerait un comportement excentrique et querelleur, tout en l’incitant à insulter facilement les gens.
Trois minutes plus tard, Black et Yuri entamèrent une discussion dans le parc près du domicile d’Igor.
Alexandra : As-tu réussi à t’occuper du syndicaliste, Yuri ?
Black : Oui, même si la cible s’est plus défendue que prévu.
Alexandra : Que veux-tu dire ?
Black : Le gaz soporifique Hypnos n’a eu aucun effet sur Igor, alors il m’a menacé avec une arme.
Alexandra : Une dose légère d’Hypnos pourrait endormir un éléphant. Comment Igor a-t-il pu éviter le sommeil ?
Black : Grâce à de l’anti-morphée.
Alexandra : L’anti-morphée est pourtant un produit secret de la Comlat Corp.
Black : Il n’est pas étonnant que des traîtres agissent au sein de la Comlat Corp, étant donné qu’elle compte plus de deux millions de salariés, dont certains très mal payés.
Alexandra : Si tu te demandes pourquoi le garde du corps de la cible n’est pas intervenu, la réponse est simple, Igor l’a viré il y a très peu de temps. Tu veux savoir pourquoi ?
Black : Je m’en fiche, il est temps pour moi d’annoncer la réussite de ma mission au sous-directeur Rattus.
Rattus le cadre supérieur était content, non seulement à cause du travail impeccable de Black Fang, mais aussi parce que son projet spécial le plus chronophage en temps, en ressources financières et en cobayes humains était en train de porter ses fruits. Il mobilisa un gros budget, il joua sa réputation, il dut batailler sévèrement avec d’autres personnes pour défendre son projet. Toutefois des années de travail acharné allaient vraisemblablement déboucher sur une belle promotion. Des études très poussées, des milliers de tests et d’autres procédures longues et fatigantes se révélèrent nécessaires pour aboutir aux résultats actuels.
Tout n’était pas fini, il restait des obstacles à franchir avant d’espérer concrétiser le projet, le transformer en une réalité impossible à contester. Néanmoins le cadre était sûr que bientôt il serait promu à un poste très prestigieux. Que ses efforts lui vaudraient la fonction de vice-président de la Comlat Corp. Qu’il évoluerait tôt ou tard comme le numéro deux de la multinationale. Il susciterait de nombreuses jalousies, mais il s’en moquait. Il vivait pour le pouvoir, il désirait ardemment officier dans les plus hautes sphères économiques et politiques.
Il rêvait presque tous les jours de se changer en un décideur vis-à-vis duquel les chefs d’état quémandaient des faveurs, se comportaient presque servilement pour obtenir des appuis. Rattus visait haut, mais il considérait que ses ambitions s’avéraient pleinement justifiées, qu’il obtiendrait ce qu’il voulait, s’il ne se décourageait pas. Bien sûr des envieux oseraient tôt ou tard se dresser, mais le cadre prévit le coup. Il rassemblait des informations pour assurer ses arrières. Il corrompait des employés pour connaître les secrets compromettants de ses rivaux.
Comlat le président et leader suprême de la multinationale pour laquelle travaillait Rattus, vint voir son subordonné dans un laboratoire assez glauque selon les critères humains. Il y avait des ordinateurs et du matériel médical, notamment des seringues et des scanners, et surtout des hommes et des femmes attachés à des tables grises en métal, par des entraves en acier. Les malheureux fréquemment nus, avaient sur la tête ce qui ressemblait à un casque de moto mais bourrées de fils électriques reliés à des ordinateurs modernes.
Comlat : Quel est l’avancement du projet marionnettes, monsieur Rattus ?
Rattus : Il est en voie d’être achevé, monsieur Comlat. Pour les tests ultimes, il me faudrait dix cobayes, de préférence non volontaires et avec une forte volonté.
Comlat : Très bien je vous fournirais des sans-abris réputés pour leur force de caractère.
Rattus : Merci beaucoup monsieur Comlat, autrement j’aurais une requête personnelle, j’aimerais que l’agent Black Fang soit inclus dans les cobayes.
Comlat : Hors de question, Black Fang est un très bon élément, il est un peu froid, mais c’est un excellent agent de terrain.
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