Chapitre 6 :
Rattus le sous-directeur qui désirait plus que tout nuire à Black Fang l’agent, décida de voir monsieur Comlat le président. Il planifia une série de mesures disciplinaires. Il espérait que Black finirait cobaye dans les expériences de laboratoire effroyables du projet marionnettes. En effet le taux de survie des tests se révélait haut, mais les sujets vivaient des tourments particulièrement éprouvants. Même le plus déterminé des hommes pouvait supplier ou avoir l’esprit brisé, après une heure de protocole du projet marionnettes.
Puis Rattus changea d’avis, un ennemi qui devenait rapidement une loque ne lui convenait pas. Il voulait organiser une déchéance progressive chez Fang. Alors il commencerait par muter sa victime dans un service où il n’aurait absolument aucune gloire. Ainsi Black trimerait dur pour peu de reconnaissance et un salaire misérable. Il enverrait l’agent œuvrer en tant que faiseur de café, sa seule et unique tâche consisterait à préparer des tasses de liquide noir. Les milliers de secrétaires qui travaillaient dans le siège social principal de la Comlat Corp tenaient à boire des boissons préparées par des cafetières, et non des distributeurs automatiques. Pour gagner du temps, et garantir d’avoir autre chose que du jeu de chaussette, le poste de faiseur de café fut créé.
Il s’agissait cependant de la fonction la moins considérée au sein de la multinationale. Seuls des travailleurs coupables de fautes se trouvaient assignés à cette tâche. Personne de volontaire ne postulait généralement pour ce poste. Il fallait cependant que Rattus présente des arguments très solides afin d’obtenir satisfaction. En effet le président aimait bien Black, et avait tendance à souvent le protéger.
Mais le sous-directeur tenait à relever le défi. Il pénétra dans le bureau du président avec une bonne dose de confiance dans sa réussite.
Rattus : Monsieur Comlat, je soupçonne Black Fang d’être un voleur, qui sème la zizanie au sein de votre entreprise.
Comlat : Qu’est-ce que déroberait Black ?
Rattus : Des agrafes, j’accuse Black de m’avoir subtilisé deux agrafes.
Comlat (décontenancé) : C’est une plaisanterie ?
Rattus : Pas du tout, je suis sérieux, j’affirme que Black vole de temps à autre des agrafes.
Comlat (hésite entre rire ou hurler de colère) : Je vois mal Black se livrer à un larcin minable tel qu’un vol de fournitures de bureau. Et même si c’est le cas, il faudra qu’il fasse quelque chose de beaucoup plus nuisible à ma société pour que je le sanctionne.
Rattus : Black est au courant pour la fraude sur les primes de certains salariés. Il faut le faire taire, avant qu’il ne révèle à d’autres personnes ce qu’il sait.
Comlat : Ce n’est pas nécessaire, si les primes de Black ne sont plus rognées, qu’on lui désigne un bouc émissaire, et qu’on tue celui ou celle qui enquête pour Black, Yuri ne devrait plus s’intéresser à l’affaire de fraude.
Rattus : Je crois que Black n’est plus un élément loyal de l’entreprise, il pourrait nous trahir d’ici quelques mois, voire semaines.
Comlat : Vous êtes très remonté contre Black, je suis certain que vous le haïssez. Sans preuves solides de votre part je refuse de d’admettre que vous ayez raison.
Rattus : Je suis prêt à parier ma place, que Black est un traître en puissance. Si vous me laissez mettre en place un test de loyauté, je suis sûr que Black montrera sa duplicité.
Comlat (las) : Entendu je vous laisse carte blanche, mais souvenez-vous, si Black se montre fidèle à la Comlat Corp, vous serez au chômage.
Mike Anders était amoureux d’Alexandra Banks, toutefois il n’osait pas se déclarer. Il tuait sans remords des gens contre de l’argent, mais il ne parvenait pas à déclarer ses sentiments à sa bien-aimée. Il s’entraîna des dizaines de fois devant le miroir pour parfaire ses paroles quand il annoncerait sa flamme. Il lut plusieurs livres sur les rapports amoureux afin de trouver un moyen de vaincre sa timidité. Cependant il bloquait à chaque fois qu’il devait annoncer son envie de former un couple. Pour Alexandra, il était prêt à beaucoup de choses comme par exemple trahir la Comlat Corp, à raccrocher le métier de tueur, à occuper un emploi ennuyeux ayant une paie misérable.
En effet Mike était raide dingue, il pensait tous les jours à Banks. Il se mit à choisir la Comlat Corp dans le but d’avoir une chance de se rapprocher d’Alexandra. Pendant un temps il se dit que ce serait bien de se contenter de l’observer, d’être seulement un ami, puis ses sentiments s’amplifièrent. Malheureusement Anders n’arrivait pas à communiquer sa passion. Chaque fois qu’il essayait d’éclairer sa bien-aimée sur l’adoration vis-à-vis d’elle, Mike se bloquait, il ne réussissait plus à prononcer un mot. Il faisait pourtant de très gros efforts pour surmonter ses blocages émotionnels. Mais la peur d’être rejeté conditionnait en partie l’esprit d’Anders, son angoisse produisait des effets puissants sur sa capacité à s’exprimer.
Il peinait depuis des années à former les mots qui clarifieraient son envie de sortir avec elle, en présence d’Alexandra. Néanmoins Mike découvrait petit à petit qu’il perdait progressivement de la gêne, qu’il réussissait de mieux en mieux à garder les idées claires à cause de la jalousie.
Il rendit d’ailleurs une visite dans le bureau d’Alexandra afin de clarifier un point litigieux selon lui.
Mike (essaie mal de cacher son ressentiment) : Je te trouve terriblement patiente avec Yuri, formez-vous un couple tous les deux ?
Alexandra : Nous ne sommes pas amants Yuri et moi, toutefois nous partageons un lien profond.
Mike : Quelle est la nature exacte de votre lien ?
Alexandra : C’est un secret, tu es un ami cher, mais je ne me sens pas encore prête à te révéler l’information sur ce qui me relie à Yuri.
Mike : Ton secret semble être un grand poids, si tu te confiais à moi, tu pourrais te sentir mieux. Mike entend un bip discret. Je t’ai emprunté quelque chose Alexandra, j’aimerai te le rendre, voudrais-tu venir dans mon bureau ?
Alexandra : Si tu veux, allons-y.
Une fois que Mike se fut assuré quelques secondes plus tard que le couloir ne contenait que lui et Alexandra, Anders prit la parole.
Mike : J’ai à te dire quelque chose de préoccupant, il vaut mieux aller sur le toit pour discuter.
Alexandra : Tu m’inquiètes Mike. Que se passe t-il ?
Mike : Grimpe d’abord, puis nous causerons une fois sur le toit.
Ainsi Mike et son amie se déplacèrent au sommet de l’immeuble de cent étages de la Comlat Corp. La vue était magnifique et apportait la possibilité de scruter sur des kilomètres de distance. Il était possible de voir une forêt de chênes à l’ouest, et d’autres bâtiments de plusieurs étages dans les autres directions.
Alexandra : Que veux-tu me dire de si important et angoissant, qu’il faille que nous soyons isolés tous les deux ?
Mike : D’abord laisses-moi s’il te plaît, analyser les environs, avec mon détecteur de micros et de caméras. Apparemment il n’y a pas d’appareils de surveillance dans les environs, donc nous pouvons parler librement.
Alexandra : Je ne comprends pas ton manège Mike.
Mike : Il y a une caméra dans ton bureau Alexandra, quelqu’un dans la Comlat Corp t’espionne.
Alexandra : Il y aurait-il moyen de savoir depuis combien de temps la caméra est installée dans mon bureau ?
Mike : Peut-être qu’en recourant à des examens scientifiques poussés, ce serait possible, mais d’un autre côté cela risquerait d’alerter celui qui te surveille.
Alexandra : C’est bizarre, je scanne tous les jours mon bureau avec un détecteur de caméras et de micros, pourtant mon appareil n’a rien repéré.
Mike : Il y a une course à l’innovation entre les fabricants de caméras et de micros, et ceux de détecteurs d’appareils de surveillance. Généralement ce sont les inventeurs de micros et de caméras qui ont une longueur d’avance. Ainsi mon détecteur devrait être obsolète d’ici quelques semaines vis-à-vis de modèles récents.
Alexandra : Mike je te demande de veiller sur Yuri, s’il te plaît promets-moi de t’arranger pour qu’il reste vivant.
Mike (angoissé) : Qu’est-ce que cela veut dire Alexandra ?
Alexandra : J’ai mené une enquête sur des cadres de la Comlat Corp. Si la caméra me filme depuis plus d’une semaine, je suis une femme morte si je ne mets pas le plus de distance possible entre moi et la Comlat Corp. Il faut peut-être même que je parte tout de suite afin de maximiser mes chances de survie.
Mike : À ta place j’éviterai d’agir de manière précipitée, je finirai ma journée de travail comme si de rien n’était. Si tu es agitée, tu donneras l’éveil à tes ennemis.
Alexandra : Tu as raison Mike, autrement jures moi s’il te plaît de faire tout ce qui est en ton pouvoir pour que Yuri ait une longue vie.
Mike (réticent) : Très bien, je promets solennellement de faire tout mon possible pour que Yuri vive vieux.
Alexandra : Merci Mike, j’ai une lourde dette d’honneur à ton égard maintenant.
Mike : Puisque tu admets que tu me dois beaucoup, j’aimerai un acompte s’il te plaît.
Alexandra : De quel genre ?
Mike : Je veux que tu m’autorises à te déposer un baiser sur la main.
Alexandra : Si tu veux Mike.
Mike Anders se révélait profondément heureux. Il réalisa un fantasme à l’égard d’Alexandra Banks en l’embrassant sur la main. Néanmoins il voulait nettement plus, il espérait pouvoir satisfaire une étape supérieure d’ici moins d’un mois. Le nouveau palier qu’il désirait franchir serait un baiser dans le cou. Mike semblait manquer d’audace, il risquait de mourir pour rendre service à Alexandra, ou du moins s’attirer de gros ennuis, et il demandait des choses peu relevées. Par contre de son point de vue, il s’agissait d’actes franchement courageux. En effet Anders perdait pratiquement toute maîtrise de soi quand il voulait demander quelque chose en rapport avec l’amour à sa bien-aimée. Il bafouillait terriblement, il rougissait comme une pivoine, il peinait à aligner des pensées cohérentes.
Mais son enthousiasme finit par s’évanouir. En protégeant Black Fang l’agent il jugeait entretenir le principal obstacle à son idylle amoureuse. Il se demandait s’il n’aurait pas dû refuser d’assurer le rôle de soutien à Black, surtout que de puissantes personnes semblaient vouloir la peau de Fang. Puis Mike se dit qu’il était possible de concilier ses intérêts sentimentaux tout en nuisant à l’agent. En effet rien n’interdisait de faire semblant, de donner l’impression de se soucier de la santé de Black, tout en élaborant un piège destiné à l’envoyer dans l’au-delà.
C’était très machiavélique, toutefois Mike considérait que pour conquérir le cœur d’Alexandra, il devait tout tenter, même d’affreuses ignominies. Bien sûr il faudrait bien préparer l’affaire pour que la trahison à l’égard de Fang ne soit pas détectée, mais Anders n’était pas non plus à sa première traîtrise. Avant d’intégrer les rangs de la Comlat Corp, il pigeonna diverses fois ses employeurs. Néanmoins Anders se disait aussi qu’il perdrait le respect de sa bien-aimée, s’il était découvert en train de comploter contre Fang. Donc il hésitait vraiment à adopter une résolution sûre par rapport à Black. Mike ne déterminait pas s’il devait l’aider vraiment ou lui nuire.
Quelques heures plus tard Rattus depuis son bureau, donna des consignes mettant furieusement à l’épreuve la loyauté de Black. Fang qui observait son interlocuteur en face à face avait du mal à garder son calme.
Rattus : Black Fang j’avais raison vis-à-vis de votre mentor Croc noir quand je disais qu’il était un minable, vu qu’il a vendu des secrets de la Comlat Corp à des concurrents.
Black : Quelles preuves disposez-vous pour appuyer vos accusations ?
Rattus : Le train de vie de Croc s’est amélioré du jour au lendemain, sans raison apparente.
Black : Mon mentor a pu gagner à la loterie ou recevoir un gros héritage, ou réussir des placements financiers très juteux.
Rattus : Croc n’est pas réputé pour aimer les jeux de hasard, son entourage à part vous est plutôt pauvre, et son seul investissement est un petit pécule dans un compte épargne à 2% d’intérêt annuel.
Black : Les gens changent avec le temps, si vous vous appuyez sur de vieilles informations, elles peuvent s’avérer obsolètes.
Rattus : Le dernier rapport sur Croc date de moins d’un mois, et son cas a été très minutieusement étudié. Il n’y aucun doute possible sur le fait que Croc soit un traître.
Black : Des preuves peuvent avoir une apparence convaincante, mais aucunement refléter la vérité.
Rattus : Certes, mais j’ai pris une multitude de précautions, pour garantir la véracité des informations que je collectais sur Croc.
Black : Je voudrai parler à l’enquêteur principal chargé de surveiller Croc noir.
Rattus (jubile) : Vous pourrez, mais il y a des formalités à remplir. Par exemple vous devez me dire s’il vous plaît monsieur, puis-je voir Red Claw ?
Fang avait envie de mettre son poing dans la figure de Rattus le sous-directeur. Toutefois il éprouvait suffisamment d’affection pour son maître afin de maîtriser sa pulsion violente. Il mit quand même quelques secondes avant de parler. Et il afficha brièvement une expression semblable à celle d’une personne obligée de manger quelque chose de pourri. Il finit par retrouver un air neutre sur son visage, mais pendant une seconde il exprima du pur dégoût.
Black : S’il vous plaît monsieur puis-je voir Red Claw ?
Rattus (se retient de rire de satisfaction) : C’est un bon début mais c’est insuffisant. Comme Red appartient à la division renseignement et vous à la division répression, vous devrez pour pouvoir lui parler remplir en trois exemplaires ces différents formulaires.
Black (contient difficilement sa colère) : Est-ce vraiment nécessaire de s’encombrer d’une montagne de paperasse, pour pouvoir discuter avec quelqu’un ?
Rattus : Le règlement est fait pour être suivi, ce n’est pas parce que monsieur Comlat vous apprécie, que vous pouvez prendre des libertés avec les règles.
Black : Très bien vous aurez demain tous vos papiers remplis.
Rattus : Ah oui, il faut aussi que j’examine attentivement si vous respectez bien la procédure. Or comme je suis un homme occupé, vous devrez sans doute attendre un mois avant de rencontrer Red.
Black : Si cela se trouve l’ordre de tuer Croc noir sera délivré d’ici deux jours. Si j’attends un mois je n’ai aucune chance de sauver mon mentor.
Rattus (mielleux) : Il y a un moyen d’accélérer la procédure, si vous vous montrez humble, en demandant à genoux une faveur par exemple, il se pourrait peut-être que vous verrez rapidement Red.
Black (furieux) : Mais bien sûr, maintenant écoutez-moi bien espèce de rat, je veux avoir un entretien avec Red d’ici demain, sinon je vous étrangle de mes mains !
Rattus (effrayé): Si vous croyez que votre bluff minable me fait peur, vous vous trompez lourdement.
Black : Je ne fabule pas, je veux voir Red avant que vingt-quatre heures ne se soient écoulées. Autrement je serrerai tellement fort votre cou, que votre tête se détachera de votre corps. A la prochaine monsieur Rattus !
Black Fang l’agent se demandait s’il ne devait pas mettre à exécution ses menaces contre Rattus le sous-directeur. Il doutait de parvenir à un résultat positif en respectant la procédure officielle. Il soupçonnait Rattus son ennemi d’avoir très bien préparé son coup pour incriminer Croc noir son mentor. Alors même en cherchant avec énergie des preuves d’innocence, Black doutait fortement de parvenir à obtenir une disculpation complète. Il savait que laisser le désespoir le submerger ne menait à rien de positif. Mais d’un autre côté Fang connaissait bien le sous-directeur qui pouvait déployer une véritable fortune juste pour écraser quelqu’un le contrariant légèrement.
Alors l’agent estimait que Rattus devait avoir mis des moyens colossaux pour se venger de quelqu’un comme lui. Bien sûr tout n’était pas perdu, il devait y avoir des failles dans le stratagème du sous-directeur, vu qu’aucun plan quelque soit le degré de méticulosité ne pouvait être parfait. Une entreprise pleine de bonnes ou de mauvaises attentions comportait toujours des points forts, mais aussi des faiblesses. Néanmoins l’agent manquait d’informations, et ses outils de pression se révélaient très inférieurs à ceux de Rattus.
Alors Black peinait à découvrir des preuves apportant de manière irréfutable l’innocence de Croc noir. Il cherchait avec zèle et détermination. Il feuilleta des dizaines de dossiers à l’affût d’une incohérence ou d’un indice capital. Néanmoins il ne décelait rien pour le moment de susceptible de renverser la situation tragique de son mentor. Pourtant Fang parcourut assez de rapports pour remplir une petite bibliothèque. Il interrogea en long, en large et en travers des témoins, mais il ne détecta rien de suffisant pour étayer de manière convaincante la thèse du complot contre Croc noir.
Rattus ne restait pas inactif, il profitait des menaces de Black pour ajouter de la pression sur son ennemi. Il décrocha un nouvel entretien dans le bureau de Comlat afin de parfaire sa machination.
Rattus : Monsieur Comlat, Black Fang m’a menacé physiquement, il faut sévir à son encontre.
Comlat : Vous connaissant, vous avez dû terriblement asticoté Black. Quel est l’objet de son litige ?
Rattus : Black veut voir d’ici demain Red Claw, l’enquêteur sur le dossier Croc noir, sans respecter la procédure habituelle.
Comlat : Bah pour une fois on va faire une exception aux règles, organiser immédiatement la rencontre entre Red et Black.
Rattus : Mais monsieur, cela pourrait donner envie à d’autres personnes d’outrepasser la procédure.
Comlat : Non car Red et Black ne devront parler à personne des circonstances de leur entrevue.
L’entretien avec Red Claw, n’apprit rien à Black Fang qui n’était pas au bout de ses peines. Il fut convié par Rattus dans une pièce de petite taille remplie de munitions en tout genre, d’armes à feu et de couteaux. La jubilation se lisait sur le visage du sous-directeur.
Rattus : Black Fang, je vous charge de tuer Croc noir.
Black : C’est une plaisanterie ? Je refuse de participer à l’assassinat de mon mentor !
Rattus : Vous n’avez pas le choix soit vous exécutez mes ordres, soit vous serez considéré comme un rebelle voire un traître.
Black : Je demanderai à monsieur Comlat d’être dispensé du meurtre de Croc noir.
Rattus : C’est inutile monsieur Comlat a donné son accord à ma suggestion. Si vous choisissez de me désobéir, vous vous opposez à la volonté de notre président.
Black (hurle) : Rattus je fais le serment de faire de votre vie un enfer, un jour vous me supplierez de vous achever !
Rattus (froid) : Je mets sur le compte de l’émotion vos propos, et vous pardonne, mais recommencez à m’insulter et vous serez sanctionné.
Black Fang l’agent se demandait s’il ne vivait pas un cauchemar, il considérait l’explication comme plausible. S’il se pinçait, il se sortirait probablement de son mauvais rêve où il devait jouer le rôle d’assassin contre Croc noir son cher mentor. Malheureusement il se trouvait bien dans la réalité, il était dans l’obligation d’assumer la fonction d’un tueur contre une des rares personnes auxquelles il tenait. Il hésitait alors sur ce qu’il ferait. Partir sans demander son reste semblait un bon compromis. Cela diminuerait les chances des sbires de la multinationale Comlat Corp de le capturer, mais s’il optait pour ce choix, il mettrait en danger Croc noir.
Il valait mieux que Fang le prévienne au moins, et qu’il prenne quelques dispositions pour faciliter leur fuite à tous les deux. Black pensait avoir de meilleures probabilités de réussite de s’en tirer seul face à une traque. Son mentor conservait de beaux restes malgré son grand âge, mais il suivait un traitement particulier. Il prenait des pilules que seul un laboratoire au monde fabriquait. Résultat tendre un piège, ou remonter la trace des fugitifs serait facile. Surtout pour les hackers de la Comlat Corp qui arrivaient à voler des secrets d’état sans se faire repérer.
Toutefois Black voulait rester avec Croc noir. Il tenait à rembourser ses dettes d’honneur à son égard, et à l’épauler quand il faudrait forcer le dispositif autour de l’usine de fabrication de médicaments. La partie égoïste de Fang lui murmurait qu’il était cinglé de s’encombrer d’un vieillard, même bien portant. Dans une partie de chasse à l’homme, c’était généralement les plus rapides, les plus forts, et les plus malins qui survivaient. Or sur ces trois aspects le mentor déclinait petit à petit. Mais l’agent décida de rester solidaire coûte que coûte.
Black n’adopta pas une approche furtive avec son maître, quand il visita le domicile de Croc. Il le prévint en face en face. Après quelques salutations et un échange banal, tous deux se rendirent dans la pièce préférée du mentor, la bibliothèque. Un endroit rempli d’étagères de quatre mètres de haut bourrées de livres en tout genre, aussi bien des auteurs de romans du dix-neuvième siècle, que des bandes dessinées récentes. Les deux proches s’assirent sur les deux chaises en bois du lieu.
Black : Maître j’ai une chose importante à vous dire, on m’a donné l’ordre de vous éliminer.
Croc (rigole) : Tu as de bonnes capacités pour faire peur, Yuri, j’ai failli marcher.
Black : Je ne plaisante pas maître, je ne sais pas comment, mais Rattus s’est arrangé pour vous faire passer pour un traître à l’égard de la Comlat Corp.
Croc (très nerveux) : Diable c’est une sacrée mauvaise nouvelle pour moi ! Mais d’un autre côté elle tombe bien.
Black : Que voulez-vous dire ?
Croc : Je suis vieux et surtout malade, mais je n’ai pas le courage de me suicider. Le contrat de la Comlat Corp sur ma tête me donne l’occasion de partir avant de me retrouver avec l’âge mental d’un bébé.
Black : Le traitement que vous suivez vous laisse la possibilité d’avoir encore quelques belles années à vivre.
Croc : Mon traitement expérimental est de moins en moins efficace, d’ici quelques mois, je serai incapable de me souvenir de où se trouve la gauche et la droite. Alors je préfère m’en aller en étant lucide.
Black : Je vous conseille quand même de vous enfuir, avant de vous assassiner il est possible que des membres de la Comlat Corp vous torturent.
Croc (solennel) : Dans ce cas-là, j’ai une faveur à te demander Yuri, tues moi. Cela me rendra service, et t’évitera des ennuis monstrueux.
Black : Je ne peux pas faire cela, je suis désolé, mais c’est au-dessus de mes forces de vous faire du mal.
Croc (ton ferme) : Je demande de manière consentante que l’on m’accorde une fin honorable, et non une agonie lente et humiliante. De plus ma famille et mes amis sont contre l’euthanasie. Tu es la seule personne proche à qui je peux demander de m’accorder le trépas.
Black (plein de détresse) : Je regrette mais je ne peux pas vous tuer, vous me demandez l’impossible maître !
Croc : Je crois me souvenir Yuri que tu m’avais juré fidélité et assistance en cas de besoin. Si tu refuses de me venir en aide alors que j’ai très besoin de toi, alors tu seras un parjure.
Black : Il n’y a vraiment pas moyen de vous faire changer d’avis ?
Croc : Non ma décision est prise.
Black (murmure presque) : je persiste à penser qu’il y a une meilleure alternative.
Croc (s’énerve) : Ne soit pas idiot ! Tu connais la puissance de ton employeur !
Black (préoccupé) : Très bien je vais vous ôter la vie.
Croc : Merci Yuri, j’espère payer ma dette envers toi dans une prochaine vie.
Black : Je souhaite que vous ayez raison sur l’existence de la réincarnation, maître.
Black Fang l’agent hésitait vivement à pointer son pistolet sur Croc noir. Il passa de longues secondes à ne rien faire. Il n’arrivait vraiment pas à concrétiser le désir de son proche de mourir. Il savait qu’il ne commettait pas un meurtre au sens strict, car pour qu’il y ait assassinat, il fallait une victime. Or c’était difficile de qualifier de victime de tuerie quelqu’un qui souhaitait que la vie lui soit ôtée. Néanmoins il y avait quand même le problème du facteur psychologique. Il était difficile de lever la main sur un être aimé sincèrement. Or Black considérait presque Croc comme un père. Il n’aurait été contre appelé son mentor papa. C’était d’ailleurs un de ses fantasmes secrets. De plus Fang savait qu’il générerait sans doute un traumatisme qui mettrait longtemps à se résorber, s’il osait tuer son mentor. Il avait peur de commettre un acte qui le hanterait jusqu’à la fin de ses jours.
Il apprit à devenir insensible au meurtre à l’égard des inconnus et des connaissances, mais il n’était pas encore assez entraîné ou psychopathe pour tirer de sang-froid sur un proche. Toutefois l’agent ne voulait pas causer de la haine à son égard chez Croc noir, il désirait conserver le respect de son mentor. Alors il vivait un terrible dilemme, mais finalement il opta pour tenir sa promesse d’euthanasie. Il savait que son maître pouvait parfois se montrer très rancunier, et Black lui confia beaucoup de secrets professionnels liés à ses activités d’assassin. Alors il craignait des révélations gênantes s’il n’exauçait pas le vœu de mourir de Croc noir. Il estimait le risque de fuite réel, la maladie de son mentor lui causait de sacrées souffrances. Or il connaissait les effets de la douleur sur les gens. Obliger quelqu’un à éprouver des tourments pouvait transformer une relation remplie de tendresse, en une haine tenace.
Rattus qui attendait dehors dans la rue, près du domicile de Croc, eut un sourire féroce devant la mine déconfite de Fang. Il n’y avait qu’eux deux dans la rue, ainsi qu’un curieux dispositif mécanique rappelant une cocotte-minute.
Rattus : Black Fang comment s’est déroulé la mort du vieux débris ?
Black : Je ne vous permets pas de manquer de respect à mon maître, sale rat ! Urgh, qu’est-ce qui se passe ? Je me sens mal. Un sifflement se fait entendre.
Rattus : Vous êtes victime de la machine anti-traître, une invention récente du professeur Franken. Anti-traître envoie des ondes qui neutralisent vos améliorations, et vous plongent dans un état de faiblesse.
Black : Je vois, on manque de courage, vous n’avez pas le cran de m’affronter, alors vous choisissez une solution de lâche pour me neutraliser.
Rattus (jubile) : Je vais prendre un malin plaisir à vous torturer. D’ici un à deux jours vous m’implorez de mettre fin à vos souffrances, cependant j’ai l’intention de faire durer votre supplice durant des semaines.
Black : Comment avez-vous su que j’ai trahi la Comlat Corp ?
Rattus : Vous étiez surveillé Black, un capteur de sons a enregistré toute votre conversation avec Croc noir. Ainsi on a su que vous aviez dévoilé le projet d’assassinat contre votre mentor à l’intéressé.
Black Fang l’agent se tortillait comme un ver aux pieds de Rattus le sous-directeur. Il tenta de se mettre debout, mais même ce simple geste se révélait impossible. Il était complètement à la merci de son ennemi. Il fit appel à toute sa force de volonté pour parvenir à bouger un de ses bras et dégainer son arme, mais tout ce qu’il parvint se limita à déclencher des tremblements. Il renforçait sa douleur en essayant de se mouvoir, mais il tenait à emporter au moins Rattus dans la mort. S’il devait trépasser, il voulait s’accorder le plaisir de tordre le cou du sous-directeur, ou de lui ficher une balle dans le cœur. Même s’il se doutait qu’un lâche comme Rattus emploierait certainement de nombreuses précautions, avant d’aller narguer quelqu’un à la réputation redoutable. Black pariait que son ennemi utilisait un bouclier anti-agression, une protection énergétique suscitée par une machine garantissant une grande résistance aux coups et aux tirs des armes de petit calibre.
En outre Fang estimait que vu la nature du sous-directeur, son ennemi dut prévoir une escorte armée sous la forme de snipers, ou de gardes se tenant prêts à intervenir en cas de pépin. Pour une fois, l’agent se trompait, Rattus désirait être seul pour savourer de manière plus intime son triomphe. En outre l’isolement lui apportait une grande liberté de parole, il pourrait inonder d’insultes et d’autres mots blessants Black sans avoir de comptes à rendre à personne. Il pouvait paraître étonnant qu’un couard ne prévit pas une escorte armée face à quelqu’un qui lui faisait peur, mais il arrivait que la haine donne un grand courage même aux plus trouillards.
Le sous-directeur exultait à l’idée de voir Fang être réduit à l’impuissance, mais un événement imprévu survint. Une grenade fut lancée sur la machine anti-traître et l’onde de choc de l’explosion assomma Rattus sans le blesser gravement.
Mike : Yuri, il faut vite s’en aller d’ici. Peux-tu marcher seul ?
Black (chaleureux) : Merci de m’avoir sauvé Anders, avant de partir j’aimerai m’occuper de Rattus.
Mike : On n’a pas le temps, il est urgent de fuir le plus loin possible.
Black et Mike se mettent à courir dehors dans la ville de Melun en France.
Black : Plusieurs sorties de la ville doivent être gardées par des agents de la Comlat Corp. Comment allons-nous faire pour éviter d’être repérés ?
Mike : On passera par un souterrain abandonné depuis la Deuxième Guerre mondiale, à part peut-être des rats, on ne devrait pas rencontrer grand monde. Mike soulève une plaque d’égout.
Black : Comment va-t-on se repérer dans le dédale des couloirs ?
Mike : J’ai téléchargé sur mon mini-ordinateur, un plan des souterrains de la ville. Tu peux dire merci à Alexandra, sans elle, je ne risquerais pas ma peau pour toi. Elle m’a demandé de t’assister.
Black : Très bien si j’en ai l’occasion je rembourserai la dette que j’ai vis-à-vis de Banks et de toi.
Soudain des pierres commencèrent à se détacher des murs environnants, et un bruit d’abord ténu enfla très rapidement. Au final il y eut un véritable effondrement souterrain qui sépara Mike et Black. Ce dernier évita de subir des blessures grâce à ses réflexes amplifiés par la technologie. Il échappa ainsi aux dégâts causés par le tremblement de terre.
Black (pense) : Bon j’en ai pour plusieurs heures pour me débarrasser des pierres qui nous séparent, et je ne peux pas contacter Anders. Tant pis je continue seul.
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