Chapitre 8 :
Black Fang l’assassin surprit Mike Anders par son choix d’entraînement. Il se focalisait sur le tir sur longue distance, au lieu du tir à courte distance. Il se préoccupait davantage de ses capacités de sniper que de celles au pistolet. Mike ne comprenait pas cette décision, d’après ses connaissances il se souvenait de Black comme d’un adepte du combat de près contre les ennemis détestés, d’une personne qui voulait voir sa victime mourir à une courte distance.
Quand l’assassin ressentait une grande animosité contre un individu, il choisissait généralement de le tuer de près afin de s’imprégner de la détresse de sa victime. Or Black brûlait de colère contre Comlat. Cela se voyait à certains de ses gestes, à son niveau de crispation quand il regardait des articles de journaux sur sa cible. Lorsqu’il se renseignait sur les habitudes de son ennemi, il développait des tics nerveux bien voyants au niveau des yeux.
Toutefois Fang continuait inlassablement à chercher à se perfectionner plus au maniement du fusil sniper, une arme qui permettait aux spécialistes du genre de toucher une cible à plus de cinq cents mètres. Anders comprenait d’un autre côté l’initiative de l’assassin, s’attaquer à Comlat seul revenait à essayer de prendre d’assaut une forteresse. Or un bastion ne tombait rapidement qu’en faisant preuve de subtilité et d’un haut niveau de ruse, surtout quand on n’avait pas sous ses ordres une armée. D’un autre côté Black n’était pas totalement guéri de la tentation de vouloir approcher de près Comlat.
Alors Mike entama une discussion avec Fang à l’intérieur de leur cachette, une planque choisie par l’assassin. Il s’agissait d’un lieu avec peu de mobilier et de seulement vingt mètres carrés, sans tapisserie ou papier peint, avec des murs de pierre nue rouge, mais l’endroit était jugé comme sûr. Il était possible d’avoir une connexion internet sans donner l’éveil aux services de répression de la Comlat Corp.
Black : Mike je voudrais savoir si tu connais un améliorateur clandestin, qui peut me doter de l’amélioration yeux jumelles.
Mike : C’est possible, mais c’est quoi les yeux jumelles ?
Black : Une amélioration mécanique qui dote de la capacité de voir à plusieurs kilomètres de distance. Grâce à elle je serai bien plus apte à viser loin de moi avec une arme à feu.
Mike : Cela te coûtera au moins deux cents mille euros, les améliorateurs clandestins font payer deux fois plus cher que les officiels leurs tarifs.
Black : Pas de problème j’ai plus d’un million d’euros d’argent liquide. Il me faudrait aussi un jet pack furtif, tu sais où trouver ce genre de machine volante ?
Mike : Je peux te prêter un jet pack miniature de moins de cinq kilos, quand tu le mettras dans ton dos, tu le sentiras à peine. De plus cette petite merveille émet un bruit inférieur à un décibel.
Black : Parfait tu me rends un grand service Mike, ne t’en fais pas pour ton jet pack. Au cas où il m’arriverait quelque chose, je te laisse cinquante mille euros de caution.
Mike : J’ai une question Yuri, récemment je me suis doté de l’amélioration oculaire vision nocturne et vision thermique. Autrement dit je peux voir la nuit, et détecter la chaleur qu’émet les gens, sans avoir besoin de m’équiper d’un appareil particulier. Que penses-tu de mes choix ?
Black : Ce n’est pas mal, mais tu as négligé de t’équiper d’améliorations très utiles, comme par exemple odorat de chien, et ouïe développée.
Mike : Cela peut être un handicap certain d’avoir l’ouïe et l’odorat sensibles. Un bruit fort peut te distraire voire t’incommoder. Et une odeur puissante comme la puanteur d’une poubelle, ou d’un cadavre de chat amoindrit tes capacités.
Black : C’est vrai mais avec un odorat de chien tu peux suivre la piste de quelqu’un pendant des kilomètres, et récolter des tonnes d’informations. Tandis qu’une ouïe performante permet de déjouer les tentatives d’embuscade de nombreux ennemis.
Mike : Tu as des arguments Yuri, mais tant que l’on ne pourra pas désactiver en cas de besoin les améliorations qui amplifient l’ouïe et l’odorat, je ne les achèterai pas. Bon il est temps de se préparer à la confrontation avec Comlat.
Comlat le président déambulait sur le toit du siège social principal de sa multinationale, en proie à une grande anxiété. Il trouvait Rattus le sous-directeur de plus en plus insolent. Il n’avait rien de concret à lui reprocher pour le moment, mais il considérait qu’il fallait se méfier. Il prit dans le passé Rattus pour un mielleux sans danger, mais il lui semblait que son interlocuteur était rempli d’une ambition pratiquement sans limite. Qu’il serait prêt à tout pour obtenir la place suprême dans la multinationale, et aussi d’évincer l’ensemble des opposants à ses objectifs. Par exemple le sous-directeur proposa que des cadres supérieurs de l’entreprise soient intégrés dans le projet marionnettes comme cobayes.
Officiellement il voulait châtier des traîtres, officieusement il désirait surtout se débarrasser de gênes pour sa carrière professionnelle. Comlat aurait dû suivre les conseils de Franken, et écarter Rattus quand il était temps. Maintenant que le sous-directeur avait accès aux secrets les plus compromettants de la multinationale, l’évincer se révélait beaucoup plus délicat. En outre si Rattus se détruisait progressivement les neurones avec de la cocaïne, il devait sûrement avoir pris des précautions pour couvrir ses arrières, et empêcher de se faire évincer.
Bien sûr il était possible de jouer au jeu de la preuve dans les deux sens, mais Rattus se révélait assez stupide pour refuser de céder, aller jusqu’au bout par fierté, quitte à détruire sa vie. Les soucis avaient un effet significatif sur la consommation de tabac de Comlat, maintenant il ne fumait plus cinq cigarettes par jour, mais un paquet entier. Il se bousillait la santé, mais il ressentait le besoin de tenter de se calmer les nerfs, même si le tabac ne s’avérait pas la meilleure méthode pour cela.
Comlat (pense) : Je sais que je devrai arrêter de fumer mais je continue quand même. Bah dans le pire des cas je me ferai greffer des poumons artificiels.
Black (haineux) : Bonjour Comlat, profitez bien de votre cigarette du condamné à mort, puisque ce sera la dernière !
Comlat : Black Fang comment avez-vous su que j’avais l’habitude d’aller sur le toit du siège de la Comlat Corp pour fumer ?
Black : Tout simplement en vous observant minutieusement sur votre lieu de travail pendant quelques semaines. Bon assez discuté il est temps pour vous de mourir !
Comlat : Attendez Black j’ai une offre alléchante à vous faire, je peux vous donner le poste de vice-président de la Comlat Corp.
Black (en colère) : Vous m’insultez, si vous pensez que je suis assez débile pour tomber dans un piège gros comme une maison !
Comlat : Je vous protège, j’ai annulé l’avis de recherche sur votre tête, si je meurs le sous-directeur Rattus se remettra à vous traquer. Il est bête mais tenace, même si vous vous réfugiez au fin fond de la Sibérie, il sera capable de vous retrouver.
Black : Arrêtez votre bluff, à moins d’être très lunatique, on n’essaie pas de nuire gravement à quelqu’un pour ensuite le récompenser.
Comlat : Réfléchissez un peu, et vous verrez que je dis la vérité, la traque contre vous et vos compagnons ne vous a semblé plutôt molle ?
Black : Cela est naturel la Comlat Corp traverse une passe difficile, et pourtant vous dépensez beaucoup, principalement dans le projet marionnettes. Par conséquent il est naturel qu’il y ait des économies sur tout, y compris sur la recherche des rebelles vis-à-vis de la Comlat Corp.
Comlat : Je vous jure sur la tête de ma défunte femme, que ma proposition de promotion à votre égard est valable.
Black : Est-ce que mes compagnons pourront être réintégrés dans la Comlat Corp, et obtenir des compensations ?
Comlat : Non vous êtes le seul à qui je suis disposé à pardonner.
Black : Dans ce cas je choisis la vengeance contre vous !
Comlat : Black il y a un lien fort entre vous et moi, nous appartenons à la même famille.
Black : Je me fiche que vous soyez un parent à moi, à cause de vous j’ai dû tuer mon père spirituel Croc noir, et j’ai subi une épreuve terrible.
Moi Black Fang je n’oublierais jamais mon périple dans les souterrains, après l’effondrement qui nous a séparé Mike et moi. Heureusement que j’avais une lampe torche sur moi, sinon j’aurais pu passer des semaines voire des mois à errer dans un véritable labyrinthe. Maître Croc noir avait raison quand il disait que chez beaucoup de personnes, il existait une peur pire que la mort. Moi ma principale phobie est les rats, or je suis tombé sur des créatures cauchemardesques, des rats dont la longueur dépassait un mètre sans tenir compte de la longueur de la queue. Il s’agissait sans doute d’expériences ratées de la Comlat Corp. J’ai entendu dire que cette entreprise faisait des tests pour créer des animaux de guerre mutants.
Toutefois la manipulation génétique des êtres vivants est pleine de mauvaises surprises. En effet souvent lorsqu’un gène est modifié, il y a une réaction en chaîne aléatoire sur d’autres gènes. Donc les chercheurs de la Comlat Corp au lieu de donner naissance à des armes utiles, ont surtout généré des monstres cauchemardesques. Leurs fameux rats de combat se caractérisent par la présence de plusieurs têtes, trois ou quatre yeux, l’absence de poils.
Pour éviter un scandale le personnel a détruit la plupart de ses cobayes, mais il semble que des rats ont évité la mort. J’ai dû faire un très gros effort de volonté pour combattre, ne pas me recroqueviller en pleurant. Heureusement ma haine pour Comlat a été plus forte que ma peur. J’ai tué des dizaines de rats, mais je n’étais pas au bout de mes peines après les rongeurs, j’ai dû affronter des cafards lanceurs de flammes d’une longueur supérieure à dix centimètres. J’aurais fini gravement brûlé sans l’appui de mon amélioration réflexes surhumains. Après deux jours d’errance sans manger et dormir, je suis finalement remonté à la surface.
Comlat : Black vous feriez mieux de renoncer, je suis protégé par un bouclier anti-projectile, je pourrais encaisser sans broncher un tir de roquette. De plus la célèbre Hit vous tient en joue avec son arme. Vous n’avez que deux choix la reddition ou la mort.
Black : Hit n’est pas un problème, je vais m’occuper d’elle.
Comlat : Comment comptez-vous réussir à viser quelqu’un qui se trouve à plus de deux kilomètres de vous, avec un simple pistolet qui n’a pas de lunette de visée ?
Black : Je suis équipé pour tirer de loin, voici la preuve.
Comlat était dubitatif, il pensait que Black bluffait, mais les secondes s’égrenaient, et il n’y avait toujours pas de réaction de Hit suite au tir de Fang. Alors le président décida d’entrer en communication grâce au dispositif greffé sur son oreille droite.
Comlat : Hit comment allez-vous ? Répondez.
Black : Inutile de vous acharner sur votre oreillette de communication, Hit est morte. Vous avez gagné la partie pour aujourd’hui, mais je finirai un jour par vous tuer. À la prochaine Comlat.
Black reconnut le dispositif protégeant son adversaire des balles, et il fut assez intelligent pour reconnaître son impuissance actuelle à tuer son ennemi. Alors il opta pour la retraite. Comlat le président hésita pendant quelques secondes à donner l’alarme, ce qui offrit un précieux répit à Black Fang l’assassin. En effet sans les hésitations de Comlat, les robots aériens se seraient lancés à la poursuite de Black. Ces machines étaient de sacrées merveilles, une seule d’entre elles pouvaient tenir tête à dix hélicoptères munis de mitrailleuses lourdes et de lance-roquettes. Les robots disposaient d’une maniabilité très performante dans les airs. Même un oiseau comme le colibri capable de faire du surplace, ou de reculer en volant ne rivalisait pas avec leur grâce.
En outre les machines qui rappelaient des humains très baraqués avec une peau de métal, se caractérisaient par un armement extrêmement dévastateur, elles bénéficiaient de missiles capables d’anéantir d’un tir un bunker, ou un abri atomique. Elles avaient une vitesse faramineuse, elles allaient plus vite que la plupart des avions y compris les derniers modèles dépassant les cinq mille kilomètres heure, et surtout les robots avaient un savoir de combattant impressionnant. Ils imitaient sans souci les mouvements et les techniques des principaux champions d’arts martiaux actuels.
Black aurait pu en détruire un ou deux, mais en affronter une centaine était clairement au-dessus de ses forces. Heureusement le président en oscillant entre le désir de laisser partir Fang et sa volonté de l’arrêter, fournit à l’assassin une belle occasion de fuite. Dès que Black fut de retour à la cachette, Alexandre lui posa des questions.
Alexandra : Yuri comment s’est passé le meurtre de Comlat ?
Black : Je ne l’ai pas tué, mais j’ai tout de même une bonne nouvelle me concernant, j’ai vaincu Hit, une légende du milieu des assassins.
Alexandra : C’est un bon lot de consolation mais cela ne met pas fin à nos ennuis, tant que Comlat sera vivant, nous serons menacés.
Black : Justement pour ta sécurité à toi et, Mike ce serait bien que vous prétendiez que j’ai agi seul dans le meurtre de Comlat.
Alexandra (choquée) : Pourquoi devrais-je faire semblant de ne pas avoir été solidaire de toi Yuri ?
Black : Il sera plus facile pour toi et Mike d’être embauchés par une organisation comme la Conspiration Corp, si vous n’avez pas la réputation d’avoir attenté à la vie de vos anciens supérieurs.
Alexandra : Je ne comprends pas ce que tu veux dire Yuri.
Black : Les cadres de la Conspiration Corp seront plus enclins à vous faire confiance, si vous n’avez pas de sang de personnes hauts placées de la Comlat Corp sur les mains.
Alexandra : Donc, tu nous demandes à moi et Mike de te laisser agir seul ?
Black : Pas forcément, je sais que vous avez tous les deux très envie de m’aider, mais je voudrais que vous restiez silencieux sur votre participation dans le projet d’assassinat contre Comlat.
Alexandra : Je veux bien me taire, mais je crois que tu vas vexer Mike.
Black : Mike est très amoureux de toi, si tu lui demandes gentiment, il acceptera de me laisser endosser toute la responsabilité du meurtre de Comlat. Autrement j’aimerai que tu vérifies si le contrat de recherche sur ma tête tient toujours.
Alexandra (étonnée) : C’est bizarre le contrat te concernant a été annulé, en plus Comlat te donne rendez-vous à L’Élite, un club privé. À ta place je n’irai pas, Yuri cela sent le piège à plein nez. C’est idiot d’affronter un adversaire sur un terrain qu’il a préparé.
Black : Même si j’ai envie de voir Comlat, tu as raison. Ce serait bête de foncer tête baissée dans ce qui ressemble fort à un traquenard.
Éclair la légende était réputé pour ses plans particulièrement complexes. Il avait la réputation de pouvoir prévoir quatre cents coups d’avance quand il jouait aux échecs. Aussi son envie d’intégrer Black Fang l’assassin dans son organisation devait faire partie d’un vaste stratagème. Ou alors Éclair voulait juste bien s’amuser, connaître plusieurs fois les joies de l’affrontement contre un adversaire de valeur. Il appréciait les combats à mort, mais il aimait aussi se confronter de nombreuses fois à des opposants prometteurs lors de matchs. Problème Black même s’il ne travaillait plus pour la Comlat Corp, demeurait un ennemi des employeurs de la légende. Résultat Éclair la prochaine fois qu’il voyait Fang pourrait recevoir l’ordre de le tuer.
Il ressentait de l’amertume à cette perspective. Alors il eut l’idée d’inciter ses chefs à recruter l’assassin, pour le protéger d’un ordre de mise à mort, et surtout préserver une importante source de divertissement. La légende admettait que dépenser beaucoup d’énergie juste pour augmenter les chances de s’amuser dans le cadre de ses activités professionnelles, ne faisait pas très crédible. Mais Éclair pouvait d’un autre côté camoufler les véritables raisons de son engouement pour Black derrière un discours bien argumenté.
Il ne ressentait pas de remords à mentir comme un arracheur de dents à ses employeurs. Il reconnaissait que ses chefs avaient des motifs d’actions plus nobles que le profit, ou la recherche du prestige, néanmoins il ne les considérait pas comme des gens biens. Au nom de leur vision, ses supérieurs hiérarchiques provoquèrent de nombreuses tragédies, et ruinèrent beaucoup d’œuvres.
Éclair décida de présenter ses arguments le dimanche, le jour de son rapport hebdomadaire. Il changeait chaque fois de lieu pour parler à ses chefs, par contre il y avait des paramètres communs à chaque réunion. Les employeurs cachaient leur identité au niveau de la voix et du visage. Ils devaient être loin vu qu’ils agissaient sous forme d’hologramme, et surtout Éclair devait fermer les yeux pour deviner le moins de détails possibles.
Éclair : Messieurs j’ai envie que Black Fang fasse partie des Illuminatis, il serait très utile pour notre cause.
???1 : Je suis contre, Black est une personne à la moralité douteuse, or l’honneur est un critère important pour être des nôtres.
???2 : J’ai confiance dans votre jugement Éclair, mais d’un autre côté j’ai un pressentiment sur Black, par conséquent je vote blanc.
???3 : Black est compétent jusqu’à quel point selon vous Éclair ?
Éclair : Je crois qu’il est tout fait capable de me surpasser de manière indéniable d’ici quelques années.
???3 : Dans ce cas-là j’approuve votre suggestion.
???1 : Puisque votre proposition n’a pas été invalidée par deux votes négatifs, vous être libre d’intégrer Black. Mais attention s’il nous trahit, vous devrez nous rendre des comptes Éclair. De plus je requiers un test pour évaluer l’étendue des capacités de Black.
Éclair : Entendu, je suis certain que Black pourra rendre de grands services à notre cause.
Red Claw racheta avec brio son dernier échec en accomplissant des assassinats brillants. Cela lui donna tellement confiance qu’il voulait tenter l’impossible. Il désirait accomplir un exploit qui resterait dans les annales, une performance mémorable. Il allait demander une augmentation de salaire à Rattus le sous-directeur. Red s’adressait à un interlocuteur réputé pour sa radinerie extrême. Le sous-directeur fustigea des secrétaires au motif qu’elles voulaient des crayons de papier neufs au lieu de fournitures d’occasion. En effet Rattus n’hésitait pas à s’en mettre plein les poches, à opérer des détournements de fonds pour gonfler ses revenus. Par contre il ne supportait pas l’idée d’accorder une hausse de salaire à quelqu’un. Il fallait une raison grave, ou un habile chantage pour qu’il accepte de consentir à allouer une augmentation.
Même si un travailleur avait impérativement besoin de revenus supplémentaires pour se payer un traitement vital pour sa santé, le sous-directeur était enclin à refuser de faire un geste, même si cela provoquait à terme la mort de quelqu’un. Rattus faisait passer Harpagon de Molière, le personnage central de la pièce de théâtre l’Avare pour un individu dépensier. Le sous-directeur souffrait d’ailleurs d’une tendance à se sentir mal quand il était nécessaire de débourser de l’argent, pour des besoins qu’il ne qualifiait pas de vitaux.
Il était le roi de la note de frais, il s’arrangeait pour que l’essentiel de ses dépenses soient couvertes par la trésorerie de la Comlat Corp. Red était au courant de la pingrerie de Rattus, mais il n’avait pas l’intention de céder. Il se révélait très déterminé à obtenir une augmentation. Et s’il fallait employer la menace ou d’autres moyens de pression pour arriver à ses fins, il ne reculerait pas.
Rattus : Red Claw, je vous dis bravo, vous avez supporté avec brio, la mise en place de cinq améliorations majeures sur votre corps en moins d’un mois.
Red : Merci monsieur Rattus, pour être sûr que Black Fang meure, je dois déployer de gros moyens. Autrement avez-vous réfléchi par rapport à mon augmentation de salaire ?
Rattus : La réponse est non, vous êtes intégré depuis peu dans la division répression, je n’ai pas envie de créer de jalousie chez vos collègues.
Red : C’est bizarre mais j’ai l’impression que vous me racontez une belle fable pour débourser moins d’argent.
Rattus : Attention à ce que vous dites, sinon je répands vos secrets parmi vos collègues. Par exemple, je dirai que vous êtes un blond naturel qui se teint les cheveux en roux.
Red : J’ai des informations plus compromettantes, je sais que vous arrachez parfois des fleurs.
Rattus : J’ai une vidéo où on vous voit voler une pomme dans un magasin.
Red : Vous cachez votre calvitie avec une moumoute.
Rattus imagina divers scénarios, le premier consistait à céder, le deuxième à torturer Red Claw jusqu’à ce que mort s’ensuive. Puis le sous-directeur songea que devant l’air confiant de son interlocuteur, ce dernier devait avoir pris des précautions suffisantes pour garantir sa survie. Même si Rattus considérait comme vital d’étouffer les fuites sur sa calvitie, un comportement trop brutal pourrait avoir des conséquences désastreuses. Certes accéder à la requête de Claw reviendrait à créer un précédent fâcheux. Cependant l’affaire «moumoute» méritait sans doute certains sacrifices.
Rattus (gêné) : Très bien vous avez gagné, je, je, je vous propose une augmentation de salaire de cinq cents euros par mois.
Red : Marché conclu, de mon côté je serais silencieux sur le fait que vous êtes chauve.
Ce dialogue paraissait surréaliste, mais il y avait une raison l’expliquant. Rattus faisait brûler des encens à base de lsd dans son bureau pour se détendre. L’ennui était que la drogue quelque soit la forme, y compris sous forme de bâton parfumé, cela favoriserait les loufoqueries. Quand au fait que Rattus cède à cause de la révélation «moumoute», c’était lié à la superstition. Il croyait que le jour où le public apprendrait qu’il n’avait pas une chevelure intacte, marquerait la fin de sa carrière, voire de sa vie. C’était un raisonnement débile, cependant la superstition par moment causaient des comportements contraires à logiques.
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