Projet marionnettes chapitre 9

Chapitre 9 :

Alors que Black Fang l’assassin entretenait ses armes dans sa cachette, il eut le droit à une visite de la part d’Éclair la légende. Il vit chez son interlocuteur une marque d’amusement dans les yeux, ce qui l’horripila au plus haut point. Black pensait que son adversaire se battrait une nouvelle fois en jugulant ses forces, en se retenant d’être sérieux. Résultat Fang ne pourrait pas fanfaronner quelque soit l’échéance de son affrontement. S’il gagnait beaucoup diraient que c’était dû à la chance, s’il perdait il serait critiqué pour son manque de talent. L’assassin faillit dire à son antagoniste de se donner à fond, mais il réalisa qu’il n’avait pas de moyens de pression valables. Il était un fugitif avec de gros moyens financiers, mais quand même une personne dans une situation délicate. Quant à Éclair son statut social se révélait franchement confortable. Non seulement il touchait une paye supérieure à vingt mille euros par mois, mais il était en odeur de sainteté avec ses employeurs qui appartenaient à l’organisation la plus influente du monde.

En effet la légende entretenait de très bonnes relations avec ses chefs. Et il bénéficiait en retour de son implication d’un pouvoir politique qui rivalisait avec celui d’un chef d’état influent au niveau mondial. Black établit qu’il pourrait difficilement contraindre son interlocuteur à lui obéir, même en recourant à des mots particulièrement bien choisis. Fang ignorait pour qui travaillait son adversaire, mais il jugeait que son antagoniste devait œuvrer pour des gens très importants, vu son degré de compétence. En outre Black craignait carrément de le faire rire s’il osait se prétendre son égal en terme de facultés de combat. Puis il se reprit, il passa beaucoup de temps à s’améliorer afin de prendre sa revanche sur Éclair, alors il était hors de question qu’un duel qu’il voulait splendide soit gâché par le mépris de son adversaire. Fang adopta une attitude menaçante, et allait se mettre à parler quand il fut interrompu par son antagoniste.

Éclair : Inutile de se mettre en garde Black Fang, je ne suis pas là pour vous nuire, au contraire j’ai une proposition à vous faire.

Black : Que voulez-vous exactement ?

Éclair : J’aimerais que vous intégriez les rangs de la division contrôle des Illuminatis.

Black : Je croyais que les Illuminatis étaient un délire, mais admettons ils existent, que devrais-je faire ?

Éclair : Neutraliser temporairement ou définitivement des éléments perturbateurs, qui mettent en péril la stabilité du monde politique ou économique.

Black : Quels sont les buts exacts des Illuminatis ?

Éclair : L’équilibre mondial, empêcher une organisation ou un pays de dominer durablement la planète. C’est par exemple pour cela que les Illuminatis après la guerre froide ont œuvré pour que les États-Unis perdent progressivement de la puissance.

Black : J’ai l’impression qu’il y a une contradiction dans ce qui vous dites. Si les Illuminatis peuvent baisser la puissance d’un pays comme les États-Unis, c’est la preuve que cette organisation domine le monde.

Éclair : Les Illuminatis n’interfèrent que contre les personnes très ambitieuses. Ils n’interviennent que quand l’équilibre est vraiment menacé.

Black : Quel mal y a-t-il à ce qu’un groupe domine la planète ? Cela peut être un gage de paix et d’unité, que le monde soit uni sous une même bannière.

Éclair : Le monde des humains est à l’image du monde végétal et animal, sans un minimum de diversité il sera condamné à disparaître. Or si le pouvoir mondial est concentré auprès d’une ou de quelques personnes seulement, cela sera la fin annoncée de la diversité.

Black reconnaissait une certaine éloquence chez Éclair, toutefois il fallait autre chose que des arguments moraux pour le convaincre. Il était nécessaire de lui offrir des contreparties intéressantes. Donc Fang voulut des précisions sur les rétributions potentielles. C’était un peu brusque, mais Black n’avait pas du tout envie de parler d’éthique. Donc il préférait passer directement à l’aspect monétaire, et pouvoir social.

Black : Quels seront mes bénéfices si je rejoins la cause des Illuminatis ?

Éclair : Vous aurez un bien meilleur salaire que quand vous travaillez pour la Comlat Corp, et vos amis bénéficieront d’une protection solide qui leur garantira une longue vie.

Black : Les Illuminatis sont plus puissants que la Comlat Corp ?

Éclair : Ils ont des millions d’agents tandis que la Comlat Corp n’a que des centaines de milliers d’employés.

Black : C’est bizarre que les Illuminatis arrivent à passer aussi bien inaperçus. Vu l’ampleur de cette organisation, j’aurais dû repérer des traces de leur existence.

Éclair : La majorité des agents des Illuminatis ne sait pas pour qui elle travaille, de plus le secret est la première règle de notre organisation. Nous laissons filtrer très peu de renseignements pertinents sur nous.

Black : Si je me débrouille bien, je pourrais récupérer le contrôle de la Comlat Corp d’ici quelques années ?

Éclair : C’est envisageable, mais il faudra respecter plusieurs conditions comme l’abandon du projet marionnettes, et ne commettre de meurtres seulement si les assassinats servent les intérêts des Illuminatis.

Black : Je vais réfléchir à ce que vous m’avez proposé, je voudrais un délai de réflexion.

Éclair : Très bien rendez-vous ici dans une semaine.

Black Fang l’assassin estimait assez intéressante la proposition d’Éclair la légende. Il sentait que son interlocuteur disait la vérité, qu’il ne mentit pas sur les points importants de son discours. Cela signifiait que si Black acceptait de devenir un membre des Illuminatis, il bénéficierait d’un pouvoir économique et politique sans commune mesure avec ce qu’il possédait au sein de la Comlat Corp. Qu’il profiterait d’une paye très grande, et qu’il risquait beaucoup moins de sanctions de la part de la justice. En prime il pourrait accéder à des améliorations mécaniques et organiques extrêmement intéressantes, il deviendrait un véritable monstre de puissance, une incarnation de guerre. De plus s’il rejoignait le camp d’Éclair il s’entraînerait avec un partenaire génial. Il s’ouvrirait de nouveaux horizons exaltants en matière d’apprentissage des arts martiaux, et du combat à l’arme à feu.

Néanmoins Fang hésitait à devenir un Illuminati, il manquait de données sur eux. Et il était tout à fait possible que la légende présente une version non valable, qu’elle laisse ses idéaux déformer son jugement. Ensuite les gentils préceptes des employeurs d’Éclair dérangeaient clairement l’assassin, qui n’aimait pas les hypocrites. Il trouvait dérangeait de ne pas assumer sa nature. Au moins au sein de la Comlat Corp les cadres supérieurs ne se paraient pas de vertu, ou de bons sentiments pour justifier leurs actes.

D’un autre côté Fang avait des amis chers envers lesquels il se sentait très redevables. Il craignait de terriblement compliquer l’avenir de Mike et d’Alexandra en déclinant l’offre des Illuminatis. Même s’il considérait que les chefs de la légende ne méritaient pas le respect, plutôt un vif mépris. Mike toujours présent dans la même cachette demanda quelques précisions à Black.

Mike : Yuri que voulait Éclair ?

Black : Me recruter pour son organisation. J’ai assez envie d’accepter, mais j’hésite, les employeurs d’Éclair se présentent comme des bons samaritains, mais mon instinct me dit que ce sont de beaux hypocrites.

Mike : Comlat multiplie les messages pour t’inviter à le rejoindre, il dit qu’il pourra t’apprendre qui est ton père dans le dernier. Si tu n’acceptes pas de voir Comlat les restes de ton maître Croc noir seront profanés.

Black (déprimé) : Dans ce cas-là je n’ai pas le choix, je dois me déplacer au rendez-vous.

Mike : Tu fonces tout droit dans un traquenard Yuri.

Black : C’est possible mais le salut de l’âme de mon maître dépend de moi.

Mike : Que veux-tu dire ?

Black : Ce n’est qu’une intuition, mais je suis intimement convaincu que l’âme existe, et que s’en prendre au corps d’un défunt est un moyen d’empêcher le repos éternel. Profaner une tombe est une vengeance appropriée pour faire une crasse terrible à une personne morte depuis moins de six mois.

Mike : Libre à toi de croire dans l’âme, mais Croc noir ne serait sans doute pas d’accord pour que tu fasses tuer, dans le but de préserver son cadavre.

Black : Tu as raison mais je n’ai pas le choix ! Je dois tellement à mon maître que je serais un ingrat, si je ne faisais pas le maximum pour que son voyage vers l’au-delà se déroule sans histoire.

Mike : Dans ce cas laisse-moi au moins d’accompagner pour préserver tes arrières.

Black : Si comme tu le crains la sollicitation de Comlat est un piège, ce serait effectivement pertinent que tu interviennes. Toutefois tu seras plus utile si tu m’attends à l’extérieur du club privé L’Élite.

Mike : Entendu je vais pouvoir tester en conditions réelles, ma cape de camouflage optique. Cette petite merveille me rendra beaucoup plus difficile à détecter.

Black Fang l’assassin quand il vit Comlat le président dut se retenir de lui mettre le poing dans la figure. Il bouillait intérieurement, il ressentait de violents désirs meurtriers contre celui qui menaçait de profaner la tombe de Croc noir. Black se força tout de même à rester maître de lui, car il ne voulait pas tout gâcher. Et il avait besoin d’informations sur l’état de la dépouille de son mentor, et surtout de renseignements sur les Illuminatis. Néanmoins bien qu’il ressente de la sincérité et de l’amabilité chez Comlat, de son côté Fang ne parvenait pas à se défaire d’un sombre pressentiment. Il avait la très désagréable impression d’avoir foncé dans un piège très bien élaboré, même s’il ne détectait pas d’envie de duper chez le président.

Cet état de fait déconcertait profondément l’assassin qui se demandait s’il ne perdait pas l’esprit, ou s’il ne commençait pas à vieillir. Il arrivait que les améliorations au lieu de renforcer le corps l’affaiblissent, surtout en cas d’ajouts d’une grande quantité. Or Black y allait franchement sur les améliorations, il s’équipait actuellement presque toutes les semaines d’un implant mécanique ou organique afin de parfaire ses compétences guerrières. Cependant Fang se calma, il se pouvait simplement qu’il se fasse juste trop de soucis. Il dormit mal ses derniers jours. Il suffirait d’une bonne nuit de sommeil pour lui éclaircir l’esprit, retrouver un état mental optimal. L’assassin se persuada que son intuition négative sur le rendez-vous venait d’avantage du surmenage, plutôt que d’un raisonnement logique. Il était bon de compter sur son instinct par moment, mais il arrivait souvent que l’inconscient induise en erreur. Surtout quand une personne ressassait en boucle des idées noires. Fang retrouva Comlat en train de siroter un verre au niveau d’un tabouret de bar, pas très loin d’une verrière.

Comlat (content) : Ah Black Fang je suis heureux que vous ayez enfin décidé de venir me voir. Après mûres réflexions je suis d’accord pour étendre l’amnistie que je vous ai proposée à Mike Anders et Alexandra Banks.

Black : C’est un bon début, mais je n’ai toujours pas digéré le fait que vous ayez menacé de profaner la tombe de mon maître.

Comlat : Il s’agissait d’un coup de bluff, je sais toute l’affection que vous avez pour votre maître, je n’aurais jamais ordonné la destruction de la tombe de Croc noir.

Black : Admettons, pour que je travaille de nouveau pour vous, il faudra de grosses compensations. Je veux un triplement de mon salaire, et qu’Alexandra et Mike bénéficient tous deux d’une promotion au moins au niveau de sous-directeur.

Comlat : Accordé, il y a-t-il autre chose que vous vouliez ?

Black : J’exige de pouvoir m’amuser avec Rattus, j’ai très envie d’écorcher vif cette vermine, de lui arracher la peau.

Comlat : Entendu, c’est tout ou vous avez d’autres exigences ?

Black : Vous avez dit que vous connaissiez mon père, qui est-ce donc ?

Comlat : Je suis ton père, j’ai aimé ta mère, mais elle n’a pas supporté mes habitudes polygames, alors nous avons rompu. Elle m’avait caché ta naissance, mais comme tu lui ressembles de manière frappante dès que je t’ai vu, j’ai su que tu étais mon fils.

Black : Avez-vous une preuve pour justifier votre paternité à mon égard ?

Comlat : Voici une mèche de mes cheveux. Si tu contactes un laboratoire, d’ici moins de trois jours tu sauras de manière indubitable que je dis la vérité sur tes origines.

Black (souffre) : Argh cette sensation, Psyker n’est pas loin, vous m’avez piégé Comlat !

Comlat : Je t’assure je n’y suis pour rien.

Comlat ne mentait pas, il ne prépara pas de traquenard contre Black Fang l’assassin. Mais cela n’empêcha pas le sous-directeur Rattus de concocter une redoutable embuscade. Il aurait pu causer tout de suite l’évanouissement de Black, mais il voulait prendre son temps, et jouer avec l’impuissance de Fang. En effet Rattus possédait une mentalité cruelle. Il adorait faire souffrir ses proies, leur donner un brin d’espoir puis causer chez ses victimes un profond désarroi. Il chargea Psyker d’immobiliser seulement l’assassin, afin de pouvoir lui déclamer un long discours particulièrement éprouvant sur les innombrables souffrances qui l’attendaient lui et ses amis.

Même s’il s’interrogeait sur l’ordre exact des supplices à mettre en place. Il ne savait pas s’il commencerait à provoquer d’abord le viol de Black, ou qu’il s’échaufferait d’abord avec des injections de produits générant une douleur atroce. Il hésitait sur la démarche sadique à adopter. Puis une idée l’effleura, il ne torturerait pas tout de suite directement Fang, il le mijoterait en premier lieu. Il l’obligerait à regarder des vidéos décrivant les exactions sur ses amis, et après un délai d’attente d’une semaine le sous-directeur passerait aux réjouissances principales.

Il s’estimait ne pas être perdant au change, au contraire en agissant avec patience, il prolongerait longtemps les déconvenues de l’assassin. Il pourrait aussi s’adjoindre les services des meilleurs bourreaux du monde pour s’occuper de Black, s’il acceptait de témoigner un minimum de retenue. Bien sûr ce serait un peu dur de se contenir pendant plusieurs jours, mais Rattus considérait que le jeu en valait la chandelle. Ainsi il pourrait doubler voire tripler le temps de supplice de Fang.

Rattus (joyeux) : Comlat a raison, il n’est pas au courant de mon intervention. Black chantez si vous voulez, mais vous ne pourrez pas avoir Psyker avec la même astuce que la dernière fois. Psyker a les oreilles bouchées avec des boules quies très performantes.

Black : Comlat faites quelque chose, ordonnez à Rattus de stopper la torture qu’il m’inflige.

Comlat : Monsieur Rattus je vous somme de laisser Black tranquille, nous étions en train de trouver un accord !

Rattus : C’est vous qui allez m’obéir monsieur Comlat, je dispose depuis une semaine de nouvelles preuves accablantes sur vos activités cannibales. Je consens à les détruire si vous me laissez m’occuper de Black et de ses camarades.

Comlat : Rattus vous êtes vraiment un rat ignoble, un jour je vous ferai payer vos actes d’insubordination !

Rattus (très heureux) : Hé, hé Black vous êtes à moi. Et ne comptez pas sur Mike, il subit l’influence de Psyker, il est incapable de bouger. Mais que ?

Rattus le sous-directeur voyait avec horreur une voiture foncer sur lui, il estimait que ce serait une perte immense pour l’humanité qu’il meure, lui le brillant, le quasiment parfait, le super intelligent, et surtout le modeste. Le sous-directeur se considérait en effet comme l’homme le plus parfait du monde. Il se demandait souvent si ses véritables parents n’étaient d’ailleurs pas des dieux, ou des êtres infiniment plus considérables que de simples humains. Rattus s’imaginait que vu ses innombrables qualités intellectuelles, il était tout à fait vraisemblable que ses géniteurs soient divins. Il tenait ce genre de raisonnement depuis qu’il sniffait de la cocaïne, mais il ne trouvait rien de contradictoire là dedans. Au contraire il avait la franche impression que la drogue lui ouvrait l’esprit, décuplait ses facultés de jugement.

Par exemple il comprenait maintenant que les personnes qui se teignaient les cheveux en violet constituaient une grave menace pour la survie de l’humanité. Qu’il fallait interdire aux coiffeurs de proposer des teintes de couleur violette pour assurer l’avenir de la civilisation sur la Terre. Sinon des spirousfantasioslagaffes essayeraient de distribuer des bandes dessinées chinoises, qui inciteraient à considérer les chanteurs d’opéras comme des meilleurs politiques que les humoristes belges.

Heureusement pour Rattus, le véhicule visa quelqu’un d’autre que lui. Alexandra Banks fut d’abord tentée de s’enfuir dans une voiture, de partir le plus loin possible d’une situation qui dégénérait gravement. Puis elle se sentit morte de honte, alors elle tenta la démarche folle de foncer à travers une vitrine opaque pour essayer de sauver Black Fang d’un trépas particulièrement douloureux.

Rattus : Rah, Psyker est mort !

Black : Rattus, faites vos prières, je vais vous anéantir.

Alexandra : La police arrive Yuri, on doit récupérer Mike et se sauver de toute urgence. Monte tout de suite dans la voiture que je conduis.

Black : Vous avez obtenu un court sursis Rattus !

Une minute plus tard, Alexandra parla sur un ton lourd de reproches à Black à côté d’elle pendant qu’elle conduisait.

Alexandra : Qu’est-ce qui t’a pris Yuri de chercher à parler avec Comlat ? Toi et Mike avez failli être capturés.

Black : Je suis désolé Alexandra, j’ai eu une pulsion bête, je voulais sauver l’âme de mon maître.

Alexandra : Tu as le droit d’avoir des croyances spirituelles Yuri, mais si tu dois jouer les kamikazes, fais le seul.

Black : Je te demande pardon, la prochaine fois que je mettrai en place un plan je te consulterai.

Alexandra : Tout le monde commet des erreurs, et j’ai fait quelques belle gaffes dans ma vie, alors je te pardonne.

Black : Merci Alexandra, j’ai quelque chose d’important à te dire autrement. Tu sais qui est ton père ?

Alexandra : Non, ma mère n’a jamais voulu me donner l’identité de mon géniteur.

Black : Si tu me donnes une mèche de tes cheveux, je pourrai peut-être te révéler l’identité de ton père.

Alexandra : Très bien voilà. Alexandra se coupe une mèche.

Black Fang l’assassin espérait que l’analyse de paternité ne révélerait pas un lien de filiation entre Comlat et Alexandra Banks. Cela évitera à une femme chère à son cœur de subir une terrible déception. En effet Alexandra était très attachée à la notion de famille, et elle rêvait de connaître son géniteur. Si elle apprenait que son père la traqua, Banks risquait d’être très sérieusement ébranlée et mal à l’aise. Or Black voulait lui épargner ce genre de déconvenue. Il se sentait très redevable à Banks pour son dévouement.

En effet Alexandra n’hésita pas à exposer sa vie pour tenter de le sauver. Elle commettait parfois de grosses bourdes, mais sa gentillesse et son grand sens de la solidarité à l’égard de ses proches s’avéraient indéniables. D’ailleurs l’assassin aurait envoyé balader probablement sans ménagement la proposition de recrutement chez les Illuminatis, si elle ne conditionnait pas sérieusement l’avenir de Banks. Black se sentait presque aussi liée à Alexandra qu’à son défunt mentor Croc noir. Il n’aurait jamais cru cela possible d’éprouver à nouveau ce niveau d’affection.

Bien sûr tout n’était pas parfait chez Banks, elle possédait des manies déconcertantes voire énervantes. Par exemple elle exigeait qu’une assiette soit lavée très lentement au moment de la vaisselle. Pourtant malgré quelques côtés un peu irritants, elle demeurait une compagne fidèle et dévouée prête à affronter des périls importants pour Fang. Aussi l’assassin se promit de faire le maximum pour lui garantir une vie confortable, à l’abri des soucis matériels, de travailler avec énergie pour empêcher la Comlat Corp de retrouver Alexandra quitte à prendre des risques non négligeables.

Quelques jours plus tard la cachette de Black reçut une visite d’Éclair, il s’agissait d’un lieu souterrain, un endroit aménagé dans un ancien bunker supposé abandonné. Il se trouvait au cœur d’une réserve naturelle dans le Massif Central en France. Pratiquement personne ne passait dans le coin. Il y avait quelques couvertures pour dormir, un ordinateur portable pour s’occuper et des aliments en boîte pour manger, mais c’était à peu près les seuls objets présents dans le repaire.

Éclair : Alors Black Fang quelle est votre réponse ?

Black : J’accepte de travailler pour les Illuminatis.

Éclair : Avant de devenir un membre à part entière, il faut passer un test pour prouver ses aptitudes. La mission d’intronisation sera de ramener vivant le professeur Franken. Il est actuellement détenu dans un local à prisonniers de la Conspiration Corp.

Black : Qu’est-ce qui est arrivé au professeur Franken pour qu’il devienne un détenu ?

Éclair : Franken a trahi la Comlat Corp et a tenté de rejoindre la Conspiration Corp, mais il a affaire à une personne très méfiante. De plus Franken a copieusement insulté celui chargé de l’évaluer. Donc plusieurs passages à tabac contre le professeur ont été ordonnés.

Black : Si je trouve des gardiens puis-je les tuer ?

Éclair : Non de plus il vous est interdit d’utiliser votre amélioration réflexes surhumains. D’après mes informations, il y a cinq gardes dans le local à prisonniers, ils ne sont pas très aguerris.

Black : Puis-je compter sur l’aide de mon camarade Mike pour me seconder ?

Éclair : Il faudra réussir la mission seul, si vous échouez les Illuminatis vous laisseront tomber. Vous n’avez droit qu’à une chance pour prouver vos capacités.

Black : Quel sera mon équipement ?

Éclair : Un pistolet à fléchettes paralysantes et un fusil électrique. Si vous êtes pris au sein des Illuminatis, il faut savoir que le meurtre est une solution que mes employeurs n’emploient qu’en dernier recours, et seulement contre les chefs, sauf cas particuliers.

Black Fang s’introduisit assez facilement dans la prison servant de lieu de détention au professeur Franken. Il s’agissait d’un vieil entrepôt fait de briques rouges et composé de quatre pièces. À première vue le lieu était abandonné depuis des années, mais une personne vigilante pouvait repérer des traces d’activités récentes, notamment des mégots de cigarette.

Black rencontra un gardien équipé d’une radio, il le neutralisa au moment où le vigile faisait un rapport. Heureusement Black savait bien imiter les voix et disposait de l’amélioration perroquet, un dispositif mécanique au niveau des cordes vocales qui permettait de modifier avec une grande facilité le timbre de sa voix. Après avoir ouvert discrètement la porte de la petite cellule de Franken, la présence de Fang fut découverte par le professeur.

Franken : Black Fang que faites-vous ici ?

Black (murmure) : Chut je suis là pour vous délivrer, Franken.

Franken : Horreur des cafards !

Garde : Qui va là ? Alerte le prisonnier s’évade ! Il se prend une fléchette qui l’endort.

Black : Bon on peut dire adieu à la fuite discrète, suivez-moi.

Fang cassa plusieurs murs, et courut comme un dératé. Il récolta d’ailleurs un tir à cause du manque de résistance physique de Franken, qui s’arrêta après deux minutes de course pour réclamer de l’eau. Le pire ne venait pas de la balle encaissée par Black. Son corps ne fut pas blessé par l’impact du petit calibre à l’épaule. Par contre supporter les caprices de Franken cela s’annonçait un véritable défi. Après la bouteille d’eau, le professeur exigea une halte pour une histoire de point de côté, ensuite il se plaignit d’une crampe, il réclama aussi une boisson énergisante, un café, un oreiller pour sa tête dans le véhicule qui les amenait vers une planque.

Black dut faire de violents efforts pour ne pas abandonner Franken, l’expédier à ses anciens ravisseurs. Il admettait que son interlocuteur était un intellectuel qui négligeait sa condition physique, mais il trouvait drôlement compliquées et franchement énervantes les incessantes jérémiades et les caprices du professeur. Heureusement Fang tenait à satisfaire ses nouveaux employeurs, les Illuminatis. Et il se dit qu’avec de la chance, il n’entendrait plus parler de Franken avant longtemps, s’il menait à bien sa mission. Résultat Black fit contre mauvaise fortune bon cœur, et se força à se montrer conciliant, bien qu’il ait envie de mettre du sparadrap sur la bouche de son interlocuteur, ou de lui refiler un violent coup de poing. Et puis Fang connut pire, les mauvaises manières de Franken étaient loin d’être aussi déplaisantes que l’impolitesse notoire de Rattus.

Franken (essoufflé) : Huf, huf je crois que l’on a échappé à nos poursuivants. Comment pourrais-je vous remercier Black ?

Black : En réfléchissant à la proposition d’embauche de mes employeurs.

Franken : Tant que l’on me paie à la mesure de mon talent, je suis peu regardant.

Black : Mes supérieurs pourraient doubler votre salaire comparé à celui versé par la Comlat Corp.

Franken : L’essentiel a été fait pour me convaincre.

Un peu plus tard, Comlat entama une discussion avec Rattus dans un niveau laboratoire pour cobayes humains. Il s’agissait d’un endroit horrible où des dizaines de personnes subissaient des injections de produits toxiques pour vérifier l’efficacité de certains poisons. Beaucoup de prisonniers en cellule gémissaient sous l’effet des liquides dans leur corps. Ils ne testaient pas forcément des substances mortelles, par moment ils expérimentaient des drogues n’infligeant pas la mort, mais une douleur atroce.

Comlat : Rattus, quand commencera la phase de distribution commerciale du projet marionnettes ?

Rattus : Dans deux semaines, les tests finaux sont très concluants. On peut observer quelquefois un doublement du coefficient intellectuel des sujets. De plus seulement 0.01% des cobayes ont ressenti des effets secondaires sur la santé physique, et les conséquences négatives s’avèrent très mineures.

Comlat (joyeux) : Parfait, donc d’ici un à deux mois j’aurai le monde à mes pieds. L’ensemble des chefs religieux, politiques et économiques de la planète seront contraints d’exercer mes quatre volontés. Même les Illuminatis devront se soumettre à moi.

Rattus : C’est étrange, je croyais que les Illuminatis étaient un mythe.

Comlat : Au contraire il s’agit d’une organisation puissante, ils sont très redoutables. Je les connais bien, j’ai été un des leurs pendant quelques années.

Chapitre Précédent|Sommaire |Chapitre Suivant