Reincarnated Mage With Inferior Eyes chapitre 1

Chapitre 1 : La présence d’un démon

Lorsque mes yeux s’ouvrirent, je me retrouvais dans le même cercueil que celui dans lequel je m’étais endormi. J’avais dormi si longtemps que mon corps me faisait mal. Alors que je poussais le couvercle, un bruit sourd et soudain m’avait frappé les oreilles. Je suppose qu’il était inévitable que le cercueil se brise à cause des siècles de sommeil. Si ma magie de réincarnation avait fonctionné, je me trouverais actuellement deux cents ans dans le futur. Il était normal que les choses se soient détériorées.

« Wow… » J’ai laissé échapper un son de surprise en sortant de la lumière et en voyant mes membres maintenant plus petits. Il semblait que j’avais réussi. Mon âme était entrée dans le corps que j’avais préparé, ce réceptacle se révélait basé sur ce à quoi je ressemblais quand j’étais enfant. J’aurais peut-être dû changer un peu d’apparence, mais j’étais relativement attaché à mon physique et j’avais du mal à m’en débarrasser. Mais je ne m’attendais pas à ce que ce soit un problème, toute personne capable de me reconnaître devrait avoir disparu depuis longtemps.

« Hm… Où est le miroir ? Je me souviens qu’il était par là… »

J’avais commencé à balayer la zone du regard, mais je n’avais vu mon miroir nulle part. Il aurait dû y en avoir un à proximité, mais peut-être qu’un tremblement de terre ou autre chose l’avait fait tomber et l’avait brisé. Peut-être que les tessons étaient cachés sous les décombres. Cependant, ma recherche fut interrompue car quelque chose d’autre attira mon attention.

« Je sens un démon. »

Je tendis l’oreille et j’entendis des bruits de pas qui résonnaient dans la grotte. D’après leur son, je déterminais qu’ils appartenaient à un démon qui avait pris la forme d’une femme. C’est un bon déguisement. Ils auraient probablement pu tromper n’importe quel humain normal, mais pas moi.

La situation n’est pourtant pas brillante. Comment avait-elle pu franchir toutes les barrières que j’avais érigées ? Auraient-elles pu se détériorer au fil des ans ? Si j’avais été dans mon ancien corps, je n’aurais pas été inquiet, mais… pourrais-je la vaincre dans ce corps d’enfant ?

Je n’avais qu’une seule chance de lancer une attaque préventive. Je devais attendre qu’elle ouvre les portes. Dès qu’elle le ferait, je la frapperais avec le sort le plus puissant que je puisse trouver à ce moment-là. Si j’étais capable de frapper en premier, je serais dans une position avantageuse, même dans ce corps. Les lourdes portes se sont lentement ouvertes et j’ai entendu une voix.

« Maître Abel ? »

Stupéfait par sa beauté, j’ai été tellement pris au dépourvu que j’ai complètement perdu ma concentration sur le sort que je m’apprêtais à lancer. C’est dire si elle était belle.

Elle avait des yeux d’azur, ce qui indique une affinité pour l’eau. Elle était mince, avec une peau aussi blanche qu’un nuage, et de longs et soyeux cheveux argentés. Elle laissa tomber le panier d’osier qu’elle tenait.

« J’ai attendu ce jour avec impatience… »

Euh…huh ? Excusez-moi ! Je n’arrivais pas à comprendre ce qui se passait. Soudain, la fille s’est effondrée sur le sol, les larmes coulant de ses yeux.

« Mes plus sincères excuses, Maître Abel. C’est juste que j’ai attendu si longtemps. »

Vous m’attendiez ? Je n’ai absolument aucun souvenir de cette beauté. Je n’en étais pas fier, mais j’avais toujours été tellement absorbé par mes recherches que j’avais passé toute ma vie sans relations amoureuses.

Soit elle était une actrice incroyablement douée, soit les larmes qu’elle versait étaient authentiques. M’avait-elle vraiment attendu ? Qui était-elle ? Connaissais-je des démons ?

« Oh… Ok… Je comprends maintenant… »

Une forte impression de déjà-vu m’envahit. Je l’avais déjà rencontrée. La voir pleurer sur le sol tout en me regardant a ravivé ma mémoire. Soudain, les mots de mes anciens collègues m’ont traversé l’esprit.

« Abel, tu es fou ?! C’est peut-être une enfant, mais c’est toujours un démon ! » « Je ne peux pas le croire ! C’est notre ennemie, l’ennemie de l’humanité ! »

Je me suis souvenu de tout cela comme si c’était hier. Le lendemain de notre victoire sur le roi des démons, j’ai sauvé la vie d’une enfant démon sur un coup de tête. Non seulement elle n’avait pas réussi à s’échapper du château assez vite, mais elle était aussi la fille du roi des démons. Pour cette raison, ils ont voulu la tuer.

Son nom est apparu dans mon esprit.

 « Ça fait longtemps qu’on ne s’est pas vus, Lilith. »

« C’est merveilleux de vous voir en bonne santé, Maître Abel. »

Deux cents ans plus tard, il ne restait presque plus rien de la petite fille qu’elle avait été, surtout au niveau de la poitrine. Elle ressemblait désormais à une femme d’une vingtaine d’années.

« Depuis que vous m’avez sauvé la vie il y a deux cents ans, je me suis consacré à vous rendre la pareille ! J’ai entendu dire que vous aviez quitté le groupe des héros et que vous aviez disparu, alors j’ai passé plus d’un siècle à parcourir le monde à votre recherche, jusqu’à ce que je tombe enfin sur cet endroit. »

Euh… euh… J’avais peut-être été un peu trop naïf si un démon avait pu trouver ma cachette. La barrière a dû s’affaiblir au fil des ans, j’ai dû me tromper dans mes calculs. Si j’avais à nouveau l’occasion de me réincarner, il faudrait que je peaufine les choses pour éviter que ces problèmes ne se reproduisent.

« Au fait, Lilith, je me souviens peut-être mal, mais n’avions-nous pas la même couleur d’yeux jaunes ? »

C’était l’une des choses qui m’intriguaient le plus depuis que j’avais compris que c’était elle. Comment avait-elle changé la couleur de ses yeux ? Il était juste de dire que la couleur des yeux d’une personne correspondait à la teinte de son âme, qui constituait son être même. Même en me réincarnant, je n’aurais pas pu changer la couleur de mes yeux. En d’autres termes, il n’y avait aucun moyen pour elle d’y parvenir facilement.

« J’ai des yeux d’ambre, tout comme vous », répond-elle. « Cependant, je porte actuellement des lentilles de couleur.

« Couleur… quoi ? »

« Il serait peut-être plus rapide de vous montrer ce que je veux dire plutôt que de l’expliquer. »

 « Hein ?! »

J’ai pratiquement crié de surprise quand Lilith a mis ses doigts dans un de ses yeux et a décollé quelque chose.

« Il s’agit d’un objet connu sous le nom de lentille de couleur. Une fois qu’on s’y est habitué, on remarque à peine qu’il est là. »

Je n’avais pas de mots. Cette feuille semi-transparente a donc pour fonction de changer la couleur de vos yeux ? C’est une chose à laquelle personne, à l’époque où je vivais, n’aurait jamais pensé.

Avant même de m’en rendre compte, je me suis retrouvé à glousser. J’avais eu raison de choisir cette époque pour me réincarner. Les progrès de l’humanité étaient stupéfiants. Il y avait toujours eu des préjugés sur la couleur des yeux. Les humains s’étaient détestés et avaient même parfois mené des guerres pour une chose aussi simple que cela. Tant de vies ont été perdues pour quelque chose d’aussi insignifiant. Il était vraiment ironique que l’origine de tous ces conflits puisse être résolue par cette feuille semi-transparente.

« Maître Abel, j’aimerais vous parler de quelque chose. Serait-il possible de parler ailleurs ? Je n’habite pas très loin d’ici. »

« Oui, bien sûr ».

J’étais intéressé par ce qu’elle avait à me dire, mais j’étais encore plus intéressé par le fait de voir et d’expérimenter comment le monde avait changé. Lilith a pris son panier et en a sorti quelque chose. D’après ce que j’ai pu voir, il s’agissait d’un tissu chaud et fin, tissé avec des ficelles duveteuses.

« Qu’est-ce que c’est ? Une sorte de collier ? » demandai-je alors que Lilith l’enroulait autour de mon cou.

Un sourire éclatant se dessine sur son visage. « C’est un type de vêtement contre le froid, une écharpe. Son nom a changé au cours des deux cents ans où vous étiez absent. »

Elle m’a pris la main et a commencé à marcher lentement avec moi, hors de la pièce et vers le monde extérieur Lorsque nous sommes sortis, mon souffle est devenu blanc. En fait, le monde entier devant moi était recouvert de blanc, de neige fraîchement tombée.

« Sortons, Maître Abel. »

J’ai acquiescé et nous nous sommes mis en route sur la neige qui recouvrait ce nouveau monde.

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