Chapitre 31 : La vérité derrière les événements
Il y a une phrase qui date de mon époque : « Pour connaître le chemin que prend le serpent, il faut demander à un serpent. » Elle se traduit à peu près par « il faut en prendre un pour en connaître un ».
Il y avait une personne proche de moi qui pourrait m’aider à faire la lumière sur ce qui s’était passé. C’est dans cette optique que j’ai décidé d’aller rendre visite à ma connaissance démoniaque pour recueillir ses impressions.
« Je vois. J’ai une compréhension globale de la situation », a déclaré Lilith, une beauté svelte aux cheveux argentés uniques.
Lilith était la fille du roi des démons. Il y a 200 ans, je l’avais sauvée. Aujourd’hui, grâce à diverses circonstances, nous avons renoué l’un avec l’autre.
« Je pense que c’est l’œuvre de Navir du Clair de Lune », dit Lilith en ajustant ses jambes, enveloppées dans des collants noirs.
Hm. Apparemment, le monde des démons est beaucoup plus petit que je ne l’avais imaginé. Bien que j’aie été assez évasif dans les informations que je lui ai données, elle a été capable de trouver un nom précis. J’étais impressionné par son réseau de renseignements.
« Alors que fait un démon qui s’implique dans l’AMO, ou quel que soit le nom qu’on lui donne ? »
« C’est simple. Le mouvement anti-magie est incroyablement bénéfique pour certains démons. » Lilith expliqua ensuite la situation des démons modernes.
Apparemment, après la défaite du Roi Démon du Crépuscule, les démons s’étaient divisés en deux groupes. Le premier était celui des modérés, qui cherchaient à coexister avec les humains. Lilith appartenait à cette faction. L’autre groupe était celui des réformateurs, qui se cachaient des humains tout en préparant leur résurgence afin de régner sur le monde des hommes.
« J’ai entendu des rumeurs sur l’implication de Navir dans le groupe anti-magie depuis environ vingt-cinq ans. Il était le disciple le plus dévoué de mon père, le Roi Démon du Crépuscule. Il doit être en train de comploter pour rassembler des alliés ayant les mêmes ambitions et renverser l’ordre mondial actuel. »
Il était logique que Navir et les autres réformateurs trouvent le mouvement minoritaire anti-magie si bénéfique pour eux. Après tout, si cette idéologie se répandait dans le monde, les humains seraient considérablement affaiblis, et ce serait alors un jeu d’enfant pour les démons de s’emparer d’eux et de les renverser.
« Maître Abel, au cas où, je dois vous dire que… »
« Ce n’est pas nécessaire. Je sais que les démons qui nous veulent du mal ne sont qu’une minorité. Ils ne me conduiront pas à nourrir de la haine envers les démons cette fois-ci. »
Cependant, même il y a deux cents ans, les démons étaient loin d’être monolithiques en ce qui concerne leurs alignements. C’était probablement encore plus vrai aujourd’hui, en raison de la diversification des valeurs.
« Je suis très heureuse de vous l’entendre dire. Au fait, à propos du garçon… »
« Oh. Barth ? »
« Oui. Comment devons-nous nous y prendre avec lui ? Il a déjà eu affaire à un démon… Je ne suis pas sûre que nous puissions le laisser tranquille, » le comportement de Lilith changea. Ses paroles étaient devenues froides.
Très probablement, Lilith essayait de dire que, puisque Barth avait essayé de me faire du mal, il était trop dangereux pour être laissé seul. Elle a donc dû penser que le meilleur plan était, disons, de s’occuper de lui et de faire en sorte que son existence ne soit jamais révélée.
« Ça va aller. Pour le remercier de lui avoir sauvé la vie, il va servir de cobaye pour une nouvelle magecraft que je suis en train de développer. »
Une fois le combat terminé, j’avais lancé l’altération de la mémoire sur lui. L’inconvénient de cette magecraft était qu’à ce stade de son développement, il était impossible de la contrôler avec précision. Je ne savais pas quand il avait commencé à fréquenter les démons, mais pour l’instant, j’avais complètement effacé les dix derniers jours de sa mémoire. Au moins, cela semblait l’empêcher d’essayer de m’attaquer pour le moment.
« Tant que Barth est en vie, je suis sûr que les démons essaieront d’entrer en contact avec lui. Il nous est encore utile, alors ne fais rien d’inutile, Lilith. »
Lilith marqua une pause avant de reprendre la parole. « Vous n’êtes vraiment pas très honnête, n’est-ce pas, Maître Abel ? »
« Qu’est-ce que ça veut dire ? »
« Rien. J’aime ce côté de vous, alors je suis tombée encore plus amoureuse de vous ! »
Bon sang de bonsoir. Je n’ai toujours aucune idée de ce qui se passe dans sa tête. Les choses commençaient à se compliquer. Selon toute vraisemblance, celui qui manipulait Barth depuis les ombres, Navir, n’était pas une mauviette. Si les démons apprenaient que le mage qui avait vaincu le Roi Démon du Crépuscule s’était réincarné à notre époque, il me serait presque impossible de mener une vie paisible. Les anti-magecraft ne valaient franchement pas la peine que je m’y attarde, mais le calcul était différent s’ils essayaient de me gêner. S’ils continuaient à tenter de m’attaquer, je devrais m’occuper d’eux comme il se doit.
◇
Le lendemain, après l’école, je suis allé à la bibliothèque secrète pour participer à la société de recherche sur la magie ancienne. Cependant, Noel semblait différente de d’habitude. Elle n’a pas couru vers moi comme un petit chiot dès que je suis entré dans la pièce. Aujourd’hui, elle lisait simplement un livre en silence à la table.
Hm. À en juger par sa réaction, elle n’est pas tellement absorbée par sa lecture qu’elle ne m’a pas remarqué. On dirait plutôt qu’elle fait semblant de lire en attendant de me demander quelque chose.
« Abel ? » a-t-elle demandé, alors que je réfléchissais à ces questions. Elle paraissait attendre depuis longtemps le bon moment pour poser sa question.
« Besoin de quelque chose ? »
« Mm. J’ai quelque chose à te demander ».
Noel a sorti quelque chose de son sac. C’était les archives akashiques. Hm. Elle avait donc vraiment compris. Ce n’était pas très surprenant qu’elle ait remarqué quelque chose d’étrange. J’avais utilisé la magecraft de résurrection, même si certaines parties du livre étaient tellement brûlées qu’elles étaient illisibles. Bien sûr, il aurait semblé bizarre que j’aie réussi à reproduire si parfaitement la magecraft du livre.
« La magie que tu as utilisée hier… est écrite sur cette page. »
Hm. Voyons ce qu’il en est. Quelle est la meilleure façon de réagir dans cette situation ? La seule personne dans ce monde qui sait que je suis un mage réincarné depuis deux cents ans, c’est Lilith.
Techniquement parlant, ce n’était pas quelque chose que je devais absolument garder secret. Cependant, si cette information se répandait et poussait Navir à jeter son dévolu sur moi, cela changerait la donne. Je ne voulais pas provoquer des événements qui pourraient nuire à mon objectif de vivre une vie paisible à l’académie.
« Si je disais que j’ai écrit ce livre, me croirais-tu ? »
« Hein ? »
Hm. Bien sûr, elle ne me croira jamais si je lui dis la vérité. J’avais essayé de lui dire cela comme un petit test, et elle m’avait simplement regardé avec confusion, ne sachant pas comment réagir.
« C’était une blague. Ne t’inquiètes pas trop de ce qui s’est passé hier. Ce n’était rien d’autre qu’une coïncidence. »
Oui, faire porter le fardeau de mon secret à une simple élève serait un poids trop lourd à porter. Je pense que je vais garder le secret sur le fait que je suis un mage d’il y a deux cents ans pour un peu plus longtemps.
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