Isaac – Chapitre 22

La flotte d’approvisionnement arriva la veille du début officiel de la « Semaine de la souffrance ». Habituellement, seul un navire était détaché pour approvisionner le campus avec de la nourriture fraîche. Cependant, la quantité de rations militaires d’urgences était telle qu’une flotte de navires fut envoyée au campus. Alors que les navires avaient accosté et étaient occupés à décharger leur cargaison de rations d’urgence dans les entrepôts, Isaac avait une petite réunion avec Gonzales.

« Tu as bien amené tout ce qui était sur la liste, pas vrai ? »


« La lettre d’introduction de Krent m’a permis de contacter toutes les personnes nécessaires sans aucun souci. Dis, tu comptes en faire quoi ? »


Gonzales était curieux de savoir ce qu’il comptait faire. Après tout il avait lu la liste des produits demandés par Isaac. La liste comportait principalement des ingrédients utilisés dans la cuisine traditionnelle de l’empire, mais dans des quantités beaucoup trop importantes pour une personne. Le reste de la liste indiquait principalement des produits dont il ne voyait pas l’utilité. Mazelan avait lui aussi donné un coup de main car le contenu de l’un des navires qui avait accosté contenait des provisions destinées seulement à Isaac. Gonzales avait entendu parler des derniers évènements du campus et craignait qu’Isaac ne s’attaque aux mauvaises personnes.

« Huhuh, tu n’as pas à t’inquiéter. Je ne fais que jouer avec quelqu’un. »


Gonzales n’eut pas besoin d’en entendre plus pour savoir que fouiner plus loin lui causerait des soucis. Après tout, il se contentait de rendre un service à Isaac en échange de quoi arrondir ses fins de mois.


À l’heure du déjeuner, habituellement temps de repos préféré des étudiants qui étaient en pleine période de croissance, tous les élèves ressemblaient à des forçats sur le plot d’exécution.


« J’ai entendu dire que le nombre de rations périmées récupérées par le campus n’a jamais été aussi élevé. »


« Apparemment, les rations de cinq ans et les rations de deux ans expirent en même temps cette année, alors nous avons le double de la normale. »


« Et nous ne pouvons même pas rêver de manger quoi que ce soit d’autre avant que tout cela ait disparu. »


« Je me sens déjà malade. »


Le goût n’était pas un facteur qui a été pris en compte lorsque du développement de ces rations, seule la durée de conservation importait. Son goût dégoûtant était si légendaire que même les bidonvilles de l’Empire souffrant de famine de masse s’abstiendraient de provoquer des émeutes de peur que l’Empire décide de se contenter de distribuer ces rations.


« Alors, qu’est-ce qu’il y a au menu ? »


« J’ai entendu dire que c’était de la brique… »


« Ha, c’est le pire dès le début. »


Depuis le développement du premier modèle, il y eu beaucoup de tentatives ayant pour but d’améliorer le goût dégoûtant des rations. Malheureusement, cela ne produisit que plus d’échecs. La « brique » était l’une des rations de première génération qui était toujours en service en raison de sa durée de conservation sans pareil. Son nom officiel était le pain séché, mais personne n’utilisait cette désignation.


Le pain séché était tellement dur qu’on disait qu’il pouvait servir de pierre à affiner. Essayer de le manger tel quel vous casserait une ou deux dents. Le seul moyen de consommer cette ration était d’utiliser un marteau pour la briser en morceaux et les faire tremper dans n’importe quel liquide. Le terme « comestible » fut sujet à débat au niveau du goût.

Les élèves avaient l’impression de marcher volontairement dans une salle de torture, mais à l’approche de la cafétéria, ils remarquèrent une grande tente installée juste en face. Ce qui n’était au début qu’une simple curiosité les laissa bouche-bé.

« C’est peut-être un peu trop efficace. »


Les vêtements de chef adaptés à Kunette lui allaient comme un gant, augmentant exponentiellement son niveau de mignonnerie. Avec un petit chapeau de chef pour couronner le tout, toutes les étudiantes s’évanouissaient presque à la vue de Kunette.


Pendant ce temps, Reisha recueillait toute l’attention des garçons. Elle portait une jupe courte exposant ses cuisses et une chemise qui laissait libre vue sur son décolleté. Autant dire que les garçons ne croisaient pas beaucoup son regard.


Kunette, en guise d’avertissement, grognait aux étudiants qui regardaient un peu trop intensément. Elle aurait tout fait pour s’échapper, mais Isaac savait comment acheter ses services.


Lui dire « Autant de miel que tu voudras » était le mot magique. Les membres de la tribu des Ours du Nord étaient tous sans exception obsédés par le miel. Grâce à son statut au sein de sa tribu, Kunette avait le droit à plus de miel que les autres membres. Cependant, chacun étant en compétition pour avoir droit à une plus grosse part du miel récolté, Kunette n’a jamais eu l’occasion d’avoir assez de miel pour être satisfaite. Ainsi, elle n’avait jamais mangé autant de miel dans toute sa vie que depuis le début de son séjour au Campus. De plus, pour la première fois de sa vie, elle n’avait même pas besoin de le partager.


En vérité, le fait qu’elle ait réussi à manger gratuitement du miel grâce à Isaac était un miracle en soi. Elle se sentait coupable de toujours le demander de façon puérile. Elle avait à plusieurs reprises tenté de résister à l’appel du miel, mais chaque fois qu’elle essayait, elle tenait déjà un pot de miel vide avant même de s’en rendre compte.

C’est la raison pour laquelle elle avait accepté d’aider Isaac : Le rembourser pour tout le miel qu’il lui avait donné. Bien sûr, la promesse d’Isaac de lui donner encore plus de miel avait joué dans sa décision.


« Étudiants ! Venez prendre des sandwichs ! »


Les étudiants furent étonnés par Isaac. Son courage d’essayer de vendre de la nourriture devant la cafétéria des étudiants était une chose, mais qui serait enclin à acheter un vieux sandwich ordinaire sachant que la cafétéria fournit de la nourriture en utilisant les meilleurs ingrédients ?


Isaac réalisa que les étudiants n’avaient pas compris la situation et murmura en prenant un sandwich dans ses mains.


« Ce sandwich est bien meilleur que les rations conservées. »


Ce fut le déclic pour les étudiants. En d’autres circonstances, ces sandwichs ne seraient en aucun attrayant pour le palais de ces étudiants, cependant, cette semaine, cela pourrait devenir la nourriture la plus précieuse sur l’ensemble du Campus.


Les étudiants restèrent figés. Au milieu de la foule, un grondement d’estomac résonnait chez les élèves en voyant ces sandwichs. Il était midi, ils avaient faim et la volonté de résister à l’appel des sandwichs s’amenuisait.

« Hé, tu as de l’argent sur toi ? »


« Pourquoi en aurais-je ? J’ai donné le peu que j’avais sur moi au coffre-fort du Campus à mon arrivée. »


L’une des choses les plus inutiles à transporter dans le campus était l’argent. Les étudiants n’en avaient pas besoin puisque tout était fourni par le Campus.

Les étudiants avaient donc pour habitude de placer leur argent dans le coffre-fort du Conseil des Etudiants. Ainsi, aucun des étudiants ici présents n’avait d’argent pour payer Isaac.


« On peut négocier ? »


« Négocier ? Mais avec quoi ? J’ai une bague avec moi, mais je serai renié par ma famille s’ils découvrent que je l’ai échangée contre un sandwich. »


« Mon père me battrait à mort. »


– Hm. Je pensais qu’il se jetteraient tous sur les sandwichs peu importe le prix, mais on dirait qu’ils sont plus résistants que je ne l’avais imaginé. –


Le nombre d’étudiants hésitants était beaucoup plus élevé que prévu, mais Isaac avait toujours un atout.


« Il est temps de passer aux choses sérieuses. »


Il appela Kunette et pointa son menton vers les élèves.


« Kunette. C’est à toi de jouer. »


« …»


Après une petite hésitation, Kunette s’approcha lentement de la fille la plus proche de la tente avec un panier plein de sandwichs dans une main.


« … Prenez-en un. »


La fille fut stupéfaite de voir Kunette distribuer le sandwich.


« A, Attendez… »


« … Vous n’en voulez pas ? »


Kunette tendit le panier à l’étudiante sans lâcher son regard. Sans lui laisser le moindre répit, Kunette inclina légèrement sa tête. Comme l’avait prédit Isaac, ce fut suffisant pour que l’étudiante abandonne la pensée rationnelle en faveur de son instinct.


« Comment pourrais-je refuser ? Donnez m’en un ! »


Elle prit le sandwich et vit Kunette lui sourire sans rien lui demander. Après une pause, la fille a mordu dans le sandwich.


« … Merci de votre soutien. »


Kunette s’inclina et, en baissant la tête, le chapeau du chef commença à tomber. La tentative de Kunette de réajuster le chapeau d’une seule main tout en tenant le panier dans l’autre était suffisante pour pousser le reste des filles dans une frénésie.

« Ah, ça m’est égal. J’en veux un moi aussi ! »


Une seule personne suffisait pour déplacer toute la foule et Isaac le savait. Le panier de sandwichs fut vidé en quelques instants et ceux qui étaient derrière n’hésitaient pas à se bousculer dans l’espoir d’obtenir un sandwich.


« Que se passe-t-il ici ? »


Une voix aiguë bien connue de tous se fit entendre. Pensant le tenir, Rivelia se dirigeait vers Isaac aussi satisfaite qu’elle pouvait l’être.


« Enfreignez-vous ouvertement les règles maintenant ? »


« Je suis désolé, mais j’aimerais savoir, quelle règle ai-je enfreinte ? »


Rivelia attendait ce moment depuis si longtemps qu’elle ne put pas s’empêcher de sourire.

« Ah ! Pendant combien de temps pensiez-vous pouvoir continuer à utiliser cette excuse ? Les nouvelles règles du Campus stipulent que toute personne qui n’est pas un étudiant faisant du commerce sur le sol du Campus est punissable par le Conseil étudiant. Je suppose que vous n’étiez pas au courant de cela ! »


« C’est la première fois que j’entends parler de cette règle. »


« Ha ! Conformément au protocole, j’ai affiché hier les changements de règles effectués sur le tableau d’annonce qui se trouve actuellement dans le sous-sol du bâtiment du Conseil étudiant. C’est votre faute si vous ne l’avez pas vu. »


« … »

Isaac était quelque peu surpris mais s’attendait à quelque chose comme ça de la part de Rivelia. Les étudiants, eux, étaient stupéfaits. Il n’y avait presque aucun intérêt à visiter le bâtiment réservé au Conseil étudiant.  C’était pour cette raison que le tableau était généralement placé dans un lieu plus fréquenté. Ainsi, seuls quelques étudiants avaient remarqué que le tableau avait été déplacé dans le sous-sol du Conseil des étudiants.


« Selon les règles que vous aimez tant, le président du Conseil des élèves peut décider où il doit être placé après que les règles aient été modifiées. »


« C’est donc pour ça que vous êtes venue me narguer. »


En temps normal, Isaac faisait attention à ne pas attirer trop d’attention sur lui. Par conséquent, elle avait préparé un piège en utilisant la Semaine de la souffrance comme appât. Cependant, de peur que cela ne suffise pas à le faire sortir du port, elle décida de le provoquer un peu plus.


Les élèves s’étaient écartés pour faire de la place aux deux personnes au centre de l’attention du Campus. La forte tête Rivelia contre le fauteur de trouble Isaac. Ces deux-là semblaient être faits pour s’affronter, ainsi les regarder se confronter était toujours divertissants.


« Puisque vous avez enfreint les règles, vous devez être puni. »


« Mais je n’ai jamais fait affaire ici. »


« Ah ! Essayez-vous de nier les faits ? Je ne vous pensais pas aussi éhonté. »


« Qui a dit que je vendais cette nourriture ? »


Isaac n’a jamais mentionné vouloir « vendre » ces sandwiches après tout. Il avait seulement proposé aux étudiants de venir les manger.


« Vous dites donc que vous distribuiez cette nourriture « gratuitement » sans avoir l’intention de récolter quelque profit que ce soit ? »

Rivelia semblait heureuse d’avoir poussé Isaac dans ses retranchements, sûre de sa victoire. Tout le monde connaissait la situation d’Isaac. Oui, c’était vrai qu’il faisait des affaires avec les étudiants, mais ce n’était pas une grosse affaire. Si Isaac avait payé les frais de sa poche, le prix des ingrédients ainsi que les frais d’expédition de ces sandwichs avaient surement grandement réduit ses économies.


Alors que Rivelia souriait triomphalement, Isaac pointa un coin de la tente. Rivelia remarqua une brochure fournie par la Guilde des Marchands de Rivolden.


« La Guilde des Marchands de Rivolden ? Qu’est-ce que la Guilde des Marchands vient faire avec ça ? »


Isaac haussa les épaules en réponse à la question de Rivelia.


« À votre avis ? Ce sont eux qui m’ont fourni ces sandwichs. »


« Suis-je censé croire qu’une guilde marchande vient de donner des produits sans attendre aucun retour d’investissement ? »


« C’est exactement ce qu’ils ont fait. »


« Urk sqq ! »


Rivelia cherchait désespérément dans sa mémoire pour trouver une règle qui irait contre cela. Afin de vaincre Isaac, elle avait mémorisé l’entièreté des règles du campus malgré le peu de temps que lui laissai son entraînement intense. Pour y parvenir, elle recourut aux pouvoirs qui lui étaient conférés par son titre de présidente du Conseil des étudiants et avait fait quelques ajustements. Malgré tout, il n’y avait aucune règle concernant l’implication d’une guilde marchande.


Le président du conseil des étudiants pouvait modifier certaines règles, mais ne pouvait en aucun cas les créer. Cependant, aucune règle ne mentionnait cette possibilité, puisqu’après tout, c’était une première dans l’histoire du Campus. Aucune règle n’empêchait quiconque de donner gratuitement ses biens.

Isaac venait de retourner la situation et Rivelia goutait une nouvelle fois à la défaite.


« Bien sûr, la Guilde des marchands de Rivolden ne les a pas vraiment donnés gratuitement. »


Tandis que Rivelia était confuse par la déclaration d’Isaac, Isaac se tourna pour parler aux étudiants.


« La Guilde des commerçants de Rivolden fera de son mieux pour vendre des produits de la plus haute qualité. Il serait appréciable que vous vous souveniez de notre don à l’avenir lorsque vous devrez considérer avec quelle Guilde Marchande vous aimeriez échanger. Il est possible que nos produits soient moins luxueux que ceux des autres guildes, mais nous ferons toujours de notre mieux pour vous aider dans vos moments les plus désespérés », est ce que le maître de la Guilde des marchands de Rivolden voulait que je dise. »


« …»


Isaac venait d’un monde où le marketing faisait partie du quotidien. Conscient de son manque de pouvoir, d’argent et d’influence, Isaac décida d’emprunter à Krent ce qu’il n’avait pas afin d’augmenter l’ampleur de l’incident, juste pour s’amuser à la taquiner. La Guilde des Marchands de Rivolden avait accepté de payer tous les ingrédients, le transport, les coûts de main-d’œuvre et les frais de location des entrepôts. Isaac n’avait qu’une chose à faire pour les rembourser.


Leur faire de la pub. En d’autres termes, faire en sorte que les étudiants se souviennent du nom Rivolden en sortant de l’académie


Les étudiants du Campus étaient les futurs leaders de l’Empire. Avoir leur nom gravé dans leur mémoire était plus que suffisant pour récolter beaucoup de contrats à l’avenir. Le nombre de fournitures dont l’Empire avait besoin pour son infrastructure était astronomique. Il suffisait d’obtenir un contrat avec un seul ministère pour qu’une guilde de marchands entre dans la cour des grands.

Les gestionnaires sur le terrain des ministères avaient le pouvoir de décider avec qui l’empire commerçait. Afin de se faire un nom, obtenir ce titre était un passage obligé. Lorsque le gestionnaire avait le choix entre deux produits identiques mais venant de guildes marchandes différentes, son choix était forcément partial. Rivolden l’avait appris à ses dépens par le passé et souhaitait désormais s’en servir. Pour cela, ils devaient graver leur nom dans la mémoire des étudiants, et quoi de mieux que leur fournir de la nourriture dans le moment le plus désespérant de leur vie.


En vérité, le père de Krent, le maître de la Guilde des marchands de Rivolden, fut très impressionné quand il reçut la lettre dans laquelle Isaac avait décrit son plan et lui promit un soutien absolu.


« Ne sous-estimez jamais le capitalisme. »


Isaac observait le désespoir de Rivelia à l’idée de perdre une nouvelle fois, et la trouva adorable.


Isaac rit et murmura à Kunette.


« Kunette, donne un sandwich à cette fille. »


« … D’accord. »


Kunette suivit l’ordre d’Isaac et marcha jusqu’à Rivelia avec un panier plein de sandwiches. Rivelia luttait pour empêcher son visage de fondre en larme à l’apparence adorable et pure de Kunette.


« Merci. »


À ce point, Rivelia avait complètement oublié Isaac et s’inclina devant Kunette pour la remercier et Kunette s’inclina en retour.


« Ahem. Le règlement ne faisant aucune mention à ce type de situation, je ne porterai pas de jugement sur cette affaire. Cependant, je ferai un rapport officiel au Comité pour en discuter avec eux. »


« Ma chère, je me dois de vous demander miséricorde. »


Isaac se rapprocha de Rivelia alors qu’elle reculait instinctivement. Après autant d’entrainement, son corps tout entier pouvait ressentir un sentiment de danger en voyant Isaac sourire.


« Ne pouvez-vous pas faire comme si cela ne s’était jamais produit ? »


« C, c’est impossible ! »


« Ne soyez pas si avare. Suivre vos études est déjà assez difficile, vous devriez au moins vous récompenser avec de la bonne nourriture. »

Isaac n’avait pas tort. Le campus fournissait de la nourriture délicieuse et nutritive à tous ses étudiants, sauf pendant la Semaine de la souffrance.


« Hmph ! Impossible ! Peu importe ce que vous essayez, il est de mon devoir de reporter cet incident ! »


Malgré le refus de Rivelia, Isaac semblait sûr de lui.


« N’êtes-vous pas curieuse de savoir ce que je pourrais vous offrir ? »


« Ah ! essayez-vous de me soudoyer maintenant ? Je vais immédiatement vous expulser pour tentative de corruption ! Et d’abord, pensez-vous vraiment qu’il y a quelque chose que vous possédez qui pourrait me satisfaire ? »


Rivelia avait grandi sans jamais manquer de rien. Pas même la famille de l’empereur possédait quelque chose qu’elle ne pourrait avoir chez elle. Peu importe ce qu’Isaac offrait, elle était prête à se moquer de sa tentative futile.


Mais le sourire sinistre d’Isaac l’inquiéta de plus en plus. Son instinct lui cria de ne pas continuer sur cette voie. Alors qu’elle s’apprêtait à se rétracter, Isaac mit soudainement ses mains sous les aisselles de Kunette et la souleva en l’air.


Les yeux de Kunette s’ouvrirent comme ceux d’un lapin alors qu’elle agitait ses bras et ses jambes adorables pour se débattre. Rivelia n’a pas pu s’empêcher de sourire en voyant ça.


« M, Mignon. »


Rivelia ferma rapidement la bouche une fois qu’elle réalisa ce qu’elle venait de murmurer avant de remarquer qu’Isaac l’avait entendue et faisait un grand sourire.


« Kuh ! T, toi ! »


En fin de compte, même Rivelia était une adolescente qui aimait les choses mignonnes. À cause de sa fierté, elle le cachait sous un masque froid et stricte.


« Mignon, n’est-ce pas ? Si vous m’aidez, je vous donnerai la permission de câliner Kunette une fois par jour ! »


« … »

Câlin ? Câliner la fourrure blanche aussi douce et chaleureuse qu’un nuage ? Jusqu’à présent, elle était contrainte de détourner les yeux lorsqu’elle apercevait Kunette. Il y avait eu quelques cas où certains élèves ne pouvaient pas s’empêcher d’approcher Kunette dans une tentative de la caresser. Ils ont tous payé un gros prix. La mignonnerie de Kunette était en effet une tentation dangereuse. Mais avoir son accord pour la caresser ? C’était une offre du diable lui-même. Elle savait qu’elle devait la refuser, mais les mots ne sortaient pas de sa bouche.


« Non ! Jamais ! »


Kunette a lutté comme si sa vie en dépendait. Isaac eu simplement besoin de chuchoter une seule phrase à l’oreille de Kunette pour la calmer.


« Dix pots de miel. Tous les jours. »


« …! »


Kunette était très reconnaissante envers Isaac pour tout le miel qu’il lui avait donné gracieusement. Elle était bien consciente que son stock original de miel avait été vidé il y a longtemps, et tout le miel qu’elle consommait maintenant avait été acheté personnellement par Isaac. Sa culpabilité grandissait depuis longtemps ; pour se rattraper, elle essayait de savourer le miel aussi longtemps que possible car les fonds d’Isaac n’étaient pas illimités.


C’est pourquoi Kunette, qui était extrêmement opposée à l’idée que quiconque la caresse, avait fait d’Isaac une exception.


Elle aimait quand il la caressait. C’est pourquoi il arrivait qu’elle monte volontairement sur ses genoux. Cependant, Isaac était le seul à bénéficier de ce traitement. Elle se sentit trahie quand Isaac proposa à quelqu’un d’autre de la caresser, mais dix pots de miel était en effet une récompense dont elle pouvait se contenter, surtout si c’était tous les jours.


Sa réflexion ne pas dura longtemps. Elle était prête à faire face à tous les défis les plus durs pour le précieux miel. Kunette s’arrêta net de s’agiter et Isaac la remis à Rivelia comme on donnerai un chiot.


« Maintenant, ne voulez-vous pas frotter votre visage sur cette fourrure merveilleusement douce ? »


Avec la fourrure blanche comme neige tremblant devant ses yeux, Rivelia céda face à la tentation sans même s’en rendre compte.

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