Chapitre 16
Comme à leur nouvelle habitude, les deux acolytes arrivèrent à leur poste de travail un quart d’heure avant le début de leurs horaires. Après s’être désaltérés et posés, ils se dirigèrent vers la salle de soin. À peine pénétrèrent-ils dans la pièce que Florian se figea et observa le médecin agité qui se tenait autour de leur patient du jour.
Il s’agissait d’un vieil homme qui dormait paisiblement ; les cheveux épars, la barbe fournie, le corps maigre presque décharné, et cette cicatrice caractéristique à l’épaule droite. À sa vue, le cœur de Florian s’emballa : Yves Moreau.
Le médecin s’avança vers lui et l’invita à se rendre dans la pièce annexe pour discuter en toute discrétion, laissant Maud seule auprès de leur patient sans trop comprendre pourquoi elle était mise à l’écart. Une fois la porte close, le médecin fit les cent pas. Ce dernier frappait ses pieds contre le carrelage et bougeait frénétiquement les bras de manière désordonnée. Florian nota immédiatement son agitation qu’il parvenait difficilement à contenir.
— Nous y voilà, annonça-t-il d’une voix tremblante, dites-moi que vous savez quoi faire monsieur Leroy ! Par pitié dites-le-moi !
Florian sentait son sang pulser à travers sa carotide. Il connaissait la fin ; il s’y était préparé mentalement depuis plusieurs années. De toute façon, tout avait déjà eu lieu ; rien ne pouvait déraper et ce qui était arrivé recommencerait sous un autre angle. Les paramètres seraient les mêmes qu’à l’époque. Pourtant, sachant cela, jamais il ne douta plus qu’en cet instant.
— Ne vous en faites pas, finit-il par dire, tout se passera bien. Elle tout comme moi savons quoi faire.
— Allez-vous lui dire ? s’inquiéta-t-il.
Il réfléchit et hocha la tête par la négative :
— Non, ce n’est pas la peine. Elle saura.
Après de brefs échanges pour adoucir les tensions du professionnel de santé, Florian retourna dans la salle de soin où la jeune femme le regardait avec des yeux écarquillés. Elle tenait fermement le rapport de leur mission d’une main tremblante, manquant de déchirer le papier. Il sut qu’elle l’avait lu. Elle ouvrit la bouche pour lui parler mais il la coupa net d’un geste vif.
— Tout va bien se passer, la rassura-t-il.
— Mais et…
Il lui glissa un doigt sous le menton pour la forcer à le regarder droit dans les yeux.
— Maud, crois-moi, tout va bien se passer. Je te le promets.
Les larmes aux yeux, elle renifla et finit par acquiescer. Sans attendre, il l’invita à se changer. Ils revêtirent des vêtements chauds ; 1991, hiver, maison isolée, forêt, veste, téléphone satellite, photo, enfant, arme… il connaissait tout ceci par cœur. Une fois parés, il prit son acolyte par le bras et ils se placèrent devant la machine.
— Quelle date dois-je inscrire ? s’enquit le médecin.
— Le jour J, le 7 décembre.
— Et pour l’horaire ?
Florian demeura de marbre, plongé dans ses réflexions.
— Dix-sept heures dix.
— Mais c’est trop…
— Dix-sept heures dix ! réitéra-t-il en le regardant sévèrement.
Avec des gestes fébriles, l’homme entra la date. Le portail se déverrouilla et les deux acolytes entrèrent, Maud agrippant fermement le bras de son supérieur.
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