NORDEN – Chapitre 182
Chapitre 182 – Ultime épilogue
Le visage grave, Medreva montait la grande avenue pavée menant à Iriden. D’une main, elle crispait fermement l’anse d’une valise et, de l’autre, tenait la mimine d’Irène. L’enfant ne comprenait pas trop où sa grand-mère voulait l’emmener et la suivait docilement sans broncher, plongée dans un mutisme total depuis que sa mère n’avait pas reparu, deux mois auparavant. Elle était emmitouflée sous une épaisse couche de vêtements, serrant dans sa main libre son totem.
Avant de quitter Heifir, Medreva avait ordonné à sa petite fille d’embrasser sa cadette et de lui dire adieu pour une très longue séparation. Du haut de ses trois ans, Irène n’avait pas compris toute cette agitation. Pourquoi son père n’avait-il pas reparu ? Pourquoi toute la famille pleurait sans cesse et les regardait elle et sa sœur comme des bêtes bizarres ? Tant de questions l’assaillaient auxquelles personne ne lui donnait de réponse.
Elles traversèrent la place de la mairie où le drapeau du territoire, le cerf et la licorne, flottait vigoureusement à la brise, poursuivirent leur route dans une longue avenue et s’arrêtèrent devant un immense bâtiment. La Shaman s’arrêta devant la porte. Elle hésita un instant puis sonna. Un homme d’un certain âge leur ouvrit. Le visage souriant, il prit la valise et les dirigea vers le hall où de jeunes filles en robe noire et tablier blanc jouaient dans la cour. Irène les regardait de ses yeux de givre puis se tourna vers sa grand-mère qui se baissa pour se mettre à sa hauteur. Cette dernière posa une main tendre sur sa joue et la caressa.
— Mon enfant, il te faudra énormément de courage pour affronter ta destinée, murmura-t-elle d’une voix enrouée, ne crois pas que nous allons t’abandonner. Mais il te faut demeurer ici car toi seule seras digne de la mission qui va t’être confiée.
Elle eut un sanglot et se racla la gorge.
— Tu ne comprendras pas bien sûr ce que je suis en train de te dire présentement. Mais sache que nous t’aimons et ne faisons cela que pour ta sécurité. Nous veillerons sur toi et serons toujours là pour t’aiguiller. Lorsque tu seras plus grande, tu comprendras. En attendant, ici tu grandiras. Car parmi l’Élite plus tard tu régneras et par ta force et ton courage Alfadir tu défieras.
Elle se pencha et déposa un baiser sur son front.
— Höggormurinn Kóngur veit allt.
Lentement, elle se redressa puis, après avoir échanger quelques mots avec le personnel accorda un ultime regard à sa petite fille qui, les pensées confuses, regardait sa grand-mère franchir les grilles, la laissant dans l’édifice, seule, ne pouvant compter que sur elle-même.