NORDEN – Chapitre 79
Chapitre 79 – La dispute
Le soleil déclinait à l’horizon lorsque Alexander pénétra dans le manoir, épuisé d’une journée chargée et tendue. Désirée accourut. La queue battante et la langue pendante, elle alla chercher des caresses auprès de son maître qui s’abaissa à sa hauteur afin de l’enserrer. Avide de cajoleries, la levrette pressait sa tête contre son torse, offrant tout le réconfort qu’une chienne fidèle et dévouée puisse offrir. Cet accueil chaleureux eut le don de l’apaiser et il poursuivit sa route, gardant à l’esprit les incidents du jour. Quand il arriva aux pieds des escaliers, il vit Adèle assise sur le perron, le visage trahissant une infinie tristesse. Anselme posé sur ses genoux, la petite regardait son père gravir les marches. Alexander remarqua qu’elle avait les yeux rougis.
— Tu n’as pas l’air d’aller bien fort, dis-moi ! s’enquit-il en s’arrêtant juste devant elle. C’est votre mésaventure à Varden qui t’a perturbée ?
Adèle fit la moue puis, la tête baissée, marmonna :
— Avec Ambre on s’est disputées.
— Disputées ? Puis-je savoir pourquoi ?
Elle hoqueta et planta ses yeux bleus dans les siens.
— Va la voir, père… je t’en prie, va la voir et dis-lui que c’est mal ! cria-t-elle implorante. Dis-lui que c’est très mal !
Elle plaqua sa tête entre ses genoux et fondit en larmes, jamais elle n’avait paru si désemparée. Déconcerté, il entra dans la demeure où il aperçut Séverine en train de nettoyer le carrelage du hall à la serpillière, dans un état tout aussi morose que la fillette.
— Sais-tu où est Ambre ? lui demanda-t-il.
L’intendante arrêta sa tâche et soupira.
— À l’étage, dans ta chambre.
Sans rien ajouter, elle reprit son ménage, ses mains crispées contre le manche de son balai. Cette tension soudaine, ayant lieu chez lui, en son sein, lui permit d’oublier les tracas de sa journée afin de se concentrer sur le énième problème de sa future épouse qui ne pouvait être pris à la légère cette fois-ci. Il avança d’un pas hâtif jusque dans la chambre. Il contempla les lieux, vit qu’un livre usé était posé sur son bureau et entendit du bruit émanant de la salle de bain. Il pénétra dans la pièce et la vit debout, les mains fermement appuyées sur le lavabo. Tremblante de tous ses membres, elle avait les yeux mouillés de larmes et était secouée de sanglots. Un petit flacon était posé sur le rebord de l’évier, prêt à l’emploi. Lorsqu’elle vit son reflet à travers le miroir de la salle de bain, Ambre s’essuya les yeux d’un revers de la main, se passa un coup d’eau sur le visage et se retourna pour lui faire face.
— Peux-tu me dire ce qui ne va pas ? lança-t-il sèchement, ne voulant pas se laisser apitoyer. Je ne sais pas ce que tu as dit ou fait mais sache que tu causes du trouble, autant pour Séverine que pour ta sœur. Je ne peux tolérer tes emportements permanents surtout ici, en ma demeure !
— Ah oui ? Vous aussi vous ne me supportez pas ainsi ? s’écria-t-elle avec hargne. Et bien, je crois que c’est très clair ! Je vais faire comme Judith et noyer mon esprit dans la Liqueur ! Comme ça au moins je serais parfaitement calme et docile et personne ne viendra plus m’emmerder au sujet de mes états d’âme !
— De quoi parles-tu ?
Ambre eut un rire nerveux et lui lança le flacon qu’il attrapa au vol. L’homme l’examina avec soin. La fiole, en verre opaque noir, était à moitié pleine et l’étiquette manuscrite mentionnait son nom ainsi que sa composition. Il dévissa le flacon à pipette et en renifla le contenu avant de se reculer, perturbé par l’odeur puissante qui lui rappelait fortement le parfum de sa défunte femme.
— Au cas où vous vous demandez ce que c’est, cracha-t-elle, sachez que je sais maintenant pourquoi votre précieuse Judith était si molle et apathique !
— De quoi s’agit-il, je te prie ? demanda-t-il posément.
Ambre lui raconta en détail la conversation qu’elle avait entretenue avec Louise et Simon, dévoilant ainsi tout ce qu’elle avait appris au sujet de Judith. À ces annonces, le visage d’Alexander devint blême, attristé par cette révélation et confus de ne pas avoir pris plus sérieusement le cas de sa précédente épouse.
— Et dire que je commençais à me raccrocher à l’idée que le Féros pouvait être dompté ! se plaignit-elle. Que je pouvais être comme Judith, la prendre pour modèle et tenter de me raisonner en me disant qu’elle arrivait très bien à se contrôler et que je pouvais moi aussi réussir ! Mais il n’en est rien ! Elle aussi était comme moi, elle aussi était dangereuse et avait peur d’elle-même !
Elle jura et sanglota, se rongeant les lèvres à sang. Alexander la regarda sans trop savoir que faire ou dire pour l’apaiser et tenter de la raisonner.
— Et la dispute avec ta sœur ? finit-il par demander.
— Adèle ne veut pas que je touche à ça ! Elle me dit de gérer mon mal par moi-même, que ce poison ne fera qu’empirer mon instabilité ! Facile à dire… on voit bien que c’est pas elle qui trinque dans l’histoire !
— Au vu de l’état de ta sœur, je doute fort que tu te sois contenté simplement de la contredire ! objecta-t-il avec sévérité. Je ne crois pas l’avoir vu aussi mal en point !
Elle déglutit et passa une main sur ses yeux.
— Je me suis défoulée sur elle, les mots ont dépassé ma pensée… J’étais si énervée… je n’ai pas pu m’arrêter.
Il examina le flacon puis porta son regard sur elle.
— Tu en as pris ?
Elle grimaça, baissa la tête et hocha par la négative.
— Bien !
Sur ce, il ouvrit la vitre et jeta le flacon au-dehors, sous l’œil stupéfait d’Ambre qui se rua vers la fenêtre, le bousculant au passage, afin de voir où l’objet s’était échoué.
— Mais… mais vous êtes fou
Elle se retourna et lui fit face.
— Pourquoi avez-vous fait cela ?
Alexander observa de manière impassible la petite créature sauvage et furieuse qui se tenait devant lui.
— Pourquoi avez-vous fait cela !
— Tout simplement parce que je n’accepte pas l’idée que tu puisses te droguer et troquer un mal pour un autre ! Tu arrivais très bien à te maîtriser jusqu’alors. Il n’y a que lorsque tu fais tes crises ou que tu sens cette odeur que tu t’emportes. Quel intérêt, aurais-tu à te détruire le cerveau pour juste quelques délires passagers, dis-moi ?
— Des délires passagers ? Ah oui, certainement ! C’est vrai que je ne m’en voudrais absolument pas le jour où un de ces délires passagers arrivera sans crier gare et que je ferai un carnage autour de moi !
— Ambre ! Tu sais très bien qu’une fois la situation et les tensions actuelles passées tu seras nettement plus à même de te maîtriser. Certes en ce moment je comprends que ce soit difficile pour toi de te contrôler, comme pour moi et pour bon nombre d’habitants du territoire d’ailleurs ! Tu n’es pas la seule à morfler et très sérieusement je préfère largement te savoir agressive et à même de te défendre, plutôt que de te savoir léthargique et devenir ainsi une proie vulnérable pour l’ennemi !
Ambre ne dit rien et fit la moue, piquée au vif par ces propos. Souhaitant la radoucir, il ouvrit les bras pour la faire venir à lui. Elle soupira et se laissa bercer par son étreinte virile et solide.
— Et quant à l’odeur, poursuivit-il plus posément, sache que je prévois de mettre la main sur le trafic de cette satanée D.H.P.A. qui aurait dû être détruite il y a longtemps !
Il plongea la tête dans sa chevelure rousse et huma son parfum de jasmin. Cet effluve enivrant le réconforta et lui permit de diminuer son anxiété qu’il peinait à dissimuler tant les événements devenaient ingérables, que la signature du traité pouvait être compromise et que l’insurrection menaçait. Les jours sombres s’annonçaient, sa notoriété et son emprise sur le territoire étaient plus que jamais ébranlées. Il posa délicatement une main sur sa joue et la caressa de son pouce. Il prenait plaisir à exécuter ce petit geste tant il se révélait être apaisant au contact de cette peau duveteuse qui ne demandait qu’à être câlinée. Un appel à la luxure dont l’homme ne pouvait se permettre de succomber chaque fois qu’il osait l’étreindre, attendant impatiemment le matin venu, une fois sa fille partie pour l’école et bien loin du domaine, afin de satisfaire son appétit insatiable et de rattraper ces longues années de solitude perdues. Ils restèrent plusieurs minutes ainsi, lovés dans les bras l’un de l’autre, se détendant au gré de leur respiration mutuelle.
— J’ai vu que tu avais acheté un livre, finit-il par dire. Au vu de son état, je suppose qu’il ne date pas d’hier.
— Je l’ai acheté chez l’Antiquaire, il a coûté atrocement cher mais je me suis dit qu’il en valait la peine. Le vendeur m’a dit qu’il était extrêmement rare.
Ils défirent leur étreinte et se rendirent dans la chambre. Alexander examina soigneusement l’objet et lut la devanture. Il afficha un sourire satisfait, s’étouffa lorsqu’elle lui annonça le prix et parcourut la table des matières :
I — Histoire de Norden, Genèse
II— La cohabitation, aranoréenne
1— L’arrivée
2— L’alliance et cohabitation première
3— L’alliance seconde et grand exode noréen
III— Le Féros, le Berserk et la Sensitivité
1— Le Féros : Latent et Dominal
2— Le Berserk : Mineur, Majeur et Alpha
3— Le Sensitif
IV— Le peuple noréen :
1— Les spécificités physiques
2— Le totem et la transformation
V — La gestion des tribus
1— Les Ulfarks, peuple loup
2— Les Svingars, peuple sanglier
3— Les Korpr, peuple corbeau du Sud
4— Les Hrafn, peuple corbeau (futur peuple aranoréen)
Il balaya rapidement le contenu. Fort heureusement, le livre semblait entier et lisible à chaque page.
— Tu as bien fait de le prendre. Il est certes moins vieux que celui de Serignac mais il semble nettement plus concis sur ses descriptions et paraît aborder des points plus précis.
Il regarda son réveil, celui-ci indiquait vingt et une heures quinze ; il était temps pour eux d’aller dîner. Dès que le repas fut englouti. Ambre, qui ne put rien avaler tant son estomac était noué, prit congé et alla frapper à la porte de sa sœur tout en ayant préalablement été récupérer le flacon de liqueur qu’elle glissa dans sa poche par simple précaution. Elle trouva la fillette en chemise de nuit, assise à son bureau en train de dessiner. Sur son perchoir, Anselme dormait paisiblement, la tête nichée sous son aile. Une grosse valise était posée au sol où des dizaines de vêtements et objets divers étaient éparpillés pêle-mêle.
— T’as l’air d’aller mieux, déclara la cadette sans détourner le regard de sa tâche.
L’aînée l’enlaça et lui déposa un baiser sur la tempe.
— Je suis vraiment désolée ma Mouette, je n’aurais pas dû te parler ainsi.
La petite soupira et posa son crayon sur sa feuille.
— Ce n’est pas grave, chuchota la petite sans en train, tu vas mieux maintenant, c’est le principal.
Ambre jeta un œil à ses planches et s’aperçut qu’elle en avait croqué une autre représentant de nombreux animaux, notamment un chat si semblable à son défunt Pantoufle. À la vue de ce dernier, son cœur se serra.
— Alexander est d’accord avec toi, promis je ne toucherais pas à ces gouttes, fit-elle en resserrant son étreinte.
— Tu préfères que je reste auprès de toi ?
— Certainement pas ! Je ne veux absolument pas que tu t’inquiètes pour moi et que tu laisses passer une telle opportunité. Et comme tu l’as vu aujourd’hui, Varden et Iriden ne sont plus du tout sûres, il faut vraiment que tu partes. Tu seras en sécurité, les noréens te protégeront. Je m’en voudrais tellement s’il t’arrivait du mal, je ne pourrais pas le supporter !
— Comme tu voudras… se contenta-t-elle de répondre.
Elle se leva et s’effondra dans les bras de son aînée, la tête enfouie dans son cou. Des larmes chaudes roulaient le long de sa nuque, la petite avait les nerfs à vif, submergée par un trop-plein d’émotions puisque, dorénavant, elle était capable de pleinement ressentir la détresse psychologique de son aînée. Cette dernière entonna une chanson et la berçait tendrement jusqu’à ce qu’elle s’endorme.
Chose faite, Ambre regagna la chambre plongée dans la pénombre. Elle ouvrit la fenêtre et inspira une bouffée d’air frais, empreinte d’une forte odeur d’herbe et de pierre mouillée. Il pleuvait à verse. Le ciel était d’un gris uni se mariant parfaitement avec le chaos ambiant de la journée qu’elle venait de traverser. Elle s’accouda au rebord et avança l’autre main au-dehors, laissant la pluie ruisseler en grosses gouttes le long de son bras. Cette caresse lui permit de se détendre et, sans qu’elle ne s’y attende, elle se mit à rêvasser. Soudain, elle sentit le contact d’une main s’engouffrer sous sa chemise et parcourir sa taille, un toucher doux et langoureux qui la fit frissonner. La main continua son chemin, caressant chaque parcelle de peau qui se trouvait sur son passage et acheva sa course sur le ventre, pressant délicatement cette zone charnue.
— Que dirais-tu d’une petite session lecture avant de nous endormir ? proposa Alexander en s’approchant de sa nuque pour y déposer un baiser.
Ambre ne dit rien et esquissa un signe d’approbation. Éreinté, l’homme ne voulait pas rejoindre le salon pour entamer les dossiers du jour sur l’affaire de disparition. Il préférait s’adonner à la lecture, voulant apaiser son esprit mis à rude épreuve depuis deux années catastrophiques. Il alla même jusqu’à regretter son choix de carrière. Lui qui avait toujours été dans la confrontation et dans la soif du pouvoir commençait à être écœuré par ce rêve qu’il avait pourtant porté plus de vingt ans. Il défit son étreinte, ferma la fenêtre et alluma la lanterne de sa table de chevet. Le crépitement de la flamme et le tic tac de l’horloge accompagnaient le clapotement incessant de la pluie qui frappait avec force contre les vitres. Ils se changèrent et s’installèrent confortablement sur le lit. En chemise légère et à demi allongée à la gauche du Baron, Ambre posa sa tête contre son épaule et regardait, les yeux mi-clos, en direction du livre.
La lecture se faisait sans peine. Ils lurent les trois premiers chapitres d’une traite, happés par ce récit inédit dont les informations, bien que datées, demeuraient toujours d’actualités d’un point de vue historique. Alexander fut pris d’un rire narquois lorsqu’ils arrivèrent à la classification des genres, selon Wenceslas, au sujet des espèces animalières y compris humaine de Norden.
1 — Norden : la loi Naturelle, aléatoire et inconsciente
2 — Alfadir : l’entité consciente, pourvue de morale
3 — les Sensitifs : êtres éveillés, conscients du monde
4 — les Humains : êtres pourvus de morale
5 — les Féros : équilibre entre l’humain et l’animal
6 — les Animaux : êtres instinctifs
7 — les végétaux : être inconscients
Ils apprirent tout ce qu’ils devaient savoir sur l’histoire et la genèse de l’île, la vie des entités et leurs caractéristiques si particulières, l’arrivée des aranaéens, les traités de paix visant à la séparation des territoires ou encore l’exode migratoire de la population noréenne. Puis ils s’attardèrent sur le chapitre trois. Ils scrutaient et relisaient scrupuleusement chaque paragraphe, tentant d’assimiler les spécificités de chaque individu, s’attardant davantage sur le Berserk Volontaire, le Sensitif ainsi que sur le Féros Dominal. À la lecture de ce passage, Alexander jetait de brefs coups d’œil en direction de sa petite noréenne, guettant sa réaction. Celle-ci restait étonnamment tranquille, imprimant dans sa mémoire la moindre information relatée. Elle posa son doigt sur la page et descendit progressivement à chaque annotation énumérée. Elle se rendit compte qu’elle n’était pas la plus à plaindre dans son mal et cela la rassura. Elle allait également pouvoir, suite à cela, faire le point sur les symptômes à travailler afin de parvenir à se dominer au mieux, notamment en ce qui concernait la gestion de ses pulsions. En revanche, rien dans cette description ne semblait mentionner un quelconque symptôme de paranoïa.
— Finalement, je ne suis pas si mal éduquée pour un pseudo-animal, une femelle comme il dit ! ricana-t-elle en montrant le passage sur les comportements primitifs tels que les grognements, les morsures et l’absence de langage.
Alexander eut un petit rire et déposa un baiser sur le front de sa compagne.
— Et dire que je prévois de m’engager avec une bête sauvage. Je pense déjà essuyer les moqueries de mes pairs en épousant une femme sans titre, une noréenne tachetée et une gamine de surcroît mais force est d’avouer que le fait qu’elle soit encore moins considérée qu’un humain va finir par achever pour de bon ma réputation. Quel désastre de souiller ainsi mon nom ! Léandre avait raison, je suis un incorrigible masochiste.
— Peut-être, mais j’ai néanmoins quelques petits avantages non négligeables, dit-elle après un bâillement, en montrant les annotations : « odorat très développé » et « plus grande résistance que leurs congénères ».
— Tu pourrais me tuer aisément si tu t’en donnais la peine, en effet. C’est à croire que tu ne m’as jamais vraiment détesté ! lança-t-il amusé.
Elle crispa sa main et fit parcourir ses ongles pointus le long de son torse, effleurant sa chemise sous laquelle se dissimulait les multiples meurtrissures.
— Qu’en savez-vous ? annonça-t-elle, mesquine. J’utilise peut-être la même stratégie que vous et j’attends le moment propice pour vous nuire. Je suis une chatte après tout, je peux jouer avec mes proies avant de les occire d’un bon coup de griffes. Je vous charme, vous succombez à ma beauté incroyable et après, sans que vous ne vous y attendez, je vous dépèce comme une petite proie.
Alexander frissonna à ce geste malignement provocateur et eut un rire franc en entendant l’appellation :
— Si tel est le cas ma chère, sache que ton projet et le mien sont en tout point similaire. Nous devrions songer à changer de stratégie. Il serait fort dommage de nous blesser l’un l’autre et de perdre inutilement notre temps à cette tâche hasardeuse alors qu’il y a tellement d’autres proies potentielles sur lesquelles s’acharner et qui seront davantage aisées à abattre si nous sommes à deux sur elles. N’est-il pas, mademoiselle la future madame von Tassle ?
Ambre déposa un baiser langoureux sur sa nuque et lui susurra quelques mots délicieusement obscènes avant de bâiller puis de s’allonger.
— J’ai du chien moi aussi, j’ai le don de flairer mes proies ! murmura-t-elle, la tête nichée au creux de l’oreiller.
— Ce n’est pourtant pas ce qui m’enchante le plus ma chère petite femelle, annonça-t-il en lui narrant les deux derniers points du paragraphe, le sourire aux lèvres.
Les yeux clos, Ambre eut un petit rire. Il continua à lire. Voyant l’heure défiler, il ferma le codex, le posa sur la table de chevet et contempla la jeune Féros Dominale qui se tenait auprès de lui, lovée amoureusement sous les couvertures. Elle était profondément endormie, la respiration lente et régulière. Il éteignit la lampe, s’allongea et l’embrassa sur son front avant de sombrer à son tour.