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Tate no Yuusha no Nariagari – Chapitre 23.5.3

Chapitre Spécial Deux : Le drapeau du menu enfant
Traducteur : Team Yarashii

– J’y vais !
– Reviens pour le déjeuner !
– D’accord !

Il fait super beau, aujourd’hui !
Après avoir salué mes parents, j’allai au parc. Keel et les autres m’y attendaient.

– Hé, tu es venue !
– Évidemment.

Keel remuait ses petites oreilles de chien alors qu’il m’attendait.
Tous les autres enfants étaient déjà là.

– Ils disent qu’on peut pas aller près de l’océan parce que Sadina n’est pas là. Moi, je pense que ça ira, mais…
– Allons, Keel, tu as failli te noyer la dernière fois.
– Hé, ça va, hein ? Bah, pas grave, allons jouer dans les champs aujourd’hui.
– D’accord !

Tout le monde acquiesça.

– Allez, c’est parti ! Vous éloignez pas trop de moi ou vous finirez perdus !
– Tu sais à qui tu parles ? Je cours super vite !

Nous fîmes la course jusqu’aux champs.
J’étais vraiment très bonne dans ce domaine. Probablement autant que Keel, et tout le monde s’accordait à dire qu’il était le plus rapide.
Une fois ma vitesse de pointe atteinte, je pris la tête et ils me suivirent tous.

– Tu vas super vite !
– Si tu balances bien tes bras en avant et que tu es sûr de vouloir accélérer, ça t’aide à aller plus vite.
J’essayais d’expliquer comment faire à un des garçons les plus lents, et nous finîmes par arriver dans les champs.

Mes parents m’avaient prévenue d’être prudente à cause des monstres, mais nous n’avions jamais croisé le moindre danger.

– Vous voulez faire quoi aujourd’hui ?
– Ah zut ! J’ai perdu. Je te battrai la prochaine fois, c’est sûr !

Keel me jeta un regard mauvais.
Hé hé. La journée s’annonçait prometteuse.

– Jouons à chat !
– Bonne idée !
– Ouais !

Tout le monde était d’accord.

– Ça sera moi ! Je vais tous vous attraper !
– Oh que non !

Keel était très mauvais perdant, mais c’était une de ses meilleures qualités.

– Hahaha !
– Mince ! Attends !

Keel semblait vraiment énervé. Il n’en avait qu’après moi.
Ce jeu finit par nous fatiguer, alors ce fut l’heure d’une pause.

– On fait quoi après ?
– Tous partants pour jouer encore, hein ?
– J’ai pas à aider à la maison, alors oui.

Pour tout un tas de raisons, il arrivait parfois que l’un de nous doive assister sa famille chez lui. Moi, j’aidais ma maman à cuisiner.

– Rejouons à chat !
– Je suis crevée. Laisse-moi récupérer.

Keel avait bien trop d’énergie. Typique des garçons, je supposai.

– Pas grave. On jouera sans toi.
– Ouais !

Tous les garçons se relevèrent et partirent jouer.

– Ils ont de la réserve.
– Ça, c’est sûr !

La fille à mes côtés, Liphana, hocha la tête. Nous nous assîmes et regardâmes les garçons jouer.

– Hé, lequel te plaît ?
– Hmm…

Nous avions tous à peu près l’âge où l’on commençait à s’intéresser à ce genre de choses.
On discutait rendez-vous, et aussi mariage. Il ne fallut pas longtemps avant qu’on se passionne pour ce sujet.

– Peut-être quelqu’un comme mon papa !
– Tu triches ! Il doit être du même âge que toi !
– Hmm…

Je me tournai pour regarder les garçons jouer.
Keel était probablement le plus cool d’entre eux. Et il était plutôt beau gosse. Toutefois, et je savais bien qu’il ne fallait pas dire cela, je n’avais jamais aimé mon propre reflet dans le miroir.
Si on allait dans la ville voisine, il y avait plein de jolies filles, et plus on grandissait, plus leur beauté devenait évidente.
Et mon espèce n’était pas la plus regardante sur ce critère…
Mais mon papa était cool, et il était super beau. Je voulais quelqu’un comme lui.
Tout le monde disait que ma maman était jolie. C’était vrai, et elle savait cuisiner…
Je me demandais. Est-ce que je serai aussi belle en grandissant ? Je lui avais déjà posé la question.
Elle avait souri et hoché la tête.
Alors, ça me confortait dans cette idée.
Une autre fois, je lui avais demandé ce que cela faisait de tomber amoureuse d’un homme. Était-ce différent d’aimer sa famille ?
Elle avait paru perplexe.
Elle devait sûrement apprécier les hommes différemment de la manière dont elle m’aimait, moi.

– Je pense qu’il y a plusieurs façons d’aimer les gens. Ma maman m’a dit une fois qu’elle les aimait autrement que moi.
– Ouais ! Je comprends. Moi, je voudrais épouser quelqu’un comme… quelqu’un comme le Légendaire Héros Porte-Bouclier !

Liphana était ma meilleure amie au village. Elle était plus dans les trucs de filles que moi, et elle appréciait beaucoup discuter de l’amour et des garçons. Et tout particulièrement du livre, Les Archives des Quatre Saintes Armes, car il racontait que le Héros Porte-Bouclier était gentil avec les demi-humains.

– Bah, je…

Mais au même moment…
Jusqu’à présent, j’avais toujours pensé que ma vie ne serait qu’une succession de jours paisibles comme celui-ci. J’y croyais fermement.

Ping !

Un son puissant se propagea dans les champs.
Alors que je m’interrogeais sur son origine, l’air se mit à trembler, et un vent puissant et soudain se leva.

– Ah !
– Kyaaah !
– Qu’est-ce que ?

Nous nous aplatîmes et attendîmes que le vent tombe.
Quelques instants plus tard, il s’évanouit. Le calme était revenu.

– C’est quoi, ça ?!
– Hé, regardez.

Keel pointait son doigt vers le ciel.
Je suivis son conseil et ce que je vis me coupa toute envie de parler.
Le ciel semblait avoir été éventré par un couteau. Une faille rouge et profonde l’entachait, à l’image d’une carapace de tortue. C’était inquiétant.

– On fait quoi ?
– Mes parents disent toujours de rentrer au village s’il arrive quelque chose.
– Si on va pas vérifier ça maintenant, on loupe peut-être notre unique chance.
– Non ! Keel !

Les autres enfants et moi retînmes Keel, et nous rentrâmes au village.

– Raphtalia !
– Papa !

Mon père était rentré de la ville voisine. Je me précipitai vers lui.

– Tu vas bien ? J’étais si inquiet !
– Oui, ça va. Tu m’avais dit de revenir s’il arrivait un truc, alors on s’est dépêchés de rentrer.
– Gentille fille, va.

Il caressa ma tête.
Hé hé hé…
Mon papa commença à discuter avec les autres adultes.

– Écoutez-moi tous. Je viens de rendre visite à notre seigneur. Il a dit que ces fissures dans le ciel vont jusqu’au sol et que des hordes de monstres s’en déversent.
– Est-ce que ça veut dire qu’on va devoir les affronter ?
– Je pense, oui.

Un hurlement terrifiant émergea des failles.
Ma queue se mit à se balancer vigoureusement. J’avais si peur.

– Est-ce que ça va aller ?
– Hmm…
– Hé ! On a un problème ! Les monstres ont déjà envahi la ville ! C’est l’enfer là-bas !

Un vieil homme du village courut vers nous annoncer la nouvelle. Il avait le visage pâle.

– Mais… comment ? Comment ont-ils pu être aussi rapides ?
– Le seigneur nous ordonne d’évacuer au plus vite ! Il a déjà réclamé de l’aide à la Couronne !
E – Que lui est-il arrivé ?
– Je ne sais pas, mais il a laissé des instructions pour que tout le monde fuie la région au plus vite !
– Ugh…

Les adultes étaient visiblement très en colère.

– Sadina est absente, et tous les chasseurs sont partis pêcher…
– Il y a une grosse tempête en mer aussi. Allez savoir s’ils vont revenir entiers ?

Le ciel était de plus en plus menaçant.
Puis, il y eut un son puissant et étrange. Tout le monde se tourna pour en voir la cause.

– Qu’est-ce que… c’est que ça ?!

Il y avait quelque chose, là, comme… comme une personne faite d’os. Elle trébuchait et traînait les pieds tout en avançant vers nous.
Elle portait une sorte d’arme dans ses mains tout en os, qui brillait d’une lueur terne.
J’étais terrifiée. Jusqu’au plus profond de moi.
C’était un monstre.
Un seul mot pouvait correspondre à ce que je voyais.

– Uh… aaaaaaaah !

Les adultes hurlèrent et prirent la fuite.
Le reste du village ne tarda pas à faire de même.
Mon père s’interposa entre les monstres et nous pour les repousser.

– J’ordonne à la source même du pouvoir. Lumière ! Occis la bête devant moi ! Premier Saint-Tir !

Une boule de lumière magique crépitante s’envola des mains tendues de mon père et le monstre osseux s’effondra.

– Calmez-vous, et écoutez-moi tous. Nous devons évacuer le plus vite possible. Notre tribut détient un puissant pouvoir, mais nous n’avons aucune chance face à une telle meute.
– Tu as raison.

Ma mère balança une hachette sur un squelette tout en acquiesçant à ses propos.
Néanmoins, il en arrivait toujours plus.

– Nous allons rester ici et gagner du temps. Vous tous…
– Hmm… d’accord.
– Ou… oui.
– Très bien. Si vous êtes sûrs…

Tout le monde reprit son souffle un instant avant de lancer l’évacuation.
Ils décidèrent de fuir par le port. Même avec la tempête, ils seraient peut-être capables de s’échapper en bateau par l’océan.

– AAAAAH !

Mais cela ne se déroula pas comme prévu.

– Fichus monstres !

Une grande bête à trois têtes courait en direction du village.
Mes parents se battaient de toutes leurs forces, mais cela ne suffisait pas. La bête était trop rapide, elle esquivait la magie de mon père et la hachette de ma mère.

– Gaaaaah !

La créature abattit violemment ses griffes, et mon père ainsi qu’un autre villageois valdinguèrent dans les airs. Ils retombèrent lourdement, dans une position très peu naturelle.
Hein ? Quoi ?
Je refusais d’y croire…

– Qu… QUOOOOOIIIIII !!
– AAAAAH !

Les villageois commencèrent à paniquer et à fuir aussi vite qu’ils le pouvaient.
Ils ignorèrent les instructions de mon père et coururent vers l’océan.
Sur le chemin, ils me poussèrent et je tombai au sol.

– Attendez une seconde !
– Est-ce que ça va ?

Ma mère était à mon chevet, me serrant dans ses bras.
Mais son visage était pâle.
Un chien à trois têtes pourchassait les habitants, les lacérant avec ses crocs et ses griffes.

– J’ai… peur…

Ma mère caressa mes cheveux.

– Ne t’en fais pas. Tout ira bien, c’est promis.
– Hmm… hmm…

Si ma mère disait cela, alors… tout irait bien… n’est-ce pas ?

– Allons-y.

Mon père rejoignit les fuyards. Nous le suivîmes de près.
Certains arrivèrent au bord d’une falaise surplombant l’océan, et n’hésitèrent pas à sauter.
Le chien les poursuivait. Et là, je n’en crus pas mes yeux ! Il sauta à son tour et dévora les habitants.
L’océan se teinta de rouge.

– Waaah !
– Bon sang, nous arrivons trop tard !

Mon père criait. Mes parents se précipitèrent pour charger le chien et défendre les survivants. Je me réfugiai derrière eux.

– Aaaah !

Cette créature tricéphale massive sortit de l’eau et bondit au sommet de la falaise, nous faisant face. Elle poussa un hurlement. Nous étions acculés au bord du vide, sans aucune échappatoire.

– Grrrr…

La bête sauta sur nous, toutes griffes dehors.
Mon père parvint à les dévier avec sa magie, mais un geyser de sang jaillit de son épaule.
Hein ?

– Chéri, est-ce que ça va ?
– Oui, ça va aller… mais…

Nous étions au bout de la falaise. Les autres villageois étaient déjà tous dans l’eau, mais plus de la moitié d’entre eux avaient été… avaient été…

– Aaaah…

J’étais absolument terrifiée. Je m’accrochais au dos de ma mère.
Tous les autres plus bas nageaient pour sauver leurs vies, mais le courant était puissant, et ils étaient entraînés vers le large. Ils allaient finir par se noyer.

– Si on ne s’occupe pas de cette chose, il suivra les survivants dans l’océan et les tuera tous.
– Je sais…
– Je suis désolée, ma chérie…
– J’y étais préparée.

Ils achevèrent leur échange et se tournèrent vers moi.

– Raphtalia.
– Qu… quoi ?

Elle caressa mon dos, tentant de me calmer.

– N’oublie jamais de sourire. Sois gentille avec les autres.
– Elle a raison. Quand tu souris, cela rend tout le monde heureux.

Mon père passa sa main sur ma tête.

– Raphtalia… Tu vas vivre des moments difficiles. Si tu ne fais pas attention, tu risques de mourir.
– Quand bien même… Raphtalia, nous souhaitons que tu vives. Alors, je t’en prie, pardonne notre égoïsme.

Je commençais à ressentir un martèlement dans ma tête… qui me disait… qui me disait que je ne le reverrais jamais.

– Nooooon ! Maman ! Papa !

Je ne voulais pas les quitter.
Ma mère me poussa avec force, et je chus de la falaise, droit dans l’océan.
Je ne pouvais voir qu’une nuée furieuse de bulles. Je me dépêchai de remonter à la surface.
Et ce fut là… que je le vis. L’exact instant où le chien tricéphale bondit sur mes parents.

– NOOOOOOOOOOOOOOON !!

Le courant m’emporta, mais je luttai de toutes mes forces.

Quand je finis enfin par m’échouer sur le rivage, la nuit était déjà tombée.
Huff… huff…
Il y avait aussi d’autres survivants du village. Et quelques cadavres également.
Le ciel avait repris sa couleur normale.
Je ne savais pas du tout ce qu’il s’était passé.
Une chose était sûre, je voulais revoir mes parents, plus que tout. Je me dépêchai de retourner à la falaise où je les avais quittés.
Des piles d’os gisaient çà et là. Les renforts de la Couronne semblaient avoir réussi à repousser l’ennemi.
En arrivant, je découvris des lambeaux de chair, et la carcasse du monstre. Des chevaliers et des aventuriers la transportaient.
J’étais capable de reconstituer les événements.

– Heureusement que cette chose était déjà affaiblie…
– Ouais, sans ça, on serait sûrement déjà morts…

Ils bavardaient avec une apparente légèreté quand ils me remarquèrent.

– Que fait cette gamine ici ? On l’embarque ?
– Attends. On est en territoire demi-humain ici.
– De quoi tu parles ? Le seigneur du coin est mort, tu ne le savais pas ?
– Ah bon ?
– Allez, on s’en fiche, laisse-la tranquille. Tu sais ce qui arriverait.

Ils s’écartèrent et me laissèrent passer.
Je marchai jusqu’au bord de la falaise et vis ce qui restait de mes parents. Je commençai à trembler et à sangloter.

– NOOOOOOOOOOOOON !

Combien de temps s’était-il écoulé ?
Quand je repris enfin mes esprits, j’étais déjà en train de leur creuser une sépulture.

– N’oublie jamais de sourire. Sois gentille avec les autres.
– Elle a raison. Quand tu souris, cela rend tout le monde heureux.
– D’accord…

Ils avaient sacrifié leurs vies pour sauver les villageois, et m’avaient confié les survivants.
J’allais leur montrer… Je serais gentille avec tout le monde ! Ils ne seraient pas morts en vain…
Si je me morfondais là, mes parents seraient en colère.

– Je ne pleurerai plus. Je vais y aller…

Et je fis demi-tour en direction du village.

– Uhuuuuuuuh…
– Papa… Maman…

Les villageois qui avaient sauté dans l’eau s’étaient rassemblés. On comptait bien plus d’enfants que d’adultes.

– C’est Raphtalia ?
– Oui.
– Tes parents s’en sont sortis ?

Un vieil homme qui avait été notre voisin me posa cette question. Il paraissait inquiet.
Je tentai autant que possible de ne pas pleurer. Je secouai la tête.

– Oh…. c’est…

Il ne trouvait pas les mots. Il devait se douter que la moindre parole ferait revenir les larmes.

– Ça va aller. Mes parents m’ont dit de remonter le moral de tout le monde.
– Vraiment ? Tu es très courageuse.
– Hé hé.

Riais-je ?
Tout allait bien. Si je pleurais, mes parents seraient mécontents.

– Écoutez-moi !

Je criai pour avoir leur attention, et les yeux de tous les enfants qui sanglotaient se posèrent sur moi.

– Je sais que vous êtes tous tristes. Moi aussi. Mais est-ce que nos parents, nos frères et sœurs, et nos amis voudraient nous voir dans cet état ?

Chacun sembla troublé par mes mots. Ils faisaient la grimace.
Je posai la main sur mon cœur et fis un pas en avant.

– À tous ceux qui pensent que nos proches sont encore en vie, je vous le demande : à leur retour, comment se sentiraient-ils en nous voyant comme ça ?

Oui, ce village appartenait à chacun d’entre nous. Nous ne pouvions pas le laisser dans un tel état.
Mon papa, et le seigneur, avaient toujours dit que cet endroit était une grande famille que nous avions créée.

– Je sais que vous êtes très attristés. Vous pouvez me croire, je sais ce que vous ressentez. Mais, raison de plus pour reconstruire ! Nous sommes une famille, oui ou non ?

Je m’en chargerais. Je prendrais soin de tout le monde, exactement comme mon père me l’avait demandé.

– Oui, hein ? Vous êtes d’accord ?

Je rassemblai toute ma volonté pour afficher un sourire.

– Raphtalia…
– Raphtalia, tu n’es pas triste ?
– Pourquoi tu souris ? Ton père est mort !

Mon sourire de façade se fissura face à leurs exclamations.
Je ne pleurerais pas… Sinon, je ne pourrais plus m’arrêter…

– Non… je… ne suis… pas triste…

Je ne pouvais pas pleurer. Sinon, personne ne serait en mesure de me réconforter.

– Oh…
– Regardez ce que cette fille endure pour nous remonter le moral ! Allez, les gars. Si elle peut le faire, alors nous aussi !
– Ouais !
– D’accord !
– Tu as raison, Raphtalia ! Je vais faire aussi de mon mieux !

Keel, qui pleurait jusqu’à maintenant, se tourna vers moi, revigoré.

– Oui !

Le seigneur nous avait confié un drapeau. C’était un cadeau et le symbole de la ville.
Juste à ce moment, il voleta dans les airs et atterrit à mes pieds. Comme s’il approuvait mes paroles.
Voilà. C’était un signe, celui que mes parents veillaient sur nous.
Je le ramassai, et les autres habitants ramenèrent un grand mât. Nous l’y attachâmes.

– C’est un signe des cieux ! Travaillons dur pour rebâtir ce village !
– Ouais !

Ce fut ainsi que tout le monde décida d’essayer et de reconstruire.

– NOOOOOOOOOOOOOOOOOOOON !!!

Je me réveillai en sursaut. J’étais dans une tente que nous avions érigée.
Ma maison avait été entièrement réduite en cendres, comme la plupart des habitations du village. Nous dormions tous sous une grande tente.
Je pensais que j’avais été en plein rêve.

– Hé, tu as entendu cette voix ?

Un vieil homme se hâtait dans ma direction.

– Raphtalia, tu criais.
– Ah bon ?

Je devais sourire. Sinon, j’allais les inquiéter.

– Je vais bien ! Juste un mauvais rêve.
– D’accord… eh bien… n’en fais pas trop.
– Ça va aller ! Mais merci.

Père. Mère.
Je faisais de mon mieux, promis…

Le lendemain matin, nous prîmes la décision d’abandonner les maisons complètement incinérées et de nous focaliser sur celles encore en état.
Nous assignâmes aussi plusieurs personnes à l’enterrement des morts échoués sur le rivage.
Les adultes étaient concentrés sur la reconstruction de la ville, et les enfants faisaient ce qu’ils pouvaient pour aider.
Mais nous devenions inquiets au sujet des réserves de nourriture. Elles allaient peut-être finir par manquer.
Nous avions discuté de l’éventualité d’envoyer des navires de pêche au large, mais l’océan était encore bien agité, il valait donc bien attendre.

– Et maintenant…

Nous comptâmes les survivants.
Seul un quart de la population initiale était en vie.
Un des hommes les plus âgés nous dit tout de même que c’était déjà beaucoup.

– Raphtalia l’a déjà dit. Nous sommes encore vivants.
– Ouais !

Ce que j’ignorais à ce moment, c’était que tous nos efforts seraient bientôt réduits à néant, sans aucune pitié.

– Hé ! Qu’est-ce que vous faites ?!

Une bande de sales types traversait le village, leurs épées pointées en direction d’un groupe d’adultes.

– Hé !
– Qui êtes-vous ?!
– Hahaha ! J’avais entendu dire qu’il restait des demi-humains dans le coin. C’était donc vrai !
– Ouais, et l’endroit n’est pas protégé. Il y a de quoi se faire un beau pactole !
– Super ! Argh !

L’un de nos doyens s’avança et apostropha les assaillants.

– Le seigneur de ces terres ne vous le pardonnera jamais ! Il reste aussi des chevaliers de la cour dans les parages !

Ces hommes d’apparence menaçante sourirent.

– Quelle importance si votre cher petit seigneur se met en rogne ? Et puis…

L’éclat d’une lame ! Cela se produisit trop vite pour moi. Je ne parvins même pas à saisir ce qui se passait.
L’estomac du vieil homme s’ouvrit. L’un des brigands l’avait tranché avec son épée.

– Qu’est-ce que…
– Hahaha !
– Vous ne devinez pas ? C’est nous, les chevaliers de la cour !
– Ils ont toujours pas capté, hein, chef ?
– Eh non !
– HAHAHAHAHA !

La victime s’affala dans une mare de sang. Elle n’avait même pas réagi.
La flaque s’agrandit. Elle atteignit bientôt mes pieds.

– Ah ! AAAH !

Et tout à coup, ce fut la panique générale. J’étais perdue, alors je courus.

– Ne les laissez pas s’échapper ! Tuez les vieillards ! On peut vendre les femmes et les enfants, alors ne les abattez pas !

Je ne savais pas vraiment ce qu’il s’était produit après.

– Nooooooon !
– Du calme ! Prends ça !
– Ugh…

Quelqu’un m’empoignait les cheveux. Je sentis quelque chose me frapper, et tout devint noir.

Une semaine s’écoula. Je continuais de voir la mort de mes parents dans chacun de mes rêves.
Ils m’avaient attrapée et vendue comme esclave.
Mon premier propriétaire paraissait gentil. Il voulait juste que je me comporte en domestique, mais il me revendit, sans que je comprenne pourquoi.
Le suivant…

– Prends ça !
– Ugh…

Pourquoi ? Pourquoi devait-on me traiter comme ça ?
C’était un gros monsieur qui se conduisait très mal. Il m’enfermait au sous-sol d’une grande maison, dans une ville que je ne connaissais pas. Il y avait des animaux là-dedans. Ils étaient comme moi… Ugh… Apparemment, cet homme avait acheté Liphana avant moi.
Tous les jours, quand l’envie le prenait, il me suspendait au plafond avec des chaînes et me fouettait. Il me frappait jusqu’au sang. Et il continuait.
Dès que j’essayais de l’arrêter ou de protester, la malédiction de l’esclave s’activait et me brûlait. La douleur du fouet me rendait folle.
Mais je ne renoncerais pas.
J’endurerais, pour mes parents, et pour tous les habitants du village qui n’avaient pas survécu.
Je n’abandonnerais pas.

– Raphtalia…

*Tousse*

– Ça va aller… Ça va aller. On rentrera chez nous.

Quand j’avais retrouvé Liphana, elle était déjà malade. Cela n’empêchait pas notre maître de la battre comme plâtre.

– Oui… on… y… arrivera…

Qu’est-ce qu’il voulait ? C’était juste pour s’amuser qu’il nous infligeait tout cela ?

– Ah ! Tu rêves encore d’une vie meilleure, hein ?

Un coup ! Il me battit encore, et je sentis le sang couler dans mon dos.
Des larmes apparurent à cause de la douleur.

– Oui ! Tu as mal, vas-y, crie !
– Aaah !

Après cela, les choses s’aggravèrent. Il se mit à me torturer.
J’étais finalement détachée et épuisée, mais je rampai sur le sol boueux pour prendre soin de Liphana.
Il nous apporta un bol d’une soupe infecte. Cela avait le goût de gadoue. C’était notre seul repas de la journée.

– Huff… huff…

Je nourris lentement Liphana. C’était un jour de plus en vie pour elle.
Tout irait bien. Nous devions retourner au village. Ils nous attendaient tous.

– Tiens bon… Je te jure que je vais t’aider.

Un entrelacs de barres en fer couvrait presque tout le sol. Je pris conscience qu’en prenant une pierre du mur et en creusant entre les barres, il y avait peut-être moyen de s’échapper ! Il fallait que cela fonctionne.

– Merci.
– Oui ! On les reverra tous !

Mes parents m’avaient dit de m’occuper de tout le monde.
Les autres villageois allaient évidemment venir à notre secours.
Sadina trouverait sûrement de quoi les motiver pour nous sauver. Nous devions juste survivre jusque-là.

– Tu… te souviens… de ce jour ? Raph… ta… lia…

Liphana tremblait. Elle tendait sa main vers le plafond.

– Tu te souviens… du drapeau… du seigneur ?
– Ou… oui !

Je lui pris la main, la serrant fortement.
Je me souvenais. Ce drapeau qui nous donnait espoir.
Je regrettais ces jours paisibles… ces jours où tout allait bien.
Mais tout ceci était terminé.
Je devais les faire revenir. C’était ma mission.

*Tousse* *Tousse*

Trois jours passèrent.
Je pouvais entendre ses pas s’approcher.

– Raphtalia…

*Tousse*

Cette terrible routine reprenait. J’avais attrapé la maladie de Liphana. Mais j’allais m’en sortir.
Je cachai le trou que je faisais entre les barres avec de la paille humide.

– …

Liphana ne me répondait pas.

– Liphana ?

L’homme ouvrit la porte de l’enclos où elle était parquée et la toucha.

– Sûrement morte, hein. Pff, quelle perte de temps.

Il souleva son corps en la saisissant brutalement par l’épaule, tout en murmurant.
Liphana gisait là, ses yeux vides et froids.

– Bon sang, et dire qu’il était presque temps de la rendre. C’est une cause de rupture de contrat !

Puis, il la frappa, comme si c’était un jouet.
Sur le moment, je l’ignorais, mais je le découvris plus tard. Il existait en fait une catégorie de gens qui éprouvaient du plaisir en achetant puis torturant des esclaves demi-humains.
Voici ce que nous étions, de vulgaires esclaves vendus pour satisfaire les pulsions tordues de cet homme.

– Heeiiinn ?

Quoi ? Comment ? Liphana ?
Non… impossible.
Je tendis une main tremblotante pour la toucher.
Elle était si froide, si glacée ! Je n’en revenais pas.
Non… Liphana !
J’étais triste, terrifiée… sans espoir.
Tellement d’émotions différentes me parcouraient en cet instant.
Pourquoi ? Elle n’avait rien fait de mal !

– C’est parce que tu n’arrêtes pas de pleurer la nuit ! Elle ne pouvait pas se reposer ! C’est de TA faute !
– Non… ugh… snif… Liphana…

L’homme me mit les chaînes et commença à me fouetter. Ce fut encore plus long que d’habitude.
Toutefois, j’avais les yeux rivés sur le corps de Liphana pendant toute la séance de torture, et je ne ressentais même pas la douleur.

– Oh hé, tu marmonnes toujours des choses sur un certain village, n’est-ce pas ?
– …

Rien ne m’obligeait à lui répondre. Ils m’attendaient tous.

– Apparemment, ce village a été détruit il y a quelque temps. Tiens, voilà une preuve.

Il brandit une boule de cristal.
Un rayon lumineux en émergea et projeta l’image du village sur le mur.
La situation était catastrophique, pire que dans mon souvenir. Tout était détruit, et il n’y avait plus personne.
Le drapeau était en lambeaux et brûlé, et le sol recouvert d’ossements.

– Oh oui, j’ai entendu dire que tu étais le pilier de leur communauté. Visiblement, tout le monde est parti, laissant les lieux à l’abandon.
– Ah…

L’homme eut un sourire fugace. Il ne m’avait jamais vue pleurer, jamais vue réagir. Il appréciait ce moment.

– Ug… ugh…. Waaaaaaah !

Quelque chose en moi se brisa.
Je ne pouvais plus endurer.
Mes parents m’avaient confié le village, mais il ne restait plus personne.
Alors, que devais-je faire ?
Je n’avais plus rien.

– Oui, pleure ! Encore plus fort !

La douleur était si vivace que je crus basculer dans la folie.
Les cauchemars qui hantaient mes nuits étaient en train de me dévorer l’esprit.
Ils constituaient le dernier moment où j’avais vu mes parents. Cela ne faisait qu’aggraver les choses.
J’étais une vilaine fille, car je n’avais pas pu sauver mon village. Ils devaient espérer que je ne sourirais plus jamais. Je n’avais pas le droit de vivre.
Ils me murmuraient sans cesse : meurs… meurs…
Ils avaient… raison. Je ne sourirais plus jamais.
Je ne voulais plus.
Parce que… parce que j’avais rompu ma promesse…

L’homme finit par me vendre.
Ou alors le temps alloué pour son petit jeu de torture était écoulé.

– C’est terrible. Elle vaut bien moins qu’avant. Bon Dieu.
– Allons, elle est sur le point de mourir. Elle est inutilisable, alors je vais retirer tout ce temps perdu du prix.
– Je comprends. D’accord.

Un homme obèse bien habillé m’acheta. Il était différent du précédent esclavagiste.
À quoi ressemblerait mon prochain propriétaire ?

– Je suis sûr qu’elle aurait pu avoir été mieux traitée…

Il me donna un remède et de la nourriture.

*Tousse* *Tousse*

– Elle ne va pas tenir très longtemps à ce rythme.

Le propriétaire dit cela en me mettant dans une cage.
Alors voilà… finalement, je ne valais plus rien.
Mes parents étaient morts, mon village rasé. Le monde me susurrait presque de mourir.
J’avais mal. Je voulais en finir. Et rapidement.
J’ignorais combien de temps s’était écoulé. Je contemplais juste mes barreaux à longueur de journée. Un tas de gens allaient et venaient.
Et soudain…

– Voici les esclaves les moins chers que je puisse vous proposer.

Le marchand d’esclaves avait amené un jeune homme près de ma cage.

– Depuis la droite, vous avez : un type lapin affecté d’une maladie génétique, un type raton laveur souffrant de crises de panique, et un croisement inter-espèces, l’homme-lézard.
– Ils ont tous l’air de souffrir de graves problèmes.

Le jeune homme était en train de négocier avec l’esclavagiste. Il croisa mon regard pendant une minute.
Ses yeux avaient une lueur meurtrière. Il semblait en colère.
J’en eus le souffle coupé.
Il regarda ensuite les deux autres esclaves. J’avais peur de ses yeux.
Ils étaient remplis de haine, bien plus que ceux de l’homme qui me fouettait.
Il paraissait haïr le monde entier.
S’il m’achetait, je serais sûrement morte dans un jour ou deux…

– Elle fait des crises de panique la nuit. Prendre soin d’elle requiert beaucoup d’efforts.

Parlaient-ils de moi ? Impossible de le savoir.
Mais, en fin de compte, le jeune homme m’acheta.
Le sceau pour m’enregistrer comme esclave faisait toujours mal. Je le détestais.
Mais j’étais certaine que ce propriétaire serait le dernier.
Parce que je… je n’avais plus beaucoup de temps.
Un peu plus tard, il me donna un couteau et me fit tuer un monstre.
J’avais si peur, mais si je n’obéissais pas, la malédiction sur ma poitrine me brûlait.
Nous quittâmes l’armurier, et mon estomac se mit à gargouiller.
Il allait me crier dessus ! Je secouai la tête, je voulais lui dire que tout allait bien.
Je vais bien ! Alors, ne vous mettez pas en colère ! Ne me frappez pas !

*Soupir*

Il soupira juste.
Était-il en colère ?
Il s’éloigna tout simplement en marchant et m’amena dans une autre boutique. Ils y vendaient de la nourriture.
Je croyais me souvenir de l’avoir déjà vu en ville avant.

– Je prendrai le menu le moins cher. Et la petite aura la même chose que l’enfant là-bas.
– Quoi ?!

J’avais regardé, avec envie, ce que l’autre enfant mangeait. Et soudain, mon nouveau propriétaire me commandait la même chose ? Je n’en croyais pas mes oreilles.
Tous les gens extérieurs à mon village étaient censés être méchants, non ?

– Pou… pourquoi ?
– Hmm ?
– Tu avais l’air tentée par ce plat. Tu souhaitais autre chose ?

Je secouai la tête.

– Pourquoi… vous me donnez à manger ?

Car, depuis que j’étais devenue une esclave, personne n’avait agi comme ça avec moi.

– Je te l’ai déjà dit… tu semblais avoir faim.
– Mais…
– Bref, n’y pense pas et mange. Tu dois reprendre des forces. Avec ce que tu as sur les os, tu vas finir par t’effondrer dans mes bras.

Mourir… ? J’allais mourir. C’était une certitude… tout comme Liphana. De la même maladie.

– Et voilà.

La serveuse plaça un grand plat élaboré devant moi. Il y avait un drapeau planté dessus.
Ce qui m’avait rendu jalouse quelques instants auparavant se trouvait à présent sous mes yeux. J’hésitais. J’étais sûre que, dès que je voudrais commencer, le jeune homme jetterait la nourriture au sol et se moquerait de moi.

– Tu ne manges pas ?

Il me regardait, confus.

– … Je peux ?
– Bien sûr. Allez, dépêche-toi.

Oui. Il allait probablement tout détruire. Je tendis lentement la main.
Je lui jetai un rapide coup d’œil.
Il n’avait pas l’air sur le point de tenter quoi que ce soit. Je touchai mon menu.
Je retirai le petit drapeau et j’eus l’impression d’avoir remporté une victoire. C’était comme si, tant que je gardais ce drapeau, je n’aurais besoin de rien d’autre de la part des gens. Je me sentais presque de retour à la maison. Ce drapeau m’avait l’air d’être le même qu’au village, celui que nous avions perdu.
Je le tins fermement tout en mangeant. C’était si délicieux que des larmes dévalaient mes joues.
Si je pleurais, il allait évidemment me gronder. Je tentai de les essuyer sans qu’il ne le remarque.

– C’est comment ?
– Très bon !

Non ! Je lui avais répondu sans faire exprès, et il voyait bien que j’étais heureuse. Il allait sûrement me punir pour ça.

– Parfait.

Il ne dit que cela. Je ne comprenais pas.
Je tenais fermement le drapeau. J’avais l’impression qu’il était rempli de… quelque chose.
Par rapport à celui de notre village, il était tout petit et bon marché, mais il semblait contenir tout ce que j’avais perdu. Comme s’il souhaitait me rappeler quelque chose d’important.
Je me tournai vers le jeune homme.
Il avait toujours le même air furieux, mais une chose différait.
Qu’était-ce ? Son visage et sa voix faisaient peur, mais est-ce qu’il était vraiment quelqu’un de gentil ?
J’avais tellement de doutes.

Beaucoup de choses se déroulèrent ce jour-là. Il me donna un remède, et me fit visiter un tas d’endroits.
Mais il y eut une différence capitale.
Le cauchemar qui me hantait n’était pas le même.

– Raphtalia…

Mes parents se dressaient au sommet de la falaise.

– Père ! Mère !

Je courus vers eux de toutes mes forces.
Je souhaitais les voir. Je souhaitais rester avec eux.
Je ne devrais pas. Je savais que je ne devrais pas, juste en face d’eux, mais je sentis des larmes embuer mes yeux.

– Ça va aller… Ça va aller…
– Ne pleure pas. Sois forte.
– Ugh… mais…

Je continuais de pleurer, et mes parents me tenaient dans leurs bras, caressant ma tête.

– Nous veillons sur toi.
– Oui. S’il te plaît, sois heureuse.
– Mais…
– Tu es entre de bonnes mains…

Et je me réveillai.
Je n’en revenais pas. Mon nouveau propriétaire me tenait dans ses bras, caressant ma tête.
Il n’était pas mauvais. Il ne comptait pas s’amuser avec moi ni me faire du mal.
Il était maladroit et malpoli, mais c’était quelqu’un de bien.
Il n’avait pas d’argent, mais me donnait quand même des médicaments, m’achetait de la nourriture, et mettait la priorité sur mon équipement, plutôt que sur le sien.
Et puis, je découvris enfin qui il était vraiment.
Ses yeux étaient sombres et remplis de haine et de tristesse.
Il se montrait violent, colérique et vulgaire. Il faisait peur.
Mais il comprenait la souffrance et, au fond de lui, il était gentil.
Oui, il était celui que Liphana et moi attendions… le Héros Porte-Bouclier.

Le Héros Porte-Bouclier m’acheta toutes sortes de choses.
J’avais tout perdu, mais j’étais à présent entourée de trésors.

– Hé hé…

Le Héros me donna un sac, et je souriais à chaque trésor de sa part que j’y mettais.
Il y avait la balle. Le couteau brisé. Tout un tas de choses. Mais le plus important demeurait le drapeau.
Et il en y avait plein d’autres que je ne pouvais pas ranger dedans.
Je me sentais plus en forme et plus forte.

– Tiens, prends ça.
– D’accord !

Liphana, peux-tu m’entendre ?
Je combats aux côtés du Héros Porte-Bouclier.
Tu n’en reviendrais pas.
Cette nuit-là, j’eus un rêve… un vrai.
Liphana se tenait devant moi. Elle souriait. Je lui racontai tout ce qui m’était arrivé. Nous discutâmes de plein de choses.

– Raphtalia, garde la tête haute !
– Oui.
– Quelle chance ! Combattre avec le Héros Porte-Bouclier !
– Hé hé… tu es jalouse ?
– Hahaha ! Un peu !

Dans mon rêve, elle semblait heureuse et apaisée. Elle me souriait.

– Je veille sur toi.
– Je sais.
– Retournons au village, où se trouve le drapeau.
– Oui ! Je te reverrai là-bas !

J’espérais que mes parents m’observaient de là où ils étaient. Je voulais qu’ils me voient tout rebâtir.
J’aspirais à devenir plus forte. Suffisamment pour m’occuper des vilaines personnes qui souhaitaient tant nous faire souffrir.
Le monde était si cruel et difficile. Il était empli de noirceur et habité par le mal, mais je ne renoncerais pas.
Je ne baisserais les bras devant personne.
J’allais devenir plus forte, assez pour protéger mes parents, pour protéger Liphana. Oui, et pour protéger M. Naofumi.
J’en étais capable. Alors, je continuais vers ce but.

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