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Chapitre 395 : Un mariage compliqué.

La princesse agite son couteau dans ma direction en montrant les dents. Elle est en colère. Je trouve ça… amusant de sa part. Elle s’attendait à autre chose. Je ne sais pas ce qu’elle attend, mais me « dresser » prendra plus d’efforts que ça. Cela dit, je ne pense pas qu’il y ait une sorte de dressage avec ce lien. C’est simplement un lien allant dans les deux sens pour partager les pensées. C’est probablement quelque chose qui ressemble à ce que la classe de Bandit offre.
Ses émotions me donnent l’impression qu’elle structure un peu mieux sa pensée en tout cas, du moins ses émotions sont rationnelles et il est facile d’en savoir l’origine. Je peux comprendre son mécontentement parce que je l’ai frappée, mais je ne compte pas lui faire plaisir en me pliant à ses désirs.

« Je suis désolé, mais il y a trop de choses qui me déplaisent dans cette relation. Le plus important reste un gros problème de communication entre nous. »

En disant cela, je me dégage de la pile de cadavres. Ce sont des cadavres qui manquent de fraîcheur et, maintenant que la princesse ne pollue plus mon esprit, j’ai plus de facilité à sentir leur odeur. J’imagine qu’il s’agit de mes prédécesseurs dans cette cérémonie étrange que je ne comprends pas vraiment.

« Ton choix de literie est problématique aussi. »

Elle continue de m’envoyer des pensées irritantes à travers le lien et cela me fatigue. J’essaye de retirer l’anneau sur ma main, mais je me rends compte qu’il est accroché avec des griffes qui sont enfoncées dans mon doigt. Je ne ressens qu’une vague douleur, mais… malheureusement, l’hésitation m’envahit. Je pourrais me couper le doigt et en finir avec le lien, mais j’en ai besoin pour tenir mon arme. Je ne sais pas non plus si cela résoudra le problème. Sacrifier un doigt sans pouvoir le faire repousser, tout comme couper un lien abruptement, pourrait avoir un effet imprédictible.

Essayons une autre approche. La princesse continue de me hurler dessus des propos incohérents. Elle n’a pas l’air d’avoir compris que je ne suis pas un type normal qui va mourir quand elle le décidera. À travers son lien, je décide d’envoyer des images des choses que j’ai faites. Je lui montre l’arène, les centaines d’adversaires et le géant, la fosse et la mort de son champion, ainsi que la fin d’Arcana quand j’ai utilisé le mode champion pour la première fois, l’Unité comme j’aime à l’appeler. Pour finir, je lui montre la guerre de Djupa encore très fraîche dans mon esprit. Je lui donne les titres que l’on m’a imposés, même si elle ne peut probablement pas les comprendre.
Pour finir, il me reste une chose qui peut sans doute l’inquiéter. Nimis. Rien que d’y penser, je frissonne. Quoi de mieux que de montrer un démon, un mélange de dragons, d’une gardienne et d’une déesse.

Maintenant, les présentations sont faites.

La princesse me regarde en semblant choquée et je fige mes yeux dans les siens pour lui montrer que je ne plaisante pas. Si elle ne comprend pas ce que je dis, elle est quand même capable de comprendre qu’il s’agit de souvenirs et pas de mon imagination. Mentir est impossible avec le lien de toute façon.

Elle recule de quelques pas en essayant de donner un sens aux images qu’elle vient de voir. Elle semble surprise et lâche même son couteau pour s’attraper la tête en fermant presque les yeux. Je peux voir ses jambes qui tremblent jusqu’à ce qu’elle tombe à genoux. Les gardes et les autres autour de nous commencent à réagir et l’attrapent pour la faire reculer. Elle hurle et devient hystérique alors qu’à travers le lien je peux comprendre qu’elle semble perdue. Toutes ces images de mon passé semblent avoir un impact violent sur elle. Malheureusement et l’instant suivant alors qu’elle s’éloigne, ce n’est plus de la surprise qu’elle m’envoie à travers le lien… C’est du plaisir et de l’avidité… Elle en veut plus. C’est même une obsession à ce point.
Bon, cette folle commence à sérieusement me déranger. J’ai envoyé ça pour lui faire peur et lui dire que je ne suis pas le bon type à épouser, je ne cherchais pas à l’intéresser encore plus !

Il est en tout cas temps pour moi de m’occuper de sa garde personnelle. Je ne sais pas où je suis, mais si je me repère à la position de Micha, je suis probablement à l’intérieur du tronc de l’arbre-pays. Probablement une chambre secrète pour mener un rituel étrange où elle allait probablement plonger un couteau dans mon corps ou quelque chose du genre. J’aurais préféré être dressé par quelqu’un qui puisse m’expliquer ce qu’il se passe ici. Cela m’aurait donné plus d’informations sur la suite.

Je regarde rapidement autour de moi, les Elfes se sont organisés en deux rangées. Les soldats sont à l’avant et les hommes en robe, probablement des magiciens, à l’arrière. Les soldats ne portent que des armures légères en bois qui semblent peu efficaces. En tout cas, on dirait du bois tout ce qu’il y a de plus habituel. Ils sont tous armés de lances et de boucliers géants couleur bois, mais ils n’ont pas l’air trop dangereux. C’est probablement leurs yeux vides qui ne fixent rien de particulier devant eux qui me donnent cette impression. Même leur formation semble plus venir d’une sorte d’habitude que de l’endurcissement habituel venant de soldats s’étant entraînés pendant des années. Pour les magiciens, ils n’ont rien de particulier par rapport aux Mages du pied de la tour, une robe et un sceptre en bois. Reste à savoir si leur magie sera dangereuse ou non.

Ceux qui m’inquiètent le plus, ce sont les deux elfes en armures de bois blanc qui sont à l’écart de la formation et qui gardent la porte vers laquelle on traîne la folle. Elles me rappellent un peu l’armure des chasseurs que j’ai vus dans la forêt, si ce n’est pour la couleur. Contrairement aux soldats de fortune, ceux-là ont l’air bien réveillés d’après leur regard. Appelons-les les prétoriens. Les autres ont vaguement l’air de comprendre ce qu’ils font, mais ces deux-là, avec leur épée et leur bouclier, pourraient être aussi dangereux que les chasseurs dans la forêt.

Bon, contrairement à la cellule, la salle est suffisamment grande pour que je ne puisse pas me faire déborder stupidement. Je me sens en assez bonne forme et Juliette semble prête à en découdre.

Si leurs armures sont vraiment problématiques, j’ai une arme avec moi qui devrait résoudre la situation. J’attrape mon dernier stylet dans une main et l’épée noire du chasseur ailé dans l’autre. Les gardes ne bougent pas en me voyant faire, mais les deux prétoriens prennent un instant pour reculer et brandir leur propre épée défensivement en voyant la mienne. La princesse passe finalement une porte pour se faire évacuer alors qu’elle ne s’est pas encore remise des images que j’ai envoyées et qu’elle souhaite juste en avoir d’autres. Je n’en ai pas fini avec elle, mais ça attendra. Le lien me permet de ne pas la perdre après tout.

« Messieurs, en tant qu’invité ici, il est temps pour moi de rendre un peu de la courtoisie que j’ai reçue. »

Juliette se prépare alors que je fends l’air avec l’épée du chasseur. Bien qu’elle ait l’apparence d’un fauchon, elle me rappelle aussi vaguement une arme russe qui s’appelle un « Shashka » si ma mémoire est bonne. La lame est légèrement courbée et il n’y a pas de garde. Cela rend l’arme assez élégante.
Ce ne sont que des détails. L’arme semble faire son effet. Les deux prétoriens ont l’air de comprendre que j’ai survécu à des monstres et c’est bien assez à mon goût. La folle hurle des mots alors que la porte se ferme sur elle en coupant court à ce qu’elle souhaitait dire. En se cachant derrière leurs boucliers géants avec lesquels ils m’avaient neutralisé dans la prison, la ligne de soldat fait quelques pas dans ma direction en restant en formation.

Voyons si j’ai assez récupéré de mes blessures pour m’occuper du comité responsable de l’accueil désastreux dans cette ville. J’ai quelques recommandations à faire.

J’active mon boost d’agilité en prenant une grande inspiration. Je frappe un bouclier avec le shashka. C’est le moment de savoir ce qu’une arme en bois est capable de faire. Sans aucune résistance, l’arme passe à travers le bouclier et coupe le torse du soldat en le faisant tomber au sol. Le manque de résistance manque de me faire rouler par terre, mais je retrouve mon équilibre rapidement.
Je sens que je vais aimer cette arme. Elle m’a découpé suffisamment de fois dans les bois pour que je sache à quel point elle est redoutable. Je ne m’attendais simplement pas à ce qu’elle le soit autant contre de l’équipement en bois porté par d’autres elfes. Ce shashka noir n’est donc pas une norme en termes de tranchant. C’est bon à savoir. Je vais juste devoir me faire à l’idée de me servir d’un sabre, même si j’aurais préféré un poignard ou une dague.

Les autres s’approchent rapidement pour m’encercler et les mages commencent à chanter une incantation incompréhensible. Il n’y a que les prétoriens qui restent à une certaine distance.

Il faudra plus que ça pour m’arrêter. En me servant du boost d’agilité, je m’appuie sur un des boucliers pour sauter par-dessus la première ligne. Je tombe de l’autre côté en découpant un autre soldat ainsi que son voisin. Ils sont lents comparé à moi. Courir dans les bois semble m’avoir aidé à progresser un peu. Ou alors je me suis fait au manque d’oxygène dans l’air.

J’esquive une balle de flamme bleue qui fonce dans ma direction alors qu’un autre mage s’apprête à jeter des éclairs sur moi. Sans trop tarder, je fonce sur les mages pour en découper un avant que Juliette ne se jette sur un autre. Elle sera suffisante pour s’occuper d’eux. Même si j’aimerais dire qu’ils sont aussi bons qu’ils en ont l’air avec leur sceptre et leur robe, les mages sont du même niveau que les soldats. Les sortilèges qu’ils me lancent sont parfois tellement faibles que les esquiver ne me demande même pas d’effort.

Les yeux de Micha me manquent vraiment dans cette situation… Quand les ennemis m’encerclent de cette façon, j’ai vraiment besoin d’une vue d’ensemble pour ne pas faire d’erreur. Je m’en sors pour l’instant, mais cela ne durera peut-être pas.

{Je… Je… Je fais vite ! Mais je suis loin !}
Prends ton temps et ne fais rien de risqué.

Je rassure Micha en découpant un autre soldat en deux. Je préfère largement ne pas avoir pris de risque en lui disant de fuir avant de perdre connaissance. Elle n’a pas besoin de se dépêcher. Et puis faire en sorte que Juliette « avale » Micha par sécurité est une solution, mais ce n’est que temporaire. Trois jours, dans la gueule de Juliette… évitons de penser que l’une ou l’autre serait satisfaite de la situation.
Cela dit, j’explique quand même à Micha que nous avons une direction à suivre pour sortir de là grâce à elle. Si nous sommes bien dans le tronc de l’arbre-pays, je peux faire confiance à la direction du lien pour en sortir.

Deux soldats se jettent sur moi, bouclier en avant, et avec le boost d’agilité je me contente d’esquiver sans difficulté en passant sur le côté. J’en profite pour couper une jambe avant de passer au suivant en restant en mouvement. Juliette saute de mage en mage en les mordant à tour de rôle et je n’ai plus à me préoccuper de leurs sorts. L’un d’eux tente quand même de transformer le bois au sol en une sorte de marécage pour que je m’y enfonce, mais je n’ai aucune difficulté à m’échapper à temps.

C’est assez amusant de voir qu’ils sont bien « normaux ». Aucun d’eux n’est anormalement fort ou rapide. C’est rafraîchissant un combat où je ne risque rien. Il y a bien sûr les deux prétoriens, mais tant qu’ils restent à côté de la porte qu’a prise la folle, je préfère les laisser tranquilles.
Abrégeons en tout cas. Je jette un fumigène par terre et laisse la fumée se répandre autour de moi en activant le vermillon. En quelques secondes, elle recouvre tout et je m’y enfonce pour finir de tuer mes cibles.

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Correction : Hastin

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