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Yondome Wa Iyana Shi Zokusei Majutsushi – Chapitre 90

 


Chapitre 90 : Allons-y, bande de minables !

Il ne neigeait pas encore, mais il faisait suffisamment froid pour que le souffle des hommes de l’unité dirigée par le chevalier Karcan se transforme en vapeur blanche alors qu’ils prenaient la route secondaire vers le sud.

Ils étaient une cinquantaine. Bien qu’ils appartiennent à l’Ordre des Chevaliers, seuls trois hommes – dont le vice-capitaine – avaient été officiellement décorés comme chevaliers.

L’unité était composée d’équites, de futurs candidats au titre de chevalier, et d’apprentis chevaliers. Moins compétents que les véritables chevaliers, ils étaient toutefois égaux ou légèrement supérieurs aux soldats ordinaires.

Ils portaient de vieilles armures de cuir, rapiécées et recousues, plutôt que des armures complètes ou des casques arborant le blason du duché de Hartner. À première vue, ils ressemblaient davantage à une bande de mercenaires disciplinés.

« Cette mission n’est certes pas des plus honorables, mais elle est nécessaire pour Lord Lucas, pour l’avenir du duché de Hartner et pour notre peuple. Ne faites pas ces têtes : on dirait les restes d’une armée vaincue, » déclara Karcan.

« Mais est-ce vraiment nécessaire ? La succession de Lord Lucas ne fait-elle pas déjà presque l’unanimité à ce stade ? » demanda un homme, exprimant son opinion.

Il s’agissait de Froto, l’espion qui participait à cette mission en tant qu’officier d’état-major, l’homme que Vandalieu croyait être un prêtre vertueux d’Alda.

Lord Lucas était l’aîné, mais sa mère était une concubine, ce qui laissait penser qu’il aurait du mal à hériter. Pourtant, comme l’avait souligné Froto, sa succession semblait désormais quasiment assurée.

La cause ? Un immense scandale éclaboussant Kinarp, l’ancien maître de guilde des mages, et ses subordonnés, révélant les liens de nombreux nobles avec des vampires vénérant un dieu maléfique. Lord Belton, le second fils né de l’épouse légitime du duc, avait été favori pour succéder, mais il avait été emporté par cette vague.

Même s’il était parvenu à se protéger, il avait été révélé que certains de ses soutiens étaient liés aux vampires, ce qui l’avait contraint à se retirer de la course à la succession. Dans le royaume d’Orbaume, devenir duc signifiait avoir le droit de briguer la royauté. Or, nobles d’autres duchés comme le roi en personne avaient déclaré qu’ils ne pouvaient confier ce poste à un homme dont les partisans étaient des traîtres à l’humanité.

Pendant ce temps, Lord Lucas s’était mis en scène, lançant une enquête rigoureuse pour identifier tout lien suspect chez ses propres partisans, qu’il avait ensuite personnellement traqués et condamnés.

Lord Belton tentait de sauver la face en engageant notamment les Lames aux Cinq Couleurs, mais le doute s’était déjà installé. Beaucoup voyaient là une manœuvre désespérée, semblable à un lézard s’amputant de sa queue pour échapper au danger.

Ayant perdu la confiance populaire et le soutien de figures influentes, toutes les Églises, y compris celle d’Alda, s’étaient éloignées de lui. Lord Belton avait perdu toute légitimité.

Bien sûr, dans le pire des cas, Lord Belton serait envoyé se « reposer » quelque part pour se remettre d’une « maladie soudaine », ou bien conduit à mener une vie religieuse dans une église reculée. Autrement dit, perdre sa position n’était pas un sort si terrible.

Une fois Lord Lucas devenu duc, Lord Belton continuerait d’exister en tant que chef d’une branche secondaire de la famille.

Et il semblait que l’actuel Duc Hartner ne survivrait pas jusqu’au printemps. Dans les circonstances actuelles, la succession de Lord Lucas était quasiment certaine.

Froto ne pouvait donc pas être blâmé de douter de la nécessité d’écraser maintenant le projet agricole de Lord Belton.

Mais Karcan se pencha et lui souffla à l’oreille :
« Vous dites cela, Froto-dono, mais si vous n’agissez pas maintenant, vous retrouverez votre ancienne position sans importance. »

Le visage de Froto se figea. Il s’était peut-être satisfait autrefois de son rôle insignifiant au sein de la guilde des mages, mais s’il s’était déguisé en prêtre et avait parcouru les villages agricoles pour recueillir des informations, c’était dans le but de devenir l’un des mages personnels du duc.

Il s’était donné tant de mal pour gagner en renommée. Tout cela serait réduit à néant s’il renonçait maintenant.

« Soit vous effectuez encore une mission et obtenez la récompense que vous visiez, soit vous recevez quelques remerciements pour votre coopération jusqu’à présent, une petite somme d’argent… et retournez à votre position d’origine. Il n’y a pas de troisième option, » dit Karcan.

« … Je comprends, » répondit Froto, incapable de refuser sous cette pression.

En vérité, les actions de Karcan et de son unité n’apporteraient aucun bénéfice à Lord Lucas. En réalité, elles pourraient même lui nuire légèrement.

Mais les supérieurs de Karcan, trop occupés à gérer les récents événements, ne lui avaient pas donné d’ordre pour annuler le plan de destruction du projet agricole.

« Restez en attente. »

Tel avait été l’ordre. Lord Lucas lui-même et les membres haut placés de l’Ordre des Chevaliers qui le soutenaient avaient clairement indiqué que ce n’était pas le moment de prendre des initiatives inconsidérées.

Mais Karcan avait surinterprété cela, croyant qu’on lui avait essentiellement dit : « Nous n’attendons plus rien de vous, alors ne faites rien. » Il craignait d’être abandonné, relégué à l’oubli pour n’avoir servi à rien dans la victoire de Lord Lucas dans la lutte pour la succession.

Il tentait maintenant d’exécuter son plan initial : faire passer son unité pour une troupe en mission, quitter discrètement la route principale, se déguiser en bandits, puis détruire les villages agricoles.

Un plan qu’une simple réflexion aurait permis d’abandonner. Mais Karcan, habitué aux basses besognes, avait fini par devenir trop méfiant, au point de perdre tout recul.

S’il ne passait pas à l’action, les conséquences qu’il avait évoquées à Froto ne risquaient-elles pas de s’appliquer à lui aussi ? C’est ainsi que sa paranoïa s’était installée.

Pourtant, Karcan ne montrait pas la moindre trace de cette tension intérieure. Tandis qu’il observait les hommes sous son commandement, il avait réussi à convaincre Froto et avançait désormais avec le faux marchand itinérant, qui était en réalité un espion depuis le départ. Mais le moral de ses hommes était clairement bas.

Ça ne marchera pas comme ça, pensa-t-il.

Les villages de colonisation n’avaient quasiment aucun moyen de défense. Le plus grand, le septième village, comptait à peine deux cent cinquante habitants, et aucun soldat professionnel parmi eux. Il y avait bien trois anciens réfugiés qui étaient devenus aventuriers, mais selon les informations disponibles, ils n’étaient que de rang E, et à peine en passe d’aspirer à une promotion en rang D. En termes de capacités, ils n’étaient probablement pas très différents des écuyers composant l’unité de Karcan.

Avec cinquante hommes armés, il serait facile de massacrer tout un village. Il faudrait se méfier un peu des aventuriers, mais ce n’était rien d’insurmontable.

Le seul véritable sujet d’inquiétude était le Dhampir. Il avait quitté la ville pour une raison inconnue, et on ignorait où il se trouvait actuellement. Mais même s’il se trouvait par un hasard extraordinaire dans l’un des villages, ils estimaient qu’il n’était pas plus puissant qu’un aventurier de rang D, à l’exception de sa magie de soins. Si Karcan et ses hommes – des Chevaliers authentiques renforcés par les enchantements de Froto – encerclaient les villages, ils pourraient les éliminer facilement.

Mais ce faible moral posait problème. En cas de négligence, des erreurs imprévues pourraient survenir. Des villageois pouvaient survivre après avoir vu leurs visages, ou pire, réussir à tuer un des leurs.

Karcan voulait absolument éviter cela.

Décidant qu’il n’avait pas le choix, il prit la parole pour tenter de motiver ses hommes :
« Messieurs, je sais que cette mission n’a rien d’agréable. Même si nous réussissons, officiellement, ce ne sera qu’une simple expédition, et nous ne serons pas félicités pour cela. Toutefois, vu la nature de la mission, il est nécessaire que nous nous déguisions en bandits. Et que font les bandits lorsqu’ils attaquent des villages sans défense ? »

Au départ, les écuyers lui lancèrent un regard interrogateur, avant de se figer soudainement, comprenant ce qu’il insinuait.

Ce que faisaient les bandits, c’était : pillage, violence, viols, enlèvements.

« Commandant ?! Est-ce vraiment permis ?! »

Les écuyers menaient normalement une vie très encadrée. Destinés à succéder à leurs parents chevaliers, ils devaient s’imposer une discipline de fer, s’exercer à l’art du combat, étudier des matières savantes et être des modèles pour les soldats.

À l’avenir, ces jeunes hommes seraient appelés à commander des soldats et à défendre leur nation l’épée à la main. C’est pourquoi, en tant qu’écuyers, ils ne pouvaient se permettre d’apprécier ouvertement les mets raffinés, l’alcool ou les plaisirs de la chair dans les quartiers réservés.

Depuis la chute du duché de Sauron face à l’Empire Amid, une atmosphère pesante régnait : ils devaient toujours être prêts au combat. Il leur était interdit de relâcher leur discipline, même un instant.

C’est à ces hommes que Karcan s’adressait.

« Bien sûr que oui », dit-il. « Mais nous n’enlèverons personne. Une fois que vous vous serez servis comme des bandits, débarrassez-vous-en comme des bandits. Ne baissez pas trop la garde sous prétexte que vous ne risquez pas de faire d’enfants ! Ceux qui se blesseront au dos et ne pourront plus monter à cheval seront traînés jusqu’à la ville de force ! »

Les écuyers s’animèrent brusquement. Certains étaient plus motivés par la perspective d’un butin supplémentaire que par les femmes, mais dans ces circonstances étranges où on leur disait qu’ils pouvaient violer à volonté, la plupart ne purent dissimuler leur excitation.

Froto pâlit en imaginant ce que ces hommes feraient une fois dans les villages.

Son rôle d’origine était celui d’un informateur ; il n’avait jamais pensé qu’il assisterait en personne aux souffrances et aux morts des villageois.

Voir de ses propres yeux les cadavres et les visages tourmentés de ceux qui agonisaient lui laisserait une cicatrice durable.

Mais maintenant qu’il était allé aussi loin, il ne pouvait plus faire demi-tour, ni fuir.

Si vous devez en vouloir à quelqu’un, en voulez à l’Empire Amid qui a volé votre patrie. Voilà comment pensait ce faux prêtre, rejetant la faute sur d’autres pour se convaincre de son innocence.

Ayant fait le tour des villages et constaté qu’ils étaient bien préparés pour l’hiver, Vandalieu prodigua ses soins habituels et installa secrètement des golems dans chaque village, avant de retourner au septième village de colonisation.

En chemin, il captura des Rats Sanguinaires de rang 2. Il demanda au propriétaire du magasin général de cuisiner leur viande, qui s’avéra plus savoureuse qu’elle en avait l’air, et la partagea avec tout le monde.

Il passa ensuite la nuit dans la même chambre que Kasim et ses amis.

Pour l’instant, tout se passe bien, pensa-t-il.

Depuis la disparition de la mine aux esclaves, les marchands itinérants ne passaient plus par les villages. Mais tout semblait indiquer que les provisions suffiraient jusqu’au printemps. Une fois les beaux jours revenus, Kasim et ses compagnons devraient escorter les jeunes hommes jusqu’à la ville pour acheter des marchandises. Pendant ce temps, ils prévoyaient de consulter la guilde des commerçants afin de voir s’il était possible d’organiser le passage régulier de marchands dans les villages de colonisation.

Bien qu’ils ne soient pas citoyens de Talosheim, ces gens adoraient Vandalieu. Même s’il l’avait fait pour sauver les esclaves Titans, il se sentait un peu coupable d’avoir causé autant de tracas au village.

Si les Crocs des Nuits Obscures étaient encore actifs, j’aurais pu prendre des mesures… Mais je me demande si ces gens accepteraient de venir vivre dans mon royaume ?

S’ils faisaient cela, Vandalieu n’aurait plus besoin de se retenir sur bien des choses. Il pourrait leur offrir des maisons, du mobilier, de la nourriture, comme il l’avait fait avec les habitants du premier village de colonisation.

Il pourrait leur faire goûter à la délicieuse viande de dinosaure, assaisonnée de toutes sortes d’épices, au lieu de leur laisser du Gobu-Gobu conservé.

Il n’aurait plus besoin de poster des dizaines de Lemures en surveillance, ni des Golems de pierre ou de Fer de la Mort dans chaque village. Quoi que fasse la famille Hartner, ils pourraient vivre en paix à Talosheim, où l’on construisait actuellement une sixième muraille extérieure.

L’idée de tout révéler aux villageois lui traversa l’esprit.

Mais ce serait comme les pousser à rompre définitivement avec la société humaine.

Vandalieu n’était pas sûr que cela les rendrait plus heureux.

Si seulement le duché de Hartner était un peu plus digne de confiance… si les hautes sphères du gouvernement et des guildes n’avaient pas de liens avec les Vampires de Sang Pur, j’aurais eu plus d’options…

Au final, ce sont les Vampires de Sang Pur et le groupe de Heinz qui me gênent. Je dois les éliminer d’une manière ou d’une autre… ou du moins réduire leur nombre.

S’il agissait directement, les Vampires de Sang Pur interviendraient. S’il optait pour une approche indirecte, ce serait le groupe de Heinz qui s’en mêlerait.

Ces deux camps étaient censés être ennemis, et pourtant ils entravaient Vandalieu comme s’ils faisaient cause commune.

Je pourrais peut-être me débarrasser d’un d’entre eux dans les bonnes circonstances. Si les choses se passent bien à partir de là… Ah, mais je suppose qu’il est dangereux de partir du principe que tout se passera bien. Je ne sais pas à quel point ils ont été acculés par les informations que j’ai fait révéler à Kinarp ; si le timing est mauvais…

Les esprits de Chipiras et des autres Vampires sont gravement endommagés, je ne peux pas tirer d’eux des informations fiables. Avec seulement ce qu’Isla m’a dit…

Le groupe de Heinz avait agi de manière spectaculaire. Grâce à cela, les Lemures stationnés dans le ciel au-dessus de la ville avaient permis à Vandalieu de détecter les combats, et il avait pu retrouver les esprits des morts pour communiquer avec eux, mais…

Ne pourrait-on pas faire quelque chose pour réparer les esprits gravement endommagés ?

Vandalieu avait transformé Isla, la « Chienne de chasse » et l’une des « Cinq Chiens » de confiance de Ternecia, en Undead dès sa mort, ce qui avait permis de préserver presque entièrement sa mémoire. Mais l’esprit de Chipiras, le « Beau Chien », que Heinz avait littéralement tranché en deux, était en lambeaux.

Les seuls autres esprits que Vandalieu avait pu récupérer étaient ceux du « Chien enragé » et du « Chien combattant ». Le cinquième, le « Chien stupide », semblait ne pas vouloir quitter sa cachette. Vandalieu espérait simplement obtenir de bonnes informations du Chien enragé et du Chien combattant.

Tandis que ces pensées lui traversaient l’esprit, il fixait le plafond de la chambre, qu’il voyait clairement grâce à sa compétence Vision Nocturne.

Il n’arrivait pas à dormir.

Pour une raison inconnue, Pete et les autres insectes que Vandalieu avait liés à son corps grâce à la compétence Lien Insectoïde s’agitaient à l’intérieur de lui en pleine nuit, perturbant son sommeil paisible avec la sensation de remuement sous sa peau.

Cela le chatouillait, si bien qu’il étouffait involontairement quelques rires.

Grâce à sa compétence Résistance aux Altérations de Statut, il résistait aux effets du manque de sommeil. Il était désormais complètement réveillé. Tant pis, se dit-il, décidant de se lever.

L’aube approchait. Vandalieu choisit de passer le temps en s’entraînant.

Il sortit silencieusement du lit superposé, étala un morceau de cuir tanné de la taille d’un mouchoir sur le sol pour ne pas réveiller Kasim et ses amis, puis commença à faire des pompes… avec sa langue.

Un entraînement rigoureux où, à la place de ses bras, il utilisait sa langue, allongée grâce à la compétence Extension Corporelle (Langue), pour supporter tout le poids de son corps. La langue étant un muscle, c’était assurément un entraînement très efficace.

Cela poserait problème si Kasim et les autres le voyaient, mais comme ils étaient humains et ne voyaient pas dans l’obscurité, il n’y aurait aucun souci s’il arrêtait dès leur réveil.

Mais Vandalieu n’en fit que quelques-unes avant de s’arrêter. Les Lemures postés autour du village avaient repéré plusieurs ombres… apparemment des bandits.

… Qui sont ces types ?

À travers les Lemures, il voyait un groupe d’une cinquantaine d’hommes armés, vêtus d’armures de cuir et le visage masqué par des foulards. Tout laissait penser à des bandits, mais un détail clochait : nombre d’entre eux étaient à cheval.

Un ou deux bandits montés, passe encore. Mais là, ils étaient près de vingt cavaliers. Et ce n’étaient pas des chevaux quelconques : des montures solides, entraînées. Celui en tête, qui portait un homme muni d’un bouclier cerf-volant, avait même l’air tellement robuste que Vandalieu avait presque envie de le toucher.

Les bandits normaux possédaient parfois des charrettes pour transporter leur butin, mais jamais une cavalerie. Nourrir un cheval coûte cher, ils ne mangent pas n’importe quoi. Et la plupart des bandits étaient d’anciens fermiers ou des gens des bas-fonds ruinés, sans aucune technique de combat à cheval. Avoir de tels chevaux serait un gaspillage pour eux.

D’ailleurs, vendre ces chevaux leur rapporterait bien plus que de piller un village.

En fait, Vandalieu n’avait encore jamais vu un seul bandit monté dans tous les groupes qu’il avait éliminés.

Alors peut-être que ce ne sont pas des bandits, mais des mercenaires sur la paille…

Il y avait, à Lambda, des gens qui, en temps normal, travaillaient comme mercenaires et, en l’absence de missions, se comportaient comme des bandits pour survivre.

Et comme ces individus vendaient leur force sur les champs de bataille, ils étaient bien plus puissants que des bandits ordinaires.

Ils étaient au moins plus forts que les soldats standards, possédaient des compétences et savaient utiliser des techniques de combat.

Bien qu’il fût un peu tard, Vandalieu ressentit alors une alerte de sa compétence Sens du danger : Mort. À ce rythme, le village allait être anéanti… non, son anéantissement était certain.

« C’est mauvais… » murmura-t-il pour lui-même.

En tant qu’ennemis, ils ne représentaient pas une menace pour Vandalieu. Si ce groupe de bandits ne visait que lui, il pourrait les écraser aussi facilement qu’il l’avait fait avec le Roi Gobelin et sa horde de mille Gobelins.

La difficulté résidait dans le fait de les vaincre sans subir de pertes parmi les villageois. S’il se retenait comme jusqu’à maintenant, il manquerait clairement de ressources humaines pour y parvenir.

… Il n’y avait pas le choix. Vandalieu décida de passer à la vitesse supérieure.

Il lança rapidement les sorts Absorption d’énergie et Renforcement par effusion de sang sur l’équipement du groupe de Kasim, disposé dans la pièce.

Puis, utilisant sa compétence Cri, il émit une voix puissante pour réveiller tout le monde :

« UNE ATTAQUE DE BANDITS ! »

« U-une attaque ? »

« Sur ce village ?! »

Même s’ils étaient encore novices, ils restaient des aventuriers. Malgré leur surprise, ils se levèrent immédiatement. Vandalieu leur expliqua rapidement la situation :

« Une cinquantaine de bandits aguerris approchent du village, » dit-il.

« Quoi ?! C’est vrai ?! »

« Oui, ce sont mes insectes qui me l’ont rapporté. »

Vandalieu avait repéré les bandits aussi vite parce qu’il n’arrivait pas à dormir à cause de l’agitation de Pete et des autres insectes. Ce n’était donc pas vraiment un mensonge.

En entendant cela, les trois jeunes aventuriers s’équipèrent en hâte.

« Si c’était Fester qui avait dit ça, on aurait douté, » dit Kasim.

« Mais toi, on te croit, Vandalieu ! » ajouta Zeno.

« Contrairement à moi, tu dis pas n’importe quoi en somnolant ! » lança Fester, apparemment coupable d’avoir souvent parlé dans son sommeil.

« Mais… on sera vraiment assez nombreux face à des bandits aussi forts ? » demanda Zeno, inquiet.

« On n’a pas le choix, même si on ne suffit pas ! Il y en a des dizaines, mais on doit le faire ! » répondit Kasim, tendu.

Leur voix trahissait leur nervosité.

« Je pense que vous pourriez les affronter un par un, » dit Vandalieu. « Et j’ai renforcé votre équipement avec des enchantements. »

En fait, hier, le groupe de Kasim avait annoncé à Vandalieu qu’ils allaient bientôt pouvoir passer l’examen de promotion pour devenir aventuriers de classe D. Ils étaient donc déjà plus forts que les soldats moyens. Tant qu’ils pouvaient tuer et rester sains d’esprit après l’avoir fait, il n’y avait aucune raison qu’ils perdent en combat singulier.

Mais, de manière surprenante, ce ne fut ni Kasim ni Zeno, mais Fester qui s’adressa à Vandalieu avec un regard sérieux.

« Hé, Vandalieu. T’as pas des conseils ? Pour tuer… enfin, pour combattre des gens. »

Ils semblaient avoir deviné que Vandalieu avait de l’expérience dans les affrontements contre d’autres humains, en s’entraînant régulièrement avec lui. Comme les seules créatures humanoïdes qu’ils avaient tuées jusque-là étaient des Gobelins et des Kobolds, ils cherchaient à obtenir quelques recommandations.

« Des conseils ? » répéta Vandalieu.

Il eut du mal à répondre. Il avait tué plusieurs personnes de ses propres mains, bu leur sang et utilisé leurs cadavres pour créer des morts-vivants, mais il ne se souvenait pas avoir ressenti quoi que ce soit de particulier en le faisant. Pour lui, tuer des humains n’était pas très différent de préparer du poisson fraîchement pêché.

Pendant ce temps, les bandits terminaient leurs préparatifs d’attaque. Ils s’étaient divisés en trois groupes : les archers et l’infanterie contournèrent le village pour l’encercler, pendant que la cavalerie se répartissait en deux – une moitié devait attaquer la porte principale faisant face à la route, l’autre la petite porte arrière.

La cavalerie était chargée de semer la panique, tandis que les archers et l’infanterie devaient abattre les villageois qui tenteraient de fuir.

Golems, activez-vous. Exterminez les ennemis à mesure qu’ils approchent.

Princesse Levia et les autres esprits, restez transparents et en vol stationnaire dans le ciel.

Hmm… quel conseil devrais-je donner à Fester ?

Vandalieu faisait travailler son esprit à toute vitesse, utilisant sa compétence Traitement de pensée parallèle pour donner ses ordres aux Lemures et Golems, tout en instruisant Levia et les autres fantômes de rester en attente.

Finalement, il opta pour une réponse aussi classique qu’efficace :

« Imagine ce qu’il se passera si tu ne te bats pas ou si tu es vaincu, » dit-il à Fester.

« Imaginer ? »

« Oui. Imagine ce que le groupe de bandits fera à ce village… Ce qu’ils feront à Lina-san si on perd. »

Lina était la jeune employée du magasin général du village, et également l’unique membre de la branche locale de la guilde des aventuriers. Il n’était pas nécessaire d’expliquer ce qu’un groupe de bandits ferait s’ils tombaient sur une jeune femme comme elle.

Fester, qui avait des sentiments pour Lina, serra fermement la poignée de son épée.

« … D’accord. J’suis pas encore sûr de pouvoir tuer quelqu’un, mais j’garderai la peur et l’envie de vomir pour plus tard, » dit Fester.

Vandalieu avait repris une réplique qu’il avait vue dans un manga sur Terre, où une héroïne encourageait le protagoniste qui détestait se battre. Mais il semblait que cela avait été plus efficace qu’il ne l’avait imaginé.

Je pensais lui dire aussi d’imaginer que ses ennemis sont des citrouilles ou quelque chose comme ça, mais je suppose que j’ai bien choisi.

« Ne t’en fais pas. Je suis le Porte-bouclier, je te protégerai comme il faut, » déclara Kasim.

« Je te couvrirais, mais je ne te tapoterai pas le dos, » ajouta Zeno. « Tu demanderas à Lina de le faire plus tard. »

« Non, je voulais pas dire que j’allais vraiment vomir… Bon sang. Vandalieu, on fait quoi ? On va à la porte principale ? » demanda Fester.

« Je vous laisse la porte arrière, » répondit Vandalieu. « Une dizaine de cavaliers viendront par là ; tenez bon jusqu’à ce que j’arrive. Dites aux villageois de ne pas sortir de chez eux. Je m’occupe de la porte principale. »

« Entendu ! »

Normalement, ils auraient arrêté un garçon ayant la moitié de leur âge qui prétendait affronter seul une armée, mais le groupe de Kasim savait que Vandalieu était bien plus fort qu’eux trois réunis. Ils le regardèrent ouvrir la porte en bois et s’élancer sans tenter de l’arrêter, puis coururent vers la porte arrière.

« ATTAQUE ! ATTAQUE DE BANDITS ! FERMEZ VOS PORTES ET RESTEZ CHEZ VOUS ! »

Vandalieu utilisait sa compétence Cri pour alerter les villageois, qui commençaient tout juste à se réveiller.

« C’est quoi ce vacarme ? Est-ce qu’ils nous ont repérés ? » demanda l’un des subordonnés de Karcan, l’air inquiet.

« Même si c’est le cas, ça ne change rien au plan ! » hurla Karcan en dégainant son épée.

Il avait un mauvais pressentiment en entendant cette voix aiguë en provenance du village, mais il l’ignora et lança l’assaut.

« Pas de pitié, pillez et tuez ! C’est pour la justice ! En avant, tas de bons à rien ! » rugit-il.

Voyant leur commandant charger, les équestres déguisés en bandits poussèrent des cris de guerre violents et le suivirent à toute allure.

« Hyih ! Ils viennent vraiment ?! »

« Idiot, garde ton calme ! »

Les hommes de garde à la porte principale blêmirent de peur à l’approche des cris de guerre et des bruits de sabots tonitruants.

Il semblait que les bandits étaient bien plus terrifiants que les gobelins ou les bêtes sauvages.

« Docteur ! On vous laisse le reste ! »

« Voyons voir, » dit Vandalieu, que beaucoup avaient commencé à appeler « Docteur » en raison des traitements médicaux qu’il prodiguait à chaque visite.

Il se prépara à exécuter sa méthode pour anéantir tous les bandits.

Ces hommes étaient probablement des mercenaires déguisés en bandits, mais avec sa puissance actuelle, Vandalieu les considérait comme de simples insectes. Il lui suffirait de tirer quelques projectiles de mort et d’agiter ses griffes, et l’affaire serait réglée.

Mais ces hommes montaient des chevaux.

Et les chevaux pourraient rapporter pas mal d’argent à ce village.

Il voulait donc les garder en vie. Si le vent avait soufflé dans l’autre sens, il aurait pu simplement libérer un gaz paralysant volatil dans l’air, mais malheureusement, le village se trouvait sous le vent.

« Bien, je compte sur vous, » dit-il.

Huit lances de flammes noires apparurent.

« Uwah, c’est de la magie ?! » s’écria un villageois.

« Oui, c’est de la magie de feu, » répondit Vandalieu sans hésiter, mentant tout en lançant un sort de Magie des Esprits Morts.

« Je vais détruire la porte avec ma technique martiale, suivez-mo– GAH ?! »

Une lance de flammes noires transperça la poitrine de l’homme en tête, qui levait son épée. Une deuxième, puis une troisième, suivirent, réduisant en cendres les organes internes de l’homme — Karcan.

Les yeux écarquillés de stupeur, Karcan regarda le petit garçon aux cheveux blancs flottant au-dessus de la porte en bois.

Impossible ?! Il ne maîtrisait pas que la magie de soin et le combat à mains nues ?!

Son visage figé dans l’étonnement, il tomba de son cheval.

« C-Capitaine ?! »

« Karcan-dono ?! »

Voyant les subordonnés de Karcan et Froto arrêter leurs chevaux, leur formation se désorganiser, Vandalieu saisit sa chance : il lança davantage de lances de flammes noires, ainsi que des kunais.

« Higyah ?! »

« M-Mur de Pierre ! GUAAH ?! »

« Gah… Du poison ! Y’a du poison sur… Kahah ! »

Les subordonnés de Karcan tombèrent les uns après les autres, soit le torse transpercé et les organes brûlés de l’intérieur, soit à cause du poison enduisant les kunais fabriqués par Datara et Tarea (également transformés en Armes Maudites).

Certains levèrent aussitôt leurs boucliers et utilisèrent des techniques martiales, mais des compétences de niveau 1 comme Mur de Pierre étaient inutiles face à la Magie des Esprits Morts de Vandalieu et sa technique de lancer.

Les kunais, fabriqués à partir d’os de dragons et de Fer de la Mort, lancés avec sa Force Surhumaine de niveau 4, avaient la puissance d’un boulet de canon. Et puisqu’ils étaient empoisonnés, une simple éraflure suffisait à condamner un homme.

Froto, qui se trouvait à l’arrière, poussa un cri d’effroi et tenta de fuir. Vandalieu leva un kunai, prêt à le lancer dans son dos… mais il s’arrêta en entendant les paroles des esprits de Karcan et de ses hommes, qui s’étaient approchés de lui, attirés par son Charme de l’attribut de la mort après leur mort.

« Pete, tout le monde, capturez-le vivant, s’il vous plaît. »

Plusieurs dizaines de monstres insectoïdes, dont Pete, s’envolèrent hors du corps de Vandalieu pour partir à la poursuite de Froto.

Il fit injecter du venin paralysant dans les chevaux restants par ses insectes survivants, puis utilisa la Magie de l’attribut de la mort pour réduire en cendres les bandits encore en vie.

« Tu… tu n’étais pas obligé d’aller aussi loin… » murmura un villageois.

« Ils respiraient encore, alors je devais m’assurer qu’ils ne se relèveraient pas, » répondit Vandalieu, mentant à nouveau. Il avait désormais tellement menti à ces gens qu’il en avait perdu le compte. Mais il n’avait pas le choix ; ces bandits… Karcan et ses hommes, étaient en réalité des chevaliers de ce pays.

Vandalieu n’avait pas encore entendu les détails précis de la raison pour laquelle ils avaient attaqué ce village de colonisation, mais…

Les choses ont vraiment mal tourné. Maintenant que c’est comme ça, je dois tuer les chevaliers pour qu’ils ne puissent pas être identifiés, pensa-t-il en se retournant.

« Au fait, c’est quoi ces trucs qui ressemblent à des insectes ?! »

« Ce sont mes charmants compagnons, » répondit Vandalieu. « Vous n’avez pas à vous inquiéter pour eux. Bon, je vais aller voir du côté de la porte arrière. »

Entendant les villageois crier des « D’accord ! » et « On compte sur toi ! » derrière lui, Vandalieu se dirigea vers la porte arrière, où Kasim et ses amis combattaient.

« Le docteur était donc un dresseur, hein. »

« Ouais, il est incroyable. Ah, mais on devrait peut-être lui dire un mot à propos du fait qu’il les a amenés dans le village sans prévenir ? »

« Peut-être… mais il a quand même soigné mon pied d’athlète hier. »

« Maintenant que tu le dis, il a aussi fait quelque chose pour ma rage de dents… On va juste lui faire une petite remarque, alors. »

« Ouais. »

Les gardes de la porte, qui étaient en train d’attacher les chevaux pour qu’ils ne s’enfuient pas, ignoraient complètement que les monstres insectoïdes étaient considérés comme indomptables par la Guilde des Dresseurs.

Voilà le niveau de connaissance de gens qui n’avaient jamais vu un véritable dresseur de leur vie.


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