Original

Projet marionnettes chapitre 5

Chapitre 5 :

          Black Fang l’agent, connut un gros moment de doute, quand vint le moment de recevoir l’injection des nanomachines réflexes surhumains. Il avait envie de s’enfuir du laboratoire de Franken. Il se demandait s’il ne commettait pas une belle bêtise. Certes en cas de réussite, il deviendrait assez réactif pour éviter plusieurs tirs de révolver à bout portant, mais il fallait déjà supporter les effets de la piqûre. Or cela ne s’annonçait vraiment pas une partie de plaisir. Au contraire dès que les robots microscopiques pénétrèrent dans son sang, Black poussa un véritable hurlement de douleur.

          Il avait beau s’être entraîné à résister à la torture et à des techniques d’interrogatoire franchement corsées, sa préparation ne suffit pas à l’empêcher de crier. Fang se demandait comment il était possible de ressentir autant de souffrance. Il connut une tentation vive de demander à Franken d’abréger son supplice, de mettre fin à ses jours. Même sa grande fierté ne lui permettait pas de retenir ses plaintes. L’agent vivait une terrifiante descente dans un enfer de douleur, il subissait un calvaire indescriptible. Or pour arranger les choses plus le temps passait plus le martyre s’intensifiait, les tourments du début ne constituaient qu’un échauffement à la souffrance.

          Biologiquement parlant Black supportait bien le traitement. Il ne faisait pas de rejet, mais les transformations engendrées par les nanomachines généraient un tel niveau de douleur, qu’il était probable que Fang essaie de suicider, malgré le fait que Franken l’entrava avec des liens solides en métal. Il calcula qu’il faudrait environ une semaine pour les changements corporels cessent, et que la douleur terrible disparaisse. Au bout de trois jours, l’agent ressemblait à un homme brisé, il se souvenait difficilement de qui il était, et il ne parvenait plus à aligner de pensées cohérentes. Cependant la haine de son rival Éclair constituait une motivation qui alimentait la hargne de Fang. Et le temps fila.

Franken (content) : On peut dire que vous avez une volonté de fer Black Fang, et une sacrée résistance physique. Il ne vous a fallu qu’un mois de convalescence pour vous remettre complètement des effets de réflexes surhumains.

Black : Combien de temps avait duré la convalescence d’Éclair à cause de réflexes surhumains ?

Franken : Trois semaines, mais d’un autre côté il bénéficiait d’une amélioration mécanique qui accroissait considérablement ses facultés de récupération.

Black (déçu) : Moi aussi j’ai une machine qui m’aide à récupérer physiquement, c’est dommage j’aurais voulu faire mieux qu’Éclair. Me jugez-vous apte à retravailler comme agent de terrain ?

Franken : Vous me semblez en pleine forme, mais si j’étais à votre place, j’attendrais encore une semaine avant de me remettre à travailler pour la Comlat Corp.

Black : Non, je veux me remettre à bosser le plus tôt possible, être inactif pendant un mois a déjà été très pesant.

Franken (angoissé) : Sommes-nous quittes maintenant ? Êtes-vous prêt à me laisser tranquille pour l’affaire où vous avez été un cobaye sans que je vous consulte ?

Black (ton tranchant) : Je n’ai qu’une parole, toutefois si j’apprends une nouvelle fois que vous m’avez fait un coup en traître ; vous aurez intérêt à savoir courir vite, car sinon vous aurez de gros ennuis.

          Quand Black Fang l’agent vit Mike Anders dans une salle de tir sur cible, il remarqua que son interlocuteur dégageait une certaine hostilité. Black passa en revue les choses qui auraient pu énerver son partenaire de crime occasionnel dans les semaines passées. Il trouva comme motifs des raclées à des concours de tirs sur cible et d’autres compétitions. En effet tous deux participèrent aux jeux meurtriers, la plus grande manifestation d’évaluation des compétences d’assassinat. Il s’agissait d’un événement parrainé par la multinationale Comlat Corp et d’autres organisations mafieuses, ayant pour but de déterminer qui était le meilleur tueur à gages.

         Malgré son statut d’assassin exceptionnel Éclair ne participa jamais aux jeux meurtriers. Cela n’empêchait pas des milliers de tueurs d’essayer de prouver leur habilité sur une île isolée de l’Océan Atlantique. La manifestation comportait des dizaines d’épreuves, notamment la chasse à l’homme, où des assassins devaient affronter une victime armée et dotée de bonnes capacités de combattants ; la résistance à la douleur où il fallait boire une toxine provoquant des douleurs infernales ; la traque sur animaux, où des tueurs démontraient leur capacité à survivre dans un milieu hostile tout en chassant ; et enfin le concours de stratégie, où il était nécessaire de concevoir un plan d’assassinat après avoir reçu des informations sur les habitudes d’une cible, et son emploi du temps. Des juges discernaient des notes pour chaque épreuve.

         Black rafla haut la main la première place à chaque fois, il écrasa largement la concurrence. Il témoigna un niveau de talent qui suscita l’admiration chez beaucoup, et de la jalousie chez quelques-uns. Mike fit de très gros efforts pour essayer de battre une fois Fang, mais il se fit coiffer au poteau tout le temps, il était toujours franchement distancé.

Black : Ah Anders, tu voulais me parler, me voilà donc, que me veux-tu ?

Mike (vexé) : J’aimerai savoir pourquoi tu as refusé que je t’aide dans la capture de Psyker. Si j’avais participé à la mission de neutralisation de Psyker, cela aurait contribué à faire de moi une légende.

Black : C’est vrai, mais agir à deux au lieu de se débrouiller seul aurait diminué les retombées positives pour ma réputation.

Mike : Donc si j’ai bien compris, tu m’as laissé sur le côté Yuri, pour une question d’amour-propre.

Black : Tu me connais bien Anders, tu sais par conséquent que ma renommée est ma principale source de motivation dans la vie.

Mike : Il n’empêche que tu aurais pu faire un geste, en égard des nombreuses fois où je t’ai aidé.

Black (froid) : Je t’ai rendu la pareille à chaque fois que tu me rendais service lors d’une mission, donc je ne te dois rien.

Mike (agacé) : Tu devrais changer d’attitude Yuri. Même si je suis habitué à ton comportement, il arrive parfois que tu m’énerves beaucoup. Sans l’estime de monsieur Comlat il y a belle lurette que tu ne serais plus un agent de terrain.

Black : Ce qui est fait est fait, cela ne sert à rien de se lamenter. Cependant je te propose un marché, bats moi au tir sur cible, et je serais d’accord pour t’emmener avec moi lors de la prochaine mission, où il y aura comme objectif d’affronter un mercenaire ou un assassin célèbre.

Mike : Très bien Yuri, à part cela j’ai besoin d’une opinion, j’ai envie de m’acheter un pistolet-mitrailleur Terreur, mais mon instinct me dit que je fais une erreur. A ton avis mon intuition est juste ou fausse ?

Black : Terreur est un attrape-nigaud, ce pistolet s’enraye beaucoup plus fréquemment que ne le laisse entendre la publicité. Même quand on prend un modèle haut de gamme, et qu’on fait attention à l’entretien de son pistolet, Terreur perd facilement sa capacité à tirer.

Mike : C’est dommage je trouvais cool la capacité d’envoyer cent balles à la seconde des pistolets Terreur.

Black : Justement c’est un autre argument pour ne pas acheter de Terreur, il se décharge tellement vite, qu’il perd en efficacité quand on veut mitrailler une foule.

Mike : Tu crois ? Plusieurs célébrités du milieu des armes vantent pourtant la capacité de tir du Terreur.

Black : Il n’y a aucun soldat ou policier qui vante Terreur. D’après ce que j’ai compris la publicité de Terreur est faite par des adeptes du tir sur cible, qui n’ont aucune notion du combat de rue ou du champ de bataille. Donc l’avis de ceux qui font la publicité de Terreur ne vaut pas grand-chose. Bon je dois te laisser l’heure de mon rendez-vous avec monsieur Comlat approche.

          Black Fang l’agent avait plutôt raison pour Terreur et son déchargement par moment problématique en matière de balles. Cette arme disposait de trois vitesses de tir, et ceux qui choisissaient la plus rapide, risquaient des ennuis. Car ils maniaient un pistolet totalement vide en moins de trois secondes de tir. Or perdre du temps à recharger son outil de mort cela revenait à donner de précieuses secondes à son adversaire pour s’enfuir ou tenter de vous tuer. La discussion sur Terreur renforça le fossé entre Black et Mike Anders. En effet Fang trouvait gamin son homologue assassin pour ses goûts envers les armes spectaculaires, il pensait que s’entourer de clinquant dans le choix de son matériel était une belle erreur de jugement.

         L’agent considérait la précision, la solidité et la discrétion des armes comme prioritaires sur le reste. Il voyait comme des données très négligeables les autres caractéristiques des outils de mort. Tandis que ce son côté Anders aimait bien frimer avec des gros calibres aux effets bien ronflants, qui produisaient des effets étonnants. Black trouvait très idiot d’opérer volontairement un choix pour des armes qui attiraient l’attention des médias, et pouvaient se remarquer de loin. En outre malgré ses conseils pour inciter par exemple Mike à investir au moins dans un silencieux pour réduire le bruit des détonations, Anders continuait à fanfaronner avec des outils de morts bruyants et absolument pas discrets.

          Sa dernière trouvaille consista à demander un lance-flammes lourd qui pesait plus de dix kilos. Pour couronner le tout il commanda un modèle qui répandait une odeur de goudron repérable de très loin. Bref Fang considérait souvent son rival comme un idiot, qui connaîtrait sans doute un destin tragique en prison, ou pire.

          Mais pour l’heure Black devait s’occuper de sa discussion avec Comlat. Il était heureux que le président l’ait invité dans son bureau pour prendre des nouvelles.

Comlat (chaleureux) : Black Fang comment allez-vous ? Je dois vous féliciter chaudement. Personne au sein de la Comlat Corp, à part vous, n’avait supporté les effets des nanomachines réflexes surhumains.

Black (poli mais un peu froid) : Merci monsieur Comlat de m’avoir invité et de me complimenter, mais j’ai une mauvaise nouvelle à vous annoncer. Des détournements de fonds ont lieu au sein de la Comlat Corp. Je soupçonne le sous-directeur Rattus d’en être un des principaux bénéficiaires.

Comlat : Avez-vous des preuves solides pour étayer vos propos ?

Black : Pas encore, c’est pourquoi je requiers votre aide pour mettre la main sur les têtes pensantes de la fraude.

Comlat : Vous pensez que Rattus n’est pas celui qui organise le vol d’argent ?

Black : Rattus doit faire un gros effort d’intelligence pour ouvrir ou fermer une porte. Par conséquent je suis certain qu’il y a quelqu’un qui doit être au-dessus de lui dans la fraude.

Comlat : Très bien je vais enquêter à mon tour sur les détournements, pouvez-vous me citer le nom de votre source ?

Black : Malheureusement non, j’ai confiance en vous, mais pas dans certains de vos subordonnés proches. J’ai peur qu’en levant l’anonymat de ma source, il lui arrive des ennuis graves, du genre un meurtre.

Comlat (inquiet) : Passons à un autre sujet, Black je trouve que vous y allez un peu fort en matière d’améliorations mécaniques et organiques sur votre corps, l’année dernière vous en avez bénéficié de trente. J’ai peur que votre organisme ne sature, il faudrait peut-être faire plus attention, espacer les mises à jour.

Black : Votre sollicitude me touche, mais je vais bien. Et puis je connais des personnes qui vont beaucoup plus loin que moi en matière d’améliorations.

Comlat : Souvent les fanatiques d’améliorations finissent par devenir fou, ou avoir de graves lésions corporelles. Je ne dis pas que vous êtes fanatique, cependant vous allez quand même loin pour modifier votre corps.

Black : On n’a rien sans rien, si je suis un agent efficace de la Comlat Corp c’est en partie parce que je ne ménage pas ma peine pour être performant.

Comlat : Vous êtes plus que performant Black, vous êtes le meilleur agent de terrain de la Comlat Corp. Ce serait dommage que votre légende se termine mal à cause d’un excès de zèle. Bon j’ai beaucoup de travail qui m’attend, je vous promets de vous informer régulièrement des résultats de l’enquête.

          Alexandra Banks replongea une nouvelle fois dans ses habitudes de hacker. Elle voulut visiter de nouveau les archives secrètes de la multinationale Comlat Corp. Néanmoins elle se montra assez imprudente, elle passa relativement peu de temps à se renseigner sur les mises à jour à l’égard des protocoles informatiques de sécurité. Résultat elle se fit détectée en moins d’une minute, elle commençait à peine à farfouiller qu’elle attira déjà l’attention. Elle tenta d’éteindre son ordinateur pour stopper le traçage de sa position. Malheureusement elle eut une mauvaise surprise, elle ne pouvait pas éteindre sa machine informatique.

          En effet les sentinelles de la Comlat Corp prirent en partie le contrôle de son ordinateur, elles étaient en train de le scanner à distance, de regarder son contenu. La bonne nouvelle était qu’Alexandra ne laissait pas grand-chose de compromettant sur sa machine, il y avait donc peu de chances en espionnant les fichiers de son portable de remonter jusqu’elle. La mauvaise nouvelle venait du fait que Banks opérait depuis son domicile. Si elle n’arrivait pas à éteindre rapidement son ordinateur, elle serait localisée de manière très précise. Par conséquent elle deviendrait une proie de choix des services de répression de la Comlat Corp.

          Elle devait réagir rapidement de manière efficace, sinon elle serait victime d’une traque sans merci de la part d’une des organisations les plus impitoyables qui soit. Alexandra appuya de manière frénétique sur son clavier, essaya différentes combinaisons mais rien de positif ne se passait. En désespoir de cause, elle prit un marteau et démolit sa machine informatique. Elle attendit cinq minutes, puis une heure, en voyant que personne d’armé ne débarquait chez elle, Banks commença à se rassurer.

         Si elle ne trouva rien de probant cette fois, par contre Black Fang mit la main sur un renseignement précieux. Il rendit une visite dans le salon d’Alexandra pendant un congé. Il remarqua que son interlocutrice avait un intérêt certain pour les colombes. La pièce où il se trouvait contenait des statuettes de cet oiseau sous forme de bibelots, et trois tableaux représentant ces volatiles dans un ciel orageux, beau ou neigeux.

Black : J’ai une mauvaise nouvelle Banks, je crois que monsieur Comlat le président fait partie de ceux qui volent les agents de terrain.

Alexandra : Qu’est-ce qui te fait croire que Comlat vole ses propres employés ?

Black : Quand Comlat m’a dit qu’il allait enquêter sur les détournements de fonds, son tic de mensonge s’est déclenché.

Alexandra : C’est quoi un tic de mensonge ?

Black : Lorsqu’une personne ment, il arrive souvent qu’inconsciemment elle ait un geste, ou une expression particulière, du type bouger les pieds, souffler légèrement. Le tic de mensonge de Comlat est un petit mouvement de la lèvre inférieure.

Alexandra : Que comptes-tu faire Yuri ?

Black (en colère) : Il n’y a rien à faire pour l’instant. Je fais un travail illégal, je ne peux pas m’adresser à la police ou aux tribunaux sous prétexte que l’on rogne mon salaire. Mais je sens que si je suis encore victime d’une grosse crasse de la part de la Comlat Corp je changerai d’employeur, même si c’est très risqué.

Alexandra : Je comprends ton ressentiment Yuri mais j’éviterai de quitter la Comlat Corp, si j’étais toi. Ceux qui sont liés à la Comlat Corp comme toi, qui connaissent bien sa face sombre, et qui essaient de changer de camp, ont une courte espérance de vie.

Black : Tu as raison, si tu t’inquiètes pour ta sécurité, ne t’en fais pas, ton anonymat reste intact. Je n’ai rien dit sur l’identité de celle qui m’a renseigné sur la fraude dont je suis victime.

Alexandra : Cela me rassure Yuri. Autrement comment progresses-tu en matière d’informatique ?

Black : Je tape plus vite grâce au livre d’exercices sur le maniement des touches d’un clavier que tu m’as remis. Une sonnerie téléphonique retentit. Ah le devoir m’appelle, j’ai un assassinat à mener.

          Rattus observait Black et Alexandra depuis l’écran de l’ordinateur portable posé sur son bureau de travail. Il ne put se retenir de monologuer à voix basse. Il fut alerté que ses magouilles financières étaient découvertes. Néanmoins il désirait avant toute chose mener à bien l’opération Trombone. Donc Alexandra ne deviendra pas forcément morte ou capturée bientôt.

Rattus : J’ai bien fait d’installer une caméra chez Alexandra Banks, je sais maintenant que Black Fang est à bout. Un petit coup de pouce de ma part pourrait l’inciter à trahir la Comlat Corp. Mais avant toute chose occupons-nous de celui qui m’a volé un trombone. Si j’attrape celui qui m’a dérobé mon accessoire de bureau, il sera viré comme un malpropre. Je m’arrangerai pour que mon voleur soit licencié pour faute professionnelle. Non mieux, je l’intègre comme cobaye au projet marionnettes. C’est ma première priorité pour le moment.

           Rattus le sous-directeur considérait qu’un manquement même très mineur à la politesse à son égard constituait une faute grave. Par exemple il programma la mort d’un subordonné qui lui dit une fois bonjour sur un ton un peu sec. Néanmoins si de son côté Rattus exigeait un respect fort à son égard, il ne se priait pas pour se montrer impoli, voire ignoble avec ses subalternes. Il adorait faire pleurer les secrétaires, et provoquer la honte. Il s’imaginait que cela était un bon moyen d’inspirer la crainte. Il n’avait pas tort dans le sens que la plupart de ses subordonnés faisaient généralement très attention sur la manière de s’adresser à lui. Mais Rattus générait aussi contre lui un niveau impressionnant de rancune.

          Heureusement pour lui le projet marionnettes lui donnait un côté indispensable auprès du président de la multinationale. Sinon cela ferait belle lurette que de franches tentatives de destitution auraient éclatées contre le sous-directeur. Rattus faisait des montagnes à propos de détails pratiquement sans importance à cause d’une consommation régulière de cocaïne. Il s’arrangeait pour accéder à une drogue de très haute qualité, sans ajouts de produit chimique, toutefois il se détruisait tout de même le cerveau petit à petit.

          Ce genre de substance ne pardonnait pas, elle avait des effets franchement préjudiciables sur l’intelligence, y compris en démarchant des dealers qui privilégiaient la qualité. Néanmoins le sous-directeur parvenait à conserver encore assez de bon sens pour se montrer gentil, voire mielleux avec ses supérieurs hiérarchiques. Il était d’ailleurs un lèche-bottes professionnel. Il poussait au rang d’art la flagornerie, par devant il inondait de compliments ses chefs. Il prit tellement de notes pour apprendre à féliciter, qu’il avait créé un livre épais sur la flatterie.

          Mais pour l’heure il avait d’autres choses à faire que de cirer des pompes, il donnait des instructions depuis son bureau à Black pour une mission.

Black : Monsieur Rattus quelle est la nature exacte de ma tâche ?

Rattus : Black Fang vous devrez assassiner le ministre roumain du développement durable, et salir sa mémoire en mettant sur son ordinateur des photos numériques montrant des scènes de zoophilie, c’est-à-dire des relations sexuelles entre humains et animaux.

Black : Je croyais que la majorité des ministres de Roumanie travaillait pour la Comlat Corp.

Rattus : De temps en temps il y a un idéaliste imperméable à la corruption qui se manifeste.

Black : Quel préjudice inflige le ministre du développement durable à la Comlat Corp ?

Rattus : Il défend une loi qui obligera la Comlat Corp à justifier ses tarifs en matière de distribution de l’eau. Vous avez deux jours pour mener à bien votre mission.

          Après être parti de Paris vers le Roumanie dans un jet privé de la Comlat Corp, Black Fang et Mike Anders marchaient dans une forêt de pins en direction du domicile de leur cible.

Black : J’ai un mauvais pressentiment, j’ai l’impression qu’un terrible traquenard nous attend, Anders.

Mike (joyeux) : Tu es pessimiste Yuri, moi je crois que cette mission va être une partie de plaisir. La cible est faible physiquement, et n’a pas de garde du corps.

Black : J’espère que tu as raison, bon il est temps de se taire, nous approchons du domicile de notre victime.

          Black Fang l’agent considéra après réflexions la mission comme plutôt facile. Il croyait que même avec les deux mains attachées dans le dos, il aurait pu triompher. Sa cible, le ministre ne possédait pas d’armes à feu pour se protéger. Il n’avait rien pour se défendre, à part des couteaux de cuisine. Black estimait que sa proie ne lui ferait aucun mal, même en restant immobile pendant cinq minutes. D’ailleurs il était tout à fait possible que le politique ne cherche même pas à se défendre. Il voyait le fait de verser du sang humain comme une terrible abomination, il était un pacifiste convaincu. Le ministre pourrait toujours appeler à l’aide, mais vu qu’il vivait dans une maison insonorisée à moins de beugler comme un taré, aucun voisin ne l’entendrait.

          Quant à la solution du téléphone pour solliciter l’aide de la police, elle s’avérait inopérante. Fang mit près de la maison de sa cible, un brouilleur qui empêchait d’utiliser des moyens de communication modernes. Il considérait donc comme du gâteau le meurtre à effectuer. Néanmoins Mike Anders aperçut quelqu’un qui confirma la nécessité de faire appel à des renforts. Il découvrit la présence d’une référence dans le milieu des assassins, capable d’après certaines rumeurs de défaire un bataillon complet de soldats d’élite à lui seul. Il contempla une incarnation de la puissance guerrière, une légende vivante qui faisait trembler de terreur de nombreux criminels. Quelqu’un qui effrayait plus que la police beaucoup d’assassins.

          Anders ressentit l’envie d’assommer Black pour éviter un affrontement qu’il jugeait perdu d’avance. Il reconnaissait le talent de son partenaire, néanmoins il considérait comme complètement idiot de chercher cette fois l’affrontement. Il admettait que Fang fit de gros progrès, mais il ne pensait pas que cela soit suffisant pour faire pencher la balance en faveur de l’agent.

Mike (paniqué) : Enfer j’aperçois Éclair, il nous faut des renforts.

Black : Pas nécessairement, grâce à l’amélioration réflexes surhumains je suis beaucoup plus fort.

Mike : Sans vouloir te vexer, tu as beaucoup moins d’expérience qu’Éclair, et tu ne bénéficies que de cent  dix améliorations, tandis que lui en a plus de cinq cents.

Black : Cela ne change rien au fait que je peux triompher d’Éclair.

Éclair : Quand vous aurez fini de bavarder, venez-vous battre cela fait plus de cinq minutes que je vous ai repéré.

Mike : Je propose de fuir, il n’y a aucune honte à éviter un combat qui est perdu d’avance.

Black : Joue les lâches si tu veux, moi j’ai une légende à construire.

Mike : Alexandra me pardonnerait difficilement si je ne faisais pas le maximum pour essayer de te sauver, donc je viens avec toi.

Éclair : Messieurs cela fait dix minutes que votre cible a été emmenée dans un centre géré par mes employeurs. Comme je suis de très bonne humeur je suis prêt à vous laisser filer, profitez donc de cette chance.

Mike : Je crois qu’Éclair est beaucoup trop fort pour nous. Même si tu as fait de gros progrès, je doute qu’en moins de trois mois, tu as pu combler l’immense fossé qui vous sépare toi et Éclair.

Black (accablé) : Tu es vraiment désespérant, malgré une occasion formidable de te faire un nom dans le milieu des assassins, tu rechignes beaucoup.

Mike : Très bien je n’insiste plus, Éclair en garde.

          Les bois furent le théâtre d’un affrontement peu épique. Éclair la légende neutralisa avec une claque Mike, mais Black Fang l’agent se révéla un adversaire plus coriace. Il esquiva la gifle, et parvint presque à décrocher un uppercut à son ennemi. La légende témoigna de la surprise, en quelques mois le gouffre de talent la séparant elle et Black se réduisit de manière impressionnante. Toutefois Éclair demeurait encore largement supérieur à Fang. En effet l’agent devait bouger comme un dératé, se fatiguer considérablement pour éviter ou parer les coups de son antagoniste. D’ailleurs ce dernier n’utilisait pourtant qu’une main dans le combat, il gardait un bras au niveau du dos.

          Cette situation commençait à sérieusement exaspérer Black, qui faillit commettre l’erreur de perdre son sang-froid, mais finalement il se reprit. Certes il était plusieurs crans en dessous de son ennemi, mais il se débrouillait nettement mieux que lors de leur dernier affrontement. En outre Éclair continuait par orgueil à se montrer condescendant et hautain. Il ne déployait pas toutes ses forces dans le combat actuel. Il persistait à se considérer comme trop bon pour avoir besoin de se battre sérieusement.

           Fang jugeait que s’il parvenait à surprendre de manière importante son adversaire, il aurait une faille vers la victoire à exploiter. Alors il sauta sur un mur, poussa un tonitruant cri de guerre, et effectua un bond vers son ennemi. Éclair ne s’attendait pas à cette stratégie, mais il en fallait bien plus pour le déstabiliser, il s’apprêta à parer calmement, quand il vit un événement surprenant, le bras de l’agent s’allongea de trente centimètres. La légende éprouva un tel étonnement, qu’elle fut à deux doigts de négliger sa garde, mais elle surmonta son saisissement, et décrocha un direct fulgurant assommant son opposant. Mike fut le premier à se relever.

Mike (en colère) : Nous sommes vivants seulement parce qu’Éclair a été gentil avec nous. J’espère que la prochaine fois tu tiendras compte de mes conseils Yuri.

Black : J’admets que tu as eu raison Anders, mais je suis sûr que la prochaine fois que je rencontrerai Éclair, je serai beaucoup plus difficile à battre. D’ailleurs mon dernier duel avec Éclair a été épique, j’ai failli l’emporter.

Mike : C’est possible si tu rencontres Éclair d’ici plus de cinq ans que tu puisses le vaincre. Cependant j’ai un doute sur le côté épique de ta dernière confrontation avec Éclair. Je veux bien croire que tu ais mieux résisté que moi, mais je suis certain que tu as tenu moins de trente secondes.

Black (embarrassé) : Et bien, en fait, euh, bon filons avant que la police n’arrive.

Mike : Où est la clé-usb contenant les photos de rapports zoophiles ?

Black : Éclair l’a confisqué, la mission est un échec total.

          Une fois de retour au siège social principal de la Comlat Corp à Paris, Black Fang l’agent se jura alors de mettre les bouchées doubles en matière d’améliorations. Il était prêt à farcir son corps de différents implants qui décupleraient ses performances. Il savait qu’il empruntait une voie dangereuse, dans le sens qu’il fallait normalement un certain délai d’acclimatation après l’ajout d’une amélioration, pour éviter de subir des effets secondaires graves. Mais Black détestait plus que tout la défaite, il ne supportait pas d’échouer lors d’une mission. Ainsi il était prêt à braver des douleurs effroyables ou des problèmes mentaux majeurs, si cela lui apportait le moyen de détrôner Éclair.

        Fang vivait comme une terrible injure personnelle que son statut d’assassin d’élite soit écorné. Il considérait sa réputation comme un élément primordial. Ainsi il n’avait pas peur d’augmenter les probabilités de subir le syndrome implantique, si cela contribuait à le rendre plus fort. Le syndrome était un phénomène pathologique qui touchait les gens qui investissait trop de moyens dans des améliorations. Ses effets variaient d’un individu à l’autre, mais quand il se déclenchait, les conséquences se révélaient souvent désastreuses. En effet il signifiait généralement une dégénérescence rapide du corps, associée à de la folie, et d’autres joyeusetés particulièrement éprouvantes. Chez certains individus il suffisait d’une seule amélioration pour causer le syndrome, chez d’autres il en fallait une cinquantaine.

          Le seuil à partir de quand il commençait était mal défini, cependant il était connu comme un véritable calvaire physique. Il générait quantité de suicides ou d’euthanasies. Mais Black était un fanatique à l’égard de sa réputation. Il préférait mourir en essayant de battre Éclair, plutôt que se montrer raisonnable.

           Pour le moment Black devait d’abord supporter les jérémiades de Rattus dans le bureau du sous-directeur.

Rattus (colérique) : Je vous dis bravo Black Fang, la Comlat Corp aura des millions d’euros de dépenses supplémentaires à cause de vous ! Quelle excuse avez-vous pour justifier votre calamiteux échec ?

Black : Éclair a joué les trouble-fêtes, j’ai fait du mieux que j’ai pu, mais il s’est montré le plus fort.

Rattus : La forêt où habite votre cible contient plusieurs caméras. Comment pouvez-vous expliquer qu’Éclair, un homme qui se balade avec une hache de deux mètres de haut et à double lame, n’ait pas attiré l’attention ?

Black : Éclair utilise un camouflage optique très perfectionné, qui permet de le rendre invisible  lui et son équipement pour la plupart des appareils de surveillance.

Rattus : Je crois que vous me servez un conte à dormir debout, aussi pertinent que les capacités de raisonnement de votre mentor Croc noir.

Black : Mon mentor est un peu diminué suite à la mort de son fils, mais il reste quand même une personne redoutable.

Rattus : Croc noir est une épave lamentable, une loque pathétique qui ne vaut plus rien du tout aujourd’hui.

Black (hargneux) : Mon maître est un homme remarquable, sa valeur est bien supérieure à la vôtre, espèce de skaven !

Rattus : Qu’est-ce qu’un skaven ?

Black : Un homme-rat, d’ailleurs je suis certain que votre côté rat vous le tenez de votre mère, je l’ai un peu connu, elle a une face de rongeur.

Rattus (hystérique) : Ma maman est très belle, je ne vous permets pas de l’insulter, espèce d’incapable ! Disparaissez de mon bureau !

Black : Moins je vois votre face d’abruti mieux je me porte, au revoir.

          Une fois que Fang fut sorti du bureau de son chef, Rattus déclama un monologue colérique.

Rattus : Cette fois la coupe est pleine Black, je jure de faire tout mon possible pour rendre infernale ta vie. D’ailleurs comme acompte je te réserve une très mauvaise surprise.

Chapitre Précédent|Sommaire |Chapitre Suivant  

Reset

Recent Posts

LES MONDES ERRANTS – Chapitre 6

Chapitre 6 - Le Bal des tourterelles 2/3 Une fois dans sa chambre, que son…

1 jour ago

Tour des Mondes – Chapitre 371

Merci aux donateurs du mois pour la Tour des Mondes ! ! Leslie V.// Gobles…

3 jours ago

The Novel’s Extra – Chapitre 287

Chapitre 287 : Nuages de guerre (4) Kim Suho a quitté la forteresse souterraine sombre…

7 jours ago

Kumo Desu Ga, Nani Ka ? – Chapitre 310

  Chapitre 310 : Crime et punition, vie et mort À cause de ce que vient de…

1 semaine ago

LES MONDES ERRANTS – Chapitre 5

Chapitre 5 - Le Bal des tourterelles 1/3 Le soleil commençait à décliner, plongeant les…

1 semaine ago

Projet marionnettes chapitre 4

Chapitre 4 :           Black Fang se demandait s’il devait croire Alexandra. Elle montra des preuves…

1 semaine ago