Projet marionnettes chapitre 4

Chapitre 4 :

          Black Fang se demandait s’il devait croire Alexandra. Elle montra des preuves convaincantes, mais ce n’était pas sûr qu’elle soit tombée sur la vérité. Elle ne mentait pas forcément, mais elle pouvait être manipulée. La Comlat Corp portait le surnom de paradis de la tromperie, elle était une organisation où la fabrication de fausses preuves se révélait très développée. Quand une personne voulait un rapport bidon ou un document lui créant un alibi imaginaire, elle passait souvent par les services de la Comlat Corp.

          Les experts en fabrication de preuves de la multinationale réalisaient des performances parfois ahurissantes. Des procureurs disaient souvent que l’adn ne mentait pas, que les preuves génétiques étaient par nature solides et irréfutables. Dans la réalité ce n’était plus le cas depuis des décennies. Les hackers de la Comlat Corp pouvaient faire accuser pratiquement n’importe qui de viol ou de meurtre, en trafiquant les capacités d’analyse des ordinateurs de la police. En effet les échantillons d’adn se révélaient soumis à une manipulation par une machine informatique, avant de révéler le nom ou le visage d’un suspect. Par conséquent ce n’était pas illogique si un hacker jouait les trouble-fêtes que les résultats soient totalement faussés, que l’adn ne conduise pas à la vérité.

           En outre Black savait qu’il existait des centaines de guerres internes au sein de la multinationale. Que des gens qui pensaient être de bonne foi, se firent manier comme des pantins, crurent défendre une cause juste, mais servaient dans la réalité sans le vouloir des buts malfaisants, à cause de manigances de cadres supérieurs de la Comlat Corp. Bref Fang se méfiait des révélations d’Alexandra, car il apprit à juger avec circonspection les informations en rapport avec la multinationale, qui étaient souvent fausses ou au moins partiellement arrangées.

          Mais il tenait quand même à vérifier ses renseignements en visitant le professeur Franken occupé dans un laboratoire. Il trouva son interlocuteur en train de faire une injection à un rat. Il y avait plein de cages avec des barreaux métalliques et regorgeant de rongeurs dans les parages.

Franken (alerté) : Que se passe t-il Black Fang ?  Vous semblez de très mauvaise humeur.

Black : J’ai appris que vous aviez mené sur moi, des expériences sans mon consentement, est-ce exact ?

Franken (troublé) : Pas du tout, avant de vous injecter des nanomachines ou des produits, je vous expliquais toujours ce qui allait se passer, et j’agissais sur votre demande.

Black : Vous avez un tic quand vous mentez professeur. Donc c’est inutile de chercher à me cacher la vérité. J’aimerai savoir si ma vie est en danger, est-ce que je risque de mourir jeune ?

Franken : Non si vous faites attention, vous pourriez vivre centenaire.

Black (menaçant) : J’ai une proposition à vous faire, si vous m’injecter les nanomachines réflexes surhumains je suis prêt à vous pardonner. Si vous refusez ma proposition je fais de votre vie un enfer.

Franken : Êtes-vous pleinement conscient des effets des nanomachines réflexes surhumains ?  Seul Éclair a eu la force de caractère de supporter les douleurs terribles, que les nanomachines provoquent dans la semaine suivant leur injection.

Black : Je sais très bien ce qui m’attend, ne vous en faites pas.

Franken : Dans plus de quatre-vingt-dix-neuf cas sur cent celui qui a subi l’injection de réflexes surhumains, choisit de se suicider une heure après la piqûre contenant des nanomachines.

Black : Ce n’est pas un secret pour moi, je connais toutes les embûches possibles de mon plan.

Franken : Pourquoi voulez-vous vous lancez dans un projet insensé ?

Black : Afin d’avoir la chance de me venger de la défaite que m’a infligé Éclair.

Franken : La vengeance apporte rarement de la satisfaction, plutôt de l’amertume.

Black : Je ressens toujours un immense plaisir à me venger de ceux qui m’humilient. De plus n’oubliez pas que vous n’avez pas le choix, soit vous m’obéissez, soit je demande au président Comlat de s’occuper de votre cas.

Franken (plein de pitié) : Inutile de me menacer, vous aurez ce que vous souhaitez. Même si vous allez probablement en mourir de douleur.

Black : Une sonnerie téléphonique retentit. Ah le devoir m’appelle, l’injection sera pour plus tard.

          Black Fang l’agent savait qu’il empruntait une voie vraiment dangereuse. Il y avait des chances fortes qu’il meure. Mais il tenait plus que tout à progresser de manière radicale dans un laps de temps court. Pourtant à bien y réfléchir, il demanda probablement un aller simple vers l’au-delà, avec l’injection des nanomachines réflexes surhumains. En effet personne parmi les assassins de la Comlat Corp ne survécut à leur contact. Tous les travailleurs de la multinationale essayant cette procédure devinrent d’abord fous, puis se mutilèrent volontairement. Certains se crevaient les yeux, se défonçaient le crâne, ou s’arrachaient carrément le cœur.

          Cependant Black éprouvait le pressentiment qu’il réussirait là où des centaines d’autres individus échouèrent. Fang ne disposait d’aucune preuve concrète pour étayer son intuition, mais il croyait dur comme fer qu’il parviendrait à résister aux effets du supplice qui l’attendait. Pourtant Franken énonça des avertissements particulièrement lugubres, et il considérait l’agent comme bientôt mort. Il essaya de dissuader Black de tenter ce qu’il qualifiait comme une gaffe monumentale, mais Fang n’en faisait qu’à sa tête. Il désirait plus que tout la vengeance contre Éclair, l’humilier terriblement.

          Il se sentait prêt à braver les pires tourments qui soient, si cela lui apportait la satisfaction de remporter la victoire. L’agent se fichait des statistiques et des rapports qui considérèrent que sa tentative serait très vraisemblablement un échec monumental. Qu’il aurait presque certainement des mois de rééducation pour pouvoir simplement bouger un peu son corps. Black souhaitait vraiment ardemment triompher d’Éclair. Alors peu lui importait de ressentir en retour pendant des heures voire des jours une douleur apocalyptique.

          Mais pour l’instant Fang avait rendez-vous dans le bureau de Rattus. Il se souvenait que son ennemi avait une affection particulière pour son globe terrestre, un objet qui lui demanda des semaines de travail. Alors Black se demanda s’il ne devrait pas le casser pour se venger à l’égard des paroles blessantes prononcées contre son mentor. Puis il se ressaisit, même s’il aimait beaucoup son maître, il se dit que ce serait exagéré de s’adonner à la destruction pour quelques mots malheureux. Surtout que Rattus avait peut-être installé des dispositifs de surveillance dans son bureau.

Rattus (déçu) : Black Fang votre échec a été pardonné par monsieur Comlat, et j’ai une nouvelle mission à vous confier. Il s’agit d’enlever Psyker, un cadre important d’une multinationale rivale, la Conspiration Corp.

Black (joyeux) : Psyker j’ai le droit à un défilé de légendes en ce moment, monsieur Rattus.

Rattus : Il va de soi que si vous échouez et, que vous me servez comme excuse la soit disant capacité de Psyker à provoquer de la douleur par la pensée, je serais très sévère à votre égard.

Black : Psyker peut causer une souffrance terrible juste en le désirant, mais ne vous en faites pas. S’il n’aurait aucun mal à malmener quelqu’un comme vous, je serai beaucoup plus résistant.

Rattus (en colère) : Votre insolence vous perdra Black Fang, monsieur Comlat ne sera pas toujours là pour pardonner vos piques douteuses.

         Rattus le sous-directeur réfléchit sur un moyen de se venger de Black Fang l’agent. Il pourrait saboter son matériel pour qu’il échoue afin de le discréditer, mais cela ne le satisfaisait pas, et surtout c’était franchement dangereux. Black vérifiait soigneusement et plusieurs fois ses outils avant de partir accomplir ses objectifs. Il risquait de découvrir des dégradations sur ses armes et ses gadgets, s’il se comportait comme à son habitude. Prévenir l’ennemi constituait une option intéressante, mais également périlleuse. Même en prenant un maximum de précautions, il y avait la possibilité de remonter jusqu’à lui. Rattus craignait à juste titre la surveillance à son égard. Il découvrit chez lui plusieurs micros par pur accident. Puis il passa au peigne fin sa demeure, et il remarqua des dizaines d’objets servant à enregistrer des images ou des sons.

          La technologie employée indiquait que ceux surveillant Rattus appartenaient vraisemblablement à une multinationale, et non à la police, vu le degré de sophistication des appareils d’écoute. C’était à la fois une bonne et une mauvaise nouvelle, cela signifiait que le sous-directeur ne devrait pas avoir peur de la justice, mais de concurrents au sein de la Comlat Corp, ou d’une autre entreprise privée.

          Cependant tant que Rattus n’aurait pas découvert l’ampleur du dispositif de surveillance à son égard, il ferait mieux de ne pas faire de vagues, de chercher à limiter les excès ou les actions d’éclat. Il ne parlait pas de ce qu’il faisait au travail chez lui, mais cela ne voulait pas dire que dans son bureau, il était libre de commanditer des plans retors et vicieux contre Black. Alors il décida d’attendre quelques jours le temps d’avoir mis la main sur un détecteur de micros et de caméras dernière génération, et de peaufiner un code écrit et oral subtil, afin de pouvoir donner des ordres illégaux sans attirer l’attention.

         Alexandra Banks remit des objets à Fang dans la salle des outils de mort, un lieu de la Comlat Corp, dévolu au stockage des poisons, des armes à feu, et d’autres gadgets utiles pour les meurtres.

Alexandra : J’ai un outil pour toi Yuri, ce casque te protégera de la faculté de causer de la douleur de ta cible.

Black : Très bien, as-tu des informations à me donner sur le lieu où se trouve Psyker ?

Alexandra : Psyker a une totale confiance dans ses pouvoirs. Alors son domicile ne semble pas contenir de systèmes de sécurité, bien que Psyker soit un cadre important de la Conspiration Corp. Mais comme on n’est pas à l’abri d’une mauvaise surprise, je suis partante pour t’accompagner.

Black : Non merci je veux m’occuper de Psyker tout seul, je ne veux de l’aide de personne pour l’appréhender.

Alexandra : Monsieur Comlat a beau t’apprécier, si la mission échoue à cause de ton orgueil, tu seras sévèrement sanctionné.

Black : Je sais ce que je fais, Psyker est une cible que je peux arrêter tout seul.

Alexandra : A ta place je n’irais pas tout seul pour s’occuper de Psyker. De plus tu vexeras profondément Mike Anders, en refusant qu’il participe à la mission.

Black : Je me moque complètement des opinions d’Anders, c’est un agent efficace, mais je n’ai aucune affection pour lui.

Alexandra : Si tu continues à être froid et distant comme tu l’es Yuri, tu auras un jour des ennuis monstres.

Black : Ton opinion ne m’intéresse pas Banks.

          Black Fang l’agent eut la tentation de ne pas compter sur son casque, de laisser Psyker le télépathe avoir la possibilité d’assaillir son esprit afin de tester sa résistance psychique. Il voulait faire comme Éclair son grand rival qui passait pour insensible aux attaques mentales. Ensuite l’agent estimait qu’il devrait limiter son équipement au strict minimum, de ne se trimballer qu’avec un couteau sur lui pour tenter de capturer Psyker. Il agissait ainsi car il découvrit qu’Éclair parvint à faire prisonnier Psyker en ayant pour seule arme un petit poignard. Black imaginait la gloire qu’il récolterait s’il parvenait à neutraliser le télépathe dans un combat loyal, où chacun utilisait sans entraves ses principaux atouts. Fang estimait qu’il acquérait ainsi une véritable consécration, et surtout qu’il effacerait la honte de sa débâcle face à Éclair.

          Puis il réfléchit, il se rappela qu’il était un criminel professionnel. S’il se laissait aller à se montrer impulsif, et à chercher la difficulté pour des questions de panache et de style, il mécontenterait sérieusement sa hiérarchie. Les cadres supérieurs de la Comlat Corp n’empêchaient pas leurs subordonnés de chercher à accroître leur réputation, mais ils posaient des règles de conduite. Il fallait faire le maximum pour garantir le succès d’une mission. Les initiatives personnelles ne s’avéraient pas interdites, mais il fallait qu’elles visent à optimiser l’efficacité, et non à compliquer la situation.

          Autrement dit Fang subissait un véritable dilemme. Soit il la jouait personnel, et il tentait un coup d’éclat potentiellement très profiteur pour sa renommée, soit il obéissait aux ordres mais il diminuait l’écho de sa victoire.

          Pénétrer dans la villa de la cible fut assez facile, le lieu n’avait effectivement pas de moyens de protection moderne. Donc Black n’eut pas de difficultés à crocheter une porte fermée. Il s’engouffra alors le plus vite possible dans le salon de sa victime, qui l’attendait de pied ferme. Psyker ne craignait pas pour sa vie, juste pour son mobilier. Il ne voulait pas que des tirs endommagent ses jolis et anciens meubles en bois datant du dix-neuvième siècle. Il nettoyait avec amour ses possessions avec un chiffon à poussière en soie.

Psyker : Chanter en travaillant c’est un bon stimulant.

Black : Haut les mains Psyker, et pas de gestes brusques sinon je tire !

Psyker : Inutile de faire le malin Black Fang, tu crois que ton casque te protège de ma faculté de torture mentale, mais il n’en est rien.

Black : Argh, ce n’est pas possible, je dois résister. Black essaie de donner un coup de poing maladroit.

Psyker : Bravo tu résistes bien, avant que tu ne deviennes une triste épave, je vais t’informer. Ton casque est une protection obsolète, j’ai renforcé considérablement avec de l’entraînement mes facultés psychiques. Donc les casques en adamantium ne constituent plus depuis plusieurs mois un rempart efficace contre mes pouvoirs psychiques.

Black : Tu ne m’as pas encore vaincu Psyker.

Psyker : Non, mais d’ici quelques minutes ton esprit sera brisé à jamais.

Black (chante) : Une souris verte qui courait dans l’herbe, je l’attrape par la queue, et la montre à ses messieurs.

Psyker : Non pas la chanson de la souris verte.

Black (pense) : J’ai été sauvé par une comptine pour enfant, la vie est étrange.

           Psyker avait une terreur de la chanson de la souris verte. Il s’agissait d’une comptine que fredonnait souvent son père quand il pratiquait l’inceste sur lui. Résultat il perdait ses moyens quand il entendait les paroles de la chanson. Néanmoins il demeurait une personne redoutable même en étant diminué par une peur panique. Il n’avait franchement pas l’intention de perdre sa liberté. Ainsi il se ressaisit partiellement, et provoqua le déplacement par la pensée d’objets dans la pièce où il se trouvait, avec sa nouvelle faculté acquise récemment. Il faisait bouger par lévitation moins vite que d’habitude des briques et des pierres, mais il arrivait tout de même à les mouvoir rapidement, ses projectiles venaient vers Black Fang l’agent à plus de cent kilomètres heure.

            Il ne s’agissait pas d’un pouvoir psychique mais des effets d’un dispositif mécanique implanté dans le crâne de Pysker. Ce dernier s’arrangea pour qu’un aimant surpuissant relié à une machinerie complexe soit greffée dans sa tête. Ensuite il œuvra dans le but de bourrer de fer les objets et les murs de son habitation. Pour l’instant Psyker ne parvenait pas à toucher son ennemi qui esquivait très habilement, tout en chantant. Black ne se contentait pas d’éviter, il était aussi assez offensif, il tirait avec son pistolet dans les jambes de son adversaire. Problème si les facultés de Psyker étaient affaiblies, il disposait quand même d’une combinaison pare-balles très efficace qui le protégeait des blessures de petit calibre.

          Le temps que Fang sorte une arme à feu plus puissante, il encaissa un choc violent à la tête qui l’étourdit, un vase entra en contact avec ses tempes de manière fracassante. Le télépathe cria victoire, et se laissa aller quelques secondes à danser une gigue. Il commit une très grosse erreur, en effet Black en profita pour se relever avec agilité au moyen d’une pirouette, et attaquer brutalement. Il envoya un direct du gauche à  son ennemi. Il mit alors dans un état de fureur son opposant qui répliqua par une terrible attaque mentale. Fang se tordit de douleur, mais il résista en se concentrant sur sa hargne contre Éclair. L’endurance psychique de l’agent prit au dépourvu Psyker, qui ne réussit pas à éviter un terrible coup de poing l’assommant net.

            Après que la cible ait été extradée vers un immeuble de la Comlat Corp, le président s’entretint avec Black à l’intérieur de son bureau.

Comlat : Je vous félicite agent Black Fang, vous avez réussi là où une équipe de choc composée de dix hommes entraînés a échoué.

Black : Merci monsieur le président, mais je n’ai fait que mon travail.

Comlat : En récompense pour votre immense mérite, je vous propose le poste de sous-directeur de Rattus.

Rattus (désemparé) : Mais que vais-je devenir si je perds mon travail ?

Comlat : Ne vous en faites, je suis sûr que vous serez très précieux en tant qu’homme de ménage.

Rattus (très fier): Je suis très compétent, et capable de vous surprendre agréablement. Par exemple aujourd’hui j’ai mis des chaussettes bleues à la place de chaussettes blanches.

Comlat : Vos fantaisies vestimentaires sont comiques, mais votre argument de défense est nul.

Black : S’il vous plaît monsieur Comlat laissez monsieur Rattus conserver son poste, je ne tiens pas à prendre sa place. Une simple augmentation de salaire de 10% me comblera.

Comlat : Très bien vous avez décidément beaucoup de chance Rattus, mais vous avez intérêt à être très productif si vous voulez conserver votre poste. Cependant je pose une condition pour que vous continuez à exercer en tant que sous-directeur, il faut dire merci à Black et vous incliner.

Rattus (réticent) : C’est vraiment nécessaire ? Vous me demandez une chose très désagréable, monsieur Comlat.

Comlat (en colère) : Ou bien vous vous inclinez, et remerciez Black, ou alors vous devrez apprendre dès demain le maniement de la serpillère.

Rattus (vexé) : Merci Black pour votre générosité.

          Alexandra Banks ressentit un délicieux frisson d’excitation en piratant les archives informatiques secrètes de la multinationale Comlat Corp. Alors elle récidiva sans éprouver la moindre honte. Elle savait que les protocoles de sécurité numériques s’avéraient beaucoup renforcés depuis sa dernière visite, mais Alexandra tenait plus que jamais à les braver. Elle prouverait une nouvelle fois sa valeur, et elle construirait un nouveau pan de sa légende. Elle désirait devenir le hacker le plus réputé du siècle. Elle voulait que les gens se souviennent d’elle comme la référence absolue en matière de piratage informatique.

          Elle convoitait un titre franchement ambitieux, mais elle souhaitait fermement concrétiser son désir de marquer les esprits pendant des années, grâce à des exploits retentissants. Elle essaya dans un premier temps d’égaler Black Fang, mais elle dut vite se rendre à l’évidence, un immense fossé les séparait. Elle ne pourrait probablement jamais égaler le talent pour l’assassinat et l’enlèvement de son rival, même en travaillant d’arrache-pied.

          Alors elle chercha un autre moyen de s’illustrer, et elle découvrit qu’elle possédait un talent flagrant pour l’informatique. Ainsi elle se jura de parvenir à devenir la première hacker du monde en terme de renommée. Elle savait qu’elle s’attaquait à un chemin particulièrement difficile. La concurrence ne manquait pas, mais elle estimait que cette fois elle pourrait réaliser son objectif. Même si elle devrait attendre encore un certain temps, peut-être des années avant de décrocher la place de numéro un en matière de célébrité. En fouillant des fichiers informatiques Banks réalisa que Black ne fut pas seulement victime d’expériences de laboratoire non consenties, il subit un autre type de désagrément. Il fut une nouvelle fois invité dans le bureau d’Alexandra.

Alexandra : Yuri j’ai appris que tu avais refusé une promotion importante, qu’est-ce qui motive cette décision étrange ?

Black : Je veux continuer à être un agent de terrain. Je déteste l’idée de devoir passer mes journées assis sur une chaise, à examiner des dossiers.

Alexandra : Tu renonces à de gros avantages quand même. Si tu avais accepté d’être sous-directeur, ton salaire aurait été doublé, et tu aurais eu droit à des privilèges élevés, comme par exemple une voiture de fonction avec un chauffeur.

Black : Entre avoir une fonction prestigieuse mais ennuyeuse, et un travail exaltant, je choisis le métier passionnant.

Alexandra (angoissée) : J’ai entendu dire que tu avais laissé Rattus s’incliner devant toi, le sous-directeur ne te pardonnera jamais cette offense. Il va faire le maximum pour te pourrir la vie.

Black : Qu’il essaie, le président Comlat me protège, je n’ai qu’à glisser un mot au président, et Rattus se retrouve agent d’entretien.

Alexandra : Rattus est incompétent, aigri et souvent impoli, mais il est aussi vicieux. Il peut mettre au point des plans très élaborés quand il s’agit de nuire.

Black (enthousiaste) : Peut-être mais je ne regrette rien, j’ai particulièrement adoré le moment où Rattus me faisait une courbette. Et puis je gagne déjà confortablement ma vie, mon salaire est supérieur à cinq mille euros par mois.

Alexandra : Justement tu as été plusieurs fois floué, certaines de tes primes ont été volontairement diminuées. Quelqu’un de la Comlat Corp s’arrange pour détourner une grosse partie des fonds alloués aux agents de terrain comme toi.

Black : Tu as une idée de l’identité du voleur d’argent ?

Alexandra : Je soupçonne Rattus d’être l’auteur des fraudes, mais je n’ai pas de preuve suffisante pour l’inquiéter. C’est dommage si tu avais été nommé sous-directeur à sa place, mon enquête aurait pu progresser.

Black : D’après toi combien d’argent je n’ai pas reçu ?

Alexandra : Au moins un million d’euros.

Black : Ce n’est pas grave, je toucherai deux mots à monsieur Comlat. Il devrait charger quelqu’un d’enquêter sur les graves manquements de Rattus.

         Black Fang l’agent éprouva un doute suite aux paroles d’Alexandra Banks. Il se demanda s’il n’aurait pas dû effectivement prendre la place de sous-directeur de Rattus. Cela l’aurait aidé à gagner beaucoup d’argent, et puis il aurait été compliqué, mais pas impossible de toujours aller souvent sur le terrain. En outre Black devait admettre qu’il était vrai que Rattus de par son tempérament rancunier risquait de ne pas pardonner son humiliation, de chercher de manière désespérée un moyen de se venger. Fang ne craignait pas outre mesure le sous-directeur, mais il savait qu’un imbécile avec de la chance arrivait parfois à causer de gros dégâts.

          L’agent n’avait pas peur pour sa vie, il s’estimait trop bon combattant pour subir un meurtre de la part de sbires de Rattus. Même s’il affrontait des assassins cela n’aboutirait vraisemblablement qu’à l’échauffer, à lui faire un peu d’exercice. Toutefois Black angoissait à l’idée des cafouillages du sous-directeur, qui lorsqu’il se laissait aller à la haine enchaînait généralement les gaffes de manière impressionnante. Fang estimait après réflexions avoir commis une erreur. Il se dit qu’il aurait été plus sage de suivre son envie première de participer à la rétrogradation du sous-directeur en tant qu’homme de ménage. Puis il se fustigea pour ses regrets, si les choses commençaient à vraiment déraper, il aurait toujours la possibilité de tuer Rattus. Il reconnaissait que le sous-directeur s’entourait souvent de gardes-du-corps chevronnés pour assurer sa protection, qu’il recourait à de nombreuses précautions pour préserver sa vie. Mais l’agent considérait que face à quelqu’un de sa trempe, un nullard comme Rattus était une cible facile.

          Pendant ce temps Éclair Zeus rendait des comptes à des gens non présents physiquement. Il parlait à des hologrammes de communication, via une machine complexe, qui permettait de projeter une image de soi à des milliers de kilomètres de distance. Éclair discutait avec trois personnes dont les traits du visage étaient impossibles à discerner, et les voix véritables sans doute camouflées au moyen d’une technologie. Zeus était présent dans une petite pièce à l’aspect dépouillé, sans meuble ou décoration apparente, et avec une tapisserie noire, ainsi qu’un plafond et un sol de la même couleur.

Éclair : Le projet marionnettes est bien avancé, si personne n’arrête Comlat, il pourrait avoir le monde à ses pieds.

???1 : Nous avons conclu une trêve avec Comlat, tant qu’il respecte scrupuleusement les termes de notre accord, il nous est impossible d’agir contre lui directement.

???2 : Il n’empêche le projet marionnettes met en danger l’ensemble des démocraties. Nous avons beau avoir pour principe d’éviter l’attaque frontale, parfois il est bon d’agir directement.

???3 : Je suis d’avis de laisser Comlat continuer encore quelques temps ses expériences, son projet pourrait servir à contrôler de dangereux déviants.

???2 : Ce n’est pas à nous de décider qui est normal et anormal. De plus si nous agissons trop tard, les sacrifices et les efforts de nos prédécesseurs seront réduits à néant.

???1 : Je crois qu’il faut encore attendre, récoltons d’abord le maximum d’informations sur les faiblesses et les points forts de l’entreprise Comlat Corp.

???2 : Très bien, mais il faudra tôt ou tard que nous planifions d’attaquer la Comlat Corp, et je plaide pour agir tôt.

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