Projet marionnettes chapitre 3
Chapitre 3 :
La nouvelle mission de Black Fang consistait à mettre la main sur le docteur Faust, une personne qui vendit des secrets importants de la multinationale Comlat Corp, notamment la formule de l’anti-morphée, un liquide qui protégeait de la plupart des substances soporifiques. Faust arriva pendant quelques temps à faire croire à sa mort, mais il se retrouva tracé à cause de ses goûts alimentaires. Il adorait les pizzas au caviar, et il se fournissait souvent auprès du même magasin. Problème la multinationale disposait depuis peu d’un ordinateur super performant pour détecter les gens. Il arrivait à tenir compte de milliers de paramètres pour déceler la position de quelqu’un. Il parvenait à organiser la surveillance de centaines de milliers de lieux, sur tous les continents du monde, y compris l’Antarctique. La machine informatique pistait avec des dizaines de moyens différents, le contenu des vidéos de caméras de surveillance, des satellites d’observation, des micros. Elle pouvait pirater des systèmes sans lien avec la Comlat Corp pour obtenir des informations, d’ailleurs peu de secrets d’état pouvaient lui échapper. En effet l’ordinateur représentait un véritable cauchemar pour les fugitifs. Il fut le fruit de dizaines d’années de recherche, il symbolisait la quintessence de la traque. La machine informatique garantissait presque à coup sûr une chasse réussie contre les ennemis de la multinationale.
D’après son concepteur, seul un miracle ou une trahison interne permettrait à un adversaire de la Comlat Corp d’échapper sur le long terme à la vigilance de l’ordinateur. Bien sûr la machine n’était pas parfaite, mais elle se caractérisait quand même par des facultés fantastiques de traqueur. Elle garantissait des nuits difficiles pour les poursuivis qui connaissaient son existence.
Mike Anders voulait participer à la même tâche que Black. Aussi il sollicita Fang, alors que tous deux se livraient à des exercices dans une zone de tir à la cible. Ils employaient des armes avec silencieux, donc ils n’avaient pas besoin de casque anti-bruit pour protéger leurs oreilles, malgré l’acoustique de la salle, qui amplifiait bien les sons bruyants des tirs de pistolet. Les murs, le sol et le plafond étaient faits dans un alliage gris et blindé capable de résister à l’explosion d’un missile. Aussi Mike ne se gênait pas pour tester des armes dévastatrices qui explosaient le crâne, et réduisaient en charpie un bras avec une seule balle. Ses tirs étaient moins précis que ceux de Fang, par contre ils produisaient des trous très gros sur les cibles d’entraînement en carton solide. Le plus petit des trous faisait plus de trois centimètres.
Mike : Yuri j’aimerais que tu me permettes de participer à ta mission.
Black : D’abord réponds à une question. Est-ce qu’il t’arrive de consulter les fichiers personnels d’autres membres de la Comlat Corp ?
Mike : Jamais, je respecte la vie privée de mes confrères, c’est un principe sacré chez moi.
Black : Dans ce cas-là je veux bien que tu viennes avec moi Anders.
Mike : Et que penses-tu de ma dernière acquisition ? Il s’agit de balles super incendiaires, une seule de ces petites merveilles te réduise en cendres un corps humain en moins de trente secondes.
Black : Cela peut être pratique pour se débarrasser d’un corps, si l’on tue une personne sans rapport avec une mission. Pour une fois tu as investi dans quelque chose d’utile.
Mike (vexé) : A t’entendre Yuri, on dirait que le choix de mon équipement est souvent inadapté.
Black (très calme) : C’est le cas Anders, tes aptitudes en tant qu’agent de terrain sont bonnes, mais ton goût pour les armes spectaculaires est souvent préjudiciable.
Mike : Je n’ai échoué qu’à deux missions au cours de ma carrière, j’ai un très bon niveau de réussite.
Black : Sans ton attirance pour les armes voyantes tu aurais pu avoir un tableau de chasse parfait, n’avoir à assumer aucun échec.
Mike : J’aime les gros calibres, mais ce n’est pas une tare.
Black : Personnellement je pense que ton refus de te passer de gros calibres quand la discrétion est de rigueur, constitue une faiblesse.
Mike : Tu as ton opinion et j’ai la mienne. Ah oui, le professeur Franken a appelé, il désire que tu essayes une nouvelle mise à jour.
Mike Anders méritait sans ambages, le nom d’amoureux des gros calibres. Il employait des outils de mort plutôt encombrants et pas très faciles à dissimuler. Son arme de prédilection était le magnum Guillotine, un révolver capable de décapiter cinq personnes se suivant en un seul tir. Anders avait aussi un faible pour le fusil lourd anti-char Exploit, un matériel de guerre très puissant disposant de la faculté de tirer des balles anti-blindage, mais aussi de petites roquettes. Exploit pesait plus de dix kilos, mais Mike pouvait le manier pendant des heures en le tenant d’une seule main. Il ne possédait pas la même force physique que Black Fang, toutefois il était capable d’effectuer des performances impressionnantes. Son record en lever d’haltère se chiffrait à six cents kilos. Anders s’assagit avec le temps, contrairement au début de sa carrière où il brandissait sans complexe des armes très voyantes. Il apprit à maîtriser partiellement ses pulsions, mais il devait continuer à faire des efforts pour contenir son envie de foncer dans le tas en braillant, et en n’économisant pas ses munitions.
Heureusement que le coût de fabrication des balles des armes à feu se réduisit fortement. Sinon Mike aurait un salaire qui serait misérable, qu’il aurait la contrainte de dépenser la plupart de ses revenus dans des notes de frais considérables. En effet Anders tira plus de cent mille balles, deux mille cartouches, et cent roquettes depuis ses débuts en tant qu’agent de répression. Il faisait le bonheur de certains armuriers de la Comlat Corp, il leur fournissait beaucoup de travail. Il y avait des explications pour justifier en partie ses nombreux tirs comme par exemple son entraînement assidu sur des cibles, mais aussi et surtout sa manie d’y aller franchement en matière d’arrosage des objectifs à éliminer.
Franken retrouva Black dans son laboratoire. Il était occupé à triturer le cerveau d’un ennemi de la multinationale, pour tester un nouveau dispositif mécanique. La vue du sang ne gênait pas spécialement Fang.
Franken : Black Fang j’ai quelque chose qui devrait vous intéresser beaucoup, la mise à jour équilibriste. Elle consiste à vous injecter dans le cerveau des namomachines qui vont augmenter considérablement votre sens de l’équilibre. Au bout de dix injections et avec un peu d’entraînement, vous serez capable de marcher sur une corde d’une largeur d’un centimètre.
Black : Combien de temps sera nécessaire d’après vous pour être aussi doué qu’un funambule de cirque ?
Franken : Cela dépendra surtout de votre tolérance aux injections de nanomachines. Certains peuvent supporter une injection tous les trois jours, tandis que d’autres doivent attendre trente jours entre chaque injection, pour ne pas mettre leur santé en danger. Si vous êtes très tolérant, vous n’aurez besoin que d’un mois pour acquérir un niveau égal à un équilibriste de cirque.
Black : La mise à jour est organique ou mécanique ?
Franken : Organique, les nanomachines ne vont pas construire de machines dans votre cerveau, elles vont modifier vos neurones.
Black (joyeux) : N’hésitez pas à commencer des injections sur moi dès que c’est possible.
Franken : J’ai l’impression que la modification équilibriste vous tient beaucoup à cœur, y a-t-il une raison particulière qui vous motive ?
Black (froid) : Cela ne vous regarde pas, contentez-vous de m’injecter les nanomachines.
Franken avait le nez creux, il devina juste, en effet Black Fang désirait ardemment profiter de l’amélioration équilibriste, parce qu’il souffrait du vertige. Il avait peur de tomber dans le vide quand il se trouvait en hauteur. Il espérait en accroissant son sens de l’équilibre surmonter son angoisse. Il ne subissait pas une phobie, mais il souffrait quand même d’un point faible préjudiciable. Dans le passé une cible faillit lui échapper en exploitant un parcours périlleux fait de cordes et de sauts dans les airs. Heureusement pour Black qui se faisait largement distancer, sa proie se réceptionna mal, et tomba d’une hauteur qui causa sa mort.
L’origine de l’angoisse de Fang remontait à son enfance. Il participa à une course de vitesse dans un chemin de cordes reliés à des arbres, il menait bien, il était premier. Cependant il subit une grosse déconvenue, une corde se détacha, et il faillit tomber sur le sol, faire une chute de plus de dix mètres de hauteur. Il parvint à terminer la course en conservant la meilleure position dans le classement. Toutefois il fut marqué de manière négative par les événements. Chaque fois qu’il contemplait le sol depuis une hauteur supérieure à cinq mètres, il souffrait d’appréhension. La peur venait ralentir ses réactions, diminuait ses performances physiques.
Il pourrait se débarrasser de son angoisse en suivant une thérapie psychologique, néanmoins Black n’aimait pas se confier. La seule personne à qui il racontait parfois ses doutes, était son mentor Croc noir. En dehors de lui, il ne montrait ses faiblesses à pratiquement personne. Fang n’aimait pas ouvrir son cœur, il considérait comme une atteinte à sa gloire de parler de ses embarras à du personnel de santé.
Black s’équipa, puis il passa revoir Mike dans la salle de tir, pour une ultime discussion avant de partir dans un voyage destiné à les amener tous deux vers leur cible.
Mike : Yuri avant de partir pour le domicile du docteur Faust, j’aurais quelques questions à te poser. Alexandra t’a fait quelque chose ou quoi ?
Black : Précise ta question, je connais plusieurs Alexandra au sein de la Comlat Corp.
Mike : Je parle d’Alexandra Banks, celle qui te sert de soutien logistique et informatique. Tu es souvent froid et distant, mais il y a une hostilité manifeste de ta part avec elle depuis peu.
Black : Tu as raison, Banks m’a fait une belle crasse, mais je ne peux pas te dire de quoi il s’agit. Si tu veux éviter de me mettre en colère, je te conseille de ne pas enquêter sur le conflit entre moi et Banks.
Mike : Est-il vrai que tu connais depuis longtemps le docteur Faust ?
Black : En effet, je suis entré en contact avec lui il y a une bonne dizaine d’années.
Mike : Ressens-tu quelque chose de particulier à être complice de sa mort ?
Black : Cela n’est pas sûr que Faust meure.
Mike : Il y a quand même de fortes chances qu’il trépasse. Les cadres de la Comlat Corp supportent vraiment mal la trahison, même quand elle est motivée par de puissantes raisons.
Black : Que veux-tu dire Anders ?
Mike : Faust n’a pas agi de son plein gré, il a trahi la Comlat Corp car son fils avait été enlevé.
Black : Je ne savais pas, mais cela ne change pas la nature de notre mission. Si nous ne ramenons pas Faust, d’autres s’en chargeront, et il est fort probable qu’ils soient moins compréhensifs que toi.
Mike : Cela ne te gêne pas de t’en prendre à quelqu’un que tu connais bien ?
Black : Faust est une vieille connaissance, mais ce n’est pas un ami. Je n’éprouve donc pas de réticences à m’occuper de lui.
La maison du docteur Faust était isolée, mais ses systèmes de sécurité s’avéraient de premier ordre. Black Fang se fit repérer tout de suite dès qu’il posa un pied dans le jardin, malgré l’appui de sa récente combinaison de camouflage. Il s’agissait pourtant d’une merveille de technologie qui non seulement imitait les couleurs de l’environnement proche, mais en plus elle rendait invisible à l’œil nu, elle étouffait les bruits du corps, et elle déjouait les capacités de détection de nombreux systèmes de surveillance comme les caméras à vision thermique, des appareils qui décelaient la chaleur des corps.
Cependant la demeure de Faust possédait des dispositifs de sécurité ultra perfectionnés. Par exemple cette maison bénéficiait de l’appui de micro caméras d’une taille de quelques millimètres, avec une résolution vidéo démentielle qui captaient des images nettes, même en cas de tempête de sable ou de brouillard épais. Ces appareils très discrets se caractérisaient aussi par une solidité impressionnante, ils pouvaient être détruits mais il fallait y aller franchement. Un forcené essaya de briser une des micro caméras avec un marteau lourd de vingt kilos, il provoqua l’apparition d’une petite fissure microscopique au bout de la centième frappe. Le fin du fin en matière d’outil de détection chez Faust était le nez artificiel, une machine analysant les odeurs, et sentant les parfums et la transpiration sur des kilomètres de distance. Il ne s’agissait pas d’un organe mécanique greffé sur le docteur, mais d’une machine non reliée à son corps. Il localisa en moins de deux secondes la sueur de Black et déclencha une des alarmes silencieuses. Résultat Faust vit un voyant lumineux l’informant de la présence d’intrus. Il hésitait entre s’enfuir ou affronter courageusement le danger.
Black : Anders c’est bon, le gaz Bès a été diffusé dans le domicile de Faust ?
Mike : C’est fait mais est-ce vraiment utile ? Le docteur doit être protégé grâce à l’anti-morphée.
Black : Justement non, le département recherche de la Comlat Corp a trouvé une parade à l’anti-morphée, il s’agit du gaz bès.
Mike : Au fait c’est quoi déjà l’anti-morphée ?
Black : Je ne sais pas grand-chose de ce liquide, à part qu’il est souverain contre la majorité des substances soporifiques. Bon assez discuté, le docteur doit dormir à poings fermés, passons à l’action.
Une mauvaise surprise attendait Black Fang.
Black : Zut Faust n’est pas endormi.
Faust : Le célèbre Black Fang en personne, j’apprécie que l’on me témoigne de grands égards. A votre place je m’en irais d’ici tant qu’il est temps. Je n’ai pas envie d’avoir votre mort sur ma conscience.
Black : Vous n’êtes pas armé docteur Faust, et nous vous tenons tous les deux en joue, votre bluff ne marche pas.
Faust : C’est vrai mais j’ai de puissants amis. Rex à l’attaque.
Rex n’était pas un chien mais un robot de combat qui rendit inconscient en quelques secondes Mike, avec un violent coup de poing au menton. Il mesurait deux mètres de haut, et adoptait une forme humanoïde de type masculin, son revêtement métallique rappelait la pierre à première vue, il fallait le toucher pour constater qu’il ne s’agissait pas d’une sculpture minérale. Cette apparence aidait la machine à tromper les voleurs ou les assaillants, à le faire passer pour un objet inoffensif.
Black Fang arrivait à esquiver et parer les coups du robot, mais il ne parvenait pas à inquiéter Rex dans le sens que son blindage résistait très bien aux balles de pistolet ordinaire ou à la lame d’un poignard. Black commençait d’ailleurs à fatiguer, même si son ennemi ne disposait pas d’une haute science du combat. Ses attaques ne s’avéraient pas très variées, et il bougeait d’une manière assez prévisible, néanmoins le robot était un adversaire presque infatigable. Il pouvait tenter de blesser un adversaire pendant des jours quand sa batterie était remplie. Or c’était justement le cas, Rex se révélait presque complètement chargé. Il ne possédait pas une intelligence particulièrement développée, ses coups se limitaient à des claques assommantes et à des directs. Mais il compensait ce handicap grâce à son endurance prodigieuse, et surtout sa force très supérieure à celle des humains. Black para une des claques avec un de ses bras artificiels, alors son membre se retrouva très engourdi. Fang malgré le haut degré de mécanisation de son corps sentait la douleur, et d’autres sensations peu importe l’endroit sur lui où il se retrouvait frappé. Son essoufflement commençait à devenir problématique, encore quelques minutes de combat, et ses réflexes diminueraient dangereusement. Puis Black eut une idée, il lança une grenade à impulsion magnétique, une arme émettant des ondes très néfastes pour les machines.
Faust (impressionné) : Bravo vous avez visé avec soin. Si vous n’aviez pas fait très attention, votre grenade à impulsion magnétique n’aurait pas seulement mis hors service Rex mon robot, elle vous aurait aussi affecté.
Black (énervé) : Trêves de bavardages, allongez-vous par terre, et pas de coup fourré ou je vous tue.
Faust : Vos menaces ne m’impressionnent pas, je suis sûr que vous avez reçu l’ordre de me ramener vivant. Cette sale vermine de Rattus aime trop jouer les bourreaux, pour qu’il ait donné l’instruction de m’assassiner.
Black : Si vous vous rendez gentiment, je promets de faire des démarches afin que la Comlat Corp se charge de retrouver votre fils.
Faust : Noble intention, mais je ne crois pas que vous arriviez à grand-chose.
Black : Je suis la seule option qui vous laisse une chance pour que votre fils s’en tire en un seul morceau.
Faust : Il faudrait que vous ayez l’assentiment du président Comlat pour que ma progéniture soit sauvée.
Black : Je peux obtenir le soutien de Comlat, il m’aime bien.
Faust : Même si vous avez raison, je n’ai pas envie d’énerver les ravisseurs de mon fils, Chipie assomme.
Black Fang devait encore gérer un robot de combat. Cette fois il s’agissait d’un modèle représentant une femme, qui n’était pas complètement finie au niveau de la peinture, le bas avait l’aspect de la pierre, mais le haut indiquait de manière évidente le métal. Néanmoins ce travail inachevé n’enlevait pas la valeur guerrière de la machine, elle se débrouillait nettement mieux que son prédécesseur. Elle ne se contentait pas de claques et d’attaques brutales, elle enchaînait de manière rapide et ordonnée les coups de poing, de pied, les feintes et les contres. Néanmoins elle ne partageait pas la solidité et la force de son homologue désactivé. En effet Black parvint à provoquer des fissures en frappant une seule fois le torse du robot, et il encaissa sans recevoir de dégâts un direct au visage. La machine disposait d’une excellente maîtrise des arts martiaux, et d’une rapidité indéniable par contre elle souffrait quand même de points faibles.
Fang prit à deux mains un bras du robot et l’arracha sans trop d’efforts, puis il le lança de toutes ses forces, et il mit dans un triste état la tête de Chipie. Il attendit quelques secondes avant d’achever la destruction de la machine, car il avait besoin de reprendre son souffle. Il commençait à ressentir une fatigue intense, ses bras lui faisaient mal. Il observa d’ailleurs de légers signes de défaillance sur ses membres supérieurs. Il frappa un robot non blindé, mais quand même assez résistant, alors il sollicita au-delà du raisonnable ses bras mécaniques. Fang décela un sourire narquois chez Faust. Cela sous-entendait que le docteur ne joua pas tous ses atouts, qu’il lui restait encore du répondant face à des agresseurs. Black espérait que son ennemi bluffait, mais il ne faisait pas trop d’illusions.
Faust (serein) : Impressionnant vous avez vaincu Chipie, mais il me reste encore un autre robot de combat, et celui-ci est beaucoup plus fort. De plus vous êtes très fatigué. Mais comme vous avez fait preuve de gentillesse à mon égard, je vais être magnanime avec vous. Black Fang prenez votre compagnon, et disparaissez à jamais de ma vue.
Black : J’ai une réputation à tenir, je n’ai jamais échoué durant une mission. J’ai l’intention d’avoir un palmarès parfait jusqu’au moment de ma retraite.
Faust : La vie est précieuse, mettre son intégrité physique en danger pour une question d’orgueil est une stupidité terrible.
Black : Peut-être, mais ma renommée est ce que j’ai de plus précieux. Alors je préfère mourir en tentant de la préserver.
Faust (triste) : Vous êtes navrant, Fifi attaque.
À peine Faust finit de parler qu’un homme inconnu surgit dans la maison. Il fracassa une fenêtre, mais aucun bris de verre ne s’enfonça dans sa combinaison moulante noire ou sa peau. Il était préservé des dommages par ce qui paraissait un champ de protection invisible. Fait étonnant aucune alarme ne se déclencha suite à l’entrée en scène du nouveau protagoniste. Il devait s’appuyer sur des brouilleurs élaborés de systèmes de sécurité. Il mesurait un mètre quatre-vingt, cachait son visage derrière un masque noir peu élaboré, comportant un sourire. Il maniait une grande hache de plus de deux mètres de long, et pesant un poids supérieur à cinquante kilos sans sembler préoccupé par son arme, comme s’il utilisait un jouet léger. Il découpa avec sa hache le robot Fifi, comme si de rien n’était.
L’arme sectionna la machine adverse à forme humaine au bas-ventre en un seul coup. Elle ne rencontra aucune résistance particulière, son tranchant ne fut pas ébréché. Elle détruisit en une seule frappe une machine blindée, faite avec un matériau plus résistant que la plupart des tanks modernes. Faust identifia son interlocuteur violent, mais il resta quand même incrédule. Il ne comprenait pas pourquoi le fameux Éclair avait pour mission de s’intéresser à lui. Le docteur opéra des détournements de fonds financiers pour maintenir son fils en vie, mais ses actions n’avaient pas encore un impact retentissant du point de vue économique. Certes il trahit la Comlat Corp, cependant des pertes de quelques millions d’euros en terme de chiffres d’affaire, c’était une goutte d’eau dans les actifs financiers de la multinationale.
Et Éclair avait la réputation de se montrer actif que contre les grandes menaces pour l’ordre et la stabilité. Au cours de sa carrière il recourut à des mesures spectaculaires, du genre assassiner un président des États-Unis capable de déclencher une nouvelle guerre mondiale, à cause de ses discours racistes et très haineux. Donc le voir débarquer actuellement c’était très perturbant pour Faust. Puis un espoir jaillit dans l’esprit du docteur. Certes ce serait très gonflé de chercher à s’adjoindre les services d’Éclair, mais qui sait ? Il représentait peut-être une opportunité formidable de libérer un fils. Alors Faust décida de tenter sa chance, mais avant qu’il ne puisse ouvrir la bouche, il entendit des paroles étonnantes.
Éclair : Monsieur Faust, votre fils est entre les mains de mes employeurs, il a été délivré des griffes de la Conspiration Corp.
Faust (fébrile) : Vous ne me jouez pas un tour ? Pouvez-vous jurer sur ce que vous avez de plus cher que vous me dites la vérité ?
Éclair : Je promets sur la tête de ma femme, que ce que j’affirme est la pure vérité.
Black (excité) : C’est un honneur de vous rencontrer Zeus Éclair, j’ai rêvé plusieurs fois de me mesurer à vous. Maintenant éloignez-vous du docteur Faust, ou il vous en cuira.
Éclair : Je ne peux pas, mes employeurs veulent que je leur ramène Faust.
Black : Dans ce cas, vous allez mourir Éclair.
Black Fang s’attendait à un combat difficile, voire à se faire surclasser. Mais il ne prévit pas la différence importante de capacités martiales entre lui et son opposant. Il se battait à fond, utilisait des armes comme un pistolet et un couteau. Pourtant il n’arrivait pas à pousser son adversaire à y aller sérieusement. De son côté Éclair la légende jouait la carte de l’esquive, mais de manière apparemment négligente. Il croisait les bras sur le torse, et ne cherchait aucunement à répliquer. Black ressentit de la colère, il avait l’impression de se faire snober, de susciter du mépris chez son antagoniste. Il se promit de causer une vive souffrance à celui qui s’amusait à le tourner en bourrique.
Fang supportait difficilement qu’un combattant l’insulte. Mais surtout il n’appréciait pas la tournure des événements. Il s’entraînait sans relâche depuis dix ans au maniement du pistolet, du couteau et dans plusieurs arts martiaux, cependant il ne parvenait pas à générer l’envie de se battre chez une de ses idoles. Il considérait cette perspective comme absolument révoltante, totalement écœurante. Il avait envie de hurler de rage, tellement il éprouvait de la frustration.
Éclair se révélait pourtant agréablement surpris, il avait cinq fois plus d’améliorations mécaniques et organiques que Black, mais son ennemi démontrait un niveau de vitesse, de force, et de réflexes plutôt surprenant. Éclair lui reconnaissait un bon niveau de talent. Cependant il estimait qu’une défaite pouvait se révéler très salvatrice pour la mentalité de Fang. Il détecta chez son adversaire une fierté qu’il considérait comme déplacée. En outre d’après ses connaissances sur le dossier de Black, il apprit qu’il ne connut pas d’échec depuis qu’il fut diplômé comme assassin. Or la légende pensait que montrer à son antagoniste qu’il existe toujours plus fort que soi de manière évidente, participerait à faire évoluer Fang, et offrirait un combat exaltant entre eux deux d’ici quelques années. Après vingt secondes d’esquive, Éclair assomma avec un seul coup de poing son ennemi. Heureusement Mike fut là pour veiller sur Black, et l’aider à reprendre conscience en aspergeant son visage d’eau.
Mike (angoissé) : Il faut s’en aller rapidement, la police peut arriver d’ici peu de temps.
Black (encore un peu sonné) : Où sont Éclair et le docteur Faust ?
Mike : Ils sont partis, nous n’avons plus rien à faire ici.
Black : J’ai déposé un émetteur miniature sur Faust, je devrais connaître sa position, zut je ne capte rien.
Mike (pressé) : On découvrira peut-être où se terre Faust, une fois dans la base. Allez, il est plus que temps de partir.
Le sous-directeur Rattus s’avérait très content, malgré l’échec de la capture de Faust. Il disposait d’un prétexte officiel pour sanctionner Black Fang l’agent, il allait pouvoir se venger d’années d’humiliation. Bien qu’il ait officiellement un grade supérieur, Black refusait de se montrer poli et courtois à son égard. Il le regardait comme un minable, il témoignait un respect supérieur à la boue se trouvant parfois sur ses chaussures. Rattus estimait que Fang se trouvait au centre d’une machination pour le perdre. Qu’il passait beaucoup de temps à élaborer des plans pour le déshonorer. Qu’il investissait une énergie considérable dans des entreprises de calomnie. Qu’il était le principal responsable de ses déboires au sein de la Comlat Corp.
Il était vrai que Black ne se montrait pas très aimable avec le sous-directeur, et qu’il adoptait souvent un ton froid vis-à-vis de lui. En outre il faisait par moment des commentaires franchement négatifs sur lui. Néanmoins il ne travaillait pas spécialement à la perte de Rattus, en tout cas nettement moins que beaucoup d’autres personnes. Le sous-directeur se trompait de cible en qualifiant Black de principal conspirateur hostile contre lui, il avait des ennemis beaucoup plus acharnés que Fang. Mais il se complaisait dans son délire violent, il imaginait que l’agent s’amusait à poser des micros pour l’écouter. Qu’il embauchait des dizaines de personnes pour surprendre ses faiblesses. Cependant Rattus ne comptait pas abandonner la partie. Il triompherait au final, car il croyait posséder une intelligence incroyablement développée, et des capacités de déduction extraordinaires. Il démontrerait bientôt de manière irréfutable la duperie, et les manigances honteuses de Black. Il l’invita dans son bureau pour mieux le narguer.
Rattus : Je ne suis pas content de vous Black Fang, vous avez lamentablement échoué.
Black : Deux personnes contre trois robots de combat dernière génération, et le légendaire Éclair, cela fait beaucoup.
Rattus : Éclair est censé avoir pris sa retraite, j’ai du mal à vous croire quand vous dites qu’il est intervenu pour escorter Faust.
Black : C’est pourtant la vérité monsieur Rattus, et je ne pense pas avoir eu affaire à un sosie. Le style de combat d’Éclair est très facile à reconnaître pour un œil exercé.
Rattus : Vous le reconnaissez à la première confrontation, c’est un peu fort.
Black : Mon maître Croc noir m’a bien décrit les caractéristiques d’Éclair.
Rattus : D’après mes souvenirs Croc noir est un alcoolique, il me paraît étonnant que vous fassiez confiance à une épave.
Black (haineux) : Croc noir avait un fort penchant pour la bouteille, mais il s’est soigné. En plus il m’a raconté l’anecdote sur Éclair avant de devenir alcoolique. Enfin je vous conseille de mesurer vos paroles à propos de mon maître, sinon je vous mets mon poing dans la figure.
Rattus : Vous êtes bien insolent, disparaissez pendant que je réfléchis à une sanction à votre égard.
Alexandra Banks désirait connaître certains secrets bien cachés de la multinationale Comlat Corp, et elle souffrait d’un besoin presque compulsif de révéler des défis. Alors elle tenta de pirater les fichiers informatiques des archives secrètes. Elle s’aventurait sur un terrain franchement miné. Elle affrontait des protocoles de sécurité très bien huilés, et surtout conçus pour résister à des hackers expérimentés. Néanmoins elle croyait dans ses chances de réussite. Alors elle tenta un pari difficile, elle s’attaqua seule à une véritable forteresse numérique. Ainsi elle commença à pianoter sur son super ordinateur, elle réalisa qu’elle s’opposait à très forte partie. Son bureau pourrait devenir le dernier lieu où elle était aperçue vivante si elle échouait.
Si elle se montrait distraite, ou qu’elle ne tapait pas correctement des chiffres et des lettres, elle se ferait immédiatement repérée. Elle ressentait une pression vive, mais d’un autre côté elle exultait. Elle vivait un moment de frisson intense, elle se trouvait sur le fil du rasoir. La moindre fausse manœuvre signifierait sans doute une mort douloureuse pour elle. Toutefois Alexandra ne se démontait pas, elle angoissait mais aussi elle s’épanouissait, elle éprouvait des sensations inoubliables. Elle s’attela avec une grande conviction à la tâche, pendant certains moments elle se crut détectée par les services de renseignements. Puis elle se rassura, elle devait avoir confiance en elle. Si elle cédait au découragement, elle commettrait beaucoup plus facilement des erreurs.
Elle découvrit des informations bouleversantes. Elle croyait que les chefs de la Comlat Corp respectaient un minimum leur personnel chargé des opérations illégales. Elle découvrit que ce n’était pas nécessairement le cas, que Rattus ne constituait pas une exception isolée. Une demi-heure plus tard, Alexandra rendit une visite dans le bureau de Black afin de lui communiquer des révélations, après avoir mémorisé le contenu de plusieurs documents informatiques.
Elle ne pouvait pas télécharger ce qu’elle découvrit. Elle n’était pas encore assez douée pour dupliquer les fichiers lus, à cause d’une sécurité trop performante. Quant à photographier une partie de ses trouvailles ce n’était pas possible, son smartphone était resté chez elle.
Alexandra retrouva Black dehors dans un parc isolé rempli de chênes, afin de tenter de désamorcer le conflit les liant.
Black (peu aimable) : Que me veux-tu Banks ? Cela a intérêt à être important, sinon tu le regretteras.
Alexandra : J’ai une information importante à t’apprendre, je suis prête à te la donner, si tu t’engages à me pardonner.
Black : Si l’information est valable, je veux bien oublier ma rancœur à ton égard.
Alexandra : J’ai appris que l’on avait effectué sans ton accord des tests de nanomachines sur toi, Yuri. Notamment des injections de minuscules robots augmentant la résistance aux poisons. Le responsable des tests sur les cobayes non volontaires était le professeur Franken.
Black : Si tu ne me m’as pas raconté de fable, je veux bien t’accorder une seconde chance. Mais si tu m’as trompé, tu peux compter sur moi pour t’enfoncer à la première opportunité.
De son côté Rattus le sous-directeur vivait un moment d’intense bonheur, les menaces physiques contre lui de la part de Black Fang l’agent l’arrangeaient bien. Il ne sentait un peu inquiet mais aussi très content. Il pouvait lancer sans trop de soucis une procédure disciplinaire contre Black, et l’inonder de travail de bureau, le contraindre à ne pas travailler sur le terrain pendant des années. La multinationale Comlat Corp avait besoin de secrétaires pour coordonner les divisions qui travaillaient dans l’illégalité. Des noms de code étaient utilisés pour fausser les pistes, mais il n’empêchait des milliers de gratte-papiers œuvraient pour rentabiliser les actes crapuleux d’assassins, de ravisseurs et d’autres criminels.
C’était plus la peur du scandale que celle des représailles judiciaires qui poussait les chefs de la multinationale à demander à leurs subordonnés secrétaires de camoufler le maximum de choses. En effet les sièges sociaux de la Comlat Corp bénéficiaient du principe d’extra-territorialité, ils ne dépendaient d’aucune nation. Autrement dit aucune autorité nationale ne pouvait mener d’enquête dans la majorité des structures de la multinationale, même en disposant de preuves très flagrantes d’un crime grave.
Les chefs de la multinationale payèrent grassement plusieurs gouvernements pour qu’ils valident un principe honteux, mais franchement utile. L’extra-territorialité sauva la mise à des dizaines de cadres supérieurs, leur permit d’échapper au procès ou à d’autres déconvenues dérangeantes. De temps à autre des voix s’élevaient pour demander la fin de la protection judiciaire de la Comlat Corp, toutefois elles ne faisaient pas le poids face au pouvoir de l’argent. Une pétition pesait moins lourd qu’un gros chèque pour beaucoup de décideurs politiques.
Rattus vint dans le bureau de Comlat le président afin de présenter ses projets de punition contre Black. Le lieu n’était pas spécialement grandiose, comme son propriétaire recevait à l’intérieur des ambassadeurs et des chefs d’état, il aurait paru plausible d’observer un certain faste. La taille de l’endroit dépassait les cinq cents mètres carrés, mais ce qui marquait les esprits était la grande quantité de cadres accompagnés de photos de personnes riches et influentes qui étaient accrochées sur les murs, aussi bien des hommes d’affaires, que des politiques, et quelques chefs religieux. Comlat tenait davantage sur ses photos et ses talents d’orateur pour impressionner plutôt qu’un joli mobilier.
Comlat : Monsieur Rattus j’ai appris que vous vouliez donner à Black Fang du travail administratif. Pourquoi avez-vous pris cette décision insolite ?
Rattus : Black Fang m’a manqué de respect, il mérite donc une punition.
Comlat : Vous avez cherché la bête, vous avez délibérément insulté Croc noir le mentor de Black Fang. Les torts sont partagés, or vous n’avez subi aucune sanction, par conséquent il ne serait pas juste que Black Fang soit puni.
Rattus : Pourquoi protégez-vous Black Fang ? Cet élément rebelle risque de trahir la Comlat Corp un jour.
Comlat : Black Fang est précieux, contrairement aux larbins dans votre genre qui se contentent de suivre bêtement les ordres.
Rattus : Je suis capable d’initiatives, par exemple bien que l’on soit mardi le jour où je m’habille habituellement avec une cravate marron, j’ai mis une cravate noire.
Comlat (sarcastique) : Très impressionnant, avez-vous réglé le problème qu’entraîne sur les réflexes, les dispositifs marionnettes ?
Rattus : Malheureusement cela semble un problème très difficile à résoudre, voire insoluble.
Comlat : Je commence à me lasser de votre lenteur Rattus, mais comme je suis de très bonne humeur, je vous accorde un nouveau délai.
Rattus : Merci de votre mansuétude monsieur Comlat.