Tate no Yuusha no Nariagari – Chapitre 27

Croissance
Traducteur : Team Yarashii

Le lendemain matin, je me réveillai et sortis sur la pointe des pieds pour ne pas déranger Raphtalia, qui avait encore passé la nuit à étudier, dans le but de voir Filo.

— Gah !

Une voix puissante et surexcitée me salua à mon entrée dans l’étable. C’est alors que je vis Filo. Elle n’avait pas cessé sa croissance durant la nuit. Alors qu’elle était encore une grosse boule de plumes il y a quelques heures, ses pattes et son cou s’étaient développés. Elle se tenait là, semblable à une autruche. Quel changement rapide ! Et sa croissance différait de celle de tous les oiseaux que je connaissais. Elle atteignait désormais ma poitrine. Alors, d’accord, ce n’était toujours pas suffisant pour la chevaucher.

*Gargouillement*

Déjà faim à cette heure ? Heureusement que j’avais pensé à me procurer de la nourriture en chemin.
À ce rythme, franchement… J’en avais presque peur.

— Regarde-toi ! Et tu es sortie de l’œuf hier seulement !
— Gah !

Je me surpris à avoir le sourire par sa simple contemplation.
Je ne venais pas vraiment de me découvrir un amour profond pour la cause animale, non, pas du tout. J’étais excité par les possibilités qui s’ouvraient à nous. Je me mis à réfléchir à un tas de choses qui seraient envisageables une fois qu’elle serait devenue assez grande. Si je pouvais lui faire tirer un attelage, ce serait avec plaisir.

Ses plumes s’étaient encore développées et avaient changé de couleur. À présent, c’était un mélange entre du blanc et du rose clair.
Dans le but de faire un brin de ménage, je laissai mon bouclier en absorber quelques-unes.

Bouclier de Maître de Monstre III : conditions remplies
Bouclier de Maître de Monstre III : talent bloqué
Bonus d’équipement – ajustement de maturation (moyen)

Hé, imaginez un peu ce que je pourrais obtenir en absorbant un peu de son sang. Je ferais bien d’essayer de recouper les cheveux de Raphtalia pour tenter ma chance à nouveau là-dessus.
Filo venait à peine de naître, mais elle gambadait déjà tout autour de moi, l’air heureuse.

— Gah !

Ce n’était pas un chien, mais je me penchai pour saisir une petite branche et la balançai le plus loin possible pour que Filo aille la chercher. Nous jouâmes de cette manière pendant un moment.
Elle courait si vite qu’elle parvenait parfois à l’attraper avant même qu’elle ne retombe au sol. Puis, elle la ramenait vers moi. Plutôt douée, cette petite. Quoi qu’il en soit, je passai le temps ainsi avec Filo jusqu’au réveil de Raphtalia. C’était assez reposant, tout ce petit jeu.

En y réfléchissant, les gens de mon monde gardaient auprès d’eux des chiens et des chats. Ils étaient plutôt craquants.
Il y a longtemps, dans mon école, se trouvait un chat errant. Il avait peur d’être entouré par des humains, et tout le monde disait qu’il n’approchait personne si on ne lui proposait pas de la nourriture. Néanmoins, il m’avait abordé.
En primaire, nous avions une classe qui s’occupait des animaux, et tous se plaignaient des poulets qui donnaient des coups de bec. Ils ne m’avaient toutefois jamais fait de mal. On pourrait donc dire que j’aimais bien les animaux. Ou, du moins, que je ne les détestais pas.

— Hmm… vous voilà, M. Naofumi. Oh, mais quel sourire ! Je ne pense pas vous avoir déjà vu aussi heureux.

Raphtalia s’était réveillée et était venue me trouver. Elle pénétra dans l’étable d’un air grognon.
Elle arborait une sorte de rictus fatigué.

— Eh bien, quoi ?
— Oh, ce n’est rien.
— Gah !

Filo tapotait gentiment Raphtalia avec son bec.

— Ah là là… je suppose que je ne vais pas avoir le choix…

Raphtalia sourit et tendit la main pour gratouiller les joues de Filo.

— Gah…

La créature parut très heureuse tout en se collant près de Raphtalia et se frottant contre elle.

— Bon alors, où va-t-on aujourd’hui ?
— Bonne question. Vous souhaitez probablement alléger autant que possible le coût de la nourriture de Filo, alors pourquoi ne pas nous diriger vers les plaines au sud d’ici ?
— Hmm… c’est une bonne idée.

Plusieurs variétés d’herbes poussaient dans cette zone, dont un joli nombre utilisable pour mes remèdes. Raphtalia avait raison… c’était un coin judicieux. Notre objectif à court terme était de mettre la main sur le meilleur équipement possible, et il nous fallait de l’argent pour cela.

— Allez, très bien, on y va.
— Gah !
— D’accord !

Ainsi, nous nous rendîmes vers ces champs et combattîmes les monstres que nous croisions jusqu’à avoir monté assez de niveaux.

Naofumi : NIV 25
Raphtalia : NIV 28
Filo : NIV 15

Quant aux herbes, j’investis la majeure partie de mon énergie à dénicher des choses que Filo pourrait manger, ce qui faisait que nous n’en avions collecté que peu pour mes remèdes. Je pris les devants et laissai mon bouclier absorber tout ce qui pouvait l’être, mais je ne reçus guère de récompenses utiles hormis quelques faibles bonus de statut.
Et je n’avais toujours pas mis la main sur un bouclier capable de m’enseigner les recettes de mélanges intermédiaires.

Le soir même, Filo atteignit ce qui apparaissait être la taille définitive d’un Filolial.

— Eh bien, elle a poussé vite, pour sûr ! En théorie, il leur faut trois mois voire plus pour atteindre un tel gabarit…

L’aubergiste et l’éleveur étaient tous deux surpris. Ils n’en revenaient pas de cette vitesse de croissance.
C’était sûrement grâce à l’ajustement de maturation, aussi bien faible que moyen, que j’utilisais.

— Si seulement j’avais pensé à absorber l’encre au moment où j’avais acheté Raphtalia…
— Ha ha ha…

Je me demandais si Raphtalia aurait voulu connaître une évolution aussi rapide.

*Craaaaaquement*

À nouveau, je pouvais entendre le craquement des os. Le processus n’était pas terminé.

— Gah !

Elle se tenait juste devant moi, juste assez grande pour être chevauchée.

— Tu veux que je te grimpe dessus ?
— Gah !

Filo réagit et abaissa la tête pour me permettre d’accéder à son dos, comme si c’était tout naturel.

— Merci.

Je ne possédais ni selle ni rênes, mais est-ce que cela irait quand même ? Cette bête me demandait presque de la chevaucher, alors je m’exécutai. Le bouclier m’aiderait à survivre à n’importe quelle chute, mes statistiques de défense crevaient le plafond.
Quant au confort… Eh bien, les plumes avaient certainement un effet positif. Si je parvenais à trouver la bonne position, ce ne serait pas si mal.
Je n’étais jamais monté sur un cheval, mais sur un chien, oui. Quand j’étais gosse, un autre enfant du quartier en possédait un, et ses parents m’avaient laissé essayer une fois. Ils disaient que personne n’en avait jamais été capable, mais ce ne fut pas un souci pour moi. Le chien me porta pendant quelque temps sans problème.

— Gah !

Filo se redressa brusquement.

— Argh !

J’étais si haut perché et, de mon point de vue, tout semblait… différent. Voilà donc à quoi ressemblait le monde, juché sur son dos.

— Gaaaah !

Je pensais que Filo manifestait simplement sa joie, mais elle se mit soudain à détaler !

— Hmm… hé !
— Mon… monsieur Naofumi !

En avant ! Toujours plus loin ! Nous foncions à toute allure !
Elle allait si vite ! À peine apercevais-je quelque chose qu’elle se trouvait immédiatement derrière moi. J’entendis Raphtalia nous appeler, mais elle se trouvait déjà à bonne distance.

La course continue ! Encore plus loin !
Filo fit le tour du village avant de revenir à l’étable. Puis, elle s’abaissa et je pus descendre.

— Est-ce que ça va ?

Raphtalia accourait, l’air inquiète.

— Ouais, c’est bon. Filo allait si vite !

Cette brave bête ne semblait pas le moins du monde essoufflée et elle ne tarda pas à prendre soin de ses plumes.
Filo courait bien plus vite que je ne l’imaginais. C’était peut-être mon meilleur achat jusqu’à présent.

— Très bien, je pense qu’on en a fini pour aujourd’hui. Retournons dans la chambre.

Quelque chose m’agrippa par le col. Je me retournai pour voir Filo me regarder.

— Qu’est-ce qu’il y a ?
— Gaaah !

On avait presque l’impression qu’elle pleurait. Elle continuait de geindre.

— Hein ?

Je laissai tomber et pivotai pour partir, mais, de nouveau, elle attrapa mon col.

— Quoi encore ?
— Gaah !

La patte de Filo grattait le sol, comme si elle était déterminée à refaire un tour de piste.

— Eh bien quoi, tu veux recommencer ?

Raphtalia posa cette question et Filo hocha la tête. Pouvait-elle vraiment comprendre ce que nous disions ?

— Te sens-tu seule ?

Nouveau hochement de tête.

— Gaah !

Elle déploya ses ailes et s’écria.

— Mais, on ne peut pas y faire grand-chose…

Il était hors de question de dormir dans l’étable, et je doutais que l’aubergiste acquiesce gentiment à l’idée de faire venir cette grosse bestiole dans notre chambre.

— Restons jusqu’à ce qu’elle s’endorme !
— Oh… hmm… d’accord.

Cette créature était si grande, alors qu’elle n’avait éclos qu’il y a deux jours. Peut-être était-elle toujours un bébé, et qu’elle ne se sentait pas prête à demeurer seule la nuit dans son petit nid douillet. Raphtalia et moi décidâmes de pratiquer notre session nocturne d’apprentissage ici même.
Filo s’étendit dans son tas de paille et nous regarda tranquillement étudier.

*Piki*

— Bordel… est-ce que je vais pouvoir réussir à lire ce truc un jour ?
— Si nous ne parvenons pas à trouver un bouclier qui vous le permette, c’est notre seule option. De plus, vous dépendez déjà tellement de ce Bouclier Légendaire… que ce ne serait pas très conseillé.
— Raphtalia… tu ne mâches vraiment pas tes mots ces derniers temps.
— Tout à fait. Alors, retournons étudier pour pouvoir apprendre la magie !

Qu’y avait-il de mal à vouloir emprunter la voie facile ? J’espérais vivement que tous ces efforts finiraient par payer au bout du compte. Nous continuâmes ainsi nos activités à l’intérieur de l’étable jusqu’à ce que nous entendions les ronflements réguliers de Filo.

Ce fut à ce moment que nous retournâmes à notre chambre, et je me penchai alors sur le mélange de plusieurs nouvelles herbes.
J’étais toujours incapable de lire les recettes, j’y allais donc à l’instinct.

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