Traductions

Tate no Yuusha no Nariagari – Chapitre 53

La troisième vague
Traducteur : Team Yarashii

Je terminai juste à temps la fabrication des nouveaux accessoires de Filo et Raphtalia.

— Voilà pour vous les accessoires que vous m’avez demandés. Raphtalia, à toi l’honneur.

J’avais conçu un bracelet en jade pour elle. Je lui donnai.

— Merci.
— L’effet dont il est imprégné est « Augmentation de magie (moyenne) ». Ton armure se sert d’une petite partie de tes réserves dans ce domaine pour augmenter ta défense magique. Ça devrait compenser. Grâce à toi, j’ai pu fabriquer un truc sympa.

Il y a quelque temps, Raphtalia et Filo avaient réussi à mettre pas mal d’argent de côté dans une ville réputée pour ses sources chaudes que nous avions traversée. J’avais ainsi pu acquérir de bons matériaux qui m’étaient inaccessibles auparavant. C’était ce qui m’avait permis de créer d’aussi bons accessoires.

— J’en prendrai soin.
— Tu es sûre que c’est bien ce que tu veux ? Je pourrais en faire un qui soit… un peu plus à la mode, disons.
— Que racontez-vous là ? Pensez-vous que nous soyons suffisamment puissants pour nous permettre d’accorder de l’importance à ce genre de détail ?

Bon, d’accord. Si elle persistait sur cette voie, je n’avais pas d’autre choix que de la croire.

— Allez, Filo, à ton tour.

Je lui tendis une épingle à cheveux faite d’ambre. Je m’étais appliqué de sorte que cela lui aille, quelle que soit sa forme. Lorsqu’elle serait accrochée à ses plumes, ces dernières se déploieraient en ressemblant à un ornement posé sur sa tête.

— J’y ai apposé l’effet « d’Augmentation de l’Agilité (moyenne) ».
— Merci, maître !
— C’est ce que j’ai pu faire de mieux avec les matériaux que j’avais à disposition. Je pourrai peut-être en concevoir de meilleurs plus tard, mais, pour le moment, il faudra se contenter de ça.
— Ce n’est pas un problème du tout. J’espère simplement employer cet accessoire de la meilleure des façons.
— Ouais ! Je ferai aussi de mon mieux !
— J’en doute pas, tant pour l’une que pour l’autre.

Nous avions aussi terminé notre réunion prévue avec les soldats qui nous assisteraient, alors nous étions sans doute aussi prêts que possible pour ce qui nous attendait.
Filo s’était montrée d’abord hésitante, du fait de son ignorance totale de ce qui allait suivre, sans même savoir ce qu’une vague était. Mais je l’avais convaincue que nous n’aurions qu’à régler les problèmes lorsqu’ils se présenteraient, et elle avait compris.

Nous ne manquions clairement pas de remèdes. Quant à notre attelage… le nouveau n’était pas encore prêt, donc Filo tirait un chariot tout simple à la place.
Cela me convenait. Contrairement aux autres héros, j’allais passer la plupart de mon temps dans les villages environnants à protéger les habitants. Je ne savais même pas si ma participation était requise, mais je pouvais facilement imaginer ce que penseraient les gens s’ils apprenaient que j’avais esquivé mon devoir.

00 : 05

Encore cinq minutes d’attente. Une fois transporté près de la vague, j’allais devoir identifier les lieux et trouver un moyen d’en informer les soldats.
Je changeai mon bouclier pour adopter le Bouclier de Vipère de Chimère…

00 : 00

L’heure du combat était arrivée ! Le monde entier s’emplit d’un écho évoquant le verre brisé.
La seconde suivante, notre environnement se modifia intégralement. Nous examinâmes calmement le paysage.

— Où sommes-nous ?

Oui, nous étions près du village où la vieille dame avait été malade. Il fallait compter au moins une journée et demie pour rallier cet endroit depuis la capitale.
Je levai les yeux au ciel et, comme la dernière fois, il était rouge et recouvert de fissures, telle la carapace d’une tortue.

— Héros Porte-Bouclier !

Les soldats avaient été téléportés avec nous, et ils accourraient dans notre direction. Ensuite, je vis les trois autres héros et…

— Filo ! Tu vois ces types qui courent vers les fissures ? Dégomme le mec à la lance, et assomme les autres. Mais n’en fais pas trop !
— D’accoooord !

Comme je lui avais demandé, Filo retira ses griffes et se précipita vers les héros !
Elle rattrapa bien vite les porteurs de l’épée, l’arc, et la lance.

— Qu’est-ce que…

Le Héros Lancier se retourna, et Filo le frappa au même moment, le projetant sur les autres et les renversant tous.

— AAAAAAAH !

Ils tombèrent comme des quilles fauchées, nous laissant le temps de les rejoindre. Ayant vu valdinguer la Salope dans les airs, j’étais de bonne humeur.
Filo s’était effectivement contenue, comme je le voulais, et personne n’avait été sérieusement touché par son coup.

— Qu’est-ce que vous foutez ?

La Lance s’agitait en nous criant dessus. Je choisis de l’ignorer et décochai un regard glacial à destination de l’Épée et de l’Arc.

— J’allais vous poser la même question, bande d’idiots !
— Qu’est-ce que tu veux ?
— Ouais ! On doit aller éliminer les monstres qui surgissent de la faille !

Je n’étais même pas en colère contre ces héros stupides. J’étais simplement ennuyé.

— D’abord, écoutez-moi bien. On s’occupera des ennemis plus tard.

J’ordonnai aux soldats sous mon commandement de se rendre au village le plus proche. Ils acquiescèrent et se mirent en route, accourant vers le bourg en question.

— Tu es en train de nous gêner dans notre mission !
— Oh que non !

En état de choc, Itsuki recula lorsque je lui aboyai ma réponse. Il cligna des yeux.

— Que tout le monde se calme. Réfléchissez deux minutes. Je n’ai reçu aucun soutien financier, alors je ne vais pas affronter la vague directement. La meilleure chose que je puisse faire, c’est protéger le village voisin. Voilà mon boulot. Vous arrivez tous à comprendre ça ?
— Oui.
— Ça ne te rend pas vraiment digne du rang de Héros.

Les trois me fixèrent des yeux, mais je les ignorai et continuai.

— Bien, Ren, Itsuki, Motoyasu, votre boulot à vous, c’est de neutraliser les monstres qui débarquent de la faille. Vous pouvez soit éliminer les créatures les plus balèzes ou vous attaquer directement à la faille elle-même, je ne sais pas ce qui marche le mieux.
— La faille est connectée au boss !

Connectée. C’était un terme de joueur. Itsuki ne prenait pas cela assez au sérieux, mais qu’importe.

— J’espère que vous comprenez bien à quel point ce que je fais compte beaucoup, pas vrai ?
— Quoi ?

Ren ne semblait pas saisir. Pourtant, ce monde était essentiellement le même que celui qu’il connaissait dans un jeu, non ? Il devrait déjà tout comprendre.

— Hé, au fait, où sont les chevaliers ?

Les trois héros baissèrent les yeux en entendant mon exclamation.

— Ils arriveront plus tard.

Il y avait une espèce de balise magique qui scintillait dans le ciel, c’était peut-être pour les aider à nous repérer. Ils s’étaient probablement mis en route en suivant son signal.

— On est à un jour et demi de la capitale ! Ils débarqueront bien trop tard, imbéciles !
— Et qu’est-ce que tu veux qu’on y fasse, hein ?
— C’est à MOI que tu demandes ça ? Je croyais que vous saviez tout sur ce monde !

Je désignai les soldats qui m’avaient accompagné et qui couraient à présent en direction du village.

— D’ailleurs, en parlant de ça, comment tu as fait pour qu’ils viennent avec toi ?
— Elle est sérieuse, ta question ? Tu ne connais pas les fonctions de formations de combat ?
— Tu parles des membres d’équipe ? Par quelle ruse t’as réussi à les convaincre d’intégrer ton groupe ?
— Non, ça marche pas comme ça. Tu peux choisir un chef, et ça crée ensuite un groupe avec lui à sa tête, mais tu gardes toujours le contrôle. Si tu fais ça, ils peuvent se téléporter avec toi.

Était-ce possible ? Y avait-il des choses qu’ils ignoraient au sujet des vagues ?
Les soldats avaient dit qu’aucun de leurs supérieurs n’avait donné l’ordre de rejoindre les équipes des héros, mais cela s’expliquait-il simplement parce que ces derniers ne savaient pas qu’il était possible de le faire ? Cette perspective me laissa coi. Cela justifierait l’absence de chevaliers.

— Bon, tirons ça au clair. Qui parmi vous est allé se balader dans les menus d’aide pour apprendre comment se battre contre une vague ?

Personne ne leva la main.

— Je suppose que si vous savez déjà tout sur ce monde, vous n’avez pas besoin de fouiller dans l’aide ou le tutoriel, pas vrai ?
— Ouais, on sait déjà tout.
— Exactement. On peut se concentrer sur le combat qui nous attend, maintenant ?
— Très bien. Alors, par quel nom les autres jeux désignent cet affrontement en particulier ?
— Hein ?
— C’est quoi, cette question ?
— Ça suffit, il faut y aller !

Itsuki ignora ma question, pivota et se mit à courir.

— Motoyasu, tu vois où je veux en venir, non ?
— Euh… bien sûr… c’est un Donjon instantané ?
— Non, c’est une Vague en contre-la-montre.

Ren… ce n’était pas cela non plus. J’avais bien dit « autres jeux », n’est-ce pas ?
Celui avec lequel il était familier s’appelait bien Brave Star Online, non ?

— Bataille de guildes, affrontement par équipes, ou encore duel royaume contre royaume !

Dans mon jeu, il y avait de gros événements toutes les semaines environ où les joueurs se battaient entre eux. Si l’on se servait du système de troupes de soutien, le jeu faisait en sorte de faire apparaître suffisamment d’ennemis pour être dépassé. Alors, durant la dernière vague, si les chevaliers n’avaient pas pu arriver à temps, je n’étais pas certain que nous aurions pu limiter autant la casse.

— Écoutez, même si vous savez comment fonctionne le système, vous n’avez aucune expérience dans la gestion d’une grande guilde, on est d’accord ?

Dans une bataille à grande échelle, il fallait mettre l’accent sur la coopération.
Toutefois, les meilleurs joueurs, les héros, devaient bien sûr mener la charge. Mais, afin de minimiser les destructions, nous allions devoir obtenir la coopération des habitants.
S’ils ne parvenaient pas à saisir un concept aussi simple, alors ils étaient de parfaits idiots.

— J’ai déjà géré une équipe par le passé.

Motoyasu prit la parole, mais ses yeux restèrent posés sur Filo, toujours sous forme aviaire. Il ne désirait probablement pas recevoir de coup supplémentaire.

— Alors, pourquoi tu ne piges pas ça ?
— On n’a pas besoin de ça.
— Quoi ?
— Ça va le faire, t’inquiète.

Bon sang… et dire que je ne le croyais pas capable d’être encore plus agaçant, encore plus irresponsable.

Salope, c’est ton boulot, ça.
Cette stupide princesse pourrie jusqu’à la moelle, pas sûr qu’elle soit assez intelligente pour accepter ce genre de responsabilité.

— Ces trucs-là, ça m’a jamais intéressé.

Ren, quel abruti. Mais j’avais l’habitude des gars comme lui. Il y en avait toujours un ou deux avec la même attitude avant une guerre de guildes, et je n’avais jamais aimé m’adresser à eux.
Si un type pareil était censé avoir déjà été maître de guilde, je ne voyais pas du tout comment cela avait pu être possible. Comment la guilde avait fait pour ne serait-ce que fonctionner normalement ?

— Bon, ce qui compte, c’est qu’on doit faire avec ce qu’on a. Mais, la prochaine fois, assurez-vous de former des groupes de chevaliers !

Je les congédiai d’un geste de la main, leur faisant signe de se hâter en direction de la vague. Ren et Motoyasu ne firent aucun effort pour masquer leur contrariété à mon égard tout en partant.

— Allez les gars, rendons-nous au village. Raphtalia, Filo, venez avec nous !
— D’accoooord !
— Compris !

Nous grimpâmes à bord du chariot et gagnâmes le bourg aussi vite que possible. Les soldats qui nous accompagnaient avaient leur propre carriole, et ils parvinrent à suivre le rythme.
Le temps que nous arrivions au village, celui-ci était déjà submergé par des monstres issus de la vague.
Certains ressemblaient à des condors noirs, des loups de même couleur, des gobelins, ou encore des hommes-lézards.

Toutefois, ces derniers n’avaient pas l’air de demi-humains classiques. Non, ils avaient une aura plus… sinistre.
En me rapprochant, je pus voir leur nom : Condor des Ténèbres, Loup Noir, Ombre de Gobelin d’Assaut, Ombre d’Homme-Lézard. Et, juste à côté, se trouvait immanquablement accolé le terme « interdimensionnel ».
Tout comme les demi-humains, ces ombres monstrueuses disparaissaient lorsqu’elles étaient vaincues.

Elles formaient une clique des plus inquiétantes. Et ce bestiaire-là était complètement différent de celui de la vague précédente. N’y avait-il pas une règle quelconque régissant cela ?
Mais bon, qu’importe, les héros allaient s’en charger. Ils se feraient une joie de tous les éliminer.
Et pourtant… juste là !

— Hiyaaa !

Un cri de guerre fendit l’air, provenant de la vieille dame que j’avais soignée lorsque je fus de passage dans les environs.
Elle brandissait une houe d’une seule main et combattait de toutes ses forces. Les soldats en demeurèrent stupéfaits.

— Ah ! Grand Saint ! Vous avez été d’une grande aide ! Hiyaa !

Elle m’adressa des remerciements en criant, lorsqu’un groupe de monstres surgit de la vague. Elle abattit sa houe sur eux.
En réalité, elle paraissait plutôt douée, et les cadavres s’amoncelaient autour d’elle.

— Allez, remercie-le, toi aussi !

Le fils de la dame s’inclina rapidement vers moi, obéissant à sa mère.

— De plus en plus de créatures émergent de la faille, vous feriez mieux d’évacuer.

Les soldats qui m’accompagnaient apportaient également leur aide pour escorter les habitants en lieu sûr. Au sein de ce chaos, nous nous battions et tuions des monstres, mais il en arrivait sans cesse d’autres. Cette bataille s’annonçait rude, et nous allions devoir nous focaliser sur leur extermination.

— Hiyaa !

La vieille dame faisait tomber des ennemis de tous les côtés. Il était dur à croire qu’à peine un mois auparavant, elle était alitée, aux portes de la mort.

— J’ai récupéré ma vigueur d’antan grâce à vous, Grand Saint ! Hiyaaaa !

Je cherchai son fils des yeux et le repérai au milieu de la rue, luttant de toutes ses forces contre des monstres, mais il n’était pas aussi doué que sa mère. Plusieurs soldats vinrent lui prêter main-forte, et ils réussirent à bloquer l’ennemi ensemble. Il était clairement moins bon, cela ne faisait aucun doute.

— Je n’ai peut-être plus l’air de première fraîcheur, mais, à l’époque, j’étais une aventurière plutôt célèbre. Mon niveau et mon âge sont pratiquement les mêmes ! Hiyaaa !
— N’en faites pas trop, madame !

Je n’irais pas jusqu’à la qualifier de guerrière invincible, mais elle figurait assurément parmi les meilleurs combattants que j’avais vus.
Je parai les attaques de quelques adversaires tandis que Filo pivota pour leur asséner un coup puissant. Ils furent facilement vaincus.
Il semblerait que je puisse compter sur cette dame dans la bataille, mais je craignais qu’elle ne s’effondre une fois les combats achevés.

— Quel remède je vous ai donné, déjà ?
— Allez savoir !

Raphtalia avait le regard fixé sur elle, et demeurait bouche bée. Nous allions devoir en apprendre davantage sur cette histoire auprès de son fils, plus tard.
Dans tous les cas, il fallait que nous nous concentrions sur la guérison des personnes touchées par l’ennemi.

— Amenez tous les blessés près du chariot ! Protégez-les et écartez-les du champ de bataille !

Je profitai de la moindre seconde de répit pour invoquer des commandes de soin et les guérir.

— Hiyaa ! Grand Saint ! Une bande de créatures bizarres se rapproche !

Je regardai dans la direction qu’elle pointait. Une grande quantité d’Ombres d’Homme-Lézard interdimensionnelles s’y trouvait, mais je pouvais également discerner autre chose parmi elles, quelque chose de bien plus imposant. Un élément au moins deux fois plus gros que le reste.

— Je m’en charge !

Le chef de mes soldats accourut vers le grand monstre.

— Imbécile ! Reviens !

L’Ombre d’Homme-Lézard interdimensionnelle géante se tourna vers le militaire en mouvement et tenta de l’écraser sous son épée massive.
Il esquiva et essaya de maintenir sa position, mais ce n’était pas le moment de faire cela !
Quand, soudain, le collier du soldat se mit à briller, activant une sorte d’effet instantané avant de se briser en mille morceaux. À ce moment-là, la lame de son adversaire rebondit en arrière à cause de l’impact.

— Quoi ?
— Qu’est-ce que tu fous ? Bats en retraite !
— D’a… d’accord !

Bordel. Le fardeau qui pesait sur les épaules de cette troupe de volontaires était trop grand. Un seul coup avait cassé son collier de défense. Ce géant devait avoir une énorme valeur d’attaque. J’allais devoir utiliser mon bouclier pour bloquer son épée et m’appuyer sur mes camarades pour l’abattre.

— Raphtalia, Filo. Venez avec moi, on s’en charge.
— Bien !
— D’accooord !

Nous nous précipitâmes tous les trois vers la créature.
L’Ombre d’Homme-Lézard interdimensionnelle abattit sa grande épée noire sur nous.
Je courus au-devant des filles et brandit mon bouclier. Il y eut un bruit métallique, et des étincelles plurent sur moi.
Croc Venimeux de Serpent (moyen) s’activa et empoisonna le monstre. Mais ce n’eut l’air guère efficace.
Je me dis que c’était assez logique, considérant la nature reptilienne de notre ennemi. Toutefois, ce n’était pas là mon objectif.

— Hiyyyaaaaa !

Raphtalia planta son épée dans le ventre de la créature et l’arrêta net.

— AAAAAAAAH !

La patte recouverte de griffes de Filo s’éleva en décrivant un arc, frappant le visage de l’Ombre d’Homme-Lézard interdimensionnelle. Une partie de son crâne fut projetée en l’air.
Le géant tomba en avant et heurta le sol dans un fracas assourdissant.

— Ouah…

Les soldats échangèrent des murmures ébahis.

— Merci ! Sans ces objets que vous nous avez donnés, Héros Porte-Bouclier, nous serions déjà morts !
— Bon, l’essentiel, c’est que vous soyez en vie.

Si j’avais réussi à sauver ne serait-ce qu’une personne, alors tout ce temps passé à apprendre la confection d’accessoires n’avait pas été vain.
Je me sentais revigoré.

— Très bien ! Rendez-vous tous au village suivant et faites tout ce que vous pouvez pour le protéger !

À présent, nous devrions pouvoir défendre celui-ci avec seulement six soldats, la vieille dame, et les aventuriers qui s’étaient trouvés en ville au moment de l’assaut.
Cependant, il y avait un autre bourg dans les environs. Si nous ne nous dépêchions pas, qui pouvait savoir ce qui se produirait là-bas ?

— Je vous laisse quelques remèdes. Le trajet ne sera pas de tout repos, mais en route pour le prochain village !

Les soldats grimpèrent à bord du chariot que je désignais.

— C’est parti !
— Hiya !

Filo s’empara des cordes et partit à toute vitesse.
Quand nous arrivâmes à destination, les militaires titubèrent hors de la carriole, visiblement rendus malades par ce trajet. Je n’avais pas le temps de les réconforter.
Plusieurs maisons étaient en feu, et des habitants étaient blessés. Cet endroit paraissait en bien pire état que le précédent.

— Dépêchez-vous d’aider ces gens !
— Bi… bien, monsieur !

Nous massacrâmes les monstres présents sur place et nous attendîmes que la vague s’achève.

— Trop tard !

Trois heures s’étaient écoulées.
Durant ce laps de temps, nous étions parvenus à mettre en sûreté la plupart des villageois, et nous étions désormais focalisés sur l’élimination des hordes de monstres qui continuaient de déferler sur le bourg.
Presque tous les habitants avaient été évacués, et les pertes étaient relativement faibles. Toutefois, je ne savais pas combien de temps encore nous pourrions tenir. Nous nous battions encore et encore.
Mais cela s’étirait trop longtemps. Que foutaient donc ces trois idiots ?

— Héros, pourquoi ne pas nous laisser la garde de cet endroit ? Vous devriez partir à la recherche des autres porteurs d’Armes Légendaires et les aider.

Ces paroles provenaient du jeune soldat qui m’avait abordé au tout début.

— Je doute de pouvoir faire grand-chose.

C’était à eux d’affronter directement la vague, et j’étais certain qu’ils ne feraient que se plaindre en me voyant débouler.

— Mais, monsieur…

Il n’avait pas l’air bien. Son visage était pâle.
Cela faisait trois bonnes heures qu’il affrontait des monstres. Ses batteries tomberaient à plat d’ici peu.

— Hiya ! Prends ça !

Filo frappa une Ombre de Gobelin d’Assaut interdimensionnelle, et celle-ci s’écroula. Visiblement, elle avait encore de l’énergie à revendre.
Oui, Filo se débrouillerait bien. Cet oiseau était une pile électrique géante.

— Vous pouvez gérer ?
— Laissez-nous faire !

Bon, il fallait croire qu’ils avaient encore de la réserve.

— Très bien. Je vais donc voir ce qui se passe là-bas. Je vous confie le village.
— Oui, monsieur !
— Raphtalia, Filo, en avant !
— Compris.
— D’accoooord !

Nous quittâmes les lieux, les laissant entre les mains des soldats et des aventuriers, et grimpâmes sur le dos de Filo, qui partit droit sur la vague elle-même.

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