Tate no Yuusha no Nariagari – Chapitre 54

Croissance
Traducteur : Team Yarashii

— On est arrivés, je crois.
— Je le pense aussi.
— Ouaip.

La vague était constituée de plusieurs failles géantes dans le ciel, qui s’étendaient jusqu’au sol. Celui-ci était également fendu.

— Hein ? Attendez… c’est quoi, ça ?

Et là, au milieu de toutes ces fissures, se trouvait un gigantesque… navire. D’apparence fantomatique, il flottait dans les airs. Des monstres s’en déversaient.
Des voiles trouées étaient accrochées à des mâts tombant en lambeaux. Des veines de lumière illuminaient le ciel tout autour. Le bateau semblait fait de bois, mais il était constellé de trous.
J’ignorais totalement comment ce truc faisait pour se maintenir en l’air, mais il provenait d’un autre monde, alors je me résignai à penser que tout pouvait arriver durant une vague. Si je devais chercher à expliquer tous les phénomènes étranges que je rencontrais, j’étais mal barré.

Toute la zone était plongée dans le brouillard et, pour être honnête, je n’avais pas franchement envie de grimper à bord de ce machin.
Les monstres issus de cette vague étaient donc des… pirates ?

— Ils affrontent ce bateau ?

Les trois autres héros et leur groupe respectif se battaient contre le navire fantôme.
Je pouvais affirmer que Ren et Motoyasu étaient là-bas parce que j’apercevais l’éclat de leurs compétences transpercer brièvement le brouillard. Itsuki tirait des volées de flèches sur le vaisseau de loin. Leur assaut paraissait un peu téméraire.
Ce fut alors qu’apparut un canon sur le côté du bateau, qui expédia un boulet géant.
Il avait l’air lourd et se dirigeait droit sur nous.

— Bouclier d’Air !
— Hiya !

Je parvins à dévier le tir avec ma compétence, et Filo s’élança pour écarter définitivement le boulet.

— Vous allez rester plantés là encore longtemps ? criai-je à Itsuki, qui envoyait des flèches sans grand entrain.
— Na… Naofumi ? Qu’est-ce que tu fais là ? Je croyais que tu avais dit que tu ne te battrais pas avec nous ?
— Je vois que vous prenez vraiment votre temps ! On a fini d’évacuer les habitants depuis un bail, alors je suis venu voir pourquoi vous traîniez autant, et voilà ce que je découvre ? Je pensais que vous saviez tout grâce à votre jeu !
— On doit détruire le navire, mais Ren et Itsuki ont insisté pour monter à bord. J’ignore la raison.

Ils s’étaient séparés dans de telles conditions ?
Cela mis à part, pourquoi chacun avait-il une idée différente sur la manière d’abattre ce boss ?

— Bon sang…

Le vaisseau fantôme avait l’air dans un sale état. Que se passait-il avec ces vagues ?
Je réfléchis à cela tout en contemplant Itsuki et son groupe se battre.
Il semblait que toutes leurs stratégies tournaient autour des compétences du Héros Archer. Le reste de son équipe se battait avec des armes d’un autre genre.

— Même sans attaquer le bateau directement, tu ne devrais pas coopérer avec les autres héros ?
— J’ai pas le temps de discuter de tout ça avec toi !

Sa réponse m’irrita.
Abruti de grand seigneur, va !

— Bon, ce combat a l’air parti pour durer un bout de temps. Tu peux continuer de t’amuser à balancer tes compétences, mais ce truc ne semble pas près de s’effondrer de sitôt. Tente une autre approche !

À quoi Itsuki pensait-il ? Ses coups étaient-ils d’ailleurs efficaces ? Si nous avions été dans un jeu, il serait déjà mort.

— Et puis, les deux autres ont souhaité monter à bord avant toute chose, c’est bien ça ?

Il s’agissait peut-être d’un monstre géant déguisé en bateau fantôme. Ce pourrait être un sacré spectacle, pas vrai ?
Après tout, certains ressemblaient bien à des maisons. Quand on s’approchait d’eux, ils se mettaient alors à tournoyer et à cogner.

— Et si le vaisseau avait un point faible à l’intérieur ? Il peut y avoir un moyen de l’abattre qui n’existait pas dans ton jeu !
— Y a rien de tout ça dans le Dimension Wave que je connais !
— Reprends-toi, Itsuki ! Ça n’a rien d’un jeu !

Avait-il au moins un minimum conscience des dégâts infligés par ces vagues ?
Sérieusement… Les monstres émergeaient des failles depuis le départ, alors plus ils mettaient de temps à vaincre la vague, plus il y avait de créatures et plus graves étaient les dommages.

— Allons à bord de ce machin, trouvons son point faible et abattons-le !
— Bon sang ! Tu essaies encore de me voler !
— Si ça t’emmerde autant, alors viens ! En avant, Filo !
— D’accoooord !

Filo courut et sauta dans les airs. Je déclenchai rapidement un Bouclier d’Air pour qu’elle s’en serve comme plate-forme. Elle atterrit dessus et bondit à nouveau, nous faisant grimper sur le navire.

— Ah ! Attendez !

Itsuki et son groupe se lancèrent à notre poursuite.
Bien. S’ils mettaient autant de temps à vaincre la vague, c’était que quelque chose ne tournait pas rond dans leur approche.
Ugh. Arriver sur le bateau était une bonne chose, mais il était recouvert d’os. Le sol pourrissait çà et là et était plein de trous. Des poissons morts gisaient un peu partout, et les cordages ainsi que les canots de sauvetage se délitaient. Nous allions devoir faire très attention en nous déplaçant.
Nous avions atteint le pont, mais il y avait… Hein ? À la poupe se trouvait un tentacule géant, et Motoyasu l’affrontait en compagnie de son groupe.

— Lance de l’Étoile Filante !

Motoyasu laissa échapper une exclamation de triomphe, et sa lance se mit à luire avant de se scinder en centaines de masses d’énergie de la forme de son arme, qui s’abattirent sur le tentacule géant. Ce dernier mourut, mais il se régénéra rapidement et reprit sa position.
Que se passait-il ? Y avait-il une sorte de kraken qui s’agrippait au vaisseau comme un bernard-l’hermite ?

— Filo, me dis pas que tu veux bouffer ce truc.
— Pourquoi… Je peux pas ?

Ce serait difficile, même pour elle.
Je posai mon regard sur l’autre extrémité du pont, où Ren affrontait une espèce de capitaine squelette.
Celui-ci ressemblait à un pirate tout droit sorti des Caraïbes, vêtu d’une tunique brodée et d’un crochet à la place de la main gauche.
On aurait dit… une version squelette du Capitaine Crochet, dans Peter Pan.

— Épée de l’Étoile Filante !

La lame de Ren s’illumina et la lueur se transforma en pluie d’étoiles qui fondit sur le monstre.

— Bon sang… il est coriace.
— Ren !

L’un de ses coéquipiers accourut et attaqua la créature. Le capitaine squelette réagit en agitant son épée. Ren et son groupe chargèrent à nouveau, et il recula. Ensuite, le Héros Épéiste asséna ce qui avait tout l’air d’être le coup de grâce, conduisant enfin à la défaite du monstre.

— Fiou… il est mort ?

Toutefois, avant qu’il puisse reprendre son souffle, la pile d’os s’éleva dans les airs et reprit l’apparence du capitaine squelette.

— Quoi ?

Puis, la créature, le crâne entouré d’un bandana, fonça en avant pour initier une nouvelle attaque.
Je me tournai vers Motoyasu et le kraken.

— Filo, tu peux nous amener à la poupe ?
— Bien sûr !
— Raphtalia, accroche-toi !
— D’accord !

Elle enroula ses bras autour de ma taille pour ne pas tomber, et Filo partit en flèche.
Le bateau entier était recouvert de tentacules, mais elle les frappa et le chemin se dégagea.
Nous atteignîmes la poupe et découvrîmes la source de ces protubérances monstrueuses.

— … !

J’avais vu juste, le kraken s’accrochait au vaisseau comme une sorte de bernard-l’hermite.
Avait-il… une tête ? Ou plus ? Difficile à dire.
Près de là où se battait Motoyasu, il y en avait bien une, mais ses yeux étaient pourrissants… et son regard voilé.
Il ne semblait pas respirer.
Filo n’avait aucun scrupule à manger de la chair putréfiée, mais pourrait-elle s’abstenir sur ce coup ? La décomposition était vraiment très avancée.

Itsuki avait attaqué le bateau directement, mais ce dernier était toujours en place.
Motoyasu tentait de tuer le kraken.
Ren affrontait le capitaine squelette.
Ils étaient séparés. Ils étaient dispersés.
Ils pouvaient toujours prétendre qu’ils n’avaient pas encore eu l’occasion de se regrouper, mais, tout de même, leur conduite était dangereuse et imprudente.
Et ils ne paraissaient pas faire le moindre progrès.

Qu’avaient en commun ces ennemis ? La seule chose qui me vint à l’esprit, c’était que notre véritable adversaire se trouvait ailleurs.
Pourquoi est-ce que les autres héros, qui étaient supposés tout savoir de ce monde, ne pouvaient pas deviner un fait aussi élémentaire ?
En repensant à tout ce qu’ils avaient dit jusqu’à maintenant, j’eus la conviction qu’ils se comportaient avec la certitude que la stratégie ayant réussi dans leur jeu fonctionnerait également ici. Mais chacun se battait d’une façon différente.

— Ren !
— Quoi ? Na… Naofumi ? Qu’est-ce que tu fous ici ?
— Vous traîniez, alors je suis venu voir où était le problème. Pourquoi tu continues de te battre comme ça ?
— Si j’arrive à vaincre ce truc, le vrai boss, le Dévoreur d’Âmes, se montrera.
— Et ?
— Il faut le tuer plusieurs fois, et le boss finit par apparaître.
— Hmm…

Apparemment, il avait tout de même établi une stratégie. Alors, pourquoi était-ce aussi long ?

— Motoyasu !
— Que… qu’est-ce que tu fiches ici, Naofumi ?

Il vit que je me tenais juché sur Filo et couvrit son entrejambe en se tournant vers nous.
Il devait s’attendre à être frappé une nouvelle fois. Ha ! Si Filo faisait cela avec ses griffes, il serait mort dans la seconde qui suivrait.

— M. Motoyasu, ne l’écoutez pas !

La Salope me regardait comme si j’étais un vulgaire déchet, et elle l’incita à nous ignorer.

— Toi, tu la boucles !
— As-tu la moindre idée de qui je suis ? Tu n’as aucun droit de m’adresser la parole de cette manière !
— J’en ai rien à foutre ! Motoyasu, tu feras quoi après avoir vaincu le kraken ?
— Le Dévoreur d’Âmes va se pointer, et je vais l’abattre.

Motoyasu avait donc une idée similaire à celle de Ren. Il en allait sûrement de même pour Itsuki.
Cependant, leurs assauts ne paraissaient guère productifs.
Si nous avions été dans un jeu, cela aurait signifié que le Dévoreur d’Âmes se tapissait quelque part, guettant le bon moment pour entrer en scène.
Ren affrontait le capitaine squelette, Motoyasu le kraken, et Itsuki le navire lui-même. Ouais, cela allait prendre du temps.

— Je te rattrape enfin, Naofumi.

Itsuki grimpa à bord. Cela signifiait que les quatre héros étaient désormais là.
Et pourtant… le Dévoreur d’Âmes ?
Je n’en avais jamais vu, alors je ne savais pas quel genre de monstre c’était, mais en réfléchissant un peu, je pouvais affirmer sans trop me tromper qu’il devait s’agir d’une espèce de fantôme.
Alors, il se cachait près d’ici et contrôlait les morts-vivants. Voilà pourquoi nous devions détruire ce qui lui servait de vaisseau.

— On ne peut pas utiliser la magie de lumière pour révéler sa présence ?
— Vous désirez essayer ?

Raphtalia s’exprima. Oh oui, j’avais presque oublié qu’elle avait le pouvoir d’utiliser la magie d’ombre et de lumière.
Cela valait peut-être le coup.

— Tu peux le faire ?
— Laissez-moi m’en charger.

Raphtalia inspira profondément et se concentra sur sa magie.

— Je suis la source du pouvoir, et je t’ordonne de tenir compte de mes paroles. Que jaillisse la lumière ! Première Lumière !

Quand elle acheva d’énoncer le sort, une boule lumineuse apparut au-dessus de nous.
Elle était constituée d’une lumière intense et rayonnante, et tout le pont en fut illuminé.
Hein ? Le capitaine squelette que Ren affrontait en boucle paraissait différent, son ombre avait quelque peu changé. Cette étrange ombre était… Il y en avait en fait bien plus, tout autour du navire.
Elles n’avaient assurément pas l’air normales, et donnaient l’impression de sourire.

— Ici !
— Je te tiens ! Épée de l’Étoile Filante !

Ren se tourna et dirigea son attaque sur l’ombre du capitaine.

— YAAAAAAAA !

Quelque chose en émergea. On aurait dit un poisson fantôme, drapé d’un vêtement blanc. Son visage était noir et maléfique, avec des yeux rouges et de longs crocs.
C’était sûrement le Dévoreur d’Âmes.
Lorsque tout le monde comprit la situation, Motoyasu et Itsuki se mirent à orienter leurs assauts contre les ombres, et des Dévoreurs d’Âmes apparurent alors de tous côtés.

— Alors, c’est LÀ qu’ils se cachaient !
— Théoriquement, nos attaques ne devraient pas les affecter !

Ils étaient similaires à des fantômes. Alors, je ne croyais pas que nos frappes physiques puissent les blesser. Nous allions devoir nous reposer sur la magie.

— Quoi ?

Les créatures se rassemblèrent au même endroit et ne formèrent plus qu’un simple Dévoreur d’Âmes gigantesque.
De telles choses se produisaient également dans mon monde. Les poissons agissaient de la sorte, nageant en groupe pour sembler plus imposants et plus dangereux.
Oui, les anchois faisaient cela. Ces monstres avaient l’air de représenter des âmes de poissons, ce qui pourrait expliquer leur comportement. Et pourtant, ils ne constituaient ici qu’une seule entité géante, qui était BIEN plus grosse que ne l’était un seul spécimen lambda.

Un Dévoreur d’Âmes interdimensionnel.

— M. Naofumi, il se dirige vers nous !

Le monstre fixa son attention sur Raphtalia, car elle était à l’origine de la magie de lumière. Cependant, Filo et moi étions à ses côtés, alors la créature nous chargeait également au passage !

— Bouclier d’Air !

Il y eut un fracas métallique, et nous parvînmes à dévier l’assaut du Dévoreur d’Âmes, mais il se mit à foncer dans une autre direction, vers Ren et son groupe.

— Regardez, on l’a débusqué. Maintenant, à vous de le buter !

Motoyasu, Itsuki et Ren me jetèrent chacun un regard mécontent avant de pivoter vers le monstre et de faire pleuvoir leurs compétences dessus. Leurs coéquipiers faisaient tous en sorte de les soutenir, mais des attaques physiques ne marcheraient pas sur ce boss !
Nous n’étions pas préparés pour un tel combat, mais Raphtalia pouvait les aider grâce à sa magie de lumière.

— Filo, sers-toi de ta magie.
— D’accoooord !

Filo invoqua Première Tornade et fut capable d’infliger quelques dégâts au Dévoreur d’Âmes interdimensionnel.
Cependant, je n’étais pas en mesure d’activer Contrôle de la Haine, je n’allais donc pas pouvoir me rendre utile.
Cela se produisit à l’instant où cette pensée me traversa l’esprit. Le monstre commença à préparer une attaque d’envergure.
La bête ouvrit grand sa gueule, et une boule de magie noire se matérialisa, grandissant et s’élevant de plus en plus.
Elle se comporta comme un trou noir, aspirant toute lumière et déformant l’air autour d’elle comme une lentille.

— Épée Pourpre !

Ren bondit en l’air et abattit sa lame sur le monstre.

Quoi ? Une gerbe d’étincelles jaillit de la collision.

— C’est plus dur que je le pensais.

Experts de ce monde via leur jeu, mon oeil. J’avais trouvé la créature à leur place, et ils ne parvenaient toujours pas à la vaincre ?
Si elle s’échappait et réussissait à se cacher à nouveau, nous serions dans de beaux draps.

— Flèche d’Air !

Itsuki déclencha une compétence.

— Lance de Foudre !

Celle de Motoyasu ne suffirait pas à occire le monstre.
Y avait-il un rapport avec ses faiblesses potentielles ? Parfois, cela prenait beaucoup de temps pour discerner ce qui fonctionnait contre des bêtes de type fantôme.

Toutefois, la magie de lumière semblait à même de se montrer un tant soit peu efficace.
La boule de magie noire que le Dévoreur d’Âmes avait libérée parut quasiment entièrement chargée et se prépara à déchaîner son attaque.

— Grouillez-vous ! Cette compétence maléfique va bientôt entrer en action !
— Oh !

Ren s’écria et Motoyasu se tourna, tous deux prêts à charger.

— YAAAAAAA !

Dans un claquement retentissant, le monstre projeta la boule. Elle partit comme un boulet de canon et s’écrasa contre le pont.
Il y eut une grosse explosion noire. Tout le navire fut violemment secoué.
Ce n’était pas bon signe du tout ! L’ennemi était suffisamment puissant pour faire passer tous nos combats précédents pour un simple échauffement.
Avions-nous finalement mis la main sur l’adversaire de trop ? Cela n’avait aucune importance. Si nous désirions mettre un terme à cette vague, il n’y avait qu’une seule solution.
Je descendis de Filo, courus devant les autres, et brandis mon bouclier.

— AAAAAAARH !

Ren, Motoyasu, Itsuki, et leur groupe respectif furent tous balayés par le souffle.
Je sentis la force de l’explosion à travers mon arme.

— Ugh…

Cela faisait un mal de chien. Ce truc était assez fort pour outrepasser ma défense, et ce sur une large zone.
Ren et les autres étaient toujours vivants, mais ils titubaient, les jambes visiblement flageolantes.
Le Dévoreur d’Âmes interdimensionnel avait apparemment remarqué à quel point son attaque s’était révélée efficace, car il en produisit une autre.

ENCORE cette compétence surpuissante ? Hé, donne-nous au moins le temps de nous remettre !
C’était pénible, mais il n’y avait pas trente-six manières de se battre contre cela. Il fallait faire ce que notre ennemi ne voulait pas. Dans les jeux, les développeurs savaient ce qui poussait les joueurs à s’énerver, alors ils s’arrangeaient pour que les monstres ne se comportent pas ainsi. Toutefois, c’était précisément la différence avec la réalité.

— Filo !
— Ouais ! Je sais !

Elle fonçait déjà à toute vitesse vers la bête. Elle bondit dans les airs et la frappa violemment. J’entendis l’impact du coup, mais le Dévoreur d’Âmes interdimensionnel se contenta de rire.

— Filocité ![1]
([1] Le terme d’origine est « High Quick », notamment visible dans la traduction proposée par Crunchyroll dans l’adaptation animée. Dans un souci de ne conserver aucun mot anglais au sein de notre travail, nous préférons proposer ici un équivalent français sous forme de jeu de mots.)

Filo tournoya en arrière après une deuxième frappe, atterrit sur le pont et commença l’incantation d’un sort.
Pendant une seconde, Filo parut étrangement floue.
Il y eut ensuite une série de bruits métalliques rapides, et le monstre recula. Un instant plus tard, il était de retour et préparait l’envoi d’une boule noire sur Filo. Elle avait apparemment trouvé un moyen de le déranger.

— Tu peux pas me toucher !

Filo cria une provocation et courut derrière moi.

Bien joué, Filo. Voilà comment on devait combattre ce truc.
Je préparai mon bouclier et lançai un sort de soin juste au moment où la boule noire explosa devant nous. Je la bloquai avec mon arme, et Filo s’élança pour délivrer une nouvelle attaque.
Pendant tout ce temps, Raphtalia était en train d’utiliser plusieurs sorts de lumière. Sans cela, la créature aurait pu disparaître à nouveau.

— Hiyaa !

Filo fonçait de toutes les directions, assénant des coups dès qu’elle le pouvait et infligeant progressivement de plus en plus de dégâts. Cette chose était coriace. Mais bon, c’était bien pour cette raison qu’elle représentait un boss, n’est-ce pas ?
Si nous avions été dans un jeu, un monstre pareil ne serait apparu qu’à la fin d’un long combat de groupe.
Par rapport aux jeux en ligne avec lesquels j’étais familier, un tel boss était une sacrée paire de manches. Il était du genre à demander un paquet de joueurs puissants et une bonne heure pour en venir à bout.

Quelles étaient nos options ?
Nous pourrions continuer d’infliger des dommages faibles mais réguliers, en espérant épuiser petit à petit le monstre jusqu’à la victoire. Mais cela fonctionnerait-il ?
Plus l’affrontement se prolongeait, plus les environs seraient ravagés.
Même maintenant, des créatures continuaient de se déverser depuis la faille.
Nous n’avions pas le temps pour une telle stratégie. Si seulement il y avait une compétence puissante à notre disposition…
Il existait une solution. Juste une seule, mais qui pouvait tout changer.

Mon bouclier possédait un pouvoir que, peut-être, les autres héros n’avaient pas. Nous n’avions pas vraiment d’autre possibilité.

— Raphtalia.

Elle avait reculé. Je lui pris la main.

— Qu’y a-t-il ?
— Aide-moi.

Elle devina rapidement mon intention.

— D’accord. Je serai votre épée. Je vous suivrai, même jusqu’aux confins de l’enfer.
— Je vais le faire. Écarte-toi.

Cette situation avait fini par m’agacer fortement et, même si je refusais de m’en servir, j’étais curieux de voir quelle puissance cela déchaînerait.

— Filo, si ça dérape, reste avec Raphtalia et ne t’approche pas.
— D’accoooord !

Je regardai une nouvelle fois Raphtalia.

— M. Naofumi !

Elle avait confiance en moi.
Cependant, si je perdais, toutes deux… mourraient.

Par-dessus tout, je ne pouvais pas laisser cela se produire. Je voulais les protéger. Je le voulais sincèrement.
Je ne me laisserais pas consumer par la colère. Je ne le permettrais pas. Promis juré.

Je brandis mon bouclier.
Bouclier du Courroux !

Le cœur du dragon provoque votre croissance !
Branche Maudite : talents du Bouclier du Courroux améliorés !
Bouclier du Courroux II : talent bloqué
Compétence bonus d’équipement — Bouclier de Bascule (attaque), Vierge de Fer
Effet spécial : Brûlure de la Malédiction du Porteur, augmentation de la force, Rage du Dragon, Cri, Frénésie des Compagnons

Qu’est-ce que…
Les derniers souvenirs du dragon se jouèrent sous mes yeux, puisque je m’étais servi de son cœur comme matériau pour mon bouclier.
Un héros doté d’une épée l’avait transpercé profondément dans la poitrine, entraînant la perte de conscience de la bête. La colère qu’elle avait ressentie allait bien au-delà de ce que je pouvais imaginer.
Il s’agissait de la colère née d’avoir perdu face à un humain.
J’étais capable de comprendre quelle déchéance cela représentait, quel terrible événement cela constituait pour un dragon.

Croissance ? Qu’est-ce que cela signifiait ?
Mon bouclier fondit et se reforma. Il semblait à présent fait de charbons ardents, avec un grand motif de dragon couleur rouge sang au milieu.
Mon Armure de Barbare +1 avait également aligné son apparence sur celle de mon bouclier.
Était-ce à cause du cœur du dragon ?
L’armure paraissait différente, maintenant, et elle était recouverte par le dessin d’un dragon noir.

La colère était si forte que ma vision aussi vira au noir. Tout était plongé dans la haine, la colère, et le désir de destruction.
Cette colère, cette haine, elle ne provenait pas entièrement de moi ! Je pouvais voir toute cette rage juste devant moi, rougeoyante, effaçant tout pour ne laisser plus qu’elle. Elle me prit tout.
Non ! Pas ici, pas maintenant ! Je devais lutter pour ceux qui avaient foi en moi ! Pas maintenant !

Chapitre Précédent | Sommaire | Chapitre Suivant

Laisser un commentaire