Tate no Yuusha no Nariagari – Chapitre 55

Vierge de Fer
Traducteur : Team Yarashii

Les flammes du dragon rouge… Le Bouclier du Courroux II avait grandi pour devenir quelque chose d’autre. Je le tournai vers l’ombre noire.

— Aaaaaaarh !

Quand mon cri se propagea, l’air autour de nous parut se rétracter et se fendre, comme si sa voix s’ajoutait à la mienne.

— Yaaaaaaa !

Le Dévoreur d’Âmes interdimensionnel détourna les yeux de Filo pour les poser sur moi.
Ce n’était pas bon signe. Par rapport à ma dernière utilisation du Bouclier du Courroux, l’émotion était nettement plus puissante. Je me sentais sur le point de perdre le contrôle.
Était-ce en raison de l’amélioration de ce bouclier spécial ? Cette « croissance » mentionnée tout à l’heure ?
Ugh… ma vision vacillait.

— M. Naofumi.

Tout à coup, je perçus un doux contact, sans doute Raphtalia.
Je ne pouvais pas… je ne pouvais pas la perdre ici.
Il y avait des gens dans ce monde qui dépendaient de nous pour enrayer la vague. Je ne pouvais me permettre d’être consumé par la rage et la haine. Il ne fallait pas les laisser tomber !

Je me débarrassai de l’ombre noire et secouai la tête pour y voir plus clair.
L’ennemi était là, devant moi. Je le fixai du regard et me préparai.

— U… uaaaaaah !

Ugh ?
Je me tournai et, pour une raison inconnue, je vis Filo enveloppée dans des flammes noires.

— Gaaaah !

Ses yeux étaient les mêmes que ceux d’un oiseau de proie. Elle courut vers le monstre et le frappa violemment.
C’était peut-être parce qu’elle avait mangé le cœur du dragon que j’avais placé sur mon bouclier.
Filo tourna autour de la bête et l’assaillit une nouvelle fois.

— Yaaaa ?

Ses attaques semblèrent faire mouche.
Cependant, elle ne paraissait pas capable d’identifier l’ennemi principal. Elle pivota vers une autre créature non loin et se mit à la frapper.

— Ugh…

Le bouclier menaçait de m’absorber.
Je me précipitai vers le Dévoreur d’Âmes interdimensionnel et le percutai avec mon arme.
Il planta ses dents sur moi, égratignant mon bouclier, mais je ne subis aucun dégât.

Parfait.
Le Bouclier du Courroux II infligea la Brûlure de la Malédiction du Porteur. Il s’agissait d’une contre-attaque déclenchée par un assaut ennemi sous la forme d’une puissance malédiction, capable de réduire un adversaire en cendres.
Je sentis les flammes maudites jaillir en moi. Elles hurlèrent à travers mon corps et pénétrèrent dans le monstre.

— Yaaaaa !

La créature cria de douleur, mais la brûlure n’était pas assez forte pour le consumer entièrement.
Le capitaine squelette, le kraken et le canon du bateau orientèrent leurs attaques sur moi.

— Oh que non ! Épée de l’Étoile Filante !
— Lance de l’Étoile Filante !
— Arc de l’Étoile Filante !

Ren, Motoyasu et Itsuki étaient de retour dans la partie, et ils libérèrent un barrage de compétences sur les ennemis devant eux. Ensuite, ils se tournèrent vers le Dévoreur d’Âmes interdimensionnel.
Ils faisaient du mieux qu’ils pouvaient, leurs attaques touchaient, mais aucune n’était assez puissante pour vaincre leur cible. Leurs adversaires se régénéraient trop vite.
N’y avait-il aucun autre moyen ?

Je me rappelai l’existence d’une autre compétence. Celle que je n’avais pas encore essayée.
Bouclier de Bascule (attaque) et Vierge de Fer.
Toutes deux étaient des compétences issues du Bouclier du Courroux II. J’ignorais ce qu’elles faisaient, mais cela valait la peine de le découvrir.
J’étais quasiment certain que l’enchaînement correct était : Prison du Bouclier, Bouclier de Bascule (attaque), Vierge de Fer.
Cela paraissait impliquer qu’employer les compétences dans un certain ordre pouvait entraîner une réaction en chaîne. Serait-ce une sorte de combo ?

— Prison du Bouclier !

Je pivotai pour voir l’ennemi contenu dans une cage faite de boucliers. Fort heureusement, peut-être grâce aux efforts de Ren et des autres pour attirer son attention, le Dévoreur d’Âmes interdimensionnel s’était laissé prendre.
À présent, il était enfermé dans la Prison du Bouclier.
Le monstre s’en prenait directement à la cage, et celle-ci semblait sur le point de se briser à n’importe quel moment.
Je ne pouvais pas lui permettre de s’échapper. Je ne laisserais pas passer cette chance.

— Bouclier de Bascule (attaque) !

La commande était la même que pour mon Bouclier de Bascule habituel.
J’eus alors le choix parmi une sélection de nouveaux boucliers.
Un de ceux recouverts de piques semblait être le meilleur choix. Je pouvais prendre soit le Bouclier d’Aiguille Animale soit le Bouclier du Dard d’Abeille.
Je m’orientai vers la seconde possibilité.

— … !

Les boucliers qui composaient la Prison du Bouclier devinrent soudain tous des Boucliers du Dard d’Abeille, leur pointe dirigée vers l’intérieur de la cage. Le monstre subit des dégâts.
Les parois les pressaient contre la créature.
Vierge de Fer !
J’étais prêt à m’en servir, quand un paragraphe apparut dans ma tête.

« Le châtiment que j’ai choisi d’infliger aux sombres fous jugés coupables devant moi s’appelle la Vierge de Fer. Ils seront transpercés de toutes parts, drapés dans leurs propres vociférations, et connaîtront alors la véritable souffrance ! »

— Vierge de Fer !

Je criai pour activer la compétence, et un appareil de torture géant se matérialisa dans les airs. Il était grand ouvert, et la totalité de la Prison du Bouclier fut insérée dedans.
Sa porte n’étant pas fermée, je pus voir que l’intérieur était recouvert de larges pointes, sa victime devant se préparer à y rester coincée tout en subissant le supplice.
Une fois refermée, quiconque se trouvait pris dedans finissait empalé de tous les côtés.
La Prison du Bouclier se désintégra, la porte se rabattit avec fracas, et l’ennemi fut transpercé avant même de pouvoir émettre le moindre cri.

Il y eut un son métallique puissant, et la porte de la Vierge de Fer se rouvrit. Le Dévoreur d’Âmes interdimensionnel était tellement troué de partout qu’on aurait dit un vrai gruyère. Affaibli, il tenta de s’échapper.
Toutefois…

La porte se referma à nouveau, et le monstre fut encore empalé.
Au même moment, ma jauge de PC tomba à zéro.
Cette seule compétence avait suffi à l’épuiser ?
La Vierge de Fer était arrivée à court de temps, d’énergie, ou de je ne savais quoi. L’engin de torture se volatilisa.

— Huff… huff…
— Ouah…

Tous ceux présents autour de moi s’échangèrent des murmures, le souffle coupé devant ce qui s’était produit.
Le Dévoreur d’Âmes interdimensionnel était perforé d’une multitude de trous, et il était assurément décédé.

— On a gagné !

Je tentai de contrôler ma respiration saccadée, et changeai mon arme pour adopter le Bouclier de Vipère de Chimère. Je devais trouver un moyen de maîtriser Filo. Elle courait un peu partout d’un air hargneux.
Avec cette version améliorée du bouclier, je n’avais visiblement pas pu m’en servir très longtemps.

— Hein ? Oh là là…

Probablement en raison de la disparition du Bouclier du Courroux II, Filo retrouva lentement son état habituel. Elle s’assit, épuisée.

— Eh ben…
— Tu as réussi.
— Faut croire que oui.
— La vache ! Qu’est-ce qui s’est passé ?

Je me tournai pour voir Raphtalia accourir vers moi et Filo s’écrouler de fatigue.

— On a arrêté la vague ?
— Je suis claqué !

Ren, Motoyasu et Itsuki me dévisageaient tous d’un air envieux.

— Ce coup-ci, on a perdu, mais ce sera différent la prochaine fois.
— C’était quoi, ça ? Après tout ce beau discours sur ton ignorance concernant ce monde, tu nous as sorti un sacré combat.
— Tu as rejoint cet affrontement bien après nous, tu avais donc encore toute ton énergie.

Itsuki avait le cran de me dire cela ? Il voyageait incognito, se livrait à ses activités en secret, et il osait me faire des reproches de ce genre ?

— Quoi qu’il en soit, maintenant, c’est ter…

Hein, c’est quoi, ce bordel ?
J’eus soudain un affreux pressentiment. Chaque muscle de mon corps se contracta.
Les trois autres héros parurent avoir la même impression. Ils balayaient frénétiquement les environs du regard.
L’un des compagnons d’Itsuki fut submergé par la peur. Il tomba au sol. Un effroi d’une force redoutable nous saisit. Si puissant que le Dévoreur d’Âmes que nous avions vaincu n’était rien en comparaison.
Que se passait-il ?

Il y eut un bruissement, et l’ombre d’une personne nous recouvrit.
Était-ce un nouvel ennemi ? Cela en devenait ridicule. J’étais complètement cuit !

— Êtes-vous donc à ce point terrifiés par de si petits monstres ? Il ne semble y avoir qu’un seul véritable Héros parmi vous.

Elle était vêtue d’un kimono d’un noir profond brodé d’argent. Dans mon monde, c’était l’équivalent d’une tenue portée par un proche à la situation financière confortable lors d’un enterrement.
Ce monde-là puisait plutôt son inspiration dans l’Europe médiévale, alors il était étrange de voir quelqu’un arborant un kimono.
Ses cheveux étaient longs et d’un noir de jais.
Elle paraissait japonaise, avec une présence fantomatique dans le même temps.

Presque comme… C’était difficile à décrire, mais elle miroitait en de brefs instants, comme si elle était à moitié transparente.
Elle brandissait une arme en forme d’éventail. Sans crier gare, un faisceau de lumière en jaillit, passant juste au-dessus de notre tête.
Nous nous tournâmes tous pour voir ce qu’il se passait, uniquement pour constater que la lumière avait percuté un autre Dévoreur d’Âmes interdimensionnel qui se glissait dans notre dos.

— Je préférerais me battre sans ingérence de votre part. La bataille à venir est de la plus haute importance.
— Qu’est-ce que…

Le monstre s’écroula sur le pont, tué en une seule attaque.
Ce n’était pas possible. Nous avions dépensé toute notre énergie pour vaincre l’un d’eux, et elle venait de le terrasser en un coup seulement ?
La fille plissa les yeux et me regarda tout en parlant à nouveau.

— Ma foi, de ce que j’ai pu voir du dernier affrontement, tu sembles bien être un Héros. Les autres ne me paraissent pas aptes à combattre du tout, mais, toi, tu es différent.
— Peut-être.
— Quel est ton nom ?
— Tu me demandes ça sans dire le tien ?
— Toutes mes excuses. Mon nom est Glass. Si je devais développer, il ne serait pas erroné de me considérer comme votre ennemie.

De toute manière, je ne comptais pas la voir autrement.

— Naofumi.
— Fort bien, Naofumi. Que débute en cet instant la véritable bataille de la vague !

La fille appelée Glass ouvrit son éventail et s’élança vers moi.
Et merde ! Je venais juste de me servir de la Vierge de Fer et je n’étais pas en mesure de me lancer dans un nouveau combat !
Si j’utilisais le Bouclier du Courroux II, je devrais encore lutter contre son poison. J’avais à peine réussi à m’en tirer. Grâce à Raphtalia, j’avais pu contrôler ces émotions néfastes émises par le bouclier, mais je sentais que ma limite approchait.

— On ne te laissera pas faire !

Ren, Motoyasu et Itsuki brandirent leur arme et visèrent Glass avec leur compétence fétiche.

— Épée de l’Étoile Filante !
— Lance de l’Étoile Filante !
— Arc de l’Étoile Filante !

Les trois compétences filaient vers Glass, lorsqu’elle abaissa le regard et incurva ses lèvres, de manière infime, pour former un sourire.

— Comme c’est mignon… Ronde originelle ! Renversement des saisons (2) !
(2. En japonais, la deuxième partie correspond à 逆式雪月花 Gyaku shiki setsugekka / setsugetsuka. Une traduction littérale en serait « l’expression “Neige, Lune et Fleurs” inversée ». Il s’agit d’une référence à un art d’origine chinoise autant qu’à un poème de Bai Juyi, également appelé « Beauté des quatre saisons ». Par souci d’élégance, tout en conservant à l’esprit le sens originel, nous proposons ici une traduction française remaniée. )

Nous étions en plein milieu de la journée, mais le ciel rouge se mit à luire et à palpiter.
Une attaque se profilait. Je courus vers Raphtalia et Filo, et brandis mon bouclier pour les protéger.
Nous levâmes les yeux pour voir une lune de sang apparaître, silencieuse et puissante, comme si elle avait absorbé les cris de ses ennemis.
Il y eut un éclair d’une lumière rouge circulaire, et les trois autres héros ainsi que leurs compagnons s’écroulèrent.

— GAAAAAAH !

Une espèce de tornade les souleva de là où ils étaient tombés et les envoya valdinguer dans les airs.

— Ugh !

Ils s’écrasèrent une deuxième fois sur le pont.
Bordel. Ils en savaient un rayon sur ce monde, et leur niveau était élevé. Comment pouvaient-ils être défaits aussi facilement ?
Cependant, si elle était assez puissante pour vaincre un Dévoreur d’Âmes interdimensionnel en un coup, quel espoir avions-nous de la neutraliser ?

Nous avions utilisé toutes nos forces contre ce monstre, mais ce combat n’avait été rien de plus qu’un échauffement comparé à celui-ci.
J’avais toujours pensé que nous n’étions pas dans un jeu, mais l’écart de niveau entre nous était si visible que nous n’avions vraiment aucune chance.
S’il s’était agi d’un jeu, j’aurais supposé que c’était un combat qu’il fallait perdre, déclenchant alors un événement particulier. Mais là, nous étions dans la réalité.
Si nous perdions, il n’y aurait aucun moyen caché de nous sauver. La vie n’était pas aussi simple.

De plus, ceux qui savaient déjà tout sur leur jeu et qui s’étaient servis de ce savoir pour progresser plus rapidement avaient été vaincus aussi simplement que cela.
J’avais passé mon temps à essayer de gagner de l’argent. Comment pouvais-je avoir la moindre chance contre elle ?
Tout de même, je ne pouvais pas perdre. Il fallait l’emporter, pour Raphtalia, pour Filo.

— Que vous êtes pathétiques. J’ai de la peine pour vos Saintes Armes. Elles doivent en pleurer.

Sa propre arme était un Éventail en Fer. Elle le tenait déployé de ses deux mains et sa façon de combattre ressemblait à une danse.

— Voilà qui est assurément inattendu.
— Maître, cette fille est super forte !

Les plumes de Filo étaient toutes dressées.

— En effet. Je peux sentir son pouvoir d’ici. Elle est nettement plus forte que nous.

La queue de Raphtalia était aussi tendue, les poils hérissés. Elle tentait manifestement de se contrôler.
J’accourus en direction des héros vaincus, et posai les yeux sur la Salope, qui avait perdu connaissance.
Ces héros sur lesquels elle avait tant compté n’étaient que de simples jouets pour Glass.
Toutefois, qu’étions-nous censés faire ?

Honnêtement, la Vierge de Fer avait épuisé tous mes PC. Je devais au moins trouver un moyen d’en récupérer.
Mais bien sûr. Motoyasu avait couvert la Salope de cadeaux. Peut-être portait-elle une sorte d’outil qui pouvait s’avérer utile ? Ou un voire deux objets sympas ?
Là. Elle avait de l’Eau Magique et de l’Eau Régénératrice d’Énergie Vitale. Quelle sale égoïste.

Le premier objet permettait de recouvrir toute la magie dépensée durant l’activation de sorts, et l’autre restaurait tous les PC utilisés pour une compétence.
Bon, la seconde fiole était si chère que je n’avais pas encore eu la chance de l’essayer. Mais j’avais entendu qu’elle renforçait la concentration et qu’elle rendait la magie plus puissante.

Je choisis de boire l’Eau Régénératrice d’Énergie Vitale. Elle avait le même goût que les boissons nutritives que je fabriquais, mais, en faisant cela, je pus constater que ma jauge de PC remontait.
Oui, elle restaurait bien les PC. En y réfléchissant, Ren et les autres avaient enchaîné les compétences, ils avaient donc forcément eu un moyen d’en récupérer.

— M. Naofumi !

Raphtalia me vit fouiller les poches de la Salope et me cria dessus.
Hé, sérieusement, ils ne se battaient même plus, je n’avais pas franchement de meilleure option.

— Voilà qui est tomber bien bas. Et tu te prétends Héros ?
— J’arrive à vivre avec. Cette femme a fait bien pire que ça. Je ne l’aime pas trop.
— Maître, tu passes pour le méchant !
— Toi, tu te tais.
— Notre ennemie dit vrai, je ne sais que répondre.

Raphtalia soupira. Notre adversaire parut s’ennuyer face à notre attitude.

— Elle n’est pas avec nous, mais elle n’a pas tort.
— On s’en fiche.

Je m’avançai devant le corps des autres héros, et Glass se prépara pour le combat.
Ils n’étaient plus capables de se battre, alors je n’avais pas besoin de chercher un moyen de les impliquer. Glass sembla également le comprendre. Son comportement ressemblait à celui d’un samouraï stoïque. Elle ne désirait probablement affronter que ceux prêts à la défier.

— Fort bien. Je pense qu’il est grand temps de clore notre petite discussion !

Elle ouvrit son éventail et chargea.
Elle était rapide ! Je levai immédiatement mon bouclier. Juste à temps, car j’interceptai son attaque avec, ce qui produisit un écho métallique.
Bon sang ! C’était dur à encaisser. Il ne s’agissait que d’un seul coup, mais le choc s’était propagé au bras portant mon arme, à tel point qu’il était désormais engourdi.
Ses assauts étaient nettement plus puissants que ceux du Dragon Zombie. Si elle était capable d’une telle démonstration de force, Raphtalia et Filo étaient en danger.

— Raphtalia ! Filo ! Faites gaffe ! Celle-là est d’un tout autre niveau.
— Bien compris !
— D’accord !
— Je suis la source de tout pouvoir. Entends mes paroles et obéis-leur, protège-les ! Première Protection !

J’invoquai une magie de soutien sur mes deux compagnons, et la bataille s’engagea enfin.

— Si nous nous affrontons ici, les Héros vaincus nous gêneront. Mes principes ne tolèrent aucune intervention inopinée au sein de notre noble lutte. Déplaçons-nous ailleurs.

Comme si elle avait compris mes véritables intentions, elle sauta hors du navire. Nous la suivîmes.

— Je pense que nous ne devrions pas être dérangés dans cet endroit. Préparez-vous, me voici !

Si l’éventail me frappait sans que je puisse interposer mon bouclier, il transpercerait mes défenses et me causerait une blessure qui me ferait mal. Si cela devait se produire, j’essaierais d’utiliser Premier Soin dès que possible pour la guérir. Mais j’aurais une fenêtre limitée pour cela.
Ses assauts étaient rapides et puissants. Et, plus important encore, elle était intelligente. Cela n’avait rien à voir avec un combat contre un monstre. Elle comprit que ses attaques n’étaient pas aussi efficaces que prévu face à moi, alors elle reporta son attention sur Raphtalia et Filo.

— Je ne te laisserai pas faire !

Je me servis de la Prison du Bouclier. Je l’invoquai sur la position de Glass.

— Ha ! Pathétique.

Elle la détruisit d’un revers de la main.
Toutefois, ce n’était pas ma véritable intention.

— Hiyaa !
— Prends ça !

De cette manière, elle ne remarquerait pas l’initiative prise par les deux autres.

— Ugh !

Leurs attaques couvraient un périmètre plus large que ce que Glass était en mesure de défendre avec son éventail, et le choc de l’impact créa une pluie d’étincelles.

— Tu emploies donc une tactique de combat similaire. Voilà qui est nettement plus intéressant que les autres Héros.

Sa contre-attaque fut fulgurante. Elle ouvrit son arme et tenta de trancher Raphtalia.

Je ne le permettrai pas !
Je sautai devant ma partenaire juste à temps et la protégeai. J’encaissai l’assaut avec mon bouclier, ce qui activa ma propre contre-attaque, Croc Venimeux du Serpent (moyen), et mon arme la mordit profondément.

— Penses-tu donc qu’une simple attaque comme celle-ci me vaincra ?

Le poison semblait inefficace sur elle. Après avoir subi la morsure, elle ne parut pas affectée.
Bien sûr, je connaissais la valeur de sa défense depuis que je l’avais vue parer les attaques de Raphtalia et Filo avec son Éventail en Fer.
Tout de même, elle était trop forte. Ses coups étaient tellement puissants.

Le fait qu’elle avait vaincu les autres héros aussi rapidement montrait bien à quel point elle représentait un incroyable danger.
Franchement, je ne voyais pas d’issue heureuse pour ce combat. Même si je réussissais à nous soigner régulièrement, aucun moyen de vaincre Glass ne me venait à l’esprit. Nous n’étions tout simplement pas assez forts.

— Maître, regarde un peu ma magie !

Filo joignit ses mains et courut droit sur Glass.

— Filocité !

Elle s’était servie de cette attaque lors de l’affrontement contre le Dévoreur d’Âmes interdimensionnel. C’était une technique puissante qui la faisait se mouvoir plus vite.
Pendant une seconde, juste une, Filo ne fut rien d’autre qu’une tache floue.
Lorsqu’elle toucha l’ennemie, elle y mit tant de force que l’air autour vibra, et je ressentis le choc à travers mon bouclier.

— Ugh… cette fille est vraiment coriace ! Elle a subi mon attaque et s’est même pas envolée !
— Oui, tu as été capable de me frapper huit fois durant cette seule seconde. Malheureusement, tu n’es tout simplement pas assez forte.

Quoi ? Entendait-elle par là qu’elle avait pu suivre les assauts de Filo ?
Glass se tourna prestement en exécutant une pirouette, ouvrit son éventail et asséna un coup vers Filo. Elle était notre ennemie, mais je ne pouvais m’empêcher d’admirer ses mouvements gracieux. Elle avait encaissé toutes les attaques de Filo sans broncher.

— Filo ! Encore une fois !
— Je peux pas ! J’ai plus de magie, et j’ai besoin de temps avant de pouvoir recommencer !

Alors, c’était sa botte secrète, son attaque ultime ? Elle n’avait sans doute pas pu l’enchaîner lors du combat précédent non plus.
Ce n’était pas bon signe. Nous arrivions à court de solutions.

Tandis que Filo occupait l’attention de Glass, Raphtalia s’était déplacée dans son dos et elle décocha une frappe surprise. Elle était apparue de nulle part, elle s’était donc vraisemblablement servie de la magie pour se dissimuler.

— Maintenant ! Filo !

Elle avait attendu le moment idéal, celui où Glass exposerait une faille. Celle-ci subirait sûrement de lourds dégâts en étant attaquée depuis le côté.
Et pourtant…

— Que faites-vous donc ?

Non ! Raphtalia s’était glissée derrière Glass et avait visé son dos, mais son adversaire l’avait arrêtée sans même se tourner.

— C’est inutile.

Elle sembla un peu déçue. Elle soupira puis agita son éventail, croisant ainsi la lame de Raphtalia. Son geste parut aussi léger qu’une brise, mais le fracas de son arme contre l’épée démontrait bien la force qu’il dissimulait.

Clang !

— Que…

La lame de Raphtalia… se brisa ?
Jusqu’où s’étendait la force de Glass ? Les Éventails en Fer étaient certes connus pour être à même de réaliser une telle action, mais de là à ce que cela soit si facile ? J’avais utilisé Première Protection sur moi et pris en main mon bouclier le plus résistant, et j’avais à peine pu contrer ses attaques.
À présent, seule Filo avait une chance de la vaincre. Mais elle n’était pas assez forte.

— Ugh…

Raphtalia se replia d’un bond pour mettre de la distance entre elle et l’ennemie. Elle sortit ensuite une autre épée plus petite qu’elle gardait sur elle. Pouvait-elle encore continuer de se battre ?

— Est-ce là votre véritable force ? Pour être franche, j’attendais davantage d’un tel affrontement avec vous.
— Fallait pas se monter le bourrichon sur ça. On fait juste de notre mieux depuis le début !
— Que c’est regrettable.

Le corps tout entier de Glass se mit à briller.
Non ! C’était l’attaque qui avait vaincu les autres héros !

— Raphtalia, Filo !

Glass commença à tournoyer, comme si elle dansait. Cela ne dura qu’une seconde, à peine le temps de bouger ! Raphtalia et Filo se précipitèrent derrière moi.

— Prison du Bouclier !

Je me choisis moi-même comme cible, et nous fûmes immédiatement enveloppés par la cage magique faite de boucliers.
C’était l’autre emploi possible de cette compétence. Elle ne servait pas uniquement à isoler ou clouer sur place l’adversaire. Je pouvais très bien l’utiliser pour nous protéger aussi.
Le mur de boucliers nous couvrirait tant que nous demeurerions à l’intérieur.
Parmi les compétences à ma disposition, celle-ci possédait la défense la plus élevée.

— Ronde originelle ! Renversement des saisons !

Un vent puissant se leva, et un barrage d’Éventails en Fer s’abattit et détruisit la Prison du Bouclier.

— Ugh…

L’attaque était incroyablement puissante. Si elle transperçait cette compétence et nous blessait, il paraissait logique qu’elle ait pu décimer les autres héros.

— Vous allez bien, vous deux ?
— Oui…
— Ça fait mal !

Je me tournai pour voir qu’elles n’étaient pas indemnes. J’appliquai rapidement un onguent curatif sur mes propres plaies. Elles se trouvaient à portée de mon passif, ce qui les engloba aussi dans le lot.

— Impressionnant. Que tu tiennes encore debout après un tel assaut de ma part est une belle preuve de tes aptitudes défensives.

La tornade se dissipa, et notre ennemie s’avança vers nous.
Nous étions dans un sale état, tant physiquement que moralement, mais nous n’avions pas encore perdu.

— Que nous réserve notre duel, à présent ? Ne vas-tu pas utiliser ce bouclier de flammes que j’ai vu tout à l’heure ?

Pensait-elle que je me retenais jusqu’à maintenant ?
Ou pas exactement… C’était plutôt comme si elle attendait que je m’en serve.
Que faire ? Continuer à lutter dans un combat perdu d’avance ? Forcer Filo à fuir et activer le Bouclier du Courroux II, en sachant qu’il me consumerait ?
S’il n’y avait vraiment aucun moyen de l’emporter, devais-je alors accepter le remords né de son utilisation ?

— Très bien. Mais tu ne sais vraiment pas dans quoi tu mets les pieds !

Je basculai pour le Bouclier du Courroux II.

— Gaaaaaaah !

Filo fonça vers Glass à nouveau et délivra une série de coups frénétiques.

— Tes attaques s’avèrent plus puissantes, mais malheureusement…

Glass ne changea même pas de posture.
Toutes les frappes de Filo touchaient leur cible, mais celle-ci ne semblait pas affectée.

— À quoi bon persévérer ?

Elle repoussa légèrement Filo d’un mouvement de son éventail.

— Gah !

Elle l’avait à peine effleurée, mais Filo fut projetée dans les airs sur cinq mètres.

— Ugh…

Comment pouvait-elle être aussi forte ? Si nous avions été dans un jeu, je me serais attendu à être en plein dans ce fameux « événement conçu pour être perdu ».

— Ugh…

Cependant, je me tenais encore debout.
J’allais m’en tirer. Peu importe la haine qui risquait de me submerger, elle n’égalerait jamais la force des sentiments que je ressentais pour ceux qui croyaient en moi.
Toutefois, si je la laissais se déchaîner trop longtemps, cela pourrait devenir dangereux.
Mon visage fut parcouru d’une sueur froide, mais je fis un pas en avant, signalant à Raphtalia de s’écarter.

— M. Naofumi… vous en êtes certain ?
— Ouais, je peux le contrôler.

Je continuai à marcher jusqu’à me retrouver tout près de Glass. Il restait encore de l’Eau Régénératrice d’Énergie Vitale dans la bouteille que j’avais prise à la Salope. Je la bus et récupérai mes PC.
Je me sentis soudain parfaitement apte à me concentrer. Un regain de vigueur m’envahit. J’avais le sentiment de pouvoir contenir indéfiniment le désir de consumation du bouclier.

— Ne te prive donc pas de me prouver ta valeur.
— Tu peux compter sur moi !

Son éventail s’ouvrit et s’abattit sur moi.
Oui, cette attaque était bien plus forte que le Bouclier de Vipère de Chimère. Je brandis mon arme.
La Brûlure de la Malédiction du Porteur s’activa, centrée sur moi.
L’intensité des flammes était proportionnelle à celle de ma colère. Toutefois, j’avais réussi à modérer cette dernière, ce qui avait probablement limité la puissance de la contre-attaque.
Cependant, il s’agissait tout de même d’une malédiction. Raphtalia recula devant un tel spectacle.

L’instant d’après, le Bouclier du Courroux II explosa dans un tourbillon de flammes noires s’élevant en spirale dans le ciel. Glass fut repoussée.

— Quoi ?

Mais cela ne l’inquiéta pas. Elle resta là, placide, comme si le souffle se contentait de la masser.
Était-ce possible ? La Brûlure de la Malédiction du Porteur était la plus puissante contre-attaque que je possédais. Était-elle vraiment capable de se laisser frapper par elle sans réagir ?
À quel point cette fille était-elle forte ?

— Pourquoi continues-tu de ne pas prendre ce duel au sérieux ?

Bordel ! Elle était trop balèze ! Même le Bouclier du Courroux II ne pouvait rien contre elle !

— Est-ce là tout ce que tu peux faire ? Ronde intermédiaire, Éclat de Carapace de Tortue !

Elle tendit son Éventail en Fer en arrière et le propulsa ensuite avec force dans ma direction. Il émit ce qui ressemblait à une flèche faite d’une lumière intense.
Et merde ! Je levai mon bouclier et le sentis vibrer dans une onde de choc puissante. Tout mon corps me fit mal.
J’avais pris des dégâts à travers mon arme.

— Ugh…
— Ainsi, tu peux absorber une attaque d’un tel niveau ? Impressionnant.

Il m’était difficile de demeurer concentré avec la douleur qui m’assaillait. Mais je ne pouvais pas céder. Pas maintenant.

— Pas mal, comme coup.

C’était peut-être une frappe pénétrant l’armure. Ce type d’assaut existait parfois dans les jeux.
Il avait une chance d’ignorer la défense de la cible. Certaines attaques infligeaient même davantage de dégâts à ceux possédant de fortes statistiques défensives.
Était-ce pour cela que les autres héros avaient dit que les porteurs de bouclier devenaient inutiles au bout d’un certain temps ?

Les points d’expérience, dans les jeux en ligne, tendaient à se raréfier et à devenir de plus en plus difficiles à engranger au fur et à mesure de la montée en niveau. J’ignorais quel genre de jeux les autres héros avaient l’habitude de lancer, mais, en ce qui me concernait, j’avais bien quelques exemples à ce sujet en tête.
Le premier était le plus simple. La puissance offensive de l’adversaire pouvait finir par surpasser la force défensive du bouclier.
Ensuite, il y avait l’intérêt de l’esquive, car plus on progressait, plus on était susceptible de croiser des ennemis capables de nous anéantir en un coup.
Enfin, dans les jeux basés sur les armes à feu, l’aptitude des porteurs de bouclier à défendre comptait moins que la faculté d’abattre l’ennemi sous un déluge de feu plus important.

J’avais bien réfléchi aux raisons que chacun pouvait avoir de dénigrer ma classe, mais aucune d’elles ne paraissait s’appliquer à ce monde. Je ne parvenais pas à deviner la véritable explication, mais je n’avais pas d’autre choix que d’aller de l’avant.
J’invoquai Premier Soin sur moi-même pour guérir mes blessures.

— J’ai découvert le point faible de tes attaques.

Glass s’exprima avec confiance et grandiloquence.

— Les flammes noires apparaissent en réponse aux assauts perpétrés dans ton environnement immédiat. Si tu es frappé depuis une certaine distance, rien ne s’active. Alors, tu cries à tes subordonnés de t’indiquer l’emplacement de la cible.

Bon sang. Elle avait tout compris. C’était un véritable bushi (3).
(3. Le bushi est un terme d’origine japonais désignant littéralement un « guerrier gentilhomme ». Se battant principalement à cheval avec un arc, il était chargé de la protection de clans familiaux. À ne pas confondre avec le samouraï, qui appartient à une autre époque tout en remplissant des fonctions légèrement différentes, via notamment un lien de subordination plus marqué que celui liant le bushi à son maître.)

Et, en plus, elle était dotée d’un sens de l’observation très développé.
La première vague s’était achevée sur une bête noire. La deuxième sur une chimère. Cette fois-ci, le boss final faisait montre d’intelligence. C’était un individu.

— Il me suffit donc d’agir de la sorte pour l’emporter. J’abats ton groupe, puis je t’attaque de loin. Ce serait très simple. Mais, honnêtement, de tels stratagèmes ne sont même pas nécessaires dans un tel combat.
— Ugh…
— Viens à moi avec ta compétence la plus puissante.

On aurait dit qu’elle jouait avec moi. Elle ne semblait même pas se préparer à esquiver mon attaque.
Je savais pourquoi. Parce qu’elle jouait bel et bien avec moi.
Si elle parvenait à encaisser mon meilleur coup sans broncher, ce serait sa façon à elle de m’humilier.
Mais je n’allais pas perdre aussi facilement. Je ne pouvais pas me le permettre !

— Ça suffit, ferme-la ! Prison du Bouclier ! Bouclier de Bascule (attaque) !

Glass fut instantanément piégée dans la Prison du Bouclier, et les parois devinrent rapidement des boucliers à même de l’agresser.
Et ensuite…

— Vierge de Fer !

J’utilisai ma compétence la plus récente, infligeant une mort instantanée.
Une pièce en fer massive, à la silhouette féminine, apparut dans le ciel et engloba la Prison du Bouclier. La porte se rabattit et les boucliers furent eux-mêmes transpercés.

— Qu’est-ce que tu dis de ça ?

Cependant…

— Tu es plus puissant que je ne le pensais.

La porte se rouvrit, et Glass était vivante et bien portante à l’intérieur.
La Vierge de Fer n’avait pas infligé beaucoup de dégâts, et elle se décomposa en petites particules qui finirent par s’évanouir.
Elle disparut, laissant Glass toujours debout, et indemne.
Comme si de rien n’était.

— Mais…

Nous n’avions plus d’autre option.

— Fort bien, nous allons considérer cette vague comme terminée, et nous en sortons vainqueurs. Je ne nourris nulle haine à votre égard. Toutefois…

Avant qu’elle puisse finir son discours, l’icône de compte à rebours sous forme de sablier dans le coin de mon champ de vision se modifia subitement.

00 : 59

Une nouvelle série de chiffres fit son apparition.

— Il est déjà l’heure ? Mais c’est bien plus tôt que…

Maintenant ! Raphtalia synchronisa sa respiration sur la mienne et énonça rapidement une formule magique.

— Première Lumière !

Une boule de lumière se matérialisa devant Glass, puis explosa en projetant un violent éclat.
Notre adversaire en fut aveuglée et demeura immobile pendant un moment.
Je basculai immédiatement pour le Bouclier de Vipère de Chimère et courus vers Filo. Elle s’était relevée, prête à se déchaîner à nouveau, mais elle reprit rapidement ses esprits.

— Emmène-nous loin d’ici !
— Attendez !
— Ne doute surtout pas de sa pointe de vitesse. On va réussir à se tirer de là.
— Et, ce faisant, vous iriez jusqu’à saboter les lois régissant les vagues ? Je ne peux vous autoriser à profiter de la situation à votre guise !
— J’en ai ras le bol, j’suis claqué ! Quoi encore ?

J’espérais qu’elle ne songeait pas sérieusement à poursuivre le combat.
Si la Vierge de Fer ne fonctionnait pas, alors j’étais à court d’options.

— Soit. Cette issue est décevante, mais il semble que le temps nous fasse défaut.

Glass partit en direction de la faille géante. Avant d’y pénétrer, elle s’arrêta et se retourna.
Quoi ? Qu’est-ce qu’elle voulait ajouter ?

— Je me retire pour le moment, mais vous ne bénéficierez pas de cette chance deux fois. N’oubliez surtout pas que NOUS sortirons victorieux de cette lutte au sein des vagues. Si aujourd’hui était un exemple de votre véritable force, cela n’est plus alors qu’une question de temps.

Qu’entendait-elle par « nous » ? Elle semblait impliquer une sorte de compétition.
Je ne comprenais pas. Je croyais que les vagues étaient un phénomène naturel et qu’elles allaient détruire ce monde.
En y réfléchissant bien, je pris conscience que personne n’avait l’air de connaître quoi que ce soit sur ce sujet. Il fallait en savoir plus. Au moins, nous avions appris que l’ennemi faisait preuve d’intelligence et constituait une force à ne surtout pas sous-estimer.

Le Sac à merde et sa salope de fille m’avaient vraiment mis des bâtons dans les roues. Nous venions à peine de découvrir l’identité de notre véritable ennemi, l’entité que les héros devaient affronter.
Bon sang… des ennemis, partout où je regardais, il y en avait !

— Naofumi. Je me souviendrai de ton nom. Panse tes blessures et attends mon retour.

Elle hocha la tête d’un air satisfait. Par la suite, elle tua un Dévoreur d’Âmes qui se tapissait près de la faille, puis pénétra dedans avant de disparaître.
Venait-elle d’éliminer l’un de ses alliés ? Glass était humaine, alors elle n’était pas dans le même camp que ce monstre ?
Lorsque Glass se retira, les failles se refermèrent et le compte à rebours s’évanouit de mon champ de vision.

— Fiou…
— Nous sommes parvenus à en sortir indemnes, mais qui était cette femme ?
— Aucune idée.
— Fiooouuuu !

Filo était épuisée et elle s’écroula au sol. L’espace d’un instant, j’eus envie de la rejoindre et faire de même.

— Bon, on a réussi à mettre un terme à cette vague.
— Oui.
— J’suis crevée !
— Moi aussi. Laissons les héros où ils sont et ramassons ce qu’on peut.

Pour être franc, nous avions essuyé une terrible défaite. Comment aurions-nous pu deviner que l’ennemi était si puissant ? Si nous n’avions aucune chance de l’emporter malgré tout le savoir des autres via leur jeu, quel espoir nous restait-il ?
Et que représentait le compte à rebours qui était apparu à la fin ?
Quoi qu’il en soit, il était impératif de devenir plus forts d’ici la prochaine vague.
C’était un constat évident. Si nous ne passions pas la cérémonie de promotion de classe, nous ne survivrions jamais à la catastrophe suivante.

Tout de même, les autres avaient dû la faire, et ils avaient pourtant perdu. Nous avions besoin d’autre chose, une sorte d’avantage décisif.
Ainsi s’acheva la troisième vague de destruction, et nous avions réussi à rester en vie.

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