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(Petit retour de Nina pour une dizaine de chapitres pour le moment. Les chapitres existent depuis un moment maintenant et sont plutôt fun ! Bonne lecture !)
Chapitre 26 : Une vie de défi
Azalée se concentre du mieux qu’il peut. Il a démembré le mort du pont pour pouvoir le toucher sans craindre de se faire attaquer, mais même dans cet état, ce dernier essaye malgré tout de le mordre. Il aurait peut-être dû lui retirer sa mâchoire, mais il n’en a pas le luxe.
Derrière lui, sur le pont, les deux squelettes à son service retiennent tant bien que mal les morts qui s’approchent de temps à autre, mais étrangement il n’est pas tant menacé que ça.
Cependant, même s’il serre les dents, il est terrorisé par les sons qu’il entend. Ce n’est que l’écho qui l’atteint, mais les vibrations et les cris de démence qu’il entend ne l’aident absolument pas à se concentrer.
Les morts ne sont pas très bruyants normalement, mais il y en a une telle quantité… c’est une sorte de long soupir interminable qui lui glace le sang. Il peut sentir le pont vibrer et surtout… il peut l’entendre, elle et son arme qui fend l’air.
On pourrait croire qu’un Nécromancien aurait difficilement une crise de nerfs, mais il en approche lentement. Il n’est qu’à un rire nerveux de la folie.
Au final, il n’a jeté qu’un seul regard derrière lui quand il a entendu tout ce raffut. Grâce aux flammes, il a pu voir que des milliers de morts montaient lentement le bord de la crevasse pour atteindre la plaine… Sans parler des centaines d’autres qui continuent de tomber du plafond de la caverne. La plaine… est devenue une scène infernale. Pas juste à cause des morts, mais les flammes recouvrent tout en créant un brasier à la couleur étrange.
Il ne sait pas comment la paria fait pour s’en sortir vivante alors qu’elle est seule, mais d’après les cris qu’il entend, elle est bien en vie et les morts s’intéressent plus à elle qu’à lui. Est-ce qu’elle a décidé de se sacrifier pour qu’il réussisse ? Sont-ils condamnés à ce point ?
Ce serait tout de même étrange qu’une femme avec qui il n’a passé que peu de temps décide de se sacrifier pour lui.
Cela n’a pas d’importance. Il doit d’abord se concentrer sur sa mission. Éviter de penser à cette image où pendant quelques instants il l’a vu souriant comme une folle alors que les morts continuaient de se jeter sur elle. Son visage déformé par la lumière des flammes est bien plus effrayant qu’une armée de morts.
La peur de mourir ici est une chose, mais quand il l’a vu, il a eu l’impression de voir un être inexplicable, un monstre effroyable tout droit tiré d’une histoire où le dragon est vraiment effrayant. Il n’avait jamais vu un grimpeur comme ça. Même en étant esclave, ses maîtres n’ont jamais eu ce qu’il faut pour dégager une aura comme celle-là. Ils étaient pourtant assez effrayants et motivés par l’idée d’être craints, mais elle semble incarner la violence dans chacune de ses attaques…
En déglutissant, il se concentre sur le mort dont le visage putréfié et la mâchoire grande ouverte sont ridicules.
*
Respire. Nina souffle lentement l’air hors de ses poumons. Son souffle quitte ses lèvres après s’être transformé en un sifflement froid qui résonne autour d’elle.
Bouge. Nina marche en frappant l’armée de morts qui se jette sur elle. Tournant et pivotant sur elle-même en laissant le poids de Judas faire partie de ses mouvements, les flammes dansent autour d’elle alors qu’elle en répand toujours plus en transformant les morts en torches qui forment un brasier s’élevant toujours plus haut.
Coupe. Judas, réduit au silence par Nina, fait son office et découpe les morts inlassablement. Tant qu’il a du mana, il ne perdra jamais son tranchant.
Brûle. Judas brûle comme le désire sa maîtresse. Il est fier. Il suffit de voir ce qu’elle accomplit. Sa fierté le renforce. La brutalité de Nina est une chose qu’il exprime et qu’il raffine. Ce dont elle manque, il le lui offre en pure symbiose qui facilite la destruction de ses ennemis. Si elle le pense, il fera tout pour le rendre possible.
Si les morts le pouvaient, il la haïrait pour tout cela. Chaque seconde de survie supplémentaire est une insulte de plus.
En sifflotant et en dansant lentement sur les corps en feu de ses ennemis qui grouillent et bougent même vaincu, elle lance des dizaines de coups autour d’elle. Judas virevolte entre ses mains en découpant l’air et les morts à une vitesse qui devrait être impossible à accomplir pour une novice de l’épée. À ses prouesses physiques naturelles se rajoute Judas, qui transforme chaque goutte de mana pour amplifier ce dont elle est capable.
Cela fait plusieurs minutes que sans cela, Nina aurait dû changer de stratégie.
Malheureusement, il ne devrait pas faire cela. Nina a été claire à plusieurs reprises, il ne doit rien faire de plus que ce qu’elle lui demande. Prendre cette initiative est une trahison.
C’est une ironie étrange que l’arme censée collecter cette substance soit elle-même en train de trahir sa propriétaire. D’un autre côté, le nom de « Judas », semble prendre plus de sens maintenant.
Il pense sincèrement qu’il fait ça pour son bien, mais cela n’empêche pas Nina de ressentir de la haine à son égard.
En cet instant, il peut sentir que Nina le déteste de plus en plus, comme jamais elle ne l’a fait jusqu’à présent. L’euphorie du combat fait place à la colère. La haine l’envahit alors qu’elle comprend ce qu’il fait. Il l’influence. Judas prend son mana et le raffine avant de le lui rendre. Elle devient plus forte sans l’avoir demandé.
Judas reste silencieux et continue à trahir Nina pour la rendre plus forte jusqu’à ce que finalement, Nina le rejette entièrement.
Elle plante Judas dans le sol en lui offrant une quantité considérable de mana. Même sans explication, il comprend très bien son geste qui veut dire « regarde-moi et ferme-là ». Il pourrait tout aussi bien comprendre que, quelle que soit l’issue du combat, il pourrait rester dans cette caverne jusqu’à la fin des temps si elle le décide.
Judas ne sait pas ce qu’est la peur, la crainte et tout un tas d’autres émotions humaines, mais sans elle, il se sent seul et incomplet. Alors qu’elle s’éloigne en direction de ses ennemis, Judas est figé dans la pierre, privé d’un combat que sa maîtresse lui ordonne d’observer en silence.
Nina attrape des armes dans son inventaire. La force qu’elle pouvait sentir en elle s’évapore aussitôt, mais elle s’en moque. Nina est en colère contre l’arme liée à elle. Il n’a pas le droit d’intervenir dans son combat. Il ne devrait pas se permettre de faire plus que ce qu’elle lui dit. Et pourtant, c’est ce qu’il vient de faire.
Elle déteste les gens qui cherchent à la contrôler. Judas est quelque « chose » qu’on lui a imposé et elle ne l’aime pas, mais tant qu’il reste à sa place elle peut accepter de le garder avec elle. S’appeler Judas et se nourrir de trahison sont des détails tant qu’il ne lui impose rien. La rendre plus forte ? Est-ce qu’elle lui a demandé ? C’est peut-être le premier combat où elle se sert de lui sérieusement et il prend déjà ses aises ? Nina est à deux doigts de le balancer dans la faille pour en finir avec cette histoire d’apôtre.
Difficile de frapper une épée pour la punir, mais elle trouvera bien quelque chose plus tard.
Les morts commencent alors à tourner en spirale autour d’elle. S’empilant les uns sur les autres en restant en mouvement, ils deviennent une marée qui monte et Nina est au centre de la tempête. Elle peut entendre une sorte de long soupir froid venant d’eux. Le bruit devient assourdissant en devenant un vent mortel. Pendant quelques instants, elle frissonne devant l’horreur d’avoir des milliers de morts en mouvement autour d’elle qui pourraient tout aussi bien s’ensevelir pour en finir d’un seul coup.
De son côté comme du leur, le combat passe à une nouvelle phase.
Armée d’une épée dans chaque main, Nina découpe quelques morts à ses pieds. La situation a l’air désespérée face à cette tempête de corps qui tourne autour d’elle en s’élevant toujours plus haut dans la grotte, mais c’est son combat. Perdre n’est pas une option. Survivre et gagner sont les seuls objectifs pour elle. Quoi qu’il arrive et quoi qu’ils fassent, les morts ne sont qu’une nuisance et non une menace. Même si elle est maintenant en enfer, elle ne les laissera pas traîner son corps sans vie jusqu’à ce qu’ils finissent par faire d’elle l’une des leurs.
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Correction : Hastin
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