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Hyrkil l’elfe obèse chapitre 2

Chapitre 2 : Abordage

          L’équipage du marchand hobbit tenait bon contre les pirates humains, mais leurs pertes s’avéraient quand même conséquentes. Plus d’un quart des marins de l’hobbit trouvèrent la mort. De plus les bandits des mers n’avaient pas employés toutes leurs ressources, il y avait à bord de leur navire, un capitaine ayant des pouvoirs de sorcier qui ne se mêlait pas au combat. Il savait que le combat avait coûté la vie de ses plusieurs hommes. Cependant il avait une priorité plus importante, s’il participait à la bataille, sa transformation en démon du Néant serait retardée de plusieurs semaines. En effet le sorcier se jetait sur lui-même des sorts pour devenir progressivement un démon, or sa transformation mobilisait l’essentiel de ses forces magiques. Si le mage noir se détournait de sa transmutation, en jetant un seul sort non lié au rituel de changement, il serait contraint à devoir attendre plus longtemps avant d’évoluer en démon.

            Pourtant s’il ne faisait rien il risquait de voir plus tard son bateau couler ou de subir une mutinerie, la résistance des marins ennemis s’avérait opiniâtre. Chaque matelot du marchand qui périssait emportait dans la tombe ou blessait gravement un adversaire. Alors que la plupart des pirates trimait dur et versait du sang, le sorcier restait tranquillement dans sa cabine. Cela contrariait très profondément certains des hommes du mage noir, ils projetaient d’attaquer sournoisement leur maître, si celui-ci ne daignait pas se joindre au combat. Sentant l’hostilité manifeste de ses scélérats, le mage noir décida de passer à l’action. Il neutralisa en deux trois mouvements les ennemis, il ne tua pas tous les adversaires, il en garda certains en vie afin de demander plus tard une rançon.

          Le sorcier quand il vit le bateau d’Hyrkil se demanda quoi faire, il avait envie d’accroître ses richesses, mais il sentait que les occupants du navire représentaient un défi important. Le temps de la réflexion ne dura que quelques secondes chez le sorcier, mais cela fut suffisant pour permettre à Hyrkil le ventru et, ses deux compagnons Alaman et Frêneleau d’aborder le navire des pirates. Le ventru recourut à un sort d’accélération qui permit à son voilier, de se rapprocher à très grande vitesse. Le combat fut rapide, la plupart des pirates furent réduite en cendres en moins de trente secondes. Le sorcier tint moins de dix secondes face à Hyrkil. Les survivants de l’équipage du marchand hobbit, étaient terrorisés, car ils estimaient être tombés de Charybde en Sylla.

           Ils espéraient s’en tirer en échange d’une rançon, mais à la place ils allaient finir sacrifiés en l’honneur de Gargantua le dieu, ou finir dans  la panse d’elfes gargantuesques. Pegoc le marchand hobbit, se retrouvait partagé par des émotions contradictoires, il souhaitait vivre, mais il croyait que le suicide pourrait s’avérer une option sage. Pegoc choisit de supplier pour essayer de préserver sa vie.

Pegoc : Pitié monsieur le ventru, je n’ai pas beaucoup de viande, je ne ferai pas un plat acceptable. De plus les membres de mon équipage sont malades, si vous les mangez, vous serez contaminé.

Alaman : Mon maître ne va faire de mal à aucun d’entre vous.

Pegoc : Ouf quel soulagement.

Alaman (blague) : Il a déjà eu un repas copieux à base de hobbit, il y a peu. Par contre moi j’ai eu l’autorisation de vous goûter.

Pegoc : Non, je ne suis pas un mets convenable pour vous. Je suis un aliment de basse qualité. Tout ce que vous allez obtenir en me mangeant, ce sont des problèmes d’estomac.

Alaman : Je suis résistant, je peux consommer plus d’un kilo de nourriture avariée, sans ressentir de gêne. De plus je suis curieux de connaître le goût du hobbit. Prépare toi à finir dans mon assiette.

Pegoc : Je vous en prie, ne me tuez pas s’il vous plaît.

Hyrkil : Alaman plaisantait, j’ai beau appartenir à la race ventrue, je ne vous désire aucun mal. J’aimerai que vous me considériez comme un allié.

Pegoc : Que voulez-vous dire ?

Hyrkil : Je voudrais des renseignements et, aussi votre protection pour me garantir un débarquement sans heurt dans la ville de Cantan.

Pegoc : C’est tout ? Je vous trouve bien généreux.

Hyrkil : J’ai un intérêt puissant qui me pousse à aller à Cantan, je n’agis pas de manière désintéressée.

Pegoc : Avez-vous l’intention de nuire à des hobbits ?

Hyrkil : Pas du tout, je vous jure sur Gargantua,  que je ne désire pas m’en prendre à des hobbits.

Pegoc : Je peux connaître les motivations de votre voyage ?

Hyrkil : Non mes raisons sont d’ordre privées.

Pegoc : Permettez moi d’insister, si vous voulez que l’on vous fasse bon accueil dans la ville de Cantan, il est nécessaire que vous soyez le plus franc possible.

Hyrkil : Je ne peux pas vous dire les motifs de ma quête. Tout ce que je veux faire à Cantan c’est consulter des livres et des cartes.

Pegoc : Comme j’ai une dette d’honneur à votre égard, je vous aiderai à accoster dans la ville de Cantan. Mais si j’apprends un jour que vous avez profité de votre séjour, pour faire du mal à mes semblables, je m’arrangerai pour vous faire regretter vos actes.

Hyrkil : Ne vous en faites pas, si je tue ou blesse un hobbit cela sera uniquement dans le but de me défendre moi ou mes compagnons.

Pegoc : Je vous invite à attacher avec une corde votre navire au mien. Si vous vous éloignez un peu trop de mon bateau, vous risquez d’être pris pour cible. De plus vu votre poids, nager risque d’être compliqué.

Hyrkil : Entendu, je vais me retirer à bord de mon voilier. J’aimerai discuter avec mes deux camarades.

Pegoc : Très bien, mais avant pouvez-vous soigner les blessures de mes marins ?

Hyrkil : Je suis un manieur de magie noire, vos subordonnés risquent de ne pas apprécier. Surtout qu’ils pourront bientôt trouver des mages guérisseurs assermentés,  à Cantan.

Pegoc : Vous avez raison, autrement accepteriez-vous une invitation à dîner chez moi ce soir.

Hyrkil : Avec plaisir, mais je vous préviens, en tant que ventru, je suis un très gros mangeur.

Pegoc : J’organise parfois des banquets pour plus de deux cents personnes dans ma maison, je devrai pouvoir vous contenter.

          Alaman l’ogre était surpris par le comportement de son maître Hyrkil le ventru. En effet celui-ci ne réclama aucune récompense financière, alors qu’il aimait beaucoup accumuler des richesses. Pourtant il s’avérait en position de demander beaucoup d’argent, Pegoc le hobbit était réputé pour ses richesses impressionnantes, et son grand sens de l’honneur.  Néanmoins le ventru se contentait d’avoir des demandes raisonnables pour ne pas dire modestes. Alaman fut dérouté par le comportement de son maître, il se demandait bien ce qui se passait. Il ne résista pas à la tentation d’interroger Hyrkil une fois de retour sur le voilier de son maître.

Alaman : Je vous trouve bien gentil maître avec le hobbit Pegoc. Trop en fait, vous cachez quelque chose. Peut-être êtes-vous amoureux de lui ?

Hyrkil : J’ai connu des plaisanteries d’un meilleur niveau, Alaman.

Alaman : Bon blague à part, qu’est-ce qui motive votre gentillesse ?

Hyrkil : La situation est très tendue, si je me montre trop gourmand et que je vexe Pegoc, je n’aurai plus qu’à rentrer chez moi. À Cantan on tire à vue sur les ventrus, sans leur laisser le temps de s’expliquer.

Alaman : Vous voulez dire que nous risquons de mourir, si nous débarquons à Cantan ?

Hyrkil : Moi oui, mais pas nécessairement toi et Frêneleau. Vous feriez vraisemblablement un séjour en prison de quelques mois, et vous seriez relâchés, si vous prouvez que vous ne voulez pas nuire aux hobbits.

Alaman : Facile à dire je connais un peu la justice des hobbits. Ceux-ci ont tendance à penser que les ventrus et tous ceux qui leur sont liés, sont coupables de graves crimes.

Hyrkil : Je t’ai averti que ta mission ne serait pas une partie de plaisir. Tu as accepté en connaissance de cause.

Alaman : Je sais, je ne reviendrai pas sur mes engagements.

          L’ambiance détendue et chaleureuse véhiculée par le retour du marchand hobbit Pegoc, devint glaciale et malsaine, quand Hyrkil le ventru devint bien visible pour la foule. Dès qu’il apparut des gardes voulurent l’arrêter, mais Pegoc se porta garant pour le ventru. Il raconta qu’Hyrkil avait sauvé la vie de plusieurs dizaines de personnes valeureuses. Résultat sa présence devait être tolérée dans la ville de Cantan. Les vingt gardes en échange d’une généreuse et discrète donation financière d’une pièce d’or pour chacun se laissèrent fléchir par la corruption du ventru. Ce n’était pas tous les jours que des miliciens recevaient l’équivalent de six mois de salaire d’un coup. Ils réfrénèrent donc leur envie de planter leur lance dans le corps de Hyrkil.

             Mais les gardes avertirent le ventru que la moindre plainte pourrait déboucher sur des conséquences très néfastes pour lui et ses deux serviteurs, que tous trois feraient mieux de ne pas rester trop longtemps à Cantan, sous peine de récolter de sérieux ennuis.

           Hyrkil annonça qu’il désirait juste acquérir du savoir, et lire quelques livres. Quelques-uns parmi la foule murmurèrent en disant qu’un ventru cela ne souhaitait que deux choses, asservir et manger. Qu’il fallait tuer le plus vite possible Hyrkil avant qu’il ne commette des ravages terribles. Toutefois les personnes hostiles restèrent discrètes, elles avaient peur de l’elfe gargantuesque. Il circulait de nombreuses histoires effrayantes sur les ventrus, qu’un seul d’entre eux pouvait couler une flotte de plus de cent navires, grâce à des sortilèges. Que les elfes gargantuesques qui tuaient quelqu’un, condamnaient l’âme du mort à servir de nourriture au dieu Gargantua. Qu’un ventru était capable de transformer en serviteur des forces de la ruine, le plus pur des prêtres. Qu’un elfe gargantuesque en colère passait généralement ses nerfs, sur l’ensemble des proches de ceux qui l’offensaient. Ainsi un homme qui énervait un ventru causait généralement le massacre de ses enfants, son père, sa mère, ses amis, son bétail. D’après une rumeur un ventru pouvait assassiner cent personnes, juste pour punir un humain qui eut la maladresse de renverser du vin sur lui.

          Quand Hyrkil passait dans une rue, le silence s’installait, et les passants faisaient des signes pour conjurer le mauvais sort. Le ventru hésitait sur la marche à suivre, il décida d’aller tout de suite à la demeure de Pégoc pour éviter des confrontations houleuses. Il sentait que tôt ou tard, quelqu’un pourrait trouver le courage de lui chercher des noises. Or la parole d’un elfe gargantuesque ne valait pas grand-chose aux yeux des autorités de Cantan.

            Plusieurs milliers de cantaniens avaient un proche qui finit comme esclave ou nourriture chez les ventrus. Donc même les plus tolérants d’entre eux, avaient tendance à se méfier des gens comme Hyrkil. Même si celui-ci n’était pas animé de mauvaises intentions à l’égard des habitants de la ville où il déambulait.

          Quand il arriva devant la demeure de Pegoc, il fut impressionné, les siens prétendaient que rien n’égalait la splendeur de leurs habitations. Que les membres des races inférieures vivaient généralement dans des endroits frustres, et moins beaux que les domiciles des elfes gargantuesques. Cependant Hyrkil s’aperçut que les dires de ses semblables s’avéraient de la propagande injustifiée. La demeure du hobbit n’aurait pas déplu à un ventru prétentieux, elle abritait un luxe impressionnant. Il semblait que Pegoc aimait montrer sa richesse, le faste de sa maison rivalisait à avec celui des chefs d’état les plus prétentieux. Par exemple la résidence comportait des fenêtres non pas en verre, mais en diamant. Et le nombre de pièces du manoir dépassait la centaine, c’était un exploit dans une cité où les terrains libres valaient une fortune. La richesse du hobbit devait être exceptionnelle, cela arrangeait bien les affaires d’Hyrkil.

            Plus son débiteur aurait de richesses, plus son réseau d’informations devait être étendu. Souvent la fortune était liée à la capacité à collecter des renseignements. Or le ventru suivait une piste ténue, il se basait surtout sur des rumeurs, sa quête comportait de nombreuses zones d’ombre.

          Pegoc prévoyant pour son invité Hyrkil, demanda à ce que plusieurs centaines de kilos de nourriture soient préparés, quand tous deux se rencontrèrent dans la salle à manger. Ainsi il y avait sur une table très longue de quoi nourrir plusieurs dizaines de hobbits affamés. Cependant avec Hyrkil la quantité d’aliments s’amenuisait à grande vitesse.

Pegoc : Vous m’avez dit que vous vouliez consulter des livres et des cartes, mais où cela exactement ?

Hyrkil : Je désire me renseigner à la guilde des explorateurs de cette ville.

Pegoc : Nous les hobbits préservons avec énergie certains de nos secrets. En particulier notre technologie, et les routes terrestres et maritimes que nous connaissons.

Hyrkil : J’ai entendu dire qu’un ami des hobbits, une personne qui avait rendu de grands services à vos semblables, pouvait accéder à vos secrets les mieux gardés.

Pegoc : Ce n’est pas faux, le problème est que vous êtes un ventru. Par conséquent il faudra que vous en fassiez vraiment beaucoup pour être reconnu comme un ami des hobbits.

Hyrkil : Il y a une autre solution, puisque vous êtes un membre estimé de la guilde des explorateurs. Vous pouvez emprunter pour moi un livre de votre guilde.

Pegoc : Les gardiens de la guilde sont vigilants, ils ont des amulettes magiques qui les informent si on leur ment.

Hyrkil : Quel genre de service dois-je rendre pour me faire bien voir ?

Pegoc : Je vous déconseille d’aider avec votre magie noire à la pousse des récoltes, ainsi que la construction d’une machine, ou la conception d’un objet. Si un accident arrive, vous risquez d’être tenu pour responsable.

Hyrkil : Les choix sont restreints, il me reste cependant la lutte contre des bandits ou, la mise à mort de créatures redoutables.

Pegoc : Cela peut être de bonnes idées, mais je vous avertis, il vous faudra peut-être des années pour être reconnu comme un ami des hobbits. À moins que vous ne réalisiez des exploits retentissants.

Hyrkil : Je n’ai pas l’intention de commencer petit, je veux des défis dignes de moi.

Pegoc : Ce que vous convoitez servira t-il à faire du mal à des gens ou des animaux ?

Hyrkil : Cela fera mon bonheur, mais n’engendrera pas de souffrances normalement.

Pegoc : Il y a des skavens qui ont conquis une forteresse réputée de ce royaume. Ils profitent de leur position stratégique, pour lancer des raids et des pillages très meurtriers. Les anéantir serait un très bon début.

Hyrkil : Des skavens crasseux, cela ne me semble pas un objectif très élevé.

Pegoc : Détrompez vous vos adversaires seront des milliers.

Hyrkil : Je peux anéantir plus de mille skavens en moins d’une seconde.

Pegoc : Je ne mets pas en doute votre puissance, mais vous aurez des contraintes, par exemple il faudra que la forteresse demeure intacte.

Hyrkil : Cela me semble trop facile, cependant j’aime bien m’échauffer. Je veux bien m’occuper du bastion.

Pegoc : Les skavens ont des otages hobbits, si vous arrivez à les sauver, votre renommée sera plus grande.

Hyrkil : Ne vous en faites pas vu la facilité de la mission, je n’aurais pas grand mal à délivrer des captifs.

Pegoc (crispé) : Je vous ai vu à l’œuvre, alors je sais que vous êtes un sorcier très puissant. Mais j’ai peur que vous ne preniez trop à la légère votre mission.

Hyrkil : Je sens de l’émotion dans votre voix. Des proches à vous sont détenus dans la forteresse ?

Pegoc : En effet si vous arrivez à ramener en vie mon fils, je vous en serai éternellement reconnaissant. Je jure de faire tout ce qui est en mon pouvoir pour vous satisfaire, si vous permettez à ma progéniture de s’en sortir.

Hyrkil : Ne vous en faites pas, la tâche que vous me confiez est d’une facilité navrante.

          Pegoc le hobbit ne put s’empêcher d’angoisser, à cause des propos confiants d’Hyrkil le ventru. Il avait peur que son fils ne trépasse par la faute de l’orgueil d’Hyrkil. En effet le hobbit grâce à ses solides notions en histoire savait que les arrogants échouaient souvent. Des généraux trop fiers avaient perdu des batailles, juste à cause de décisions trop orgueilleuses, alors qu’ils disposaient de forces très supérieures en nombre, de l’avantage des armes, du terrain et de l’entraînement pour leurs troupes. Il fallait admettre que le ventru avait beaucoup de fierté, qu’il possédait une haute opinion de lui-même. Il disposait de capacité très développées sur le plan intellectuel. Néanmoins l’intelligence ne faisait pas tout, il arrivait que les plans les plus astucieux échouent. Surtout quand une personne se mettait à dédaigner ses ennemis, les considéraient comme des obstacles insignifiants.

           Si les skavens paraissaient insignifiants au premier abord, il n’empêchait que ces êtres à tête et à queue de rat, dotés d’une fourrure, avaient souvent des ressources insoupçonnées. Ils semblaient misérables et chétifs mais ils étaient capables avec leurs mains de concevoir de sacrés outils de guerre. Et sur le champ de bataille, ils pouvaient être ceux qui se tenaient debout à la fin grâce à leur ruse.

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