En cette nuit d’hiver, à l’heure où les habitants dormaient sereinement entre les murs de leur logis, une bête arpentait les sentiers forestiers à la recherche de gibier. Le halo de la lune nimbait sa silhouette massive recouverte d’un poil charbonneux et éclairait ses crocs tachetés par le sang d’une biche tout juste occise. Ses oreilles pointues s’agitaient, tentant de capter le moindre bruit en ce domaine silencieux.
Arrivée à l’orée de la forêt, la créature se tapit sous un fourré épineux puis observa de ses yeux jaunes les champs et les plaines brumeuses qui s’étendaient jusqu’à l’horizon. Son regard s’attarda au loin, happé par un amas d’ombres en mouvance. La bête grogna et les battements de son cœur s’accélérèrent en reconnaissant ces cavaliers vêtus d’un costume écarlate sur lequel rutilait le métal de leurs fusils.
Dès que la menace disparut de son champ de vision, elle se redressa et poursuivit sa route. Soudain, sa queue fouetta l’air avec panache et sa truffe entaillée frémit au fumet alléchant d’une proie. Elle gonfla son poitrail, retroussa les babines et partit en chasse.
***
À plus de vingt kilomètres de là, un homme s’extirpa de sa chambre à pas de velours. Il était agité. La commissure de ses lèvres tressaillait et des spasmes traversaient ses membres raides. Il descendit les escaliers plongés dans la pénombre et se dirigea à tâtons vers son salon. Dans la pièce, il vérifia que les rideaux étaient tirés puis se glissa derrière son bureau et alluma sa lanterne. La flamme vacillante projeta une auréole rougeâtre sur sa face livide aux yeux sombres bordés de cernes et striés de veines carmines.
D’une main tremblante, l’homme prit sa carafe en cristal et se servit un verre d’alcool qu’il but d’une traite. Il ingéra par la même occasion une pastille qu’il cachait précieusement dans un écrin. Sa soif étanchée et les pensées à peine plus apaisées, il entreprit la lecture de l’ouvrage posé sur le rebord du meuble. Il ouvrit avec précaution ce vieux livre à la couverture en cuir bruni, usé par les rouages du temps. Des pages manquaient et des inscriptions demeuraient à moitié effacées ; il lui fallait interpréter entre les lignes pour en dénicher le sens. À la fin de la lecture, il s’attarda sur la postface :
Adieu notre Belle Fédération, laissée aux mains de l’ennemi.
Adieu Charité, Adieu Providence,
Et autres empires diaboliques.
Voilà bientôt un siècle que notre peuple martyr, nouvellement baptisé aranéen, a trouvé jouissance et épanouissement en cette merveilleuse île de Norden, un havre de paix qui je l’espère sera durable et porteur de joie commune à venir. Nous avons beaucoup à apprendre de ce peuple salvateur, ces noréens, aux coutumes étranges et autres bizarreries.
Je remercie chaque jour Jörmungand de nous avoir laissés y accéder et Alfadir de nous avoir laissés y demeurer.
M. Le Comte A. de Serignac
Chapitre 285 : Nuages de guerre (2) [Forteresse souterraine - Afrique] « Il a l'intention de…
Chapitre 3 - The fisherman's widow 3/4 Dans les ruelles, après avoir interrogé bon nombre…
Chapitre 2 : John Spark le journaliste devint une cible à enlever pour Black Fang.…
Épisode 4 : La grande époque de la colonisationbr>Chapitre 55 : Enquête (6) Il a…
Pour donner vos impressions n'hésitez pas à mettre des commentaires ! Vos appréciations sont…
Merci aux donateurs du mois pour la Tour des Mondes ! ! Leslie V.// Gobles…
View Comments
Merci pour ce chapitre
Merci, je vais essayer de poster les 10premiers aujourd'hui. J'attends la reponse de faraway pour savoir si tout est correct niveau mise en forme et références.