Chapitre 108 – Dépression et espoir
Allongé dans son lit, cloîtré dans sa chambre, voilà maintenant quatre jours que Théodore n’avait pas quitté le manoir. Il s’était fait porter pâle et était parvenu à trouver un mensonge crédible pour justifier la cause de son état auprès de son père. Il se sentait vidé, ôté de toute vie, comme mort.
La révélation de la duchesse, si cruelle et impitoyable, l’avait anéanti. Il n’aurait jamais cru qu’un tel acte puisse être porté sur une personne de si haute lignée. Il revoyait à travers ses yeux cette lueur emplie de détresse, cette peur viscérale de la voir soumise, totalement impuissante et désarmée. Depuis combien de temps cachait-elle ce traumatisme ? Était-ce un fait récent, l’origine de son malaise en pleine rue peut-être ? Ou bien était-ce plus ancien. D’ailleurs, il se demandait quelle pouvait être la nature de ce mal ; avait-elle été harcelée, battue, voire même violée ?
Pris d’un haut-le-cœur, il ne voulait songer à cette dernière proposition qui semblait, hélas, la plus crédible d’entre elles. Ayant jadis été le bourreau de la rouquine, la honte et la culpabilité l’envahirent. Il comprit alors pleinement les conséquences désastreuses qu’un tel acte pouvait engendrer, les traumatismes néfastes qui en découleraient et qui marqueraient à vie la personne souillée. Il fut gagné par un profond dégoût envers lui-même et ne cessait de penser à Blanche, s’inquiétant pour elle chaque minute écoulée.
Ce qui l’angoissait davantage était le comportement d’Irène qui ne semblait pas avoir été mise au fait de cet événement et se comportait comme à l’accoutumée. Savait-elle que sa fille et lui s’étaient disputés ? Ou même, savait-elle que sa fille avait subi une agression ? Blanche conservait-elle ce secret sans que personne, hormis son bourreau, ne soit au fait de ce drame ?
Il se mit à la fenêtre qu’il ouvrit en grand et laissa entrer un filet d’air frais dans cet espace clos à l’atmosphère étouffante. Il grelottait. Le vent crépusculaire était glacial et hérissait les poils de son corps, seulement couvert d’un ample pantalon. Alors qu’Emma entrait pour apporter son repas, il essuya ses yeux et se retourna.
— Vous allez mieux maître ?
— Puis-je te parler ? demanda-t-il d’une voix enrouée.
Sans un mot, elle hocha la tête et, sous son invitation, alla s’asseoir sur le rebord du lit, à ses côtés. Théodore se racla la gorge et commença faiblement :
— Ça va être très dur pour toi comme pour moi d’aborder ce sujet, mais je tiens à le faire.
— De quoi s’agit-il ? s’inquiéta-t-elle. Vous voulez que je vous rembourse ? Vous ne voulez plus que je parte ?
— Oh, non ! ce n’est pas de cela qu’il s’agit.
À ces mots, elle soupira de soulagement.
— Non… je voudrais juste… enfin… je voudrais reparler avec toi de « l’accrochage » que nous avions eu tous les deux il y a longtemps.
— Quand vous m’aviez violée ? annonça-t-elle crûment.
Ce mot désarçonna le marquis.
— Oui, murmura-t-il en baissant la tête, je voulais… enfin, je voudrais juste m’excuser pour ce que je t’ai fait ce jour-là. J’ai été égoïste, j’avais envie et tu étais là… en plus on l’avait déjà fait plein de fois et tu étais ma domestique…
Il déglutit péniblement et poursuivit :
— Je m’étais excusé à l’époque, mais plus par obligation que par réel poids de culpabilité. Et je me rends compte maintenant à quel point ce que je t’ai fait est ignoble. Je n’aurais pas dû et maintenant que tu t’apprêtes à partir je tenais à m’excuser réellement pour ceci. Et je ne sais pas si un jour tu me pardonneras mais au moins, je voulais te faire part de cette pensée. Et te dire à quel point je suis désolé à présent. Sincèrement.
Un silence s’installa. La mine renfrognée, Emma frottait ses mains moites. Elle hoqueta et dit à voix basse :
— Je sais que vous ne vouliez pas me faire de mal. Que vous vouliez que je coopère car vous aviez besoin de vous défouler. L’ennui est que vous vous fichiez complètement de ce que je pouvais vous dire. Vous m’avez malmenée, vous m’avez forcée et vous m’avez humiliée. Et après, alors que j’avais mal et que j’étais allée me confier à ma supérieure, vous m’avez ri au nez et vous m’avez traitée de menteuse pour qu’après avoir parlé avec votre père, vous soyez venu vous excuser. Et le pire c’est que vous l’avez fait non pas par honte mais par peur de représailles ! Jamais je ne m’étais sentie autant souillée. Vous avez brisé quelque chose en moi ce jour-là. J’aurais pu vous excuser si vous aviez été sincère dans vos remords. Mais ce n’était pas le cas. Après, le temps a passé depuis et j’ai appris à faire fi de cet événement.
Elle renifla puis ajouta d’une voix tremblante :
— Donc oui je peux vous excuser mais jamais je ne pourrais vous pardonner. Je préférerais même vous rendre votre argent et annuler mon mariage plutôt que de vous accorder mon pardon.
Les larmes au bord des yeux, Théodore l’écoutait en silence. Il sentait son ventre se tordre et suffoquait à l’entente de ses justifications. À la fin de leur discussion, il la prit dans ses bras et l’enlaça.
Le soir, Théodore arriva dans la salle à manger où son père, toujours aussi jovial depuis que la duchesse mère partageait sa vie, l’attendait pour le dîner. Sans entrain, il s’installa et commença à piocher dans son assiette.
— Je te trouve bien maussade ces derniers temps, nota Mantis après avoir fini sa bouchée, souhaites-tu en parler ?
Le fils soupira et haussa les épaules.
— Je ne sais pas trop quoi dire vous dire…
— Laisse-moi deviner, c’est encore à cause de ta belle-sœur ? Tu t’es disputé avec Blanche ?
Le brunet regarda son père avec étonnement.
— Comment le savez-vous ?
Wolfgang eut un petit rire et lui servit un verre de vin.
— J’ai vraiment l’impression que tu me prends pour un aveugle ou un ignare parfois, jeune homme. Sache que je connais parfaitement cette expression sur ton visage. M’est avis que tu as fait quelque chose dont tu n’es pas fier et que tu tentes par tous les moyens de me le dissimuler et de faire comme si ton mal-être n’était dû qu’à un mal quelconque. Allez, bois donc, cela te fera du bien.
Théodore obtempéra et porta le verre à ses lèvres, buvant une première gorgée qui lubrifia sa gorge sèche.
— Ce n’est pas vraiment ce que vous croyez… c’est juste qu’elle est compliquée, je ne sais pas comment m’y prendre avec elle, j’ai beau essayer de la comprendre, chaque fois je m’y prends mal et la blesse.
— Ah ! les femmes ! S’il était si simple de les capturer crois-moi mon cher qu’elles seraient bien moins attrayantes pour nous les hommes. Tout l’art de la séduction vient de là et il n’y a rien de plus glorifiant que de se sentir valorisé par la femme que l’on convoite. De voir à travers ses yeux tout l’amour qu’elle nous porte et de s’adonner à nous sans frein ni malaise.
— C’est étrange, ricana Théodore, vous ne disiez pas cela l’an dernier. Je ne vous pensais pas à la merci d’une seule femme. Vous qui prôniez la liberté et l’émancipation.
Le père pouffa et tapota l’épaule de son garçon.
— Les temps changent mon fils. J’ai l’impression de me retrouver plus de vingt ans en arrière et je m’aperçois une nouvelle fois que le partage d’une vie à deux à ses avantages non négligeables. Tu t’en rendras bien compte lorsque celle que tu convoites commencera à s’ouvrir à toi, une fois que tu l’auras séduite et attrapée dans tes filets. Le coup de l’opéra était sacrément bien joué, je ne sais pas ce que tu as fichu pour avoir si mal terminé la soirée.
À l’entente de ces mots, le visage de Théodore s’empourpra. Il eut soudainement très chaud et déboutonna son col.
— Je ne sais pas ce que vous vous imaginiez entre moi et Blanche mais sachez qu’il n’en est rien ! assura-t-il en secouant sa chemise. Et comment avez-vous su pour…
Mantis plissa les yeux et lui adressa un sourire malin. En voyant son regard, Théodore comprit.
— C’est vous qui avez acheté les places, n’est-ce pas ? tenta-t-il à mi-voix.
— Tout à fait et au vu de leur prix sache que je suis quelque peu déçu que tu ne sois pas parvenu à tes fins.
— Mais comment saviez-vous pour… qu’importe… de toute façon, je doute pouvoir obtenir d’elle plus que le statut de beau-frère.
— Tu abandonnes bien vite, c’est fort dommage ! Dire qu’elle sera là demain et qu’Irène et moi serons fort occupés pour organiser notre soirée. Il serait fâcheux de la laisser seule dans un coin.
— Que voulez-vous dire par là ?
— Nous organisons un dîner afin de célébrer nos unions respectives ainsi que la naissance du dernier duc de l’île. Le marquis de Lussac, sa femme ainsi que le fils et Meredith seront présents. Il en sera de même pour Blanche et Irène. Ma tendre duchesse sera présente dès la fin de matinée pour m’épauler. Étant donné qu’il vaut mieux limiter les aller-retour inutiles, ta belle-sœur sera par conséquent ici aux alentours de dix heures. J’ose espérer que cette opportunité permettra d’apaiser quelque peu les tensions entre vous.
Théodore posa ses couverts puis s’essuya la bouche.
— Nous verrons bien, marmonna-t-il en se levant pour regagner sa chambre, la tête basse.
Le lendemain, après une nuit fort agitée à l’idée de la revoir, Théodore s’attarda dans la salle de bain, tentant désespérément de masquer les signes de fatigue présents sur son visage. Lorsqu’il descendit dans le hall peu avant dix heures, des bruits de sabots résonnaient dans la cour du domaine. Sans aucune conviction, il rejoignit son père dans le salon et patienta l’arrivée des deux femmes céans. Irène entra, suivie par sa fille qui, comme à l’accoutumée, affichait un visage de marbre malgré des yeux quelque peu voilés.
Une fois les salutations faites et les amants éclipsés, Théodore se retrouva seul en compagnie de la jeune duchesse qui paraissait tout autant nerveuse dans cette posture droite et ses mains aux doigts entrelacés. Elle évitait son regard pour se focaliser sur les jardins qui s’ouvraient à travers la fenêtre.
— Ça te dit une balade dans la cour ? tenta-t-il à mi-voix afin de couper court à ce silence latent.
Sans un mot, elle acquiesça. Pour ne pas paraître suspect devant les domestiques, il lui tendit son bras afin de l’escorter. Après une hésitation, elle glissa fébrilement ses doigts sur sa manche et marcha à ses côtés. Ils descendirent les marches et partirent en direction des jardins fleuris, situés à l’arrière du domaine où de gros arbres aux formes voluptueuses s’élevaient, accompagnés de statues, fontaines et bancs ; un espace consacré à la méditation fort appréciable en cette journée d’ensoleillement. Arrivés à l’ombre d’un vieux saule, il l’entendit renifler puis s’éclaircir la gorge.
— Je suis désolée, murmura-t-elle faiblement.
Il arrêta sa marche et la regarda, surpris de la voir s’excuser ainsi. Elle avait la tête basse et serrait fortement ses doigts contre son bras. Il ouvrit la bouche pour lui répondre, mais elle renchérit aussitôt :
— Je… je voulais pas que ça se passe comme ça… je ne voulais pas te faire de peine… mère m’a appris que tu n’allais pas bien et… et je sais que c’est à cause de moi.
Elle hoqueta et ajouta d’une voix enrouée :
— Et je m’en veux ! Je ne voulais pas te repousser… je pensais que j’étais prête. Je pensais vraiment que j’y arriverais… surmonter mes angoisses mais… et je sais que c’est à cause de moi que tu souffres aussi… et je ne voulais pas que tu saches que… que tu saches pour ça…
Elle renifla à nouveau et ôta sa main pour sécher ses larmes. Ne sachant que faire, il déglutit et passa une main dans son dos. Il effectua de longs va-et-vient langoureux, ressentant les soubresauts successifs qui traversaient la demoiselle. Son cœur battait aussi vivement que celui d’un moineau et son souffle saccadé manquait de la faire s’étouffer. Pour la rassurer, il la serra contre lui et posa une main sur sa nuque, la massant de la pulpe de ses doigts.
— C’est de ma faute, ma Blanche. J’aurais dû m’en rendre compte depuis longtemps. Oui j’ai souffert depuis ce soir-là. Terriblement même. Mais pas pour ton refus ou parce que tu m’as chassé… enfin, si un peu… bien sûr que je t’en ai voulu pour cela. Mais c’est surtout quand j’ai compris ce qu’on avait osé te faire. Quand j’ai compris ce que tu avais pu subir.
Ils demeurent un certain temps muets ne sachant que dire après ce flot d’excuses, se confondant l’un l’autre comme deux enfants coupables. Elle se recula légèrement et le contempla droit dans les yeux, posant sur lui ses pupilles mouillées aux bords rougis. Puis elle avança timidement sa main pour la poser sur sa joue. Le contact de ses doigts contre sa chair le détendit instantanément.
— Je ne veux pas te faire miroiter des choses, je ne veux pas te faire souffrir ou que tu t’attaches à moi car je ne sais pas comment m’y prendre. J’ai peur de tout gâcher et de te blesser et…
— Blanche, la coupa-t-il, en as-tu envie ?
Il la vit se renfrogner et détourner le regard.
— As-tu envie que l’on s’engage tous les deux ? Je ne te parle pas là de sexe mais de quelque chose d’intime. Partager des choses avec moi comme on le faisait ces derniers temps ? Ça me plaisait énormément, je ne cherchais pas plus. Je me doute que tout aspect de complicité physique te terrorise et je tiens à t’assurer que si jamais tu entrevois ne serait-ce que l’infime possibilité de vouloir tenter une relation avec moi, eh bien soit ! je ne me formaliserai pas de ne pas pouvoir te toucher. Pas avant que tu sois prête. Et j’aurai très à cœur l’idée de te faire oublier ta blessure et de t’aider à te reconstruire, peu importe si ça prend du temps.
Il s’arrêta sentant son cœur battre énergiquement contre sa poitrine surtout lorsqu’elle le regarda avec une douceur telle qu’il n’avait jamais reçue d’aucune autre. Elle se dressa sur la pointe des pieds et déposa un baiser sur sa joue.
Pendant le dîner, assis côte à côte face à Antonin et Meredith, Théodore glissa sa main pour aller cueillir celle de sa duchesse. Elle accueillit favorablement son geste et entrelaça ses doigts aux siens, le visage rosissant, tandis qu’à la commissure des lèvres du jeune homme, un sourire niais se dessinait. Tentant de ne pas s’attarder sur son propre bonheur, il fit circuler une coupelle de fruits secs. Alors qu’il piochait une verrine de sa main libre, son regard se posa sur son père qui, les yeux plissés, leva son verre et lui adressa un subtil hochement de tête.
***
Plusieurs semaines s’écoulèrent et les beaux jours du mois de mai arrivèrent. Les deux amants, complices, savouraient cette chaste relation emplie de légèreté. Les petits gestes tendres devenaient de plus en plus nombreux et insistants. Avec patience, Théodore apprivoisait la duchesse sans nullement la brusquer. Elle commençait à se familiariser avec ses manières qui, jadis, la rebutaient.
Parfois, elle n’hésitait pas, lorsqu’il était assis, à s’installer sur ses genoux et à le laisser l’enlacer. Dans ces moments, il lui accordait des baisers sur la nuque qui la faisaient frissonner et tentait de placer ses mains dans des zones plus intimes, allant même jusqu’à frôler le bout de ses seins d’un revers du doigt ou les glisser sous son étoffe, caressant l’intérieur de sa jambe sans oser s’enfoncer plus loin que la mi-cuisse.
Un soir, alors qu’ils étaient installés sur la banquette du salon plongé dans la pénombre, la pluie commença à tomber, produisant de légers clapotis contre la vitre. Allongé de tout son long et la tête posée sur les cuisses de la jeune femme, Théodore soupira, se laissant bercer par les massages qu’elle pratiquait sur son crâne..
— Je vais devoir y aller, murmura-t-il.
— Tu ne préfères pas dormir ici ? La pluie commence à être de plus en plus persistante, tu n’es pas à cheval et je doute fort qu’un fiacre circule à présent.
— Je pouvais toujours dormir au cabaret mais vu comment tu me proposes si joliment de rester ici je ne vais pas m’en privé ! D’ailleurs, je n’ai pas vu l’heure passer mais mieux vaut ne pas tarder à nous coucher. Enfin, pour moi du moins, il est déjà plus de minuit et je travaille tôt.
Elle acquiesça et se leva pour se rendre à l’étage, suivie par le garçon. Arrivés au palier, éclairé seulement par la faible lanterne, elle s’arrêta devant sa porte et l’ouvrit.
— Avant que tu partes, je prends quelle chambre ? demanda-t-il en prenant sa main pour y déposer un baiser.
Elle fit la moue et baissa la tête.
— J’allais te proposer de dormir… avec moi, articula-t-elle avec une pointe d’hésitation, si bien sûr tu en as envie.
Il sentit son cœur s’accélérer à cette proposition délicieusement alléchante bien qu’il lui serait difficile de trouver le sommeil en de telles circonstances. À moins que…
— Quand tu dis dormir, c’est uniquement dormir où il se pourrait que mademoiselle éprouve une petite envie nouvelle auprès de moi ? tenta-t-il d’une voix aiguë.
Elle pouffa et se frotta les mains.
— À toi de voir, murmura-t-elle, les joues rosies.
À ces mots, le brunet sentit une vague de désir le submerger. Lentement, il la prit par la taille et se laissa glisser avec elle à l’intérieur de la pièce. D’une main fébrile, elle posa la chandelle sur la table de chevet et s’immobilisa, les muscles tressaillants.
— N’ai pas peur ma Blanche, susurra-t-il à son oreille, on va y aller doucement et à ton rythme.
Il approcha son visage du sien et échangea avec elle un baiser timide, aux lèvres pincées.
— Détends-toi ma Blanche, je te promets que si tu trouves que ça va trop vite, on arrêtera, c’est d’accord ? Pour l’instant il faut que tu te détendes. Il n’y a que toi et moi ici et tu es en sécurité chez toi.
Elle le contempla et hocha la tête. Il déposa à nouveau ses lèvres sur les siennes et parvint à les lui délier, engouffrant subtilement sa langue à travers ces rangées de dents si jalousement scellées d’ordinaire. Elle épousa fébrilement son mouvement, le laissant la guider dans cette gestuelle que monsieur, dans sa pratique régulière, maîtrisait.
Avec délicatesse, il la retourna, la plaçant dos à lui, et délassa le haut de l’étoffe, la laissant choir avec lenteur afin d’apprécier au mieux ces formes révélées progressivement. Il pianotait ses doigts sur ces parcelles de peau qu’aucun homme avant lui n’avait jamais explorée, jouissant de cet honneur qu’il se devait d’accomplir le plus dignement possible. Placé juste derrière elle, il écarta l’étoffe pour y dévoiler sa petite poitrine qu’il effleura avec douceur, sentant le bout de ses tétons se gonfler à ce contact. Puis il descendit ses mains, suivant le trajet du tissu et palpant ce ventre où d’infimes taches à peine plus foncées se disséminaient ici et là.
Dès que la robe fut ôtée, seule restait une mince flanelle en dentelle qui lui recouvrait le bas ventre. Il avait à présent une vue intégrale de sa personne, en contre-plongée, mais également à travers le reflet bleuté du miroir de plain-pied. La demoiselle était crispée, les mains agrippées sur les siennes à la manière de serres. Pour la détendre, il ne bougea pas et la complimenta. Elle finit par lâcher prise et à le laisser poursuivre. Il parcourait sa peau lisse et juvénile, au toucher plus velouté que ce qu’il avait toujours imaginé.
Dès qu’elle fut suffisamment en confiance, il l’allongea sur le lit et, après s’être dévoilé intégralement, le sexe fièrement érigé par l’excitation, il se plaça au-dessus d’elle. Avec patience, il guida son oiselle qui, en émoi, finit par déployer ses ailes.
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