Chapitre 147 – Le prédateur increvable
Pour la cinquième fois de la journée, Théodore se réveilla en sursaut. Les médicaments qu’Aurel lui avait donnés pour apaiser son esprit se révélaient inefficaces. Il n’avait de cesse de se retourner, transpirant à outrance. Dès que ses paupières devenaient closes, les cauchemars l’assaillaient. Il peinait à respirer, ressassant la disparition tragique de son père, tantôt transpercé par Friedz, tantôt agonisant par la morsure de la vipère.
Pour assombrir davantage ses songes, Blanche réapparaissait avec fulgurance, soumise entièrement à Friedz qui lui infligeait toutes sortes d’horreurs. Le marquis, impuissant et entravé par une cage invisible, ne pouvait la libérer de son emprise. Il regardait avec effroi sa promise implorante encaisser les assauts brutaux du capitaine, le corps souillé par cette énorme masse sombre sur laquelle un sourire tyrannique était visible, avant d’être achevée d’une balle dans le crâne qui le réveillait instantanément.
En sueur, il se redressa et s’adossa contre le mur, plaquant ses mains contre son visage aussi blanc que la literie. La réalité n’était pas plus enviable que les rêves et la douleur qui tiraillait le bas de son ventre accentuait son mal-être. Lors de son dernier sommeil, il aurait tout donné pour ne jamais se réveiller, songeant aux divers médicaments et plantes toxiques qui se trouvaient à l’infirmerie, si aisément accessibles, qui lui accorderaient une fin rapide.
De toute manière, qu’avait-il à perdre dorénavant ? Personne ne comptait plus pour lui et il ne comptait plus pour personne, c’était un constat implacable. Antonin s’était détaché de lui depuis longtemps déjà, trop occupé et investi dans sa relation avec la duchesse. Il en allait de même depuis que Diane et Victorien s’étaient mariés. Ces derniers temps, il ne lui restait plus que Blanche.
Théodore hoqueta et fondit en larmes. Il se leva avec lenteur et, tout en prenant soin de ne pas aggraver sa blessure, enfila sa veste, emprunte de l’odeur persistante de la rouquine. Il s’extirpa de la chambre et sortit prendre l’air. Dans les couloirs, les gens parlaient avec empressement et lui accordaient un regard désolé, empli d’une pitié bienveillante qu’il détestait recevoir.
Une fois dehors, il arpenta les jardins déserts, marchant sous les arcades noyées sous ce ciel gris. La pluie tombait dru, clapotant contre la toiture et dégoulinant le long des gouttières. Il s’accouda à un muret, juste devant la sculpture d’une licorne endormie. Puis il inspira une bouffée d’air frais et contempla le morne paysage, l’œil vague.
Un bruit étrange l’extirpa de ses pensées ; un choc assourdissant avait résonné sur le toit juste au-dessus de lui. Intrigué, Théodore leva la tête et entendit des pas. Une ombre s’effondra dans les jardins. En apercevant la créature dressée non loin de lui, le marquis écarquilla les yeux, pétrifié devant ce monstre de la taille d’un taureau.
Le prédateur, à l’apparence d’une charogne de lion décomposée depuis des mois, semblait tout droit sorti d’un horrible cauchemar tant la vision qu’il provoquait était irréelle, en dehors de toute conscience humaine. Une multitude d’entailles striait sa peau et une partie de ses tripes pendait en bas de son flanc. Il avait l’œil droit crevé tandis que l’autre était d’un blanc nacré, brûlé, comme tout le côté gauche de son visage couvert de cloques, exhibant sa chair brunie à nue jusqu’à l’os dont plus aucun poil n’était présent.
L’effroyable bête recrachait une quantité astronomique de sang, trop pour qu’il s’agisse uniquement du sien et une plaie béante lui traversait la mâchoire de part et d’autre, faisant s’égoutter un liquide blanchâtre mêlé de rouge. Pour achever ce sinistre tableau, son imposante crinière roussie se terminait en crins noirs carbonisés, dévoilant ses grosses oreilles dont l’une était à demi coupée.
Le félin se redressa tant bien que mal. Une de ses pattes robustes, aux muscles saillants, révélait ses tendons accrochés solidement aux os. Le monstre la plaquait contre lui, peinant à fouler le sol de son membre meurtri. Puis, haletant et le souffle rauque d’une bête à l’agonie, il marcha en direction du garçon, avançant à l’aveugle, les narines dilatées à l’extrême. À la vue de cette chose épouvantable, Théodore ne pouvait esquisser un pas, gisant stupide.
Des hurlements retentirent à quelques mètres de là, un groupe d’infirmiers venait de sortir et d’apercevoir la bête. Cet incident raisonna le marquis qui, reprenant de sa maîtrise, s’enfuit en hâte, regagnant l’intérieur. Il filait droit dans les appartements isolés des von Dorff. Le monstre enragé le poursuivit, excité par l’odeur de sa proie. Il bougeait maladroitement et grognait d’étranges gargouillements. La peur au ventre, Théodore traversa les couloirs obscurs sans se retourner, faisant fi de la douleur qui tiraillait le bas de son ventre que les calmants peinaient à apaiser. Il s’enfonçait dans les corridors étroits de la demeure lorsqu’il repéra Diane sortir de la salle à manger, interloquée par le raffut qui régnait en ces lieux.
— Diane ! va-t’en ! hurla-t-il, essoufflé.
— Mais qu’est-ce que…
Sans qu’elle eût le temps de terminer sa phrase, Théodore fondit sur elle et s’engouffra dans la pièce, la plaquant au sol. La chute leur décrocha un cri et fit sursauter Hippolyte et sa femme présents autour de la table. Le marquis, enivré par l’adrénaline, referma la porte derrière lui et s’adossa contre le bois afin de la bloquer.
— Mais… mais que se passe-t-il ? balbutièrent-ils, sonnés par l’intrusion.
— Fermez-la !
Devant son emportement et son comportement si singulier, l’homme aux allures de corbeau se munit de son arme à feu qu’il pointa en direction de la porte. Diane demeura hébétée, tentant d’analyser la scène. Elle fronça les sourcils et se concentra au mieux ; des bruits de pas lourds tambourinaient contre le parquet. Une respiration sonore et sifflante résonnait derrière la porte, suivie de grognements et de claquements de mâchoires.
Avec des gestes lents, elle rejoignit le foyer et s’empara d’un fusil accroché sur le muret. Puis elle se dirigea au centre, se plaça juste devant sa mère et, comme son père, pointa l’arme en direction de la porte. L’homme invita le marquis à les rejoindre. Celui-ci s’exécuta et se faufila jusqu’à eux le plus silencieusement possible, se pressant contre son amie.
— Qu’y a-t-il derrière cette porte ? chuchota-t-elle dès qu’il fut à leurs côtés.
— Vous ne me croiriez pas si je vous le disais !
Ils le toisèrent avec sévérité. Les sourcils froncés et le nez pincé, la fille paraissait aussi intimidante que le père.
— Un… un monstre, vous êtes contents ?
— Quoi ? Mais ne dit…
Elle n’eut pas le temps de terminer sa phrase que le fauve, alerté par le bruit, enfonça la porte et entra tout croc dehors, hérissant son pelage pour paraître encore plus intimidant. Joséphine hurla. Elle s’évanouit et s’effondra dans un bruit sourd, sa tête ayant cogné contre le rebord de la table. Tandis que, pour la première fois de leur vie, Diane et son père, pourtant chasseurs depuis leur plus tendre jeunesse, ne parvinrent pas à appuyer sur la gâchette, perdant toute contenance. Théodore ne pouvait pas non plus bouger et se contentait de presser le bras de son amie.
Le lion s’approcha. Arrivé à leur hauteur, il renifla la veste du marquis, laissant pénétrer cet effluve chargé de phéromones femelles qui érigèrent à nouveau son sexe, le seul organe semblant avoir été épargné. Un cheveu roux s’engouffra dans ses narines.
Il n’eut pas le temps de lever sa patte pour l’abattre sur sa proie que plusieurs détonations retentirent. Le monstre rugit de douleur à la pénétration des balles brûlantes qui s’enfonçaient avec aisance dans sa chair pourrie. De rage, il se cabra avant de se retourner pour faire face à ses assaillants mais une balle le cueillit en pleine tête. Dès qu’il fut à terre, inerte, Diane et Théodore s’empressèrent de relever Joséphine et contournèrent le lion pour sortir de la pièce. Intrigué par ce spécimen, Hippolyte faisait un pas vers la bête maîtrisée lorsqu’une voix féminine l’interpella.
— Poussez-vous donc ! Ne vous approchez pas de lui !
Abasourdi par cette injonction, l’homme s’exécuta. Sans crier gare, Skand et Sonjà accoururent. Le lion se redressa. Ivre de frénésie, il cracha et feula. Sonjà, hors d’haleine passa une main sur son visage pour y ôter la sueur et le sang. Puis elle dégaina l’épée de son fourreau et prit le manche à deux mains pour la brandir devant elle.
— Sahr ! ce monstre ne veut vraiment pas crever ! Ma parole que même ainsi il se laissera pas approcher facilement ! cracha-t-elle en regardant son avant-bras où l’empreinte des griffes était gravée.
Après l’avoir entaillé, roué de coups, mitraillé de balles, brûlé vif… l’abomination était toujours debout. Pensant l’avoir achevée après que Skand lui eut transpercé la gueule de sa lame puis mis le feu à son visage par la suite, Sonjà s’était approchée de la bête morte ; un manque d’inattention qui avait bien failli lui faire perdre son bras alors qu’elle s’apprêtait à achever le Berserk dans un état similaire à celui qu’il avait actuellement. Parée, elle adressa un coup d’œil à son acolyte.
— M’en veux pas Skand, mais je m’en charge cette fois-ci. On va tenter une dernière manœuvre en espérant qu’on le tue une bonne fois pour toutes !
Le lion feula, effectuant des va-et-vient avec de plus en plus d’aisance. Les chairs de sa peau semblaient se refermer et cicatriser par endroits.
— Pourquoi ce monstre n’est-il pas encore mort ! s’indigna Hippolyte.
Plaqué contre le mur, proche de la cheminée, il parvenait difficilement à tenir son arme tant il tremblait, sidéré par cette créature qui reprenait vie à une vitesse alarmante.
— Un Berserk Ardent ne meurt pas si aisément, répondit Skand, et celui-ci semble avoir plusieurs vies… On l’a déjà tué quatre fois sans succès !
— Sahr ! ma parole que je commence à détester ces satanés Hani ! Saùr ou Fenri auraient été bien utiles. Pourquoi ne sont-ils jamais là quand on a besoin d’eux !
— Tu ne veux pas que je le fasse ? Je peux tenter de le transpercer à un autre endroit cette fois.
— C’est à moi de l’achever ! C’est la tête qu’il faut trancher, je pense et t’as pas la force pour ça mon p’tit Skand ! On fait comme la première fois.
Sans un mot, le chef korpr se munit du revolver et pointa l’arme sur sa cible. D’une voix forte, la cheffe Svingars ordonna aux hommes présents de viser la tête ou les pattes dès que la bête bondira.
— Viens me voir minou ! vociféra la guerrière en s’approchant. Viens me montrer ce que t’as encore dans le ventre. Ma parole que tu vas crever après ça !
Le monstre rugit et se rua sur elle, toutes griffes dehors. Sonjà esquiva l’assaut, sautant sur le côté avec lourdeur tandis que les hommes déchargèrent leurs armes. Les jambes fragilisées et la tête explosée, le lion trébucha et s’effondra sur la tomette en mugissant, l’écume aux lèvres.
Sans attendre, la guerrière sauta sur lui, se plaça sur ses omoplates et serra les cuisses. Puis elle enfonça la lame de son épée en plein sur son crâne, le transperçant de part et d’autre. Enfin, elle l’ôta, se releva et avec toute la puissance dont elle était encore capable, asséna un immense coup sur la nuque de l’animal, qui traversa sa chair jusqu’à percuter le sol dans un bruit métallique assourdissant. La tête s’échoua au sol, roula sur quelques pas avant de s’arrêter, aspergeant le sol d’un tapis de gouttes écarlate. L’œil ouvert et la gueule pendante, le lion gisait enfin mort.
— Je comprends pourquoi les Ulfarks décapitent toujours la tête de leur ennemi, réfléchit Skand en scrutant la bête au plus près, ils ne meurent jamais vraiment sinon.
— Sahr ! vrai !
Elle s’accroupit vers l’animal, se munit de la dague attachée à sa ceinture et arracha une de ses canines. Elle examina son trophée et le rangea dans la poche de sa tunique avant de s’affaler sur la tomette, adossée nonchalamment sur la dépouille du Berserk. Essoufflée et la nuque relevée, elle déploya ses bras le long de la carcasse et respira bruyamment, soufflant comme un bœuf.
— Ma parole ça fait longtemps que j’ai pas eu d’combat de ce genre… même Faràs était pas si farouche… Sahr, que je me sens vieille !
Skand rit et s’installa sur une chaise, se souciant peu des propriétaires des lieux qui, totalement estomaqués, peinaient à reprendre leurs esprits. Il en profita pour examiner ses plaies, plutôt superficielles, mais décrocha un rictus de dégoût en observant la grosse entaille présente sur le bras de son homologue qui suintait, suivant les sillons laissés par les cicatrices plus anciennes. D’un mouvement de la tête, il lui indiqua la plaie qu’elle semblait ignorer malgré la pâleur de son visage et son attitude désinvolte.
Hippolyte fut le premier à redevenir maître de lui-même et proposa à leurs sauveurs une prise en charge médicale immédiate ainsi qu’une généreuse récompense en guise de remerciement. Les deux noréens acceptèrent avec joie le vin posé sur la table ainsi que la nourriture qui était en train de cuire dans la cheminée, dégageant un fort effluve de viande marinée.
Le temps que le repas termine sa cuisson et leur soit servi, Sonjà se laissa soigner sans broncher. La guerrière exposait son bras sur la table, soumise aux soins méticuleux d’Aurel qui fut réveillé pour s’occuper de cette femme chevaline, aux bras faisant trois fois l’épaisseur de ceux de ses patientes habituelles. Sous la douleur, elle ronchonnait et serrait les poings, manquant de briser son verre.
Pendant que les noréens dévoraient la pitance gracieusement offerte, Hippolyte, de Latour et Théodore ne cessaient de les assaillir de questions quant à la nature de cette créature puis, les sachant en ville depuis un certain temps, s’enquirent des événements récents. Skand leur révéla les faits puis conclut en dévoilant qu’Ambre avait été enlevée par les von Dorff et que monsieur le maire l’avait rejointe à la mairie afin de lui porter secours. Cette annonce agita Théodore. Lui qui, une heure plus tôt avait décidé d’en finir, venait de gagner un soupçon d’intérêt à son existence.
— Qu’allez-vous faire maintenant que votre mission est achevée ? s’enquit Hippolyte en examinant la dépouille.
— Retourner au chef-lieu et attendre qu’Alfadir arrive ! maugréa Sonjà en déchiquetant un morceau de viande. Y’a plus vraiment de conflits dehors, les Hani ont presque tous péri et les soldats restants ont fini par se rendre pour épargner un carnage inutile, qu’importe leur honneur.
— Et puis, y’a quelques temps, les cavaliers hundr se sont retirés des rues, ajouta Skand, on n’sait pas trop la raison. Peut-être que l’fait de savoir le maire capturé les a ramenés sur la grand’place. Mais il n’y a plus beaucoup de soldats dehors.
— Alfadir arrive ? s’étonna Hippolyte. Votre dieu Cerf ?
Peu encline à répondre, Sonjà se contenta de grommeler tandis que Skand, plus diplomate que sa consœur, leur expliqua brièvement les enjeux à venir et la venue du Aràn qui laissa l’assemblée pantoise ; aucun de ces gens ne croyait au folklore noréen jusqu’alors.
— Laissez-moi venir avec vous ! annonça Théodore.
— Hors de question !
— Pourquoi cela ?
— J’escorte pas un hundr, surtout dans ton état ! J’veux pas risquer ma peau pour sauver la tienne !
— Mais vous venez de dire qu’il n’y a plus de conflits !
— Sahr ! entre les Hani et vos hundr de Wolden ! J’suis pas sûre que Skand et moi soyons bien accueillis dehors ! Surtout si vos grands chefs savent que le Aràn arrive.
— Vous ne devriez pas bouger marquis ! conseilla Aurel. Votre état ne vous permet pas de vous déplacer. Vous devriez vous reposer !
— Je me fiche de mon état ! Ma blessure n’est pas ouverte et je peux prendre des médicaments pour le trajet. En plus, je n’ai rien à perdre si je me fais capturer.
— Voyons, ce n’est pas raisonnable ! maugréa Hippolyte. Je comprends vos motivations mais c’est une folie que d’entreprendre un tel périple.
Théodore soupira d’agacement. Il réfléchit puis déclara à l’intention des deux chefs noréens :
— Écoutez, je suis marquis ! En plus je connais la duchesse ! Et je seconde le maire en politique ! Emmenez-moi avec vous et je vous promets de tout faire pour promettre une alliance durable entre nos deux peuples ! Je sais que vous recherchez les enfants disparus de votre tribu. J’ai de l’argent, je peux affréter un bateau et engager un équipage pour vous aider à les récupérer, je vous le promets !
Les trois hommes pestèrent devant son comportement irraisonné. Sonjà se frotta le menton et le dévisagea avec dédain, une importante ride du lion dessinée sur son front. Piquée au vif par ses propos et voyant qu’elle ne parviendrait pas à faire changer d’avis, elle étudia sa proposition avant d’échanger un regard à Skand, qui ne paraissait pas contre l’idée de l’emmener avec eux. Elle finit par esquisser un sourire et lui tendit sa main afin de sceller l’accord.
— Très bien, on finit de manger et de se soigner vite fait après on y va. Tâche de pas nous ralentir, car je te promets que tu ne souhaiterais jamais me voir plus énervée que je ne le suis déjà !
Théodore déglutit puis se leva pour se rendre dans sa chambre et se préparer pour l’excursion. Lorsqu’il arriva dans le hall des hospices, un attroupement venait de se former devant l’entrée du domaine, autour de la fontaine. Intrigué, il sortit et remarqua un cavalier en costume noir dressé sur un palefroi ; un homme des von Dorff. Le cavalier parlait d’une voix calme et grave, lancé dans son discours qu’il déclamait avec fougue. La foule captivée affichait des regards scandalisés.
Après avoir terminé, il salua l’assemblée et quitta la place au petit trot. Ayant manqué le début de l’allocution, Théodore s’approcha d’un homme et lui demanda ce qu’il venait d’être dit.
— Le maire s’est rendu. La passation de pouvoir aura lieu ce soir à vingt heures… madame la Duchesse ainsi que monsieur le marquis Desrosiers ont été arrêtés et conduits à la mairie.
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