Tour des Mondes

Tour des Mondes – Nina 17

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Se mettre à table 2 /aka « Un monde sous la Tour des mondes ».

Finalement, ils se réveillent. Nina, installée sur le lit, observe les deux garçons qu’elle a attachés et placés contre le mur. Vu la tête qu’ils font juste parce qu’elle a versé de l’eau froide sur eux, ils semblent qu’elle aurait peut-être dû prendre en considération que ce n’est pas très poli. Tant pis.

— Qu’est ce que tu nous veux la paria ?! Tu veux jouer avec nous et nous étriper c’est ça ?!
— Pourquoi tu ne finis pas ce que tu as commencé, hein ?! Tue-nous qu’on en finisse !!

Pendant un instant, Nina est intriguée par leur réaction. Ils ont l’air d’avoir un peu moins de la vingtaine, mais ils sont déjà certains qu’elle va les tuer ? C’est un peu prématuré d’après elle.

« Bon, les gars. Je vous ai pas invité pour prendre le thé ou pour vous torturer. J’ai besoin d’informations sur où je suis. Selon ce que vous me dites, je vous libère. »

Les deux garçons se regardent rapidement, mais vu la détermination qu’elle peut lire dans leurs yeux, la journée risque d’être longue. D’un regard, elle a constaté qu’ils étaient trois choses. Pauvres, affamés et pas du tout effrayés par la situation. Leurs vêtements sont déchirés, ils sont sales, ils ont la peau sur les os et clairement pas envie de coopérer. Vu la quantité de cicatrices qu’elle a vue sur leur corps, elle gagnera probablement plus à être gentille.

— Commençons gentiment. Où est-ce que l’on est exactement ?
— Pour une paria, tu n’as pas l’air de comprendre que tu es dans une prison, la mémoire te revient ? Quelqu’un t’a frappé trop fort sur la tête là-haut ?
— On avance, merci à toi plouc numéro 1. Si tu dis là-haut, c’est qu’on est en dessous de quelque chose, dis-moi quoi ?
— De la surface, de la tour, ce que tu veux la paria ! Et qui est-ce que tu traites de plouc ?!

Il manque clairement de répartie pour tout le temps l’appeler « la paria », mais ce n’est pas encore le moment de frapper inutilement les gens, surtout quand ils donnent des informations. Donc, elle est sous la surface et la tour se trouve potentiellement au-dessus d’elle. Pour sortir, elle a besoin d’aller vers le haut, c’est assez simple, mais il y a probablement un piège.

— À toi maintenant. Si c’est une prison ici, vous êtes qui ? Des gardiens, des prisonniers ou autres choses ?
— Des réfugiés, ça te va comme réponse ? Abrège avec les questions qu’on en finisse !
— Et vous vous réfugiez de quoi ? Des autres prisonniers ou des squelettes ?
— De tout le monde et surtout de la surface. Tu as l’impression qu’on se fait beaucoup d’amis ici ?
— J’imagine que les squelettes dans le couloir étaient là pour vous, pourquoi ?
— Ils sont là pour tout le monde et aussi pour toi la paria. Ils vont revenir et ils te tueront !
— Celui dehors est en morceaux par terre, donc je ne me sens pas trop menacé je dois dire.
— Quoi !? Tu as tué cette chose !?
— J’ai brisé quelques os. Vous venez d’où ?
— Tu ne le sauras pas ! Plutôt mourir que de te le dire !
— Bon les gars. Je ne suis pas ici parce que je suis quelqu’un de patient. Je me fiche de savoir d’où vous venez, qui vous êtes et le reste en vérité. Je veux des informations sur là où je me trouve, et en échange on évite de se fâcher, je vous donne à manger et à boire, on discute et tout ce passe bien, ça vous va ?

La proposition de Nina semble les faire réfléchir pendant quelques instants. D’après elle, il vaut mieux qu’ils continuent à parler volontairement, mais l’utilisation du mot « paria » et leur façon de répondre commencent à la fatiguer.

— La nourriture d’abord dans ce cas. Après on discutera.
— Vendu.

C’était moins compliqué que prévu, même si au final ça lui donne l’impression de les avoir effectivement invités à prendre le thé. Pour l’instant, Nina pense rester pacifique. Vu l’état des deux garçons, ils ne seront pas une menace. S’ils l’avaient vraiment insultée où s’ils s’étaient moqués d’elle, les choses auraient été différentes. En tout cas, il suffit de voir comment ils ont réagi à son emprisonnement pour comprendre que ce n’est pas la première fois qu’ils le sont eux-mêmes. Ils n’ont pas demandé à être libérés, mais à mourir.
D’après elle, c’est une bonne réponse. S’ils s’étaient mis à pleurnicher, elle aurait fait avec, mais elle préfère clairement leur réaction puisqu’elle aurait probablement eu la même à leur place.

Nina dispose devant eux quelques assiettes de nourriture qu’elle avait stockées dans son inventaire pour son départ. Elle les détache ensuite rapidement en se mettant ensuite bras croisés contre la porte fermée de la cellule.
De l’autre côté dans le couloir, elle peut entendre le mausolée-mobile qui continue à bouger en dessous de la table renversée. Il semble incapable de faire quoi que ce soit dans son état et elle ne se sentait pas à briser tous les os un par un pour s’assurer que c’était fini.

Devant elle, les deux garçons se mettent à manger sans se préoccuper de sa présence. Ils étaient clairement affamés vu la vitesse à laquelle ils font ça.

— Pourquoi t’es là, la paria ?
— Refus de soumission à l’autorité et j’ai frappé quelqu’un qu’il fallait pas. Rien d’incroyable. Pourquoi est-ce que vous m’appelez la paria au juste ?
— C’est comme ça qu’on appelle les grimpeurs qui sont exclus de la surface et qui finissent ici.
— J’imagine que ça me convient bien comme surnom. Vous êtes qui exactement ? Et pourquoi vous êtes là ?
— Moi c’est Dandelion, lui c’est Aster. On est là pour trouver de la nourriture. Quand un paria est emprisonné, sa cellule produit de la nourriture tout le long de sa peine. Toujours plus que ce qu’il peut manger.
— Je ne compte pas rester, donc la cellule est à vous si vous me donnez des informations. Comment on fait pour sortir d’ici ?

Pendant un instant, les deux garçons se regardent. Nina semble avoir touché un point sensible avec cette question. Elle est à la fois curieuse et plutôt pessimiste sur la réponse qu’ils vont probablement lui donner.

— Il faut atteindre un des royaumes pour ça. Le traverser et prendre la sortie. C’est pratiquement impossible de trouver une entrée secrète.
— Et j’imagine que les royaumes ne sont pas des lieux amicaux. Dites-moi ce que vous savez exactement.

Dandelion regarde Aster une fois de plus. Celui-ci lui hausse les épaules avant de se remettre à manger. Ils ont l’air de ne plus la considérer comme une menace. La nourriture semble avoir fini de délier les langues. Même s’ils ne lui font pas confiance vu leur posture, parler ne semble pas être un problème.

— On ne sait pas combien il y a de royaumes exactement. On en connaît que quelques-uns. Il y a celui des prêtres, des morts et des esclavagistes. En dehors de ça, il y a des passages secrets menant à la surface, mais on n’en a encore trouvé aucun.
— Et la surface, elle est loin d’ici ? C’est compliqué de s’en approcher ?
— Plusieurs centaines de mètres. On est beaucoup descendu depuis…
— Depuis ?

Suite à un signe d’Aster, Dandelion n’a pas fini sa phrase. Ils cachent tous les deux quelque chose, mais ça n’intéresse pas spécialement Nina de savoir d’où ils viennent. Vu leur état, ce sont probablement des victimes d’un des royaumes. Sur les trois qu’il a cités, celui des prêtres et des esclavagistes semblent les plus probables. Rien de surprenant que dans un tel univers il y ait des gens qui se prennent pour des rois.

— Et on trouve quel genre de chose sous terre au final ? Cette prison m’a l’air un peu petite pour contenir tous les parias qu’ils doivent avoir là-haut.
— La tour pourvoit des cellules aux prisonniers. De temps à autre, de nouveaux quartiers sont créés dans la roche pour eux, ce qui agrandit encore les souterrains.
— Et ils sont grands comment ? Autant qu’à la surface, là-haut ?
— Les souterrains ? Ils ne font que grandir… Plus le temps avance et plus il est facile de s’y perdre… L’architecture change régulièrement, des niveaux apparaissent et disparaissent. Je n’ai jamais vu la surface, donc je ne sais pas…
— Donc vous n’êtes pas des grimpeurs. Vous êtes des esclaves, c’est ça ?

Aster se lève aussitôt, inquiet de savoir ce qu’elle va faire maintenant. Pour Nina, c’est la réaction qu’aurait probablement un esclave en fuite. Dandelion semble de son côté plus calme et reste immobile, même si son regard indique qu’il sera prêt à se battre si nécessaire. Nina de son côté reste impassible.

— Du calme, mon grand. Je n’ai rien à voir avec ce royaume des esclavagistes, j’ai passé deux jours là-haut avant de finir ici. Avec vos cicatrices, c’est assez facile à comprendre que vous êtes de là-bas. Sinon, c’était les prêtres, puisqu’au royaume des morts il ne doit y avoir que des squelettes, j’imagine. C’était assez facile à déduire. Qu’est ce qu’il y a d’autre dans les souterrains ? Des prisons, des royaumes et c’est tout ?
— Il y a aussi ce qui ressemble à des ruines, mais apparemment ce sont des constructions faites par des grimpeurs… des architectes. Ce sont eux qui s’occupent d’agrandir les royaumes.
— Bien. Il me reste deux questions. Pour commencer, c’est juste une confirmation, mais les lois de la tour ne s’appliquent pas ici, c’est ça ? Il n’y a ni garde, ni juge, ni loi représentant la tour ?
— Non… Je n’ai rien vu qui ressemble à une justice ici.

Vu la façon dont il le dit et la manière dont ils se sont tous les deux figés en regardant le vide en prononçant cette phrase, c’est assez clair qu’il n’y a rien ressemblant au système de la surface. À moins que la tour accepte l’esclavagisme ? Ce n’est pas très clair pour Nina à cause du peu de choses qu’elle a vu de la surface et du pied de la tour. En attendant, si les lois ne s’appliquent pas et qu’ils font ce qu’ils veulent dans leurs royaumes et dans les souterrains, ça va lui permettre de s’amuser un peu. C’est peut-être ce que voulait le vieux Bemos en l’envoyant ici, lui offrir un endroit sans loi où elle aura de quoi s’occuper.

« Pour faire court, moi et Judas, mon partenaire, nous devons tuer des méchants pour devenir plus fort et pour que je puisse me venger. Quoi de mieux que de tuer des esclavagistes pour ça et sortir d’ici. Ce qui m’amène à ma dernière question. Vous n’avez mangé aucun des fruits et moins de la moitié de la nourriture dans les assiettes. Ce qui veut dire que vous voulez conserver de la nourriture pour une raison. Même si ce n’est qu’une supposition, je doute que vous vous soyez libéré tout seul des esclavagistes. Alors, dites-moi, où est-ce qu’il est votre camp que je me trouve des amis avec lesquels tuer des esclavagistes ? »


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Correction : Hastin


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