Yondome Wa Iyana Shi Zokusei Majutsushi – Chapitre 88

 

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Chapitre 88 : Le Roi tire les ficelles

Au début, Vandalieu ne savait pas comment utiliser le Fer de Mort et le Cuivre Sombre, les métaux liquides qu’il avait créés avec son Mana. Mais une fois chauffés, il s’est avéré étonnamment facile de les façonner.

« C’est un métal qu’on ne pourrait voir que dans ses rêves ! » s’écria Datara.

Les poids du Fer de Mort et du Cuivre Sombre étaient les mêmes que ceux du fer et du cuivre dont ils étaient issus, mais puisqu’ils étaient liquides, on pouvait aisément leur donner forme en les versant dans des moules.

Ils devenaient plus durs en chauffant. À la température de fusion du fer et du cuivre, le Fer de Mort et le Cuivre Sombre prenaient une consistance solide, semblable à celle du fer et du cuivre à température ambiante.

Bien sûr, ils redevenaient liquides en refroidissant, mais s’ils étaient frappés au marteau et forgés à l’état solide, ils restaient solides même une fois refroidis.

Datara versa le Fer de Mort et le Cuivre Sombre dans des moules, les chauffa jusqu’à ce qu’ils deviennent des solides faciles à manier, puis les forgea au marteau. Après ce traitement, ils ne redevinrent pas liquides une fois leur température redescendue.

Les épées et les lances fabriquées à partir de Fer de Mort étaient plus dures, plus résistantes et plus tranchantes que celles en acier. Et même si leurs lames étaient ébréchées, tant que les fragments brisés étaient récupérés, ils redevenaient liquides et se fusionnaient à nouveau avec la lame pour restaurer sa forme originale.

Le Cuivre Sombre, quant à lui, convenait mieux à la fabrication d’armures ; il absorbait bien les chocs, résistait aux coups tranchants et au Mana. Et, comme le Fer de Mort, s’il était endommagé, les parties cassées redevenaient liquides et se reformaient sur l’armure.

En outre, peut-être parce qu’ils avaient été transformés par du Mana de l’attribut de la mort, les deux métaux possédaient des propriétés les rendant faciles à enchanter avec des sorts de l’attribut de la mort. Il était simple de créer des épées enchantées de Négation de la Guérison et de Poison Mortel ou des boucliers enchantés avec Absorption d’Énergie.

« Pour une raison quelconque, il semble que seuls le Saint Fils, nous les Morts-vivants et les Ghouls puissions les forger, mais c’est ce qui fait leur charme ! » déclara Datara.

Peut-être que le Fer de Mort et le Cuivre Sombre étaient influencés par le Charme de l’attribut de la mort ; seul Vandalieu pouvait les utiliser pour créer des objets. Cependant, tout le monde pouvait utiliser les produits finis.

Mais comme il avait maintenant Datara, les autres Titans morts-vivants qui l’aidaient et les Fantômes qui étaient autrefois piégés dans le cimetière souterrain de Nineland, ce n’était pas un problème.

Incidemment, si Vandalieu souhaitait retransformer un objet fini en métal liquide pour le recycler, il suffisait de le chauffer, puis d’utiliser Drain de Chaleur pour retirer l’énergie thermique, et l’équipement redevenait liquide en refroidissant.

En versant le Fer de Mort et le Cuivre Sombre, chauffés à température idéale, dans des moules et en les martelant légèrement pour les solidifier, Datara parvint à créer des pièces.

Et ainsi furent créées les pièces de mille Lunas en Cuivre Sombre et les pièces de cent Lunas en Fer de Mort.

« Est-ce que c’est vraiment bien qu’elles soient aussi petites ? » se demanda Vandalieu en tenant une pièce de Luna entre ses doigts. Il semblait préoccupé par le fait qu’elles étaient à peu près de la taille des pièces de un yen japonaises.

« Je suis certain que cela ira, » répondit Chezare avec assurance.

« Mais à l’origine, c’était du cuivre et du fer, tu sais ? » dit Vandalieu.

« Tu as raison… Je ne suis pas certain que nous puissions échanger ces pièces contre des pièces d’or de cent Amid quand nous commencerons à commercer avec d’autres nations à l’avenir, » dit Tarea. « Ce métal était à l’origine du cuivre, après tout. »

« En effet, c’est bien du cuivre, » dit Sam.

« Mais elles sont plus dures que l’or ou l’argent, et elles sont jolies, » dit Zadiris. « Personnellement, je les préfère. »

« Contrairement à l’or et à l’argent, ces pièces peuvent être fondues pour faire des armures en cas de danger, » ajouta Basdia. « Je pense que ce métal est meilleur aussi. »

« Moi aussi, je préfère les métaux durs, » dit Vigaro.

Parce que ces métaux provenaient à l’origine du cuivre et du fer, Vandalieu, Tarea et Sam s’inquiétaient de savoir si ces pièces pourraient être échangées contre des pièces d’or ou d’argent à l’avenir.

En revanche, les Ghouls, ignorants en matière d’économie monétaire, évaluaient les métaux non pas selon leur rareté, mais selon leurs propriétés une fois transformés en armes ou en armures.

Et il y avait un troisième groupe, souriant avec une certaine gêne, sachant que les deux autres groupes avaient tort.

« Je ne sais pas si des pièces de cette taille seraient considérées comme équivalentes aux pièces d’or Amid et Baum, mais – » commença Rita.

« Je pense que les gens accepteront volontiers l’échange, » dit Saria.

« Votre Majesté, non seulement les marchands, mais même les nobles et la royauté produiraient des montagnes d’or… non, des montagnes de pièces de platine pour obtenir ces pièces en Fer de Mort et en Cuivre Sombre, » déclara la princesse Levia.

Pour une raison quelconque, ces trois-là semblaient penser que les pièces en Fer de Mort et Cuivre Sombre auraient une grande valeur.

« Vandalieu-sama, je suis d’accord. Après tout, ce sont des métaux magiques que personne d’autre au monde ne peut créer à part vous. Non seulement la guilde des mages, mais toutes les nations les voudront, » affirma Eleanora.

En effet, la valeur du Fer de Mort et du Cuivre Sombre était incertaine, mais elle serait sans aucun doute élevée. Comme l’avait dit Eleanora, c’étaient des métaux créés par Vandalieu, probablement pour la toute première fois dans l’histoire du monde !

Même si leurs matériaux de base étaient le cuivre et le fer, qui valaient bien moins que l’or et l’argent, Vandalieu était le seul capable de les produire. C’est pourquoi leur valeur était inestimable. Personne ne pouvait vraiment déterminer combien ils valaient en or ou en argent.

« Je vois, » dit Vandalieu. « Alors je suppose que ces tailles conviennent pour l’instant… mais avant de commencer le commerce dans le futur, il faudra réfléchir à la manière d’échanger l’argent. »

À l’avenir, il était possible que le commerce avec des nations étrangères épuise très rapidement les pièces en Fer de Mort et en Cuivre Sombre. Il était également possible qu’elles ne suscitent même pas l’intérêt.

Et ainsi, la circulation de la monnaie Luna débuta, et pour l’instant, tout se passait bien.

« Ça, c’est dix Lunas, et ça, cinquante Lunas, hein… Oh, les pièces en Fer de Mort brillent comme un arc-en-ciel quand on les tient au soleil. »

« La couleur violette des pièces en Cuivre Sombre est jolie aussi, tu ne trouves pas ? Je me demande si je ne devrais pas en collectionner davantage. »

« Bufuh~ Je vais me faire un collier avec des pièces en Fer de Mort. »

Les Ghouls et les Orcs, peu habitués à une économie monétaire, semblaient plus intéressés par la beauté visible des pièces que par leur utilité.

« Recevoir de l’argent est quelque chose pour lequel nous sommes vraiment reconnaissants, et en plus vous nous donnez du travail… Merci, merci. »

« Je suis vraiment content de ne pas être mort à la mine. »

« Nos efforts seront désormais récompensés… mais je ne veux plus être mineur. Je suppose que je vais devenir fermier. »

« À la ferme, apparemment, on enseigne aussi le chant et la danse pour une raison quelconque. Je suis nul en chant, tu sais. »

« Je pense que je vais aller à l’atelier de tofu. »

« Je sais coudre, donc je suppose que je vais devenir couturière. »

« Je vais lancer une affaire. Ça me rappelle l’époque où je vendais du poisson dans le duché de Sauron. »

Ceux qui avaient été forcés de travailler dans la mine de l’esclavage, comme Gopher et les autres anciens réfugiés, ainsi que les habitants du Premier Village de Culture, avaient une certaine expérience de la vie dans des sociétés à économie monétaire, et acceptèrent donc les Lunas sans problème.

Ces personnes non-combattantes, tournées vers la création, étaient précieuses à Talosheim. Jusqu’à présent, seuls quelques Ghouls et Morts-vivants anciennement artisans étaient impliqués dans l’agriculture, la pêche et d’autres secteurs industriels de Talosheim.

En tant qu’anciens esclaves d’une mine, Gopher et les autres possédaient la compétence « Extraction minière » ; maintenant qu’ils étaient libres, il était tout naturel que très peu d’entre eux veuillent continuer le travail qu’ils avaient été forcés de faire pendant deux cents ans… et les mineurs à Talosheim devaient savoir se battre. De ce fait, il semblait qu’ils seraient employés dans les nouvelles usines ou les fermes de Talosheim.

Il en allait de même pour ceux du Premier Village de Culture, mais comme ils travaillaient auparavant comme tanneurs, couturiers ou marchands, il semblait qu’ils cherchaient à retrouver un emploi similaire à leurs activités passées.

Il était incertain qu’il y ait du travail pour eux dans les usines de Golems — où des Golems remplaçaient les robots de production — ou dans les fermes où poussaient des Plantes Monstres, mais de nombreux autres emplois étaient disponibles.

Vandalieu n’avait qu’à fournir un peu de son immense réserve de Mana aux Golems, et ceux-ci travaillaient sans relâche. Mais au final, ce n’étaient que des Golems.

Ils répétaient avec précision les mouvements et procédures qui leur avaient été inculqués, mais leurs usages étaient limités. Surtout, leur capacité à détecter des différences de température trop faibles pour endommager leur corps minéral, et leur aptitude à évaluer l’état actuel d’un produit étaient trop faibles. De plus, ils n’étaient pas adaptés aux tâches de précision.

Ces lacunes seraient comblées par des humains, permettant enfin à Vandalieu de se rapprocher de la production artisanale et industrielle telle qu’on la connaissait sur Terre.

C’était le même principe que la raison pour laquelle le tofu fabriqué par un artisan avait meilleur goût que celui produit uniquement par des machines.

« Les gens sont nécessaires, après tout, » dit Vandalieu, sincèrement heureux d’avoir visité le duché de Hartner.

Incidemment, un système fiscal avait également été instauré. Un impôt sur le revenu avait été introduit.

« Votre Majesté, vous ne pouvez pas être sérieux avec ces directives ! » protesta Chezare.

Dans Lambda, à l’inverse des aventuriers et mercenaires, chaque citoyen normal payait un impôt individuel fixe. Cela incluait une taxe de 40 à 50 % sur les récoltes agricoles ou les profits commerciaux.

Dans le nouveau Talosheim, cette capitation avait été abolie, et un impôt sur le revenu était prélevé sur les gains de chacun. Avec ce système, même ceux qui gagnaient peu pouvaient théoriquement contribuer.

Bien entendu, cela incluait une règle exemptant les revenus trop faibles, ainsi qu’un système de taux progressif, où ceux avec des revenus annuels plus élevés étaient taxés à des pourcentages plus élevés.

L’impôt minimum était de 5 %, et l’impôt maximum pour les plus hauts revenus était de 20 %.

« Votre Majesté, je vous en prie, revoyez votre décision ! » supplia Chezare. « Ce système fiscal est normalement utilisé par la guilde des aventuriers ou celle du commerce. Pour l’appliquer à chaque individu, nous devons déterminer les revenus de chaque citoyen ! Et les taux d’imposition sont bien trop bas pour répondre aux besoins de la nation ! »

Personne ne pouvait blâmer Chezare pour ses inquiétudes. Avec un système d’imposition aussi faible, le pays risquait de devenir pauvre dans un avenir proche et de ne plus pouvoir maintenir ses structures.

Mais Vandalieu répondit calmement aux préoccupations de Chezare. « Tu sais, c’est moi qui suis à la tête de la plupart des projets en cours à Talosheim, non ? » fit-il remarquer.

« … C’est exact, » reconnut Chezare.

La Mana de Vandalieu était essentielle au fonctionnement des objets magiques enchantés avec le sort de fermentation utilisés pour produire le miso et la sauce soja, ainsi que pour alimenter les Golems dans chacune des usines.

La plupart des autres industries de Talosheim étaient pratiquement impossibles à faire tourner sans Vandalieu. Les Golems, Plantes Monstres, Ents Immortels et Abeilles Cimetière bénissaient la ville uniquement parce que Vandalieu était là.

Le centre de distribution situé dans les ruines de l’ancienne guilde des aventuriers fonctionnait aussi uniquement grâce aux produits fournis par Vandalieu.

Les membres de l’Église, les tailleurs de pierre, les charpentiers et les forgerons — tous étaient dirigés par Vandalieu.

C’est pourquoi déterminer les revenus de chaque citoyen n’était pas difficile. Cela pourrait le devenir à l’avenir, mais il lui suffirait alors de mettre en place un système approprié.

Et il était peu probable que la nation tombe dans la pauvreté à cause d’un taux d’imposition trop bas. Au final, les citoyens achetaient de nombreuses choses à Vandalieu, leur roi, pour subvenir à leurs besoins.

Certes, tout ne serait pas exempt de problèmes, mais Vandalieu n’avait d’autre choix que d’avancer par essais et erreurs et d’améliorer le système au fur et à mesure.

« Je comprends, » dit Chezare. « Très bien, laissez-moi m’occuper des détails. »

« … Chezare, ne voudrais-tu pas quitter ton poste de général pour devenir le Premier ministre du royaume ? » demanda Vandalieu.

« Non, je suis un homme de l’armée, Votre Majesté, » répondit Chezare.

Mais était-il vraiment approprié pour un militaire d’effectuer autant de tâches relevant normalement d’un haut fonctionnaire civil ?

Quelque temps passa après cette conversation, et la fin de l’été approchait. Vandalieu prenait un repas nocturne pour faire une pause dans son travail, dans la chambre souterraine sous le château royal de Talosheim, l’endroit où il avait vaincu le Golem Dragon et obtenu les matériaux utilisés pour créer Rapiéçage.

« Euh, Votre Majesté, qu’est-ce que c’est que cela ? » demanda Levia.

« C’est du ramen, Princesse Levia, » répondit Vandalieu en lui montrant le contenu de son bol — divers ingrédients et des nouilles baignées dans un bouillon blanc. « C’est un plat similaire aux udon, mais pas tout à fait. Pour l’anecdote, c’est un ramen au tofu que j’ai préparé à la demande de Braga. Le bouillon est à base de misodare avec du tofu, les nouilles sont faites avec un mélange de farine de blé et de soja dans un certain ratio, et j’ai utilisé du tofu frit et du tofu lyophilisé à la place du filet de porc. Comme garniture, il y a des oignons. »

C’était un ramen incroyablement chargé en tofu… ou plutôt en soja. C’était le moment des isoflavones (quoi que cela veuille dire)*.

*Note : Les isoflavones sont des composés organiques présents dans le tofu. Quant à la blague exacte ici… même le traducteur japonais semble perplexe.

S’il y avait une chose que Vandalieu voulait se procurer rapidement, c’était des oignons verts. Et le bouillon serait sûrement encore meilleur avec des graines de sésame.

« Ça a l’air délicieux, n’est-ce pas ? Vandalieu cuisine si bien. Pourquoi ne goûteriez-vous pas aussi, Princesse ? » proposa Darcia. Grâce à la compétence d’Intrusion Mentale, ses goûts étaient désormais alignés avec ceux de son fils.

Cependant, il semblait que ce n’était pas du ramen dont parlait la princesse Levia. « Merci pour la proposition, mais je ne parlais pas du ramen – »

« Dans ce cas, vous parliez peut-être de ceci ? C’est une robe de mariée, » dit un autre Vandalieu, distinct de celui en train de manger du ramen… Un Vandalieu produit par Expérience Hors-du-Corps, un clone. Il tenait la robe de mariée qu’il était en train de confectionner.

Utilisant d’innombrables aiguilles et fils, Vandalieu tentait de créer une robe de mariée entièrement à partir de fil.

« Faire du papier à patron et toutes ces choses s’est révélé trop fastidieux, alors j’ai réfléchi à une autre manière, et récemment j’ai compris que je pouvais simplement créer directement les vêtements à partir de fil sans passer par un patron, » expliqua-t-il.

« C’est ce que je fais actuellement, » dit un autre Vandalieu. « D’ailleurs, ces robes sont pour les fiancées de Braga, Marie et Linda. »

« J’ai déjà pris leurs mesures, » ajouta encore un autre Vandalieu. « Et le tissu que j’utilise est de la soie-miel produite par les Abeilles Cimetière. »

Les quatre bras de Vandalieu, divisés en fines longueurs semblables à des fils, manipulaient d’innombrables aiguilles à coudre.

Vandalieu voulait créer un jour des Golems et des Outils Maudits pour faire ce travail, mais comme c’était un travail de précision, il n’avait pour l’instant pas d’autre choix que de le faire lui-même.

« Avec cette méthode, je peux fabriquer des vêtements sans aucune couture. »

« Volants, volants… Dentelles, dentelles… Vellants, vellants*… »

*Note du traducteur : Mot inventé, mélange de “volants” et “dentelles”.

« Mais seul, je ne peux faire que deux ou trois robes par jour, donc il faut vraiment que je crée une machine à coudre rapidement. Ça devient serré. Peut-être une à pédale ? »

D’après ce que Vandalieu avait vu à Nineland et Niarki, les vêtements de Lambda étaient inférieurs à ceux de la Terre. Il y avait davantage de teintures disponibles, aux couleurs plus vives, mais les designs étaient très limités.

Vandalieu avait placé des Insectes Morts-vivants sur Eleanora lorsqu’elle se promenait dans Nineland, et grâce à leurs yeux, il avait vu les vêtements d’occasion vendus sur le marché. En tant qu’ancien lycéen japonais, il les avait trouvés considérablement démodés.

À l’époque, il n’était qu’un simple lycéen ; sans être un délinquant, il n’était pas non plus particulièrement irréprochable. Il avait vu pas mal de choses dans des endroits comme le bureau des objets trouvés.

C’est pourquoi il comptait créer toutes sortes d’articles. En particulier, des choses comme des soutiens-gorge, porte-jarretelles et bas. Quant aux maillots de bain, il envisageait de s’y mettre dès qu’il trouverait une fibre qui ne deviendrait pas transparente une fois mouillée.

Et comme il visait une beauté physique équivalente à celle d’une star hollywoodienne de films d’action, il devait aussi trouver le bon moment pour fabriquer des boxers pour hommes.

« C’est vraiment joli, tu ne trouves pas ? Je suis sûre que tout le monde sera ravi, et quand on commencera à commercer avec d’autres nations, je pense que ça se vendra très bien, » dit Darcia.

« Oui, je trouve cela vraiment merveilleux, » ajouta la princesse Levia. « Mais ce n’était pas ça… Je voulais parler de ça… » Son regard se portait sur la masse de chair que l’on extrayait du dispositif de résurrection.

C’était un amas de viande sans bras, sans jambes et sans tête. Des vaisseaux sanguins palpitaient le long de sa surface rouge, et il était évident, bien qu’invraisemblable, que cette chose était vivante.

« Ah, n’y prêtez pas trop attention – » commença Darcia.

« C’est ma septième tentative ratée de recréer Maman, » annonça Vandalieu.

« NOOOOOON ! NE LE DIIIIIS PAAAAS ! » cria Darcia.

« Je ne dis pas que c’est ta vraie forme, alors calme-toi, » lui répondit Vandalieu.

Vandalieu avait eu l’idée d’utiliser sa compétence de Transmutation de Golem pour manipuler le Death Iron et le Dark Copper liquides afin de remplacer les pièces endommagées de l’appareil de résurrection. En conséquence, l’appareil avait recommencé à fonctionner, mais… lorsqu’il tenta de recréer le corps de Darcia avec, l’appareil ne produisit que des masses de chair.

Il avait multiplié les essais et erreurs, mais peu importe ce qu’il faisait, l’appareil ne créait que des blocs de viande sans aucune ressemblance avec Darcia.

« Comme tu peux le voir, il n’y a que de la chair et des vaisseaux sanguins… s’il y avait des organes, j’ajouterais un squelette en Orichalque une fois l’ensemble terminé. Il semble que faire des réparations temporaires et artificielles à un appareil de résurrection déjà incomplet ne suffit pas pour recréer Maman, » conclut Vandalieu.

Il avait utilisé la machine sept fois, mais il n’y avait rien à faire : elle produisait invariablement d’étranges masses de chair. Selon la légende, l’appareil était censé pouvoir créer des corps complets, à l’exception de l’âme, mais les résultats de Vandalieu étaient loin d’y ressembler.

« Mais tu sais, c’est un peu… Tu dis ça, Vandalieu, mais j’ai l’impression qu’on me dit que c’est vraiment à ça que je ressemble, alors c’est dur, » dit Darcia.

« Je suis désolée, je… » commença Levia.

« Ce n’est rien, c’est juste une illusion que je me fais toute seule. Je suis sûre que c’est parce que l’appareil est incomplet, » dit Darcia.

« Eh bien, il fonctionne malgré tout, alors je pense essayer de le rendre de plus en plus complet, » dit Vandalieu. « Attends encore un peu, Maman. »

Je suppose que ça ne fonctionne pas tant que les pièces endommagées ne sont pas remplacées par les matériaux d’origine. Contrairement aux autres, je n’arrive toujours pas à former des pièces détaillées en Orichalque, donc… Peut-être que je devrais vraiment créer un Homoncule ?

Le niveau de la compétence Transmutation de Golem de Vandalieu avait augmenté, mais pas au point de lui permettre de créer des composants en Orichalque aux formes précises. Le travail nécessaire pour réparer l’appareil était aussi précis que de vouloir écrire sur des grains de riz. Ce n’était pas simple.

Il valait peut-être mieux que Vandalieu trouve un dieu maléfique, conclue un pacte, et crée un Homoncule pour servir de nouveau corps à Darcia.

Il avait acquis les connaissances nécessaires à cela à la guilde des mages de Nineland. Des conditions comme sacrifier des vierges constitueraient un sérieux obstacle pour Vandalieu, mais peut-être pourrait-il négocier cette exigence avec les dieux maléfiques.

Je me demande si on peut négocier avec les dieux ? Je ne pourrais probablement pas les menacer…

En réalité, il avait déjà dévoré un dieu maléfique, mais comme Vandalieu l’ignorait, il était persuadé que tous les dieux étaient forcément des êtres supérieurs à lui.

« Je trouverai le dieu maléfique parfait pour ça, » dit Vandalieu.

« Levia-san, il semble que mon fils va se tourner vers une mauvaise religion ; que dois-je faire dans ce genre de situation ? » demanda Darcia.

« U-uh, j-je pense que ça ira probablement ! » répondit Levia.

Vandalieu avait simplement voulu rassurer Darcia, mais cela n’avait eu pour effet que d’augmenter son inquiétude. Il n’avait pourtant jamais dit qu’il allait forcément rejoindre les dieux maléfiques… alors pourquoi était-elle si angoissée ?

『Vous avez acquis les compétences Forge, Filature et Amélioration de Partie du Corps : Cheveux !』

『La compétence Couture a été fusionnée avec Filature, et Amélioration de Partie du Corps : Cheveux a été fusionnée avec Amélioration de Partie du Corps : Griffes, Crocs, Langue !』

『Les niveaux des compétences Cuisine, Amélioration de Partie du Corps : Cheveux, Griffes, Crocs, Langue et Filature ont augmenté !』

Le temps passa, et octobre arriva.

Après avoir terminé la création de la monnaie et avoir traité Gopher ainsi que les autres anciens esclaves avec la Transformation de Jeunesse, Vandalieu se rendit à la fête des récoltes du village de culture.

Il soigna les villageois en mauvaise santé, et en retour, il fut invité à un repas. Cette fois, il ne s’agissait plus d’une bouillie claire à base de riz et de millet comme auparavant, mais d’un plat proche du riz sauté, préparé avec des légumes et de la viande revenus ensemble avec du riz du sud.

« Tu manges beaucoup, hein ? T’en es à combien de bols ? »

« C’est mon troisième. »

Vandalieu avait offert aux villageois trois Lapins Cornus et un sac de noix en guise de cadeau, alors il ne se retenait pas.

« Mec, c’était complètement fou après ton retour, » dit Fester. « Il s’est passé un truc à la mine dirigée par les esclaves, tu vois. Les murs extérieurs ont été détruits, la mine est devenue une plaine vide et tous les soldats et esclaves se sont transformés en squelettes. »

« Qu’est-ce que tu dis ? C’est vrai ? J’ai du mal à y croire, » répondit Vandalieu d’un ton neutre, avec son habituel visage sans émotion – alors qu’il était en réalité le principal responsable de cet incident.

Son absence d’expression faciale et son ton plat n’avaient rien d’inhabituel, si bien que les autres ne remarquèrent rien.

… Le fait que l’expression de Vandalieu ne trahisse jamais ses émotions tant qu’il n’en faisait pas l’effort conscient lui était bien utile dans ce genre de moment.

« Ouais, apparemment, le mur a été détruit de l’extérieur, donc ce sont probablement des monstres qui sont apparus. Mais ils n’ont trouvé aucune empreinte ou trace, cela dit. »

« Du coup, les soldats et les esclaves tués par les monstres ont probablement été transformés en morts-vivants. »

Il semblait que ce soit la conclusion à laquelle était parvenu l’Ordre des Chevaliers chargé d’enquêter sur l’incident. Les efforts de Vandalieu pour utiliser sa Transmutation de Golem afin que des os de monstres ressemblent à des squelettes de Titans avaient porté leurs fruits.

« Heureusement, il paraît que les monstres qui ont détruit le mur extérieur se sont ensuite dirigés vers le sud depuis la mine. »

Les enquêteurs semblaient penser que des monstres étaient les coupables, puisqu’il n’y avait aucune trace de déplacement d’une armée, et comme il n’y avait pas d’empreintes de monstres, ils avaient simplement supposé que les créatures s’étaient envolées ailleurs.

Je suis certain que certains vont faire le lien entre cet événement et la levée du sceau du Roi Démon, mais… ils ne sauront pas.

Personne ne pourrait imaginer que Vandalieu avait simplement levé le sceau d’un champion et libéré une partie du Roi Démon (son sang) pendant sa quête pour sauver les esclaves de la mine.

En réalité, le groupe de Heinz et les membres de l’Église d’Alda étaient tout aussi déconcertés par l’incident de la mine que ce que Vandalieu avait prévu. Étant donné le moment où cela s’était produit, il était probable que les deux événements soient liés, mais ils se demandaient pourquoi le deuxième avait eu lieu à cet endroit précis.

Pour le duché de Hartner, c’était un site important, car c’était leur seule source de minerais en dehors des donjons. Cependant, il était peu probable que cet endroit soit une cible logique pour celui qui avait brisé le sceau du Roi Démon, ou pour le fragment du Roi Démon lui-même.

Il n’y avait pas d’autres fragments scellés là-bas, ni de dieux maléfiques impliqués. Tant qu’ils ne réaliseraient pas que celui qui avait levé le sceau était lié aux anciens réfugiés de Talosheim, ils ne pourraient que se demander à quel point tout cela était étrange.

Et il semblait qu’ils n’avaient pas encore réalisé cela.

Le fait que ce village de culture ait été laissé sans surveillance en était la preuve : les enquêteurs n’étaient pas du tout proches de la vérité.

Les familiers de Vandalieu, les Lemures planant dans le ciel au-dessus du village, avaient confirmé qu’aucun espion ou guetteur n’y avait été posté.

« Grâce à ça, les aventuriers et les chevaliers ont emprunté la route principale depuis Niarki, donc Oyaji-san était tout excité, » dit Kasim. « Mais maintenant, il est un peu déprimé à l’idée qu’on ne sait pas si des marchands itinérants repasseront par ici. »

Kasim et ses amis, qui ignoraient tout des manigances en coulisses, profitaient paisiblement de la fête. Les voir était vraiment apaisant pour Vandalieu.

« C’est Lina qui en bave, par contre, elle a encore plus de boulot maintenant. »

« Au fait, vous faisiez pas partie du groupe envoyé pour exterminer les Squelettes dans la mine, vous trois ? » demanda Vandalieu.

En réalité, grâce aux Lémures, Vandalieu savait déjà que Kasim et ses amis faisaient partie de la force d’extermination, mais il posa la question parce qu’il aurait semblé étrange de ne pas le faire.

« Bien sûr qu’on en faisait partie. Rien qu’en participant, on a reçu une récompense qu’on peut utiliser pour autre chose que juste de la bouffe. »

« Les Squelettes sont de Rang 2. Ce sont des ennemis qu’on peut vaincre même nous, et il y avait plein de monde dans la troupe d’extermination. »

« Et les hommes du village… même certaines femmes, ont commencé à chasser les Gobelins pour faire le Gobu-Gobu que tu nous as appris. Ils partent par groupes de cinq et les chassent avec des lances et des arcs faits main, donc on n’a pas vu de Gobelins près du village récemment. »

Vandalieu avait tout observé à travers les Lémures, donc il le savait déjà, mais les villageois étaient robustes. C’était d’ailleurs cette robustesse qui leur avait permis d’en arriver là.

« Mais ces Squelettes étaient un peu différents, » dit Kasim. « Ils attaquaient les autres normalement, mais avec nous, c’était comme si… »

« C’était comme s’ils s’entraînaient avec nous. Non, nos armes étaient vraies, les leurs aussi, alors on les a vraiment battus, hein, » dit Fester.

« C’était censé être un vrai combat, et même si ça l’était, ça ressemblait quand même à un entraînement. Et puis, j’avais l’impression qu’on était observés par quelque chose, quelque part, » ajouta Zeno.

Comment combattre des ennemis armés de longues armes, des adversaires plus rapides, en surnombre, ou une formation composée d’archers et de porteurs de bouclier ? Le groupe de Kasim avait l’impression d’avoir été mis à l’épreuve, l’un après l’autre.

C’était bien sûr le résultat des instructions que Vandalieu avait données aux Squelettes à l’aide des Lémures et des insectes morts-vivants qu’il avait laissés sur place. Il avait utilisé d’innombrables insectes ailés pour former des lettres et transmettre ses ordres.

« J’ai entendu dire que les Morts-Vivants ont tendance à répéter les actions qu’ils faisaient de leur vivant. Peut-être que ces Squelettes étaient des anciens instructeurs d’aventuriers ? » suggéra Vandalieu.

« Je vois, » répondit Kasim, satisfait. Lui et ses amis semblaient trouver cette explication plausible. Ils pensaient désormais que le regard que Zeno avait ressenti venait simplement de l’un des Squelettes.

La vérité, cependant, c’était qu’aucun de ces Squelettes n’avait été une bonne personne de son vivant.

« Au fait, qu’est devenu le prêtre-san ? » demanda Vandalieu. « Je l’ai pas vu par ici. »

Le prêtre de la faction pacifique d’Alda qui avait quitté le village en disant qu’il se rendait à la ville de Niarki… ou plutôt, le simple mage de l’attribut de la vie déguisé en prêtre, Froto, n’était effectivement nulle part à voir dans le village pourtant bondé à l’occasion du festival des récoltes.

« On n’en a aucune idée non plus. C’est pas seulement dans ce septième village de culture, apparemment les gens des autres villages ne l’ont pas vu non plus, » dit Kasim.

« J’ai demandé aux gens de la troupe d’extermination, et ils ont dit ne connaître aucun prêtre de ce genre. Et toi, Vandalieu ? Tu l’as pas vu quand t’es allé en ville ? » demanda Fester.

« Fester, c’est un peu délicat pour moi d’approcher l’Église d’Alda, » répondit Vandalieu. « Malheureusement, je ne l’ai pas vu là-bas. »

« Je vois… J’espère qu’il lui est rien arrivé. »

Les trois jeunes aventuriers affichaient une mine inquiète.

Vandalieu hocha la tête. « Moi aussi. Mais je pense qu’il va probablement bien. »

Il ignorait encore que Froto était un espion. Même les Lémures, aussi discrets et transparents soient-ils, auraient été repérés s’ils s’étaient trop approchés. Ils ne pouvaient qu’observer les mouvements de loin.

Les Crocs des Nuits Sombres de la ville de Niarki avaient été éliminés par Edgar, un des membres des Lames des Cinq Couleurs, plus rapidement que Vandalieu ne l’avait prévu, ce qui lui avait coupé toute possibilité de recueillir plus d’informations.

Ainsi, Vandalieu était toujours convaincu que Froto était un clerc inhabituellement vertueux, malgré sa foi en Alda.

« Au fait, tu vas faire quoi maintenant ? »

« À partir de demain, je vais faire le tour des villages de culture pour profiter des festivals des récoltes, » répondit Vandalieu. « Ensuite, je pensais aller en ville chercher quelques provisions et rendre visite à des parents éloignés de ma mère. »

« Des parents éloignés de ta mère, tu veux dire – ?! »

« Non, c’est mon père qui était le Vampire, entre mes deux parents. »

« Ah, d’accord ? Non, je pensais que… »

Si Éléanora avait été présente, il y aurait sans doute eu un malentendu. Vandalieu savait que ce genre de chose la dérangeait beaucoup, alors il était bien content d’être venu seul.

« Hé gamin, le clou du spectacle va commencer, » lança l’oyaji de la boutique à tout faire en appelant Vandalieu. « On va placer la statue dans le sanctuaire, viens par ici ! »

Et ainsi, la conversation du jour s’acheva là.

Au passage, la qualité de la statue de Vandalieu, sculptée par l’ancien tailleur de pierre Ivan, était… discutable. Comme elle était entièrement faite de pierre, elle ne rendait pas justice à la couleur de ses cheveux, de sa peau ni à ses yeux hétérochromes. Il était donc probable que personne ne sache qu’il s’agissait de lui sans qu’on le leur dise.

Explication de compétence :

【Récupération Automatique de Mana】,【Taux de Récupération de Mana Accru】

Ceux qui possèdent la compétence Récupération Automatique de Mana récupèrent de la mana automatiquement, peu importe ce qu’ils sont en train de faire… qu’ils soient au repos, en train de faire de l’exercice, ou même en train de réciter une incantation.

La compétence Taux de Récupération de Mana Accru augmente la vitesse à laquelle la mana est régénérée lorsqu’on est au repos.

Leurs noms se ressemblent, mais ce sont des compétences bien distinctes.

Récupération Automatique de Mana restaure un pourcentage fixe du total de mana du porteur de la compétence, tandis que Taux de Récupération de Mana Accru réduit le temps nécessaire à la régénération, peu importe la quantité de mana à restaurer. Ainsi, ceux qui possèdent de grandes réserves de mana recherchent souvent en priorité la compétence Récupération Automatique de Mana.

Cependant, cette dernière est difficile à acquérir, et même après l’avoir obtenue, il faut s’entraîner à épuiser toute sa mana pour accroître sa réserve totale. De plus, la vitesse de récupération naturelle de mana dépend de l’état de santé physique et mentale. Beaucoup de mages savent cependant que le sommeil est un moyen efficace de booster cette récupération, ce qui les pousse à accorder une grande importance à leurs conditions de sommeil, comme l’environnement et le nombre d’heures de repos.

Le fait que de célèbres mages voyagent avec leur propre oreiller est d’ailleurs mentionné dans plusieurs biographies.

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