Chapitre 7 – Cruelle punition
Noyé dans un amas de brumes, l’esprit d’Alexander vagabondait entre les strates de ses souvenirs fragmentés, griffés d’une cruelle amertume. Il était redevenu cet enfant chétif, au visage aussi flétri qu’une fleur fanée, et demeurait cloîtré dans sa chambre, replié sur lui-même comme une chose fragile. Dans un geste protecteur, ses bras ceignaient ses jambes marbrées d’ecchymoses et son dos à l’échine saillante s’appuyait contre la porte scellée, misérable forteresse l’abritant des turbulences extérieures.
Soudain, une lumière opaline dissipa le linceul cendré et la silhouette vaporeuse de sa mère entra par la fenêtre bée. Elle ressemblait à un cygne spectral, sa longue robe liliale virevoltant autour d’elle sous l’effet d’une brise imaginaire. Force d’une tendresse maternelle, elle serra l’enfançon dans ses bras et le berça lentement. Lové tel un nouveau-né contre ce fantôme familier, le fils voyait défiler sur le plafond de verre des bribes de son existence et pleurait à fendre l’âme devant son infortune croissante. Lynchage, solitude, ennui… rien dans sa vie ne laissait transparaître des jours meilleurs. Pour le réconforter et étioler l’orage qui grondait en son cœur, Ophélia fredonnait une série de tristes mélopées, entrecoupées de bruits qu’il ne parvenait pas à identifier, comme étrangers à ses songes.
Le tumulte l’extirpa de ses rêveries douloureuses. Tout en émergeant, il se rendit compte qu’il s’agissait de froissements d’étoffes mêlés à de ténus sifflements. Parfaitement désorienté, il ouvrit une à une ses lourdes paupières. À travers le voile vitreux qui recouvrait ses rétines irritées, il discernait péniblement les formes floues esquissées autour de lui. Loin de céder à la panique, il rassembla ses facultés et tenta, malgré sa vue brouillée, d’analyser son environnement.
Il se trouvait alité dans une pièce obscure. Un chandelier reposait sur une table de nuit où, au-dessus des bougies presque entièrement consumées, de maigres flammèches frémissaient. L’absence prochaine de cire manquait de les éteindre une à une. Dehors, en écho à son affliction, une pluie diluvienne s’abattait sur le domaine. Les gouttes claquaient avec l’ardeur du fouet contre la toiture. Les volets tremblaient et les arbres rugissaient sous l’assaut des bourrasques venteuses.
Alexander prit une profonde inspiration et reconnut l’odeur de sa chambre ; celle de son parfum d’iris et de sa lessive. Mais à cela s’ajoutait une note florale, plus douce et apaisante, qu’il savait distinguer entre mille.
— Dé… Désirée ?
— Je suis là maître, murmura-t-elle d’une voix enrouée, assise à son chevet et secouée de sanglots.
Le cœur d’Alexander s’accéléra à ces mots. Il voulut lui parler mais un spasme le foudroya et un couinement aigu franchit ses lèvres. Assailli d’une quinte de toux, il porta par réflexe une main à sa bouche. Malheureusement, sa dextre tremblait et répondait fébrilement à sa volonté. La tousserie, quant à elle, lui lacérait la trachée aussi furieusement que de la braise. À chaque hoquet, lorsque son abdomen se contractait, il avait l’impression d’essuyer une salve de coups d’éperons.
— Bois ça, ça te fera du bien jeune maître, annonça Désirée en lui glissant une tasse entre ses lèvres.
Alexander ouvrit la bouche et avala plusieurs lampées d’un breuvage encore tiède. Il grimaça tant les plantes macérées étaient amères mais le liquide eut le don d’éteindre l’incendie qui ravageait sa gorge. Quand sa soif fut étanchée, il la remercia et la domestique reposa la tisane sur la table de chevet.
Jamais il ne s’était sentit si faible, pas même après avoir été sévèrement rossé. Son corps semblait dépourvu de la moindre vaillance et avoir vieilli prématurément d’une quarantaine d’années comme le déploraient ses membres anesthésiés et ses pensées éthérées. Ainsi, il gisait allongé dans son lit, la tête ancrée dans son oreiller molletonné et la couverture remontée jusqu’à la base de la nuque.
Pour apaiser ses tourments, Désirée tâtonna dans la pénombre et glissa une main dans la sienne. Le toucher subtil de sa peau contre sa paume rassura le baronnet. Alors qu’il se redressait pour la voir, une horrible douleur tirailla son flanc. Il gémit et sa tête retomba mollement contre le coussin. Puis, le souffle haletant et la voix pâteuse, il s’enquit de la raison de son inquiétant état de faiblesse.
— Que s’est-il passé ? marmonna-t-il entre ses dents.
Elle renifla et posa une main timide dans ses cheveux, le caressant avec une piété maternelle.
— Tu ne te souviens de rien ?
Alexander fronça des sourcils et força son cerveau à débrider ses ultimes souvenirs. Or, au fond de lui, il n’y avait que le néant, aucun indice auquel se raccrocher pour relier le fil des événements. Un monde environné de ténèbres où seuls des éclats pourpres et des hallucinations notoires jaillissaient. Comprenant qu’il serait incapable de reconstituer les faits par lui-même, il l’engagea à se livrer.
Désirée se racla la gorge puis inspira :
— Le maître a appris pour ton comportement. Il a su par Léandre que tu m’avais protégée l’autre jour. Et pour te punir, il t’a amené avec lui, là-bas… au Cheval Fougueux…
À ces premières révélations, des flashs revinrent en mémoire du jeune baron. Il se revoyait dans une arène, entravé derrière d’épais barreaux de fer rouillé, plongé dans un état second. Il remembrait le visage flou du marquis et de son père, cette salle baignée sous une pénombre inquiétante et illuminée à chaque recoin par des torchères aux flammes impérieuses. Il se trouvait enfermé dans une cave au plafond voûté dont les murs en pierre brute agissaient comme un rempart pour étouffer les hurlements d’agonies et masquer au reste du monde les atrocités commises dans les entrailles du cabaret.
Les lieux sentaient un remugle écœurant : mélange de parfums musqués, de sueur, d’alcool et de sang assaisonné d’urine. Il entendait à nouveau les aboiements incessants des chiens, des grognements sourds d’origine inconnue, divers cliquetis métalliques ainsi que les huées des spectateurs enfiévrés terrés dans une fosse… ce liquide rouge s’échappant de sa plaie et ruisselant le long de son organisme…
Le souffle court, il écarquilla les yeux et enfouit sa main sous les couvertures. Il alla jusqu’à tâter son flanc gauche où sa peau était dissimulée sous une large couche de bandage. Arrivé au centre, le contact de ses doigts contre cette zone sensible lui arracha un cri suivi d’un spasme lancinant.
— Je t’en prie, ne bouge pas ! implora la domestique, manquant de fondre en larmes. Le médecin veut que tu restes le plus immobile possible le temps que ta plaie soit résorbée.
— Raconte-moi… je veux savoir, s’il te plaît… murmura-t-il en fermant les yeux qu’il peinait à conserver ouverts.
Elle se pinça les lèvres et, comme elle le faisait autrefois pendant leurs confidences, nicha sa tête dans le cou de son jeune maître, effleurant sa mâchoire de la pointe de son nez glacé. Ce dernier pouvait sentir le souffle chaud de son haleine contre sa peau grafignée, constellée d’hématomes. Il frémit à ce contact. Cette caresse invisible s’avérait plus lénifiante que n’importe quel liniment. Et le mouvement de ses larmes sinuant le long sa nuque ainsi que ses fébriles battements de cils lui provoquaient une étrange sensation de ravissement, fort malvenue au vu de la situation.
— Ton père t’a puni, il t’a fait du mal ! raconta-t-elle avec lenteur afin de lui laisser le temps d’assimiler ses révélations prochaines. Quelques jours après l’entrevue avec Léandre de Lussac, il a ordonné à Pieter de vous conduire au Cheval Fougueux. Le pauvre Pieter était totalement démuni, il ne pouvait pas décliner un ordre du maître mais refusait de t’emmener au cabaret sachant pertinemment le sort qu’on te réservait. Son hésitation lui a d’ailleurs coûté cher et il a dû se plier à sa volonté. La suite de ce que je vais te raconter, je la tiens de son témoignage. Car ton père l’a obligé pour la première fois à descendre en votre compagnie. Il s’y est soumis, de très mauvaise grâce, mais au moins il pouvait garder un œil sur toi. Et je sais qu’il serait intervenu pour te sauver si jamais ta vie était menacée, et ce, par n’importe quel moyen.
Elle toussota.
— Arrivé sur place, ton père a payé grassement le marquis de Malherbes. Il voulait que tu sois un homme et, pour cela, il a engagé un combat contre son chien, un gros molosse entraîné à se battre. Ils t’ont habillé d’une casaque et de gants en cuir puis enfermé dans l’arène. Ils t’ont ensuite donné cette foutue drogue et un couteau pour tu le tues de tes mains. Mais le chien était trop fort. Il t’a vaincu et il s’est jeté sur toi… et il t’a mordu et…
La voix de Désirée s’étrangla. Le fil des événements revint en mémoire du convalescent et les détails gagnèrent en netteté :
Le trajet fut interminable du manoir jusqu’au Cheval Fougueux, un cabaret de luxe construit à la frontière entre la haute-ville d’Iriden et la basse-ville de Varden. Pieter ayant garé son véhicule dans une ruelle annexe laissa le fiacre et ses deux palefrois sous la surveillance d’un voiturier du cabaret. Ensemble, le maître, le fils et le palefrenier entrèrent par la porte dérobée qu’une sentinelle factice gardait. Ils pénétrèrent dans un corridor obscur aussi étriqué qu’un boyau de mouton, aux parois mouillées et terminé par un escalier en colimaçon. Ils descendirent plusieurs volées de marches puis débouchèrent dans un amphithéâtre aux allures de tombeau.
Bien à l’abri dans sa luxueuse loge privée située dans les hauteurs, perché en majesté sur son trône de velours, le marquis Laurent de Malherbes, seigneur en ce sinistre domaine, dardait sur les nouveaux arrivants un regard impérieux digne d’un vautour. Juste au-dessous de lui, une clientèle aisée jouissait d’un brin de confort sur des fauteuils rembourrés tapissés de velours pourpré. Tandis qu’aux pieds de l’arène, dans une fosse aussi sordide que poussiéreuse, une procession de fidèles spectateurs attendait nerveusement le début des hostilités.
Sans distinction entre noréens et aranéens, ces rebuts de la société portaient les stigmates d’une dépendance néfaste à l’Écaille de Wyvern. Vêtus de haillons qui dissimulaient avec peine leurs moignons et multiples scarifications, ils avaient un visage difforme et leurs pupilles dilatées étaient dépourvues de toute étincelle d’humanité. Leurs œdèmes purulent, leurs blessures non cicatrisées et leur maigreur affolante les condamnaient à une mort prochaine. Pour communiquer, ils se contentaient de grogner et scandaient des propos incohérents. Parmi ces vermines mises au ban de la société, un guichet prenait les paris et servait de l’alcool frelaté, vendu bon marché pour cette clientèle miséreuse, qu’une seule consommation pouvait ruiner.
Après que son père se fut entretenu auprès de son grand ami et eut soumis son fils comme combattant, le marquis acquiesça et proposa son dogue familier comme adversaire ; un énorme matin aux muscles noueux recouverts d’une toison balafrée et dépourvu d’une oreille, tranchée d’un simple claquement de mâchoires, et dont les babines retroussées dévoilaient deux rangées de crocs jaunis luisants de bave.
Une fois les directives du combat établies, les deux aristocrates scellèrent leur accord d’une virile poignée de main. Puis le père conduisit son héritier dans une petite pièce annexe, au sol poisseux et dont les murs se couvraient d’armes, de chaînes et de divers matériels. Pour conserver une once de santé mentale, le fils préférait ignorer l’usage de ces outils tranchants et ces objets de tortures, parfois émoussés ou encore tachés par de précédentes utilisations. Un des hommes du marquis aida le fils à enfiler une veste de protection afin que le cou et les parties vitales soient préservés de toute blessure létale.
Pendant qu’il l’habillait, Alexander jetait des œillades discrètes à son cocher qui, extrêmement mal à l’aise, manquait de défaillir et tentait de réfréner ses tremblements. Il adressa à Pieter un simple geste pour le rassurer et lui ordonna de ne surtout rien faire qui puisse trahir sa fidélité.
Une fois paré, le père dispensa à son athlète ses ultimes conseils : « Soit un homme mon fils, lui avait-il dit en toisant tour à tour le fruit de ses entrailles ainsi que son palefrenier, sois digne de ton rang et prouve-nous ta valeur. Domine ce qui t’est inférieur. Tue ce chien comme s’il n’était qu’un serviteur qui jamais ne ploie devant tes volontés. La vermine tachetée se doit d’être domptée. Sauvons notre règne, ne sacrifions pas nos privilèges ! » Puis il lui donna un cachet noir aux reflets flamboyants, si lisse et légèrement bombé, semblable à une écaille de Wyvern, emblème d’un royaume de Pandreden disparu depuis des centaines d’années.
D’abord en proie à la panique, sachant sa mort prochaine, Alexander avait ingéré le cachet puis était entré dans l’arène pour affronter sa destinée, sous les acclamations des spectateurs ivres de sang. Claquemuré dans la fosse cernée de larges barreaux de fer, il revoyait le dogue déchaîné le défier à l’autre bout de l’arène, les babines écumeuses. Dès que la chaîne fut rompue, le prédateur enragé fondit sur sa cible et empoigna son flanc pour y enfoncer ses canines et arracher un lambeau de peau.
Malgré la distorsion de son environnement dû à l’ingestion de Wyvern, Alexander se rappelait les lancinations qui l’avaient submergé, cette souffrance qui l’avait foudroyé. Le goût ferreux du sang qui imprégnait sa gorge, l’assaut des milliers de points blancs qui dévoraient sa vue, les bourdonnements incessants qui résonnaient en ses tympans, l’air acide et suffocant de la cave. Mais, surtout, il entendait de nouveau les hurlements déchirants de Désirée à son départ.
Dans un acte désespéré, elle les avait poursuivis dans la cour, arrêtée en chemin par son frère qui ne souhaitait pas que sa sœur aggrave son cas et l’avait retenue entre ses bras. Impuissante, elle avait vu son jeune maître s’éloigner en compagnie de son père, entièrement soumis, l’échine ployée vers le sol, le regard aussi vide qu’un pantin désarticulé.
À l’entente de son nom, hurlé d’une manière si déchirante, Alexander avait relevé la tête d’un infime mouvement pour venir observer sa protégée. Elle était si vulnérable, emprisonnée dans les bras de son aîné qui affrontait sans broncher les coups qu’elle lui assénait dans l’espoir de se libérer. Par cette liaison, le maître et sa domestique avaient disparu, redevenus les deux enfants complices qu’ils étaient autrefois. Pendant cet instant fugace, qui n’avait duré qu’un unique battement de cœur, ils avaient échangé un dernier regard, conscients que, dorénavant, plus rien ne serait comme avant.
Quand son explication fut achevée, Alexander soupira et tourna légèrement sa tête en sa direction. Il avait à présent son nez proche de ses cheveux. Les yeux clos, il huma son parfum.
— Et toi ? Tu vas bien ? murmura-t-il. Il ne t’a rien fait ?
Elle eut un rire nerveux, stupéfaite qu’il s’intéresse à son sort au vu de son état.
— J’ai été sévèrement rossée, avoua-t-elle à mi-voix, j’ai encore les traces du martinet mais le maître ne m’a pas cognée. Maman s’est excusée vivement et nous a défendus du mieux qu’elle a pu avec ses moyens. Je suis juste obligée de porter le bandeau pendant quelques mois quand je sors dans la rue et quand je vais à l’Allégeance.
Alexander écarquilla les yeux et manqua de s’étouffer. Le bandeau était un signe distinctif, un tissu écarlate sur lequel un H majuscule doré, symbolisant l’hérésie et la honte, était brodé. Il s’enfilait comme un brassard au niveau du bras droit et était régulièrement utilisé lorsque les domestiques commettaient une faute grave. Ceux-ci essuyaient en conséquence les brimades de la foule et pouvaient être refusés dans certains établissements publics voire, lors de cas extrêmes, être molestés ou abusés par ceux qui le trouvaient légitime.
— Il a osé ? s’indigna-t-il, choqué par cette annonce.
Elle enfouit davantage son visage dans son cou, prête à fondre à nouveau en larmes.
— Oui, mais ce n’est pas grave par rapport à ce que tu as subi. Je reste vigilante et me fais la plus discrète possible. Et puis j’ai la chance de ne pas être un assez joli spécimen à leurs yeux. Personne ne souillerait son corps avec quelqu’un d’aussi peu intéressant que moi. De même que personne ne prendrait le risque de violenter ou de tourmenter une domestique au service d’un homme titré.
— Un spécimen ?
— Oui, c’est un terme relativement ancien mais je l’entends de plus en plus ces derniers temps. Je ne sais pas vraiment pourquoi mais l’Élite semble encore plus virulente qu’autrefois à notre égard… sauf pour de rares exceptions. Ça parait fou au vu du nombre de pensionnaires noréens, mais on raconte qu’à l’Allégeance, il n’y a eu que Irène pour échapper à de telles médisances. La seule domestique qui n’ait jamais été convoitée par l’Élite. Apparemment, elle serait devenue la chasse gardée du duc depuis qu’il l’a employée il y a quelques années… Alors que moi, je ne suis que la chienne bâtarde du baron disgracieux. La « vilaine levrette » comme ils me surnomment parfois.
— C’est absolument répugnant ce que tu me racontes !
Elle renifla et essuya ses yeux d’un revers de la main.
— Je m’en veux tellement, Alexander ! Si je n’avais pas fait de bourde l’autre jour, le marquis nous aurait certainement laissés tranquilles. J’aurais dû savoir comment réagir, j’aurais dû garder ma contenance et refouler ma peur… Tout est de ma faute.
Avec lenteur, Alexander parvint à poser sa main sur la joue de sa fidèle domestique. Il câlina sa peau duveteuse de la pulpe du pouce. Ce contact limitait sa fureur d’exploser au grand jour.
— Tu n’as pas à t’en vouloir. Je n’aurais jamais dû laisser Léandre pénétrer dans le manoir. Je connaissais sa réputation. Je vous ai mis en danger. L’ennui est que je ne pouvais pas décliner sa demande sans que cela paraisse suspect. C’était un jeu dangereux et j’ai perdu.
Il eut un rire et hoqueta à son tour, gagné par le chagrin d’avoir risqué la vie de sa fidèle alliée et d’avoir refoulé ses sentiments pour espérer s’intégrer dans une société dont il méprisait les membres les plus éminents. Il s’en voulait d’avoir renié sa personnalité et de ne pas assumer son crime : oser entretenir une amitié réprouvée avec une enfant du peuple de hrafn. Tout ceci à cause d’une histoire de tache sur une peau pas tout à fait lisse et unie. Voilà qui était fichtrement ridicule et qui, pourtant, était un des piliers de leurs mœurs sociétales.
— Oh, si tu savais comme j’ai eu si peur ! avoua la domestique. Promis je ferai attention dorénavant. Je te protégerai cette fois-ci ! Et je ne te ferai plus honte.
Elle se redressa et le regarda de ses yeux larmoyants dont les stries carmines exacerbaient la pâleur maladive de son teint. Endormi au creux de sa poitrine, son médaillon rutilait à la lueur rousse des flammes mourantes, s’illuminant tel un phare dans la nuit.
— Tu veux bien me pardonner ?
Ému par son oblativité, Alexander sourit.
— Non, ma friponne. Tu n’as pas à me protéger de quoi que ce soit. Contrairement à ce que l’on vous enseigne à l’Allégeance, c’est le rôle des maîtres de prendre soin de leurs gens. Pas l’inverse, cela n’a jamais été l’inverse !
Il approcha sa tête de la sienne et l’embrassa sur le front.
— C’est à moi de me faire pardonner ma friponne. Je te promets de ne plus te rejeter. Qu’importe leurs médisances, je te veux près de moi, et ce, quoiqu’il advienne.
À peine ce sermon fut prononcé qu’une détermination farouche naquit dans le regard du baronnet.
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