Hyrkil l’elfe obèse chapitre 3

Chapitre 3 : Forteresse

          La forteresse de Zapor était un lieu très important pour le commerce hobbit, elle abritait la plus importante foire annuelle du continent de Mercor. Des milliers de personnes y venaient chaque année pour vendre ses marchandises. Cependant la forteresse n’accueillait plus beaucoup de voyageurs. Les humains et hobbits qui atterrissaient à Zapor, voulaient généralement prendre leurs jambes à leur cou, pour éviter de servir de nourriture aux skavens, ou d’offrande à leur dieu. La forteresse passait pour imprenable, elle tint bon pendant plus d’un millénaires contre les assauts d’armées très imposantes. Pratiquement personne n’imaginait que quelqu’un pourrait envahir Zapor en creusant. En effet le sol sous la forteresse et ses environs s’avérait du granit. En plus des charmes magiques renforçaient considérablement la dureté du sol sur des kilomètres à la ronde.

            Cependant le noble en charge de la forteresse commit l’erreur d’organiser des jeux où des skavens, dit aussi des hommes-rats se battaient jusqu’à la mort. Un jour il eut l’idée folle de pousser des devins rouges, les religieux des skavens à s’affronter à mort. Les hommes-rats faisaient souvent preuve d’un comportement égoïste, et pratiquaient le chacun pour soi avec une grande application. Cependant ils ne plaisantaient pas avec la foi. Les excès de l’aristocrate lui valurent la haine de l’ensemble des skavens du pays, résultat les offensés unirent leurs forces pour obtenir vengeance. Ils mirent des décennies mais ils parvinrent à se tailler un tunnel vers la forteresse.

         Toutefois même en usant d’un stratagème inattendu les hommes-rats n’étaient pas sûrs de l’emporter. Les hobbits n’étaient pas les plus forts des guerriers, mais leur technologie de guerre imposait le respect. Leurs armes non magiques passaient pour très destructrices. Par exemple une seule arbalète à mille coups, était capable d’arrêter une charge menée par plusieurs bataillons. Cette machine pouvait projeter des centaines de traits dévastateurs, en moins d’une minute. Alors les hommes-rats passèrent par la case corruption financières pour pousser des gardes à négliger leur devoir. Et même comme cela la prise de la forteresse, fut un vrai calvaire des dizaines de milliers d’hommes-rats perdirent la vie en la prenant d’assaut.

             Les vols et les pillages permirent de mettre la main sur des richesses impressionnantes, du genre des livres de magie, et des convois servant à transporter des centaines de kilos d’or.

           Frêneleau se mit à réfléchir sur la mentalité des skavens afin de trouver une faille à exploiter. D’après ses réflexions les hommes-rats appartenaient à une société où même les plus machiavéliques, ignobles, et retors pouvaient perdre gros. Pour éviter des trahisons et des assassinats, un chef homme-rat, avait intérêt à se montrer franchement généreux avec ses subordonnés. Les skavens qui se montraient trop radins en période d’abondance, avaient une durée de vie très courte.

            De plus les hommes-rats aimaient bien épater la galerie, montrer l’importance de leur statut. Cela conduisait beaucoup de dirigeants skavens à de grosses dépenses. Le côté positif venait du fait que les troupes d’élite des hommes-rats disposaient d’un équipement de premier choix, et que leur tendance à assassiner froidement leurs chefs s’amoindrissait. La mauvaise nouvelle, s’avérait qu’il fallait multiplier les coups audacieux pour ne pas subir de problèmes graves de trésorerie. En effet quand les skavens goûtaient au luxe, généralement ils réclamaient toujours plus. Ils pouvaient être de bons survivants, résister à des épidémies virulentes, tenir des semaines en buvant une eau souillée, manger sans subir d’aléas une nourriture pourrie. Cependant quand un homme-rat bénéficiait d’un bon statut social, il s’y accrochait souvent, il refusait fréquemment avec une énergie fanatique de l’abandonner.

             Frêneleau connaissait bien l’histoire de la citadelle, et il pensait que la cupidité des hommes-rats les inciteraient à garder coûte que coûte le contrôle de la forteresse. Donc il doutait fortement que son maître Hyrkil arrive à l’emporter même en déployant tout son talent magique redoutable. Néanmoins comme un avenir fait de liberté se profilait pour Frêneleau dans le cas d’une réussite improbable, il choisit de soutenir pour le moment Hyrkil.

Frêneleau : Qu’est-ce que vous allez utiliser comme sort, pour conquérir la forteresse de Zapor, maître, un enchantement d’épidémie ?

Hyrkil : Le hic avec les épidémies c’est que l’on a du mal à contrôler leur propagation. Et puis je veux sauver la vie des otages du bastion. Or si je les rends malades, ils auront plus de mal à rester en vie. Non je vais recourir à une solution plus subtile, et non magique.

Frêneleau : C’est bizarre vous avez passé plusieurs journées à écrire, et je sais qu’il ne s’agit pas de votre journal intime. J’aurais pensé que vous enchantiez des parchemins.

Hyrkil : Mes écrits ne sont pas surnaturels, toutefois ils peuvent avoir des effets dangereux pour les occupants de la forteresse.

Frêneleau : Il s’agit de quoi exactement ?

Hyrkil : Principalement de recettes de cuisine particulières. Assez discuté des skavens approchent. Nous allons nous occuper d’eux, mais essayez toi et Alaman de laisser quelques survivants. Après l’affrontement, je vais laisser tomber sur le sol un parchemin spécial.

          Les skavens s’avéraient une vingtaine, ils patrouillaient dans une plaine herbeuse remplie de rochers divers. Hyrkil le ventru ordonna à Alaman l’ogre et Frêneleau l’elfe des bois, d’adopter une posture défensive, de se consacrer sur la protection de sa personne. Le ventru jeta un sort de sommeil sur les opposants, ceux-ci s’effondrèrent comme des masses. Les deux serviteurs de Hyrkil estimaient que l’affrontement serait rapide. En fait parler de combat serait très généreux, des cibles inertes ne méritaient pas le titre d’opposants. L’ogre et Frêneleau reçurent l’ordre de ne laisser en vie que cinq survivants. Eux et leur maître ventru s’éloignèrent, en ne laissant comme preuve de leur passage, un parchemin.

           Une fois que les cinq skavens survivants se remirent debout, il y eut une violente dispute pour le partage des restes des alliés tombés, notamment les armes et l’armure du chef de la patrouille.

            Chacun d’entre eux voulait la part du lion, réclamait pour lui, plus des trois quarts de l’or. Pour arranger les choses chaque skaven survivant disposait du même grade, d’un âge assez proche, et d’un talent au combat équivalent. Hyrkil qui observait à distance respectable le petit manège des skavens, se demanda comment les inciter à régler leur problème de partage. Il commençait à en avoir assez de poireauter derrière un rocher.

Hyrkil : Cela fait près de deux heures que les skavens se disputent pour obtenir la meilleure part de butin. Frêneleau, Alaman que me conseillez-vous de faire pour débloquer la situation ?

Alaman : Faites disparaître les armes et l’armure du chef de patrouille, comme cela il aura moins de motif de zizanie ?

Frêneleau : Je connais les skavens, ils se disputent tout le temps pour un oui, ou un non. Ils sont capables de se chamailler pendant des heures pour un vulgaire morceau de craie. Le meilleur moyen de mettre fin aux dissensions, est de ne laisser en vie qu’un seul skaven de la patrouille.

Alaman : C’est une méthode un peu extrême Frêneleau.

Frêneleau : Pour qu’un skaven ne se querelle pas avec quelqu’un, il faut qu’il n’ait personne avec qui parler.

Hyrkil : Je retiens ta proposition Frêneleau.

          Pendant que Hyrkil se préparait à jeter un sort, Frêneleau songeait à sa vision de la société skaven.

Frêneleau (pense) : Les skavens sains d’esprit ne sont pas la norme, ils ont toujours un grain, une tendance marquée à la folie. La vie d’un homme-rat est une succession de coups bas et de complots. Donc un skaven non paranoïaque, c’est très rare. J’ai peur que nous soyons la cible de véritables détraqués à l’avenir.

Hyrkil : Boule de.

Frêneleau : Plutôt qu’un sort de boule de feu, j’emploierai un enchantement de mort, le papier cela brûle.

Hyrkil : Bonne remarque Frêneleau. Horsang mirto chanor.

              Une fois la formule magique prononcée, il ne resta plus qu’un skaven encore en vie, toutefois tout n’était pas pour le mieux. L’homme-rat survivant avait les yeux plus gros que le ventre, il voulait transporter tellement de choses, qu’il progresserait à une vitesse très lente vers la forteresse.

           Il se disait qu’il avait affaire à une force bien plus redoutable que lui, capable de l’écraser très facilement. Donc comme il n’avait selon lui aucune chance de riposter, autant s’arranger pour bien se remplir les poches et le sac à dos. S’il survivait il aurait ainsi la possibilité de mener une vie d’opulence.

Hyrkil : La cupidité des skavens ne m’aide pas. Horsang mirto chanor.

           L’homme-rat refusa de ramasser le manuscrit, et lorgna plutôt sur les armes et des objets précieux. Il subissait une impulsion magique discrète de la part de Hykil pour considérer le parchemin comme un bien précieux, mais il était tellement cupide qu’il désirait s’encombrer d’autre chose.

Hyrkil : Les skavens sont désespérants, je vois que mes efforts ont été vains, avec la patrouille que j’ai décimée.

Frêneleau : Pas nécessairement, vous pouvez user d’un sort majeur de domination mentale, plutôt que d’un enchantement mineur, pour obliger l’homme-rat survivant à ramener le parchemin, vers la forteresse.

Hyrkil : Bonne idée, miso naror irka.

Malheureusement le sort de domination ôta la plupart de l’intelligence de l’homme-rat ensorcelé, il ne savait pas où aller.

Hyrkil : Le skaven que j’ai ensorcelé m’énerve profondément, soit il n’a aucun sens de l’orientation, soit j’ai mis trop d’énergie pour dominer son esprit.

Frêneleau : Je penche pour les deux options, les skavens sont réputés pour ne pas savoir s’orienter hors de leurs souterrains. Mais j’ai senti aussi que vous mettiez la dose, pour annihiler la résistance mentale de l’homme-rat.

Hyrkil : Je vais tuer le skaven, il me tape sur les nerfs.

Frêneleau : Il y a une autre alternative, vous pouvez insérer le chemin de la forteresse dans l’esprit de l’homme-rat.

Hyrkil : C’est vrai, surtout que maintenant que j’ai brisé l’esprit du skaven, il sera facile de lui transférer des connaissances par magie. Ilpor Shazam porus.

            L’homme-rat se mit à marcher vers la forteresse, toutefois il n’avait plus aucun instinct de survie. Ainsi pour gagner du temps, il se rapprocha d’un gouffre. Il avait l’intention de sauter dans le vide pour faire un trajet direct et éviter un long détour. L’ennui venait que son raccourci aurait des conséquences mortelles. Il fallut l’intervention d’Hyrkil pour l’empêcher de se suicider involontairement. Le ventru pouvait voir et entendre ce que ressentait le skaven grâce à un sort d’espionnage. Donc Hyrkil donna de nouvelles instructions mentales à l’homme-rat, afin qu’il revienne en un seul morceau à la citadelle.

Hyrkil : Le skaven met  vraiment à rude épreuve ma patience, il ne m’est d’aucune utilité. Je vais le détruire. À moins que, oui je vais projeter mon esprit à l’intérieur du corps de l’homme-rat. Comme cela je contrôlerai efficacement ses actions. Frêneleau, Alaman, je compte sur vous pour me protéger le temps que je prenne possession du skaven.

Frêneleau : Maître vous êtes prêt à nous confier votre corps ?

Hyrkil : Bien sûr, je vous fais confiance à tous les deux.

Alaman : C’est touchant, mais en même temps déroutant. Je ne connais aucun ventru à part vous, qui se mette en situation de vulnérabilité volontairement devant des serviteurs.

Hyrkil : Je sais que j’ai un comportement atypique, cependant les enjeux sont très importants pour moi. Alors tant pis pour l’étiquette ventrue.

          Hyrkil le ventru envoya son esprit dans le corps de l’homme-rat, qui prit de l’or et le manuscrit, et se déplaça vers la forteresse. Il décida de solliciter une entrevue avec le seigneur homme-rat qui régentait la partie ouest de la forteresse. Pour ne pas attendre plus d’un an avant d’obtenir une audience, le skaven subalterne dut dépenser la plupart de ses ressources en or. Il remit le parchemin au seigneur, celui-ci bien que très content, se contenta de donner un vague remerciement.

            Une fois sa tâche achevée, le ventru s’arrangea pour donner l’ordre à l’homme-rat possédé de se suicider. Il commanda à sa victime contrôlée par magie de faire le vantard devant des semblables ayant de la haine pour son régiment. Le résultat fut net et rapide, un carnage à sens unique sur le skaven jouant les provocateurs, se soldant par une dizaine de coup d’épée dans le ventre et le torse. L’esprit de Hyrkil regagna son corps d’origine après la bagarre aux conséquences mortelles.

Frêneleau : Vous allez bien maître ?

Hyrkil : À part une légère envie de ronger du bois avec mes dents, je me sens bien. Une possession de corps qui dure plus de quelques minutes peut donner temporairement au sorcier possesseur certains des tics et réflexes de sa victime.

Frêneleau : Quelle est la suite de votre plan maître ?

Hyrkil : On va attendre quelques jours, que les skavens s’entretuent.

Frêneleau : Quels sont les effets de votre parchemin ?

Hyrkil : Il s’agit de la recette d’un poison lent mais mortel pour les hommes-rats. D’après mes connaissances seuls les ventrus possèdent l’antidote, et les moyens de détecter le poison.

Frêneleau : Qu’est-ce qui garantit que les skavens vont se détruire mutuellement ? Ils s’empoisonnent déjà souvent entre eux. Une nouvelle recette de poison, cela me semble léger pour provoquer la mort de tous les hommes-rats de la forteresse.

Hyrkil : J’ai livré la recette à un skaven dont la paranoïa passe pour extrême, même selon les standards des hommes-rats. Vu l’efficacité remarquable du poison sur les skavens et le tempérament de ma cible, je suis presque certain qu’un carnage aura lieu tôt ou tard chez les hommes-rats de la forteresse.

Frêneleau : Les otages hobbits ne risquent pas d’être pris involontairement dans le massacre que vous projetez ?

Hyrkil : Les risques sont minimes, les otages valent chers, ils rapportent beaucoup d’or. Or je vois mal des hommes-rats sacrifier une bonne source de revenus. Et puis le poison n’est toxique que sur les skavens. Passons à la suite du plan, Alaman tu vas bientôt combattre. Une fois que les hommes-rats se seront éliminés les uns les autres, tu défieras les chefs survivants de la forteresse de Zapor, et tu prendras le pouvoir. Je pense que de nouveaux venus vont monter en grade à cause du poison, mais le hic quand on est un nouveau venu c’est qu’il faut aussi prouver sa valeur guerrière. Cela devrait rendre assez réceptifs les hommes-rats à l’envie de réaliser des prouesses martiales contre toi.

Alaman : Votre plan comporte un hic, je ne suis pas sûr de l’emporter.

Hyrkil : J’augmenterai tes capacités martiales par magie, tu seras imbattable, les skavens de Zapor n’arriveront même pas à te faire une égratignure.

Alaman : C’est un procédé indigne, participer à un duel en trichant grâce à la sorcellerie est un comportement honteux.

Hyrkil : Je ne vois pas en quoi mettre toutes les chances de son côté est infâme. Dis toi que tu combats pour ta liberté, un des biens les précieux qui soit.

Alaman : Même si vous m’offrez beaucoup, je suis dans l’obligation de refuser votre aide. Surtout que je suis sûr que vous avez un plan de secours.

Hyrkil : J’ai en effet plusieurs stratagèmes pour conquérir la forteresse. Néanmoins si tu refuses de suivre mes ordres Alaman, tu resteras un esclave toute ta vie. Me suis-je bien fait comprendre ?

Alaman : Bien maître, je vous obéirai, mais je n’apprécie pas vos procédés.

          Hyrkil le ventru pensait qu’en un mois, les skavens, de la forteresse de Zapor s’entretueraient. En fait le ventru eut tort, il ne fallut que trois jours pour que la situation des hommes-rats devienne intenable. Les skavens déjà très méfiants par nature, voyaient des meurtriers et des comploteurs partout. Certains hommes-rats se mirent à manger leurs semblables, afin d’éviter de se faire empoisonner. Le conflit atteint des proportions tragiques chez les skavens, la moitié de la population homme-rat de Zapor périt en moins de quarante-huit heures. Ainsi une fragile alliance vola en éclats, une succession de batailles terribles se déroula dans la forteresse. La citadelle devint un lieu où un skaven influent avait du mal à survivre plus de quelques heures. Il y eut même une journée qui restera dans les annales de l’histoire comme le jour des mille renversements. Et ce titre était en dessous de la réalité, ainsi le poste de chef suprême de la forteresse fut attribué à des dizaines d’hommes-rats différents à cause d’une succession presque sans fin de complots durant une journée. Et dès qu’un nouveau chef suprême apparaissait, il faisait du nettoyage parmi les échelons intermédiaires.

            Mais finalement après de violentes purges un nouveau ordre régna sur la citadelle, même si seulement un dixième des occupants hommes-rats survécut. La clé pour résoudre le problème de l’instabilité politique ambiante fut une loi interdisant désormais l’usage du poison à l’intérieur de la forteresse. C’était une grave entorse à la tradition skaven, mais le seul moyen d’empêcher un massacre absolu.

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