La Tour Des Mondes – Chapitre 65

La route est longue pour un Dresseur

Fae soupire à côté de moi. Le chevalier a fini par partir et la tension qui émanait d’elle a totalement disparu. J’en profite pour ranger mes armes et vérifier avec le lien que tout se passe bien. Micha est toujours « triste » même si je ne suis pas sûr. La sensation que je ressens a l’air beaucoup plus profonde que cela. Juliette, elle, est juste en colère contre lui. Elle a bien compris que c’était un ennemi et elle aurait aimé que je me batte.

« Comme je te l’ai dit, ce n’est pas le premier dans son genre. La plupart de ceux qui viennent ici cherchent à avoir un animal facilement et rapidement. Dans la classe des Rangers, cela fait partie de ton initiation d’avoir ton propre animal que ce soit un chien ou un faucon, mais ça prend plusieurs mois d’entraînement et tu dois apprendre à dresser l’animal par toi-même sans lien. Même les cavaliers dans la Tour des guerriers doivent attendre avant d’avoir une monture et je ne te parle pas des autres classes. Ici, tu as ton animal directement et malheureusement c’est le genre d’infos que les guides donnent aux grimpeurs et ils finissent par croire que cette classe est une animalerie. »

J’écoute Fae tout en sortant de la pièce. Je ne tiens pas à rester là plus longtemps. Micha est mal à l’aise et c’est compréhensible. Si la pièce était recouverte de corps humains, j’aurais sans doute la même réaction.
Fae referme la porte derrière moi en me disant qu’elle espère ne pas le revoir.

— Bon. Où en es-tu dans ton entraînement chez les assassins ? Quel niveau ?
— En une semaine, j’ai atteint le niveau 10 de la classe. Je pense que ça commence à prendre forme et que j’ai quelques bases, mais c’est loin d’être suffisant pour dire que j’en suis un vrai.

Fae semble faire une moue colérique. J’imagine qu’elle n’aime pas trop l’idée que mon niveau soit plus élevé chez les Assassins qu’ici alors que c’est censé être ma classe principale.

Je peux comprendre, mais les deux classes n’ont rien à voir. L’une est physique tandis que l’autre se repose sur le mental. Les deux finissent par être complémentaire bien entendu, esprit et corps. J’ai juste besoin de la rassurer sur mes intentions.

— Puisque tu as passé une semaine là-bas, je veux que tu en passes une entière ici à t’entraîner ! En tant que Gardienne, je te l’ordonne !
— Non. Je ne peux pas faire ça. C’était juste un test d’entrée pour voir ce que j’avais dans le ventre. Ma professeur ne m’aurait pas laissé continuer sans ça. J’aimerais éviter de devoir passer une semaine chez l’une puis chez l’autre.
— Gh… Je vois… Tu défies mon autorité, c’est ça !?
— Euh…
— Pff, c’est bon laisse tomber. Je te fais marcher. Néanmoins, ne néglige pas ton entraînement ici, sinon tu seras à la traîne. Tu as encore beaucoup de chemin à faire avant que je ne sois satisfaite.

Fae me guide alors en direction d’une autre pièce. Je passe la porte et me rends compte qu’à quelques détails près, c’est la même « salle de classe ». Je m’installe sur le sofa dans un coin de la pièce et Fae s’assoit à côté de moi. Micha reste dans ma poche et semble vraiment marquée par ce qu’elle a vu. Je lui caresse la tête en lui disant que je suis là pour elle à travers le lien. Juliette de son côté est un peu énervée que je me sois laissé malmener par un inconnu, mais je pense que c’est préférable à l’avoir attaqué. Je suis encore un débutant ici dans la tour et je viens de commencer mon entraînement physique. Ce qui fait deux raisons de ne pas affronter un chevalier, ou ce qui y ressemble.

Si j’ai bien compris une chose en volant avec Maliel, c’est bien de ne pas voler quelqu’un qui a l’air d’être un trop gros poisson pour moi. Il n’y en a pas eu beaucoup, mais Maliel me faisait passer mon chemin sans hésiter lorsqu’elle trouvait quelque chose qui la dérangeait. Un collier trop apparent, quelqu’un de trop fort dans les parages et ainsi de suite. Avec elle, j’ai au moins appris les bases de la survie dans la classe de voleur, ou alors c’est juste son instinct à elle qui est très bon naturellement comparé au mien. J’aimerais bien savoir quel genre de vie elle a eu sur terre pour être comme ça en tout cas.

Pour revenir au chevalier, honnêtement, je ne savais pas si je devais me battre ou non avec lui. Ça ne m’a pas empêché de garder Juliette dans la manche, prête à attaquer. Si Fae n’était pas intervenue, j’aurais dû réagir pour sauver Micha, mais vu la facilité avec laquelle il m’a fait reculer, je pense que du point de vue de la force, je n’avais aucune chance de gagner. Même si Juliette fait la sourde oreille par rapport à ça maintenant, je sais qu’elle l’a compris. Elle a juste un peu trop de fierté… et aussi le sang chaud.

— Tu as réussi à passer au niveau suivant du lien ?
— Non. Mais j’ai appris à gérer le lien avec Juliette et à m’habituer à sa présence. J’ai sans doute progressé, mais pas autant que je l’aurais voulu.
— Hm. Ce qui veut dire que l’on a du travail. Je t’en ai déjà parlé, mais peu de dresseurs sont arrivés à dépasser le niveau deux du lien. Soit par intérêt, soit par manque de talent. Ils avaient plus tendance à se concentrer sur le nombre de liens par rapport à la qualité de celui-ci. C’est aussi pour ça que la plupart des gens se sont arrêtés à ce niveau et sont allés faire une autre classe… Bien sûr, c’est à toi de voir. Je ne te pousserai pas dans une direction particulière. Chacun des choix a des avantages que tu dois découvrir par toi-même.
— Donc je ne saurai jamais ce qui est préférable ?
— C’est un choix. Il y a deux écoles. Qu’est-ce que tu préfères ?
— Hm. J’imagine que si je dois choisir dans l’instant ce serait d’améliorer le lien, je crois. Je ne sais pas exactement quel genre d’animaux j’aimerais avoir, ni combien et vu que ce n’est pas le genre de décision que je veux prendre à la légère, on va partir sur l’amélioration.
— Très bien dans ce cas, commençons l’entraînement.

Fae me demande de faire un peu de place dans la pièce pendant qu’elle va chercher du matériel. C’est vrai que je m’étais laissé porter jusque là par rapport à mon entraînement, mais si je dois faire un choix, j’imagine que je privilégierai la qualité à la quantité. C’est de ma « famille » dont on parle. La dernière fois que Fae m’avait parlé des niveaux du lien, j’étais devenu trop curieux au point qu’elle décide de me faire passer un test que j’ai raté. Depuis le temps, je n’y avais plus pensé, mais qu’est-ce que le niveau suivant du lien va me permettre d’obtenir ? Est-ce que je vais pouvoir parler avec eux clairement ? Ce serait tellement pratique par rapport à ce que je fais maintenant. C’est plus facile de se faire comprendre avec des émotions que d’essayer de communiquer. C’est justement grâce au côté fusionnel du lien et au partage de tout ce qui est ressenti que c’est possible de s’en sortir. Cependant, ça ressemble vraiment à deux personnes qui essayent de se parler en étant ivres à 100 mètres l’une de l’autre pour l’instant parfois. Il faut que les idées soient faciles à comprendre pour pouvoir les transmettre.
Fae revient après quelques minutes avec une sorte de grande caisse qu’elle déverse par terre. À l’intérieur, il y a toute une série de jeux pour enfant : des cubes, des voitures aux couleurs différentes, des balles et ainsi de suite. Elle retire ensuite une plaque du mur que je n’avais pas remarquée et dans laquelle je peux voir un trou.

« Normalement, c’est un labyrinthe fait pour les souris, mais tu peux très bien t’en servir avec Juliette. Je te laisse décider de qui fait quoi, le but étant que tu gères les deux liens en même temps. Si tu t’en sors bien, tu devrais atteindre le niveau trois au bout d’un moment et améliorer ton niveau de Dresseur pendant ce temps. »

Je décide de laisser Micha aller dans le labyrinthe et de garder Juliette dans la pièce. Fae place Micha dans le trou et repose la plaque sur le mur. Micha est un peu inquiète, mais je la rassure à travers le lien. Je sais qu’elle a vu quelque chose de déplaisant, mais je suis là et je ne l’abandonnerai pas. Je lui répète à travers le lien à plusieurs reprises pour qu’elle comprenne et elle se met à ronchonner de ne plus être dans la même pièce que moi comme si elle était jalouse de Juliette à présent. J’imagine que le lui dire lui fait le plus grand bien et je devrais le faire plus souvent.

Fae me passe alors une sorte de carte à plusieurs niveaux dans laquelle je dois guider Micha. La gardienne pose alors son doigt sur la carte et une sorte de point rouge se pose dessus et va se placer probablement à l’endroit où Micha se trouve. Elle me donne ensuite une liste d’actions à réaliser avec les jouets par terre et je demande à Juliette de descendre de mon bras en lui expliquant que c’est un jeu. Fae me regarde et me dit de commencer en allant m’installer dans le lit pour faire la sieste probablement. Elle marmonne un « Réveille-moi quand tu as fini » et je peux ensuite entendre à son souffle qu’elle s’est vraiment assoupie.

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10 thoughts on “La Tour Des Mondes – Chapitre 65

  1. Merci pour le chapitre.
    PS:Penser et faire deux chose à la fois…il aurait dû naître femme. XD
    PPS:C’est pas plutôt le chapitre 65 ?

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