Tour Des Mondes – Chapitre 98
Accueil chaleureux
Nous finissons par atteindre le port et nous engouffrons à l’intérieur avec notre navire en ralentissant. Ce serait stupide de couler notre navire sur la jetée.
À l’intérieur du port, 9 personnes nous braquent avec des arcs tandis que des pêcheurs s’agitent dans tous les sens. Emy récupère son bouclier et demande à Thif de rester derrière elle au cas où ils fassent feu. L’entrée du port ne fait qu’une quinzaine de mètres de large et c’est largement suffisant pour qu’un bateau entre seul et de chaque côté un archer positionné sur une sorte de piédestal en pierre nous vise. L’intérieur du port ne contient que des petits bateaux de pêche et notre Drakkar est de loin le plus gros navire. Il n’y a qu’une plage et pas de quai où les navires peuvent s’amarrer et nous finissons par atteindre la plage où notre navire s’avance un peu avant de se stopper dans le sable.
De mon côté en voyant l’agitation des gardes, je lève les mains en l’air pour montrer que je ne suis pas dangereux. Après tout, ce sont eux qui ont tiré les premiers sur la plage et pas nous. Je n’ai normalement rien à me reprocher à part le fait d’être un grimpeur et c’est pareil pour Emy et justement Thif se tourne d’abord vers nous.
« Quoi qu’il arrive laissez moi parler, je connais les gens de ce monde. Pas un mot si vous me faites confiance. »
C’est justement ça le problème, nous n’avons pas du tout confiance. Il se tourne ensuite vers les gardes qui nous braquent et se met alors à parler. Dans le port, la plupart des pêcheurs s’arrêtent pour nous observer et nous regardent avec haine. La plupart ont des armes de fortune et semblent préparer des barricades pour les cinq navires qui nous suivent.
— Ne tirez pas ! Ne tirez pas ! Nous ne sommes pas dangereux !
— Alors, repartez ! Nous ne voulons pas voir d’étrangers ici et encore moins deux grimpeurs !
— Nous n’avons plus d’eau et de nourriture et notre navire est en trop mauvais état pour repartir il faut nous laisser débarquer !
— Et alors ? Va te perdre dans le néant voyageur, ça ne m’intéresse pas. Repartez ou nous ferons feu.
Thif me regarde et regarde Emy pendant quelques instants il semble réfléchir à un moyen de faire en sorte que nous puissions débarquer ici et convaincre le chef des archers.
Celui-ci tient une lance qu’il pointe dans notre direction. Elle semble rudimentaire, mais solide. La plupart des gardes n’ont pas d’armures et partagent juste la même couleur de vêtement jaune sauf le chef en jaune foncé. Si je ne me trompe pas à la couleur de ses vêtements, c’est celui qui était sur la dune. Avant que je n’aie le temps de le détailler plus, une flèche est tirée dans ma direction venant d’un des archers postés en hauteur à l’entrée du port. J’esquive d’un mouvement de la tête la flèche et m’apprête à récupérer mon arbalète, mais Thif m’arrête.
— Stop ! Ça suffit ! Il y a cinq navires-dernière nous qui semblent vouloir attaquer ce village, il faut que nous nous cachions, vous tous, vous risquez de mourir ! Vous devez fuir avant qu’ils n’arrivent !
— Et vous pourriez très bien être des éclaireurs vu votre navire ! Repartez maintenant !!
— Si nous sommes vraiment des éclaireurs quel intérêt est ce que l’on peut avoir à venir ici pour débarquer ? Nous n’irons pas plus loin c’est déjà un miracle qu’on ait réussi à rentrer dans le port !
— Je ne risquerai pas la vie des miens pour vous protéger toi et tes grimpeurs ! Repartez d’ici avant que je ne décide de vous tuer.
Les négociations de Thif ne semblent pas vraiment avancer et nous manquons de temps. Les cinq navires, avant que nous entrions dans le port, étaient à une demi-heure de nous. Je préfère me battre sur terre, mais s’ils sont vraiment 150, il vaudrait mieux fuir.
« Ça suffit emprisonnez les et finissez les préparations ! Nous n’avons pas de temps à perdre avec eux. S’ils veulent rester qu’ils restent ! Si ce sont eux qu’ils cherchent à récupérer, nous pourrons négocier, enfermez-les. »
La personne qui parle semble être l’ancien du village et doit être le chef. Dans le port si je fais abstraction des gardes et du vieil homme qui est apparu de derrière le chef des gardes, je peux voir beaucoup de personnes. De là où je me trouve, je peux voir une cinquantaine de maisons, des femmes et des enfants. Quelques gardes aussi, mais pas suffisamment pour se battre contre cinq navires. Pas avec une trentaine de pêcheurs armés avec des fourches et des couteaux.
Le chef des gardes parle au vieil homme et les deux ne semblent pas d’accord jusqu’à ce que finalement le chef du village termine la conversation en lui disant que c’est un ordre.
Les gardes se tournent alors vers nous et sur un signe du chef l’un d’entre eux me fait signe d’approcher.
Je regarde Emy qui garde son bouclier entre les mains. Le garde hurle alors que si nous ne résistons pas et que nous donnons nos armes, il nous emprisonnera et nous n’aurons pas à repartir. Si j’avais été emprisonné sans Emy j’aurais préféré fuir, mais je ne suis pas sûr qu’une prison lui résiste, fuir ne sera pas un problème. Même s’il me retire mon équipement j’ai encore de quoi me défendre dans mon inventaire.
Je garde les mains levées et Emy en me voyant lui faire un signe finit par lâcher son bouclier et agit comme moi… même si elle semble n’être pas tout à fait certaine de mon choix.
— On va jouer le jeu pour l’instant, mais je vais avoir du mal à me contenir si ça continue.
— Pareil pour moi.
— Ne faites rien sans mon autorisation vous allez juste nous faire tuer.
Aussitôt descendus du bateau, les gardes se jettent dans notre navire et avec leurs épées nous font signe d’avancer. Je passe devant le chef des gardes avec Emy et j’ai presque envie de lui dire qu’on peut aider, mais Thif me regarde et je décide de me taire. Pas besoin d’être un génie pour savoir que les gardes ne sont pas suffisamment nombreux pour résister contre une attaque de ce genre si c’est bien une attaque. Mais cinq navires, ça fait beaucoup pour faire du commerce avec un village qui n’a pas l’air très riche. L’un des gardes s’approche alors de moi dans le but de me fouiller et aussitôt Juliette sort de ma chemise pour le menacer…
Il recule effrayer et les autres brandissent leurs lances dans notre direction. Je regarde Juliette en soupirant. Ce n’est pas vraiment le moment pour elle de faire la maligne… Je n’ai pas envie de finir empalé parce qu’elle n’en fait qu’à sa tête et menace des inconnus.
Thif se place entre moi et les gardes en essayant de calmer les choses. Le chef du village se met alors à hurler qu’il ne reste pas beaucoup de temps et qu’ils nous fouilleront plus tard.
Les gardes nous font alors traverser le port tandis que les villageois nous regardent sans trop comprendre la situation. Il y a quelques étals de fruits par endroit, mais j’ai bien l’impression que c’est juste un port de pêche ici. Même si je peux voir des outils qui me font dire qu’il y a aussi un peu d’agriculture dans les parages l’endroit semble vraiment pauvre.
Pas d’objets précieux sur les étales, pas de boutique, juste du poisson et quelques fruits. Ça m’étonne presque qu’ils aient des gardes ici et au total je n’en ai compté qu’une quinzaine. Loin d’être suffisant… Vraiment loin si on est bien contre les 150 dont a parlé Thif.
C’est alors que je reçois de la boue qu’un enfant me jette. Suivi par un fruit pourri et par des cailloux. Emy subit la même chose que moi tandis que Thif nous ordonne de ne rien faire. Les lances des gardes sont toujours braquées dans notre direction et ils ne semblent pas avoir envie d’arrêter la foule vu les regards. C’est alors qu’Emy se met à hurler. Vu l’effet, ça a l’air d’être une compétence qui glace le sang des gens autour de nous et même moi. C’est la première fois que je la vois utiliser cette compétence et même si je suis surpris elle aura au moins le bénéfice de faire peur aux gens. Un des gardes a les mains qui tremblent et ne sait pas comment agir jusqu’à ce que finalement son chef décide de me pousser en avant. Je retiens Juliette qui semble avoir envie de lui dire de se calmer.
« Avancez grimpeur, la prochaine fois vous finirez empaler, c’est clair ? »
Les gardes nous escortent et ensuite nous font entrer dans une sorte de bâtisse en périphérie du village ou une grande cellule nous attend. Ils nous enferment à l’intérieur sans même prendre la peine de nous retirer nos armes ou encore de nous fouiller, mais avec Micha ainsi que Juliette sur moi c’est mieux comme ça, je ne sais pas ce qu’ils pourraient faire à mes animaux et je n’ai pas envie de savoir. J’imagine qu’ils n’ont vraiment pas le temps de s’occuper de nous, ou alors ils sont juste perturbés que nous soyons des grimpeurs pour vraiment faire quelque chose. Un garde reste à l’intérieur avec nous pendant que les autres se dépêchent de partir dans l’autre sens pour se préparer à l’arrivée de la flotte.
Après plusieurs minutes, Emy se tourne vers Thif.
— Le vieux tu vas m’expliquer à quoi ça rime tout ça ? Se rendre alors qu’on pourrait les aider ? C’est qui sur les navires ? Tu les connais ?
— Je ne peux rien dire. Il faut espérer que l’on ait de la chance. Vous n’êtes pas suffisamment forts pour affronter un tel groupe, notre seule chance est qu’ils ne soient que de passage et qu’ils ne s’arrêtent pas ici, si c’est le cas je pourrai négocier avec le chef du village pour qu’ils nous laissent partir. S’ils sont là pour attaquer le village alors il faut qu’on trouve un moyen de fuir.
— C’est ça ton plan ? C’est pour ça que l’on t’écoute depuis plus de deux jours ? Plus ça va et plus l’idée de te bâillonner me parait intéressante. Finir sur un bateau avec un fou et maintenant emprisonné dans un village perdu au milieu de nulle part… Qu’est-ce que t’en pense Nomad ?
— Je suis d’accord, ça me suffit. Si le village se fait attaquer, je ne compte pas fuir. Et je ne suis pas dupe. Il sait très bien qui se trouve sur ses navires. Ce sont les mêmes que celui sur lequel on a atterri. Il nous prend pour des idiots et je n’aime pas ça du tout.
Thif se fige en nous regardant tour à tour. Il a bien compris qu’il avait perdu cette manche, mais semble vouloir continuer dans son idée.
« Quoiqu’il se passe, n’intervenez pas, c’est un ordre si vous voulez survivre ! On attend c’est tout. »
Il n’y a pas de temps à perdre et le garde dans le coin de la pièce nous fixe comme si nous étions des criminels. J’ai presque envie de lui donner raison d’agir comme ça, mais je vais me retenir puisque ça ne ferait qu’empirer la situation. Je regarde Emy qui comprend ce que je compte faire.
Je décide de me tourner vers Micha. Avec un petit pincement au cœur, je lui dis de partir en reconnaissance. Je la glisse dans ma main et la porte jusqu’aux barreaux de l’unique fenêtre de la cellule. J’ai un peu peur qu’il lui arrive quelque chose, mais elle s’est entraînée pour ça avec Nerys et j’ai besoin de savoir ce qui se passe pour pouvoir agir le plus vite possible.
En comprenant sa mission, Micha me dit à travers le lien que je n’ai pas à m’inquiéter et qu’elle va s’en sortir. J’imagine que je vais devoir lui faire confiance, elle est la seule à pouvoir faire ça sans éveiller les soupçons. Ce n’est pas la première fois que je le fais, mais je sais que c’est différent cette fois-ci puisque nous sommes dans la tour.
Les gardes ne savent pas que je suis dresseur et je n’ai pas à m’inquiéter.
En lui disant de faire attention, elle s’en va et grâce au partage de vision je suis sa progression. Derrière moi, Thif s’approche en voyant que je n’ai pas l’air de vouloir l’écouter et Emy passe derrière lui et l’assomme d’un coup de la tranche de la main. Il tombe par terre comme une pierre et je la regarde en espérant qu’il n’est pas mort, mais Emy se contente de hausser les épaules en me regardant.
— T’inquiète pas, je n’ai pas frappé trop fort, mais je commence à vraiment plus en pouvoir de lui. Tu es sûr de ton truc avec l’oracle ? Je vais finir par le tuer pour le faire taire si ça continue.
— Pour l’instant, attache-le et bâillonne-le. Je vais voir ce qui se passe avec Micha.
— Oh ? Tu peux partager sa vision ?! C’est plutôt cool comme compétence… Tu me l’avais pas dit, même pendant les entraînements ! Attends, c’est pour ça que tu me donnes l’impression d’avoir un bon instinct, en fait c’est elle qui te permet de voir même quand tu as le dos tourné.
— Je t’expliquerais, mais ça te dérange pas que je me concentre sur Micha là ?
— C’est ça, change de conversation. Sur le bateau, tu n’avais pas l’air d’avoir de problème pour me parler et esquiver les flèches alors me fait pas croire que tu n’es pas capable… Hey ! Ne fais pas genre !…Nomad je te jure que si tu continues…
Je décide de fermer les yeux et de m’asseoir par terre pour lui faire croire que j’ai besoin de me concentrer et graduellement Emy finit par se taire. Bon… Où en est Micha ?
C’est alors que je sens quelque chose me chatouiller le nez. Je rouvre les yeux pour voir Emy en train de brandir un brin d’herbe devant mon visage en souriant.
— Emy arrête de faire la gamine comme ça, je te rappelle qu’il y a cinq bateaux qui foncent sur le village.
— Dans ce cas, arrête de faire « genre » c’est compliqué. Je n’aime pas attendre et on vient de passer plusieurs jours sur un navire à rien faire alors me laisse pas poiroter comme ça en me prenant pour une idiote.
— Tch… « K.
Emy sourit comme une enfant. J’imagine qu’à partir de maintenant les choses sérieuses commencent… Enfin pas pour Emy… pour elle, c’est le début de l’aventure.
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Merci pour le chapitre.
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Emy qui assomme et baillone la voie de la raison ,tout un programme
Au fait ,tu as ecris « Emy récupère son bouclier et demande à Thif de rester derrière lui au cas où ils fassent feu. »
donc soit tu as fait une faute soit Emy est un homme fianlement.
Ahhhh. Je modifie ça.
Merci pour le chapitre