La Tour Des Mondes – Chapitre 28

Falco

Je me réveille le lendemain matin dans la chambre d’Emy avec un sacré mal de crâne. Je me redresse en me frottant le visage. Le nombre de fois que ça m’est arrivé sur terre de boire comme ça se compte sur les doigts d’une main, mais c’est déjà la deuxième fois depuis que j’ai fait la connaissance d’Emy en à peine quelques jours. Je ne sais pas si je dois en déduire quelque chose. Peut-être qu’elle a juste une mauvaise influence sur moi et même si c’est le cas, le seul point négatif est de me réveiller dans un état pareil.

La situation n’a pas tellement changé par rapport à la première fois. Toujours habillé, toujours mal à la tête et toujours en train de partager le lit avec Emy. La seule vraie différence c’est que cette fois-ci Micha n’est pas en train de se cacher dans un coin de la pièce et dort sur un oreiller posé par terre. Je la réveille doucement en passant un doigt sur son dos. Elle s’étire ensuite en se redressant et agite ses oreilles dans ma direction. Elle ne semble pas avoir l’air de me faire une crise de jalousie cette fois-ci et ça me soulage.

Emy de son côté semble bien dormir et je ne compte pas la réveiller. Je ne vais pas la blâmer vu la quantité d’alcool que nous avons bu hier.
Je sors du lit, remets mon harnais et mes chaussures qui traînent par terre et je tape dans une bouteille sans faire exprès. Je me fige et Emy grogne quelques instants avant de se rendormir. Je finis ensuite par récupérer Micha qui va tout de suite se mettre dans la petite poche en cuir.

Je regarde Emy quelques instants et je pense que ça va sans doute devenir une mauvaise habitude de dormir ensemble. Ça me dérange moins d’avoir dormi avec elle cette fois-ci comparé à la première fois, mais c’est sans doute parce que j’étais d’accord avec l’idée. Hier j’étais incapable de retourner dans ma chambre après la deuxième bouteille donc nous nous sommes mis d’accord pour que je reste dormir.

Quand je parle de mauvaise habitude, c’est parce que de mon côté je me sens beaucoup plus détendu d’avoir dormi avec quelqu’un. Je ne peux pas la comparer à ma copine, mais ne pas dormir seul à quelque chose de réconfortant et de rassurant que je ne pourrais pas expliquer. Et puis tant que je ne couche pas avec elle ou quoi que ce soit je ne pense pas faire de mal à qui que ce soit. C’est difficile de définir ma relation avec Emy pour le moment, mais je crois que je la considère comme une grande sœur ou une bonne copine, au choix. Ce n’est pas encore très clair, mais ça viendra avec le temps. Une chose est sûre en tout cas, le fait de boire avec les gens a tendance à soit les rapprocher soit les éloigner sur terre et vu le résultat avec Emy, dans mon cas c’est sans doute la première option.

Je sors de la chambre après avoir vérifié qu’il ne me manque rien et essaye d’être le plus discret possible, malheureusement pour moi la porte de la chambre se met à grincer à mesure que je l’ouvre. C’est dans ce genre de moment que j’aimerais avoir déjà commencé ma formation d’assassin pour savoir comment ouvrir discrètement une porte qui grince comme si elle n’avait pas été huilée pendant des années…

Tant bien que mal je finis par sortir de là en espérant que je n’ai pas réveillé Emy.

Je descends directement dans la salle à manger où il n’y a personne. Si j’en crois la lumière à travers les fenêtres qui m’aveugle quelques instants, il doit être 11 h. Je prends de quoi manger et vais m’installer à une table.
C’est là que Cyrus s’approche de moi et s’installe sur une chaise comme si de rien n’était. Honnêtement je sais très bien qu’il n’est pas là pour répondre à mes questions, c’est inscrit sur son visage que lui en a à me poser.

  • Tu as dormi avec Emy cette nuit ? Comment va-t-elle ?
  • Elle va bien.

Cyrus sourit quelques instants en me regardant. J’ai du mal à le regarder sans avoir de ressenti après avoir passé la soirée avec une Emy « brisée » moralement.

  • Écoute Cyrus, je pense que ce serait mieux si tu ne demandais plus rien à Emy et que tu ne t’approchais pas d’elle pendant quelque temps. Elle est à deux doigts de partir d’ici et je n’ai pas l’impression que cela soit une bonne chose pour elle. Surtout pas quand elle est perdue comme ça. Si jamais tu as besoin de quelque chose, viens plutôt me demander à moi si tu ne peux pas faire autrement. Je viens d’arriver et je n’ai pas encore pris d’habitude particulière sur mon emploi du temps, mais je ferai de mon mieux pour t’aider.
  • Je… Oui, je comprends.
  • Je ne vais pas non plus te faire la morale ou quoi que ce soit. Je ne te connais pas suffisamment pour ça, mais ce qu’il s’est passé hier est la somme de beaucoup de choses auxquelles tu devrais réfléchir.

Cyrus me regarde sans rien dire, il semble perdu dans ses pensées.
Il finit par se lever et me dit qu’il me reparlera plus tard sans rien ajouter. C’est assez clair qu’il a des choses à me dire, mais je n’insisterai pas ce matin, je n’en ai pas envie.

Je sors le sac de provisions de mon inventaire et pose quelques croquettes sur la table pour Micha. Elle s’empresse de sortir de sa poche et de descendre sur la table. Je remplis ensuite une soucoupe avec un peu d’eau et la mets à côté d’elle. Je reprends mon repas lentement et alors que je suis sur le point de finir Falco sort de la cuisine et vient s’installer à ma table en me remerciant pour hier soir.

  • Merci pour Emy, j’ai cru comprendre que tu l’avais fait changer d’avis sur son départ.
  • Je n’ai rien fait d’incroyable donc pas la peine de me remercier et puis je pense que je l’aurais fait de toute façon même si tu ne m’avais pas demandé. Par contre j’ai envie de comprendre de quoi tu me parlais hier… Tu sais dans la cuisine ..?

Falco me regarde quelques instants en restant silencieux. Il semble gêné et a du mal à trouver ses mots.

« Je ne voulais pas t’en parler et je me suis emporté. Je ne te connais pas assez et je n’aimerais pas que tu te fasses des idées sur moi. Mais vu que j’ai commencé, je peux toujours finir tant que tu me promets de ne rien dire à personne, mais tu n’en auras sans doute pas envie quand j’aurai fini de toute façon. Tu as aussi le droit de ne pas me croire, après tout j’ai l’air d’avoir la vingtaine alors que j’ai en vérité plus de quarante ans. »

Quand j’entends la fin de sa phrase, je le regarde un peu étonner. Falco comme moi a l’air jeune… Sans une explication je ne pense pas être prêt à le croire… Je lui promets de ne rien dire à personne mécaniquement et lui demande de me raconter son histoire.

« Je vais t’expliquer depuis le début. Je le rappelle, tu as le droit de ne pas me croire, mais tu n’as pas le droit de parler de ça à qui que ce soit.
Je fais partie des premiers arrivants dans la tour, je ne prendrai pas la peine de te dire pourquoi j’y suis rentré puisque c’est une autre histoire. À l’époque j’étais jeune du point de vue physique, même si moins qu’aujourd’hui et la tour n’était au départ qu’un chaos sans fin.

Je n’exagère pas crois moi si je te dis qu’à l’époque tu avais une chance sur deux de mourir au pied de la tour. Le taux de mortalité était ridicule comparé à maintenant. Le pied de la tour n’était pas conçu pour le combat, mais avec la foule de personnes qui est apparue d’un coup, les choses ont commencé à mal tourner…

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