Overlord attaques tout azimut chapitre 2
Chapitre 2 :
Les buts d’Ainz le roi-sorcier s’annonçaient multiples. Son voyage diplomatique avait pour motifs principaux l’apaisement des tensions militaires, la fidélisation sincère des territoires conquis, et le développement du commerce. Pour les deux premiers aspects du voyage, il y aurait un mélange d’actions d’éclat et de ruses cachées. Concernant le domaine économique Ainz comptait surtout sur la magie des runes, des symboles gravés ou écrits sur des objets afin de leur conférer des propriétés magiques. Les effets des runes se révélaient très variés, certaines rendaient plus rapide ou fort un guerrier, d’autres servaient dans la vie quotidienne en permettant par exemple à de la viande non salée, ou séchée, ou fumée, de se conserver des années dans un pot, ou à un vase de produire des litres de goudron chaque jour.
A l’origine les runes étaient une technologie mystique en désuétude d’un royaume nain. Le savoir autour s’étiolait de génération en génération, tandis que les méthodes alternatives gagnaient davantage de popularité, notamment l’enchantement d’objets au moyen d’un sort lancé oralement. Néanmoins Ainz grâce à des actes habiles et charismatiques s’attribua l’adhésion pleine et sincère de la plupart des maîtres des runes encore en vie. Les runes nécessitaient un délai d’action nettement plus long qu’un sort jeté de vive voix, cependant elles duraient nettement plus longtemps. Les plus efficaces maintenaient leurs effets sur une durée de plusieurs siècles. Et le roi-sorcier veillait à renforcer constamment leurs côtés positifs, au moyen de généreux donations pour la recherche sur les runes.
Ainz opta pour un mélange de prestigieux et de pratique pour partir en voyage. Donc il choisit des carrosses spacieux remplis de belles gravures et autres sculptures de bois, en plus du symbole du royaume-sorcier, il y avait des représentations de dragons ailés, et de crânes humains. Les animaux choisis pour tirer les véhicules s’avéraient des chevaux morts-vivants de couleur noire. Pour les distinguer d’étalons vivants il fallait un examen poussé, car ils avaient une apparence assez semblable à des bêtes encore en vie. Ils se caractérisaient par une belle fourrure bien fournie, leur regard n’avait rien d’alarmant. Par contre pour un mage ayant des facultés de détection ils irradiaient de magie. Les chevaux zombies étaient encore plus vifs que des destriers vivants bien dressés, les sorts implantés en eux les dotaient d’un comportement impeccable. Ils disposaient de la faculté de répondre à plus d’une centaine d’ordres différents, tout en étant doté de la capacité de galoper de jour comme de nuit sans repos sur un terrain plat ou difficile d’accès.
Le roi-sorcier n’était pas le seul dignitaire de haut rang à accomplir un périple. Il se déplaçait en compagnie d’Albedo la régente des gardiens de Nazarick, ainsi qu’Entoma, une pléiade de combat. Bien que cette dernière ait un uniforme de servante, elle occupait une place importante dans la hiérarchie. Elle était une combattante ayant une place de premier plan dans le cœur d’Ainz, et supervisait de nombreux subordonnés. Albedo bien qu’elle ait un aspect assez proche de l’humain, mis à part une paire de cornes épaisses au sommet du crâne, et une paire d’ailes longues noires dans le dos, méprisait les humains. Elle disposait de certains traits de caractères de femme élégante, comme la coquetterie de prendre soin souvent de sa belle et très longue chevelure noire. Toutefois sans l’influence d’Ainz, elle aurait imposé un esclavage strict sur les sujets humains du royaume-sorcier. Quant à Entoma elle avait moins de dédain, mais elle n’hésitait pas à se nourrir sans remords sur les hommes et femmes qu’elle voyait comme appétissant. Son aspect au niveau du crâne était dissimulé par un masque de bois solide à l’effigie d’une jeune fille. Sa véritable apparence au niveau du visage rappelait celle d’une tête d’araignée. De plus quand elle passait en mode combat quatre pattes d’araignée surgissaient au niveau de son dos.
La première destination d’Ainz et de ses cinquante subordonnés, se composant de deux proches, trente gardes et vingt huit serviteurs assignés aux tâches du quotidien, se révélait le Consulat d’Argland. Il s’agissait d’un endroit où des races non humaines pouvaient occuper une fonction autre qu’esclave. Il y était théoriquement possible pour un homme-lézard d’atteindre un poste de pouvoir. Là bas de purs humains pouvaient quand même mener une vie paisible, prospère et influente. Le Consulat pratiquait bien moins la discrimination que d’autres pays. Bien sûr cela n’allait pas non plus être une pure partie de plaisir de négocier pour le roi-sorcier. En effet les dix dragons qu’il tua venaient du Consulat. Il agit pour se défendre lui et les siens, mais il s’attira aussi une certaine dose d’antipathie de la part de certains hauts dignitaires. Les dragons étaient vénérés dans cette nation, pas comme des élus des dieux, mais des protecteurs importants pour le bien-être du peuple. D’ailleurs chaque fois qu’une de ces créatures mourrait, il y avait un jour de deuil national dans ce pays.
Le voyage vers la capitale du Consulat se déroula sans histoire. Il y eut bien un groupe de bandits, et quelques créatures qui lorgnèrent sur les carrosses. Cependant la vue du symbole du royaume-sorcier dissuada les criminels d’attaquer, tandis que les grands animaux prirent peur face à l’aura magique dégagée par Ainz.
Quand vint le moment pour Ainz de descendre de son carrosse, il remarqua diverses opinions chez les gens non affiliés à lui. Il se trouvait de la peur, de l’hostilité et parfois de l’excitation. Toutefois le sentiment le plus répandu s’annonçait clairement l’animosité. Le roi-sorcier en décimant des dragons s’attira les foudres du peuple et des hauts placés de la nation visitée. Il était le vainqueur de la dernière guerre, et pouvait poser des conditions favorables pour son pays. Cependant il se sentait obligé d’essayer d’apaiser un maximum de rancunes. Ainz estimait que ce serait difficile, mais pas impossible d’arriver à pacifier les relations avec le Consulat. Il n’avait pas une foi absolue dans ses facultés de négociateurs, mais il espérait qu’Albedo parviendrait à concocter un excellent plan. Il jugeait son interlocutrice comme une personne avec un excellent jugement, de bonnes facultés d’adaptation intellectuelles, et un esprit diplomatique acéré. Bien sûr le roi-sorcier savait qu’il aurait une belle part de travail, surtout s’il voulait éviter de décevoir ses subordonnés, une tâche qu’il prenait très à cœur. Cependant la simple présence d’Albedo apaisait bien l’esprit d’Ainz. Celui-ci jugeait qu’avec elle une situation très compliquée pouvait parfois en quelques heures aboutir sur une grande réussite.
Malheureusement le soutien Albedo s’apprêtait à crier sur les habitants du Consulat. Elle vouait un véritable mélange d’amour et d’admiration pour le roi-sorcier, elle considérait comme un honneur sa simple présence, et voir l’hostilité affiché contre son bien-aimé la mettait bien en colère. Ainz remarquant le ressentiment dans l’expression faciale de son interlocutrice, fit un geste de la main assorti d’un peu audible « Silence Albedo». Alors il neutralisa par ce geste et ses paroles un scandale diplomatique. Puis le roi-sorcier regarda les dizaines de soldats en armure de fer, qui allaient l’escorter vers le principal palais de la capitale, et éviter un déchaînement populaire contre lui et sa suite. Ainz était impressionné par la taille de la ville, l’état bien entretenu des routes pavées du pays, la propreté des rues, et la diversité des races. Là un homme-lézard conversait avec un elfe, ici une dryade s’entretenait avec un nain.
Le roi-sorcier regardait les environs aussi pour se calmer l’esprit. Il comptait sur Albedo pour éviter des déconvenues, et sa subordonnée directe faillit commencer très fort dans le mauvais sens du terme. Toutefois elle ne serait vraisemblablement pas sanctionnée. D’abord elle faisait partie de ses subalternes préférées, ensuite il se dit que connaissant Albedo, sa tentative d’esclandre était prévisible. Et surtout c’était son rôle en tant que chef suprême de Nazarick d’employer les bons subordonnés aux bons moments. Il pensait que le fardeau de l’erreur précédente était partagé entre lui et sa subordonnée. Comme il n’avait pas l’intention de recevoir une punition, il pensait qu’il était juste de ne pas infliger de sanction à Albedo, à part peut-être un rappel à l’ordre en tête à tête, afin d’empêcher de nouvelles manifestations problématiques de colère. Le fait de promener son regard sur le côté cosmopolite des parages dissipa en partie la fatigue mentale du roi-sorcier.
Après cela il se concentra sur les militaires envoyés pour les escorter, ainsi que les personnes choisies pour mener des tractations diplomatiques avec eux. Les soldats étaient des elfes, cela se voyaient à leur allure humaine, sauf pour leurs oreilles longues et pointues. Ils avaient dans le dos de longues et larges épées capables de décapiter un homme d’un coup, si leur utilisateur avait la force et la dextérité nécessaires. Quant aux diplomates du Consulat leur groupe était bigarré en apparence, les cinq personnes appartenaient à cinq races différentes, et bien qu’ils portent tous une toge, les couleurs variaient d’un individu à l’autre. Celui qui avait l’air le chef, était plus grand, trapu, et arborait une tenue rouge. Il paraissait flagrant qu’il était un descendant de dragon, même s’il avait deux bras, deux jambes et une tête, il était loin d’être un pur humain. Ses écailles rouges, sa longue queue dans le bas du dos, et la présence d’ailes de bonne envergure dans le haut du dos, tout cela témoignait d’une ascendance dragonique. Le chef, dénommé Smug prit alors la parole.
Smug : Soyez le bienvenue, votre majesté, même si nos deux pays ont été en conflit il y a peu, je prie pour que nos relations redeviennent cordiales.
Ainz : Je comprends vos mots, la guerre est une triste affaire. Je partage votre souhait.
Après avoir échangé quelques banalités les deux délégations celle du Consulat, et du royaume-sorcier partirent ensemble vers le palais principal du pays. Smug malgré son hostilité intérieure envers Ainz, reconnut que son ennemi était impressionnant. Il devait admettre que son adversaire irradiait un charisme certain. La créature aux écailles rouges avait connu pour sa part de souverains ayant de la prestance au cours de plusieurs siècles. Cependant il ne trouvait qu’un point de comparaison avec le roi-sorcier, le célèbre dragon platine, le dirigeant le plus adoré du Consulat. Cependant adhérer au principe que l’ennemi avait une présence redoutable, ne diminuait pas l’animosité.
Smug faisait partie des partisans de la guerre contre Ainz. Il rongeait son frein, car son pays subit de lourdes pertes. Cependant si une bonne occasion se présentait d’écraser le roi-sorcier, il la saisirait avec enthousiasme. La créature pensait qu’il était dommage de devoir traiter avec un mort-vivant. Même s’il considérait que les choix étaient limités, de par le statut de pays vaincu de sa nation. Il prenait toutefois à cœur sa mission de diplomate, si son ennemi se montrait poli, il était forcé de demeurer courtois.
Ainz déplorait l’animosité ambiante, il cherchait donc un sujet sur lequel discuter afin de faire fondre le ressentiment. Il se rappela que les environs autour du palais se caractérisaient par des plantes très impressionnantes, gorgées de magie. Il décida donc d’orienter les échanges oraux sur de la botanique.
Ainz : Je dois dire que je trouve magnifique vos rosiers de plus de cent mètres de haut, mais par contre je regrette un peu l’absence du dragon de platine. J’aimerai un peu échanger avec lui autour de la magie.
Smug dut se retenir de pousser un huh bien sonore devant la dernière déclaration du roi-sorcier. Apparemment il sous-estima grandement la capacité à se renseigner de son interlocuteur. Il parvint à le déstabiliser en révélant des informations confidentielles, tout en badinant d’une façon innocente. La capacité à se renseigner au moyen d’un sort du roi-sorcier, ou l’implantation de ses espions dans la capitale s’annonçait redoutable. Les informations autour du dragon de platine étaient soigneusement verrouillées dans le but de contrôler une panique potentielle. A priori seuls les pontes du Consulat seraient au courant de sa situation désastreuse, du fait qu’une rose maléfique le plongea dans le coma, et consumait progressivement sa vitalité. Pourtant Ainz exhiba d’entrée de jeu une donnée très sensible. Les négociations de paix n’avaient même pas commencé, pourtant Ainz commençait déjà à donner son propre tempo. C’était vraiment alarmant, Smug avait envie entendu des rumeurs sur le soi disant intellect génial du roi-sorcier. Il voulait bien admettre qu’il soit très supérieur à celui d’un humain, mais aussi inférieur à un dragon. Apparemment il faudrait peut-être que la créature révise son jugement. Le fait qu’Ainz attaqua d’entrée de jeu avec une révélation explosive, signifiait que son plan pouvait être magistral, y compris pour les dragons les plus vieux, des êtres avec une expérience de plusieurs millénaires.
Pourtant dans la réalité le roi-sorcier ne faisait que parler innocemment de roses. Il ignorait pourquoi il causa du désarroi chez Smug. Il se disait que c’était peut-être une histoire d’allergie violente aux fleurs.
Le palais était gigantesque de par sa fonction de lieu d’accueil pour dragons adultes. Il mesurait plus de deux cents mètres de haut. Et ses portes les plus imposantes faisaient vingt mètres de large. Heureusement pour le personnel ordinaire tout pouvait s’ouvrir ou se fermer par magie en prononçant les bons mots. D’ailleurs certaines parties de l’édifice était construite pour des gens d’une taille humaine. Ainz remarqua les nombreuses références aux dragons pendant sa progression, là une statue de ces êtres ailés, ici une gravure en représentant. Il y avait bien sûr d’autres symboles comme la rose, mais les dragons étaient très présents en tant que décorations dans le palais. Le roi-sorcier hésitait à parler commerce, il voulait enrichir son pays. Cependant il avait peur de paraître brusque, surtout après qu’il perçut que ses paroles en lien avec les fleurs produire de l’émoi. Il se disait que la meilleure solution consisterait peut-être à attendre quelques heures avant d’aborder ce type de tractations. Puis il se souvint que les dragons étaient réputés pour aimer les richesses, et avaient un vrai esprit de collectionneurs pour les objets rares. Alors les maîtres de ce pays devraient être contents de mettre la main sur des biens précieux comme des artefacts runiques conçus par des experts. Certes le roi-sorcier voulait que les runes fassent partie du quotidien dans certains pays. Cependant il était possible de créer des articles peu répandus en terme de qualité et de propriété, afin d’appâter des clients riches. Donc Ainz prit son courage à deux mains et choisit de jouer les négociateurs.
Ainz : Les objets runiques, un des produits phares du royaume sorcier ne servent pas seulement à améliorer par magie les armes. Ils ont aussi une application dans le quotidien, et peuvent contribuer au bonheur des citoyens pour guérir certaines maladies. Ils peuvent même apporter des bienfaits aux dragons puissants.
Smug activa sa capacité spéciale de lecture du mensonge, un pouvoir lui permettant de détecter la vérité. Et Ainz paraissait avoir l’esprit aussi calme que l’eau d’un ruisseau paisible. Alors la créature se laissa aller à un fol espoir. Peut-être que le dragon platine pourrait être guéri. Cela semblait déroutant de compter sur une personne qui était encore un ennemi dans un passé récent. Cependant le roi-sorcier avait la réputation d’être prudent, et d’être un guérisseur hors pair, au point que l’état de mort chez ses subordonnés ne lui causait pas de soucis particuliers. De toute façon le dragon platine n’en avait plus pour longtemps sans une aide extérieure inespérée. Les meilleurs mages experts en soin du Consulat s’étaient déclarés complètement impuissants face à la situation tragique. Et son état comateux devrait l’empêcher de souffrir physiquement. Donc il y avait peut-être là un pari sur lequel compter.
Smug : Arrêtons de tourner autour du pot, j’aurai une requête, pouvez-vous guérir le dragon platine de sa malédiction ?
Ainz : Euh, je dois l’examiner avant de donner une réponse définitive.
Smug ressentit un élan d’espoir qui le poussa à sourire de façon éclatante. Certes le roi-sorcier donna une réponse prudente, mais elle contenait beaucoup plus de certitude que les sept derniers diagnostics remplis d’impuissance. Quant à Ainz il avait bien du mal à comprendre ce qui se passait. Pourquoi lui demandait-on brusquement de s’occuper d’une figure politique majeure de ce pays ? Il voulut reprendre la conversation avec des banalités pour essayer de réorganiser ses pensées. Il remarqua un objet portant la signature des artisans de la théocratie de Slaine. Il vit là une diversion possible afin de calmer son esprit.
Ainz : C’est un joli vase dites donc, vous avez beau être hostiles avec Slaine, vous exposez des œuvres produites dans cette nation.
Une nouvelle fois Smug fut ébranlé. En moins de dix minutes il s’avéra très déstabilisé trois fois. Le roi-sorcier par son allusion prouva que peu de choses pouvaient échapper à sa vision. C’était vraiment un adversaire redoutable. Sur le plan de la collecte d’informations c’était un vrai monstre d’efficacité. Le fait que Slaine avait maudit le dragon platine était sans doute le secret le plus gardé du Consulat. Cependant Ainz prouva que les renseignements sensibles paraissaient très faciles à obtenir pour lui. Qui savait ce qu’il connaissait sur le Consulat ? Si cela se trouvait il avait des dizaines de moyens de pression pour obliger les dragons à lui obéir. Smug avait échangé pendant seulement une vingtaine de phrases avec Ainz, pourtant il avait un rythme cardiaque encore plus désordonné que lors de sa confrontation épique avec les anges supérieurs de Slaine. Il pensait que cet événement où il faillit perdre la vie, vit plusieurs camarades chers à son cœur se faire tuer par les gardiens de la théocratie, méritait le titre de pire bataille de son existence. Pourtant Smug qualifiait sa joute verbale actuelle avec le roi-sorcier comme un affrontement terrifiant.