Kumo Desu Ga, Nani Ka ? – Chapitre 263


Et oui, le chapitre est une fois de plus en retard, bien qu’il y a une amélioration comparée à la dernière fois. Il va falloir que je reprenne le rythme. Enfin, voilà un chapitre un peu plus long que d’habitude, dans les environs de 2000 mots plutôt que 1500, bonne lecture.


Je ne pouvais gagner face à la caféine.

Ahh !? Où suis-je ? Qui suis-je ?

Hrm ? Non, sérieusement, où suis-je ? Vous voyez, mes souvenirs s’arrêtent de façon sacrement soudaine en pleine conversation avec les deux autres réincarnés et je n’ai donc vraiment aucune idée de ce qui est arrivé par la suite ? Par ailleurs, je me sens horriblement mal. J’ai comme l’impression de pouvoir me mettre à vomir d’un moment à l’autre, sans jamais que cela n’arrive vraiment. Comment le décrire… c’est comme si, quelque part entre ma bouche et mon estomac, se trouvait l’œil du cyclone d’une sorte de vortex de douleur et d’horribles sensations, celles-ci allant et venant partout dans mon corps. Celui-ci me semble d’ailleurs plutôt léthargique, sans parler de cet horrible mal de tête à me fendre le crane. Depuis mon ascension au statut de dieu, c’est la toute première fois que je me retrouve aussi mal en point.

Cette situation est dangereuse, en conséquence, je vais avant toute autre chose effectuer un examen d’urgence, vous savez, pour m’assurer que ma vie n’est pas en danger. Résultat, bien que je ne peux pas me souvenir d’avoir jamais été en pire état, ma vie n’est pas pour autant menacée. Bien que l’apprendre soit certainement source de soulagement, je ne pourrai pas véritablement me détendre jusqu’à ce que j’apprenne la cause de tous ces problèmes. Je me suis donc empressé de télécharger les souvenirs de mes clones, à la recherche de renseignements pouvant combler mes trous de mémoire et finalement me permettre de comprendre la suite d’évènement m’ayant mené jusqu’ici.

Il semble, à première vue, que j’ai fini dans ce drôle d’état immédiatement après avoir bu une gorgée de café. Sérieusement ? Étant donné qu’il était à l’origine destiné à D, je ne serais honnêtement pas étonnée même si l’un des ingrédients s’avérait plus que discutable. Cependant, après avoir consulté les diagnostics effectués lors de mon effondrement et lors de la tentative de guérison de mes clones, il ne semble réellement pas avoir la moindre trace d’étranges substances au sein de mon corps. La cause de tous ces problèmes semble en fait être… la caféine ?

Qu-Quoi ? Par caféine, mes clones parlent bien de cette caféine, pas vrai ? La substance que l’on peut trouver dans n’importe quel café ainsi que dans le thé, entre autres aliments tout à fait ordinaires. C’est donc la faute à quelque chose d’aussi commun si je me suis effondrée comme une masse ? Non, sans rigoler, pourquoi ?

Bien que je connaisse maintenant l’arme du crime, cette situation incertaine n’en est devenue que plus confuse. A l’heure actuelle, tout ce que je sais, c’est que, d’après ce que je viens d’apprendre, ma constitution semble m’avoir rendue incapable de supporter la caféine. Et, comme la même chose est arrivée aux clones ayant essayé de décomposer ce poison, ce problème semble fondamental à mon corps. La substance que l’on ne peut décomposer même en employant un pouvoir divin… la caféine. J’en ai des frissons, je ne peux même pas commencer à imaginer comprendre ces humains qui sirotent plusieurs tasses de cette boisson mortelle par jour. J’aurai cru m’être déjà habituée à consommer du poison, qui aurait cru qu’un tel piège à l’apparence si innocente n’attendait que l’opportunité pour refermer ses mâchoires sur moi.

Siiigh. Dans l’immédiat, je vais me prélasser ici jusqu’à ce que mon état physique s’améliore. Bien que j’avais configuré d’avance les clones pour qu’ils m’envoient dans une autre dimension si je devais m’effondrer et toujours ne montrer aucun signe de conscience après un certain temps, je ne peux que les féliciter pour leur rapide et remarquable jugement. Si mon corps avait été laissé dans un état aussi vulnérable en plein milieu du réfectoire, qui sait ce qui aurait pu lui arriver. Eh bien, même si quelqu’un en avait profité pour m’attaquer, je ne pense pas que cette situation se serait soldée par ma mort, bien au contraire. Et même si mon corps principal devait être éliminé, je ne serais pas réellement morte.

Non, je ne dois pas faire preuve d’une telle suffisance. Après tout, il a suffi d’une simple gorgée de café pour m’amener aux portes de la mort. Une simple gorgée de café. Et d’un café tout à fait ordinaire.

Dans les faits, je ne suis pas suffisamment fragile pour qu’une personne n’ayant pas dépassé les limites du Système puisse me tuer, du moins, c’est ce que je pense, ce qui ne signifie pas pour autant qu’il m’est impossible de mourir. On pourrait comparer cela à un combat entre une fourmi et un éléphant. En temps normal, cela se terminerait d’un simple mouvement du second, mais ce n’est pas toujours le cas. Par exemple, et si la fourmi entre dans l’oreille de l’éléphant, pensez-vous qu’il est toujours impossible pour celui-ci de perdre ? Ce n’est pas mon cas.

Je parle d’expérience. Si un humain ordinaire devait m’affronter de front, je gagnerai 100 fois sur 100. Mais bien que mon adversaire n’a en temps normal aucune chance, il arrive rarement qu’un miracle se produise. Il suffit de voir la façon dont j’ai pu vaincre des adversaires m’étant supérieurs les uns après les autres.

Bien sûr, dans mon cas, bien que mes adversaires m’étaient supérieurs, je suis fière d’avoir pu les battre en me servant de mes propres capacités et non pas en comptant sur un hypothétique miracle. Cependant, cela ne m’a pas empêché de fuir face aux adversaires que je jugeais comme invincible. Alaba, ou bien encore Mère, en sont deux exemples. Les ennemis dont j’ai triomphé, bien que parfois supérieurs, restait tout de même à ma portée. Je n’ai en premier lieu jamais, au grand jamais, défié un adversaire contre qui je n’aurai rien pu faire sans compter sur un miracle.

Et il en est toujours de même aujourd’hui. On pourrait considéré, d’une certaine façon, que j’ai fui face à D après m’être rendue compte de mes chances de victoires inexistantes. De ce point de vue, cette fuite métaphorique serait mon assentiment à sa proposition d’intégrer le clan de la déesse du mal.

Mon principe fondamental a toujours été d’accorder par dessus tout la priorité à ma survie. Toutefois, à ce principe est attaché une certaine obstination. Et cette même obstination est responsable de l’existence d’un point essentiel sur lequel je ne suis pas prête à faire de concession, bien que ce fait est probablement inévitable. SI je devais plier là-dessus, je ne serai simplement plus ‘moi’.

Mon existence en elle-même est sensiblement vague. A l’origine, je n’étais qu’une araignée des plus normales. Cependant, sur un caprice de D, je me suis vu destiner à lui servir de doublure. Par ailleurs, celle-ci ayant présumé que ma mort ne tarderait pas, elle n’a pas accordé de considération particulière à mes souvenirs ni à tout ce qu’elle m’a fournie. Bien que ce ne soit pas à un point tel que je risque d’en prendre conscience, les souvenirs de Wakaba Hiiro qu’elle a crée sont loin d’être parfait, vous savez. Alors même que j’étais certaine d’avoir des parents, j’étais et suis encore parfaitement incapable de me souvenir de leurs visages, et ce n’est qu’un exemple. Cependant, malgré les multiples failles qu’ils contenaient, je n’ai jamais douté de leur véracité. La raison en est très simple, D s’est assuré qu’il en soit ainsi.

Je le dis une fois de plus, je considère honnêtement que je ne peux être que le ‘moi’ actuel, que Shiro. Mes souvenirs d’une vie précédente ne sont qu’une imposture et ne peuvent servir de fondation à la personne que je suis. Il en est de même pour les statistiques et aux compétences que j’ai cultivé dans ce monde, ces pouvoirs ne fonctionnant qu’au sein du cadre fixé par le Système, Système que D a crée de ses mains.

Une fois finalement libérée de ce-dit Système, je pensais enfin être devenue libre. Libre de ce monde gênant, débarrassé d’une vie n’étant suspendue qu’à un fil à tout moment. Je croyais qu’après tout ce temps, j’allais pouvoir profiter d’une retraite bien méritée, tranquille et agréable. Mais regardez le résultat. Comme toujours, j’ai fait face à quelqu’un m’étant supérieur et, en fin de compte, je me suis retrouvée en ‘possession’ de ce monde immuable. Incapable de défier l’être absolu qu’est D, je n’ai eu d’autre choix que de vivre la vie d’une rongeur cloitré dans son terrier d’où il est sensé veiller passivement sur le destin du monde où il me trouve. A cela s’ajoute le choc d’une terrible vérité, une vérité ayant bouleversé les fondations même de mon existence.

Je n’en peux plus. Après tout, l’être humain que je pensais autrefois être moi s’est révélé n’être qu’un simple étranger sans aucun lien avec qui j’étais vraiment. En plus de cela, les souvenirs de ma vie d’araignée pourrait tout aussi bien être inexistant. L’être connue sous le nom de Shiro aurait tout aussi bien pu être né dans le Grand Labyrinthe Elro, aurait tout aussi bien pu y avoir poussé mon premier cri après avoir brisé sa coquille. Cela montre bien à quel point je jouais au creux de la main de D depuis le tout début.

Je ne suis née que pour servir de pion sacrificiel idéal à cette déesse. J’ai cependant trahi toutes ses attentes en survivant et, étant source d’amusement, j’ai reçu la permission de survivre encore un peu plus longtemps. Mes désirs n’ont aucune importance, seul son confort en a à ses yeux.

Tout, absolument tout ce qui fait de moi qui je suis est lié d’une façon ou d’une autre à D. ‘L’honneur’ qu’elle m’a fait en me proposant d’intégrer son clan a simplement rendu nos liens indéfectibles, je ne pourrai maintenant jamais m’en débarrasser quels que soient mes efforts. Lorsque je regarde les choses sous cet angle, notre relation ressemble d’une certaine façon à celle d’un enfant et de son parent. Toutefois, celle-ci m’ayant ‘donné naissance’ en tenant ma mort précoce pour acquise, si elle devait être condamnée, ce ne serait pas seulement pour négligence d’enfant, oh non, loin de là.

Tout compte fait, peut-être ne suis-je qu’une enfant en pleine phase rebelle. Bien que je m’assure que ce ne soit pas suffisant pour l’offenser, j’agis au mieux afin de prendre ses attentes à contre-courant. Je ne vous permettrai pas de traiter mon comportement de mesquin. Je vous rappelle que je joue un rôle clé dans le plus grand projet que ce monde ait connu.

Ahh ! Mes pensées commencent à partir dans d’étranges et désagréables directions, cela ne me dit rien qui vaille. Eh bien, en vérité, cela fait déjà un certain temps, celles-ci se sont montrées particulièrement rebelles dès mon réveil dans ce corps douloureux.

En temps normal, jamais je ne penserai de telles choses. De toute évidence, je me contenterai de dire : ‘Je suis ce que je suis et je ferai ce que je désire !’.

Toutefois, cela n’empêche pas de telles pensées de me traverser l’esprit. Ce qui est certain, c’est que ce n’est pas une expérience agréable que de se demander ‘Pour quelle raison vis-je au juste ?’.

Même de mon point de vue à moi, l’auteure de ces propos, tout cela me semble sacrement immature. Mais même si c’est mon point de vue sur la question, ayant été crée avec ma mort prématurée à l’esprit et mon existence même ayant été assemblée de toutes pièces dans ce but, comment voulez-vous que je ne m’interroge pas sur le sens de ma vie ? Et je n’ai simplement pas de réponses à offrir pour cette question. Je vis car je désire vivre, point. D’un côté, je pense que cela est déjà bien suffisant et de l’autre, je suis simplement incapable de chasser ces pensées de mon esprit. Peut-être que lorsque ma forme est devenue plus humaine, mon cœur en a fait de même ?

Argh, arrêtez tout, arrêtez tout ! C’est définitif, si ces fadaises me traversent l’esprit, c’est uniquement du à mon état physique. Une fois en pleine forme, je serai de retour à la normale, en attendant, je n’ai d’autre choix que de partir comme un coup de vent m’emmitoufler dans mes couvertures. Ouais, ça m’a l’air d’une bonne idée.


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2 thoughts on “Kumo Desu Ga, Nani Ka ? – Chapitre 263

  1. Merci pour ce chapitre, j’aime beaucoup le contraste entre les réflexions sérieuses et la fin « si jamais j’étais dans mon état normal, je réfléchirais pas autant »

  2. La petite crise existanciel de Shiro 🙁 GAMBATE ! Merci pour le chapitre, c’était bien intéressant.

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