La Tour Des Mondes – Chapitre 52
Marché conclu.
— Tu pourrais m’aider à remonter ?
— Je ne sais pas trop… je trouve que tu es bien là où tu es. Alors c’est quoi cette histoire de t’apprendre à voler ?
— Ha. Si c’est possible, on pourrait avoir cette conversation une fois que je suis remonté ?
— Je ne sais pas voler moi, tu sais. Je n’ai pas d’ailes alors d’où te vient cette idée étrange ?
— Je ne parle pas de voler dans le ciel, mais de vol à la tire ! Ne fais pas comme si tu ne comprenais pas juste pour me garder comme ça plus longtemps, je vais lâcher. HAA, aide-moi s’il te plait…
— Oh tu parlais donc de ce genre de « vol », c’est vrai que je pourrais te donner un coup de main, mais j’y gagne quoi de mon côté ?
— Ce que tu veux ! Ce que tu veux, mais si je tombe je te jure que ce marché ne tient plus !
— Tu veux dire… Qu’il tombe à l’eau ? Pff…
— Oui ! Oui ! Alors tu m’aides oui ou non ?
— Je veux 75 % de ce que tu gagnes en volant. Et cela jusqu’à ce que l’un d’entre nous quitte le pied de la tour. Ça te va ?
— Non… oui, quoi ? Tu n’as pas mieux comme proposition ?
— …. Et je t’aide à remonter ?
Pendant que nous discutons, je peux sentir Juliette complètement paniquée à l’idée de tomber à l’eau. Elle décide de resserrer son étreinte par réflexe autour de ma gorge et commence à m’empêcher de respirer. Impossible de la raisonner vu son état. Micha est-elle figée. Elle semble paralysée et se répète depuis sa poche en cuir que tout va bien et que je vais nous sortir de là, qu’elle ne finira pas au fond de l’eau à se faire manger par des monstres marins gigantesques.
Maliel continue de me regarder, amuser, alors que la situation devient de plus en plus compliquée pour moi. Je n’ai pas spécialement envie d’accepter son marché, mais je m’attendais à ce qu’elle fasse une offre de ce genre, je comptais marchander, mais là dans cette situation…
« OK, OK, je suis d’accord. Dépêche-toi, par pitié… »
Maliel soupire et m’attrape le bras en marmonnant quelque chose sur ma forme physique. Elle me tire hors de là immédiatement et dès que j’ai atteint le sol, Juliette s’énerve et s’agite depuis mon cou pour essayer d’attaquer Maliel en la mordant. Je l’attrape par le cou avec mon autre main en lui disant de se calmer.
— Wow, tu pourrais calmer ce truc au moins.
— Je.. Ne t’en fais pas pour ça, ce n’est rien.
J’aimerais vraiment laisser Juliette l’attaquer, mais ça ne serait pas très diplomatique de ma part… même si elle le mérite.
« Bon aller, suis moi. Il faut que tu t’équipes correctement si tu veux qu’on commence. »
Je calme Juliette du mieux que je peux et lui présente mon bras ou elle s’installe en ronchonnant et en me promettant qu’elle lui fera la peau. Je ne dis rien et j’essaye de me calmer moi-même pour ne pas être influencé par ses sentiments à travers le lien.
Je me mets ensuite à suivre Maliel en réconfortant Micha qui n’a pas encore réalisé que nous étions bien sur la terre ferme.
Je ne sais pas quoi penser d’elle. En un geste, elle a réussi à avoir ce qu’elle voulait de moi et à se mettre Juliette à dos. Pourtant entre Micha et Juliette, Juliette et celle dont le tempérament me rappelle le plus celui de Maliel.
Nous retournons à l’intérieur de la tour des voleurs et Maliel m’indique un magasin un peu à l’écart des autres dans lequel je rentre.
— Qu’est-ce que nous sommes venus chercher ?
— Un gantelet de félin. C’est le meilleur outil pour un voleur. Si tu apprends à t’en servir correctement tu peux faire beaucoup de choses avec. Voler, escalader des murs, crocheter des portes et t’en servir comme d’une arme discrète. C’est un outil unique en son genre et bien utilisé il sera plus utile pour toi que les armes que tu as dans ton dos.
— C’est vraiment possible de faire tout ça avec un seul objet ?
— Aha, tu es tellement inexpérimenté que ça va finir par m’attrister de devoir tout te montrer. Tu te trouves à la tour des voleurs et c’est le genre de chose qu’il te faut absolument. Si je ne te montre pas ce genre de chose, un novice comme toi ne me sera d’aucune utilité et ne me rapportera rien.
— …
Elle attrape le fameux gantelet sur une étagère et me le jette. Je regarde l’objet et c’est effectivement tout ce que le nom indique. C’est un gant en fourrure assez volumineux avec un mécanisme pour qu’il ne puisse pas s’enlever tout seul et à travers la fourrure je peux sentir des sortes de tiges métalliques faites pour en renforcer la structure. Cependant, ce n’est pas le plus important. Au bout de chaque doigt se trouve une griffe courbée d’environ deux centimètres. Les tiges en fer que j’avais senties à l’intérieur semblent plus nombreuses au niveau des doigts.
« Bon en somme le gant et fait pour tout un tas de choses, et il y a des fonctions cachées. Par exemple, la griffe du petit doigt et en réalité un fourreau pour une lame plus petite qui sert à crocheter des serrures. Bla-bla, très utile, Bla bla tu verras ça toi-même, Bla bla on y va ? »
Maliel s’impatiente déjà. Je regarde le gant et lui demande s’il m’en faut un ou deux et elle me répond en soupirant que deux serait trop et qu’il vaut mieux que j’ai une main libre.
Je l’essaye rapidement et la taille me parait bonne. Le gant est à la fois souple, mais extrêmement difficile à manipuler. Ça demande beaucoup de force pour plier chaque doigt même si ça ne semblait pas être le cas quand je le tenais. Je sors avec elle du Magasin après avoir payé en l’enfilant.
— Et maintenant ?
— Et maintenant, je vais devoir t’entraîner rapidement à t’en servir donc on va prendre une salle d’entraînement, je te laisse trente minutes pour te faire au gant après on y va, je n’ai pas envie de perdre mon temps plus longtemps.
— J’ai besoin d’une pièce pour ce soir.
— T’es pressé en plus ?
— Je n’ai pas le choix, ma professeur de la classe des assassins me virera sinon.
— T’as réussi à y rentrer en si peu de temps et elle souhaite déjà te virer ? Je vais finir par croire que ta « naïveté », couplée d’un peu de stupidité, insupporte vraiment les gens.
Maliel marche plus rapidement comme si elle voulait camoufler ce qu’elle vient de dire, mais je ne suis pas sourd. On va dire que je n’ai rien entendu pour que notre « amitié » ne parte pas en fumée après quelques secondes. C’est moi qui lui demande un service donc je pense que je vais me taire jusqu’à ce que cette histoire soit réglée. Elle continue de me montrer le chemin et m’emmène à l’intérieur d’une zone ensoleillée encerclée par quatre murs à 10 mètres les uns des autres. Chaque mur est plus ou moins facile à escalader entre les failles, les rebords des briques, les prises, etc.
Maliel retire alors sa cape qui laisse voir un justaucorps en une matière noire moulante que je ne pourrais pas définir. Elle s’étire les bras puis les jambes et fait un parfait grand écart avant de sortir de la besace dans son dos un gantelet du même genre que le mien et l’enfile.
« Bon, moi je vais m’échauffer un peu, ne fais pas attention à moi et entraîne-toi à escalader le mur en te servant du gant pour te faire à son utilisation. »
Après m’avoir dit ça, elle se jette sur un des murs et l’escalade à un bon rythme. Je sais d’avance qu’il me faudra énormément de temps pour rattraper son niveau. Je décide de mettre ma cape en mode écharpe et tout en réajustant le gant du mieux que je peux je me lance en direction du mur qui a l’air le plus simple à escalader. Commençons petit.
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AMAZING!
Merci pour le chapitre.
PS:Il va falloir qu’il pense à apprendre à ses amis à ne pas avoir peur de l’eau et à ses ennemies à ne pas provoquer d’animal avec des crocs et du poison… MDR
Merci pour le chapitre