Tate no Yuusha no Nariagari – Chapitre 103.2

Chapitre 103.2 : Ce que cela signifie d’être un héros (2)

La reine de Melromarc garda son calme face à une situation vraiment problématique.

« Je vais convoquer les chefs d’armée pour une réunion. » 

« Bien. »

J’ai dit à Raphtalia et aux autres de m’attendre au camp. Puis je me suis rendu au lieu de rencontre assigné pour l’armée de la coalition, une grande tente en tissu remplie de papiers divers indiquant des rapports, mais surtout de gens très angoissés.

« Oh ! Héros du bouclier ! »

« Vous devez sauver le monde ! »

« S’il vous plaît, aidez-nous. Cette chose a détruit mon pays. »

Les commandants militaires rassemblés avaient l’air dépenaillés et pâles. La situation semblait désespérée. Si je m’enfuyais maintenant, ils seraient laissés sans option.

« D’abord nous devons trouver un plan pour combattre ce géant. » 

La reine s’est adressée à la salle. Sac à merde n’était nulle part. S’il était venu, il aurait juste été dans le chemin.

« Exact. Que sont censés faire les héros face à une telle menace ? » 

J’étais moi-même un héros, mais je devais demander. Par le passé, j’avais moi-même contribué à vaincre un très gros monstre, la baleine inter-dimensionnelle. Mais cette chose était bien plus grande que ça. Je n’avais aucune idée de ce qu’il fallait faire, ou par où commencer. Je m’adressais à la reine afin d’obtenir des confirmations. 

« Commençons par le commencement. Quelqu’un sait-il comment sceller le monstre ? »

« Oui. Nous avons mené une enquête et découvert la méthode. » 

« Et est-ce un type de magie que nous pouvons utiliser ? »

« Eh bien… »

La reine s’est tue. Je suppose que non. Aucune solution facile n’allait donc nous tomber dessus. La reine reprit la parole pour me donner de nouvelles informations. 

« Mais les sorciers de l’armée de la coalition peuvent le lancer s’ils travaillent tous ensemble. »

 « Donc, nous avons besoin d’affaiblir la tortue spirituelle afin que les sorciers puissent la sceller ? »

« Oui. »

Il y avait une carte sur la table. Je l’ai regardée pour voir quelle ville était la plus proche de l’emplacement actuel de la tortue. C’était très proche. Si nous ne faisions pas quelque chose, la ville serait en danger. 

« Avez-vous évacué la ville ? » 

« Pas complètement. Pas encore. »

« Mince. Donc nous devons trouver un moyen de gagner du temps. »

Je ne savais pas comment on était censés combattre cette chose, mais il semblait qu’on n’avait pas le choix. La terre tremblait sous nos pieds pendant que la tortue marchait. Si nous avions été plus près, cela aurait probablement ressemblé à un tremblement de terre. Que devions-nous faire ? Et le monstre semblait avoir un but précis. Nous devions faire évacuer cette ville.

« Où en sont les évacuations ? »

« Ils ne seront pas en mesure de finir avant l’arrivée de la tortue spirituelle. »

 Il y aurait des pertes. Beaucoup de morts. Un sacrifice pour le destin du monde. Si je m’enfuyais, je survivrais aux vagues avec seulement un nom en ruine. Mais je devais aider. Je devais faire ce que je pouvais. Ce n’était pas pour la justice, ou quelque chose comme ça. C’était pour les gens qui croyaient en moi, pour Raphtalia. Je m’étais tu. La reine a profité de l’occasion pour expliquer ce qu’elle savait sur la tortue spirituelle. Ses propos ont causé chez ses interlocuteurs importants un certain scepticisme mâtiné de colère. 

« Mais ça… C’est possible ? » 

« Vous dites la vérité ? »

« Oui. Si la tortue spirituelle se déchaîne sur ce monde, elle mettra fin aux vagues. »

« Qui pourrait croire ça ? Où avez-vous entendu une telle absurdité sans fondement ? » 

« Mais qu’est-ce qui est le mieux ? Un monde détruit, ou un monde avec des survivants qui peuvent poursuivre notre civilisation ? »

C’était difficile d’appeler ça de l’optimisme. Avons-nous forcé des gens à mourir et sauvé le monde ? Ou avons-nous sauvé les gens et détruit le monde ? N’y avait-il pas de meilleures options ? J’ai regardé par le rabat de la tente Filo, qui se reposait dehors. Fitoria aurait pu terrasser la bête. Mais il n’y avait pas de raison d’y penser. Elle avait abandonné les héros.

Les autres héros étaient encore en vie, mais il n’y avait aucune garantie que nous puissions tous nous entendre. Mais s’ils avaient perdu, s’ils avaient compris qu’ils étaient vraiment faibles, ils seraient peut-être plus disposés à écouter ce que j’avais essayé de leur dire. Avec un peu de chance, Fitoria changerait d’avis, elle aussi. Les différents dignitaires de la tente paraissaient vraiment fébriles et énervés. 

« Qu’est-ce que vous en pensez ? » 

« Que fait Faubrey ?! »

« Ce pays est toujours lent à entrer dans la mêlée. Ils ne prennent des mesures que lorsque le problème est déjà là ! »

« Nous devons attendre ici avec le héros du bouclier l’arrivée des héros des sept étoiles ! »

« Mais combien de villes et de forts allons-nous perdre en les attendant ? » 

« C’est facile à dire pour vous. Votre pays n’a pas subi de dommage ! Nous devons vaincre la bête le plus vite possible ! »

 « Pour le bien du monde ? »

« Les héros de l’épée, de la lance et de l’arc ont déjà disparu ! » 

La tente était en ébullition.  Qu’est-ce que j’étais censé dire pour qu’ils se sentent mieux ? Les héros avaient déjà perdu beaucoup de respect. Il y aurait une résistance à ce que je dirais, peu importe ce que c’était. Je devais m’y préparer.

Si les autres héros étaient encore en vie, alors j’allais devoir nettoyer ce bordel. Pour dire la vérité, peu m’importait combien certains mouraient. Mais j’avais promis de me battre pour les personnes qui croyaient en moi. Raphtalia croyait que je me battrais pour sauver le monde, que je me battrais pour limiter les pertes. Elle était comme ma fille. Je voulais qu’elle soit fière de moi.

« Nous devons vaincre la tortue, et sauver tous ceux que nous pouvons. »

Vu le contexte actuel, je ne pouvais pas agir comme je l’avais fait jusqu’à présent. Je devais jouer le rôle. Je devais être le héros du bouclier qui sauve le monde, le champion de la justice. Même si je n’y croyais pas vraiment. Je devais le faire pour ceux qui croyaient en moi.

« La seule raison pour laquelle nous sommes dans cette situation en premier lieu est parce que les héros sont si peu fiables ! Regardez, un seul d’entre eux est ici ! Où sont les trois autres ? ! »

« Les trois autres sont actuellement portés disparus. » 

« Vous voyez ! Ce ne sont que des paroles en l’air ! Qu’est-ce que le héros du bouclier est censé faire pour nous de toute façon ? Il ne peut même pas attaquer ! »

Je répliquais énervé devant l’hostilité contre moi. 

« Alors dites-moi, qu’est-ce qu’un héros ? » 

« Euh . . . Eh bien… »

Tout le monde s’est tu, ne sachant pas comment répondre.

« Un héros a de la force et l’utilise pour la justice. Un héros est courageux. »

La reine a compris ce que je disais et a fourni la réponse. Parfait. Si elle comprenait, je continuais.

« L’héroïsme est une affaire de cœur. C’est le héros qui n’abandonne pas face au désespoir. Les héros se battent pour protéger le peuple ! »

Qu’est-ce que je disais ? Les mots sonnaient bizarrement dans ma bouche. J’ai ressenti un frisson. Je n’étais pas le genre de personne que je prétendais être. Mais tout le monde aime ce genre de choses, n’est-ce pas ? La justice, la protection, la volonté et ainsi de suite…

« Si vous tous réunis dans cette pièce n’avez pas assez de force, alors je vous prêterai la mienne. Je serai votre bouclier. »

« Héros du bouclier… »

Certains généraux semblaient émus et sans voix. J’ai parlé aussi fort que je le pouvais, et continué un discours émouvant. Les gens à l’extérieur de la tente m’avaient probablement entendu aussi.

« Héros du bouclier. Veuillez pardonner mes griefs antérieurs. »

« Pas de problème. La noblesse est. . . Les plaintes de tout le monde au sujet des héros sont justes. J’accepte votre colère et votre frustration. »

J’ai levé la main et j’ai parlé à toute la tente.

« Mais pour l’instant, s’il vous plaît, prêtez-moi votre force ! Nous devons travailler ensemble ! 

Nous devons vaincre la bête ! » 

« Oui ! »

Un général a couru en avant et a pris ma main. Il l’a serrée et a fait un signe de tête. Ma détermination a neutralisé une partie de la rancune contre moi, et commencé à diriger dans la bonne direction les volontés de chacun. Cependant tout s’effondrerait très rapidement si j’échouais. 

Il ne nous restait plus qu’à élaborer un plan pour vaincre le monstre. J’aurais juste à jouer le rôle du héros de la justice, comme je l’avais annoncé.

« Revenons au sujet qui nous occupe. Tout le monde, ne cédez pas au désespoir. Nous devons trouver un moyen, n’importe lequel, de réduire le nombre de victimes. Même une personne sauvée est un succès. »

La reine me regardait bizarrement. Toute personne qui m’avait connu auparavant aurait immédiatement su que je faisais semblant. Elle a hoché la tête et la réunion a repris.

« Nous mettrons en œuvre la stratégie dès que les préparatifs seront terminés ».

La réunion est terminée. J’ai quitté la tente et j’ai vu Raphtalia s’approcher de moi en soupirant profondément.

« Monsieur Naofumi, qu’avez-vous fait cette fois ? »

J’avais parlé aussi fort que possible, en espérant que les gens à l’extérieur de la tente m’auraient aussi entendu. Mais à en juger par son soupir, elle ne devait pas avoir entendu ce que j’avais dit. 

« Rien. C’est comme quand j’ai enseigné à ce charlatan de Cal Mira une chose ou deux. »

« Eh bien, je ne sais pas ce que vous voulez dire. Mais d’accord. » 

« Soeur ! Le Maître a dit que toutes les personnes dans le monde… » 

« Tais-toi, Filo. »

Si Raphtalia ne m’avait pas entendu, alors c’était très bien. Elle s’inquiéterait de toute façon.

Hm ? Rishia me regardait avec des étincelles dans les yeux. Qu’est-ce que ça veut dire ?

« J’ai été très émue ! J’ai peur, mais je vais faire de mon mieux ! » 

Je suppose que Rishia m’avait aussi entendu. Alors pourquoi Raphtalia n’avait-elle pas pu m’entendre ? Apparemment, elle était partie chercher de l’eau. Le temps qu’elle revienne, la tente était en effervescence comme si j’avais provoqué une agitation. Jusqu’à présent, chaque fois qu’elle m’a trouvé dans une telle situation, j’ai énervé quelqu’un. Il était donc normal qu’elle pense que la même chose s’était produite.

« J’ai été assez émue. Le héros du bouclier a une sale gueule, mais il sait faire un discours quand il le faut. »

C’était Eclair. Elle était incroyablement sérieuse et sévère, alors j’ai supposé qu’elle m’avait peu considéré pendant tout ce temps.

« De quoi parlez-vous ? Dépêchez-vous de me le dire, Eclair. » 

« Le Héros du Bouclier… « 

« Ne lui dis pas. Je ne faisais que bluffer. » 

« Du bluff ? »

« Si j’avais fui les responsabilités, les héros auraient perdu la face. Donc j’ai juste aligné quelques jolis mensonges pour eux. »

« Monsieur Naofumi, qu’avez-vous dit ? » 

Raphtalia soupirait à nouveau. Mais Éclair était sans voix.

« Je dis juste ce que j’ai à dire pour obtenir ce que je veux d’une situation. »

 « J’étais émue ! C’est décevant ! »

Eclair agissait comme si elle était offensée par tout ça maintenant. Je m’en fichais. 

« J’ai été piégé et oppressé. On m’a menti. J’ai appris à ne pas prendre les gens au mot sans preuve. Vous devez apprendre que le bluff peut être important. »

« Madame Eclair, monsieur Naofumi a une façon dure de parler, mais il agit toujours de façon juste. Alors s’il vous plaît, croyez-le. »

« Hum… Si Raphtalia le dit. »

Eclair s’est calmée quand Raphtalia lui a parlé. Ça m’a fait me sentir un peu bizarre. J’étais jaloux ? J’étais normalement celui à qui Raphtalia devait donner du sens. Je veux être le défenseur de Raphtalia, et non l’inverse.

« Oui, parfois il faut tordre la vérité », dit la vieille dame en hochant la tête.

« Je connais un héros sept étoiles qui a fait la même chose. » 

La vieille dame connaissait un des héros à sept étoiles ?

« Si seulement les autres héros s’éveillaient à leur véritable vocation. » 

De qui parlait-elle ? Peu importe. Je suis sûr que nous rencontrerions son ami héros un jour. 

« Très bien, je vais vous dire ce que nous avons décidé lors de la réunion. »

« Ok. »

« Nous attaquons la tortue spirituelle, et je prends la tête. L’armée de la coalition suivra derrière nous, en lançant une puissante magie pour nous soutenir. » 

« Tout comme la façon dont nous avons combattu les vagues ? »

« N’est-ce pas le moyen le plus simple ? La chose a l’air vraiment grosse, mais nous devons d’abord voir comment elle se bat, cela nous aidera à gagner du temps. Il y a une ville sur son chemin qui n’a pas encore été évacuée. »

Eclair fut la première à parler. 

« Alors je suppose que nous n’avons pas le choix. » 

« Okaaaay ! »

« Compris. Mais monsieur Naofumi, est-ce que ça va aller ? »

« Les monstres serviteurs ne peuvent pas me faire de mal. Maintenant, je dois juste découvrir si je peux résister à une attaque de la tortue spirituelle. »

Je pourrais toujours passer au bouclier de l’ire, et l’utiliser pour bloquer l’attaque du monstre. Mais pourrais-je contrôler mes émotions ? Je devrais compter sur Raphtalia et Filo pour m’y aider.

« Rishia, je compte sur toi. » 

« D’accord ! Je vais faire de mon mieux ! »

Les jeunes filles amoureuses comme Rishia disent juste ce qu’elles veulent.

« Ça me rappelle. Tu dois arrêter de pleurnicher pour tout. » 

« Fehh… »

« Ça. Ton petit gémissement va te causer des problèmes. C’est ennuyeux. »

« Fehh ?! »

« Tu essaies de me faire chier ? Si tu t’endurcissais un peu, tu serais plus forte. Ce gémissement est un bon point de départ. »

« Je vais essayer. »

Si elle ne pouvait pas s’arrêter de gémir, elle ne grandirait jamais vraiment. Toute croissance commence à l’intérieur. Raphtalia avait été comme ça au début. Elle était la preuve que le changement était possible.

« Rishia, selon le déroulement de la bataille, je pourrais avoir besoin de toi comme messager de la reine. »

« M. . . Mais… »

« Je sais. Mais ce kigurumi t’a donné un gain de vitesse, et nous devons encore voir comment tu te comportes au combat. »

Elle n’avait pas l’air de pouvoir se défendre dans une bataille avec des héros. Mais je ne pouvais pas la laisser avoir peur et s’enfuir non plus. Même dans ce jeu où les monstres ont  la taille d’une montagne, vous ne pouviez pas les vaincre en ayant peur et en les fuyant. D’abord, nous devions la voir se battre. La reine me communiqua des instructions la veille du grand affrontement. 

« Compris. Nous mettrons à jour notre stratégie en fonction de l’évolution de la bataille. »

« Vous êtes en charge des troupes de soutien. Dans le pire des cas, on bat en retraite et on attend les héros des sept étoiles. »

« Compris. Monsieur Iwatani, vous êtes une source de moral pour les troupes. Vous devez revenir de ce combat. »

« Je l’ai. Filo, cours vers ce gros truc. »

 « Okaay ! »

« Raphtalia, c’est comme on fait toujours. » 

« Compris. »

« Rishia, concentre-toi sur toi-même. Si les choses se gâtent, quitte la ligne de front et assiste la reine. »

« O . . . Okay. »

« Eclair. Tu sais comment te gérer, donc tout ira bien. Tu as juste à te battre comme quand tu as affronté Ren. » 

« Compris. Mais pourquoi mentionnez-vous Ren ? »

« Vieille dame ». Je n’ai pas à te dire quoi que ce soit. Fais juste ce que tu veux. » 

« Roger ! »

J’ai donné à chacun ses ordres et nous avons commencé nos préparatifs. 

« C’est parti ! »

Filo a couru, et notre bataille avec la tortue spirituelle a commencé pour de bon. 

Traducteur : Reset

Correcteur : Gobles

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